vie pro : active et civile - La Saint

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vie pro : active et civile - La Saint
LE CASOAR - JANVIER 2016 - n° 220
VIE PRO : ACTIVE ET CIVILE
SAINT-CYRIEN A LA BSPP(1)
PAR LE COLONEL NORBERT JUNG - PROMOTION « CHEF DE BATAILLON DE COINTET » (1991-94)
J’effectue la première partie de mon parcours professionnel dans l’Artillerie et principalement au
35è Régiment d’artillerie parachutiste à Tarbes (1998-2004) au sein duquel j’effectue mon premier
temps de commandement (2è Batterie 2001-03). Cette période est également marquée par les
projections dans les Balkans, dans le Pacifique Sud et en Afrique.
Admis au concours de
l’École de guerre en 2007
pour un début de scolarité
en 2008 et dans une période
de forte restructuration et de
diminution significative des
temps de commandement de
chef de corps dans mon arme
d’origine, je connais alors une
forte incertitude quant à la suite de mon parcours. Lors de
l’entretien d’orientation avec la DRHAT, je fais part de mon
volontariat pour être étudié sur un temps de commandement
inter-domaine, sans avoir vraiment d’idée précise sur ce que
recouvre cette notion.
L’incertitude est levée en octobre 2010. En poste à
l’École de guerre en qualité de cadre professeur, un temps
de commandement à la BSPP (2014-16) m’est alors
proposé. Je commencerai par une année d’acculturation
au 3è Groupement d’incendie et de secours, suivi de deux
années de commandement en second au Groupement des
soutiens avant d’en recevoir le fanion. Je considère cette
proposition comme une véritable chance car elle me permet d’une part de commander un corps de 2000 hommes
et femmes, ce qui est sans équivalent dans les armées, et
m’offre d’autre part l’opportunité de découvrir un environnement opérationnel très riche et très diversifié et une mission
particulièrement lourde de sens.
Commence ainsi, au mois d’août 2011, une magnifique
aventure au sein d’une communauté d’hommes et de
femmes exceptionnels. Jeune lieutenant-colonel, j’enchaîne
les stages de formation au métier d’officier de sapeurs-pompiers de Paris les uns derrière les autres. Le premier, le plus
important d’entre eux, est celui de chef de garde incendie,
d’une durée de quatre mois en internat dans un fort du nord
de Paris. Ce stage, par son intensité, me ramène quinze
ans en arrière. C’est un mélange de classe préparatoire, du
3è Bataillon de l’ESM et du CNEC (Centre national
d’entraînement commando). La théorie est immédiatement
mise en pratique le jour même par les prises de garde la nuit
dans les centres de secours de la capitale et de la petite
couronne. C’est aussi l’apprentissage du passage de la
fameuse planche à rétablissement. Cette expérience indispensable facilite et accélère l’intégration dans un corps qui
a ses rites et ses codes. Je retrouve le goût et le sens de
l’action ainsi que la volonté du dépassement de soi que
j’avais connus dans les troupes aéroportées ainsi qu’un sens
du professionnalisme particulièrement aiguisé.
Je comprends alors que cette unité qui vient de fêter
son bicentenaire est en posture opérationnelle permanente
sur une zone d’opération à la fois complexe et sensible, au
service d’une population de 6,5 millions d’habitants. Son
rayonnement et son action dépassent largement sa zone
d’action et le cadre national.
À la tête du Groupement en charge du soutien et
des opérations de logistique de la Brigade, je ne constate
aucune rupture entre les sapeurs-pompiers en charge des
interventions et ceux chargés du soutien. Le langage et la
culture de l’efficacité sont les mêmes.
(1) Brigade des sapeurs-pompiers de Paris
PAR LE LIEUTENANT-COLONEL STÉPHANE FLEURY - PROMOTION « GÉNÉRAL GUILLAUME » (1990-93)
J’ai choisi l’arme du Matériel pour servir dans diverses unités
opérationnelles puis en administration centrale, avant de
rejoindre les services techniques (ST) de la Brigade de sapeurspompiers de Paris en 2006. Titulaire d’un diplôme technique,
j’effectue actuellement un temps de responsabilités de niveau 2
comme chef de bureau maintien en condition opérationnelle.
Lorsque la DRHAT m’a proposé cette affectation, j’avoue
ma surprise de découvrir qu’il était possible de rejoindre
les rangs de la BSPP au grade de commandant, d’autant
plus qu’il ne s’agissait pas simplement d’honorer un poste
mais d’acquérir, sur plusieurs années, la compétence
et l’expérience qui me permettraient à terme d’assumer les
responsabilités de chef de service.
