Artificial snow and its impacts in a ski resort and its mountain
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Artificial snow and its impacts in a ski resort and its mountain
International Snow Science Workshop Grenoble – Chamonix Mont-Blanc - 2013 Artificial snow and its impacts in a ski resort and its mountain hydrosystem. Example of Avoriaz resort L’enneigement artificiel et ses impacts au sein d’une station de ski et de son hydrosystème de montagne. Le cas de la station d’Avoriaz 1, 1 Elodie Magnier * Institute of geography, University of Lausanne (Switzerland), and Institute of geography, University of Paris IV Sorbonne, France. ABSTRACT: The practice of artificial snowmaking is recent (1950 in the United States) and since 1990, French resorts, including Avoriaz, as well as their Swiss, German, Austrian and Italian counterparts began to equip themselves. At the beginning, this technique was used to compensate the lack of snow in certain years and certain areas. But, very rapidly, it became an economic tool in the competition between resorts. Snowmaking requires large quantities of water, which are pumped from drinking water reserves in the Avoriaz resort. This activity takes place in the winter season (from December to April) when streams reach their lowest level, and water needs for drinking water production are high due to the high seasonal population. This paper aims to analyze the reasons of snow production and evaluate positive and negative impacts of artificial snow in the station (MorzineAvoriaz, France) and in the catchment area (The Dranse de Sous Saix in Morzine-Avoriaz). This activity is necessary for the resorts to maintain and develop the economic activities. However, there is important impact on water resource. The mobilization of a large volume of water over a very short period can generate risk situations. So it is important to manage the water resource properly in the years to come, so as avoiding the creation of conflicting interests. The impacts affect the hydrosystem functioning, especially in small mountain catchment area. KEYWORDS: Artificial snow, water resource, mountain area, catchment area, hydrosystem. RESUME : La pratique de l’enneigement mécanique est récente (1950 aux Etats-Unis) et, depuis 1990, les stations françaises dont Avoriaz, tout comme leurs homologues suisses, allemandes, autrichiennes et italiennes commencent à s’équiper. Au début cette technique est utilisée pour compenser le manque de neige certaines années dans certains secteurs. Mais très rapidement elle est devenue un outil économique pour la concurrence entre les domaines. Les canons à neige nécessitent de grandes quantités d’eau pompées dans les réserves d’eau potable à Avoriaz. Cette activité se déroule en saison d’hiver (de décembre à avril), en période d’étiage des cours d’eau et lorsque les besoins en eau potable sont importants du fait de la hausse de la fréquentation touristique. Cet article à pour but d’analyser les raisons de la production de neige et d’évaluer les impacts autant positifs que négatifs de la neige artificielle sur la station de Morzine-Avoriaz et sur le basin versant de la Dranse de Sous-Saix. Cette activité est nécessaire pour maintenir et développer l’économie d’une station. Cependant, les impacts sur la ressource en eau sont importants. La mobilisation d'un grand volume d'eau sur une très courte période peut générer des situations de risque. Les impacts concernent également le fonctionnement de l’hydrosystème, et plus particulièrement dans les petits bassins versants de montagne. Il est donc important de bien gérer la ressource en eau dans les années à venir afin d'éviter la création de conflits d'intérêts. MOTS-CLEF : Neige artificielle, ressource en eau, espace de montagne, bassin versant, hydrosystème. ______________________ Corresponding author address: Elodie Magnier, Institute of geography, University of Lausanne, Switzerland and Institute of geography, University of Paris IV Sorbonne, France; email: [email protected] 1163 International Snow Science Workshop Grenoble – Chamonix Mont-Blanc - 2013 1 LE BASSIN VERSANT DE DRANSE DE SOUS-SAIX, LIMITES DESCRIPTION Pour les besoins de l’étude, le bassin versant choisi est celui de la Dranse de Sous-Saix qui 2 draine une superficie de 33.5 km . Il s’agit d’un sous-bassin du bassin versant de la Dranse de Morzine, qui se jette dans le lac