Introduction au thème genre et développement
Transcription
Introduction au thème genre et développement
L’AGENDA GLOBAL DE DEVELOPPEMENT: OUTILS POUR UNE PLANIFICATION ET UNE MISE EN OEUVRE SENSIBLES AU GENRE MODULE DE FORMATION MATIERE PRINCIPALE Introduction au thème genre et développement ONUFemmes est l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. ONU Femmes a principalement pour rôle : d’appuyer des organes intergouvernementaux, tels que la Commission de la condition de la femme, dans l’élaboration de politiques, de règles et de normes mondiales ; d’aider les États Membres à appliquer ces règles, et est prêt à fournir un appui technique et financier approprié aux pays qui le demandent et à forger des partenariats performants avec la société civile ; et de demander des comptes au système des Nations Unies sur ses propres engagements en faveur de l’égalité des sexes, avec notamment un suivi régulier des progrès enregistrés dans l’ensemble du système. La Commission européenne représente les intérêts de l'Union dans son ensemble et ropose des actes législatifs et veille à l’application des traités. La Commission gère et exécute également les politiques communes et se charge des relations commerciales internationales ; elle est responsable de la gestion de l’assistance extérieure de l’Union européenne. La Commission préside le Comité de pilotage du Programme du Partenariat CE/Nations Unies sur l’égalité des genres pour le développement et la paix. Le Centre international de formation de l’Organisation internationale du Travail (CIF-OIT) met son approche pratique du renforcement des capacités pour l’intégration de la dimension de genre à la disposition de tous les partenaires et acteurs du programme. Le CIF-OIT gère le site web du programme www.gendermatters.eu, propose des modules d’apprentissage en ligne pour le Partenariat CE/Nations Unies et participe au Service d’assistance pour les questions de sexospécificité et d’emploi de l’OIT. Module de formation : Introduction au thème genre et développement Campus de Genre © Centre international de formation de l’Organisation internationale du Travail Turin, Italie, 2e édition révisée 2013 www.gendermatters.eu Centre international de formation de l’Organisation internationale du Travail Viale Maestri del Lavoro 10 10127 Torino (TO) Italie site web: http://gender.itcilo.org/cms Cette publication a été produite avec l’aide de l’Union européenne. Son contenu n’engage que la responsabilité de l’auteur et des équipes de recherche ; il ne reflète pas nécessairement l’opinion de ONUFemmes ou du CIF-OIT et ne reflète en aucun cas l’opinion de l’Union européenne. Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale CONTENU D’APPRENTISSAGE APERÇU .............................................................................................................. 4 OBJECTIFS .......................................................................................................... 5 SECTION A. ÉGALITÉ ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES ET DÉVELOPPEMENT: POURQUOI? ......................................................................................................... 6 1. Genre et droits fondamentaux : la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF).......................................... 6 2. Genre et développement durable : Le Programme d’action de Beijing, ses suivis, et les Objectifs du millénaire pour le développement............................................... 8 SECTION B. CONCEPTS DE BASE ET DÉFINITIONS: QUOI? ....................................... 12 1. Qu’entend-on par “genre”? ............................................................................ 12 2. Les relations de genre ................................................................................. 14 3. Les rôles de genre et le partage du travail selon le genre ................................... 14 4. La discrimination par le genre ........................................................................ 17 SECTION C. STRATÉGIES POUR LA PROMOTION DE L’ÉGALITÉ ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES: COMMENT? .................................................................................... 20 1. Instruments pour l’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes ..................................................................................................................... 20 2. Renforcement des capacités pour l'intégration du genre .................................. 23 Renforcement des capacités des stratégies pour le changement institutionnel peut comprendre tout de suite : ............................................................................. 23 1.1. Analyse de genre .................................................................................... 23 1.2. Données ventilées par sexe...................................................................... 24 2. Actions spécifiques sur le genre ..................................................................... 25 3. Approches d’émancipation ............................................................................. 27 SECTION D. QU’EST-CE QU’UNE ANALYSE DE GENRE? ............................................. 30 1. Qu’est-ce qu’une analyse de genre? Éléments à prendre en considération ............ 30 2. Pourquoi une analyse selon le genre est-elle importante? .................................. 30 3. Sources de données pour l’analyse selon le genre ............................................. 31 4. Des cadres d’analyse selon le genre................................................................ 31 5. Quelques éléments clés de l’analyse selon le genre à différents niveaux ............... 34 GDA_FR_M0 3 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale SECTION E. INDICATEURS SENSIBLES AU GENRE ................................................... 38 1. Indicateurs et indicateurs sensibles au genre ................................................... 38 2. Quand faut-il recourir aux indicateurs sensibles au genre ................................... 38 3. Des indicateurs quantitatifs et qualitatifs sensibles au genre............................... 39 4. Des indicateurs sensibles au genre à différents niveaux ..................................... 40 APERÇU Ce module présente les instruments de base nécessaires à adopter “une approche de genre pour le développement”. La section A illustre la raison d’être de la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes dans le développement, et présente une vue d’ensemble des cadres juridiques et politiques internationaux qui soutiennent l’égalité entre les hommes et les femmes et l’émancipation de ces dernières. La section B familiarise avec les concepts de base et la terminologie relative au “discours de genre”. La section C donne une brève vue d’ensemble des méthodes d’approche de l’égalité entre les genres et illustre les instruments pratiques pour l’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes dans les processus de développement. La section D fournit un aperçu de l’analyse de genre comme un effort systématique visant à identifier les questions qui engendrent les inégalités. Cette analyse fournira les bases de l’intégration du genre afin de déterminer si des mesures appropriées doivent être mises en place visant les femmes (ou les hommes) en plus des activités d’intégration. La section E présente les concepts de base liés aux indicateurs sensibles au genre qui sont nécessaires pour mesurer les progrès vers les cibles qui elles-mêmes doivent être sensibles au genre et mesurer dans quelle mesure les objectifs du développement favorise l’égalité. GDA_FR_M0 4 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale OBJECTIFS À la fin de ce module, vous aurez examiné pourquoi l’égalité entre les hommes et les femmes doit être considérée comme un élément clé de chaque agenda relatif au développement et pour quelle raison cette égalité est une question transversale sur tous les autres secteurs, social comme économique ; Plus spécifiquement vous aurez : Acquis une vue d’ensemble historique des étapes politiques et juridiques importantes de l’action internationale pour l’égalité entre les hommes et les femmes ainsi que l’émancipation des femmes ; Exploré le jargon relatif au genre et au développement ; Évalué certaines approches opérationnelles de promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes dans la planification du développement ; Compris l’importance développement ; Exploré les indicateurs sensibles au genre. GDA_FR_M0 de l’analyse selon le genre dans le contexte du 5 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale SECTION A. ÉGALITÉ ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES ET DÉVELOPPEMENT: POURQUOI? De nombreux changements ont eu lieu ce siècle dernier et ont touché la vie de l’entière humanité. Les améliorations dans le domaine de la santé, de la durée de vie, de la science, de la technologie, de la sphère politique et de l’instruction constituent certains de ces changements. L’acquisition par les femmes de droits politiques et civils est un exemple des plus significatifs de tels changements : des mouvements féministes ont vu le jour plus ou moins de façon simultanée de par le monde, plaidant pour l’identité politique et économique des femmes, leur droit de vote, leur participation dans la vie publique et politique, le droit de recevoir une éducation appropriée, enfin, le droit d’avoir le contrôle de leur propre existence. Le monde a accompli des progrès significatifs dans la promotion de l'égalité genre, y compris par des accords internationaux de référence tels que le Programme d'action de Beijing et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF). L'égalité genre n'est pas seulement un droit humain fondamental, mais sa réalisation a d'énormes conséquences socio-économiques. Autonomiser les femmes favorise l’essor économique et stimule la productivité et la croissance. Pourtant, les inégalités entre les sexes restent profondément ancrées dans chaque société. Les femmes n'ont pas accès à un travail décent et sont confrontées à la ségrégation professionnelle et ont des salaires moins élevés que les hommes. On leur refuse trop souvent l'accès à l'éducation de base et aux soins de santé. Les femmes dans toutes les régions du monde subissent des violences et la discrimination. Elles sont sousreprésentées dans les processus de prise de décisions politiques et économiques. Les paragraphes suivants décrivent le cadre international juridique et politique qui guide l’action vers une égalité entre les hommes et les femmes, comme la promotion et la protection des droits fondamentaux de la femme, et présente l’exposé suivant : Le besoin d’une considération particulière des droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles ; Les liens étroits entre le développement durable, la pauvreté et le genre ; L’égalité hommes - femmes comme objectif transversal de l’Agenda pour le travail décent de l’OIT 1. Genre et droits fondamentaux : la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) La principale raison pour laquelle l’égalité entre les hommes et les femmes est un objectif de développement global réside dans sa nature de droit fondamental, ce qui est toutefois compromis par la persistance de partis pris contre les femmes dans certains aspects spécifiques au niveau social, culturel et économique : la discrimination est une des causes principales de l’inégalité entre les hommes et les femmes et doit être éliminée par le biais de dispositions juridiques adaptées et d’actions. La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1979, GDA_FR_M0 6 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale est souvent décrite comme l’instrument international des droits fondamentaux des femmes. Elle fournit un fondement pour la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes par l’assurance de l’égal accès des femmes à la vie politique et publique comme l’égalité des chances - aussi bien qu’à l’éducation, la santé et l’emploi. La Convention dispose clairement que la discrimination selon le genre ne concerne pas uniquement les chances niées et les résultats inégaux, cette discrimination est avant tout une violation des droits fondamentaux des femmes. L’égalité formelle (ou égalité de jure) implique l’égalité de traitement par la loi en termes de procédures et se réfère au statut légal des femmes et des hommes dans la société. D’un point de vue étatique, cela implique une obligation “négative” comme l’obligation de ne pas violer le droit de vote d’un citoyen, le droit d’exprimer ses opinions, de recevoir une éducation appropriée comme une assistance sanitaire, etc… L’égalité réelle (ou égalité de facto) d’autre part concerne l’égalité de résultats : elle implique un principe de non-discrimination (directe et indirecte) et fait référence à la possibilité actuelle des femmes et des hommes à jouir de ces droits. D’un point de vue étatique, cela implique une obligation “positive” d’intervenir et de fournir des politiques cibles appropriées ainsi que des programmes visant à assurer un égal accès aux biens publics tels que l’éducation, l’assistance sanitaire, les ressources humaines, l’emploi, etc. L’importance de la CEDEF repose sur cette obligation sans précédent de l’Etat. En ratifiant la Convention, les Etats sont soumis à l’obligation de prendre un certain nombre de mesures pour mettre un terme à la discrimination contre les femmes sous toutes ses formes. Cela inclut: L’incorporation du principe d’égalité entre les hommes et les femmes dans leurs systèmes légaux, l’abolition de l’ensemble des lois discriminatoires, tout comme l’adoption des lois interdisant toute discrimination à l’égard des femmes ; La création de tribunaux et autres institutions publiques pour assurer une protection efficace des femmes contre la discrimination L’élimination de toutes les actions à l’égard des femmes par les personnes, les organisations ou les entreprises1. L'application des principes contenus dans la Convention est étroitement surveillée par le Comité de la CEDEF, qui se réunit à New York sous les auspices de la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme (CSW). Les pays qui ont ratifié la CEDEF doivent fournir un premier rapport après la première année suivant la ratification puis des rapports périodiques tous les quatre ans, décrivant ainsi les progrès accomplis sur la mise en oeuvre de la Convention et sur l’ensemble de la situation des femmes dans leur pays. Dans beaucoup de pays, des ONG ainsi que des groupes de la société civile fournissent aussi un contre-rapport ou rapport “ombre”. En 2013, 187 pays – plus de 90 % des membres des Nations Unies – faisaient partie de cette Convention. 