Printemps 2007

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Printemps 2007
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Publication officielle de la Centrale des syndicats du Québec
Printemps 2007
Poste-publications : No de convention 40068962
NouvellesCSQ
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PHOTO : MARTINE LAUZON
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Mot de la rédaction
François Beauregard
Rédacteur en chef
Pour ce numéro spécial, Nouvelles CSQ a rencontré des jeunes de
plusieurs régions et catégories d’emplois afin de les écouter parler
de leurs premières années de travail, de leur réussite et aussi de
leurs difficultés d’insertion professionnelle. Il en ressort qu’un
important défi de coopération intergénérationnelle nous attend si
nous voulons maintenir la qualité des services publics.
Le contexte démographique fait en sorte que les milieux de travail
connaissent des transformations majeures caractérisées par de nombreux départs à la retraite, par l’embauche de nouveau personnel et,
trop souvent aussi, par des pénuries de personnel qualifié. Ce contexte fait apparaître un nouvel enjeu, celui du transfert du savoir. Il
pose aussi un défi pressant, celui de l’attraction et de la rétention
des jeunes dans les services publics. Les milieux de travail ont-ils
mis en œuvre les mécanismes nécessaires à ce transfert des savoirs
entre les gens plus expérimentés et les jeunes afin de permettre à ces
derniers de bien s’insérer dans la profession ? Les conditions de travail sont-elles favorables à un tel transfert des savoirs ?
Ce contexte affecte aussi le milieu syndical qui doit, de façon pressante, assurer la relève indispensable à la poursuite de son action
militante. Nouvelles CSQ en discute avec le Comité des jeunes et
avec des jeunes militantes du réseau de la condition des femmes.
De plus, dans ce numéro, vous apprendrez que le Bureau international du Travail (BIT) blâme sévèrement le gouvernement Charest
pour les décrets qu’il a adoptés sous le bâillon dans le but de mettre fin aux négociations dans le secteur public.
Le magazine Nouvelles CSQ est maintenant imprimé sur papier
recyclé et publié trois fois l’an : à l’automne, à l’hiver et au printemps.
Bonne lecture et faites-nous part de vos commentaires par courriel
à l’adresse suivante : [email protected] ou encore réagissez à
quelques-uns de nos articles à la rubrique Vos réactions de notre
site Internet à l’adresse suivante : www.csq.qc.net.
Archives de Nouvelles CSQ
Vous vous souvenez d’avoir lu un article intéressant dans un
numéro précédent de Nouvelles CSQ, mais vous ne retrouvez
plus votre magazine ? Pas de problème ! Tous les numéros de
notre magazine depuis janvier 2001 sont disponibles sur le site
Internet de la CSQ en format PDF, à la rubrique Publications.
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NouvellesCSQ
Sommaire
Nouvelles CSQ
Volume 27, no 3
Publication de la Centrale
des syndicats du Québec
9405, rue Sherbrooke Est,
Montréal (Québec) H1L 6P3
Tél. : (514) 356-8888
Téléc. : (514) 356-9999
Courriel : [email protected]
À la une
17
Parole
aux jeunes !
Directrice des communications :
Louise Rochefort
Rédaction en chef :
François Beauregard
Rédaction :
Luc Allaire, Alexandre Archer,
François Beauregard, France
Bernier, Véronique Brouillette,
Laurier Caron, Nathalie Chabot,
René Cockaerts, Gabriel Danis,
Patrick D’Astou, Alain D’Eer,
Michelle Desfonds, Claude Girard,
Mario Labbé, Daniel B. Lafrenière,
Hélène Le Brun, Pierre Lefebvre,
Chantal Locat, Marie-Danielle
Noiseux, Amélie Ouellet, Réjean
Parent, Richard Têtu, Louise
Pettigrew, Caroline Tremblay
Secrétaire adjointe :
Micheline Ramsay
Négociations
Révision : Micheline Jean
Design graphique et éditique :
Johanne Boucher
Assistante de la production
scriptovisuelle :
Louisette St-Gelais
Publicité : Jacques Fleurent
(514) 355-2103 •
[email protected]
Photos de la couverture :
François Beauregard
Illustrations : Marc Mongeau
Photographes :
Luc Allaire, François Beauregard,
Marie-France Beaulac, Alain
Bernier, Paul Chamberland,
Fred Chartrand, Jean-François
Leblanc, Marie-Chantal Lebreton,
Martine Lauzon, Janouk Murdock
Prépresse et impression :
Transcontinental
Dépôt légal
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Deuxième trimestre 2007
ISSN 1497-5157
La CSQ sur Internet :
www.csq.qc.net
Abonnement : Centre de
documentation de la CSQ,
(418) 649-8888,
[email protected]
Poste-publications :
No de convention 40068962
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100% M
Retourner toute correspondance ne
pouvant être livrée au Canada à :
Publication de la Centrale des
syndicats du Québec
9405, rue Sherbrooke Est
Montréal (Québec) H1L 6P3
pap
12 14
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Le SISP
20
Aider les jeunes
Une instance
de l’ONU
condamne
le décret
Une nouvelle
force syndicale
qui est en train
de voir le jour
Valoriser
le savoir
enseignant
8
25
36
Équité salariale
Quel impact
sur votre retraite ?
