BSPP, Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris

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BSPP, Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris
BSPP, Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris
Extrait du ZigZag magazine
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BSPP, Brigade des
Sapeurs-Pompiers de Paris
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Date de mise en ligne : mardi 5 janvier 2010
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BSPP, Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris
Chaque 14 juillet, les camions rouges rutilants de la BSPP ferment le défilé des engins
motorisés. A l'applaudimètre les « soldats du feu » sont les favoris. Pourquoi un tel
engouement ? Sans doute la reconnaissance de leur dévouement mais aussi de leur histoire
intimement liée à celle de la ville.
Au Centre de Secours de Champerret
Il est presque 20h au standard téléphonique du Centre de Secours de Champerret dans le 17ème arrondissement de
Paris. Les hommes de permanence sont affairés devant les claviers d'ordinateurs et les micros. De l'autre côté de
leur plan de travail un homme, engoncé dans un blouson de cuir râpé, tousse et gémit. Un caporal lui prend le pouls,
un sous-officier tente de communiquer avec lui. L'homme ne parle pas français, il vit sous une tente à deux pas du
Centre de Secours. Dans le jargon professionnel, c'est un appel verbal. C'est à dire que l'homme est venu de lui
même se faire examiner. Les pompiers s'apprêtent à le conduire en ambulance à l'hôpital. Une voix résonne dans un
haut-parleur : « Nous sommes sur les lieux, nous voyons la fumée... attendons l'ordre ». Le standardiste prend la
parole : « J'ai demandé le départ de la Police. Nous essayons de joindre l'ambassade... » Un PS* est parti depuis
quelques minutes pour « fumée suspecte », mais les hommes ne peuvent intervenir car l'immeuble appartient à
l'ambassade d'un pays africain. Les pompiers doivent attendre l'autorisation officielle émanant de l'ambassadeur
pour pénétrer dans ce « territoire étranger » !
Salle de gymnastique de Champerret
Pendant que les officiers supérieurs règlent ce contretemps, un jeune pompier désinfecte le siège et tout ce qu'a
touché le malheureux qui en toussant à dû propager quelques microbes ! Au garage, une ambulance rentre
d'intervention. Le chef d'agrès, fataliste mais énervé, vient discuter quelques minutes avec les collègues du standard
: « La femme était en arrêt cardiaque sur le divan dans le salon et son mari voulaient qu'on enlève nos bottes avant
de marcher sur le tapis. On ne voit cela qu'à Neuilly ou dans le 16ème ! » Cette petite chronique relate la vie
ordinaire de militaires qui bénéficient d'une véritable passion auprès de la population. « Sauver ou Périr » est leur
mot d'ordre : Toute une légende, tout un mythe né il y a près de deux siècles.
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Le casque, symbole du courage
Encore Napoléon !
Le 1er avril 1810 Napoléon épouse Marie-Louise, archiduchesse d'Autriche. Il s'en suivit de nombreuses festivités,
en France et à l'étranger. Pour clore ces semaines de liesse impériale l'ambassadeur d'Autriche à Paris, le Prince de
Schwartzenberg, convie les jeunes mariés à un grand bal dans les salons de l'ambassade. 800 personnalités de
toute l'Europe sont invitées. Jugés trop petits, les lieux sont agrandis pour l'occasion. Une structure en bois
recouverte d'un enduit à base d'alcool et décorée de mousseline est construite dans les jardins. Vers 23h, un orage
accompagné d'un fort vent soulèvent les draperies qui tombent sur des chandelles. Le feu s'embrase
instantanément. Le bois et les tissus alimentent le brasier que les convives tentent de quitter paniquées. Des
centaines de personnes sont plus ou moins gravement brûlées et 10 meurent de leurs brûlures dont la belle-soeur de
l'ambassadeur. Devant le drame et la désorganisation des secours, Napoléon réagit en créant un bataillon militaire
de pompiers chargé de protéger la ville de Paris. Presque unique en France*, le statut des sapeurs-pompiers de
Paris n'a pas changé depuis 2 siècles. Comme Napoléon l'avait souhaité, ils sont militaires sous l'autorité de la
Préfecture de Police de Paris. Aujourd'hui ce sont environ 8300 hommes et femmes qui appartiennent à la BSPP,
répartis dans 77 Centres de Secours implantés dans Paris et dans les trois départements limitrophes. Ils effectuent
chaque année plus ou moins 430 000 interventions dans les domaines les plus variés... secours à victimes, risques
technologiques, secours routiers et naturellement la lutte contre les incendies qui représentent moins de 5% des
interventions.
Le Louvre, un exemple parmi tant d'autres
L'échelle attelée Gugumus
Au cours du 20ème siècle, la BSPP s'est illustrée à de nombreuses reprises en accompagnant la population en
souffrance : Durant les inondations de la Seine en 1910, les deux grandes guerres et leurs bombardements, les
attentats islamistes dans le métro dans les années 80 et 90 et dans bien d'autres événements de grande ampleur.
