un automne culturel a pau - UFR Lettres, Langues et Sciences

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un automne culturel a pau - UFR Lettres, Langues et Sciences
UN AUTOMNE CULTUREL A PAU
EDITORIAL
SOMMAIRE
Des critiques sans langue de bois
p.1 Édito et sommaire
Un numéro spécial? Oui, mais pourquoi? Foisonnent à Pau de
nombreuses manifestations culturelles peu onéreuses – littérature,
théâtre, exposition d'art mais aussi cinéma, « one man show »,
ballets, concerts... Ce numéro inédit, conçu par les étudiants
inscrits à l'UPPA en Licence 2 de Lettres, propose des critiques sur
toute l'actualité culturelle paloise. Vous retrouverez une exposition
de Picasso, un ballet d'après le célèbre roman Manon Lescaut, le
spectacle de Kev' Adams, le concert de Détroit, ainsi qu’une pièce
de théâtre tirée d'une nouvelle d'Agatha Christie, le film Mommy et
enfin le nouveau best seller de Beigbeder, Oona & Salinger. Il y
en a pour tous les goûts et toutes les couleurs !
« La critique est aisée mais l'art est difficile », dit un vieux
dicton, mais peut-on au moins concevoir l'un sans l'autre ? Quel
intérêt présente une œuvre sans les avis du spectateur ? Et si la
critique était une manière de sublimer l'art, donner la parole à
tous ! C'est le pari que nous tentons de relever dans le cadre d'une
option, "Médias: écriture critique", animée par M. Sylvain Dreyer.
Notre engagement : vous informer, certes, mais surtout, vous faire
partager nos émotions et nos sensations avec honnêteté. Le tout
avec des mots courants (et qui ne s'essoufflent 1
pas) : le comble
pour les gens pressés que vous êtes, chers lecteurs !
p.2 Détroit (Pauline Bert)
p.3 Kev Adams (Frémy
Emeline)
p.4 Manon le ballet
(Nagiscarde Camille)
p.5 La Souricière (Valentie
Maxime)
p.6 Picasso, éternel féminin
(Farnon Alicia)
p.7 Oona & Salinger de
Beigbeder (Hounieu Elodie)
p.8 Mommy de Xavier Dolan
(Dorian Gonzalez)
Perdus au Détroit des écorchés vifs
Zénith de Pau, samedi 8 novembre 2014, 20h00 : salle pleine, dans une ambiance
poétiquement rock, Bertrand Cantat après des années d'absence sur les scènes
françaises, revient en force avec son nouveau groupe Détroit, pour présenter
son album, Horizons, qu'il accompagne d'une seconde partie de concert composée
d'anciennes chansons de l'ex-groupe du chanteur : Noir Désir.
« Alors soyons désinvoltes, n'ayons
l'air de rien ! » : impossible au
concert de Détroit ! Bertrand Cantat
qui n'a rien perdu de sa « Noir
Désir énergie », remue la foule
qu'il fait passer du rire à l'émotion,
Pleinsaller
feux sur
:
pour
jusqu'aux
cris et à la
révolte.
Après
une
file
d'attente
Au coeur de l'actualité 2
interminable , derrière deux ou trois
Au coeur de l'actualité 3
mamies
récalcitrantes
qui
Au
coeur
de
l'actualité
4
n'arrivaient pas à comprendre qu'il
Au coeur
de l'actualité
5
était
interdit
de rentrer
avec leurs
bouteilles
dans
le Zénith, des
Dernière histoire
6
sursauts d'excitation et une course
sportive : la récompense était au
rendez-vous. Au premier rang d'une
fosse enfumée, au milieu de
lumières rouges, blanches et
violettes : l'ambiance rock'n'roll
était garantie...