10
La CSQ et les droits
parentaux
11
Technicienne en éducation
spécialisée en milieu scolaire
L’Observatoire international
de la réussite scolaire (OIRS)
Un an déjà !
29
Le personnel professionnel
de l’éducation
Comment attirer les jeunes
avec des emplois précaires ?
30
Soutien aux jeunes
ou gestion de crise ?
Une éducation de qualité
Un devoir de société
16
32
Télévision publique
Quelle place pour
les régions ?
22
Pourquoi je n’ai
pas abandonné
l’enseignement
24
Nouvelles technologies
au service des adultes
Priorité à la mission
éducative et
à l’accessibilité !
34
Dire non aux
commerçants
de la santé
Concours CSQ Antidote
Gagnants
39
Jeune et syndicaliste
41
Voici la liste des gagnants
du concours CSQ-Antidote
de notre site Web :
Guy Buteau
Oui, c’est possible !
Port-Cartier
42
Lutter contre
l’homophobie,
combattre
l’ignorance
Jean-François Charron
Saint-Pacôme
Véronique Corbeil
Saint-Jérôme
Guy Croteau
Mansfield
Pierre Pouliot
Saguenay
44
Enseigner dans
la violence est
inacceptable
35
46
La face cachée de la
pénurie de personnel
La méthode
F.O.C.U.S.
vient en
aide aux
enseignants
Toujours féministes
les jeunes femmes ?
Soutenir le transfert
de l’expertise en santé
Santé
22
Comment les
riches détruisent
la planète
Pierre Tellier
Sainte-Thérèse
Normand Therrien
Amos
Carl Tremblay
Saint-Jean-sur-Richelieu
Deux gagnants n’ont pas
répondu à nos courriels.
Nous procéderons donc
à un autre tirage. Surveillez
notre site Internet, les
noms y apparaîtront.
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ÉDITORIAL
BOÎTE AUX LETTRES
Enseignants
filmés à leur insu
Les syndicats
peuvent agir
PHOTO : FRANÇOIS BEAUREGARD
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Unis
plus que jamais
Réjean Parent
Président de la CSQ
Le premier mandat de monsieur Charest, avec sa panoplie de lois désastreuses sur le plan de nos droits sociaux ou syndicaux, n’aura pas été sans
effets sur notre organisation CSQ et sur l’ensemble du mouvement syndical. Cela explique sûrement les préoccupations qu’avaient dégagées les
personnes déléguées à notre dernier congrès de juin 2006 : consolidation interne, développement, édification d’une nouvelle force syndicale avec les
syndicats indépendants et construction d’un solide Front commun pour la
prochaine ronde de négociations.
La dernière élection québécoise, malgré les efforts que nous aurons mis
pour favoriser l’émergence d’élues ou d’élus plus progressistes, nous laisse
encore en panne quant au développement social et démocratique. Sans
verser dans une analyse simpliste gauche-droite, il n’en demeure pas moins
que ce sont de plus en plus les chantres de la privatisation et de la réduction de l’État qui occupent la majorité des sièges à l’Assemblée nationale
du Québec. Qu’on le veuille ou non, les politiques prônées par ces personnes et les lois qu’elles adoptent ont des incidences directes sur nos
conditions de vie et nos conditions de travail, la plupart du temps à l’enseigne de la détérioration.
C’est donc dire à quel point les préoccupations dégagées par notre Congrès demeurent d’actualité dans ce nouveau paysage politique. En matière
de cohésion interne, il faut saluer les travaux réalisés tout au cours de l’année pour améliorer la cohésion entre nos composantes et l’efficacité
générale de notre organisation. Sous l’angle du développement, c’est une
fonction de plus en plus partagée par l’ensemble des fédérations et nous
pouvons nourrir l’espoir que les moyens supplémentaires, apportés par la
création d’un fonds consacré à cette fin, apporteront plus de vigueur à nos
plans de développement. Quant à l’édification d’une nouvelle force syndicale, les collaborations avec divers partenaires comme le Syndicat de la
fonction publique du Québec (SFPQ), le Syndicat de professionnelles et
professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) autour
d’objectifs communs lors des derniers mois devraient favoriser un rapprochement plus étroit et une meilleure efficacité dans nos actions. Quant
au Front commun, nous sommes encore dans la période de refroidissement découlant de la dernière ronde de négociations, mais c’est un objectif
qu’on ne perd pas de vue.
