Soldat du Feu - Y

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Soldat du Feu - Y
STREITKRÄFTE
● Paris
nisant une campagne d’affichage. Des
mouvements de grève de pompiers civils
en France et de nombreuses manifestations qui s’étaient également déroulées
dans les rues de Paris étaient à l’origine
de cette campagne.
Les membres de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris sont des soldats du feu. Ils n’ont pas seulement pour tâche de combattre le feu dans
la capitale, ils font également partie de l’armée de terre française.
En chemin vers notre lieu de rencontre, nous avons déjà été confrontés à l’un
des défis particuliers de cette métropole
de six millions d’habitants : la circulation chaotique. Les automobilistes et surtout les motocyclistes qui doublent en
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partie comme des fous ainsi que les travaux effectués à de nombreux endroits
nous rappellent nos opérations menées
hors d’Europe. Sauf que les véhicules
sont plus modernes et que les scènes se
jouent sur huit voies à la périphérie de
Paris.
« Nous n’avons pas de problèmes
de recrutement, car les gens et,
en particulier, les jeunes
s’intéressent à nous. »
Caporal Hervé Brugalay (31),
État-major de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris
Lors de la visite du terrain, le caporal
Brugalay nous donne un aperçu du travail des pompiers de Paris. Et de ses particularités. La principale différence par
rapport à d’autres personnes exerçant
ce métier est le statut de ces sapeurs-
pompiers : ce sont des militaires. Les
8080 hommes et femmes forment une
unité du génie de l’armée de terre française. Cet effectif n’est pas exagéré, la
densité de la population s’élevant à 22
000 habitants/km2. De plus, la BSPP
s’occupe également de trois autres
secteurs en France métropolitaine et outre-mer (cf. rubrique infos page 75).
Foto: Andreas Beu
B
onjour, mon capitaine. Bienvenue
chez Pompiers de Paris ». C’est
avec ces mots que le caporal Hervé
Brugalay de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) nous accueille au
centre même de cette grande métropole
en constante effervescence. Nous nous
trouvons dans le quartier Champerret.
En arrière-fond, le bruit de la rue. C’est
ici que bat le cœur de la BSPP. L’étatmajor de la brigade mais aussi la 5e
compagnie et le poste de commandement pour l’ensemble de Paris y sont
implantés.
Les pompiers de Paris – avec les pompiers de Marseille qui appartiennent à la
marine – sont les seuls à avoir un statut
militaire. Et vu que les militaires n’ont
pas le droit de faire grève, comme c’est
aussi le cas en Allemagne, la capitale est
particulièrement bien protégée contre
les incendies. Même les habitants de Paris ne le savent pas toujours. Dernièrement, la BSPP a dû le rappeler de manière offensive à la population en orga-
Au poste de commandement et centre
d’appel d’urgence, nous parlons à l’adjudant-chef Roland Brun. Celui-ci est
âgé de 56 ans et chef d’équipe. Tous les
appels concernant de Paris arrivent ici.
Presque 4500 appels par jour, environ
1400 donnent vraiment lieu à une intervention. Les autres sont transmis à la
police ou au SAMU (Service d’aide médicale d`urgence appartenant au secteur
civil). L’adjudant-chef Brun nous explique qu’il est important de répondre avec
soin à chaque appel et de transmettre
rapidement les informations au centre
de secours le plus proche et il attire notre attention sur la carte des interventions qui apparaît sur quatre grands
écrans plats. La ville est répartie entre
trois groupements opérationnels (groupements d’incendie) afin d’assurer une
couverture égale du territoire et notamment de réduire les distances à parcourir
par les sapeurs-pompiers. Le premier
groupement est responsable de la SeineSaint-Denis, le deuxième du Val-deMarne et le troisième des Hauts-de-Seine. Au total, 78 centres de secours sont
répartis de manière stratégique dans la
ville et assurent ainsi la protection de
toute la zone urbaine.
« Depuis le 11 septembre 2001,
la BSPP est préparée à tout:
du crash d’un avion à l’attentat
au gaz toxique. »
Adjudant-chef Roland Brun (56),
Chef d’équipe au centre opérationnel de la BSPP
Un appel arrive, une dame âgée est
dans tous ses états. Une voisine de son
âge a fait une chute grave et a besoin
d’aide de toute urgence. Le pompier
prend l’appel avec l’attention habituelle.
« Ce n’est pas toujours facile d’obtenir
les renseignements essentiels », nous explique l’adjudant-chef Brun. « Dans
leur énervement, les gens oublient parfois le principal. Mais plus nous avons
d’informations, plus il est facile d’optimiser l’intervention des sapeurs-pompiers et de prendre le cas échéant des
mesures consécutives, par exemple lors
de grands incendies ou autres », ajoutet-il. Il s’avère que la vieille dame habite
près de la gare du Nord, rue La Fayette.
Sur la demande du pompier, elle indique
aussi l’étage et la position de l’appartement par rapport à l’ascenseur. Les in-
Foto: Andreas Beu (2)
Foto: bspp/Julien Pichot
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Vue d’ensemble. Sur la carte de situation électronique, les points
d’intervention actuels sont visibles d’un coup d’œil.