C'est un homme révolté, ouvert et
plein d'humour qui s'est présenté à
nous. Il en envoie ! Donne des
frissons, se soucie de ses fans et
souffle un vent de fraîcheur dans la
salle. Il n'hésite pas à jouer avec son
public et improvise une chanson sur
les « cigognes » à la demande d'un
spectateur qui avait bien profité de
la buvette : why not ?! Les rires
éclatent dans la salle. Les
spectateurs chantent et quelques-uns
essaient même de rivaliser avec
Cantat, pour le plus grand bonheur
de mes oreilles, à présent elles aussi
écorchées vives... Peut-être même
plus que l'artiste. Mais cela n'est
rien. Après quelques chansons
d'une poésie à couper le souffle,
tirées du nouvel album de Détroit,
les artistes reprennent des morceaux
de Noir Désir. Enfin, Tostaky
résonne dans la salle. Le sol tremble
sous les sauts et les cris effrénés des
spectateurs secoués par l'énergie
communicative du chanteur. Après
l’interprétation d'Un jour en France,
la foule à coup de « Bertrand
président
»
exprime
son
enthousiasme et son désir de
retourner la société : ce qui fera
sourire l'artiste.
Mais Détroit ne se contente
pas de jouer et de s'accaparer
la scène, les membres la
partagent avec d'autres artistes
talentueux et inconnus pour
les faire découvrir.
Après trois heures de concert
et une ambiance à son
maximum,
c’était
fini... Aucun regret : un
groupe génial qui véhicule des
émotions
incroyables
et
nouvelles à chaque titre. Une
seule envie me guette : revivre
ce concert ! L'album est
nouveau, plus doux que les
anciens de l'artiste, mais aux
paroles toujours aussi fortes et
profondes.
Nous
étions
heureux, tous plus révoltés
que jamais et prêts à agir pour
changer le monde. Mais pas
tout de suite, il se faisait
tard... Le passage au pays des
rêves était nécessaire avant.
Un détour au détroit des
écorchés vifs qui en valait
vraiment la peine et qui rend
plus vivant que jamais...
Pauline Bert
2
Un Zénith en délire !
« Après, le divorce a eu lieu, ma mère a été réglo, elle a été voir mon père et elle a dit : 'Bon,
pour l’appartement on fait 50/50, moi je prends dedans, toi tu prends dehors.' »
Kev Adams (de son vrai nom
Kevin Smadja), jeune humoriste
de 23 ans, connaît un succès
fulgurant auprès des jeunes de
sa
génération,
dans
son
spectacle The Young Man Show.
Ce jeune homme est une «
machine à succès », une des
stars préférées des adolescents.
Après son spectacle lancé en
2009 (d’abord à Paris au théâtre
Le Temple, puis en tournée dans
toute la France), il a tourné
notamment Les Profs et Fiston
qui sont de gros succès auprès
des jeunes. Cet humoriste en
herbe
au
physique
pas
franchement flatteur s’est lancé
en 2011 dans une série télévisée
Soda (Ados) qui fait un carton
sur W9 et est en tournage du
nouveau film Aladdin.
C’est ce dimanche 9
Novembre 2014 que la vedette a
fait son apparition au Zenith de
Pau pour présenter son nouveau
spectacle le Voilà Voilà Tour,
un véritable tabac avec plus de
quatre
mille
cinq
cents
personnes présentent ce soir là.
Il y parle de sa jeunesse, de ce
qu’il a fait récemment (il s’est
produit sur la scène américaine)
et nous présente ses nouveaux
personnages : ses frères de sept
et dix sept ans.