Toutes ces actions comportent la même finalité, en l’occurrence le renforcement de notre capacité d’action syndicale. Malgré ce que voudraient
bien nous faire croire certains ténors du libéralisme économique, les syndicats ne sont pas trop forts. Au contraire, le mouvement syndical a connu
maintes déconvenues au cours des dernières décennies et les attaques auxquelles il fut soumis n’auront pas été sans l’affaiblir et sans semer le doute,
mais le temps est venu de réunir toutes les forces vives pour éveiller
l’espoir. Ensemble, « un autre monde est possible ».
Au moment où paraissait l’article de François
Beauregard « Êtes-vous
filmé à votre insu ? » dans
le numéro d’hiver 2007
de Nouvelles CSQ, des
enseignantes et des
enseignants de l’Association des professeurs
de Lignery vivaient une
expérience traumatisante.
Dans deux écoles de notre territoire, des élèves ont filmé,
à leur insu, certains de nos membres avec des cellulaires ou des caméras et ils ont créé un blogue qui invitait
les autres élèves à les visionner sur les sites YouTube et
Skyblog et à passer leurs commentaires sur le site Skyblog.
Dans les deux cas, les photos et les commentaires
étaient compromettants, voire dégradants.
Le syndicat a recommandé aux personnes concernées
de porter plainte au service de police, d’aviser par écrit
leur direction d’école et de demander une action immédiate de sa part. Simultanément, nous nous sommes
adressés à la direction des ressources humaines afin
que la commission scolaire intervienne. À la suite de
cela, une enquête interne a été menée afin d’identifier
les responsables.
Nous avons aussi conseillé à nos membres de tenir une
assemblée générale afin de soutenir leurs collègues et
d’exiger l’intervention de la direction. En assemblée générale, les enseignantes et les enseignants ont exigé
l’expulsion des élèves responsables, la suspension pour
celles et ceux qui ont écrit sur le blogue ainsi qu’une
mise en garde par la direction dans chacun des groupes d’élèves selon laquelle de tels gestes ne seraient
pas tolérés.
Dans cette école, après des interventions appropriées, le
blogue a été fermé rapidement, les blogueurs expulsés
de l’école et les participants suspendus. De plus, lors de
leur retour à l’école, une lettre d’excuses a été remise
aux enseignantes et aux enseignants concernés et les
élèves étaient rencontrés, accompagnés de leurs parents,
en présence d’un policier.
Quant au deuxième cas, les élèves responsables du
blogue ne fréquentant plus cette école, la direction en
était venue à la conclusion qu’elle ne pouvait rien faire.
Notre syndicat est intervenu auprès de la direction des
ressources humaines afin qu’une intervention soit faite
par la direction de l’établissement maintenant fréquenté
par l’élève responsable. Ce dossier suit son cours...
Enfin, nous avons signifié à la direction des ressources
humaines l’urgence de mettre en place une procédure
et une politique d’intervention en cas de mauvaises
utilisations d’outils technologiques. À suivre…
Guy Pepin
Vice-président de l’Association des professeurs de Lignery
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BOÎTE AUX LETTRES
Enseigner dans la violence
Je suis dans la profession éducative depuis 1980. J’ai enseigné 23 années
au secondaire surtout en science et technologie. J’en ai vu des vertes
et des pas mûres, mais j’ai toujours gardé confiance et espoir en mes
jeunes que j’adorais et qui me le rendaient bien.
Il y a quelques années, je suis intervenue auprès d’élèves qui harcelaient
mes jeunes de notre club scientifique. Alors que je les ai alignés le long
du mur, un de ces élèves s’est mis à m’engueuler, à me crier des bêtises.
Bref, il était verbalement violent. J’ai voulu l’amener au bureau du directeur adjoint, il a refusé d’obtempérer. Je n’étais pas pour lui tenir
tête avec mes cinq pieds. Néanmoins, j’ai rencontré le directeur
adjoint à ce sujet, mais il n’y a eu aucune suite.
Un mois plus tard, alors que je quittais l’école pour aller dîner à mon
domicile, je vois un jeune dans la salle de regroupement en train de
boire une boisson. Le règlement interdisant de manger et de boire dans
cette salle à l’heure du dîner, je l’invite donc à quitter. Il m’a engueulée
en anglais. Étant bilingue, j’ai répondu qu’il devait quitter. En même temps,
un directeur adjoint se dirigeait dans ma direction. Je lui fis signe de
venir rapidement, car je sentais que le garçon n’était pas de l’école.
Symboliquement, j’ai placé mon bras devant le garçon, sans le toucher,
pour lui demander de rester afin qu’il rencontre le directeur adjoint. Le
jeune homme a continué d’avancer et mon bras a touché ses vêtements.
Il l’a empoigné et tordu en me disant que je ne devais pas le toucher.
J’ai figé.
Le directeur adjoint avançait lentement. Je lui ai dit ce qui venait de se
passer. Il a rejoint le jeune alors qu’il sortait, mais il l’a laissé partir. Immédiatement, j’ai quitté l’école pour mon dîner et je n’avais pas de cours
dans l’après-midi. C’est une fois chez moi que l’incident m’a frappée
de plein fouet. Mon conjoint a quitté son travail pour me soutenir cette
journée-là. Il m’a accompagnée au bureau de la direction, car il était
en colère J’ai déposé une plainte à la police. Je n’ai reçu aucune
aide par la suite.