1 Pour plus de détails et pour obtenir le texte intégral de la Convention consulter le site http://www.un.org/womenwatch/daw/cedaw/text/fconvention.htm GDA_FR_M0 7 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale 2. Genre et développement durable : Le Programme d’action de Beijing, ses suivis, et les Objectifs du millénaire pour le développement Nous pouvons affirmer que le développement durable peut être réalisé uniquement si les femmes comme les hommes sont impliqués également et équitablement dans le processus de développement, à tous les niveaux de décisions et de responsabilités, et dans toutes les sphères de la vie. Basé sur ce paradigme, la Déclaration de Beijing ainsi que le Programme d’action adoptés en 1995 durant la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, stipulent que l’égalité entre les hommes et les femmes est une condition préalable nécessaire et fondamentale pour le développement et la paix, et un instrument pour parvenir à tous les autres objectifs de développement : “un partenariat transformé fondé sur l’égalité entre les femmes et les hommes est une condition pour un développement durable centré sur les personnes2”. Les 185 Etats membres qui ont approuvé le Programme d’action de Beijing pendant la Conférence ont pris l’engagement de combattre les barrières s’opposant à la promotion des femmes dans 12 domaines qui sont : 1. Les femmes et la pauvreté ; 2. Éducation et formation des femmes ; 3. Les femmes et la santé ; 4. Violence à l’égard des femmes ; 5. Les femmes et les conflits armés ; 6. Les femmes et l’économie ; 7. Les femmes au pouvoir et aux postes de décision ; 8. Mécanismes institutionnels de promotion de la femme ; 9. Les droits fondamentaux des femmes ; 10. Les femmes et les médias ; 11. Les femmes et l’environnement ; et 12. Les petites filles. Les gouvernements nationaux furent invités à préparer des Plans d’action nationaux en accord avec le Programme tout comme la Commission de la condition de la femme reçut le mandat par l’Assemblée générale de jouer un rôle central dans l’évaluation de sa mise en oeuvre avec la Division de la promotion de la femme. Depuis 1995, presque les trois-quarts des Etats ont établi une forme de mécanisme institutionnel pour la promotion de la femme, ayant pour but l’intégration d’une perspective d’égalité entre les genres dans tous les aspects de la politique, de la législation, des programmes et des projets3. Toujours dans le but de placer les personnes au centre du développement, la Déclaration du Millénaire adoptée en 2000 lors de la 55ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a permis de sérieux engagements pour la paix, la sécurité et le développement. Elle a établi 8 Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) : 1. Réduire l’extrême pauvreté et la faim ; 2. Assurer l’éducation primaire pour tous ; 3. Promouvoir l’égalité et l’émancipation des femmes ; 4. Réduire la mortalité infantile ; 5. Améliorer la santé maternelle ; 6. Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies ; 7. Assurer un environnement durable ; 8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement4. La Déclaration a reconnu l’intérêt transversal de l’égalité pour la réalisation des objectifs lancés et a clairement résolu de “promouvoir l’égalité et l’émancipation des femmes comme moyens efficaces de combattre la pauvreté, la faim et la maladie, ainsi que de 2 Le texte intégral de la Déclaration de mission du Programme d’action de Beijing peut être consulté sur http://www.un.org/womenwatch/daw/beijing/platform/index.html 3 « Examen et évaluation de l’exécution du Programme d’action de Beijing : Rapport du Secrétaire général » (E/CN.6/2000/PC/2), Conseil économique et social, Nations Unies, janvier 2000. http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N00/263/91/PDF/N0026391.pdf?OpenElement 4 Pour plus de détails sur les objectifs du Millénaire pour le développement, allez sur le site officiel : http://www.un.org/french/millenniumgoals GDA_FR_M0 8 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale stimuler un développement véritablement durable” . La Déclaration du Millénaire représente une importante étape vers une approche intégrée du genre et du développement, au sein de laquelle la perspective de genre est précisément considérée dans l’intégration de chaque discipline ainsi qu’au sein des domaines pertinents pour la réalisation du développement durable. 5 Les inégalités et l’agenda pour le développement après 2015 Malgré l'inclusion de l'OMD 3 sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, il est largement reconnu que le cadre des OMD en cours n'a pas été en mesure de répondre efficacement aux causes structurelles sous-jacentes de l'inégalité des sexes et les formes multiples et convergentes de discrimination vécues par les femmes et les filles dans le monde entier. On note dans le rapport annuel le plus récent sur l'état d'avancement des OMD que les femmes restent désavantagées dans de nombreux domaines, en particulier en termes d'accès à des possibilités décentes d'emploi dans le secteur formel, les ressources productives, aux soins de santé sexuelle et reproductive et la participation à la décision politique. Le fléau de la violence contre les femmes et les filles, notamment la violence sexuelle liée aux conflits, continue à servir comme un obstacle majeur à la réalisation de tous les OMD. De nombreux rapports ont attribué des progrès inégaux sur les OMD à la persistance des inégalités multiples, à la fois entre les pays et dans les régions. En plus des inégalités entre les hommes et les femmes, les inégalités qui existent entre les femmes, sur la base de la classe, la race / appartenance ethnique, zone rurale / urbaine, entre autres, servent également comme des obstacles à la réalisation des objectifs. Le cadre des OMD, qui met l'accent sur les progrès global et l'utilisation des moyennes nationales pour évaluer les progrès, masque ces disparités sociales et économiques complexes internes à chaque pays. Le manque de données ventilées par sexe, en particulier sur les OMD 1 relatif à l'éradication de l'extrême pauvreté et l'OMD 7 relatif à l'environnement, a également défié l’efficité dans les méthodes de mesure de ces inégalités et l'exclusion sociale résultant vécue par les populations marginalisées. Les OMD n'ont d’ailleurs pas des cibles et des indicateurs sensibles au genre jugés suffisants. Bien que le Programme d'action de Beijing comprend 12 domaines critiques, l'OMD 3 sur l'égalité des sexes n'a qu'une seule cible à éliminer les disparités entre les sexes dans l'éducation. Une critique supplémentaire du cadre actuel des OMD a mis l'accent sur le fait que les objectifs ne reflètent pas les dimensions de transformation de la Déclaration du Millénaire dont ils sont issus. La Déclaration a réaffirmé les engagements des États membres au droit international des droits de l'homme et les traités sur le développement durable, ainsi que les principes de liberté, d'égalité, de tolérance, de responsabilité partagée, de protéger les personnes vulnérables, les droits humains, la démocratie et la bonne gouvernance. Cependant, ces principes n'ont pas été pleinement pris en compte dans les objectifs. Dans son rapport de 2012, réalisant l'avenir que nous voulons pour tous, l'Équipe spéciale du système des Nations Unies propose une vision pour un changement transformateur qui est basé sur inclusivement, le développement durable centré sur les personnes. L'Équipe spéciale envisage un futur cadre qui repose sur les valeurs fondamentales des droits de l'homme, l'égalité et la durabilité, et est organisée selon une approche holistique qui intègre quatre dimensions clés: le développement social inclusif, 5 Texte intégral de la Déclaration disponible à la page suivante: http://www.aidh.org/mill/Images/Decl_Millen.pdf GDA_FR_M0 9 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale le développement économique inclusif, la durabilité environnementale et la paix et la sécurité. Si le nouveau cadre de développement post-2015 est d'inclure une série d'objectifs, cibles et indicateurs, une façon de s'assurer que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes soient pleinement intégrés serait d'inclure un objectif spécifique sur l'égalité des sexes et de l'égalité des les indicateurs sensibles intégrés dans tous les autres objectifs. Le nouvel objectif devrait être de transformation et d'aborder les déterminants structurels de l'inégalité des sexes dans les domaines économique, social, politique et environnemental. La violence contre les femmes sera également et dûment prise en compte et traitée dans ce cadre. GDA_FR_M0 10 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale POINTS CLÉ Le principe d’égalité entre les hommes et les femmes est un droit fondamental nécessaire pour la réalisation d’une justice sociale ; La CEDEF est décrite comme un instrument international des droits fondamentaux des femmes ; Considérant la question des droits des femmes comme un problème d’accès, la CEDEF souligne avec insistance l’importante distinction entre inégalités formelles – ou de jure – et réelles – ou de facto – ; La CEDEF demande aussi la mise en place de tribunaux et autres institutions publiques pour la protection des femmes contre la discrimination, et pour un processus d’évaluation Le Programme d’action de Beijing vise à placer l’égalité de genre au coeur de l’agenda du développement, définissant cela non seulement comme un objectif en soi mais aussi comme un programme nécessaire pour la réalisation d’un développement véritablement durable. Comme cela avait été exigé par le Programme d’action de Beijing et ses suivis, la Déclaration du Millénaire inclut l’égalité de genre autant comme un objectif per se que comme un moyen essentiel de combattre la pauvreté et de réaliser le développement durable. En s'appuyant sur les leçons tirées des efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, le programme de développement post-2015 global devra être de s'attaquer aux causes structurelles des inégalités, être ancré dans le respect des droits humains, et intégrer l'objectif d'égalité des sexes . GDA_FR_M0 11 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale SECTION B. CONCEPTS DE BASE ET DÉFINITIONS: QUOI? 1. Qu’entend-on par “genre”? Le terme “genre” fait référence à un éventail de rôles sociaux et de relations, de traits de caractère, d’attitudes, de comportements, de valeurs, aux respectifs pouvoir et influence attribués aux femmes et aux hommes selon leur sexe6. Ce terme peut être perçu comme complexe car il prend en considération un large éventail de facteurs culturels et sociaux qui peuvent varier dans le temps comme dans l’espace. La distinction entre “genre” et “sexe” peut nous aider à parvenir à une définition plus claire de ce terme. D’une part, le terme “sexe” fait référence aux caractéristiques biologiques et anatomiques génétiquement déterminées des femmes et des hommes qui se manifestent par leurs différents rôles dans la reproduction biologique. D’autre part, le terme “genre” fait référence aux rôles et responsabilités socialement déterminés attribués aux femmes et aux hommes dans un contexte social et culturel donné en vertu de leurs caractéristiques biologiques. Le genre est: Socialement déterminé. Modifiable dans le temps, au sein et de par les cultures. Le genre n’est PAS: Le sexe. La femme. Alors que les différences de sexe sont déterminées avant la naissance et ne peuvent pas être modifiées par des influences environnementales ou culturelles, le genre est une identité acquise et qui par conséquent change dans le temps, au sein ou de par les cultures. Genre ou Sexe? Certaines affirmations comme “seules les femmes peuvent donner naissance” et“seuls les hommes peuvent avoir le cancer de la prostate” font référence aux caractéristiques biologiques des femmes et des hommes : ces affirmations sont vraies aujourd’hui comme elles l’étaient il y a une décennie, alors qu’elles sont affirmées à l’est, à l’ouest, au nord et au sud. D’autre part, les affirmations selon lesquelles “seules les femmes peuvent élever des enfants” ou “seuls les hommes peuvent conduire des camions” font référence aux caractéristiques socialement déterminées assignées aux femmes et aux hommes : même si chacun les considère comme vraies elles ne sont pas universelles et peuvent être acceptées ou non selon où et quand elles sont affirmées et à qui elles sont présentées. 