guide des bars et pubs de saguenay

arts / culture / réflexions
ZONE OCCUPeE
GUIDE DES BARS
ET PUBS
DE SAGUENAY
Mathieu Arsenault
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Crédit photo : Christian Blais
ÉPUISEMENT
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Magick Night
Un couple chante Céline Dion en duo
Sur le karaoké de l’inquiétude
Ici il y a des tables de pool, de babyfoot, de ping-pong, des congas des djembés,
des guitares électriques, une basse, une batterie à côté de la piste de danse
Les clients ont dans leurs visages de forfaits de câble Cogeco, des disques durs
pleins, des abonnements à Clin d’œil et aux cours de zumba du mercredi, un
quatre roues neuf coule sur les joues de chacun
Pub Racine côté discothèque
Écoute, je t’ai pas regardé, je t’ai pas parlé, si je t’ai fait quelque chose je m’en
excuse Pis je vais te souhaiter une bonne soirée
Au pub Racine
Avant le set de DJ Daniel Desnoyers
Aucun représentant du Conseil des arts de Saguenay n’est monté sur scène
pour souligner la fébrilité qu’il devait y avoir dans la loge quelques minutes avant
le début de la soirée
Aucune représentante d’Hydro Québec, fier partenaire de la culture en région,
n’est venue exprimer son bonheur de participer à la vie artistique
Au pub Racine je fakais le calme et la détermination
Et je souhaitais de tout mon être
M’évanouir dans le brouillard
De la sueur des autres
SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN
Mathieu Arsenault est auteur
et critique. Il a publié La vie littéraire
au Quartanier. Ses deux premiers
livres, Album de finissants et Vu d’ici,
ont été adaptés au théâtre. Il a aussi
fondé l’Académie de la vie littéraire,
qui remet des prix à chaque année. On
peut lire ses chroniques dans Liberté
et acheter ses t-shirts littéraires sur
doctorak.co, sa boutique en ligne.
La Budweiser est 1$ le petit verre
Elle était 20 cennes dans les années 70
Les trois gars ont rempli deux tables
Ils en ont commandées 50
Qu’ils calent comme des shooters
Un autre la tête renversée se laisse brûler une Sambuca dans la gueule
Pour impressionner trois filles
1. AAA
2. AAA
3. AAA
Défilent sur l’écran du punching bag d’arcade
Ex æquo
Avec 999 points
ZONE OCCUPeE
Au côté pub du Pub Racine
ÉPUISEMENT
Hôtel du Fjord
Anick me parle de son amie à l’Île Maurice emprisonnée pour recel de cadavre
Pis de la fois qu’elle a récupéré une table tournante
Volée par les DJ de Montréal
Qu’elle avait invités
Pis que les motards du bar voulaient tuer
Parce qu’il y avait 50 000$ de poudre cachée dedans
Je raconte ça parce qu’ici
Il n’y a pas de drame
Pas de trash
Pas de glauque
Ici on sort de père en fils
De casquette à grillage à casquette à palette drette
Je n’appartiendrai jamais à cette lignée
Des bottes à cap sur le plancher du chômage des autres
Avec juste une femme
La grand-mère de personne avec la plus belle minijupe léopard
Parce que tout le monde se donne le droit
De n’avoir pas d’âge en particulier
Et de ne pas penser à ce qui peut se passer ailleurs
Bar à Pitons
« On paie 125$ chacune par mois pour notre quatre et demi sur deux étages
mais faut barrer la porte parce qu’on est dans le pire coin de Chicoutimi »
Au Marché centre-ville
Les voleurs à l’étalage seront poursuivis
Ils ont toutes les microbrasseries qui existent
Et faut laisser son chien dehors
Faut laisser son sac à l’entrée
Faut doubler son sac en plastique
Quand on achète quatre grosses Old Milwaukee Dry
La bouteille bleue avec la pin-up dessus
Faut se tchecker quand on traverse la rue
La Bar à Pitons est de l’autre côté du boulevard
mais les pauvres du quartier sont pas sûrs de savoir où c’est
arts / culture / réflexions
ZONE OCCUPeE
Berlioz
Trois bars entourent la piste
Les lasers et les douchebags
Et les tramp stamps et les cravates
Et le Grand Marnier est en spécial pour encore 10 minutes
La patience des vents se termine ici
Dans le bass drum boosté des filles de l’aluminerie
Dont c’est l’anniversaire
C’est en vain encore une fois
Que les orignaux arpenteront
Les clôtures longeant l’autoroute des Laurentides
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Hippo club 1
Le frère de ta mère
À qui plus personne parle
Le danseur d’angles
Les oreilles qui résonnent
Qui grimpe sur les tables
Écarté dans les polygones de la chorégraphie crispée
Il s’est fait calicer dehors du Berlioz mais il est ici chez lui
Et pendant qu’un monsieur chante
TNT d’AC/DC sur le karaoké
Son ami fait des culbutes autour de lui
Tout le monde a 60 ans
Et cette femme
Qui enfanta Jim Morrison
Qui enfanta Hulk Hogan
Qui enfanta Terry Richardson
Qui enfanta les poèmes de Daniel Leblanc-Poirier
Chante Alice In Chains
Et la 8 reste seule sur la table de pool
Personne ne va la rentrer
SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN
Une forme est dessinée sur le comptoir
Ça c’est le lac Kéno ça
J’ai parti de d’là pis j’ai marché jusque-là au côté
Je me suis perdu
Tu descends une côte
Y a une place, faut que tu fasses une loupe pour te revirer
C’est là que je me suis lâché dans montagne
C’est par là où la cache à mon père
C’est la nouvelle cache qu’on a faite ce printemps
T’sais quand t’as passé la trail de par où ce qu’on venait?