Mes collègues m’ont appuyé moralement. La direction n’a rien fait. Nous
n’avons jamais retrouvé le jeune homme. J’ai réalisé que je devais quitter
ma profession, car je m’étais toujours dit que je quitterais l’enseignement
si je me faisais attaquer. Ce fut pour moi un choc, car j’ai dû me recycler
pour devenir enseignante. J’ai beaucoup sacrifié. Pédagogue, je le suis
de troisième génération et profondément. Malgré tout, alors que je sais
que je suis très compétente avec les jeunes, j’ai quitté l’enseignement.
Je suis maintenant conseillère pédagogique dans une autre commission scolaire.
Je ne pouvais me résigner à demeurer dans une commission scolaire
qui ne soutien pas son personnel dans des situations de violence, le
lien de confiance étant irrémédiablement rompu. Aujourd’hui, je porte
encore des séquelles de ces événements. Je suis réticente lorsque je
vois un regroupement de jeunes, même si je crois encore fermement
en leur potentiel.
Johanne Patry
Conseillère pédagogique Science et technologie
L’école et la concurrence
L’article « L’école et la concurrence » est le reflet de ce qui me questionne chaque jour. Sans réponse, ni solution toute faite, nous nous
préoccupons de la réussite de tous. La réalité est celle qui pousse vers
la concurrence, tandis que notre cœur voudrait que ça change !
Dominique Fortin
Enseignante à l’école Benoît-Duhamel à Roberval
Pour nous écrire : [email protected]
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Printemps 2007
Colloque international
sur la violence à l’école
Près de 500 spécialistes et intervenants
du Québec, du Canada et de la France
ont participé à un colloque international sur la violence à l’école le 22 février
dernier à l’Université de Sherbrooke.
Organisé par l’Observatoire canadien pour
la prévention de la violence à l’école, le
CRIRES/Sherbrooke et d’autres partenaires, l’événement avait pour principal
objectif de favoriser la rencontre entre
les chercheurs et les praticiens. Des spécialistes de la violence à l’école, dont
Éric Debarbieux, Égide Royer et Claire
Beaumont y ont prononcé des conférences. Les textes ou les résumés de ces
conférences sont disponibles à l’adresse
suivante : www.preventionviolence.ca
Une trousse de sensibilisation à l’agression indirecte a été rendue publique lors
de cette journée par la professeure
Pierrette Verlaan et son équipe. « Partir
des ragots, porter atteinte à la réputation d’autrui et isoler ou exclure une personne d’un groupe d’amis constituent
une forme insidieuse de violence qui
commande des actions préventives. »
Comme cette forme de violence passe
souvent inaperçue, une trousse a été
produite afin de favoriser la sensibilisation des élèves, des parents, du personnel des écoles à cette forme de violence. Il est possible d’obtenir toute l’information sur cette trousse à l’adresse
suivante : www.clipp.ca
La FIPEQ élargit ses rangs
Les salariées des CPE Les Couches…tôt
et Panta-Mousse en Beauce ont choisi
le Syndicat des intervenantes en petite
enfance de Québec (SIPEQ-CSQ) pour
se syndiquer. Bienvenue aux 55 nouvelles membres !
Cybermentorat
L’Université du Québec à Montréal a
mis sur pied un programme de cybermentorat Édumentor dont le but est
d’aider les jeunes à intégrer leur profession le plus harmonieusement possible en leur permettant d’échanger
par Internet avec des enseignants
expérimentés. Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site suivant :
www.mentors.uqam.ca
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EN BREF
Centraide
La CSQ remporte
le prix Coup de cœur
La CSQ a reçu de Centraide-Québec le prix Coup de cœur. Ce prix souligne
l’apport exceptionnel d’une organisation à sa communauté. Félicitations aux
membres du personnel de la CSQ-Québec qui ont participé activement à la
campagne de Centraide : Johanne Boucher (absente de la photo), Linda Simard,
Sylvie Germain, Marie-Josée Dutil et Luc Bouchard (absent de la photo).
Signature de convention
au CPE-HEC
Le Syndicat des intervenantes en petite enfance de Montréal (SIPEM-CSQ) a procédé à la
signature de la convention collective des salariées
du CPE-HEC pour une durée de 5 ans. La nouvelle
convention comprend des améliorations substantielles
au chapitre des avantages sociaux et, notamment, au régime de vacances annuelles (une 6e semaine après 20 ans),
des congés spéciaux et des congés pour responsabilités
familiales.