6 INSTRAW 2004, Glossaire sur les termes de genre et concepts, http://www.un-instraw.org/en/index.php?option=content&task=view&id=37&Itemid=76 GDA_FR_M0 12 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale Le genre dépend de la définition que notre société donne à la masculinité et la féminité c’est-à-dire ce qui est approprié aux hommes et aux femmes respectivement. Ces concepts peuvent être influencés par plusieurs facteurs comme les croyances culturelles et religieuses, les mythes, les proverbes, les jeux, les traditions populaires, la publicité, les films, la famille, la parenté, la communauté, etc… Coup d’œil sur le genre et identité de genre Le genre est notre statut social et juridique comme filles et garçons, femmes et hommes. L'identité de genre est comment vous vous sentez et exprimez votre genre. La culture détermine les rôles de genre et de ce qui est masculin et féminin. Qu'est-ce que cela signifie d'être une femme ou un homme? Que nous nous reconnaissons en tant que femmes ou hommes n'est pas seulement déterminé par nos organes reproductifs. Notre genre comprend un mélange complexe de croyances, comportements et caractéristiques. Comment agissez-vous, parlez, ou vous comportez ? Comme une femme ou un homme? Êtes-vous féminin ou masculin, les deux ou aucun des deux? GDA_FR_M0 13 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale 2. Les relations de genre Le “genre” est un terme relationnel : il ne fait pas uniquement référence aux femmes et aux hommes mais plutôt à leurs relations. “Les relations de genre” font référence aux différents modes de définition des droits par une société, aux responsabilités et aux identités des hommes et des femmes dans leurs relations. Les relations de genre sont inévitables – parce que les femmes et les hommes interagissent dans toutes les sphères de la vie – et concernent dès lors le domaine privé (la famille, le mariage, etc.) comme le domaine public (l’école, le marché du travail, la vie politique, etc.) Toutes les relations sociales incluent une composante de genre car elles sont – de différents points de vue – définies par l’identité de genre des personnes concernées. Exemples de relations de genre Une femme peut être épouse en relation à un homme qui est son époux, et une employée en relation à son employeur de sexe masculin, une fille en relation à son père, ou une élève en relation à son professeur Un examen approfondi des relations de genre révèlera l’existence d’un fort composant de pouvoir structurant chaque relation. Le pouvoir est distribué tout au long des lignes de genre au sein d’un large éventail de pratiques sociales, la plupart du temps au désavantage des femmes. Les relations de pouvoir sont évidentes, par exemple dans la façon dont les ressources (naturelles, économiques, politiques, etc.) sont distribuées entre femmes et hommes. Les femmes souffrent souvent d’un accès plus limité aux ressources économiques, naturelles et sociales, ce qui diminue leur pouvoir de négociation de leur position au sein de leur ménage, de la communauté, du marché du travail et de la vie politique. Outre le genre, les relations sociales peuvent être influencées par de nombreux autres facteurs et une certaine diversité peut être définie selon de nombreux critères parmi lesquels nous trouvons l’âge, la classe, l’ethnie, la religion, l’orientation sexuelle, l’affaiblissement physique et mental. Les individus peuvent avoir de multiples identités selon leur appartenance religieuse ou leur tendance politique, leur ethnicité, leur statut social et ainsi de suite. 3. Les rôles de genre et le partage du travail selon le genre Le concept de “rôles de genre” fait référence aux activités attribuées aux femmes et aux hommes sur la base de leurs différences perçues. Les rôles de genre sont socialement déterminés, changent dans le temps et l’espace, et sont influencés par des facteurs sociaux, culturels et environnementaux caractérisant une certaine société, communauté ou période historique. Les rôles de genre visent à instaurer des frontières entre ce qui est perçu comme approprié pour les femmes et les hommes dans la société, d’un point de vue des domaines public comme privé. De tels rôles sont acceptés comme “naturels” et assimilés par les filles et les garçons depuis leur plus jeune âge par le biais des modèles de genre qu’ils prennent de leur environnement social. Dans de nombreuses sociétés, les individus subissent une forte pression pour respecter de tels modèles, non seulement de façon directe par la famille ou la communauté, mais aussi indirectement GDA_FR_M0 14 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale par le rôle de modèles du tissu social – le marché du travail, la politique publique, le système de taxation, etc., qui souvent restent dissuasifs pour un changement social. Les hommes comme les femmes jouent de multiples rôles dans leur vie, dans le domaine productif – qui inclut les activités relatives à la production de biens de consommation ou au commerce ainsi que les activités rémunératrices, et le domaine reproductif – qui inclut des tâches et des activités relatives à la création et au maintien de la famille et du ménage. Toutefois, dans de nombreuses sociétés, les rôles des hommes dans le domaine productif est saillant alors que leur rôle reproductif – ou domestique - reste subsidiaire. Le travail productif des hommes a lieu habituellement hors du foyer et leur permet de réaliser leurs rôles séquentiellement plutôt que simultanément. Dans de nombreux pays, les hommes sont plus concernés par les processus de prise de décision au sein des activités politiques : ils siègent en assemblées et conseils et dirigent plus d’agences gouvernementales que les femmes, détiennent donc un pouvoir politique plus important, et sont capables d’exercer une plus forte influence sur leurs communautés. Les femmes, en revanche, doivent d’une façon générale simultanément jongler entre différentes tâches en raison de leur tendance à assurer de multiples rôles au sein des sphères reproductives et productives (cela est souvent appelé le “multi-tâches”). Les femmes ont dès lors été décrites comme ayant souvent un “triple rôle”7 : Un rôle productif : même si les femmes dans le monde ont des emplois payés ou bien travaillent au sein d’activités rémunératrices, elles tendent à perdre en termes d’accès à l’emploi, de contrôle de l’emploi, ainsi que de bénéfices des ressources productives. Un rôle reproductif (ou rôle domestique) : la reproduction concerne toutes les activités nécessaires au maintien et à la survie de la vie humaine. Des exemples incluent la maternité, la garde des enfants, la cuisine, la lessive, le ravitaillement des courses… Une distinction peut aussi avoir lieu entre les mères et les femmes qui ne sont pas mères. Un rôle de gestion de la communauté : ce terme est utilisé pour décrire des activités habituellement réalisées par les femmes – comme extension de leur rôle reproductif – pour le bénéfice de la communauté, par exemple le ravitaillement et la conservation de ressources rares de consommation collective comme l’eau, la santé ou l’éducation. Ce travail est très souvent non payé et volontaire. Les activités de gestion de la communauté en revanche assurées par les hommes tendent à être plus visibles et de valeur sociale plus élevée (comme l’administration de la justice locale). Le rôle reproductif des femmes ainsi que le rôle de gestion de la communauté sont souvent perçus comme “naturels” : comme ils ne génèrent aucun salaire, ils restent bien souvent invisibles au niveau de l’économie nationale même si ces rôles peuvent aussi avoir un profil professionnel. Par exemple, si une mère ou bien d’autres parentes s’occupent des enfants pendant leurs “heures de travail” ces femmes ne seront pas financièrement récompensées. Toutefois, des professionnels de “carrière” reçoivent une rémunération pour les mêmes tâches et sont considérés par les statistiques économiques. La professionnalisation des tâches domestiques contribue partiellement à la concentration des femmes au sein de certaines catégories (infirmière, aide ménagère, etc.) ce qui renforce le stéréotype selon lequel chaque femme possède une qualité “naturelle” pour le travail domestique. La façon dont le travail est divisé entre les hommes et les femmes selon leurs rôles de genre fait habituellement référence à “la division de genre du travail”. Cela ne 7 Moser C. O. N., ‘Gender planning and development: theory, practice and training’, Londres: Routledge, 1993 . GDA_FR_M0 15 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale concerne pas seulement l’emploi payé mais plus généralement le travail, les tâches et les responsabilités assignés aux femmes et aux hommes dans leur vie quotidienne, et qui peuvent à leur tour déterminer aussi certains modèles sur le marché du travail. La division de genre du travail Dans certaines parties de l’Asie, il est fréquent de voir des femmes travailler comme manoeuvres pour la construction de routes, alors qu’en Europe la construction de ces routes est généralement un travail masculin. Dans certaines cultures, l’achat des fournitures pour le foyer est une tâche réservée aux hommes alors que dans d’autres ces tâches sont réservées aux femmes. Dans certaines cultures bouddhistes, avoir de l’argent peut être mal considéré. En raison de leur bas statut social, posséder de l’argent relève souvent de la responsabilité des femmes. Dans certaines cultures islamiques, d’autre part, les hommes peuvent contrôler les finances du foyer et en assurer l’achat des fournitures. Il est souvent soutenu que la division de genre du travail est le résultat de traits biologiques ; pourtant, si on considère le fait que dans certaines sociétés les femmes assurent des tâches et des travaux réservés traditionnellement dans certaines autres à des hommes, et vice-versa, on s’aperçoit que la division du travail dépend surtout de ce que chaque société perçoit comme approprié pour les hommes et les femmes. Le marché du travail (aussi bien que l’éducation et la formation) connaît une sévère ségrégation selon le genre avec des différences selon les régions et les cultures. Aussi, la division de genre au sein de la main d’oeuvre est souvent vraie car les hommes dominent certains secteurs et emplois comme les femmes dans d’autres. Par exemple, il existe une concentration de femmes dans les services et une concentration d’hommes dans l’industrie. Dans les sous-secteurs, il existe aussi une division selon le genre : par exemple, dans l’industrie, les femmes sont plus présentes dans l’électronique et la fabrication de vêtements alors que les hommes le sont plus dans l’industrie automobile. Cela est appelé “ségrégation professionnelle”, généralement divisée en une dimension horizontale et une dimension verticale. Dans un contexte de genre, la ségrégation horizontale fait référence à l’idée que les hommes et les femmes se trouvent dans des secteurs professionnels différents. Les femmes sont habituellement très présentes dans les secteurs qui requièrent moins de compétences (par exemple l’agriculture), qui représentent de moindres chances d’avancement de carrière (par exemple les services), et qui concernent les services à la personne (par exemple le métier d’infirmière), coïncidant souvent aussi avec les bas salaires. D’autre part, la ségrégation verticale fait référence à l’idée que les hommes et les femmes occupent différentes positions hiérarchiques dans un même secteur professionnel. Au sein de ce même secteur, les femmes tendent à occuper les plus bas emplois de l’échelle hiérarchique (et par conséquent les plus basses échelles de salaires). Les statistiques montrent que plus la GDA_FR_M0 16 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale position est haute plus le fossé de genre est grand, par conséquent, et en moyenne, les femmes occupent moins de 5 % des hauts emplois au sein des corporations8. La division de genre du travail n’est pas immuable dans le temps ; elle évolue en fonction de plus larges changements économiques, politiques et sociaux. Par exemple, les hommes et les femmes ont différentes raisons d’émigrer et s’engagent dans différentes professions quand ils émigrent. La migration peut aussi pousser les hommes à assurer des tâches qu’ils n’accepteraient pas dans leur rôle social habituel, comme devoir cuisiner pour eux-mêmes. 