Léman. La Dranse de Sous-Saix est un petit cours d’eau de montagne caractérisé par un régime naturel pluvio-nival, avec des débits quasi nuls en hiver, et une forte hausse du débit au printemps lors de la fonte des neiges et en été durant les épisodes orageux. La Dranse de Sous-Saix est alimentée par une multitude de petits cours d’eau dont la plupart sont intermittents. La particularité de ce bassin versant est la partie amont du bassin (du col du Fornet à la pointe de Chavanette) qui transite par le lac d’Avoriaz avant de rejoindre en aval la Dranse de Sous-Saix. LA ET Le secteur de recherche est celui de la station d’Avoriaz, située dans les Alpes du Nord, dans le massif du Chablais (figure 1). Cette station appartient au plus grand domaine d’Europe, celui des Portes du Soleil. Il s’agit d’un domaine transfrontalier partagé entre 8 stations françaises et 4 stations suisses. Le domaine d’Avoriaz se localise au centre des Portes du Soleil, à une altitude comprise entre 1800 et 2460m. Il s’agit donc d’un site très fréquenté par les skieurs transitant entre les différents domaines et stations. Figure 1. Limites de l’étude : la station d’Avoriaz (domaine des Portes du Soleil) et le bassin versant de la Dranse de Sous-Saix. Aujourd’hui, ce bassin versant a été fortement anthropisé et artificialisé (Figure 2). Tout un système de réseaux d’alimentation en eau de la station est venu modifier les écoulements naturels. Une partie des écoulements souterrains et de surface dans le secteur Fornet-Chavanette est captée et directement envoyée par un réseau de canalisations vers l’usine de filtration pour la production d’eau potable. Les écoulements restants, non captés, s’écoulent naturellement en direction du lac d’Avoriaz. Ce lac à l’origine naturel, a été modifié et se compose de 3 bassins, un premier bassin de décantation pour retenir les sédiments, un second bassin dans lequel sont effectués les pompages et un dernier bassin qui sert de trop-plein. En effet, durant la saison d’hiver, la station prélève dans le second bassin l’eau nécessaire à la production d’eau potable mais également l’eau 1164 International Snow Science Workshop Grenoble – Chamonix Mont-Blanc - 2013 L’artificialisation du bassin versant est renforcée par la présence de nombreuses canalisations souterraines pour l’alimentation en eau potable et pour l’enneigement artificiel. Il faut également ajouter les câbles d’électricité et les usines qui renvoient l’eau et l’air sous pression aux canons. utilisée pour la production de neige. Le tropplein du troisième bassin, situé à une hauteur de 12,24 m, est particulièrement important puisqu’il conditionne les écoulements dans la Dranse de Sous-Saix située à l’aval du lac. Lorsque le niveau du lac est supérieur à 12.24 m l’eau se déverse vers l’aval. Tous ces éléments sont invisibles en surface mais contribuent à modifier considérablement le fonctionnement naturel du bassin. Enfin sont implantés dans l’espace les divers canons, qu’ils soient mobiles ou permanents. Le lac d’Avoriaz a lui aussi été fortement modifié pour les besoins de l’enneigement, installation de micro-barrages (pour les particules), de bâches qui recouvrent le fond du bassin et de canalisations qui 1 parcourent son fond (bullage et alimentation des canons). Figure 2. Le bassin versant de la Dranse de Sous-Saix et les aménagements anthropiques pour les prélèvements d’eau. 1 Le bullage est un procédé qui contribue au remous permanent de l’eau de fond de bassin par injection d’air. Ce remous maintien l’eau à une température de 2 à 3°C et permet d’éviter le gel en profondeur, tandis que la surface de ce lac artificiel est englacée. 1165 International Snow Science Workshop Grenoble – Chamonix Mont-Blanc - 2013 d’altitude. Cela peut poser problème pour l’enneigement car même si le domaine de la station d’Avoriaz est situé entre 1800 et 2460 m d’altitude et semble donc ainsi à l’abri, les liaisons Morzine-Avoriaz, Morzine-Châtel qui permettent d’accéder à ce domaine se localisent à des altitudes plus basses, environ 1200-1500 m. Le tableau présentant les probabilités d’enneigement de la station d’Avoriaz sur une période de 1965 à 2000 définit 2 périodes à risques pour les stations (Figure 2). En effet, la probabilité d’avoir une hauteur de neige damée d’environ 40 cm (condition nécessaire pour l’ouverture du domaine) est de 50% le 25 décembre, et de 65% le 25 avril. Il semble donc nécessaire pour ces stations de recourir à l’enneigement artificiel en début et fin de saison pour garantir l’ouverture du domaine aux touristes. Car si la neige venait à manquer, cela pourrait être catastrophique pour l’économie de la station. De plus, le recours à l’enneigement artificiel est indispensable pour les stations qui se servent de cet argument en publicité. L’étude a montré que les stations ayant des installations de production de neige sont préférentiellement choisies par les touristes. 