Les parcours de motricité

Transcription

Les parcours de motricité
Les Ateliers ou les Parcours de motricité à l’école maternelle
Présentation et mise en place
1) Définition
Le parcours de motricité est un ensemble structuré et cohérent d’ateliers mettant en jeu des habiletés
motrices particulières, définies et variées. Il s’agit de faire vivre à l’élève des situations diverses où il mettra en
jeu ses capacités motrices pour développer de nouveaux savoir-faire.
2) Historique et enjeux
Depuis une dizaine d’année, les parcours de motricité sont très utilisés dans les écoles. Nul ne sait pourquoi
ils sont apparus puis progressivement entrés dans les habitudes des enseignants pour devenir un incontournable
de l’enseignement de l’E.P.S. à l’école maternelle. Il existe toutefois plusieurs thèses. Ils seraient une
adaptation en classe des parcours de santé très diffusés dans les années 80 en terme d’organisation (plusieurs
« modules » les uns à la suite des autres, visant un développement général). Ils seraient également un transfert
des méthodes de travail en ateliers utilisés fréquemment en maternelle. Toujours est-il qu’ils représentent de
plus en plus la seule activité sportive pratiquée régulièrement dans les écoles, ce qu’on peut regretter.
Utiliser les parcours de motricité relève d’un choix pédagogique tout à fait justifiable et pertinent mais il
s’agit de les utiliser de manière réfléchie et efficace. Trop d’écoles construisent encore un parcours
hebdomadaire sur lequel tous les élèves de l’école vont pratiquer sans aucune adaptation. Trop d’enseignants
créent également des parcours dans l’urgence, ou improvisés n’ayant pour seul objectif que le vécu de
situations différentes.
Le parcours de motricité n’est pas un « fourre-tout » où l’on va proposer du matériel aux élèves qui devront
s’adapter et laisser ainsi au milieu le soin de déclencher des apprentissages moteurs. Il s’agit bien, à l’instar des
autres APSA (activités physiques, sportives et artistiques), de considérer le parcours comme un support pour
développer des compétences ciblées sans pour autant s’arrêter à des compétences générales.
3) Dans les programmes :
Dans le socle commun de compétences, « premier palier à acquérir en fin de CE1, compétence 7 :
- Maîtriser quelques conduites motrices comme courir, sauter, lancer.
- Se déplacer dans son environnement proche se façon adaptée. »
Dans les programmes de l’école maternelle :
- « Par la pratique d’activités libres ou guidées dans des milieux variés, le enfants développent leurs
capacités motrices dans des déplacements (courir, ramper, sauter, rouler, glisser, grimper), des
équilibres, des manipulations (agiter, tirer, pousser) ou des projections et réceptions d’objets (lancer,
recevoir).
-
Les enfants coordonnent des actions et les enchaînent. »
4) Les différents types de parcours :
On distingue trois types de parcours (voir exemples à la fin du document) :
- Les parcours de « découverte »
o Il s’agit de faire découvrir à l’élève des actions motrices en les nommant et en les identifiant.
- Les parcours orientés « gymnastique » ou « athlétisme »
o Il s’agit de viser des objectifs ciblés comme de vivre les familles gymniques de base afin de
développer des compétences de maîtrise de soi, de connaissance de son corps, d’équilibre ou de
faire varier les actions athlétiques (courir, lancer, sauter…).
- Les parcours déclinés en terme de verbe d’action.
o Il s’agit de cibler un objectif (ex : s’équilibrer) et de le décliner en différents ateliers. Il peut
aussi bien incorporer des domaines « gymniques » « qu’athlétiques » voir des sports
d’opposition.
De manière plus générale, il s’agit d’utiliser le parcours pour développer un répertoire moteur de base afin de
préparer leur transfert d’apprentissage vertical dans les différentes A.P.S.A. (activités physiques, sportives et
artistiques). En effet, l’école maternelle est un lieu où les élèves développent de nouvelles conduites motrices
par adaptation à l’environnement qui devra être aménagé en fonction de cet objectif.
5) Aménager un parcours : d’abord une préparation réfléchie
Comme il a été précisé précédemment, aménager un parcours de motricité ne peut s’envisager dans
l’urgence en utilisant du matériel facilement accessible. En effet, pour qu’il y ait apprentissage, il faut que les
élèves soient confrontés à un obstacle, à un problème moteur. Cela soulève la question de la difficulté optimale
de la tâche : les différents modules du parcours ne doivent ni être trop faciles (démotivation et … aucun
apprentissage), ni être trop difficiles (découragement et il ne faut pas oublier que l’enseignant ne peut être
partout donc le module doit pouvoir être réalisé en autonomie).