4. La discrimination par le genre La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) définit la discrimination comme “toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine”. Une telle définition ajoute un aspect crucial à la discussion sur la discrimination, car elle en fait un sujet pour les droits humains. La discrimination par le genre n’est pas seulement la conséquence d’opportunités niées ou de résultats inégaux, elle est avant tout une violation des droits humains de la femme. La discrimination par le genre est en outre une différence de traitement fondée sur le sexe qui impose à un individu des désavantages ou des limites à son accès aux opportunités pourtant disponibles aux autres membres de la société. Une telle définition insiste non seulement sur les aspects procéduraux qui peuvent se révéler discriminants (différence de traitement), mais aussi sur les résultats de certaines pratiques qui pourraient engendrer privations et limites, et suggère que la présence d’une intention n’est pas nécessaire à identifier une situation discriminatoire9.Cela nous permet de faire une distinction très importante entre discrimination directe et indirecte. La discrimination est directe quand les lois et les pratiques excluent explicitement ou donnent une préférence à certains individus uniquement sur la base de leur appartenance à un groupe en particulier. La discrimination indirecte est plus difficile à détecter car elle fait référence à des normes, procédures et pratiques qui apparaissent comme neutres mais dont la mise en oeuvre affecte de façon disproportionnée les membres de certains groupes. La notion de discrimination indirecte a au moins deux implications significatives10. La première démontre que traiter des personnes différentes de la même façon, sans prendre en considération des circonstances spécifiques ou un contexte désavantageux, peut dans certains cas perpétrer ou aggraver des inégalités existantes au lieu de les diminuer. Les pratiques de la sphère publique ou privée qui évitent de prendre en compte des inégalités de genre comme facteur déterminant sont dénommées “gender-blind” (aveugle de genre) ou “gender-neutral” (neutre de genre) : elles ne sont pas ouvertement discriminatoires mais peuvent générer des inégalités. La seconde importante implication de ce concept de discrimination indirecte réside dans le fait qu’elle sous-entend la possibilité selon laquelle la discrimination peut ne pas être 8 OIT, Decent Work for Women - An ILO proposal to accelerate implementation of the Beijing Action Platform, Genève, Bureau de l’égalité entre hommes et femmes, 2000. 9 Manuela TOMEI, Sur les notions de discrimination et d’égalité au travail, Revue internationale du travail, Volume 142 (2003), No. 4. 10 Ibid. GDA_FR_M0 17 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale une caractéristique systémique de certaines cultures de lieux de travail ou de structures institutionnelles11. Discrimination par le genre– directe ou indirecte? Les annonces de vacances de postes qui découragent ouvertement les candidatures de travailleurs/euses mariés sont des exemples de discrimination directe. Dans de nombreux pays, les travailleurs/euses domestiques sont exclus de la protection que la loi assure pourtant à d’autres employés. Comme les travailleurs/euses domestiques sont dans la plupart des cas des femmes ou des membres de minorités ethniques ou de travailleurs migrants, leur exclusion à certains droits au travail constitue une forme de discrimination indirecte sur le sexe, la race, l’origine ethnique ou la nationalité. L’importance de la reconnaissance de la nature transversale du genre lors de la considération de facteurs sociaux contribuant à l’identité de l’individu est cruciale lors de la remise en question de la discrimination : en raison de leur genre, les femmes sont plus sujettes à devoir affronter une discrimination multiple. Malgré le fait de constituer une discrimination par lui-même, le genre exacerbe aussi d’autres types de discrimination : par exemple, une femme provenant d’un groupe indigène est plus vulnérable à la discrimination que sa contrepartie masculine. 11 OIT, 2007. L’Egalité au travail: relever les défis. Rapport global en vertu du suivi de la Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail. Conférence internationale du travail, 96ème Session, 2007 - Rapport I (B). Genève. GDA_FR_M0 18 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale POINTS CLÉS Le terme “relations de genre” fait référence aux moyens par lesquels une société définit les droits, les responsabilités et les identités des hommes et des femmes, en relation les uns avec les autres. Même si le genre constitue une variable séparée dans la définition des relations sociales, le genre concerne tout autant d’autres facteurs déterminants comme l’âge, la classe, l’ethnie, la religion, l’orientation sexuelle, l’affaiblissement physique et mental. Le terme “rôles de genre” fait référence aux activités attribuées aux femmes et aux hommes sur la base de leurs différences perçues. Ils sont socialement déterminés, changent à travers le temps et l’espace, et sont influencés par des facteurs sociaux, culturels et environnementaux. Le rôle principal des hommes est la plupart du temps un rôle productif, alors que les femmes, dans de nombreux cas, jouent des rôles multiples dans les sphères productives comme reproductives. La division de genre du travail fait référence à la façon dont le travail est divisé entre les hommes et les femmes selon leurs rôles de genre. La ségrégation horizontale fait référence au fait que les hommes et les femmes occupent différents secteurs professionnels ; La ségrégation verticale fait référence au fait que les hommes et les femmes occupent différentes positions hiérarchiques dans le même secteur professionnel. La discrimination directe fait référence aux lois et pratiques qui explicitement excluent ou donnent préférence à certains individus seulement sur la base de leur appartenance à un groupe en particulier. La discrimination indirecte fait référence aux normes, procédures et pratiques qui apparaissent comme neutres mais dont la mise en oeuvre affecte de façon disproportionnée les membres de certains groupes. GDA_FR_M0 19 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale SECTION C. STRATÉGIES POUR LA PROMOTION DE L’ÉGALITÉ ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES: COMMENT? En plus de constituer un objectif de développement par elle-même, l’égalité entre les hommes et les femmes est aussi considérée comme transversale, et nécessaire à l’achèvement des autres objectifs de développement. Pour s’assurer que l’égalité de genre soit prise en compte dans tous les domaines, à tous les niveaux, certaines stratégies peuvent être adoptée. Cela inclut des activités spécifiques pour promouvoir l’autonomisation du groupe le plus désavantagé (souvent les femmes) et l’intégration d’une perspective de genre dans les politiques, programmes, projets, et autres initiatives. Ceci est le cas pour de plus larges objectifs de développement comme la réduction de la pauvreté, tout comme aussi certains objectifs spécifiques comme la réalisation du travail décent pour toutes les femmes et les hommes, l’éducation primaire universelle, ou la lutte contre l’épidémie du VIH/sida. 1. Instruments pour l’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes Le concept d’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes était officiellement introduit comme stratégie internationale pendant la Conférence de Beijing de 1995, en réponse au besoin d’incorporer une perspective genre dans tous les secteurs de développement. Depuis lors, ce concept a été largement accepté comme une des principales stratégies pour la réalisation de l’égalité des sexes, même s’il y a bien souvent une certaine confusion sur sa nature et son objet. L’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes – Une définition des Nations Unies « Intégrer une démarche d’équité entre les sexes, c’est évaluer les incidences pour les femmes et pour les hommes de toute action envisagée, notamment dans la législation, les politiques ou les programmes, dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Il s’agit d’une stratégie visant à incorporer les préoccupations et les expériences des femmes aussi bien que celles des hommes dans l’élaboration, la mise en oeuvre, la surveillance et l’évaluation des politiques et des programmes dans tous les domaines - politique, économique et social - de manière que les femmes et les hommes bénéficient d’avantages égaux et que l’inégalité ne puisse se perpétuer. Le but ultime est d’atteindre l’égalité entre les sexes » Extrait du rapport du Conseil économique et social concernant entre autre l’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes, A/52/3, 1997. L’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas un objectif en soi, bien plus, elle constitue une stratégie pour la réalisation de l’égalité entre les sexes. Cela ne signifie pas ajouter une “composante femme” ou bien encore une “composante égalité entre hommes et femmes” à une activité existante, cela signifie bien plus un simple accroissement de la participation des femmes. La sous-entendue GDA_FR_M0 20 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale hypothèse est que les inégalités entre les hommes et les femmes sont profondément ancrées dans la texture culturelle et socio-économique de la société et chaque domaine et sphère sujets à la législation, les politiques, les programmes et toute forme d’action planifiée contient une dimension de genre qui nécessite une prise en considération. Cela inclut des secteurs au sein desquels les disparités entre les hommes et les femmes sont plus visibles comme l’éducation, la santé et la sécurité sociale, mais aussi dans des secteurs au sein desquels les différences entre les hommes et les femmes sont plus “cachées” comme la macro-économie, la planification urbaine, les finances privées et publiques, etc… De plus, la question de l’égalité entre les sexes doit être considérée à tous les niveaux du cycle du projet ou du programme comme les étapes de planification et de conception, de mise en oeuvre, de suivi et d’évaluation. L’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes prévoit que les rôles potentiels et les intérêts des hommes comme des femmes soient pris en considération dans les programmes et les politiques, comme une analyse de la manière dont sont planifiées les actions qui peuvent toucher différemment les hommes et les femmes. Ce dernier point toutefois est souvent mal compris car interprété comme si le respect du principe de non-discrimination était suffisant pour assurer l’égalité entre les sexes par le biais de certaines politiques ou législations. Cela n’est pas toujours vrai : une politique non ouvertement discriminatoire envers chaque sexe – qui est alors “neutre de genre” – ne garantit pas nécessairement des bénéfices et des résultats égaux pour les deux sexes. L’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes n’implique pas que des actions planifiées doivent être neutres de genre : au contraire, cela vise à les rendre sensibles à la question de genre, ou même à les rendre “gender-transformative” 12 (évolutifs dans le genre). Le continuum des perspectives de l'intégration genre L'objectif principal derrière l'égalité genre est de concevoir et mettre en œuvre des projets de développement, des programmes et des politiques qui: • ne renforcent pas les inégalités genre existantes (neutre « gender neutral ») • tentent de corriger les inégalités genre existantes (sensible au genre « Gender Sensitive ») • tentent de redéfinir les rôles des femmes et des hommes et les relations genre (positives / transformatrices) Le degré d'intégration d'une perspective de genre dans un projet donné peut être considéré comme un continuum: Influencer négativement sur le genre Neutre Sensible Positive Transformatrice Les inégalités de genre sont renforcées pour atteindre les résultats de Les questions de genre ne sont pas considérées comme Le genre est un moyen d'atteindre les objectifs de développement Les questions de genre sont essentielles à la réalisation des résultats de Le genre est au centre de promotion de l'égalité genre afin d’atteindre 12 Une liste des termes et concepts lies au genre pour décrire les différentes actions intégrant ou non une perspective de genre est disponible, en anglais : « Glossary of gender related terms and concepts », United Nations International Research and Training Institute for the Advancement of Women (UN-INSTRAW), www.uninstraw.org GDA_FR_M0 21 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale développement escomptés Utilise les normes de genre, les rôles et les stéréotypes qui renforcent les inégalités pertinentes pour les résultats de développement Les normes, les rôles et les relations ne sont pas affectés (aggravé ou amélioré) Aborder les normes de genre, les rôles et l'accès aux ressources dans la mesure où nécessaire pour atteindre les objectifs du projet développement des résultats positifs pour le développement Influencer les normes, les rôles et l'accès aux ressources dans les composantes clés des résultats du projet vers plus d’égalité Transformer les relations genre inégales afin de promouvoir «le partage du pouvoir, le contrôle des ressources, prise de décision, et l'appui à l'autonomisation des femmes Source: UN INSTRAW Glossary of gender-related terms and concepts, available at http://www.un-instraw.org. (traduction libre) L’égalité de traitement ne conduit pas nécessairement à des résultats égaux. Traiter chaque personne de la même façon quand bien même des inégalités significatives existent peut en fin de compte renforcer et aggraver de telles inégalités. L’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes est une stratégie de long terme qui souligne les causes premières des disparités de genre existantes afin d’éviter que les inégalités ne soient toujours répétées. Cependant, l’intégration de ce principe n’est pas suffisante à parer les inégalités existantes dans le court terme : comme déjà constaté, les femmes se retrouvent dans une position désavantageuse dans de nombreuses situations de la vie publique et privée. Aborder le sujet d’éventuelles inégalités est fondamental pour l’efficacité de toute stratégie d’intégration