de Frenhofer dans Le Chef-d`œuvre inconnu de Balzac.

MASTER 1 - F.L.E.
UNIVERSITE STENDHAL - GRENOBLE 3/CNED
SESSION 1 - MAI 2011
EC : 2MFLACMI
Intitulé: Lettres et arts contemporains
Enseignant et correcteur: Patrice Terrone
Zone A
Durée de composition: 3 heures
Aucun document n'est autorisé à l'exception d'un dictionnaire.
Vous traiterez au choix l'un des trois sujets suivants: dissertation ou commentaire composé
accompagné de propositions d'exploitation pédagogique ou atelier d'écriture.
1 Dissertation
« La mission de l'art n'est pas de copier la nature mais de l'exprimer» En vous appuyant sur les
œuvres évoquées dans le cadre du cours et sur votre propre expérience, vous discuterez ces propos
de Frenhofer dans Le Chef-d'œuvre inconnu de Balzac.
2 Atelier d'écriture (vous devrez effectuer tous les exercices)
a) Ecrivez une page du dialogue qu'auraient deux visiteurs du Salon à 'a vue du tableau de
Claude Lantier : Plein air
b) Ecrivez un texte d'une dizaine de lignes exclusivement au féminin sur le thème de l'm1.
c) Rédigez une notice de présentation du Chefd 'œuvre inconnu de Balzac.
d) Choisissez une couleur, soit le noir, soit le rouge et écrivez un texte d'une dizaine de lignes
dans lequel le mot et ses dérivés n'apparaîtront pas. Votre lecteur devra pouvoir découvrir
la couleur qui fonde le texte. Evitez les devinettes.
Exemple avec violet: L'évêque de Parme passait sa vie au lit, il adorait les aubergines que
sa bonne Prune lui cuisinait. Dans le salon lilas, cet expert des triolets jouait du violon. Fier
de sa bague d'améthyste ...
3 Commentaire composé du texte suivant consacré au peintre Vincent Van Gogh ( il fait
référence au tragique épisode au cours duquel Vincent Van Gogh se serait coupé l'oreille
après une violente dispute avec Paul Gauguin) ; à la suite de votre commentaire vous ferez des
propositions d'exploitation pédagogique de ce texte en indiquant le niveau des apprenants.
Complainte de Vincent
à Paul Eluard
A Arles où roule le Rhône
Dans l'atroce lumière de midi
Un homme de phosphore et de sang
Pousse une obsédante plainte
Comme une femme qui fait son enfant
Et le linge devient rouge
Et l'homme s'enfuit en hurlant
Pourchassé par le soleil
Un soleil d'un jaune strident
Au bordel tout près du Rhône
L'homme arrive comme un roi mage
Avec son absurde présent
Il a le regard bleu et doux
Le vrai regard lucide et fou
De ceux qui donnent tout à la vie
De ceux qui ne sont pas jaloux
Et montre à la pauvre enfant
Son oreille couchée dans le linge
Et elle pleure sans rien comprendre
Songeant à de tristes présages
Et regarde sans oser le prendre
L'affreux et tendre coquillage
Où les plaintes de l'amour mort
Et les voix inhwnaines de l'art
Se mêlent aux murmures de la mer
Et vont mourir sur le carrelage
Dans la chambre où l'édredon rouge
D'un rouge soudain éclatant
Mélange ce rouge si rouge
Au sang bien plus rouge encore
De Vincent à demi mort
Et sage comme l'image même
De la misère et de l'amour
L'enfant nue toute seule sans âge
Regarde le pauvre Vincent
Foudroyé par son propre orage
Qui s'écroule sur le carreau
Couché dans son plus beau tableau
Et l'orage s'en va calmé indifférent
En roulant devant lui ses grands tonneaux de sang
L'éblouissant orage du génie de Vincent
Et Vincent reste là dormant rêvant râlant
Et le soleil au dessus du bordel
Comme une orange folle dans un désert sans nom
Le soleil sur Arles
En hurlant tourne en rond.
Jacques Prévert, Paroles, Paris, Gallimard, 1949, Folio n0762, pp. 199-200.