Entre chorégraphies, improvisations à
mourir de rire et moments d’hilarité
générale devant Sexion Noisette, il a
réussi à faire danser le Zénith de Pau sur
le rythme de la zumba. Un tel succès
s’explique par les thèmes qu’il aborde
dans son one man show : les profs, les
potes, les filles, l’école, la famille et la
fête. Mais le personnage que l’on retient
le plus et qui nous inspire de la
bienveillance (et peut être parfois un peu
de pitié) est celui de sa mère,
complètement dépassée par son ado de
fils dans l’âge ingrat et bien trop inquiète
pour l’avenir scolaire de son fiston
paresseux « Humoriste, c’est pas un
métier ! Tu comprends ça ou tes cheveux
font interférence ?! »
« Qui dans cette salle n’a jamais
entendu dire sa mère : 'Tu sais pas la
chance que t’as d’aller à l’école, moi je
rêverais d’y retourner… Je PAYERAIS
pour y retourner !' Le lendemain je suis
resté au lit, j’ai fermé ma porte à clef,
j’ai glissé une enveloppe sous ma porte
avec un billet de cinq euros dedans et un
mot qui disait : 'Vas-y Maman ! Va au
bout de tes rêves.' » Ce personnage
touchant aux répliques inoubliables
rapproche toutes les générations.
Danses, imitations, improvisations,
chants...
Ce n’est plus un spectacle mais bien un
vrai show à l’américaine. Alors quand la
moitié de la salle lève le bras pour
assurer avoir déjà fait la connaissance
d’un cerf en voiture, cela vire au
surréalisme. Cependant, Kev Adams a
pu faire la connaissance des petites
villes alentours comme Artix et ses
cerfs ou « Somalion » (Sauvagnon)
charmant mélange de « Le lion comme
l’animal et de la Somalie ». Dans le
concours de « qui a le prénom le plus
moche ?» il s’est amusé et a improvisé
sur Maïtena, Fiona, Saule, Marin ou
Ximista « Quoi ? Tes parents t’ont
vraiment appelé comme ça ? Ta mère
c’est Pharmacie et ton père c’est
Antibiotique, c’est ça?» Ah ouais
quand même…
Kev Adams surprend par son
aisance sur scène et sa facilité
d’approche avec le spectateur. Son
succès
s’explique
aussi
très
certainement par sa fraîcheur. Un one
man show à pleurer de rire et un jeune
homme qui n’a visiblement pas froid
aux yeux. On se retrouve en Mai 2015
avec Cyril Hanouna et Slimane pour un
nouveau show de FOLIE !
Emeline Fremy
3
Manon un ballet
aussi léger que fort
Depuis cinq ans, le Royal Opera House retransmet dans plusieurs salles de cinéma du
monde des chefs-d'oeuvre lyriques et des ballets splendides en direct de Londres. La France
fait évidemment partie de ces pays et la nouvelle saison a commencé le jeudi 16 octobre à
20h15 dans plus de deux cents salles françaises.
Une scène où les passions se
déchainent avec grâce et
puissance : la saison 20142015 du Royal Opera House
Live débute en force avec
Manon. En 1974, le directeur
artistique du Royal Ballet de
Londres, Kenneth MacMillan,
met en scène le roman
sulfureux de l'Abbé Prévost,
Manon Lescaut, qui fit
scandale
lors
de
sa
publication.
Dans
son
adaptation, on retrouve une
Manon déchirée entre son
amour pour Des Grieux et une
vie luxueuse avec Monsieur de
G.M. Ces tentations vont alors
mener les deux amants à leur
perte.
Ce ballet s'adapte
parfaitement
aux
grands
écrans où, le spectacle est
d'une grande qualité. Les gros
plans des caméras offrent une
meilleure vision que les
premiers rangs de l'opéra et
rendent le ballet unique. La
précision
des
pas
et
l'expression des visages n'en
sont que plus belles !
Ce format touche également un
public plus large que celui des
opéras et permet à tout le monde
d'aller voir un ballet par passion
ou simplement par curiosité. Ce
n'est plus la peine de s'habiller en
costard-cravate et en robe de
soirée pour aller à l'opéra; jean et
tee-shirt suffisent pour le cinéma.
Bien plus à l'aise, cela n'enlève
rien à la beauté du spectacle. Pour
patienter avant et pendant les deux
entractes, des interviews des
danseurs principaux, du directeur
de l'opéra de Londres et des petits
documentaires
en
langue
étrangère, malheureusement sans
sous-titrage.