du principe. Cela explique pourquoi des mesures spécifiques de genre visant à avancer la position des femmes dans la société sont tout aussi nécessaires, jusqu’à ce que les femmes soient capables de participer – et de bénéficier – au développement en plein partenariat avec les hommes. Il existe de nombreux instruments, approches pratiques et opérationnelles, qui peuvent être utilisés afin d’inclure les questions de genre dans l’intégration de toutes les politiques et de tous les programmes. Les ingrédients clés pour l'intégration du genre Les statistiques ventilées par sexe et les informations qualitatives sur la situation des femmes et des hommes doivent être obtenus pour la population en question. Une analyse de genre doit être menée à l'égard de la division sexuelle du travail, l'accès et le contrôle des ressources matérielles et non matérielles, la base juridique pour l'égalité / l'inégalité entre les sexes, les engagements politiques à l'égard de l'égalité des sexes et la culture, les attitudes et les stéréotypes qui affectent toutes les éditions précédentes. L'analyse de genre dans les politiques, programmes ou projets devrait révéler si oui ou non l'activité envisagée contribuera à lutter contre les inégalités existantes ou, et s'il ya des questions de genre qui n'ont pas été abordées. Lors de la planification des activités futures, l'analyse de genre contribue à l'identification des points d'entrée ou les questions à aborder dans le but d'atteindre les objectifs d'égalité des sexes, y compris les actions ciblant des groupes spécifiques des femmes ou des hommes. GDA_FR_M0 22 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale Les ressources humaines et financières suffisantes soient allouées pour mettre en pratique les actions prévues. Leadership témoigne de l'engagement, de soutien et de responsabilité vers l'objectif de l'égalité des sexes. Donner le temps, les connaissances et compétences nécessaires au personnel opérationnel pour appliquer l'analyse de genre et de répondre aux lacunes identifiées. Prendre conscience que l'intégration du genre est une stratégie à long terme qui nécessite un changement culturel et institutionnel. Un système de suivi et d'évaluation sensible au genre doit également être mis en place dès la phase de conception, y compris la mise en place d'indicateurs permettant de mesurer le degré de réalisation des objectifs d'égalité genre et les changements dans les relations de genre obtenus. 2. Renforcement des capacités pour l'intégration du genre Renforcement des capacités des stratégies pour le changement institutionnel peut comprendre tout de suite : 1.1. Analyse de genre Le terme “analyse de genre” est utilisé pour décrire une approche systématique d’examen des facteurs relatifs au genre. Cela implique un effort délibéré d’identification et de compréhension des différents rôles, relations, situations, ressources, bénéfices, contraintes, besoins et intérêts des hommes et des femmes dans un certain contexte socio-culturel. Métaphoriquement, l’analyse de genre implique porter une “loupe de genre” afin de bien voir le contexte donné de la perspective des femmes comme des hommes. Par exemple une analyse de genre des motifs d’emploi dans un quelconque pays illustrerait les taux de participation de la force de travail, les ségrégations dans la profession, un partage inégal entre les femmes et les hommes pour le travail domestique non rémunéré, comme aussi un partage inégal dans l’emploi à temps partiel et dans l’emploi informel. L’analyse de genre permet aussi de fournir une information détaillée sur les besoins pratiques et stratégiques des hommes et des femmes en matière de genre dans une communauté donnée. Cela tente de répondre aux interrogations relatives aux agences comme : qui utilise quoi et comment, pourquoi. L’objectif est de mieux comprendre ce que les hommes et les femmes font, les ressources et les contraintes qu’ils ont, et quels sont leurs besoins et priorités pour que des mesures concrètes pour la promotion de l’égalité dans l’emploi et de traitement entre les travailleurs et les travailleuses puisse être mise en oeuvre. Il existe différents cadres pour conduire une analyse de genre (voir le module sur Approches et méthodologies – Campus de genre, GMS FR M2) qui peuvent être utilisés selon le contexte et l’objectif de cette analyse. D’une façon générale, une bonne analyse de genre doit inclure: La collecte de données désagrégées, par exemple par sexe ; L’identification de différentiels de genre au travail et dans la vie quotidienne, en termes de division du travail, d’accès et de contrôle des ressources et des bénéfices ; GDA_FR_M0 23 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale La compréhension des besoins des jeunes filles, des garçons, des femmes et des hommes, des contraintes et des opportunités en relation avec la connaissance et les capacités requises, les conditions de travail, la protection sociale, les responsabilités familiales, les prises de décision économique et politique ; L’identification des contraintes et des opportunités dans un vaste environnement (lois, attitudes) ; La revue des capacités des institutions existantes et des mécanismes nécessaires pour atteindre de façon égale les jeunes filles, les garçons, les femmes et les hommes, et promouvoir l’égalité entre les sexes13. 1.2. Données ventilées par sexe14 Pour servir au mieux à leurs diverses applications, ce qui comprend permettre le suivi des objectifs du développement, ou rendre possible des décisions politiques informées, les statistiques du travail doivent donner une image aussi fidèle que possible de la réalité. Cela signifie qu’elles doivent porter sur toutes les personnes sur le marché du travail et décrire leur situation d’emploi avec la précision qui s’impose. Les données ventilées par sexe contribuent à identifier les différences et similitudes entre les hommes et les femmes en ce qui concerne : leurs contributions, leurs conditions de travail et de vie, et plus particulièrement en ce qui concerne (a) les activités auxquelles ils et elles participent et la mesure dans laquelle ils et elles y participent, (b) leur accès aux ressources et avantages, et le contrôle qu’ils et elles exercent sur ceux-ci et (c) leurs besoins, contraintes et chances d’accès relativement à une activité, à la loi, aux politiques et aux programmes. Les statistiques du travail qui incorporent ou intègrent le principe d’égalité entre les hommes et les femmes auront les caractéristiques suivantes : Elles traitent de sujets permettant d’expliquer les différences et similitudes qui existent entre les hommes et les femmes sur le marché du travail. tiennent compte des différents avantages, contributions, conditions et contraintes des hommes et des femmes. Pour ce faire, ils doivent agir sur au moins deux fronts : (a) en repérant les différences et similitudes entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’éducation, le travail et la santé du fait qu’ils et elles exercent des professions différentes à une intensité différente, souffrent de maladies différentes, et ont des perceptions et des comportements différents quant à leurs situations sociale et professionnelle qui sont largement influencées par les rôles traditionnels de la ménagère et du soutien de famille; (b) en tenant compte de ces différences lors de l’élaboration d’outils, la collecte de données et la présentation des résultats. Pour compiler des statistiques qui incorporent pleinement les questions d’égalité entre les sexes… 13 Nielsen HASPELS, ILO Brief : Promotion of Gender Equality Through Gender Mainstreaming, OIT 2002, disponible en anglais à : http://www.ilo.org/dyn/gender/docs/RES/236/F1715121525/first%20workshop%20hand-out.doc 14 Adapté de: CIF/OIT, 2006, Module sur les instruments de statistiques. Campus de Genre, Turin. GDA_FR_M0 24 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale Il faut qu’il existe une volonté politique en ce sens, et ce, à tous les échelons de l’organisme qui réalise la collecte de données statistiques, confortée par la preuve que la sexospécificité des statistiques améliore la qualité de ces dernières. Il faut que soit constituée une équipe responsable de cerner les aspects de l’égalité entre les hommes et les femmes qui ont une importance dans les statistiques qu’ils ciblent (p. ex. éducation, santé ou travail) pour leur organisation. Il faut mieux sensibiliser toutes les personnes qui participent de près ou de loin à l’exercice de collecte de données, depuis le directeur de l’organisme de statistique jusqu’aux enquêteurs, puisque la démarche d’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes touche toutes les étapes de l’exercice de collecte de données. 2. Actions spécifiques sur le genre Les actions spécifiques relatives au genre peuvent être nécessaires pour aborder les inégalités existantes dans un contexte donné. Les actions positives appartiennent à la catégorie plus large des politiques d’égalité des chances, qui font référence à l’ensemble des actions pouvant être prises pour faciliter l’accès égal des hommes et des femmes à l’emploi, l’éducation, la formation, l’avancement de carrière, etc…Cela inclut la législation nationale et les politiques de régulation des heures de travail, des congés parentaux, de la garde des enfants et des services pour les travailleuses ayant des responsabilités familiales. Cela fait aussi référence aux politiques d’entreprise proches des besoins et intérêts familiaux (“family-friendly”) tout comme la garde journalière, les modalités et heures de travail flexibles (temps partiel, temps partagé, télé-travail, etc…), mais surtout des clauses assurant l’égalité des chances dans les procédures de recrutement et de développement de carrière. Les mesures spécifiques se concentrent en général sur l’amélioration des conditions de groupes désavantagés. Elles devraient être adoptées en parallèle avec une intégration plus large du principe d’égalité entre les hommes et les femmes, puisque ces stratégies sont parfaitement compatibles et complémentaires. Les activités spécifiques des femmes sont des interventions spécialement ciblées pour les jeunes filles et pour les femmes toutes les fois que les normes et les valeurs culturelles influencent la participation des femmes dans certaines activités. Par exemple, dans le domaine de l’emploi, de telles activités peuvent impliquer : Des secteurs, industries et emplois au sein desquels les jeunes filles et les femmes sont majoritaires (par exemple l’agriculture et le secteur du travail informel, le travail à domicile, le travail domestique, la prostitution, les industries du cuire et du vêtement) ; Des secteurs au sein desquels les jeunes filles et les femmes sont virtuellement absentes (les industries à prédominance masculine et les niveaux d’emploi à responsabilité). Dans le domaine de l’éducation et de la formation, les actions spécifiques des femmes peuvent s’avérer appropriées lorsque les femmes ont en moyenne des niveaux d’éducation inférieurs à ceux des hommes, ou bien lorsque des capacités spécifiques de formation leur sont requises pour participer à des activités en partenariat égal avec les hommes. De plus, les actions spécifiques de femmes peuvent aussi concerner des situations relatives à leur rôle reproductif en termes de santé ou de protection sociale (grossesses d’adolescentes, santé reproductive, protection de la maternité, etc…). GDA_FR_M0 25 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale Les activités spécifiques des hommes sont aussi importantes – même si elles sont souvent dominantes – car les contributions des hommes comme des femmes sont nécessaires pour atteindre le plein partenariat nécessaire à la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes. Toucher la conscience des hommes sur les questions relatives au genre et ses implications est particulièrement important car ce sont souvent les hommes qui détiennent le pouvoir et l’autorité au sein des organisations et des institutions. Leur engagement pour l’éradication des disparités de genre devient fondamental. Les actions positives ou affirmatives, parfois appelées discrimination positive, constituent un autre type d’interventions spécifiques relatives au genre. Elles représentent des mesures temporaires comme nécessaires conçues pour éliminer ou prévenir une discrimination directe ou indirecte ou bien compenser des désavantages existants. Généralement, elles consistent en l’établissement de cibles ou de quotas pour un groupe sous représenté afin de générer une participation égalitaire dans certaines activités. Cela peut être appliqué à des projets d’échelle plus petite ou plus grande ainsi qu’à des programmes dans le domaine de l’éducation, de l’emploi ou de la participation politique. Des quotas peuvent être établis pour des listes de partis lors d’élections politiques, dans l’éducation nationale, ou au sein de programmes de formation, comme au sein de structures organisationnelles privées ou publiques. Action positive: composantes et mesures Les programmes d’actions positives devraient avoir quatre composantes: 1. Des objectifs spécifiques numériques concernant le groupe couvert par le programme ; 2. Des mesures spécifiques discrimination relevées ; pour contrecarrer les causes de 3. Un emploi du temps pour atteindre les objectifs et appliquer les mesures ; 4. Des mécanismes de supervision pour suivre le progrès accompli, faire face aux difficultés, et assurer les ajustements