Wafa 26-29
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Wafa 26-29
LA REVUE SOCIÉTÉ Par son sourire, sa façon d’être si naturelle et entière, elle a rapidement conquis le cœur des Libanaises et des Libanais. Très à l’aise dans son nouveau “job”, Wafa’ Sleiman n’a eu aucun mal à s’adapter à sa nouvelle vie et à délimiter ses fonctions, à savoir: être à l’écoute des besoins de la société libanaise, développer le volet socioculturel de la présidence, seconder son mari et être l’ambassadrice de la Libanaise au plan international. Education, pauvreté, santé, maltraitance infantile, délinquance juvénile, le statut de la femme arabe et libanaise en particulier, autant de dossiers qui nécessitent assistance et soutien. Pour cela, elle compte créer une commission pour combler les besoins, dont souffrent les associations dans les différents secteurs sociaux. Présidente de la commission nationale de la femme, Mme Sleiman tient, surtout, à modifier certaines lois discriminatoires à l’égard de la femme dans le pays. Convaincue de la nécessité de la présence de la femme aux postes de décision, elle œuvre pour sensibiliser le président sur l’importance des femmes au sein du gouvernement et pour réclamer, dans un premier temps, un quota féminin au parlement. Des idées bien claires, un programme tout tracé englobant le social, le culturel et le caritatif. Wafa’ Sleiman, une Première dame contemporaine, une battante qui croit en la femme au foyer et au travail, comme en l’égalité des sexes. N’a-t-elle pas élevé ses filles en ce sens, à l’instar de son fils, des femmes de carrière? Rita, son aînée est médecin-dentiste; Lara, la cadette, architecte et Charbel, le benjamin, étudiant en médecine. Originaire d’Amchit, où elle a grandi, elle a rencontré son époux par le biais de sa belle-sœur, qui était l’une de ses amies. Diplômée de l’Ecole normale et ayant poursuivi des études universitaires en philosophie, elle a été professeur de français durant quinze ans dans le secteur public, avant d’occuper un poste de direction dans l’une des branches du ministère de l’Education nationale. Interview exclusive de la Première Libanaise En famille autour du président Michel Sleiman et de la Première Libanaise, de g. à d.: leur fils Charbel, leur gendre Nabil Hawat, leurs filles Lara Hawat et Rita Baroudi, leur gendre Wissam Baroudi et leurs petits-fils: Chawki et Shérif. Wafa’ Sleiman: “En ces jours de fête, je pense à toutes celles et à tous ceux qui sont en peine” LA REVUE 42 DU LIBAN 26 27 DÉCEMBRE 2008 - 3 JANVIER 2009 Q uelques mois et déjà à votre actif plusieurs voyages officiels, des rencontres avec des Premières dames; avec qui d’entre elles avez-vous pu nouer des amitiés? Toutes celles que j’ai eu l’occasion de rencontrer jusqu’ici m’ont impressionnée, tant par leur dynamisme que par leur accueil et leur gentillesse. Quelles Premières dames du monde souhaiteriez-vous rencontrer? Certainement toutes celles que je n’ai pas encore rencontrées! Vous avez été aux côtés de votre mari, exerçant votre rôle en tant qu’épouse du commandant en chef de l’Armée et, maintenant, vous êtes la Première dame de la République; où vous retrouvez-vous? Ce sont certainement deux rôles différents. La femme du commandant en chef de l’Armée n’a pas de rôle public, alors que la Première dame a une immense responsabilité vis-à-vis des Libanais, d’autant plus que ces derniers attendent beaucoup de la nouvelle présidence. La Première dame doit être à l’écoute des besoins de la société libanaise, notamment des plus nécessiteux, des plus pauvres, des personnes âgées, des enfants. Elle doit représenter et développer le volet social et culturel de la présidence. Puis, elle a également pour tâche de seconder le président, de lui être un soutien moral dans sa LA REVUE lourde responsabilité. La femme du chef de l’Etat est également l’ambassadrice de la femme libanaise au plan international. SENSIBLE À LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE Chaque Première dame dresse un plan de travail et vise une catégorie de la société à aider et à soutenir. Quelle a été votre option? Les causes qui me tiennent à cœur sont nombreuses, à commencer par l’éducation, la pauvreté, la santé. Je suis, également, sensible à la maltraitance infantile et la délinquance juvénile. Ce que j’entends par