un automne culturel a pau - UFR Lettres, Langues et Sciences
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UN AUTOMNE CULTUREL A PAU EDITORIAL SOMMAIRE Des critiques sans langue de bois p.1 Édito et sommaire Un numéro spécial? Oui, mais pourquoi? Foisonnent à Pau de nombreuses manifestations culturelles peu onéreuses – littérature, théâtre, exposition d'art mais aussi cinéma, « one man show », ballets, concerts... Ce numéro inédit, conçu par les étudiants inscrits à l'UPPA en Licence 2 de Lettres, propose des critiques sur toute l'actualité culturelle paloise. Vous retrouverez une exposition de Picasso, un ballet d'après le célèbre roman Manon Lescaut, le spectacle de Kev' Adams, le concert de Détroit, ainsi qu’une pièce de théâtre tirée d'une nouvelle d'Agatha Christie, le film Mommy et enfin le nouveau best seller de Beigbeder, Oona & Salinger. Il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs ! « La critique est aisée mais l'art est difficile », dit un vieux dicton, mais peut-on au moins concevoir l'un sans l'autre ? Quel intérêt présente une œuvre sans les avis du spectateur ? Et si la critique était une manière de sublimer l'art, donner la parole à tous ! C'est le pari que nous tentons de relever dans le cadre d'une option, "Médias: écriture critique", animée par M. Sylvain Dreyer. Notre engagement : vous informer, certes, mais surtout, vous faire partager nos émotions et nos sensations avec honnêteté. Le tout avec des mots courants (et qui ne s'essoufflent 1 pas) : le comble pour les gens pressés que vous êtes, chers lecteurs ! p.2 Détroit (Pauline Bert) p.3 Kev Adams (Frémy Emeline) p.4 Manon le ballet (Nagiscarde Camille) p.5 La Souricière (Valentie Maxime) p.6 Picasso, éternel féminin (Farnon Alicia) p.7 Oona & Salinger de Beigbeder (Hounieu Elodie) p.8 Mommy de Xavier Dolan (Dorian Gonzalez) Perdus au Détroit des écorchés vifs Zénith de Pau, samedi 8 novembre 2014, 20h00 : salle pleine, dans une ambiance poétiquement rock, Bertrand Cantat après des années d'absence sur les scènes françaises, revient en force avec son nouveau groupe Détroit, pour présenter son album, Horizons, qu'il accompagne d'une seconde partie de concert composée d'anciennes chansons de l'ex-groupe du chanteur : Noir Désir. « Alors soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien ! » : impossible au concert de Détroit ! Bertrand Cantat qui n'a rien perdu de sa « Noir Désir énergie », remue la foule qu'il fait passer du rire à l'émotion, Pleinsaller feux sur : pour jusqu'aux cris et à la révolte. Après une file d'attente Au coeur de l'actualité 2 interminable , derrière deux ou trois Au coeur de l'actualité 3 mamies récalcitrantes qui Au coeur de l'actualité 4 n'arrivaient pas à comprendre qu'il Au coeur de l'actualité 5 était interdit de rentrer avec leurs bouteilles dans le Zénith, des Dernière histoire 6 sursauts d'excitation et une course sportive : la récompense était au rendez-vous. Au premier rang d'une fosse enfumée, au milieu de lumières rouges, blanches et violettes : l'ambiance rock'n'roll était garantie... C'est un homme révolté, ouvert et plein d'humour qui s'est présenté à nous. Il en envoie ! Donne des frissons, se soucie de ses fans et souffle un vent de fraîcheur dans la salle. Il n'hésite pas à jouer avec son public et improvise une chanson sur les « cigognes » à la demande d'un spectateur qui avait bien profité de la buvette : why not ?! Les rires éclatent dans la salle. Les spectateurs chantent et quelques-uns essaient même de rivaliser avec Cantat, pour le plus grand bonheur de mes oreilles, à présent elles aussi écorchées vives... Peut-être même plus que l'artiste. Mais cela n'est rien. Après quelques chansons d'une poésie à couper le souffle, tirées du nouvel album de Détroit, les artistes reprennent des morceaux de Noir Désir. Enfin, Tostaky résonne dans la salle. Le sol tremble sous les sauts et les cris effrénés des spectateurs secoués par l'énergie communicative du chanteur. Après