Le premier contact fut assez rugueux puisqu’à l’époque,
tout officier affecté aux ST devait suivre la formation de chef
de garde incendie d’une durée de 5 mois, stage réalisé
avec les lieutenants sortant de la division d’application.
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La finalité de ce cursus restait toutefois sensiblement différente : pour les lieutenants, l’acquisition de savoir-faire utiles
à leur métier de sapeurs-pompiers de Paris, pour les officiers
des services, une connaissance parfaite du fonctionnement,
des procédures et des contraintes pesant sur les unités.
Cette indispensable phase d’acculturation permet une
prise en compte immédiate des particularités de la Brigade.
Unité militaire placée pour emploi auprès du Préfet de Police
de Paris, elle est opérationnelle 24h sur 24, réalisant plus de
450 000 interventions par an. Vu sous l’angle technique, il
s’agit de garantir la mise en service opérationnel de matériels
fiables et robustes, d’assurer une disponibilité technique de
près de 100% de manière permanente et de gérer un parc de
plusieurs centaines de milliers de matériels et engins.
Gérant un budget de près de 15 M€ par an, je suis responsable de l’ensemble des opérations relatives au cycle
de vie d’un matériel : j’exploite les expressions de besoin,
rédige les marchés, garantis la mise en service et le soutien
opérationnels, assure la gestion des parcs et procède à leur
retrait de service.
Disposant d’une très large liberté d’action dans le domaine
de l’achat et du soutien, la Brigade m’a offert de réelles responsabilités et la satisfaction de mettre en œuvre l’ensemble
des savoir-faire propres à un officier du Matériel.
PAR LE CAPITAINE MADELEINE BESSOT - PROMOTION « CHEF DE BATAILLON SEGRÉTAIN » (2006-09)
À mon arrivée, j’ai suivi un stage d’intégration de quatre
semaines : découverte du matériel et des missions des pompiers de Paris, et formation complémentaire en secourisme.
Puis j’ai pris mes fonctions d’officier adjoint à la CSI, dans la
perspective de remplacer le commandant d’unité au cours
de l’été 2016.
J’ai choisi l’arme du Génie et obtenu le régiment de
mon choix (le 3è Régiment du génie à Charleville-Mézières).
J’y ai effectué un parcours classique de chef de section puis
d’officier traitant au BOI.
Destinée à commander une unité élémentaire, je souhaitais initialement une compagnie Génie combat. Mais j’ai été
amenée à demander une mutation et la DRHAT m’a proposé
un temps de commandement (TC) à la Brigade de sapeurspompiers de Paris, au sein de la compagnie de soutien
infrastructure (CSI).
Cette mutation, bien que surprenante au premier abord,
s’est avérée être une opportunité intéressante car elle me
permet, tout en restant dans le Génie, de découvrir les
domaines « sécurité » (bien que je n’y tienne pas un poste
opérationnel) et « travaux ». En effet, la CSI, forte de 162
sapeurs-pompiers de Paris, assure le soutien du patrimoine
de la BSPP (80 centres de secours pour un effectif de 8000
hommes), autrement dit une mission d’« infrastructure opérationnelle ».
Au-delà de certains détails qui peuvent surprendre (les
pompiers ne portent pas de béret … et saluent tête nue !), j’ai
découvert un univers très militaire mais qui fonctionne assez
différemment de « la verte ». Le travail de la Brigade n’est
pas rythmé par les OPEX mais par la mission opérationnelle
quotidienne ; ici, le cycle de préparation n’est pas planifié sur
de longs mois mais est inclus dans le service de garde quotidien. De plus, les moyens dont dispose la Brigade, notamment la CSI, semblent importants pour qui a connu la PEGP
(Politique d’emploi et de gestion des parcs) en régiment. J’ai
également été surprise par le fait que cette unité d’élite est
finalement assez méconnue des autres unités des forces
armées. Cependant, l’exercice du commandement reste
sensiblement le même que dans toute autre compagnie. La
culture militaire de la Brigade n’a rien à envier à celle de « la
verte » et les responsabilités (et les soucis) du commandant
d’unité ne changent pas.
Ce passage à la BSPP devrait toutefois être de courte
durée car, à la fin de mon TC en 2018, je suis destinée à
quitter la Brigade pour retrouver un parcours plus classique
au sein de l’armée de Terre pour un officier d’origine « génie
combat », comme d’ailleurs la plupart des autres capitaines
de la BSPP, y compris ceux commandant une unité opérationnelle d’incendie, qui sont mutés dans « la régulière » à
l’issue de leur temps de commandement pour entamer leur
seconde partie de carrière.