maltraitance, n’est pas seulement le fait de frapper mais, aussi, de faire travailler ses enfants qui sont les êtres les plus fragiles de notre société; il est de notre devoir de les protéger. Ils vont prendre le relais et ce sont eux les citoyens libanais de demain. Je m’intéresse, également, au statut de la femme arabe en général et libanaise, en particulier. Les chantiers sociaux au Liban sont nombreux; je compte pour cela créer une commission qui veillera à combler les manques dont souffrent les associations dans les différents secteurs sociaux: aider les associations travaillant avec les vieux, les pauvres et les malades... ➠ 42 DU LIBAN 27 27 DÉCEMBRE 2008 - 3 JANVIER 2009 LA REVUE SOCIÉTÉ Le président et Mme Michel Sleiman. permette d’intervenir en Une nouvelle maison, un politique. Cependant, j’essaie de nouveau départ, un nouveau donner mon avis sur certains foyer, quels changements, dossiers qui me tiennent à cœur, quelle touche personnelle comme la promotion du rôle de avez-vous apporté au palais de la femme au sein de la vie Baabda pour le transformer en publique libanaise ou encore le demeure familiale, pour ceux développement d’une meilleure qui y habitent auprès de vous? protection des personnes les Enfants et petits-enfants s’y plus démunies au sein de notre retrouvent-ils pour des société - les personnes les plus déjeuners de famille? Le président et Mme Sleiman avec leur fils Charbel, leur fille Lara âgées et les plus jeunes -, les Tout a été très rapide depuis que et son époux Nabil Hawat. disparus, sans oublier le soutien j’ai emménagé à Baabda. J’ai de la recherche scientifique qui permet, jour après jour, de découvrir commencé par modifier certaines choses nécessaires; puis, le reste viendra des remèdes ou solutions aux maladies les plus dangereuses et les plus avec le temps. La famille s’y retrouve, parfois, le week-end. difficiles à vivre. Le président Sleiman, tel que je le connais, est un Qu’est-ce qui a changé dans votre vie de famille depuis que votre homme de dialogue, qui forge sa décision par consultations. Nous époux a accédé à la magistrature suprême? sommes mutuellement à l’écoute l’un de l’autre. Nous avons moins de temps pour nous, puisque nos emplois du temps sont très chargés. LA LIBANAISE PARTICIPE ACTIVEMENT À LA VIE PUBLIQUE Que tenez-vous le plus à préserver malgré les nombreuses Vous avez été une femme au travail et avez élevé dans ce sens vos occupations de vos nouvelles fonctions? filles qui sont des femmes de carrière. A votre avis, comment Ma famille, ainsi que ma vie privée. améliorer la condition des femmes au Liban et que pensez-vous de Auriez-vous des moments à vous et rencontrez-vous d’anciennes la femme au travail? amies? La femme libanaise est instruite, dynamique, professionnelle - et participe de J’essaie de rester en contact avec mes amies. Nous nous appelons, manière active à la vie de sa régulièrement et essayons de nous communauté elle l’a, d’ailleurs, voir, lorsque j’ai du temps libre. Le rôle de la femme du chef de l’Armée démontré pendant la guerre et les diffère de celui de la femme du président de vingt dernières années elle devrait NOUS SOMMES À L’ÉCOUTE L’UN par conséquent, occuper toute la DE L’AUTRE la République place qu’elle mérite au sein de la Conseillez-vous le président et écoute-t-il vos conseils? société et, particulièrement, au Je me soucie de préserver notre vie privée, niveau de la fonction publique. Selon la Constitution libanaise, la Première dame ne jouit pas ont réussi, mais il n’est tout en restant en contact avec mes amies Certaines d’un statut officiel qui lui pas toujours facile d’assumer des positions au sommet, au niveau régional et international. Bien sûr, il y aura toujours lieu d’améliorer les choses, ainsi que les objectifs à atteindre. Je crois qu’aujourd’hui, il est nécessaire de renforcer la participation dans la vie publique et cela passe, à mon avis, par l’éducation civique qui joue un rôle important à cet égard. Il faudra éduquer tous les citoyens, qu’ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes, sur l’importance de leur participation à la vie publique. Sans oublier, bien entendu, les campagnes de sensibilisation aux droits de la femme. En tant que présidente de la commission nationale de la femme, j’essaie de m’investir autant que possible dans ce