2 LE SYSTEME DE PRODUCTION DE NEIGE SUR LA STATION D’AVORIAZ C’est la station la plus élevée du domaine (1180 à 2466 m), c’est aussi une station dite « skis aux pieds ». La circulation se fait uniquement à ski, en traîneaux ou par le biais des remontées mécaniques. La production de neige y est indispensable pour faciliter la circulation des skieurs au centre de la station. Il s’agit également du centre de toutes liaisons entre les diverses stations du domaine skiable. De ce fait, la production de neige a démarré très rapidement, dès les années 1990. Aujourd’hui on estime que 20% du domaine est enneigé mécaniquement soit 57.5 hectares (132 enneigeurs pour 100 km de pistes). Les canons à neige sont répartis sur l’ensemble du domaine en des points stratégiques : secteurs très fréquentés et chemins de liaisons, en particulier certaines pistes traversant la station et permettant de relier le diverses stations du domaine transfrontalier. Le lac 1730 d’Avoriaz, 3 d’un volume de 140 000 m est géré par une société privée, la Lyonnaise des Eaux. La particularité de cette station réside dans le partage de la ressource en accord avec la Lyonnaise des Eaux et la SERMA (Société d’exploitation des remontées mécaniques d’Avoriaz). Ce partage dépend de la ressource disponible dans le lac. Pour évaluer au mieux la ressource, un système de mesure du niveau d’eau dans le lac a été mis en place en 2011. En cas de manque d’eau, les pompages pour la production de neige sont immédiatement stoppés. La priorité sera toujours donnée à l’alimentation en eau potable. Enfin pour limiter la production de neige, la station d’Avoriaz s’est équipée depuis quelques années de dameuses à radar qui mesurent la hauteur de neige sur les pistes. Figure 2. Probabilité d’occurrence d’une hauteur de neige donnée sur la station d’Avoriaz (en pourcentage) Hauteur de 25 neige Décembre 20 cm 75 40 cm 60 cm 50 30 15 Février Supérieur à 90 Supérieur à 90 90 25 Avril 85 65 45 Risque existant Le pourcentage a été calculé d’après les données de la station météorologique MétéFrance des Gets (1172 m d’altitude) sur une période de 1965 à 2000. 3 LES BESOINS DE PRODUCTION DE NEIGE AUJOURD’HUI ET POUR LES ANNEES A VENIR Le climat de cette région favorise la production de neige, avec des températures hivernales 2 inférieures à 2°C . Quand aux précipitations, elles se répartissent sur toute l’année avec plus de 1500 mm de précipitations annuelles et parfois jusqu’à 2260 mm (2001). Une part importante de ces précipitations tombe sous forme de neige. La limite pluie - neige est souvent située aux alentours de 1200-1500 m 4 LA NEIGE ARTIFICIELLE, IMPACTS POSITIFS OU NEGATIFS ? DES Comme nous venons de le voir, les retombées économiques pour les stations équipées de neige de culture ne sont pas négligeables. Mais la production de neige est souvent critiquée dans les médias ou par les associations de protection de l’environnement. Cette production a-t-elle réellement un impact sur l’hydrosystème et la ressource en eau ? 2 D’après les relevés de la station MétéoFrance aux Gets située à 1400m d’altitude. 1166 International Snow Science Workshop Grenoble – Chamonix Mont-Blanc - 2013 pompée dans le lac pour l’enneigement artificiel puis pour la production d’eau potable), la succession des prélèvements au cours de la saison entraîne une baisse du niveau du lac en janvier-février et une nouvelle baisse en mars. Une fois les pompages arrêtés, le niveau du lac augmente à nouveau lors de la fonte du manteau neigeux. La baisse de la ressource et le marnage du lac ne peuvent donc se justifier uniquement par la production de neige mais par une accumulation des prélèvements pour les divers usages sur les 5 mois de la saison d’hiver (de novembre à mars). Il n’existe pas à ce jour de conflits et de risques de conflits. Mais la situation est à surveiller car la station d’Avoriaz devra faire face dans les années à venir à des productions de neige de plus en plus importantes (augmentation de près de 70% en 8 ans) et à un accroissement de la population touristique (nouvelles constructions livrables en 2013). 