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Acrobatique. Les interventions soumises à des conditions particulières exigent le maximum du pompier.
formations sont entrées dans l’ordinateur durant la conversation téléphonique. L’ordinateur localise alors immédiatement le centre de secours le plus
proche. Les sapeurs-pompiers de Bitche
doivent intervenir. À peine quatre minutes après le début de la conversation, le
son strident des sirènes retentit déjà à
Bitche. Le véhicule des pompiers part
au secours de la blessée avec une équipe
de trois personnes. Mais l’adjudant-chef
Roland Brun et ses camarades du centre
opérationnel ne s’occupent pas que des
appels d’urgence. Il est également de
leur ressort de coordonner les interventions, d’envoyer des renforts et de décider de la nécessité de faire appel à des
forces civiles externes. En règle générale,
environ 75 % des interventions sont destinées aux premiers secours aux blessés.
Le reste est réparti entre des interventions de reconnaissance et de recherche,
des accidents de la route et des interventions en rapport avec le gaz, l’eau ou
l’électricité. Les incendies, représentant
4%, sont relativement rares. Dans des
cas extrêmes, un état-major de crise,
chargé de coordonner le travail des sapeurs-pompiers, des forces civiles, de la
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Sécurité civile (comparable au technischer Hilfsdienst, à la différence qu’il
s’agit, là aussi, de personnel militaire) et
des forces armées traditionnelles, peut
être formé en 20 minutes. Sachant que
Paris dispose de deux aéroports internationaux et 111 gares et que la ville constitue un nœud routier et autoroutier
avec non moins de 35 000 kilomètres de
voies orientées vers toutes les directions
du pays, les responsables veulent être
préparés à toutes les éventualités. Après
les attentats terroristes du 11 septembre
2001, la BSPP s’est vue attribuer des tâches supplémentaires liées par exemple
à la lutte contre des incidents ou des attentats nucléaires, biologiques ou chimiques.
Nous poursuivons notre chemin vers
la 5e compagnie de la BSPP qui est, elle
aussi, implantée à Champerret. Le capitaine Didier Lux (34), adjoint du commandant de compagnie, nous accueille
dans son centre de appel où deux sapeurs-pompiers sont de permanence
jour et nuit. Avec un effectif de 250 personnes, la 5e compagnie est équivalente
aux vingt-trois autres compagnies de la
En parlant d’entraînement et de formation: Tous les pompiers de Paris ont
un statut militaire et donc les mêmes
droits et devoirs que leurs camarades en
uniforme vert servant dans d’autres unités des forces armées. Toutefois, il existe
des particularités. En effet, l’ensemble
de la formation théorique et pratique, à
l’exception des différents cours de franchissement de grade, se déroule dans la
capitale. La partie militaire se limite à
une formation de base de deux mois ;
pour le reste, les pompiers de Paris suivent la formation spécifique au métier
de pompier. Seulement une partie des
officiers doit se préparer, à l’École d’application du génie à Angers, également à
des affectations purement militaires,
comme par exemple celle en tant que
commandant de compagnie. On distingue les officiers d’armes de Saint-Cyr,
que nous rencontrons nous donnent la
même impression. Pompiers de Paris de
tout leur cœur. Le fait d’être militaire
n’a malheureusement pas pu être évité
en raison du statut particulier de Paris.
Mais ce n’est pas
pour autant que les
camarades de la
BSPP prennent de
grands airs – y compris face à leurs camarades des sapeurspompiers civils implantés en dehors de la
Capitale. « Nous ne
sommes pas une élite
Cela est peut être dû au
et faisons, en principe,
fait que les pompiers sont
la même chose que nos
peu demandés « hors zocollègues civils », affirne ». Des missions milime le sergent Sébastien
taires à l’étranger constiJournal. Allo Dix-H
uit de Pompiers
Perrin, « toutefois nous
tuent pour le pompier de
avons, en règle générarares exceptions, affirme le capitaine Lux. Seules les Saint-Cyriens, com- le, plus d’expérience ; mais ceci tient plutôt aux conditions particulières et à la
me il appelle les officiers d’armes, y sont
fréquence des interventions à Paris. »
régulièrement impliqués. Avant un tel
Une certaine fierté résonne dans la voix
engagement, ils rejoignent des unités
du jeune pompier de 27 ans. Et pour
cause. Le bilan des prestations de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris est
»? Déjà petit garçon, je voulais
tout autre que simplement présentable.
devenir pompier. À Paris, la seule
Dans la seule année 2006, les pompiers
possibilité est l’armée.
de Paris ont effectué environ 437 000 inCaporal Mounchem Lamour (25),
5e compagnie de la BSPP
terventions sur le territoire de la ville. A
notre départ, le caporal Brugalay nous
souhaite « Bonne route et à bientôt !».
