Jean Rouaud, Les Champs d`honneur, 1990 SUJET TYPE BREVET

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Jean Rouaud, Les Champs d`honneur, 1990 SUJET TYPE BREVET
Jean Rouaud, Les Champs d'honneur, 1990 SUJET TYPE BREVET
« Au-dessus d'Ypres s'étalait une horrible tache verdâtre ... »
Dans ce passage, on assiste à la tristement célèbre bataille d'Ypres, où
furent utilisés pour la première fois les gaz de combat le 22 avril 1915.
L'auteur réussit le tour de force de mêler une réflexion métaphysique sur cet
événement, et les sensations atroces éprouvées par le soldat gazé.
SENSATIONS – FIGURES DE STYLE
C'est ainsi que Joseph vit se lever une aube olivâtre sur la plaine d'Ypres.
Dieu, ce matin-là, était avec eux. Le vent complice poussait la brume verte
en direction des lignes françaises, pesamment plaquée au sol, grand corps
mou (METAPHORE) épousant les moindres aspérités du terrain,
s'engouffrant dans les caractères, avalant les bosses et les frises de barbelés,
verticale comme celle en mer Rouge qui (5)engloutit les chars de l'armée du
pharaon.
ENUMÉRATION : LA PHRASE CI-DESSOUS
Maintenant le brouillard chloré rampe dans le lacis des boyaux, s'infiltre
dans les abris de simple (15)planches à cheval sur la tranchée, se niche dans
les trous de fortune, s'insinue entre les cloisons rudimentaires des casemates,
plonge au fond des chambres souterraines jusque-là préservées des obus,
souille le ravitaillement et les réserves d'eau, occupe sans répit l'espace, si
bien que la recherche frénétique d'une bouffée d'air pur est désespérément
vaine, confine à la folie dans des souffrances atroces. Le premier réflexe est
d'enfouir le nez dans la vareuse, mais la provision (20)d'oxygène y est si
réduite qu'elle s'épuise en trois inspirations. Il faut ressortir la tête et, après
de longues secondes d'apnée, inhaler l'horrible mixture. Nous n'avons jamais
vraiment écouté ces vieillards de vingt ans OXYMORE dont le témoignage
nous aiderait à remonter les chemins de l'horreur.
QUESTIONS SUR LE TEXTE
I- UNE ATTAQUE D'UN NOUVEAU GENRE
L'officier ordonna d'ouvrir le feu. Il présumait que derrière ce leurre se
dissimulait une attaque d'envergure. C'était sans doute la première fois qu'on
cherchait à tuer le vent. La fusillade libéra les esprits sans freiner la
progression de l'immense nappe bouillante, méthodique, inexorable
RYTHME TERNAIRE. Et maintenant qu'elle était proche à les toucher,
levant devant leurs yeux effarés un bras dérisoire pour (10) s'en protéger, les
hommes se demandaient quelle nouvelle cruauté on avait encore inventée
pour leur malheur. Les premiers filets de gaz se déversèrent dans la tranchée.
1
Voilà. La terre n'était plus cette uniforme et magnifique boule bleue que l'on
admire du fond de l'univers. Au-dessus d'Ypres s'étalait une
2
a) Quel est le groupe nominal qui exprime la nature de cette « nouvelle
cruauté » ?
b) A quelle ligne ce GN se trouve-t-il ?
c) Expliquez le choix de cet emplacement.
a) Relevez tous les GN employés pour désigner cette nouvelle arme.
b) Quelles sont les caractéristiques qui s'en dégagent ?
c) Quel est l'effet produit ?
6
lignes 17 à 22
3
a) Relevez les mots appartenant au champ lexical de la respiration.
a) Décomposez ces adjectifs : olivâtre, verdâtre
b) Expliquez la présence de ce champ lexical.
b) quel sens ce suffixe leur donne-t-il ?
7
4
Relevez dans le dernier paragraphe tous les mots qui expriment l'intensité de
l'horreur.
a) Relevez des expressions dans le texte qui montrent que les poilus ne
comprennent pas ce qui se passe.
b) Expliquez : « c'était sans doute la première fois qu'on cherchait à tuer le
vent ».
II- DE NOUVELLES SOUFFRANCES
5
a) Relevez les verbes dont « le brouillard chloré » est le sujet
8
Expliquez l'expression « ces vieillards de vingt ans » l.22
9 Quel message l'auteur veut-il délivrer au lecteur dans ce texte ?
10 Quel est le point de vue de la narration dans ce texte – explique ta
réponse.
b) Quelle figure de style est ici employée ?
c) Quelle autre figure de style identifiez-vous dans cette phrase ?
