Françoise Cérémonie des voeux (2)

Transcription

Françoise Cérémonie des voeux (2)
Discours de Patrick ADAM, Président du Collège provincial
17 décembre 2015
WOUAH !
Quel hommage ! Que de louanges ! Quel panégyrique !
Après ça, on peut tirer l’échelle. On peut difficilement faire mieux. Faire
plus.
Comme disait la pub des cafés Maxwell : « Ce n’est pas la peine d’en
rajouter. »
Si !?...
Bon allez alors, j’en rajoute un peu.
Monsieur le Gouverneur, en octobre dernier, vous terminiez votre ultime
mercuriale par un envoi, un appel, une exhortation, à la jeunesse.
Vous l’interpelliez. Vous lui demandiez d’être ambitieuse, audacieuse,
intrépide… D’être elle-même, d’être la jeunesse.
Vous lui redisiez, avec force et sans ambages, votre foi en elle. La confiance
que vous lui gardez et tous les espoirs que vous mettez en elle.
Et dans votre belle envolée, vous citiez, vous évoquiez un poète que vous
aimez, un des grands poètes de la Résistance : Paul Éluard.
Permettez alors que je continue, que je prolonge votre évocation.
Il dit dans un poème qui parle de printemps, de résistance et d’amour, de
celle qu’il aime et de lui… il dit ceci : « Notre printemps est un printemps qui a
raison. »
Un vers que vous pourriez reprendre à votre compte, en le changeant un peu
pour résumer d’un trait votre enthousiasme, votre optimisme, en ceux qui
portent l’avenir, ceux qui sont et qui font l’avenir :
« Votre printemps est un printemps qui a raison. »
Paul Éluard a beaucoup écrit sur la Résistance. Son poème le plus célèbre
J’écris ton nom vient de là. Paul Éluard a résisté, entre autres, avec la poésie. Au
moyen de la poésie.
Dans un poème où il rend hommage à un de ses compagnons mort pour la
France, la France et ses valeurs, ses grands principes, la France et sa belle devise
trinitaire : « Liberté, égalité, fraternité », il dit ceci : « Tu chantais en rêvant le
bonheur sur la terre / Tu rêvais d’être libre et je te continue. »
La liberté, Monsieur le Gouverneur, – la vôtre et celle des autres, celle de
tous, celle que vous avez affirmée et celle que vous avez dû défendre dans
l’exercice de votre fonction, celle que vous avez dû concilier aussi avec la
sécurité –, cette liberté, une et multiple, et indivisible, et irréductible, elle vous
habite ; elle vous est consubstantielle ; elle vous est chère. Vous disiez, dans
votre mercuriale, que vous la chérissez. Littéralement.
En ce domaine, en cette matière, en cette manière d’être au monde, de faire
société, nous allons faire comme vous. Nous continuerons comme vous.
Nous vous continuerons.
Et vous, nous espérons bien que vous, vous continuerez à être encore des
nôtres ; par l’exercice de l’un de vos talents, par exemple. Celui de l’écriture,
pourquoi pas ?
Vous venez de surprendre tout le monde avec votre pièce, votre récit vrai Le
Gouverneur oublié.
Vous venez de faire un tabac même, carrément.
Alors après nous avoir donné Le Gouverneur oublié, jouez-nous, s’il vous
plaît, les prolongations. Faites-nous le coup du Gouverneur qu’on ne risque pas
d’oublier, qui reparaît avec son talent de plume.
La France de Second Empire, la France d’Alphonse Daudet et des Lettres de
mon moulin avait un sous-préfet poète, un sous-préfet faisant des vers.
Nous, nous nous aurons un Gouverneur, un ex-Gouverneur écrivain.
Et alors je vais conclure avec ce détour par les Lettres de mon moulin… Et…
La chèvre de Monsieur Seguin.
Depuis que vous êtes sur le départ, on a déjà dit bien des choses sur vous,
Monsieur le Gouverneur. Sur l’homme, sur sa fonction, sur la façon que
l’homme a eue de l’exercer.
On en a dit des belles et des fortes. On a dit, entre autres choses, que vous
aviez sanctifié la fonction, on a dit qu’il y avait une marque Caprasse en
Luxembourg.
Votre trace va durer. Votre nom, c’est sûr, va rester…
Ce nom, je me suis demandé d’où il venait, ce qu’il pouvait bien vouloir
dire… J’ai interrogé des spécialistes de l’onomastique (l’étude des noms
propres).
Il se pourrait bien que le capra de Caprasse soit le capra de chèvre. Et le asse, c’est le asse suffixe augmentatif ou dépréciatif. Mais dans votre cas, c’est
sûr que c’est un augmentatif…
Alors ça veut dire qu’à l’origine, un caprasse (ou une caprasse), c’était un
individu dont le comportement, le caractère s’apparentent à celui de la chèvre.
Mais une chèvre chèvre ! Une chèvre de chez chèvre.
Fort tempérament, donc. Agile. Têtu. Goût sans borne de la liberté.
Primesautier. Combatif.
Tout à fait vous, quoi ! Monsieur le Gouverneur.
Et peut-être que, grâce à vous, le nom Caprasse va redevenir un nom
commun.
Comme dulcinée. Comme don juan.
Et alors avec tout ça, avec votre départ, Monsieur le Gouverneur, on en
oublierait presque qu’on est là aussi, réunis tous ensemble, pour la traditionnelle
cérémonie des vœux ; pour nous redire, nous aussi, qu’on croit à notre
engagement au service public, aux services des publiques.
On est là pour le réaffirmer, pour dire – pour nous dire – qu’on y croit dur
comme fer, qu’on tiendra bon.
Et je termine par une dernière citation, d’Aimé Césaire :
« Il n’est pas question d’abandonner le monde aux assassins de l’aube. »