traditionnelles du génie et deviennent
Ensuite, il se précipite sur le parvis de la
ainsi des militaires au sens propre du
caserne où attendent déjà plusieurs diterme. Mais aucun pompier de Paris ne
peut complètement exclure une partici- zaines de pompiers. Un exercice à granpation à ce genre de missions à l’étran- de échelle est prévu pour cette nuit. Un
pompier de Paris ne connaît aucun réger, explique le capitaine Lux. Il dit se
pit.
donner corps et âme à la BSPP et moins
Torsten Stephan
à la partie militaire. D’autres pompiers
Foto: bspp
la formation linguistique est reconnue
comme un point faible. Après tout, rien
que le nombre de touristes que Paris accueille tous les ans s’élève déjà à 28 millions. La ville compte parmi les destinations touristiques les plus
prisées du monde. En matière de langues étrangères, les
pompiers de Paris doivent
cependant se fier à leurs
connaissances scolaires ou
suivre une formation à titre
privé. La formation linguistique dans le cadre du
service n’existe pas.
Tour Eiffel. Des interventions dans des lieux
particuliers exigent aussi un entraînement particulier
● Historique. Les racines militaires des Pompiers de Paris remontent à Napoléon Bonaparte en personne. Celui-ci met en place par décret impérial du 18 septembre 1811 un corps de
sapeurs-pompiers pour la ville de Paris. Un terrible incendie le 1er juillet 1810 à l’ambassade
d’Autriche dans lequel périssent 10 personnes
suite à la desorganisation des pompiers est à
l’origine de cette décision. En créant ce nouveau bataillon placé sous l’autorité directe du
ministre de l’Intérieur, Napoléon Bonaparte
souhaite empêcher qu’un tel événement se reproduise.
www.pompiersparis.fr/recrutement/sapeurs-pompiers/
index
● Stationnement. La BSPP n’est pas seulement responsable de la zone urbaine de Paris,
elle assure également la protection incendie
du Centre spatial de la fusée Ariane en Guyane
française, du Centre d’essais des Landes au
sud de Bordeaux et d’un site d'extraction de
gaz naturel situé à Lacq Artix dans les Pyrénées. Certain pompiers sont mutés pour une
durée de quatre ans dans ces endroits respectifs et reviennent à Paris à l’issue de cette
période.
http://de.wikipedia.org/wiki/Centre_Spatial_Guyanais
● Effectifs. La Brigade de sapeurs-pompiers
de Paris compte quelque 8080 membres, dont
304 officiers et 1264 sous-officiers. 56 médecins viennent s’y ajouter. Les restant hommes
et femmes restants sont des militaires du rang.
» Mon cœur bat pour les pompiers,
car le résultat de notre travail
se présente tous les jours
devant nos yeux.
Capitaine Didier Lux (34),
Adjoint du Commandant de la 5e compagnie de la BSPP
n’assumant, en règle générale, qu’une
affectation intérimaire de quatre ans
chez les pompiers, les officiers sous contrat (15 ans d’engagement) et les officiers de l’École militaire interarmes. Ces
derniers se rapprochent le plus des officiers techniciens allemands.
Malgré tout le professionnalisme
dont les sapeurs-pompiers font preuve,
Foto: Andreas Beu (3)
Foto: bspp
BSPP, explique le commandant de compagnie. Lui et ses hommes doivent s’occuper d’environ 800 000 habitants. Le
parc de véhicules et l’équipement correspondent à ceux des sapeurs-pompiers civils aussi bien français qu’allemands. Tout est là, de la petite ambulance au grand camion équipé. Le grand
nombre de petits véhicules de type Renault Kangoo est particulièrement frappant. Ils sont destinés à des interventions d’envergure minimale réalisées en
binôme. « Mais les pompiers de Paris en
effectuent énormément », souligne le capitaine Lux en soupirant. Étant donné
que les pompiers ont un statut militaire,
leur interventions sont toujours gratuites pour les Parisiens. Et pour cela, en
cas de rupture de la canalisation, ils préfèrent appeler la BSPP plutôt que d’être
obligés de payer un plombier. Le capitaine Lux le prend avec humour : De
cette façon, ses hommes ont au moins
un entraînement régulier et ne s’ennuient jamais.
Appel d’urgence Tous les appels d’urgence en provenance de Paris arrivent au centre opérationnel
● Formation. Au cours des deux premiers
mois, les futurs pompiers effectuent une formation militaire et technique de base au Centre d’instruction des sapeurs-pompiers (CIR),
laquelle est directement suivie d’un apprentissage de quatre mois dans un centre de secours
de la ville. La dernière étape est une spécialisation de deux mois sur le plan technique et au
niveau des missions sauvetage ou extinction.
La formation militaire spécifique est dispensée au sein des écoles d’application, telles que
l’École d’application du génie.
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Brandbekämpfer
BeNeLux 3,60 € Österreich 3,50 € Schweiz 6,10 sfr
D-54592 – März – 2007 – 3,10 €
Die durch
das Feuer gehen
Generalinspekteur
Frankreich
Werte kennen
und verteidigen
Bündnispartner
und Mittelmacht
Y.
Magazin der
Bundeswehr
POSTER
Foto: bspp/Julien Pichot
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