l’interprétation d'Un jour en France, la foule à coup de « Bertrand président » exprime son enthousiasme et son désir de retourner la société : ce qui fera sourire l'artiste. Mais Détroit ne se contente pas de jouer et de s'accaparer la scène, les membres la partagent avec d'autres artistes talentueux et inconnus pour les faire découvrir. Après trois heures de concert et une ambiance à son maximum, c’était fini... Aucun regret : un groupe génial qui véhicule des émotions incroyables et nouvelles à chaque titre. Une seule envie me guette : revivre ce concert ! L'album est nouveau, plus doux que les anciens de l'artiste, mais aux paroles toujours aussi fortes et profondes. Nous étions heureux, tous plus révoltés que jamais et prêts à agir pour changer le monde. Mais pas tout de suite, il se faisait tard... Le passage au pays des rêves était nécessaire avant. Un détour au détroit des écorchés vifs qui en valait vraiment la peine et qui rend plus vivant que jamais... Pauline Bert 2 Un Zénith en délire ! « Après, le divorce a eu lieu, ma mère a été réglo, elle a été voir mon père et elle a dit : 'Bon, pour l’appartement on fait 50/50, moi je prends dedans, toi tu prends dehors.' » Kev Adams (de son vrai nom Kevin Smadja), jeune humoriste de 23 ans, connaît un succès fulgurant auprès des jeunes de sa génération, dans son spectacle The Young Man Show. Ce jeune homme est une « machine à succès », une des stars préférées des adolescents. Après son spectacle lancé en 2009 (d’abord à Paris au théâtre Le Temple, puis en tournée dans toute la France), il a tourné notamment Les Profs et Fiston qui sont de gros succès auprès des jeunes. Cet humoriste en herbe au physique pas franchement flatteur s’est lancé en 2011 dans une série télévisée Soda (Ados) qui fait un carton sur W9 et est en tournage du nouveau film Aladdin. C’est ce dimanche 9 Novembre 2014 que la vedette a fait son apparition au Zenith de Pau pour présenter son nouveau spectacle le Voilà Voilà Tour, un véritable tabac avec plus de quatre mille cinq cents personnes présentent ce soir là. Il y parle de sa jeunesse, de ce qu’il a fait récemment (il s’est produit sur la scène américaine) et nous présente ses nouveaux personnages : ses frères de sept et dix sept ans. Entre chorégraphies, improvisations à mourir de rire et moments d’hilarité générale devant Sexion Noisette, il a réussi à faire danser le Zénith de Pau sur le rythme de la zumba. Un tel succès s’explique par les thèmes qu’il aborde dans son one man show : les profs, les potes, les filles, l’école, la famille et la fête. Mais le personnage que l’on retient le plus et qui nous inspire de la bienveillance (et peut être parfois un peu de pitié) est celui de sa mère, complètement dépassée par son ado de fils dans l’âge ingrat et bien trop inquiète pour l’avenir scolaire de son fiston paresseux « Humoriste, c’est pas un métier ! Tu comprends ça ou tes cheveux font interférence ?! » « Qui dans cette salle n’a jamais entendu dire sa mère : 'Tu sais pas la chance que t’as d’aller à l’école, moi je rêverais d’y retourner… Je PAYERAIS pour y retourner !' Le lendemain je suis resté au lit, j’ai fermé ma porte à clef, j’ai glissé une enveloppe sous ma porte avec un billet de cinq euros dedans et un mot qui disait : 'Vas-y Maman ! Va au bout de tes rêves.' » Ce personnage touchant aux répliques inoubliables rapproche toutes les générations. Danses, imitations, improvisations, chants... Ce n’est plus un spectacle mais bien un vrai show à l’américaine. Alors quand la moitié de la salle lève le bras pour assurer avoir déjà fait la connaissance d’un cerf en voiture, cela vire au surréalisme. Cependant, Kev Adams a pu faire la connaissance des petites villes alentours comme Artix et ses cerfs ou « Somalion » (Sauvagnon) charmant mélange de « Le lion comme l’animal et de la Somalie ». Dans le concours de « qui a le prénom le plus moche ?» il s’est amusé et a improvisé sur Maïtena, Fiona, Saule, Marin ou Ximista « Quoi ? Tes parents t’ont vraiment appelé comme ça ? Ta mère c’est Pharmacie et ton père c’est Antibiotique, c’est ça?» Ah ouais quand même… Kev Adams surprend par son aisance sur scène et sa facilité d’approche avec le spectateur. Son succès s’explique aussi très certainement par sa fraîcheur. Un one man show à pleurer de rire et un jeune homme qui n’a visiblement pas froid aux yeux. On se retrouve en Mai 2015 avec Cyril Hanouna et Slimane pour un nouveau show de FOLIE ! Emeline Fremy 3 Manon un ballet aussi léger que fort Depuis cinq ans, le Royal Opera House retransmet dans plusieurs salles de cinéma du monde des chefs-d'oeuvre lyriques et des ballets splendides en direct de Londres. La France fait évidemment partie de ces pays et la nouvelle saison a commencé le jeudi 16 octobre à 20h15 dans plus de deux cents salles françaises. Une scène où les passions se déchainent avec grâce et puissance : la saison 20142015 du Royal Opera House Live débute en force avec Manon. En 1974, le directeur artistique du Royal Ballet de Londres, Kenneth MacMillan, met en scène le roman sulfureux de l'Abbé Prévost, Manon Lescaut, qui fit scandale lors de sa publication. Dans son adaptation, on retrouve une Manon déchirée entre son amour pour Des Grieux et une vie luxueuse avec Monsieur de G.M. Ces tentations vont alors mener les deux amants à leur perte. Ce ballet s'adapte parfaitement aux grands écrans où, le spectacle est d'une grande qualité. Les gros plans des caméras offrent une meilleure vision que les premiers rangs de l'opéra et rendent le ballet unique. La précision des pas et l'expression des visages n'en sont que plus belles ! Ce format touche également un public plus large que celui des opéras et permet à tout le monde d'aller voir un ballet par passion ou simplement par curiosité. Ce n'est plus la peine de s'habiller en costard-cravate et en robe de soirée pour aller à l'opéra; jean et tee-shirt suffisent pour le cinéma. Bien plus à l'aise, cela n'enlève rien à la beauté du spectacle. Pour patienter avant et pendant les deux entractes, des interviews des danseurs principaux, du directeur de l'opéra de Londres et des petits documentaires en langue étrangère, malheureusement sans sous-titrage. Heureusement la danse est un langage universel où les corps expriment les émotions plus profondément que les mots, et cela n'a jamais été aussi vrai que pour Manon. En effet, ce ballet alterne les scènes de foule avec une Manon exquise et irrésistible, courtisée par de nombreux hommes et les moments intimes avec l'ingénu Des Grieux, où les amants dansent tout leur amour avec une intensité incroyable. 4 Les costumes d'époque et les décors imposants accompagnent agréablement ces tableaux et la musique du compositeur Massenet traduisent très bien cette opposition entre les scènes drôles et les scènes graves qui rythment le ballet, à l'image de la personnalité changeante de Manon. Laissez-vous donc entrainer dans ce tourbillon de tourments et de passion qui nous étourdit autant qu'il nous touche. Camille Nagiscarde La souricière nous donne le sourire Agatha Christie adapte en 1952, sa propre nouvelle en pièce de théâtre, La souricière. Pas moins de vingt-trois mille représentations : le plus grand nombre de représentations au monde! Anne-Marie Souberbielle et Marie France Midou nous proposent, au théâtre Saint Louis à Pau, leur mise en scène au cœur d'une intrigue palpitante mitonnée à la sauce british. La radio grésille dans le domaine du Monkswell Manor, fraîchement ouvert: « …un meurtre commis à Culver Street... ». Ainsi s'ouvre la pièce. Le ton est donné. M. et Mme Ralston, propriétaire du domaine, accueillent leurs convives, tous si différents les uns des autres. Des caricatures qui prêtent à sourire – Mr Paravicini aux allures de Dali fou, ou la vieille Boyle conservatrice aigre et austère. Les dits comme les non-dits sont sujet de suspicion. Les personnages semblent se jouer du spectateur, l'entraînant dans de fausses pistes. « Je