la pensee absurde peut-elle etre convertie en discours positif?
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la pensee absurde peut-elle etre convertie en discours positif?
author teils us on page 148 that wThe lack of time forces us to leave that task [of showing how Sartre's misgivings about the nonhuman ehara-eter of Being are on rather weak groundsl to the reader. W This reader, at least, feit that in other piaces also, too much was left to the effort of the reader. Any reader' s patience will surely be tried by the lack of accuracy of the pri"nted text. Typographieal errors are numerous, so numerous as to be distraeting, and oceasionally, when several words are run together, to be at first unintelligible. Irritating also is the .Iack of factual aeeuraey with whieh the author reports Mareel speaking to Pierre Boutang in 1977 (p. 92), to Rene Poirier in 1976 (p. 94) and writing his testament in 1976 (p. 97). Even if one agrees that Mareel eontinues to be active after his death, these partieular aetivities presumably took plaee before his death. Having voieed these eritieisms, I wish to end this review by aeknowledging that Peeeorini's study has brought me a fuller understanding of Mareei, and has provoked me to seareh out Nishitani and other thinkers whom he brings into proximity with Mareei. Reading his text has also caused me to think further on the issues of .personal interiority, immortality, and natural religion. CLYDE PAX The College of Holy Cross LA PENSEE ABSURDE PEUT-ELLE ETRE CONVERTIE EN DISCOURS POSITIF? GARDIES. JEAN·LOUIS. Le rsisonement par /'absurde. Paris: Presses Universitaires de France, 1991; 206 pp. ISBN 2-13043829-6. Pour les logieiens et les ~pist~mologistes le raison-nement par I'absurde a 6t6 et reste une ~nigme. On aimerait I'~viter, mais on ne peut s'en passer. Depuis Aristote on reeonnait, de fa~on explicite ou implieite, qu'iI n'appartient pas ä la voie royale de la 115 preuve syliogistiQue ou de la dt1monstration matht1matique. Marginal, sorte de parent pauvre et honteux de la justification du vrai, iI subsiste n6anmoins, ironiQue et provocateur: wVous aimeriez m'oublier, semble-t-iI dire, transposer ma dt1marche sn une autre jug6e plus convenable; mais vous ne parvenez pas a 6liminez mon ,effet' d6monstratif dAs Que vous tentez d'61aborer une th60rie du vrai, et pour me comprendre, vous invoQuez toujours des raisons secondaires. We'est pourQuoi on ouvre avec espoir et impatience la nouvelle monographie de Jean-Louis Gardies. Admirons d'abord la comp6tence exceptionne.lle de I'historien de la pens6e 10giQue et math6matiQue, la rigueur des analyses du logicien, son souci de faire face au problltme de I'absurde, hier et aujourd'hui, avec pr6cision et honnetet6, en citant des exemples, en 6vitant des g6n6ralisations philosophiques hAtives, en naviguant au plus prAs de la r6alit6 d6monstrative. Refermant le livre, on se sent plus riche de savoir, plus conscient d"une probl6matiQue historiQue Qui a toujours 6t6 6lusive, ayant en main les 616ments du mat6riau conceptuel Qui rend possible une tht10rie du vrai. L'6tude de Gardies se compose de sept sections Qui d6crivent les "domaines dans lesQuels le raisonnement absurde a ou n'a pas sa place. WLes trois premiltres sections examinent sa pr6sence chez Euclide et Aristote; la Quatriltme et la cinquiltme se concentrent d'abord sur Archimltde, puis nous conduisent vers la m6thode cart6sienne; la sixiltme 6tudie le raisonnement par I'absurde dans le calcul des pr6dicats et les logiques modales contemporaines; enfin la septiltme s'engage dans une rt1flexion originale sur 1't1pist6mologie, de la tht10rie platonicienne de la r6miniscence A I'intuituinnisme cartt1sien, A Spinaza et Pascal., au Kant de la Critique de la raison pure essayant de justifier le raisonnement par I'absurde et reconnaissant dans le modus tollens un discours d6monstratif facile et pourtant rigoureux (cf p. 185). Suivant une tradition consacrt1e, Gardies qualifie le raisonnement par I'absurde de preuve indirecte, apagogique, n6gative, et s'opposant ä la dt1monstration Qui est directe, ostensive, positive, celle Qui, selon I'Aristote des Seconds Analytiques, W6tant ant6rieure, plus connue et plus certaine, sera sup6rieure w (p. 157). A la fin de la sixiltme section I'auteur formule clairement le but de sa recherche; non seulement "montrer Que la convertibilitt1 de I'apagogiQue en ostensif ne soulevait pas de ·116 difficult" insurmontable, mais surtout que la maitrtse de cette convertibilit" pouvait contribuer ä simplifier la pr"sentation de certains systltmes, "ventuellement ä I'aU"ger de quelques problltmes, qu'on pouvait donc Atre tent" de consid"rer comme un h"ritage contingent des tltonnements de la d"couverte (p. 150). Ainsi Gardies, fidltle a Aristote, semble accorder la priorit" a la preuve ostensive, soucieux qu'iI est de prouver que le discours indirect et ntigatif peut, plus ou moins ais"ment, se convertir en discours direct. La pr'sence du raisonnement par I'absurde s'expliquerait par ce qu'iI appelle wun h"ritage contingent des L'adjectif wcontingent est tltonnements de la d"couverte. r"v"lateur. Faut-iI conclure que I'intervention du raisonnement par I'absurde