C’est pas bin bin plus loin
C’est de l’autre bord de la montagne qui se rend dans passe où
ce qu’on était l’année où il a neigé
C’est peut-être
Un quinze-vingt minutes de marche
Il était six heures et quart
C’est là que le Buck a sorti
C’est là que le Buck était
Le Buck était juste là
ZONE OCCUPeE
Pub Sainte-Anne
ÉPUISEMENT
Bar l’emprise
La plus belle vue sur la ville
On n’y accède qu’en voiture
Ça parle de la classe moyenne
Tout le monde est pris à gorge
La serveuse connaît personne qui gagne plus que 100 000 mais elle en
ferait « en crisse des affaires pour en gagner 150 » elle dit en riant
Elle habite une petite maison avec sa mère
Qui lui commande un autre cognac
Qu’elle prépare en chantonnant joyeusement Alexandre Poulin
Hippo club 2
Chicago
Supertramp
America
Des bands de banlieusards des années 70
Se succèdent sur les écrans
Pour les cégépiens des années 70 accoudés au bar
Faut beaucoup de subtilité pour distinguer le goût d’une Bud Light
Du goût d’une Coors Light
Du goût d’une Bleue Dry
Du goût d’une Molson Dry
« Le lundi c’est plus country
Mais le jeudi c’est rock! » dit la serveuse
« Ça rocke pas fort en esti »
Répond la madame
Qui ressemble à Janis Joplin
Brassette du capitaine
arts / culture / réflexions
ZONE OCCUPeE
Un toutou de raton laveur immense
Emballé dans un sac en plastique
Derrière le jukebox
Et le toffe avec la tête rasée
Et le t-shirt de Molson Ex
Complètement saoul
Danse avec son tchommé
Le prend par les épaules
Par la taille
Plus tard dans la soirée le visage grave
Il fixe le vide
Reprend conscience
Et me pointe depuis l’autre extrémité du comptoir
« Y a pas d’argument contre un gars qui te dit : tu m’énarves »
Me disait Hervé Bouchard
Une semaine plus tôt
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Benjy
Les trois serveuses sont off le jeudi
Mais dansent pareil leur vie sur chaque toune
No Doubt
Adèle
Bingo Players
Bob Bissonnette
Même Céline Dion sonne majestueux
Font les plus beaux duck face du monde
« Faut que je rentre chez nous. J’ai ma comparution demain matin
pis le palais de justice c’est pas à porte en bicycle »
La chandelle
« T’as-tu tué moi j’ai pas tué
Mais l’année passée j’ai tué
Tue, tue pas, l’important c’est d’avoir du fonne »
La serveuse me trouverait mieux à ma place
Au Sous-bois ou au Bar à Pitons
Mais m’invite tout de même vendredi soir
Aux shows érotiques de l’Illusion sur St-Paul
« C’est du monde de Québec sont bien bonnes »
Resto-pub l’illusion 1
Les shooter-girls en lingerie
Font faire des shots de sour puss entre leurs boules
Pendant que trente chiens de prairie
Pognés par en-dedans
Les suivent avec leurs yeux timides
Eux c’est les gars qu’ils regardent
Et moi je les regarde
En pensant à Vickie
Gendreau
SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN
La serveuse
La blonde du gars
Celle qui aura jamais un cul tight de même
Pis des boules de même
Pis du guts de même
Pratique ses moves
En fullant le line-up du jukebox
De tounes de Shania Twain
Avant d’aller leur jaser ça
Aux danseuses
Pendant que son amie fait un tour de poteau
Pour faire rire son chum
ZONE OCCUPeE
Resto-pub l’illusion 2