4.1 Baisse de la ressource en eau à l’échelle locale L’étude porte sur les années 2000 à aujourd’hui et plus particulièrement sur la saison hivernale 2010-2011 qui, en raison des conditions d’enneigement peu favorables, a connu de forts pompages pour l’enneigement artificiel et l’alimentation en eau potable (Figure 3). Les volumes pompés à l’échelle de la saison sont particulièrement importants : 3 3 45 674 m pour l’eau potable et 115 215 m pour l’enneigement. A l’échelle journalière, ces prélèvements sont tout aussi importants en particulier pour la production de neige. 3 10 114 m sont pompés dans le lac le 24 janvier (en quelques heures). C’est bien l’intensité de l’usage qui pose problème pour la gestion de la ressource. Car même si il y a un décalage des pompages (l’eau est d’abord 25 10000 20 8000 15 6000 10 4000 Mise en vidange du lac Eau potable Neige artificielle Niveau du lac 01-sept. 01-août 01-juil. 01-juin 01-mai 01-avr. 01-mars 01-févr. 01-janv. 0 01-déc. 0 01-nov. 2000 5 Niveau du lac en m 12000 01-oct. Volumes pompés en m3 Figure 3. Les prélèvements pour la neige artificielle et l’eau potable et les variations du niveau du lac 1730 sur la station d’Avoriaz en 2010-2011. Période de remplissage précipitations importantes les jours précédents confirment l’apport des petits cours d’eau intermittents dans l’approvisionnement du lac. Ainsi le marnage du lac joue un rôle limité sur la répartition et le volume des écoulements. En hiver, lorsque les températures sont négatives et les précipitations sous forme neigeuse, l’approvisionnement du lac alimente à lui seul les écoulements de la Dranse. Durant cette période, l’impact indirect des prélèvements qui conditionnent le niveau du lac est important. Mais le reste de l’année, l’impact est fortement limité. La part des prélèvements sur le volume total des écoulements confirme le moindre impact des activités sur l’hydrosystème 4.2 Modifications du régime de la Dranse de Sous-Saix Le marnage du lac, dont le niveau d’eau passe au dessous du trop plein (13.22 m) en saison d’hiver modifie les écoulements de la Dranse de Sous-Saix à l’aval (Figure 4). Lorsque le niveau du lac passe sous la hauteur du trop-plein, le débit de la Dranse de 3 Sous-Saix diminue fortement (0 m /s du 13 février au 16 mars 2011). Mais le lac n’est pas la seule source d’alimentation du cours d’eau qui reçoit également l’approvisionnement de petits cours d’eau intermittents. Ainsi en avril, malgré un niveau du lac inférieur au trop3 plein, le débit est supérieur à 400 m /s. Des 1167 International Snow Science Workshop Grenoble – Chamonix Mont-Blanc - 2013 (Figure 5). En effet, ceux-ci ne dépassent pas 3 0.06 m (prélèvement pour la neige en 3 décembre). Quand aux restitutions de ces volumes d’eau pompés, là encore les volumes 3 sont particulièrement faibles (0.53 m ). Le régime de la Dranse est aujourd’hui artificialisé par les actions anthropiques dans le bassin versant. Mais les conséquences sur l’hydrosystème sont limitées. En effet, le régime connait de basses eaux et un étiage marqué en hiver avec une augmentation des écoulements au printemps et en été (fonte du manteau neigeux et orages estivaux). Ce régime est donc relativement proche du régime naturel pluvio-nival qui caractérisait ce cours d’eau avant les aménagements anthropiques. Plus à l’aval, à l’échelle du bassin versant de la Dranse de Morzine jusqu’à l’exutoire du lac Léman, les activités sont de 3 types : la pêche, les activités de loisir nautiques et la production hydroélectrique. Les nombreux affluents de la Dranse de Morzine alimentent les écoulements. Ceux-ci sont particulièrement importants tout au long de l’année. Ce débit 3 moyen à l’année est de 7.7m /s et environ 3 5 m /s les mois d’hiver (Mesures relevées à Seytroux en amont de la centrale de Bioge). De plus la centrale de Bioge pour la production hydroélectrique et les centres de loisirs nautiques (kayak, rafting et nage en eau vive) ont passé un accord pour maintenir un débit 3 minimum de 0.21 m /s dans le cours d’eau et ainsi satisfaire au mieux l’ensemble des usages présents dans le bassin versant. 