suis peut-être même un assassin... » déclare l'extravagant Paravicini : schizophrénie ou manipulation ? La désinvolture déconcertante des personnages les rend in facto suspect. Le silence de Miss Casewell aux questions de l'inspecteur jette le doute, voire la paranoïa du spectateur. Les Ralston, avec leurs cinq pensionnaires, se trouvent bloqués par une tempête de neige. Et il se pourrait bien que le meurtrier soit parmi eux... Et la menace ne tarde pas. Les stéréotypes tombent, les masques se déchirent, et laissent entrevoir des personnalités singulières mues par un passé insoupçonnable. La psychose ronge peu à peu l'apparente décontraction des antagonistes. Face à la peur, la faiblesse humaine est mis à nu – les personnages, délateurs, n'hésitent pas à proférer des accusations hâtives. L'inspecteur revêt alors l'uniforme du dignitaire nazi, scandant : « collaborez avec moi. ». Le dénouement : une surprise, tellement inattendue qu'elle prête le flanc à la critique – très peu d'indices offerts au spectateur sur le véritable meurtrier, donc un spectateur bêta, pas réellement impliqué dans l'enquête. Malgré tout, une histoire bien construite et un dénouement sans pareil dans le genre policier. Pourtant, le spectateur n'est pas tout de suite entraîné dans le tourbillon de l'histoire. Le début est même un peu laborieux ; Le jeu du comédien M. Languin qui joue le rôle de M. Ralston demeure hésitant, et ses intonations manquent parfois de nuance et de naturel. Le directeur du domaine, M. Ralston, est en effet interprété comme un rustre, peu attachant, et sans grande profondeur psychologique – le cliché du campagnard moyen. Mais ces quelques imperfections de jeu sont vites rattrapées par la technique des comédiens ; on retiendra l'hilarante prestation de Mme Fagnot interprétant Mme Boyle. Le jeu des autres comédiens semble pourtant attendre des fous rires qui tardent à arriver. Il faudra se contenter de rires éparses et de quelques sourires dans la salle. La montée dramatique est également exploitée à demi-mesure. La technique des comédiens ne parvient ni à nous émouvoir, ni à provoquer le frisson. Le spectateur sort au mieux attendri par cette pièce. Une pièce qui détend mais que le temps évince vite de notre esprit. Vos enfants apprécieront les gags, et les adultes oublieront leurs préoccupations le temps d'un moment. Pas de quoi nous faire redécouvrir l’œuvre d'Agatha Christie, juste de quoi nous faire sourire un peu à moindre coût. Maxime Valentie j h d a r a d i o 5 g r Picasso : l’éternel féminin A travers soixante-six œuvres gravées inédites, issues de la Fundacion Picasso Museo Casa Natal de Malaga, le musée des Beaux Arts de Pau présente du 18 septembre au 8 décembre 2014 : « Picasso : l’éternel féminin ». Horizon indépassable, l’art de Picasso nous étonne encore par chacune de ses œuvres qui relatent de sa passion pour les femmes et pour l’art. Et si Picasso n’avait pas fini de vous surprendre ? Les œuvres : un véritable journal intime de Picasso Les œuvres de l’artiste espagnol sont pour la majorité des portraits de femmes comme Femmes au corsage à fleurs, qui décrit parfaitement le côté sensuel de la femme. D’ailleurs, une large partie de ses gravures évoquent les deux femmes qui ont partagé sa vie : Françoise Gilot et Jacqueline Roque. L’exposition dévoile divers genres. La plupart des portraits féminins de Picasso renvoient au thème de la sexualité comme Les deux barbus et la femme nue. Parmi les plus belles œuvres de Picasso, sont exposées aussi des gravures caricaturées de femmes comme celle de Dora Maar. Les héritages du cubisme avec Les Demoiselles d’Avignon, et du surréalisme avec La femme au bord de la mer, sont des chapitres abordés dans l’exposition. Les œuvres ramenant à ces mouvements artistiques ressortent grâce à des couleurs vives et un style vivant. Or, la plupart de ses gravures sont en noir et blanc. D’ailleurs, Picasso reprend la citation de Matisse « Si j’avais à refaire ma vie, je ne ferais que du noir et du blanc ». Pour les passionnés d’art, l’œuvre intitulée Figures en noir, vous inspirera. Elle a été gravée avec différents matériaux par des techniques lithographiques, l’artiste utilisait du papier de verre et une plume et gravait sur du zinc. Ça vaut le coup d’œil Infos pratiques Du 18.09 au 08.12.14 Musée des Beaux-arts de Pau Activités culturelles autour de l’exposition Accessible à tous Gratuit pour les –26 ans L’univers artistique de Picasso impressionne toujours le public. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il se distingue des autres grands artistes de son époque. Ses tableaux nous plongent au cœur d’un art toujours aussi vivant et esthétique. La volonté de cette exposition est de mettre en lumière les chefs d’œuvre de l’artiste. Ceuxci occupent une place essentielle dans cette 6 collection unique au monde. Elle se différencie de par son importance et sa qualité artistique. Il faut bien avouer que le musée de Pau a gagné son challenge, en y exposant les plus belles œuvres de l’éternel Picasso, en les mettant en valeur, de sorte à ce que les visiteurs s’obligent eux-mêmes à s’arrêter et à contempler. L’art, et même celui de Picasso, reste une affaire de goût. Cependant, après avoir vu l’exposition rendant hommage à ce grand artiste, vous pourrez confirmer que jamais personne n’a mieux décrit le lien et la passion entre l’art et les femmes, que l’éternel féminin, qu’est Picasso. Celui-ci demeurera à jamais dans les esprits artistiques de chacun, par son propre et inimitable talent. Alicia Farnon Oona, Salinger et Beigbeder : un trio prometteur Dans son dernier livre Oona & Salinger paru ce mois-ci, Beigbeder s'attaque à deux célèbres figures des années 40/50. Un roman à la fois informatif et fictif, qui retrace l'amour impossible de ces deux personnages ainsi que leur vie pendant la guerre. Une approche plutôt réussie et intéressante de Beigbeder, mais une fin plus que décevante. Autant dire que l'audace n'est pas un mot inconnu pour Beigbeder. Un défi de plus pour l'auteur et pas des moindres. Alors que Beigbeder était enfin arrivé devant la maison de Salinger, la peur l'envahit et malgré les kilomètres parcourus, il rebrousse chemin. Beigbeder s'attaque pourtant aujourd'hui à retracer l'histoire de cet homme et de sa rencontre avec Oona, la fille du plus grand dramaturge de l'époque, Eugène O'Neill. L'histoire se passe en plein milieu de la Seconde guerre mondiale en Amérique. Oona, jeune fille populaire à l'époque et riche, rencontre Salinger, garçon plutôt timide et mystérieux, passionné d'écriture. Elle avait 15 ans, lui 21. Une idylle se forme mais la guerre rappelle Salinger au combat. La distance aura raison de leur amour. Oona rencontrera un homme qui changera sa vie à jamais, son futur mari Charlin Chaplin. C'est un roman assez bien structuré par Beigbeder qui alterne phase historique et histoire d'amour. Les lettres que s'adressent les protagonistes sont fictives et pourtant très réalistes, avec des détails sur leur vie, leurs activités, leurs relations. Un livre qui nous fait découvrir aussi l'envers du décor de la guerre, ses non-dits, ses secrets. Beigbeder arrive très bien à mettre sa patte d'auteur dans l'histoire, alternant phrases chocs et vulgaires et références personnelles. C'est bien ce dernier point que nous lui reprochons : trop de privé dans certains passages et surtout à la fin. Une fin circulaire, boucle bouclée de l'histoire très bien agencée. Cependant le livre ne s’arrête pas là, et le bât blesse. Le récit de la rencontre avec sa future femme, Lara, est de trop. Une fin donc assez décevante par la présence de ce passage qui surprend le lecteur, voire le rebute. 