nécessaires. Les programmes d’action positive sont plus efficaces quand appliqués suivant un accord conclu entre le gouvernement et les organisations d’employeurs et d’employés concernées. Ils devraient être lancés en conjonction avec les programmes de sensibilisation visant à changer les mentalités et les attitudes. Le genre de mesures qui peuvent être prises varie considérablement. Les mesures peuvent inclure des activités correctives comme promotionnelles. Ci-dessous sont mentionnées certaines suggestions d’action positive: 1. Encourager activement la participation des femmes dans divers emplois et aux plus hauts degrés de responsabilité ; 2. Encourager les employeurs à recruter et promouvoir l’embauche de femmes dans des secteurs, emplois et grades, au sein desquels elles sont sous représentées ; 3. Promouvoir la participation des femmes au sein des structures responsables des prises de décision en ce qui concerne l’emploi ; GDA_FR_M0 26 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale 4. Publier largement et au grand public les différents moyens de discrimination positive ; 5. Soutenir au niveau national les comités et organisations pour l’égalité des chances qui peuvent promouvoir la mise en oeuvre, le suivi, et l’évaluation des actions positives ; 6. Suggérer que les employeurs et les travailleurs développent leurs propres directives, principes, codes de pratique pour l’action positive ; 7. Demander aux enseignes liées par des contrats publics d’adopter et de mettre en oeuvre des programmes d’action positive pour leurs employées. Source: OIT 1995 3. Approches d’émancipation L’émancipation signifie atteindre un niveau plus élevé de développement de bas en haut (“bottom-up”), c’est à dire lorsque les personnes décident du “développement” qu’elles désirent, en opposition à la planification de haut en bas (“top-down”) lorsque la décision a déjà été prise avant même que les personnes n’en prennent connaissance. Plus simplement, l’émancipation implique un contrôle accru sur sa propre vie, par exemple sa propre disponibilité et sa propre organisation. Lorsque l’on parle d’émancipation des femmes et des hommes, il doit être reconnu que l’émancipation ne peut être donnée mais doit être intériorisée. Les femmes doivent être elles-mêmes conscientes de cette émancipation et définir leurs problèmes en termes par exemple de travail “décent”, plutôt que de laisser des tiers les définir pour elles et développer les stratégies adéquates. Cependant, des personnes étrangères peuvent souvent faciliter le processus et fournir des solutions utiles. Comme émanciper signifie littéralement “donner du pouvoir à”, classifier l’émancipation est crucial dans la conception des interventions d’émancipation. Émanciper peut être le résultat de la position d’une personne comme occuper une position précise au travail. Les femmes comme les hommes peuvent détenir un certain pouvoir car ils peuvent être des “experts” dans leur travail. Ils peuvent aussi détenir ce pouvoir en raison de leur statut (hiérarchique), leur personnalité, ou bien leur popularité. D’autres sources de pouvoir peuvent provenir d’une position individuelle au sein de leur famille / parenté / tribu ou de leur appartenance politique. Une manière possible de classifier ce pouvoir d’émancipation est de le diviser en trois catégories15: 1. Le pouvoir de faire faire à quelqu’un ; 2. Le pouvoir d’inscrire un point sur l’agenda ou de retirer un point de l’agenda ; 3. Le pouvoir de faire faire à quelqu’un, même s’il ne sait pas qu’il a été influencé à le faire. Au sein du discours sur le genre, les dimensions de pouvoir énumérées ci-dessus peuvent apparaître comme un moyen très “avancé”, car avant d’être capable d’exercer un pouvoir sur une autre personne, il est crucial de pouvoir l’exercer d’abord sur soi-même. Dans ce sens, cela est important d’analyser le pouvoir des femmes à travers leurs propres choix de vie, avant tout sur leur propre corps que ce soit pour leurs choix de reproduction ou d’intégrité physique, comme aussi sur l’investissement de leur capital humain – égalité 15 Lukes, Steven, 1974. Power: A Radical View, Londres: Macmillan. GDA_FR_M0 27 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale de capacités, de connaissance et d’éducation – et la possibilité d’accepter des emplois rémunérés. À ce stade, l’analyse devrait permettre d’enquêter sur l’influence des femmes sur elles-mêmes lorsque leur pouvoir est influencé par le pouvoir d’une autre personne. Les trois dimensions énumérées ci-dessus s’avèrent dès lors utiles. Une approche d’émancipation requiert un développement ascendant (de bas en haut). L’émancipation des femmes peut apparaître par le biais d’une organisation collective et d’un partenariat de groupes de femmes ou d’organisations de travailleurs, ou bien par le biais d’une mobilisation politique, de la formation, et d’une prise de conscience. Dès lors, afin d’encourager cette émancipation, il est souvent suggéré de créer des conditions d’égalité des chances des femmes pour leur permettre d’organiser la promotion de leurs propres intérêts. Les affaires des femmes ainsi que les situations dans lesquelles elles sont leur propre employeur peuvent s’émanciper. Les stratégies d’encouragement de l’émancipation des femmes doivent être mises en évidence très tôt dans le système éducatif afin de combattre les stéréotypes et les peurs personnelles. Accroître la capacité des femmes, leurs qualités et leur confiance en leur travail au sein d’emplois non traditionnels pourra aussi encourager cette émancipation. GDA_FR_M0 28 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale POINTS CLÉS L’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes est une stratégie afin d’assurer que les différents besoins, points de vue, perceptions des femmes et des hommes, des jeunes filles et des garçons, puissent être pris en considération dans la planification et l’évaluation du développement ; Les actions spécifiques sur le genre et l’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes peuvent être menées en parallèle puisque ce sont deux approches compatibles et complémentaires ; Le changement institutionnel à travers l’intégration du principe d’égalité est un processus graduel de changement de la pensée vers l’intégration, du droit et de l’élaboration des politiques, ainsi que de la programmation à tous les niveaux ; La désagrégation des données selon le sexe ainsi que l’analyse et la planification selon le genre, incluant les processus de budgétisation, font partie des instruments fondamentaux de l’intégration du principe d’égalité ; L’objectif ultime de l’intégration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes vise à atteindre l’égalité entre les sexes et l’émancipation des femmes. GDA_FR_M0 29 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale SECTION D. QU’EST-CE QU’UNE ANALYSE DE GENRE? 1. Qu’est-ce qu’une analyse de genre? Éléments à prendre en considération L’analyse selon le genre est une tentative systématique de faire ressortir les principaux problèmes qui contribuent aux inégalités entre les sexes afin de les résoudre adéquatement. Décrite comme étant «l’examen de toute différence de condition, de besoins, de taux de participation, d’accès aux ressources et de développement, de gestion du patrimoine, de pouvoir de décision, d’image, etc., entre les femmes et les hommes par rapport aux rôles qui leur sont assignés en raison de leur sexe » 16, l’analyse selon le genre constitue la base de l’intégration de la dimension de genre et permet de déterminer si des mesures visant spécifiquement des femmes ou des hommes sont nécessaires en plus des activités d’intégration de la dimension de genre. L’analyse selon le genre devrait être menée à tous les niveaux, depuis la base (le niveau micro) jusqu’aux niveaux politiques les plus élevés (niveau macro) en passant par les niveaux intermédiaires (niveau méso) comme les systèmes de prestation de services, et à travers tous les secteurs et tous les programmes de coopération au développement. L’analyse selon le genre doit s’appuyer sur un examen des statistiques ventilées par sexe et des informations qualitatives concernant la situation des hommes et des femmes. Une analyse des questions de genre doit également reconnaître d’autres aspects de la diversité qui ont des incidences sur tous les membres d’une société, dont l’âge, l’appartenance ethnique et les conditions socio-économiques: ni les hommes ni les femmes ne forment un groupe homogène. Parmi les différentes analyses à effectuer comme les évaluations environnementales, l’analyse selon le genre est un préalable pour examiner les options politiques pouvant résoudre un problème de développement donné et pour élaborer des projets et des programmes. Par exemple, une analyse sur les relations entre la pauvreté et les questions de genre dans un pays donné pourrait être nécessaire pour élaborer un document de stratégie pays ou pour l’élaboration de stratégies communes par le pays et ses donateurs. L’analyse de genre informe et opère également en tant que base pour établir un budget selon le genre. 2. Pourquoi une analyse selon le genre est-elle importante? Une analyse selon le genre est importante parce que les inégalités entre les femmes et les hommes doivent être repérées avant de prendre des mesures intégrant l’égalité des genres ou des mesures visant spécifiquement des femmes ou des hommes pour les corriger. Les politiques et la législation peuvent être analysées au regard des réalisations de l’égalité des genres ou des incidences possibles sur les hommes et les femmes. Une analyse selon le genre est importante lorsqu’elle porte sur des institutions pour déterminer la façon dont la prestation des services touche les femmes et les hommes ou la façon dont les institutions sont elles-mêmes sexistes dans leurs pratiques de recrutement, leur prise de décision et la division du travail. Une analyse selon le genre fournit des informations sur les différents rôles des femmes et des hommes à différents niveaux, sur leur accès et leur contrôle respectifs des bénéfices 16 Communautés européennes, 1998, 100 mots pour l’égalité: Un glossaire de termes sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Internet: http://europa.eu.int/comm/employment_social/equ_opp/glossary/glossary_fr.pdf. GDA_FR_M0 30 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale matériels et non matériels de la société, ainsi que sur leurs priorités, besoins et responsabilités. L’analyse des besoins est une étape nécessaire lors de l’identification des stratégies adaptées pour la promotion de l’égalité des genres. Les besoins pratiques des femmes résultent souvent des rôles actuels assignés à chacun des sexes au sein de la société – essentiellement celui de mère et de ménagère – et ils concernent les conditions de vie et de travail inadaptées en termes de nourriture, d’abri, de santé et d’emploi. D’autre part, leurs besoins stratégiques renvoient de façon plus générale à leur position de subordonnée dans la société et aux nécessités de la vie à long terme pour éliminer les inégalités qui créent aussi leurs besoins pratiques. Par exemple, rendre plus facile aux femmes de trouver un travail pourrait combler leurs besoins pratiques en revenu, mais, si aucun changement n’est associé dans la division du travail entre les sexes, le poids des charges domestiques entravera toujours leur capacité à entreprendre un emploi rémunéré. Par conséquent, lors de l’élaboration des politiques et programmes, il est important d’examiner les besoins pratiques immédiats et de combler les inégalités existantes dans le contexte précis, dans une perspective stratégique à long terme, afin de s’attaquer aux causes profondes de telles inégalités. Une analyse selon le genre doit également montrer le lien entre les inégalités à différents niveaux de la société. Par exemple, une bonne analyse fera ressortir comment des lois d’héritage qui stipulent que les femmes ne peuvent pas hériter de leurs parents ou qu’elles héritent un montant inférieur à celui de leurs frères peuvent désavantager les femmes en terme de développement économique. Une analyse approfondie selon le genre devrait mettre en évidence la façon dont les autres questions transversales (l’âge, l’environnement, l’origine ethnique, les droits) ont également des incidences sur les femmes et les hommes. Par exemple, des femmes âgées membres d’un groupe ethnique minoritaire sont plus désavantagées que des jeunes femmes instruites de condition socioéconomique plus élevée. Les premières peuvent se sentir plus solidaires avec les hommes de même condition qu’avec les femmes plus privilégiées. On peut, à la lumière d’une analyse approfondie selon le genre, comprendre les inégalités existant entre les sexes dans une situation ou un secteur donné et proposer un ensemble de mesures correctives à inclure dans le programme ou le projet. 3. Sources de données pour l’analyse selon le genre L’analyse selon le genre consiste généralement à examiner les données existantes concernant une population déterminée avant de décider d’autres méthodes à utiliser pour obtenir des informations supplémentaires. Il faudrait consulter un large éventail de sources, notamment les rapports et les études des gouvernements partenaires, des ONG et d’autres bailleurs de fonds ainsi que des études théoriques. Il est possible d’obtenir des données supplémentaires en consultant des études et des enquêtes ou en recourant à des techniques d’évaluation rapide et à des groupes de discussion. 