Centre Dollard-Cormier
Le Syndicat des professionnelles et
professionnels du Centre Dollard-Cormier
accueille de nouveaux membres
Sylvain
Philippe
Techniciens de Télé-Québec
Philippe Ouimet, syndicaliste bien connu de
la télévision publique, quitte la présidence du
Syndicat des employés en radio-télédiffusion
de Télé-Québec (SERT-CSQ). Il sera remplacé
par Sylvain Leboeuf. Philippe Ouimet, un militant de longue date de la CSQ, a été président
de ce syndicat pendant plusieurs années. Il
est actuellement membre de la Commission
spéciale du Congrès. Bonne retraite !
Petites écoles
La Commission scolaire des
Monts-et-Marées fait marche arrière
C’est avec beaucoup de satisfaction que le Syndicat des professionnelles et professionnels du Centre Dollard-Cormier, un centre
de réadaptation en alcoolisme, toxicomanie et jeu pathologique,
accueille une trentaine de nouveaux professionnels. « Ce gain est
le résultat de persévérantes démarches, étendues sur plusieurs
années, pour lesquelles nous avons pu compter sur la ténacité du
personnel du secteur de l’organisation syndicale et des services
juridiques de la CSQ que nous remercions vivement », déclare
Jacques Normand, président de ce syndicat affilié à la Fédération
des syndicats de professionnelles et professionnels de la santé et
des services sociaux (FSPPSSS-CSQ). « La venue de ces nouveaux
agents de relations humaines, travailleurs sociaux, criminologues, organisateurs communautaires, bibliothécaires et analystes en informatique fait en sorte que notre syndicat a plus que
doublé son effectif depuis 2001, enrichissant ainsi notre vie syndicale », se réjouit le président du syndicat
La Commission scolaire des Monts-et-Marées a finalement
décidé de faire marche arrière dans le dossier de la fermeture
de quatre écoles primaires et de six écoles secondaires de village dont il était question dans la dernière édition de Nouvelles
CSQ. Les pressions exercées par les parents, avec l’appui des
autorités municipales de chacun des milieux, et la démonstration de l’irrationalité du projet établie par le SERM en ce qui
concerne l’aspect financier ont fini par avoir raison d’un
entêtement qui commençait à se révéler plutôt inquiétant.
« Parallèlement au maintien des petites écoles et des écoles
secondaires de village, la Commission scolaire entend
d’ailleurs rationaliser ses dépenses d’opération et l’organisation de ses services pour un montant de l’ordre de 700 000 $
d’ici la fin de l’année scolaire 2007-2008 », indiquait laconiquement l’un des deux communiqués de presse émis pour annoncer la bonne nouvelle.
Jean-Marc Cormier
Conseiller au Syndicat de l’enseignement
de la région de la Mitis (SERM)
Accommodements raisonnables
Ce printemps, les syndicats CSQ du groupe de coordination régionale de Montréal ont organisé une soirée sur le thème des accommodements raisonnables. La responsable de l’événement, madame Nicole Campeau, présidente du Syndicat du soutien en éducation de la
Pointe-de-l’Île (CSQ), a fait de cette soirée un succès ! Plus de 40 personnes se sont rassemblées dans les bureaux de la CSQ à Montréal
pour débattre de ce sujet d’actualité.
Les participantes et les participants ont pu entendre Robert Sylvestre de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, Réginald Fleury, coordonnateur et conseiller pédagogique à la Commission scolaire de Montréal et Yolande Geadah, auteure et
intervenante sur les questions interculturelles. La soirée fut l’occasion de débats très intéressants sur la place de la religion à l’école
et surtout, sur la question encore controversée des accommodements raisonnables.
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RETRAITE
Équité salariale
Quel impact
sur votre retraite ?
Depuis que le RREGOP existe, la méthode utilisée pour prendre en compte les montants forfaitaires reçus
par les cotisantes et les cotisants ou les personnes retraitées a toujours été sensiblement la même.
Rappelons-nous que le terme « montant forfaitaire » est utilisé dans le langage du RREGOP comme
l’équivalent du terme « rétroactivité salariale » que l’on retrouve dans nos conventions collectives.
Denis Doré
Conseiller à la sécurité
sociale de la CSQ
longtemps, mais personne, jusqu’à l’an dernier, ne l’avait réellement soulevée puisque
le versement de gros montants forfaitaires n’était jamais survenu pour autant de
personnes avec des sommes aussi considérables et un impact potentiellement aussi
significatif sur le régime de retraite.
Pour les personnes retraitées, le montant
reçu, à l’exception des intérêts, est ajouté
à la dernière année de participation active
de celles-ci. Cet ajout amène un nouveau
calcul de la rente et la nouvelle rente est
payable rétroactivement au premier jour
où la personne a pris sa retraite.
Ultimement, le versement d’un forfaitaire,
s’il survient au bon moment ou non dans
la carrière, a pour effet d’accorder un avantage marqué à certains et pas à d’autres.
Pour les personnes actives, le forfaitaire,
à l’exception des intérêts, sera totalement
imputé à l’année 2007. La cotisation au
régime qui est de 7,06 % sera prélevée
sur l’ensemble du montant à l’exception
de la portion des intérêts.