7 Mais Beigbeder reste Beigbeder, une pointe d'arrogance, d'audace et d'émotion ; voilà la véritable nature de ce roman. Un livre à l'image de son auteur qui ne risque pas de laisser indifférent. Elodie Hounieu Toulouse Mommy de Xavier Dolan "Une mère ne cesse jamais d'aimer son fils" Xavier Dolan peut être fier de son travail. Il a multiplié les ovations à Cannes lors de la présentation de son film Mommy. Le film a été élu tête de pont de la "rentrée d du cinéma" et d L Même si toutes ces consécrations peuvent udiscréditer le a reçu le prix du jury du festival. a film auprès des cinéphiles méfiants, il est important dea préciser qu'il mérite toutes ces n M louanges. Le film traite d'un thème qui est cher à Dolan, les relations mèrefils, mais contrairement à Laurence Anyway et J'ai tué ma mère, le jeune réalisateur prodige sait rester simple. Le film suit une ligne claire sans bifurcation. L'histoire se résume facilement : après avoir incendié le centre de rééducation où il vivait depuis la mort de son père, Steeve en est expulsé et se voit contraint de retourner chez sa mère. Celle-ci se donne pour mission d'élever son fils de son mieux, ce qui lui est difficile étant elle-même une "adulescente". Kyla, la voisine salvatrice, vient apporter son aide à la famille et un équilibre un peu bancal s'installe. On comprend directement quelles sont les intentions de Dolan dans ce film. Il essaie de créer de l'empathie pour des personnages marginaux, tout cela avec un montage simple mais efficace et une alternance entre des moments calmes et des scènes chargées en émotion. La direction des acteurs est moins ironique que dans les précédents films du réalisateur, la manière de les filmer aussi. On a affaire à des personnages que l'on n'arrive pas à juger malgré leurs défauts. Leurs personnalités seraient irritantes dans n'importe quel autre film, mais ici, elles deviennent charmantes. La mère par exemple se balade avec des tas d'objets roses à paillettes et s'habille d'une manière excentrique, rtandis que Steeve danse surs du Céline aDion, mais cela n'affecte jamais notre dsympathie pour eux. Ils sontl très bien e idécrits et ne cachent rien de leurs excès, oce qui fait de Mommy un film mélodramatique original. d Si dans gplusieurs autres films oou séries m r(l'exemple le plus évident étant éDesperate Housewives), cea sont les i smurs proprets des quartiers résidentiels n iqui cachent de lourds drames, chez e lDolan, le drame est apparent, la façade lde la maison n'est pas proprette. La efenêtre marronâtre où Diana entraperçoit Kyla pour la première fois ne l'est pas non plus. Mais le film va quand même réussir à nous faire espérer une vie meilleure pour ces personnages. Xavier Dolan renverse donc les codes narratifs mais il ne s'arrête pas là. Le film est tourné en format 4:3, l'intention du jeune réalisateur étant de se rapprocher au plus près de ses personnages, alors que la majorité des films actuels utilisent le format cinémascope. C'est lourd de sens et bien trouvé : ce format serait trop large pour retransmettre la vision étriquée du monde de Steeve aux spectateurs. Ce parti-pris fait penser à une scène de J'ai tué ma mère où, là aussi, Dolan s'amuse à s'affranchir de certaines règles. Dans cette scène de repas, les deux personnages principaux sont filmés en champ-contrechamp mais sans jamais que leurs regards ne se croisent, car ils sont en bord-cadre de chaque côté de l'écran. 8 Dolan s'affranchit donc o clairement den ces règles que l'on apprend en école k de cinéma pour illustrer visuellement le conflit s entre la mère et le fils. Pour w revenir à Mommy, le seul bémol e de ce parti-pris, l c'est la difficulté à poser un ldécor avec un tel format. Dans ce cadre, seules les scènes en intérieur et en grosM plan sont vraiment efficaces. a n Terminons sur la durée o du film. Il dure cent trente-cinq r minutes et pêche un peu sur la , fin. Mais ce ralentissement final est voulu, car le film veut nous f surprendre. Il fait mine de se r terminer bien, sans a surexploitation du pathos : on est î heureux de ce qui se passe à c l'écran... Mais dupé. La scène qui h suit la fausse fin est beaucoup e plus pessimiste... Mais n'en m disons pas plus. e n t o u v e r Dorian Gonzales t : « … u n