4. Des cadres d’analyse selon le genre Différents cadres d’analyse selon le genre peuvent être utilisés pour structurer les données obtenues grâce à l’analyse de genre. La plupart d’entre eux nécessitent une collecte d’information différenciée selon le genre. Avoir de telles données est extrêmement important puisque cela permet d’évaluer l’impact d’une action à la fois sur les femmes et sur les hommes, de manière séparée. Les cadres sont forcément rudimentaires puisqu’ils ne portent que sur une petite partie d’un grand nombre de facteurs et d’aspects qui se répercutent sur une situation donnée, et pas conséquent aucun cadre ne devrait être utilisé de manière exclusive. Il est plutôt préférable d’utiliser ensemble des éléments de chacun, dépendamment de la situation. GDA_FR_M0 31 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale Alors que certains cadres, dont le cadre analytique de Harvard, se concentrent sur les rôles sociaux (c.-à-d. la division du travail et la répartition des ressources selon le genre), d’autres, comme l’approche des relations sociales, vise les rapports sociaux (c.à-d. les relations que les gens entretiennent entre eux, les rapports de pouvoir, le pouvoir de négociation, etc.) et d’autres encore, une combinaison de ces deux dimensions d’analyse. Certains cadres examinent également les structures des organismes de développement ou du secteur privé ainsi que les répercussions de leur prestation de services sur les femmes et les hommes. Pour ce faire, il faut, par conséquent, analyser les lois et les règlements des organismes qui influent sur l’accès des femmes et des hommes, ou les incidences différentes de la législation nationale sur les femmes et les hommes17. 17 Voir Candida March, Ines Smyth et Maitrayee Mukhopadhyay, A Guide to Gender-Analysis Frameworks, Oxfam, 1999, pour une revue des différents cadres d’analyse existants. GDA_FR_M0 32 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale Présentation des divers cadres d’analyse de genre Le cadre de Harvard: C’est l’un des premiers cadres d’analyse du genre ; il est basé sur une approche «efficience », un argument économique en faveur de l’affectation des ressources aux femmes et aux hommes. Il examine principalement les profils d’activité des femmes et des hommes, les différences d’accès et de maîtrise des ressources. Il met l’accent sur les rôles des femmes et des hommes, plutôt que sur les mesures transformationnelles visant à réaliser l’égalité des genres. (Origine: 1985 Overholt, Anderson, Austin et Cloud a avec l’USAID) Planification du genre mettant l’accent sur les besoins pratiques et stratégiques : Ce cadre a pour but de mettre en place une planification du genre sous forme de planification en soi. Il est basé sur l’équité de genre et l’autonomisation des femmes et examine les rôles de production, de reproduction et de gestion communautaire des femmes dans la société. Il identifie les écarts entre les besoins pratiques et stratégiques des sexes. Il permet de catégoriser les réponses politiques, bien que toutes les réponses politiques ne cadrent pas bien avec ces catégories et que certaines politiques peuvent comporter des éléments de diverses catégories. (Origine: Début des années 80, Moser, Cellule de planification du développement, UK) Cadre d’analyse du genre utilisé au sein de l’OIT: Associant les deux cadres ci-dessus, il met l'accent sur les besoins pratiques et stratégiques des sexes pour enquêter sur la division du travail entre les hommes et les femmes’ l’accès et la maîtrise des ressources et des avantages, les opportunités de réaliser l’égalité des genres et la capacité de l’OIT et de ses organismes partenaires à implémenter les questions d'égalité des genres. (Origine: Bureau du BIT pour l’égalité entre hommes et femmes) Matrice d’analyse du genre: Ce cadre est influencé par la planification participative et les approches basées sur la communauté. Il est fondé sur la transformation participative des relations et analyse le développement à quatre niveaux de la société (femmes, hommes, ménages, communauté) et quatre types d'impact. Il est limité dans son application. (Origine: 1993, Parker et Middle Eastern. Save the Children et groupe d’ONG) Analyse socioéconomique et de genre: Ce cadre peut être utilisé en faveur du développement centré sur les personnes. Il examine les questions socioéconomiques et de genre afin de soutenir la planification participative et fixer les mesures requises au niveau macro, intermédiaire et terrain et les liens qui les relient. Il associe l’analyse des parties prenantes, les analyses de ressources et des contraintes, l’analyse institutionnelle et les outils d’appréciation participatives sensibles au genre au niveau du terrain. Le programme SEAGA est une approche intégrée, mais elle nécessite le renforcement des capacités de ceux qui veulent l’appliquer. (Origine: 1995 FAO) Approches des relations sociales: La genèse de ce cadre remonte à l'idée de permettre aux femmes d'être des agents de leur propre épanouissement en mettant l’accent sur les relations sociales et l’analyse institutionnelle. Il examine les structures des intermédiaires et leur prestation de service en termes de genre; les inégalités dans la distribution des ressources, les responsabilités et le pouvoir, les relations des personnes par rapports aux ressources et les activités par le biais des institutions. En utilisant cette approche, les causes des inégalités de genre deviennent plus manifestes et l’accent est mis sur les relations des femmes par rapport aux hommes, à l’État et aux institutions. (Origine: 1994 Institut des études sur le développement de l'Université du Sussex, UK) Adapté de: CIF-OIT, Campus de genre, Module sur l’intégration du genre: Approches et Méthodologies, Turin, 2006 GDA_FR_M0 33 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale 5. Quelques éléments clés de l’analyse selon le genre à différents niveaux Examiner les problèmes en définissant où ils se situent (niveaux macro, meso ou micro) sert à déterminer le niveau ou les niveaux auxquels ceux-ci doivent être affrontés. Cela peut aider à déterminer quels éléments sont contrôlés par l’individu ou par l’institution de développement en termes de changement effectif, et quels sont les éléments contrôlés par ceux qui conduisent les analyses. Niveau Macro Le niveau macro fait référence aux activités qui gouvernent la politique nationale. Cela inclue la législation et les règlementations. L’analyse met l’accent sur comment ces politiques nationales influencent les activités d’une institution ou d’une organisation, ou les activités de terrain. D’autres thèmes importants sont les politiques agricoles nationales, les tendances démographiques, conditions de commerce, politique d’éducation nationale, chiffres du chômage et tendances, et analyse des dépenses publiques. L’influence internationale sur les lois et politiques peut aussi être examinée. Des questions directrices peuvent être: Le gouvernement a-t-il pris des engagements concernant l’égalité des genres dans le cadre des déclarations internationales telles que la Déclaration de Pékin, la Déclaration sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ou la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF)? Les politiques nationales et sectorielles reflètent-elles ces engagements en accordant une attention particulière aux inégalités entre les hommes et les femmes à différents niveaux et à des moyens pour les redresser? Comment les politiques, les lois et les règlements en vigueur (le droit de vote, les droits à l’héritage et aux possibilités de crédit, les droits de divorce et la garde des enfants) ont-ils des incidences différentes sur les femmes et sur les hommes? Comment les décisions sont-elles prises dans les institutions nationales (parlement, ministères, universités, entreprises)? Comment les femmes sont-elles représentées dans ce système? Comment les décisions sont-elles prises? Niveau Meso (intermédiaire) Au niveau meso, l’accent est mis sur les institutions (ONGs, organisations de développement), comment elles opèrent en termes de prestation de service et de mise en œuvre, et comment elles influencent la politique nationale. C’est à ce niveau que la plupart d’entre nous travaillent. A ce niveau, on se concentre sur les services en matière d’éducation et de santé, sur le rôle des secteurs public et privé, niveau de décentralisation, structures institutionnelles, et niveau d’expertise des institutions. Des questions directrices peuvent être: Les structures de prestation des services (p. ex., les structures des services sociaux à ce niveau – santé, éducation, emploi, transports, police, appareil judiciaire, etc.) reflètent-t-elles l’équilibre entre les sexes au niveau de la direction et de l’effectif? Les femmes et les hommes ont-ils le même accès à l’emploi et aux services? Y a-t-il une garantie que les hommes et les femmes soient traités de la même façon pour ce qui est des revenus et des avantages? GDA_FR_M0 34 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale Les entreprises et les institutions du secteur privé (y compris les banques, les médias etc.) reflètent-t-elles un équilibre entre les sexes dans leur gestion et au sein de leur effectif? Les femmes et les hommes ont-ils le même accès à l’emploi et aux services? Y a-t-il, sur le marché du travail, une ségrégation professionnelle, horizontale et verticale, selon le genre? Niveau Micro Au niveau micro, l’accent est mis sur les bénéficiaires, femmes et hommes. L’analyse doit se concentrer sur comment identifier leurs besoins et priorités spécifiques en fonction du contexte, et examiner dans quelle mesure les rôles et relations de genre, et la culture, sont des éléments décisifs. Des questions directrices peuvent être: Quelle est la division du travail entre les femmes, les hommes, les jeunes et les personnes âgées? Qui, en règle générale, fait quoi? Y a-t-il eu des changements attribuables à la guerre, à la migration de la main-d’oeuvre, à la pandémie VIH/SIDA? Y a-t-il des inégalités entre les hommes et les femmes dans l’accès aux ressources, notamment les nouvelles ressources? Qui a le contrôle de ces ressources, y compris les avantages découlant d’organismes ou de projets de développement (ou de toute autre intervention externe du gouvernement)? Les ressources comprennent aussi les ressources non matérielles comme le temps, la connaissance, l’information et les droits. Quels sont les facteurs qui influencent l’accès et le contrôle des ressources (par exemple l’âge, le sexe, la position dans une organisation, la santé, la situation rurale ou urbaine, le niveau d’éducation, les réseaux et les appuis)? Au niveau communautaire, comment les décisions concernant les différentes activités et ressources sont-elles prises? Au niveau de la famille, qui prend les décisions sur les différentes ressources et activités? GDA_FR_M0 35 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale Exemple de liens entre les niveaux macro, meso et micro: accès aux services financiers dans un contexte donné Micro Les hommes et les femmes ont différents besoins de crédit, pour générer des revenus, ou autres projets de développement. Les femmes contrôlent l’argent pour ce qui concerne les petits achats du ménage, tandis que les hommes contrôlent les revenus pour de plus grands postes budgétaires. Les femmes ne connaissent souvent pas leurs droits en matière de demande d’emprunts. Demander un prêt est considéré comme peu féminin, et vulgaire de la part d’une femme. Les hommes possèdent généralement la terre et autres capitaux fixes. Il est nécessaire de savoir lire et écrire pour remplir une demande de prêt, mais il y a en général plus de femmes que d’hommes illettrés. Les femmes ont une faible estime d’elles-mêmes, et voient les hommes dans les institutions de prêt ou dans les ONG, comme « grands et importants ». Le langage financier leur est peu clair. Parfois d’autres personnes dans la société méprisent ceux qui prennent une initiative d’entreprise. Les groupes désavantagés ont souvent besoin de très petits prêts. Meso La structure du système formel de crédit est très hiérarchique et ne semble pas facile d’utilisation. Le montant minimum d’un prêt est très élevé et le temps de traitement est le même pour l’institution, que le prêt soit élevé ou bas. Le système formel de crédit emploie surtout des hommes, et il n’est pas approprié pour des femmes de travailler avec des banques. Les sources informelles de crédit passent par des prêteurs, qui traitent avec les chefs de famille masculins. Certaines ONG sont impliquées dans l’extension des prêts, mais elles ne peuvent offrir de prêts qu’à des groupes de femmes, pas à des individus. L’information à propos des systèmes de crédit circule à travers les journaux et de bouche à oreille. Une demande de prêt requière la signature d’un chef de famille masculin. Il n’est pas considéré comme « normal » d’offrir des prêts à des femmes. Les femmes entrepreneurs ne sont pas considérées comme « sérieuses ». Macro En raison du contrôle de l’Etat, les institutions de prêt n’ont pas le pouvoir de prêter à ceux qui n’ont pas de capital fixe, comme les femmes agricultrices. Le code légal du pays ne prévoit pas de disposition pour que les femmes puissent posséder des terres, et elles sont parfois considérées comme « mineures » aux yeux de la loi. Par conséquent, les institutions de prêt ne peuvent pas légalement prêter