Un archet qui pointe vers l`aventure

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Un archet qui pointe vers l`aventure
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JEUDI 25 AOÛT 2016
MOLÉSON
LE FOLKLORE À L’HONNEUR
Samedi et dimanche, le restaurant de Plan-Francey à Moléson
organise la troisième édition de
la Fête du folklore. Au programme: de la musique, de la
danse et des costumes. La manifestation accueillera notamment les 45 musiciens du
groupe folklorique Val d’Illiez
1860. Equipé de cloches et de
fouets, le Club Charivari de
Saint-Sylvestre reproduira dimanche les sons de la montée à
l’alpage. JER
Des acrobates de l’air
Equilibre L La billetterie des théâtres Equilibre et
Nuithonie est ouverte à partir de samedi. Tous ceux
qui n’ont pas pris d’abonnement peuvent donc dès
le 27 août réserver des billets individuels pour les
spectacles de la saison 2016-2017. Pour marquer le
coup, le parvis d’Equilibre accueille à Fribourg,
demain et samedi, deux solos circassiens, proposés
par des acrobates de la compagnie française Mauvais
Coton. Anne-Lise Allard danse dans la pièce Mues
sur un fil incliné, tandis que Vincent Martinez joue
dans Culbuto avec un mât conçu sur mesure, fiché
dans une demi-sphère et qui oscille (photo DR).
Chaque solo sera représenté deux fois durant ces
deux journées. L ELISABETH HAAS
F Ve 12 et 16 h (Mues), 13 et 17 h (Culbuto); sa 10 et 15 h
(Mues), 11 et 16 h (Culbuto), Fribourg
Sur le parvis d’Equilibre.
GRUYÈRES
ATELIER DE LUTHERIE
La construction d’un violoncelle baroque et d’un archet se
poursuit jusqu’à samedi au
château de Gruyères, dans le
cadre de l’Atelier de musique
ancienne. Le stage de lutherie,
qui a lieu tous les étés, sera
couronné dimanche à l’église
par le concert de La Chapelle
Rhénane, dirigée par Benoît
Haller. Au programme: des airs
et motets allemands de
Schütz, Buxtehude et Bach.
Vendredi, un pianoforte viennois permettra d’entendre Mozart en version originale. EH
L’électro cultive son luxuriant jardin
Fribourg L Les 5000 plantes du Jardin
botanique de Fribourg s’apprêtent à frémir d’inhabituelles sonorités. L’an passé,
elles y avaient échappé de justesse, le
mauvais temps s’étant invité à la première
édition fribourgeoise des Digitales. Mais
samedi, le festival itinérant de musiques
électroniques pourrait bien investir les
lieux avec ses machineries, ses transats,
ses stands de boissons et de mets régionaux. Le tout en pleine journée, dès
14 h30 et jusqu’à 21 h. De quoi mettre au
jour ce genre musical plutôt coutumier
des ambiances nocturnes? «En proposant
des concerts en journée et gratuitement,
l’idée est de s’adresser à tous les publics,
à tous les âges», explique Danilo Cagnazzo, organisateur de l’événement.
Une idée déjà ancienne: c’est depuis
2005 que Les Digitales investissent les
parcs et jardins des villes de Suisse. L’an
passé, la première édition fribourgeoise
a accueilli un peu moins d’un millier
d’auditeurs, dont 400 venus honorer
l’after à Fri-Son. Cette année, c’est au
Bilboquet que se déroulera la soirée
payante, dès 21 h.
En cherchant à démocratiser la musique électronique, cette manifestation
originale profite pour en présenter une
large variété. Dix artistes très différents
sont ainsi au programme. «Il y a un peu
de tout, de l’ambient, de l’électro-pop, de
l’électronica ou encore de l’expérimental», tente de définir Danilo Cagnazzo.
Voilà une
décennie que
la musique
électronique
investit les
jardins de
Suisse
­romande (ici
en 2015 à
Neuchâtel).
Alexandre
Dell’Olivo
Parmi ces bidouilleurs sonores, signalons notamment la venue des Allemands
d’About Aphrodite, qui n’oublient pas
saxophone et thérémine dans leur musique, ou du Zurichois Monoblock B, plus
proche pour sa part d’une ambiance
techno-industrielle. Deux groupes fribourgeois sont aussi de la partie: Horizon Liquide, formé par Laure Betris et
Valentin Savio, et Mondegreen alias
Martin Vonlanthen.
Au Bilboquet, la soirée s’annonce plus
dansante avec des groupes qui accompagnent leur musique énergique d’épatantes projections visuelles.
A ne pas manquer notamment, la venue du duo Vouipe, entendu au récent
Paléo Festival. De la haute voltige à haut
voltage! L THIERRY RABOUD
F Sa dès 14 h 30 Fribourg
Jardin botanique (ou Bilboquet en cas de pluie).
Rencontre avec la violoniste Kamilla Schatz, artiste en résidence du festival Murten Classics
Un archet qui pointe vers l’aventure
K BENJAMIN ILSCHNER
semaines interminables! La réponse positive m’a comblée.
Morat L Le festival d’été de Morat
Mais tout restait à faire…
Je venais de Bâle, qui était encore
un conservatoire de province. Le
niveau à Philadelphie était bien
plus élevé. C’était un choc de me
retrouver dans la classe de Szymon Goldberg. Un choc très sain.