La solution retenue
Plusieurs approches ont été étudiées, mais
la seule solution équitable est d’étaler le
montant de la « rétroactivité salariale »
comme s’il avait été versé au fil des ans.
Pour l’instant, la CARRA est incapable de
le faire. Cependant, avec l’implantation de
nouveaux systèmes et d’une nouvelle déclaration de l’employeur, elle affirme pouvoir le faire dans l’avenir.
La problématique
de l’effet de levier
Cette façon de faire génère un effet de levier
sur le régime de retraite pour les personnes
qui se retireront dans les prochaines années, mais pas pour celles qui sont déjà à
la retraite ou qui la prendront en 2007.
Rappelons-nous que, pour établir le traitement admissible moyen, la CARRA utilise
les cinq meilleurs traitements apparaissant
à l’état de participation. Ainsi, si la personne
est déjà retraitée, l’ajout du montant forfaitaire à la dernière année a le même effet
que si ce montant avait été réparti également sur les années comptant pour l’établissement du forfaitaire. Cependant, il faut
noter que cela est vrai seulement quand la
période couverte par le forfaitaire est égale
ou inférieure à cinq ans.
Pour les autres personnes, l’effet va en augmentant à mesure que des traitements,
selon les nouvelles échelles, sont ajoutés
et atteint son point culminant quand quatre années postérieures à celle du versement du forfaitaire sont prises en compte.
Dans le cas des personnes qui reçoivent
des sommes importantes, cela fait en sorte
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NouvellesCSQ
Printemps 2007
que le traitement moyen des cinq meilleures années peut être supérieur au meilleur traitement à l’échelle reçu réellement.
Cela génère des coûts supplémentaires
appréciables au régime et permet à certaines personnes d’obtenir une rente plus
élevée qu’elle devrait l’être parce qu’il y a
une année, parmi les cinq meilleures, qui
se distingue nettement des autres par la
hauteur du traitement reconnu. Ainsi, les
personnes pour lesquelles l’année du forfaitaire se situe parmi les cinq meilleures
profitent d’un bénéfice supérieur aux autres. Cette problématique est connue depuis
Pour les montants forfaitaires qui seront
versés à compter de 2008, les sommes seront attribuées aux années en cause. Pour
ce qui est du montant versé en 2007, l’étalement ne pourra se faire qu’à compter de
2010. Ainsi, si vous prenez votre retraite
d’ici le 31 décembre 2009, le montant rétroactif sera entièrement imputé à l’année
2007. Par contre, si vous quittez en 2010,
ce montant sera réparti sur les années
2001 à 2007.
C’est la solution la plus équitable à laquelle
nous avons pu parvenir avec le Conseil du
trésor en tenant compte des contraintes
administratives de la CARRA.
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Sessions
d’information
sur la retraite
Pierre Duval
Conseiller CSQ aux régimes de retraite
Plus de 200 personnes ont participé à Trois-Rivières à deux sessions
d’information sur le RREGOP données par les conseillers responsables du dossier de la sécurité sociale à la CSQ. Le Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires Cœur-du-Québec
(SIIIACQ) (CSQ) avait organisé l’événement afin de mieux informer
ses membres sur les enjeux de la retraite. Ce fut l’occasion pour les
conseillers de la Centrale de présenter les derniers développements en
matière de retraite, notamment en rapport avec l’équité salariale.
« Les personnes présentes ont grandement apprécié la disponibilité
des conseillers de la CSQ et la qualité des réponses à leurs nombreuses
questions », témoigne Claire Montour, présidente du SIIIACQ.
Il en fut de même au Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et
infirmières auxiliaires de Laval (SIIIAL) où près de 100 personnes ont
participé à une rencontre d’information sur le même thème. « Selon
les questionnaires d’évaluation de la session remplis par les participantes et les participants à la fin de la rencontre, 100 % des personnes se sont déclarées satisfaites de l’information reçue », signale
Maryse Allain, conseillère en relations du travail au SIIIAL. Ces deux
sessions ont donc connu un franc succès !
Les personnes intéressées à participer à de telles rencontres d’information peuvent en faire la demande à leur syndicat local.
Reporters sans frontières
Depuis le début de l’année 2007, 21 journalistes et collaborateurs des
médias ont été tués et 132 journalistes sont emprisonnés pour avoir
simplement exercé leur métier. Afin de poursuivre son combat en
faveur de la liberté d’informer et d’être informé, cette année encore,
l’organisme Reporters sans frontières sollicite votre aide.
À l’occasion de la 17e Journée internationale de la liberté de la presse,
le 3 mai dernier, Reporters sans frontières, en partenariat avec le
Festival de Cannes, a publié un album consacré à l’un des rendezvous incontournables du 7e art. Les bénéfices de la vente de cet album
seront intégralement versés à l’organisation pour mener des actions
concrètes en faveur de la liberté de la presse : assistance aux journalistes et à leurs familles souvent démunies ainsi qu’aux médias en difficulté, investigations sur le terrain afin de déterminer les responsabilités dans les cas d’assassinat, financement de frais d’avocat lors de procès de presse, accueil de journalistes contraints de fuir leur pays, etc.