aux femmes. Les politiques de crédit et de prêt sont diffusées à travers des circulaires très formelles et compliquées, et dans les pages consacrées aux finances des journaux nationaux. Bien que le gouvernement souhaite promouvoir l’entreprenariat, offrir des prêts à travers des institutions semble trop compliqué. La politique des ONG internationales travaillant dans le pays est d’offrir des prêts de groupe – groupes de 14 personnes minimum. Il n’y a pas de flexibilité pour des groupes plus petits. Source: CIF-OIT, Campus Méthodologies, Turin, 2006 GDA_FR_M0 de genre, Module sur l’intégration du genre: Approches et 36 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale POINTS CLÉ L’analyse de genre en temps opportun est importante parce qu’elle renseigne les procédures d’intégration ou les mesures spécifiques en faveur des hommes ou des femmes. Une analyse selon le genre fournit des informations sur les différents rôles des femmes et des hommes à différents niveaux, sur leur accès et leur contrôle respectifs des bénéfices matériels et non matériels de la société, ainsi que sur leurs priorités, besoins et responsabilités. Une analyse de genre permet aussi de déterminer comment les institutions et leurs pratiques affectent diversement les hommes et les femmes. Idéalement, une analyse selon le genre devrait être réalisée selon des méthodes participatives et à partir de données qualitatives et quantitatives ventilées par sexe GDA_FR_M0 37 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale SECTION E. INDICATEURS SENSIBLES AU GENRE 1. Indicateurs et indicateurs sensibles au genre Un indicateur est un pointeur. Ce peut être une mesure, un nombre, un fait, une opinion ou une perception qui met l’accent sur une condition ou une situation précise et mesure les changements intervenus dans cette condition ou situation sur une période de temps. Autrement dit, les indicateurs permettent de regarder de près les résultats des initiatives et des actions. La différence entre un indicateur et une statistique réside en ce que les indicateurs impliquent une comparaison par rapport à la norme. Une statistique serait, par exemple, « 100.000 femmes sont instruites », alors qu'un indicateur serait « 50% des femmes et 70% des hommes sont instruits ». Les indicateurs tenant compte des écarts entre les hommes et les femmes ont une fonction spéciale : indiquer dans quelle mesure et par quels moyens les programmes et projets de développement ont atteint les objectifs et résultats prévus en matière d'égalité des sexes. Les indicateurs tenant compte des écarts entre les hommes et les femmes mesurent les changements apportés, avec le temps, aux rôles masculins et féminins18. Les indicateurs sensibles au genre sont utiles parce qu’ils démasquent les inégalités de genre. Les indicateurs généraux tels que le Produit National Brut (PNB) ont été utilisés d’une manière qui voile ou sous-évalue la contribution des femmes dans la société. Un bon exemple illustrant cette sous-évaluation est le fait que, dans de nombreuses sociétés, les domaines de travail traditionnellement réservés aux femmes, à savoir l’éducation des enfants et le ménage, ne sont pas inclus dans les systèmes de comptabilité nationale. Les indicateurs sensibles au genre sont importants parce qu'ils peuvent mesurer les changements en matière d'égalité des genres - un indicateur sensible au genre peut être défini comme un indicateur qui mesure les changements liés au genre intervenus dans une société sur une période de temps. 2. Quand faut-il recourir aux indicateurs sensibles au genre Les indicateurs sensibles au genre sont nécessaires pour mesurer les progrès réalisés au regard des objectifs qui doivent eux-mêmes être sensibles au genre. Or, une des conditions préalables de l’établissement d’indicateurs sensibles au genre est la disponibilité de données statistiques ventilées par sexe ainsi que d’autres types d’information qualitative qui tient compte des différences entre les femmes et les hommes. Indicateurs pour l’objectif 3 des OMD Les gouvernements, les bailleurs de fonds et d’autres organismes de développement ont pris l’engagement de s’assurer que les indicateurs de développement sont sensibles au genre dans le cadre des OMD. Les indicateurs clés élaborés à partir des OMD sont utilisés comme référence pour l’analyse dans les DSP des pays et des donateurs. Pour mesurer la performance vis-à-vis de l’objectif 3, à savoir promouvoir l’égalité des genres et renforcer le pouvoir des femmes, les indicateurs suivants au niveau national sont nécessaires: 18 ACDI, 1997, Manuel pour les projets – pourquoi et comment utiliser des indicateurs tenant compte des écarts entre les hommes et les femmes, Ministère des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 1997. GDA_FR_M0 38 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale 3.1 La proportion filles-garçons au niveau primaire, secondaire et tertiaire; 3.2 La part des femmes de l’emploi salarié dans le secteur non agricole; 3.3 La proportion de femmes députés dans les parlements nationaux. Les indicateurs fournissent un moyen important de suivre et d’évaluer le but, les objectifs, l’impact et les activités d’une initiative. Si par exemple, dans un projet d’appui direct, les bénéficiaires hommes et femmes sont impliqués dans la définition des indicateurs du projet, le projet sera plus à même de mesurer si les besoins réels à la fois des hommes et des femmes sont pris en compte. Dans la plupart des cas, les indicateurs sont définis par les personnes responsables du suivi et de l’évaluation d’une initiative, parfois avec l’aide d’un spécialiste de genre. Les données collectées au moment de l’évaluation des besoins permettent également de développer des indicateurs sensibles au genre.19 Alors que les indicateurs « aveugles » aux différences entre les sexes cherchent en général à mesurer des variables telles que la « participation du groupe », et « implication de la communauté », les indicateurs sensibles aux différences de genre mettent l’accent sur les changements observés au fil du temps et selon le contexte dans les relations entre les sexes d’une société donnée : c’est-à-dire mesurer si l’égalité entre les sexes est en voie de réalisation. Par exemple, les indicateurs sensibles au genre mesurent le travail invisible ou non rémunéré des femmes, comme s’occuper des enfants ou du foyer, et leur travail communautaire. Dans un Cadre Logique, les indicateurs et les sources de vérification doivent être sensibles au genre afin de s’assurer que le principe d’égalité des genres est intégré tout au long du projet ou programme concerné, et qu’il sera justifié durant le suivi et l’évaluation.20 3. Des indicateurs quantitatifs et qualitatifs sensibles au genre Les indicateurs sensibles au genre peuvent être quantitatifs ou qualitatifs. Un indicateur quantitatif est, comme son nom l’indique, une mesure de quantité (des montants totaux, des pourcentages, etc.). Il sert à indiquer un résultat moyen ou le degré de réalisation d’un but ou d’un objectif. Les sources des indicateurs quantitatifs sont des systèmes ou des registres de données où l’information est ventilée par sexe. Ces sources sont habituellement des recensements, des études sur la main-d’oeuvre, des relevés administratifs ou des enquêtes sociologiques de la population cible. Les indicateurs quantitatifs sont généralement plus faciles à définir, à relever et à évaluer que les indicateurs qualitatifs. Les indicateurs qualitatifs peuvent être définis comme des perceptions ou des appréciations des populations par rapport à un objet donné. Ils sont utiles pour comprendre des processus, mais généralement ils ne montrent pas à quel point les avis exprimés sont spécifiques ou partagés. Les indicateurs qualitatifs sont plus difficiles à mesurer car ils impliquent des processus et utilisent des catégories de classification qui sont basées, par exemple, sur les perceptions. Par exemple, les indicateurs qualitatifs peuvent indiquer des changements d’attitude et de comportement ; une amélioration des connaissances et des capacités, confiance en soi, indépendance, amour propre. Des sources particulières d’indicateurs qualitatifs sont les auditions publiques, les groupes de discussion, les entrevues et les enquêtes de comportement, les évaluations participatives, l’observation des participants et le travail sociologique et anthropologique de terrain. 19 CIF/OIT, 2006, Module on Gender Mainstreaming: Planning and Evaluation. Gender Campus, Turin. 20 Id. GDA_FR_M0 39 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale Exemples d’indicateurs qualitatifs/quantitatifs Indicateur quantitatif: Pour mesurer le nombre de nouveaux emplois créés respectivement pour les femmes et les hommes dans le secteur des petites entreprises comme résultat de la priorité accordée par le gouvernement à ce secteur. Indicateur qualitatif: Pour mesurer le niveau de confiance et d’adhésion des femmes et des hommes envers la modification d’une loi sur le droit de la famille. Indicateur qualitatif/quantitatif: Pour mesurer la proportion (changeante) de femmes et d’hommes qui perçoivent la nature très participative de la gestion du gouvernement local après une certaine période de temps. On pourrait préparer au préalable un système de notation ou de classement, comme une échelle de un à cinq, pour mesurer la perception de la capacité de gestion du gouvernement local. 4. Des indicateurs sensibles au genre à différents niveaux Il est important d’être précis en ce qui concerne les types d’indicateurs requis aux différents niveaux. Niveau macro Des indicateurs spécifiques sont utilisés pour mesurer les résultats suivants en matière d’égalité des genres au niveau macro: des changements dans les structures politiques et législatives qui affectent l’égalité des genres; des changements dans l’allocation budgétaire sectorielle/nationale relative aux questions d’égalité des genres; des changements dans les priorités institutionnelles par rapport aux questions de femmes ou de genre, par exemple la création ou le renforcement de nouveaux mécanismes institutionnels nationaux en faveur des femmes; des changements dans la participation des femmes et des hommes à la vie politique, à différents niveaux comme les modalités du vote ou le nombre de femmes parlementaires; les taux d’emploi et de chômage (femmes et hommes) dans différents secteurs et à différents niveaux; l’accès aux ressources productives (terre, crédit, formation professionnelle); l’accès aux services de base (éducation, santé, eau) par les femmes et les hommes, les filles et les garçons; GDA_FR_M0 40 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale les tendances qui modifient les relations et les rôles selon les genres, telles que les réformes économiques, la migration des hommes vers des zones urbaines, la création de nouvelles possibilités d’emploi grâce à la libéralisation du commerce, aux nouvelles technologies, etc. Niveau meso Les indicateurs au niveau méso peuvent être utilisés pour mesurer les aspects suivants: les changements en quantité et en qualité du personnel compétent en matière de genre au sein du gouvernement partenaire, des ONG, de la CE et d’autres bailleurs de fonds; les changements dans la création et l’utilisation d’outils et de procédures qui intègrent la dimension de genre; la mise en place de nouvelles initiatives et de nouveaux partenariats pour créer des synergies visant la collaboration en matière d’égalité des genres; les changements dans les pratiques de recrutement visant l’égalité des chances; les changements dans l’allocation budgétaire en ce qui concerne le genre à ce niveau. Niveau micro Les indicateurs à ce niveau sont utilisés pour mesurer les aspects suivants: la participation (quantitative/qualitative) des femmes et des hommes dans les activités du projet; l’accès des femmes et des hommes à la prise de décision, aux ressources du projet et aux services fournis par le projet; les résultats attendus et non attendus pour les femmes et pour les hommes (en comparaison avec les objectifs du projet); la satisfaction ou la non satisfaction des besoins pratiques et stratégiques de genre par les femmes et par les hommes (en comparaison avec les besoins exprimés) ; les changements dans l’allocation du budget du projet envers le genre à ce niveau; les changements dans la capacité du personnel de projet d’intégrer la dimension de genre; l’apparition de nouvelles questions de genre dans le projet ou par suite du projet GDA_FR_M0 41 Module de formation : Introduction au thème genre et développement Matière principale POINTS CLÉ Un indicateur sensible au genre mesure les changements en matière d'égalité des genres intervenus dans une société sur une période de temps. Les indicateurs sensibles au genre peuvent être développés lorsque les données ventilées par sexe et d’autres renseignements qualitatifs révélant les différences de genre sont disponibles. Les indicateurs quantitatifs montrent les réalisations moyennes désagrégées par sexe. Lorsque les données sont disponibles, ils sont généralement plus faciles à définir, à enregistrer et à évaluer. Les indicateurs qualitatifs impliquent les perceptions des personnes. Ils peuvent indiquer des changements d’attitude et de comportement ; une amélioration des connaissances et des capacités, confiance en soi, indépendance, amour propre Il est important d’être précis en ce qui concerne les types d’indicateurs requis aux différents niveaux. GDA_FR_M0 42