J’ai pu abandonner mon statut
d’élève modèle et me mesurer à
d’autres étudiants bien plus avancés que moi. C’était la meilleure
chose possible pour mon développement personnel.
bat son plein. Artiste en résidence
de cette édition marquée du sceau
de la musique suisse, la violoniste
bâloise Kamilla Schatz y a donné
son premier concert dimanche.
Quatre dates restent à venir. Ce
soir et demain, elle jouera le
Double concerto pour violon et violoncelle de Brahms avec Razvan
Suma et l’Orchestre symphonique
de Berne. Mercredi soir, elle sera
accompagnée de l’orchestre de
Mannheim, sa ville d’adoption.
Le 4 septembre, dernier jour du
Murten Classics, elle couronnera
son séjour avec les Quatre Saisons
de Vivaldi. En début de semaine,
elle a accepté de délaisser son instrument entre deux répétitions,
le temps de revenir sur son parcours et ses multiples projets.
Comment envisagez-vous cette
résidence au Murten Classics?
Kamilla Schatz: L’idée est de montrer un large spectre, avec de la
musique de chambre, des concertos avec orchestre, des sonates
avec piano… C’est un peu un
concentré de ce que je fais tout au
long de l’année. Pour ce qui est
des programmes, Kaspar Zehnder
(le directeur artistique du festival,
ndlr) avait une idée précise de ce
qu’il voulait. L’une de ses grandes
forces est de concevoir soigneusement chacune des affiches, en
montrant qu’on peut faire de
belles découvertes, en creusant
loin sans pour autant rebuter le
public avec des œuvres trop pointues. La Sonate pour violon et piano
de Paul Juon que j’ai jouée ce dimanche était une magnifique
découverte pour moi-même.
Vous jouerez aussi une création
basée sur les Quatre Saisons de
Vivaldi…
Il s’agit de quatre Intermezzi de
Fabian Müller, l’un des compositeurs majeurs du pays. J’aime son
indépendance, son style bien à lui.
Comme le fil rouge de ce festival
Venait ensuite Toronto…
Un jour, j’avais eu l’occasion de
faire une masterclass chez Lorand
Fenyves. J’ai tout de suite senti
que je voulais étudier avec lui. J’y
suis allée au culot et lui ai demandé si c’était possible. Il était un peu
hésitant vu que j’étais encore au
Curtis Institute et qu’il me voyait
plutôt rentrer en Europe, mais
j’étais prête à le rejoindre à Toronto. La bourse Migros dont j’ai
bénéficié pendant trois ans m’a
permis d’aller de l’avant.
Du baroque au contemporain, Kamilla Schatz emmène son violon dans tous les recoins du répertoire. DR
est la Suisse, j’ai proposé de faire
appel à lui pour élargir le cadre
des Quatre Saisons. Il a imaginé
des cadences d’introduction et de
transition avant et entre les pages
de Vivaldi, ce sera un beau moment de les dévoiler au public.
A chacun des cinq concerts, vous
devez vous adapter à d’autres
partenaires de scène. Est-ce
délicat de trouver ses marques
dans ces différentes
­configurations?
Oui, mais ce sont des collègues
avec qui j’avais déjà travaillé par
le passé. Je me réjouis de les retrouver ici, et la diversité est toujours bienvenue. En tant que
musicienne indépendante, je suis
heureuse de chaque demande qui
me parvient. Parfois, je me permets de refuser un engagement
s’il me prend trop de temps loin
de chez moi. Mais si c’est un projet intéressant, la tentation est
toujours grande de dire oui. En
tout cas, je tiens à jouer réguliè-
rement des œuvres que je n’avais
pas encore à mon répertoire, à
suivre des propositions inhabituelles, à m’aventurer dans des
projets qui ne me seraient pas
venus à l’esprit. Je ne serais pas
une artiste épanouie si je ressassais seulement ce que je connais
déjà.
Est-ce aussi ce goût de l’aventure
qui vous avait amenée à prendre
le large et faire vos études en
Amérique du Nord?
Il y a vingt ans, il n’y avait pas
encore autant de bonnes adresses
pour étudier. Le Curtis Institute
de Philadelphie était l’un de ces
rares bastions de réputation mondiale. J’ai tenté ma chance tout en
sachant que le taux d’admission
y est plus bas qu’à l’Université de
Harvard. Nous étions huitantehuit violonistes du monde entier
pour seulement trois places. L’audition s’est bien passée, mais j’ai
dû patienter trois semaines avant
d’être fixée sur mon sort. Trois
Par la suite, vous avez vousmême enseigné à Genève et en
Allemagne. Pensez-vous
reprendre cette activité un jour?
C’est une immense responsabilité
d’accompagner des étudiants, et
cela demande beaucoup de temps.
Je préfère rester plus proche de la
scène. Je m’investis aussi dans
l’organisation du festival Resonanzen, à Sils Maria. Mais pourquoi pas un jour mettre sur pied
un camp de musique pour des
enfants. Pas pour ceux qui font
déjà beaucoup de musique, mais
plutôt pour ceux qui viennent
d’autres milieux et qu’on pourrait
attirer dans cet univers. Beaucoup
d’enfants seraient doués, ont une
bonne oreille, mais ne sont pas
entourés de musique à la maison
et n’y ont donc pas accès. J’aimerais leur offrir cette chance. L
F Je, ve, me 20 h Morat
Cour du château. Programme complet à
l’agenda.