Cet album est disponible dans toutes les bonnes librairies et maisons
de la presse pour la modique somme de 13 $. Vous pouvez aussi communiquer directement avec l’organisme à l’adresse suivante :
Reporters sans frontières Canada
1000, rue Fullum, A-108
Montréal (Québec) H2K 3L7
Tél. : 514 521-4111
Téléc. : 514 258-4208
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6:53 PM
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SÉCURITÉ SOCIALE
La CSQ et les droits parentaux
Mario Labbé
Conseiller à la sécurité
sociale de la CSQ
Depuis janvier 2006, bien des choses ont
changé dans le domaine des droits parentaux. D’abord, le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) est venu remplacer
les prestations de maternité et parentales
de l’assurance emploi pour toutes les personnes résidant au Québec. De plus, les
droits parentaux prévus aux conventions
collectives des secteurs public et parapublic ont été sensiblement modifiés par la
loi 142 et son application unilatérale par
le gouvernement dans les nouvelles « dispositions liant » les parties syndicales et
patronales. Enfin, le nombre de personnes
concernées par les droits parentaux dans
ces secteurs a connu un bond spectaculaire. D’une part, en raison du rajeunissement
significatif des personnes salariées et, d’autre part, à cause de la croissance du taux
de natalité au Québec. En effet, le Québec
a connu une augmentation du nombre de
naissances de 8 % en 2006 par rapport à
2005, la plus forte hausse depuis 1909 !
la CSQ. Vous avez donc accès par votre
syndicat local à une personne bien formée
qui sera en mesure de répondre à toutes
vos questions et qui fera l’impossible pour
résoudre tout problème éventuel. En cas
de difficulté à y parvenir, cette personne
pourra de toute façon me contacter.
Par ailleurs, je suis aussi disponible pour
offrir des séances d’information à l’inten-
Bref, si vous êtes enceinte, si vous êtes sur
le point de devenir papa ou si vous désirez
adopter un enfant, je me permets de vous
recommander fortement d’aller rencontrer
la personne responsable des droits parentaux
de votre syndicat local. Elle est de loin la
mieux placée pour regarder avec vous l’ensemble de votre dossier afin de vous assurer
que tous vos droits seront exercés et respectés.
Une expertise unique…
C’est dans ce contexte que le Service de la
sécurité sociale de la CSQ a déployé énormément d’énergie
depuis un an et demi afin de développer la plus grande
expertise possible
en matière de droits
parentaux, autant en
ce qui concerne les
« dispositions liant »
qu’en ce qui a trait
au RQAP. C’est d’ailleurs le principal
avantage de la Centrale par rapport au
service à la clientèle
du RQAP et aux employeurs : pouvoir faire les liens entre le
RQAP et les droits
parentaux prévus
aux « dispositions
liant ».
Un guide CSQ pratique
et complet sur les droits
parentaux (secteurs
public et parapublic) et
le RQAP sera disponible
en juin 2007.
10
NouvellesCSQ
Qui plus est, nous
avons donné jusqu’à
maintenant trois formations approfondies aux personnes
responsables de l’application des droits
parentaux dans les
syndicats affiliés à
Printemps 2007
PHOTOGRAPHE : MARIE-HÉLÈNE TREMBLAY
tion des membres, de durée et de format
adaptés aux besoins que vous exprimerez.
Si cela vous intéresse, parlez-en à votre syndicat. S’il juge la chose pertinente, c’est
avec plaisir que j’irai vous rencontrer.
Je profite aussi de l’occasion pour vous
annoncer qu’un guide CSQ pratique et
complet sur les droits parentaux (secteurs
public et parapublic) et le RQAP sera disponible en juin 2007 sur le site de la Centrale (www.csq.qc.net) et au bureau de
votre syndicat.
Sachez qu’il y a très souvent des éléments
importants, dont personne d’autre ne
vous aura parlé, pouvant avoir un impact
majeur sur vos congés (retrait préventif,
complication de grossesse, maternité, paternité, adoption, etc.) et sur les revenus
auxquels vous avez droit durant ceux-ci
(indemnités de la CSST, assurance salaire,
indemnités complémentaires de l’employeur, prestations du RQAP, etc.). N’hésitez surtout pas. C’est pour votre bien et
surtout… celui de votre futur trésor !
NCSQ_
5/7/07
2:21 PM
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SANTÉ ET SÉCURITÉ
Technicienne en éducation spécialisée en milieu scolaire
Soutien aux jeunes
ou gestion de crise ?
Michelle Desfonds
Conseillère en santé et sécurité du travail, CSQ
Qui, à la CSQ, n’a pas un jour ou l’autre entendu parler des élèves
handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) ?
Qui n’est pas conscient de la problématique des élèves en difficulté
dans nos écoles ? Mais que sait-on des personnes qui travaillent avec
ces élèves ?