Heureusement la danse est
un langage universel où les corps
expriment les émotions plus
profondément que les mots, et
cela n'a jamais été aussi vrai que
pour Manon. En effet, ce ballet
alterne les scènes de foule avec
une Manon exquise et irrésistible,
courtisée par de nombreux
hommes et les moments intimes
avec l'ingénu Des Grieux, où les
amants dansent tout leur amour
avec une intensité incroyable.
4
Les costumes d'époque et les
décors imposants accompagnent
agréablement ces tableaux et la
musique du compositeur Massenet
traduisent très bien cette opposition
entre les scènes drôles et les scènes
graves qui rythment le ballet, à
l'image
de
la
personnalité
changeante de Manon.
Laissez-vous donc entrainer
dans ce tourbillon de tourments et
de passion qui nous étourdit autant
qu'il nous touche.
Camille Nagiscarde
La souricière nous donne le sourire
Agatha Christie adapte en 1952, sa propre nouvelle en pièce de théâtre, La souricière. Pas
moins de vingt-trois mille représentations : le plus grand nombre de représentations au
monde! Anne-Marie Souberbielle et Marie France Midou nous proposent, au théâtre
Saint Louis à Pau, leur mise en scène au cœur d'une intrigue palpitante mitonnée à la
sauce british.
La radio grésille dans le domaine du
Monkswell Manor, fraîchement
ouvert: « …un meurtre commis à
Culver Street... ». Ainsi s'ouvre la
pièce. Le ton est donné. M. et Mme
Ralston, propriétaire du domaine,
accueillent leurs convives, tous si
différents
les
uns des
autres.
Des caricatures qui prêtent à sourire
– Mr Paravicini aux allures de Dali
fou, ou la vieille Boyle conservatrice
aigre et austère. Les dits comme les
non-dits sont sujet de suspicion. Les
personnages semblent se jouer du
spectateur, l'entraînant dans de
fausses pistes. « Je suis peut-être
même un assassin... » déclare
l'extravagant
Paravicini :
schizophrénie ou manipulation ? La
désinvolture
déconcertante
des
personnages les rend in facto suspect.
Le silence de Miss Casewell aux
questions de l'inspecteur jette le
doute, voire la paranoïa du
spectateur. Les Ralston, avec leurs
cinq pensionnaires, se trouvent
bloqués par une tempête de neige. Et
il se pourrait bien que le meurtrier
soit parmi eux...
Et la menace ne tarde pas. Les
stéréotypes tombent, les masques se
déchirent, et laissent entrevoir des
personnalités singulières mues par un
passé insoupçonnable. La psychose
ronge peu à peu l'apparente
décontraction des antagonistes.
Face à la peur, la faiblesse humaine
est mis à nu – les personnages,
délateurs, n'hésitent pas à proférer
des
accusations
hâtives.
L'inspecteur revêt alors l'uniforme
du dignitaire nazi, scandant :
« collaborez avec moi. ». Le
dénouement :
une
surprise,
tellement inattendue qu'elle prête le
flanc à la critique – très peu
d'indices offerts au spectateur sur le
véritable meurtrier, donc un
spectateur bêta, pas réellement
impliqué dans l'enquête. Malgré
tout, une histoire bien construite et
un dénouement sans pareil dans le
genre policier.
Pourtant, le spectateur n'est pas
tout de suite entraîné dans le
tourbillon de l'histoire. Le début est
même un peu laborieux ; Le jeu du
comédien M. Languin qui joue le
rôle de M. Ralston demeure
hésitant,
et
ses
intonations
manquent parfois de nuance et de
naturel. Le directeur du domaine,
M. Ralston, est en effet interprété
comme un rustre, peu attachant, et
sans
grande
profondeur
psychologique – le cliché du
campagnard moyen. Mais ces
quelques imperfections de jeu sont
vites rattrapées par la technique des
comédiens ; on retiendra l'hilarante
prestation
de
Mme
Fagnot
interprétant Mme Boyle. Le jeu des
autres comédiens semble pourtant
attendre des fous rires qui tardent à
arriver. Il faudra se contenter de rires
éparses et de quelques sourires dans
la salle.