REECRITURE
d) Que l'auteur cherche-t-il à exprimer par ces figures de style ?
Réécrire de « le brouillard » (l.16) à « atroces » (l.19) en employant le passécomposé et en faisant les accords nécessaires.
1,5
0,25 par relevé
QUESTIONS SUR LE TEXTE
I-
UNE ATTAQUE D'UN NOUVEAU GENRE 7,5
a) Quel est le groupe nominal qui exprime la nature de cette «
nouvelle cruauté » ?
On trouve « une aube olivâtre » l 2 et « la brume verte » l4 0,5
b) A quelle ligne ce GN se trouve-t-il ?
b) Quelles sont les caractéristiques qui s'en dégagent ?
Ces groupes nominaux insistent sur la surface de terrain couverte par
le gaz, sur sa couleur verte, sur l’impossibilité de lutter contre une
telle arme.
c) Quel est l'effet produit ?
Le lecteur ressent la terreur et l’impuissance des soldats.
Il se trouve à la ligne 2 - 0,5
0,5
c) Expliquez le choix de cet emplacement.
3
Il s’agit de placer le lecteur dans la situation du soldat qui ne
comprend pas au début ce qui se passe.
a) Décomposez ces adjectifs : olivâtre, verdâtre
0,5
Ces adjectifs sont formés d'un radical et d'un suffixe péjoratif
2
(âtre)
a) Relevez tous les GN employés pour désigner cette nouvelle arme.
« brume verte » l4
« Grand corps mou » l.5
« immense nappe bouillonnante, méthodique, inexorable » l.14
0,5
b) quel sens ce suffixe leur donne-t-il ?
Il donne une idée d'une couleur sale, indéfinissable.
0,5
« Les premiers filets de gaz » l. 19
« Une horrible tache verdâtre » l.24
« le brouillard chloré »l.25
4
a) Relevez des expressions dans le texte qui montrent que les poilus
ne comprennent pas ce qui se passe.
Ils tirent « sur le vent » (l.12), pensent à un « leurre » (.10), se
protègent de leurs « bras dérisoires » (l.16), en se posant des
1
b) Quelle figure de style est ici employée ?
C'est une comparaison.
questions « se demandaient »( l.17).
0,5
1
c) Quelle autre figure de style identifiez-vous dans cette phrase ?
0,25 par relevé
Il y a aussi une énumération.
0,5
b) Expliquez : « c'était sans doute la première fois qu'on cherchait à
tuer le vent ».
Dans la guerre, les soldats d’un camp cherchent à tuer les soldats de
l’autre camp. Il s’agit d’un affrontement entre humains qui ont des
armes de même type. Les poilus sont désarmés face à l’arme chimique
d’où la personnification absurde : tuer le vent.
1
II- DE NOUVELLES SOUFFRANCES 7,5
d) Que l'auteur cherche-t-il à exprimer par ces figures de style ?
Le gaz est un animal menaçant et très actif, conquérant.
6
lignes30 à 37
a) Relevez les mots appartenant au champ lexical de la respiration.
« bouffée d’air pur « (l.31), « nez » l.34, « oxygène » l.34, «
inspirations » l.35, « apnée » l.37
0,25 par relevé
5
b) Expliquez la présence de ce champ lexical.
a) Relevez les verbes dont « le brouillard chloré » est le sujet
L’attaque chimique prive les soldats d’air : ce champ lexical détaille les
« rampe » (l.25), « s’infiltre » (l.26), « se niche » (l.27), « souille » (l.29),
« occupe » (l.30).
0,25 par relevé
différentes étapes de l’étouffement.
7
Relevez dans le dernier paragraphe tous les mots qui expriment
l'intensité de l'horreur.
« sans répit » l.30, « déséspérément vaine » L.32, « folie » L. 32, «
souffrances atroces» l.33, « horrible mixture » l.37.
Réécrivez ce passage en remplaçant le pronom personnel « je » par
« ils » et en mettant les verbes au passé composé. Faites toutes les
modifications qui en découlent.
Je récite tout bas dans ma tête. Les dix questions défilent
0,25 par relevé
une à une comme un calvaire. Je les sais toutes par cœur.
8
claque dans ses mains. Les plumes se lèvent toutes
Expliquez l'expression « ces vieillards de vingt ans » l38
Ils ont vécu autant d’émotions et de souffrances que s’ils avaient vécu
une vie entière.