secteur, afin de modifier certaines lois discriminatoires à l’égard des femmes au Liban. Vous avez déclaré œuvrer pour voir encore plus de femmes accéder aux postes de décision, notamment au gouvernement; comment allez-vous vous y prendre? Tout d’abord, sensibiliser le président sur l’importance des femmes au gouvernement. Puis, en ce qui concerne les députés, réclamer un quota féminin, mais dans un premier temps. Dans un deuxième temps, une fois leurs droits acquis, les femmes pourront elles-mêmes les maintenir, ainsi elles n’auront plus besoin de quota. Actuellement, vous êtes la présidente de la commission des affaires de la femme; quelle est, à votre avis, la performance de cette commission et quelle innovation pensez-vous y apporter? Nous comptons travailler énormément sur le côté juridique. En effet, ce dernier joue un rôle primordial, puisque certaines lois régissant le droit de la femme sont caduques. Nous essayons d’avoir une réflexion commune et approfondie avec les organisations qui travaillent sur ce sujet depuis plusieurs années déjà, ainsi qu’avec le législateur. JE COMPTE M’ACTIVER DANS LE SOCIAL ET LE CARITATIF Certes, la fonction est celle du président de la République, mais si l’on y pense, la Première dame a beaucoup de travail à faire sur le plan du social et du caritatif, spécialement par les temps qui courent; avez-vous déjà formé votre équipe de travail? Je forme actuellement mon équipe. Qui est Wafa’ Sleiman? Originaire d’Amchit où j’ai grandi avec mon frère Farid et ma sœur Rosy au sein d’une famille très unie, j’ai fait l’école normale et poursuivi des études de philosophie à l’Université, avant d’enseigner le français pendant plus de quinze ans dans des établissements publics. Après cela, j’ai occupé un poste de direction dans une branche du ministère de l’Education pendant dix ans. J’ai rencontré mon mari par le biais de sa sœur qui était l’une de mes amies. Nous avons trois enfants. L’aînée, Rita est dentiste et mère de deux adorables garçons; Lara, la cadette, qui s’est mariée récemment, est architecte et Charbel, le benjamin est étudiant en 6ème année de médecine à l’Université de Balamand. J’essaie de passer le plus de temps possible auprès d’eux et de mes petits-enfants, Chawki (2 ans) et Shérif (9 mois). J’ai toujours tenté d’être à l’écoute de ma famille et de la soutenir dans tout ce qu’elle entreprend. Votre époux en quelques mots? Il est attentif, patient et travailleur. Il a un amour inconditionnel pour le Liban et place par-dessus tout les intérêts de son pays. Les plus beaux instants de votre vie? Dans ma vie privée, la première fois où j’ai été mère et grand-mère. Dans ma vie publique, lorsque mon mari a été nommé commandant en chef de l’Armée et bien sûr élu président. La chose la plus chère à votre cœur que vous souhaiteriez voir se réaliser pour le Liban? Certainement la paix et la prospérité, un souhait partagé par la plupart des Libanais. J’aimerais, également, que le Liban récupère son rôle de carrefour culturel arabe et international. Il faut œuvrer en vue d’amener plus de femmes au gouvernement Il faut réclamer dans un premier temps le quota féminin à l’hémicycle La Première dame entourée des enfants de l’hôpital St-Jude. LA REVUE 42 DU LIBAN 28 27 DÉCEMBRE 2008 - 3 JANVIER 2009 Comment décrivez-vous en bref Amchit, votre village natal? Il a un cachet très particulier, chargé d’Histoire. Ses habitants sont chaleureux et c’est une localité où même les étrangers se sentent à l’aise. C’est le village de mes souvenirs. Les fêtes de Noël et du Nouvel An, comment les passez-vous? Comme la plupart des Libanais, en famille. Pour ce premier Noël à Baabda et avec la nouvelle année qui s’annonce, que dites-vous aux Libanais? Je pense, d’abord, à toutes celles et à tous ceux qui sont victimes de la maladie, de la solitude, aux personnes âgées, à celles qui ont perdu un être cher: un enfant, un parent, un proche, aux familles des disparus et à tous ceux qui sont en peine. Au seuil de cette nouvelle année, j’adresse à chacune et à chacun des Libanais mes vœux les plus chaleureux et je souhaite au Liban, une année de paix et de prospérité. ■ NADINE FARRA ZAKHEM Mme Wafa’ Sleiman avec notre collaboratrice Nadine Farra Zakhem. LA REVUE AMCHIT EST LE VILLAGE DE MES SOUVENIRS 42 DU LIBAN 29 27 DÉCEMBRE 2008 - 3 JANVIER 2009