La montée dramatique est
également exploitée à demi-mesure.
La technique des comédiens ne
parvient ni à nous émouvoir, ni à
provoquer le frisson. Le spectateur
sort au mieux attendri par cette
pièce. Une pièce qui détend mais
que le temps évince vite de notre
esprit. Vos enfants apprécieront les
gags, et les adultes oublieront leurs
préoccupations le temps d'un
moment. Pas de quoi nous faire
redécouvrir
l’œuvre
d'Agatha
Christie, juste de quoi nous faire
sourire un peu à moindre coût.
Maxime Valentie
j
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d
a
r
a
d
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o
5
g
r
Picasso : l’éternel féminin
A travers soixante-six œuvres gravées inédites, issues de la
Fundacion Picasso Museo Casa Natal de Malaga, le musée des
Beaux Arts de Pau présente du 18 septembre au 8 décembre 2014 :
« Picasso : l’éternel féminin ».
Horizon indépassable, l’art de Picasso nous étonne encore par chacune de ses
œuvres qui relatent de sa passion pour les femmes et pour l’art. Et si Picasso
n’avait pas fini de vous surprendre ?
Les œuvres : un véritable journal intime de Picasso
Les œuvres de l’artiste
espagnol sont pour la
majorité des portraits de
femmes comme Femmes
au corsage à fleurs, qui
décrit parfaitement le côté
sensuel de la femme.
D’ailleurs, une large partie
de ses gravures évoquent
les deux femmes qui ont
partagé sa vie : Françoise
Gilot et Jacqueline Roque.
L’exposition dévoile divers
genres. La plupart des
portraits
féminins
de
Picasso renvoient au thème
de la sexualité comme
Les deux barbus et la femme
nue. Parmi les plus belles
œuvres de Picasso, sont
exposées aussi des gravures
caricaturées de femmes
comme celle de Dora Maar.
Les héritages du cubisme
avec
Les
Demoiselles
d’Avignon, et du surréalisme
avec La femme au bord de
la mer, sont des chapitres
abordés dans l’exposition.
Les œuvres ramenant à ces
mouvements
artistiques
ressortent grâce à des
couleurs vives et un style
vivant.
Or, la plupart de ses
gravures sont en noir et
blanc. D’ailleurs, Picasso
reprend la citation de
Matisse « Si j’avais à
refaire ma vie, je ne ferais
que du noir et du blanc ».
Pour les passionnés d’art,
l’œuvre intitulée Figures
en noir, vous inspirera. Elle
a été gravée avec différents
matériaux
par
des
techniques lithographiques,
l’artiste utilisait du papier de
verre et une plume et gravait
sur du zinc.
Ça vaut le coup d’œil
Infos pratiques
Du 18.09 au 08.12.14
Musée des Beaux-arts de Pau
Activités culturelles autour de
l’exposition
Accessible à tous
Gratuit pour les –26 ans
L’univers artistique de
Picasso
impressionne
toujours le public. C’est
d’ailleurs pour cette raison
qu’il se distingue des autres
grands artistes de son
époque. Ses tableaux nous
plongent au cœur d’un art
toujours aussi vivant et
esthétique. La volonté de
cette exposition est de
mettre en lumière les chefs
d’œuvre de l’artiste. Ceuxci occupent une place
essentielle
dans
cette
6
collection unique au monde.
Elle se différencie de par son
importance et sa qualité
artistique. Il faut bien avouer
que le musée de Pau a gagné
son challenge, en y exposant
les plus belles œuvres de
l’éternel Picasso, en les
mettant en valeur, de sorte à
ce que les visiteurs s’obligent
eux-mêmes à s’arrêter et à
contempler.