dans le d"veloppement de la pens"e occidentale et tout sp'cialement de son appareillogico-math"matique, est contingente, c'est-A-dire non n"cessaire dans I'"tablissement du discours vrai; iI naltrait d'une sorte da commodit~; il serait simplemerit possible parce que pratique. Gardies revient souvent sur ce caractltre pratique et facile du raisonnement par I'absurde dQ a sa simplicit". Citons par exemple ce texte tr6s significatif relatif au calcul des pr"dicats: wLe raisonnement par I'absurde demeurera R"versible en une preuve ostensive "quivalente. Mais iI gardera, par le fait mAme, son privi/~l/e prsl/m8tique d"tre un suthentique moyen d'inventer Is d~monstr8tionw (p. 137, je souligne). W W W On rapproehera eet aveu d'une remarque qui apparait A la derniltre page du livre: wOn aura per~u derriAre nos propos, le leitmotiv de la distinction qui n'est nullement la nOtre, puisqu'elle remonte au moins· aCharies Morris, entre syntsxe et prsl/matique. 11 nous semble en effet impossible, sans elle, de parvenir ä d"brouiller la question du raisonnement par I'absurde de ce qu'elle peut avoir, au premier examen, de paradoxal w(p. 194). On sait que la pragmatique est couramment d~finie comme I'"tude de la relation entre les signes et leurs interpr6tes, alors que la syntaxe au sens logique est la th"orie formelle des Atres linguistiques ind"pendamment de leur signification, et qu'elle se rapproche ainsi de la th"orie de la preuve teile qu'elle a "t" con~ue par David t-lilbert. Nous voici au coeur du problt\me: faut-iI penser que la d"marche parcourue dans le raisonnement par I'absurde relt\ve d'une r~action psychologique contingente, et non d'une n~cessit~ logique 117 formelle7 Dans le dernier paragraphe de sa conclusion Gardies cite Spinoza reconnaissant que ce type de raisonnement est partois "en accord avec la nature des choses." Cependant notre auteur se d6fend d'accorder une ant6riorit6 ontologiQue ou 6pist6mo-logique A I'affirmation sur la n6gation. 11 se limite, dit-il, A la distinction de Morris. 11 n'a voulu invoQuer dans son 6tude Que les deux notions suivantes, ·Ia nature logique des choses, A savoir la constitution syntaxiQue" des raisonnements et leur ·conditionnement pragmatiQue" (p. 195). Mais, et c'est IA ma principale Question, estiI possible d'adopter la distinction entre syntaxe et pragmatiQue sans impliQuer une option onto-logiQue et ainsi une pr6f6rence en faveur de I'affirmation sur la n6gation7 A certains moments de son analyse Gardies suggAre que 18 d.monstration directe se rattache A I'op6ration logiQue de la conjonction tandis Que la preuve apagogiQue suppose la DISJONCTION (Cf. p. 134). On pourrait mIme aller plus loin et penser Que la possibilit6 du raisonnement par I'absurde est pr6sente d6s I'apparition de la n6gation et de" la conscience de contradiction dans le discours logiQue, c'est-A-dire dAs son origine. Entre v6rit6 et non-contradiction y a-t-iI pr.iorit61 PourQuoi ·affirmer· Que la fin du discours doive Itre affirmative, et non ndgative7 Enfin, si le raisonnement par I'absurde rel6ve de la pragmatique, pourquoi ne serait-ce pas aussi le cas pour le raisonnement dit direct7 Gardies s'appuie sur une longue tradition de positivisme m6ta-physiQue, mIme ·quand iI s'efforce, mais en vain, de prendre ses distances par rapport A elle. Pensons A Spinoza Qui a 6crit "Omni determination negatio est" et Qui reconnait Que la n6gation appartient A "la nature des choses." Pensons surtout A Pascal Que notre auteur interpr6te avec une rare clairvoyance et Qui oppose A la naivet6 ontologique du chevalier de M6n§ I'absolue divisibilit6 de I'espace. "Ainsi l'originalit6 de Pascal sera-t-elle de ne pas tenter, comme le faisait Arnauld, da. faire I'6conomie des proc6d6s apagogiques....• (p. 168). Gardies amis en exergue de son livre cette Question du chevalier de M6r6: "Croyez-vous Que ce soit connattre une chose Que de savoir seulement ce Qu'elle n'est pas7" Et iI cite plus tard, p. 168, la rdponse de Pascal extraite de I'opuscule "Oe I'esprit de g6om6trie et de I'art de persuader"; j'en rappelle le d6but: ·C'est une maladie naturelle II'homme de croire qu'il poss~de la v~rit~ directement; et de IA vient Qu'iI est toujours dispos6. A nier tout ce Qui lui est incompr6hensible. "ije 118 souligne). Et Pascal conclut whardiment- en faveur d'un raisonnement mtitaphysique par I'absurde. 1I ira mAme plus loin dans les Ecrits sur I. gr'ce quand iI demandera d'accepter la v6rit6 de deux propositions contraires. Mais nous n'avons pas le droit d'entratner Gardies dans les aventures du discours religieux. C'est son droit ind6niable de s'en tenir • la distinction, elle-mAme commode, entre syntaxe et pragmatique.. 11 nous a ainsi pr6sent6 un superbe 6tat des lieux pour le raisonnement par I 'absurde. En mAme temps iI a le m6rite d'avoir fait surgir un probl6me trop souvent n6gligti, celui d'une pens6e n6gative qui est • I'oeuvre d6s le moment OU la connaissance se constitue et se formalise. Faut-iI rappeier que la vtiritti a toujours pour synonyme intivitable I'infalsiabilitti de son propre discours, et que le d6tour par I'absurde est toujours nticessaire? Universit6 de Caroline du Nord a Chapel Hili EDOUARD MOROT..SIR 119