9 Quel message l'auteur veut-il délivrer au lecteur dans ce texte ?
Il veut lui faire percevoir l’inhumanité, la barbarie de cette guerre
0,5
REECRITURE
Réécrire de « le brouillard » (l.25) à « atroces » (l.33) en employant le
passé-composé et en faisant les accords nécessaires.
Le brouillard chloré a rampé dans le lacis des boyaux, s’est infiltré
dans les avris, s’est niché au fond des chambres souterraines, a
Même pas une tordue pour atténuer mes regrets. Le maître
ensemble comme les rames d'une chaloupe dans un film de
corsaires.
(J'ai récité) ILS ONT RÉCITÉ tout bas dans (ma) LEUR tête. Les
dix questions ont défilé une à une comme un calvaire. (Je les ai sues)
ils les ont suES
toutes par cœur. Même pas une tordue pour atténuer (mes) LEURS
regrets. Le maître a claqué dans ses mains. Les plumes se sont levées
toutes ensemble comme les rames d'une chaloupe dans un film de
corsaires.
Daniel Picouly, Le Champ de personne.
Réécrivez ce passage :
- en mettant « frère » au pluriel,
- en utilisant la première personne personne du pluriel,
souillé le ravitaillement, a occupé sans répit l’espace si bien que la
Comme j'ai rêvé de ce « frère » inconnu ! Comme je l'ai
vaine, a confiné à la folie dans des souffrances atroces.
j'avais sans qu'il le sache sauvé de l'anonymat
recherche frénétique d’une bouffée d’air pur a été déséspérément
chéri, cet enfant du bout du monde, ce petit garçon que
Comme nous avons rêvé de ces « frères » inconnus ! Comme nous les
avons chéris, ces enfants du bout du monde, ces petits garçons que
nous avions sans qu'ils le sachent sauvés de l'anonymat.
Réécrivez ce texte en remplaçant « il » par « ils » et « les branches »
Réécrivez cette phrase en remplaçant la première personne, par la
troisième personne du féminin singulier.
Pour la connaître ainsi, la mer, l’avais-je déjà vue ? Peutêtre, inconsciemment, lorsque vers l’âge de cinq ou six
par « le branchage ».
mois, on m’avait emmené dans l'« île », chez une grand-
En milieu d'après-midi, il avait grimpé sur le toit en tôle de la remise
souvent regardée par mes ancêtres marins, que j’étais né
sous laquelle sèche le linge, pour tailler les branches du prunier
qu'une tempête d'hiver avait emmêlées aux fils téléphoniques.
En milieu d'après-midi, ils avaient grimpé sur le toit en tôle de la remise
sous laquelle sèche le linge, pour tailler (les branchages) LE
BRANCHAGE du prunier qu'une tempête d'hiver avait emmêlé aux fils
téléphoniques.
Réécrivez le passage suivant en remplaçant le passé simple par le
passé composé. Faites les modifications qui s’imposent.
tante, sœur de ma grand-mère. Ou bien avait-elle été si
ayant déjà dans la tête un reflet de son immensité.
Pour la connaître ainsi, la mer, l’avait-elle déjà vue ? Peut-être,
inconsciemment, lorsque vers l’âge de cinq ou six mois, on l’avait
emmenée dans l'« île », chez une grand-tante, sœur de sa grand-
mère. Ou bien avait-elle été si souvent regardée par ses ancêtres
marins, qu'elle était née ayant déjà dans la tête un reflet de son
immensité.
Réécrivez ce passage au conditionnel passé, en remplaçant la première
personne du singulier par une première personne du pluriel féminine.
Le vieil homme les regarda, puis eut ce geste qui stupéfia
son petit-fils car il savait à quel point l’aïeul avait du mal à
se tenir debout : il se leva. [...] Pierre-Édouard n’en crut
pas ses yeux lorsqu’il constata que les paupières du
vieillard se frangeaient de larmes.
Cela NOUS AURAIT ÉTÉ bien égal, à NOUS qui N'AURIONS EU aucune
affaire. On ne NOUS AURAIT pas CONNUES, on ne NOUS AURAIT pas
REGARDÉES, on ne NOUS AURAIT PAS REPRISES.
Le vieil homme les a regardés, puis a eu ce geste qui a stupéfié son
petit-fils car il savait à quel point l’aïeul avait du mal à se tenir debout :
il s'est levé. [...] Pierre-Édouard n’en a pas cru ses yeux lorsqu’il a
constaté que les paupières du vieillard se frangeaient de larmes.