L’art, et même celui de
Picasso, reste une affaire de
goût.
Cependant, après avoir vu
l’exposition
rendant
hommage à ce grand artiste,
vous pourrez confirmer que
jamais personne n’a mieux
décrit le lien et la passion
entre l’art et les femmes,
que l’éternel féminin, qu’est
Picasso. Celui-ci demeurera
à jamais dans les esprits
artistiques de chacun, par
son propre et inimitable
talent.
Alicia Farnon
Oona, Salinger et Beigbeder :
un trio prometteur
Dans son dernier livre Oona & Salinger paru ce mois-ci, Beigbeder s'attaque à deux célèbres
figures des années 40/50. Un roman à la fois informatif et fictif, qui retrace l'amour
impossible de ces deux personnages ainsi que leur vie pendant la guerre. Une approche
plutôt réussie et intéressante de Beigbeder, mais une fin plus que décevante.
Autant dire que l'audace n'est pas
un mot inconnu pour Beigbeder.
Un défi de plus pour l'auteur et
pas des moindres. Alors que
Beigbeder était enfin arrivé
devant la maison de Salinger, la
peur l'envahit et malgré les
kilomètres parcourus, il rebrousse
chemin. Beigbeder s'attaque
pourtant aujourd'hui à retracer
l'histoire de cet homme et de sa
rencontre avec Oona, la fille du
plus grand dramaturge de
l'époque, Eugène O'Neill.
L'histoire se passe en plein milieu
de la Seconde guerre mondiale en
Amérique. Oona, jeune fille
populaire à l'époque et riche,
rencontre Salinger, garçon plutôt
timide et mystérieux, passionné
d'écriture. Elle avait 15 ans, lui
21.
Une idylle se forme mais la
guerre rappelle Salinger au
combat. La distance aura raison
de leur amour. Oona rencontrera
un homme qui changera sa vie à
jamais, son futur mari Charlin
Chaplin.
C'est un roman assez bien
structuré par Beigbeder qui alterne
phase historique et histoire
d'amour. Les lettres que s'adressent
les protagonistes sont fictives et
pourtant très réalistes, avec des
détails sur leur vie, leurs activités,
leurs relations. Un livre qui nous
fait découvrir aussi l'envers du
décor de la guerre, ses non-dits,
ses secrets.
Beigbeder arrive très bien à mettre
sa patte d'auteur dans l'histoire,
alternant
phrases
chocs
et
vulgaires
et
références
personnelles. C'est bien ce dernier
point que nous lui reprochons :
trop de privé dans certains
passages et surtout à la fin. Une fin
circulaire, boucle bouclée de
l'histoire très bien agencée.
Cependant le livre ne s’arrête pas
là, et le bât blesse. Le récit de la
rencontre avec sa future femme,
Lara, est de trop. Une fin donc
assez décevante par la présence de
ce passage qui surprend le lecteur,
voire le rebute.
7
Mais Beigbeder reste Beigbeder,
une pointe d'arrogance, d'audace
et d'émotion ; voilà la véritable
nature de ce roman. Un livre à
l'image de son auteur qui ne
risque pas de laisser indifférent.
Elodie Hounieu Toulouse
Mommy de Xavier Dolan
"Une mère ne cesse jamais d'aimer son fils"
Xavier Dolan peut être fier de son travail. Il a multiplié les ovations à Cannes lors de la
présentation de son film Mommy. Le film a été élu tête de pont de la "rentrée
d du cinéma" et
d
L Même si toutes ces consécrations peuvent udiscréditer le
a reçu le prix du jury du festival.
a
film auprès des cinéphiles méfiants,
il est important dea préciser qu'il mérite toutes ces
n
M
louanges.
Le film traite d'un thème qui
est cher à Dolan, les relations mèrefils, mais contrairement à Laurence
Anyway et J'ai tué ma mère, le jeune
réalisateur prodige sait rester simple.