Cela renvoie également à la question, évoquée précédemment, des écoles réalisant un seul parcours de
motricité hebdomadaire pour toutes les classes (PS-MS-GS). L’idée d’une structure commune peut être gardée
mais le parcours doit pouvoir être évolutif pour s’adapter au niveau des élèves.
En conclusion : le parcours doit être évolutif et doit donc être préparé en intégrant des variables didactiques
simples et faciles à mettre en place. Il doit être adapté au niveau moteur des élèves pour qu’il y ait
apprentissage.
6) En premier lieu : répertorier le matériel de l’école
Il s’agit de lister et de catégoriser le matériel de l’école pour pouvoir, ensuite, l’utiliser selon l’objectif choisi.
Attention à ne pas systématiquement utiliser une structure plutôt qu’une autre.
Il est plus simple à utiliser lorsqu’il a été classé par catégorie d’utilisation, mais l’approche peut parfois être un
peu réductrice, certains éléments pouvant être utilisés de diverses manières.
7) Le cycle d’apprentissage : la séquence
Le parcours de motricité ne peut s’envisager comme étant une activité ritualisée et organisée tout au long de
l’année. En effet, l’activité « parcours de motricité » ne peut se substituer à d’autres A.P.S.A. qui doivent
constituer la programmation en E.P.S. Même si de nombreuses situations sont abordées lors de ces parcours, ils
restent des supports éphémères pour l’acquisition de nouvelles habiletés motrices mais ne peuvent se substituer
à d’autres.
Un cycle d’apprentissage classique comporte 8 à 10 séances.
La première séance consiste en un parcours « découverte » afin de préparer les élèves à vivre des
enchaînements d’actions.
De la 2e à la 8e séance, se situe la phase de structuration des apprentissages.
La ou les dernières séances sont consacrées à l’évaluation sur un « parcours de référence ».
8) Le parcours, quelques principes :
-
Il doit être lisible dans son organisation matérielle pour les élèves :
Module 1
Module 2
Module 3
Module 4
Module 5
Module 6
Fonctionnement en rotation totale : les élèves tournent sur tous les modules.
Avantages : tous les élèves essayent l’ensemble des modules, l’enseignant peut se placer là où est situé
le module le plus difficile
Inconvénients : beaucoup d’attente aux modules s’ils ne sont pas très nombreux et de même durée :
la durée d’activité peut être trop faible.
Module 6
Module 1
Module 5
Module 2
Module 3
Module 4
Fonctionnement par atelier : les élèves sont sur un module pendant un temps donné et changent de module
au signal
Avantages : le temps d’activité est important, les élèves répètent une même tâche plusieurs fois de suite.
Inconvénients : pas de réinvestissement possible, puisqu’ils ne vivent qu’une fois le module dans
le roulement. La répétition est donc limitée dans le temps, les compétences segmentées.
Module 1
Module 4
Module 7
Module 2
Module 5
Module 8
Module 3
Module 6
Module 9
Fonctionnement en « papillon » : les élèves tournent plusieurs fois sur quelques modules, puis changent de
« ligne » de module au bout d’un certain temps.
Avantages : les élèves étant moins nombreux, ils passent plus souvent et peuvent se focaliser sur les critères
de réalisation.
Inconvénients : demande beaucoup de préparation et de matériel.
-
Il doit être évolutif
o Ne pas proposer le même parcours plusieurs fois de suite.
o Varier les éléments connus (intégrés) et inconnus.
o Plusieurs trajets doivent être possibles pour différencier.
9) Des exemples de parcours
-
parcours gymnique autour des grandes actions gymniques (tourner, sauter, rouler, se retourner,
s’équilibrer) en « papillon ». 8 élèves par lignes de modules.
Ligne de module 1 : sauter
3 haies à sauter à pied joint, monter sur un banc, au bout saut tendu pour toucher un fil haut, réception dans un
cerceau. Élan sur un tapis, saut en longueur au dessus d’une « rivière », réception sur un tapis.
Ligne de module 2 : rouler, se retourner
Départ sur un banc, au bout, faire une roulade sur un plan incliné. Rouler 3 fois sur le coté sur un tapis. Prendre
appuis sur une barre, et tourner autour (avec parade de l’enseignant), marcher sur un plinthe et poser les mains
sur le tapis en contrebas, rentrer la tête et rouler.
Ligne de module 3 : s’équilibrer.
Marcher en équilibre sur des plots (10) sans tomber, marcher sur un banc, puis sur une poutre en faisant ½ tour
au milieu, puis sur le banc en arrière. Monter sur une 2e poutre, passer sous un cerceau en s’accroupissant, puis
terminer debout.
Cet exemple a été volontairement réalisé avec du matériel très facile à trouver dans les écoles.