Sa popularité s'est construite peu à peu au fil des tragédies. Ce qui est moins connu est le rôle de prévention joué
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par les sapeurs-pompiers. Prévenir les risques dans une agglomération de plus de 6 millions d'habitants qui accueille
des millions de touristes à longueur d'année n'est pas chose facile. Les centaines de kilomètres de métro, les zones
industrielles, la Seine et ses risques de pollution, les monuments historiques qui fleurissent à chaque coin de rue,
l'incroyable dédale de souterrains, caves ou canalisations constituent une parfaite panoplie de risques en tous
genres. Le Palais de Justice, la Bibliothèque François Mitterrand, l'Élysée ou les immeubles de grande hauteur du
quartier de Grenelle abritentdes détachements de la Brigade. Le fleuron de tous ces lieux sous haute surveillance est
le Louvre. 46 sapeurs-pompiers sont spécialement formés pour intervenir dans ce décor de rêve mais si sensible !
Le Commandant Césari qui dirige ce détachement est sous l'autorité directe de la direction du musée. Quelques
chiffres qui donnent le tournis : 8,3 millions de visiteurs par an, 6000 points sensibles pour la détection d'incendie,
des gigantesques systèmes de climatisation qui ne demandent qu'à fuir, 60 hectares de parquet qui ne demandent
qu'à brûler, des combles et des installations techniques infinies. Bilan : 1600 interventions par an ! En plus de toutes
les techniques classiques qu'un bon sapeur-pompier doit maîtriser, ceux du Louvre doivent avoir à l'esprit la notion
qu'une oeuvre est inestimable, qu'on doit savoir la toucher et l'emballer.
Tisser des liens
Au-delà de leur mission de prévention et d'intervention, les soldats de la BSPP semblent doués pour tisser des liens
avec leurs concitoyens. Des liens symboliques et historiques, par exemple, quand 6 pompiers parisiens furent les
premiers à hisser un drapeau tricolore au sommet de la Tour Eiffellors de la libération de la ville le 25 août 1944. Des
liens festifs lorsque chaque caserne ouvre ses portes la nuit du 14 juillet pour organiser des bals populaires. Une
tradition qui débuta, presque par hasard, en 1937 au Centre de Secours de Montmartre. Cette année là les
pompiers de la Butte, de retour du défilé propose aux habitants de visiter la caserne et de découvrir les engins. Des
centaines de badauds s'y précipitent, l'ambiance est conviviale et « de fil en aiguille » des musiciens animent la
soirée, on décore à la hâte les garages et la cour, les visiteurs ne partent plus et improvisent le premier bal des
pompiers. Dès l'année suivante, les autres Centres de Secours reprennent l'initiative... les bals du 14 juillet dans les
casernes sont nés et restent aujourd'hui parmi les plus populaires de tous les bals organisés dans l'hexagone. Autre
tradition cultivée par les sapeurs-pompiers (pas seulement parisiens), celle des calendriers. Entre novembre et
décembre, chaque parisien entend sonner à sa porte un duo de pompiers qui lui propose un calendrier de l'année à
venir en échange de quelques euros. Aucune contrainte, chacun est libre de donner ou de refuser la proposition.
L'argent collecté alimente les caisses des associations d'entraides et des différentes actions sociales menées par la
Brigade. Au delà de l'argent ainsi récolté, l'intérêt de la vente des calendriers est la proximité qu'elle provoque entre
les Parisiens et les soldats du feu.
Parfum d'antan au musée de Champerret
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La BSPP et l'abbé Pierre
Emmanuel Ranvoisy est conservateur du musée de la Brigade. Grand, élégant, l'homme est un ancien de la Brigade
aujourd'hui reconverti dans l'étude des archives et la conservation du patrimoine attaché à ceux dont la devise est «
Sauver ou Périr ». Après un bref passage respectueux devant la vitrine commémorative des « morts aux feux » puis
devant un buste de l'empereur Napoléon il se dirige vers une vitrine abritant une des plus surprenante pièces du
musée.
La cape de l'abbé Pierre
La célèbre cape de l'Abbé Pierre est là, au milieu des reliques brillantes. « C'est une cape d'officier supérieur des
pompiers de Paris portée en 1930 qui fut offerte à l'abbé par la femme du colonel Sarniguet en 1954. Après l'avoir
dépouillé de tous les textiles nobles, comme la soie, et après avoir fait coudre des poches, l'abbé la porta jusqu'à sa
mort. Elle nous a alors été restituée par la Communauté d'Emmaüs » explique Emmanuel Ranvoisy. Ainsi l'Abbé
Pierre, un des rares personnages faisant l'unanimité dans la société française, a porté durant près de 60 ans un
vêtement symbolisant le dévouement et l'altruisme des Pompiers de Paris.
* Véhicule Premier Secours.
* Un statut équivalent existe à Marseille avec le Bataillon des Marins-Pompiers de Marseille, le BMPM.
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