4.3 Des risques de conflits d’usage limités à l’aval Du fait de la faible modification du régime hydrologique naturel de la Dranse de SousSaix, les risques de conflits à l’aval sont réduits. Si l’on se limite au bassin versant de la Dranse de Sous-Saix, la seule activité présente à l’aval est celle de la pêche à la truite. Cette activité est peu impactée par les prélèvements en amont. Figure 4. Le débit de la Dranse de Sous-Saix à la sonde des Prodains et la variation du niveau du lac 1730 pour la saison 2010-2011 3 Les volumes d’eau restitués ont été calculés sur la base du volume total des prélèvements (eau potable et neige artificielle) sur l’ensemble de la saison d’hiver. En l’absence de données précises, ce volume global a été réparti sur les 3 mois suivants l’arrêt des pompages sur le principe d’une restitution égale pour chacun des mois. Ce qui n’est évidemment pas le cas dans la réalité. 1168 International Snow Science Workshop Grenoble – Chamonix Mont-Blanc - 2013 Volumes en millions de m3 Figure 5. Part des prélèvements pour la neige de culture et l’eau potable sur le volume d’eau écoulé dans la Dranse de Sous-Saix pour la saison 2010-2011. 1200 1000 0,053509 0,053509 0,053509 800 600 400 0,060425 0,03761 0,016719 0,001119 200 0,021771 0,021974 0 Volume écoulements Eau potable 5 CONCLUSION Neige artificielle Volume restitué Ces prélèvements et la variation du niveau du lac 1730 qu’ils entraînent, artificialisent le régime de la Dranse de Sous-Saix. Mais les variations observées modifient faiblement la répartition des écoulements et les volumes par rapport au régime pluvio-nival naturel avant la mise en place de ces aménagements. Les prélèvements pour la production de neige peuvent entraîner une baisse de la ressource et des conflits entre les différentes activités d’une station. On pourrait définir ce conflit d’usage comme « la superposition d’usages autour d’une même ressource, qui implique que certains usages ne sont pas pleinement alimentés » (Direction départementale de l’Equipement et de l’Agriculture de Savoie, 2009). A l’échelle d’un petit bassin versant de 2 moyenne montagne (environ 30 km ), les risques de pénurie d’eau et de conflits inter usages sont relativement faibles. A l’échelle de 2 bassins versants plus vastes (plus de 50 km ) les résultats sont similaires (P. Paccard, 2011 ; B. Charnay, 2009). Plus que la production de neige, c’est la superposition des usages et des prélèvements qui peut entraîner une baisse de la ressource. Ce risque semble davantage présent dans les stations où s’effectue le partage d’un même réservoir entre diverses activités, et notamment entre la production d’eau potable et la production de neige. Le terme de conflits n’est de ce fait peut être pas le bon, et il serait préférable de parler de rivalité ou de concurrence des usages. Même si à ce jour les rivalités sont rares (un seul cas connu en 2007 aux Gets) la situation doit être surveillée car les risques ne sont pas inexistants. Aujourd’hui, la garantie d’un bon enneigement sur l’ensemble de la saison touristique est indispensable. Les stations se livrent depuis quelques années à une véritable « course vers l’or blanc ». Les équipements d’enneigement mécanique sont nécessaires pour maintenir et valoriser l’activité économique touristique. Les impacts hydrologiques engendrés par ces équipements étant faibles, il s’agit surtout de bien gérer la production et la ressource en eau disponible. Mais la question de la pérénnité de l’enneigement mécanique se pose pour les années à venir. Le changement climatique est un des paramètres à prendre en considération dans la gestion des ressources (B. Abbeg, 2011). Le développement de la capacité touristique des stations doit également être considéré. Ces deux paramètres augmenteront dans un premier temps les besoins en neige et feront varier la ressource en eau disponible pourtant indispensable à la production de neige. On peut donc se demander si dans un temps plus ou moins long, ce modèle économique sera toujours viable. 1169 International Snow Science Workshop Grenoble – Chamonix Mont-Blanc - 2013 6 REFERENCES Abegg, B., 2011. Le tourisme face au changement climatique. Rapport de synthèse de la CIPRA, n°1, pp. 1-32. ANMSN, 2007. Charte nationale en faveur du développement durable dans les stations de montagnes. Ski France ANMSN, Nanterre, France, 32pp. Badré, M., Prime, J-L., Ribiere, G., 2009. 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