Le film suit une ligne claire sans
bifurcation. L'histoire se résume
facilement : après avoir incendié le
centre de rééducation où il vivait
depuis la mort de son père, Steeve en
est expulsé et se voit contraint de
retourner chez sa mère. Celle-ci se
donne pour mission d'élever son fils
de son mieux, ce qui lui est difficile
étant elle-même une "adulescente".
Kyla, la voisine salvatrice, vient
apporter son aide à la famille et un
équilibre un peu bancal s'installe.
On comprend directement
quelles sont les intentions de Dolan
dans ce film. Il essaie de créer de
l'empathie pour des personnages
marginaux, tout cela avec un
montage simple mais efficace et une
alternance entre des moments calmes
et des scènes chargées en émotion.
La direction des acteurs est moins
ironique que dans les précédents
films du réalisateur, la manière de les
filmer aussi. On a affaire à des
personnages que l'on n'arrive pas à
juger malgré leurs défauts. Leurs
personnalités seraient irritantes dans
n'importe quel autre film, mais ici,
elles deviennent charmantes. La
mère par exemple se balade avec des
tas d'objets roses à paillettes et
s'habille d'une manière excentrique,
rtandis que Steeve danse surs du Céline
aDion, mais cela n'affecte jamais notre
dsympathie pour eux. Ils sontl très bien
e
idécrits et ne cachent rien de leurs
excès,
oce qui fait de Mommy un film
mélodramatique original. d Si dans
gplusieurs autres films oou séries
m
r(l'exemple le plus évident
étant
éDesperate Housewives), cea sont les
i
smurs proprets des quartiers résidentiels
n
iqui cachent de lourds drames,
chez
e
lDolan, le drame est apparent, la façade
lde la maison n'est pas proprette. La
efenêtre
marronâtre
où
Diana
entraperçoit Kyla pour la première fois
ne l'est pas non plus. Mais le film va
quand même réussir à nous faire espérer
une vie meilleure pour ces personnages.
Xavier Dolan renverse donc les codes
narratifs mais il ne s'arrête pas là.
Le film est tourné en format
4:3, l'intention du jeune réalisateur étant
de se rapprocher au plus près de ses
personnages, alors que la majorité des
films actuels utilisent le format
cinémascope. C'est lourd de sens et bien
trouvé : ce format serait trop large pour
retransmettre la vision étriquée du
monde de Steeve aux spectateurs. Ce
parti-pris fait penser à une scène de J'ai
tué ma mère où, là aussi, Dolan s'amuse
à s'affranchir de certaines règles. Dans
cette scène de repas, les deux
personnages principaux sont filmés en
champ-contrechamp mais sans jamais
que leurs regards ne se croisent, car ils
sont en bord-cadre de chaque côté de
l'écran.
8
Dolan
s'affranchit
donc
o
clairement den ces règles que l'on
apprend en école
k de cinéma pour
illustrer visuellement
le conflit
s
entre la mère
et
le
fils.
Pour
w
revenir à Mommy,
le seul bémol
e
de ce parti-pris,
l c'est la difficulté
à poser un ldécor avec un tel
format. Dans ce cadre, seules les
scènes en intérieur
et en grosM
plan sont vraiment
efficaces.
a
n
Terminons sur la durée
o
du film. Il dure cent trente-cinq
r
minutes et pêche un peu sur la
,
fin. Mais ce ralentissement final
est voulu, car le film veut nous
f
surprendre. Il fait mine de se
r
terminer
bien,
sans
a
surexploitation du pathos : on est
î
heureux de ce qui se passe à
c
l'écran... Mais dupé. La scène qui
h
suit la fausse fin est beaucoup
e
plus pessimiste... Mais n'en
m
disons pas plus.
e
n
t
o
u
v
e
r
Dorian Gonzales
t
:
«
…
u
n

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