Le secteur de santé et de sécurité du travail
et le Comité de la condition des femmes
de la CSQ ainsi que le Syndicat de l’enseignement de Champlain sont préoccupés par la santé mentale au travail des
membres de la CSQ et, en particulier, par
les situations problématiques vécues par
des techniciennes et techniciens en éducation spécialisée (TES) de Champlain.
à rencontrer divers intervenants et intervenantes d’autres syndicats afin de recueillir leurs commentaires et opinions.
Éprouvaient-ils les mêmes problèmes que
ceux décrits dans le rapport de la recherche effectuée auprès des TES de
Champlain ? Que pensaient-ils des solutions proposées ? Avaient-ils d’autres recommandations à formuler ?
« L’univers
de travail
des TES
est à
risques. On ne s’étonnera donc pas de
constater que plusieurs d’entre eux quittent
le métier ou demandent des mutations.
Les TES sont souvent placés dans des conditions
très difficiles, comme l’a
illustré notre article à ce
sujet dans le numéro d’hiver 2007 de Nouvelles CSQ.
Leur mission est de travailler à la prévention des problèmes, d’outiller les jeunes à gérer leurs conflits,
d’aider les élèves à acquérir de la confiance et de Ana Maria Seifert
l’estime de soi et de développer des habiletés sociales et comportementales. Toutefois, les résultats montrent
que les TES ne peuvent consacrer que
peu de temps à ces éléments si importants de leur mission puisqu’ils doivent
continuellement éteindre « les feux », c’està-dire gérer des crises, tout en devant faire
face à la souffrance des jeunes, à la violence verbale et physique. Tout cela rend
leur travail exigeant sur le plan émotif.
hauts
risques. »
PHOTOS : MICHELLE DESFONDS
Ils ont donc demandé au partenariat de
recherche L’invisible qui fait mal1 de mener une étude sur le travail de ces techniciens en éducation spécialisée qui exercent
leurs fonctions auprès d’élèves en difficulté.
Karen Messing, professeure à l’UQAM et la
chercheure, Ana María Seifert, ont accepté de prendre en charge cette demande.
Ana María Seifert a recueilli les données
par des observations ainsi que par des
entrevues auprès des techniciens en éducation spécialisée et d’un petit nombre
d’enseignants du Syndicat de l’enseignement de Champlain. Un rapport préliminaire de cette recherche intitulé Soutien
aux jeunes ou gestion de crise ? a été
remis au syndicat.
Pour valider leurs conclusions avant de
rédiger un rapport final, elles ont demandé
Des membres de syndicats de cinq régions
du Québec affiliés à trois fédérations de la
CSQ ont accepté généreusement de participer à ces rencontres qui réunissaient,
selon le cas, des TES, des psychoéducatrices et des psychoéducateurs ainsi que des
enseignantes et enseignants œuvrant spécifiquement auprès des élèves en difficulté ou auprès des élèves de classes régulières dans lesquelles étaient intégrés des
élèves en difficulté. Bref, un portrait représentatif de l’ensemble des personnes en
interaction au quotidien avec les TES.
Après ces rencontres, un constat s’impose :
même si l’organisation du travail peut
parfois différer d’une commission scolaire à une autre ou même d’une école à une
autre, l’univers de travail des TES est sensiblement le même et demeure à hauts
Le rapport final d’Ana Maria Seifert sera
prêt en juin. D’autres rencontres auront
lieu par la suite afin d’établir un plan
d’action. Car les personnes entendues ne
manquaient ni de motivation ni d’idées
quant aux solutions réalistes qui permettraient de redresser la situation. À suivre…
1
L’invisible qui fait mal est un partenariat
de recherche sur la santé des femmes
au travail, une collaboration entre des
chercheures du Centre interdisciplinaire
d’études sur la biologie, la santé, la
société et l’environnement (CINBIOSE)
de l’UQAM et les comités de condition
féminine et de santé et sécurité du
travail de la CSQ, de la CSN et de
la FTQ.
NouvellesCSQ
Printemps 2007
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8:28 PM
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R E L AT I O N S D U T R AVA I L
Négociations dans
le secteur public
Une instance
de l’ONU
condamne
le décret
François Beauregard
Rédacteur en chef
Le Bureau international du travail (BIT) condamne le décret gouvernemental qui a imposé les conditions de travail
à 500 000 travailleuses et travailleurs du secteur public
québécois lors des dernières négociations. « Le BIT nous
donne raison sur toute la ligne », ont clamé les chefs des
trois plus grandes organisations syndicales québécoises
en conférence de presse. Pour Réjean Parent président de
la CSQ : « Il s’agit d’une importante victoire qui pèse de
tout son poids sur le nouveau gouvernement minoritaire
de Jean Charest. L’occasion lui est offerte de rétablir une
injustice et de faire un geste d’ouverture et de bonne foi. ».
Les médias sont venus
nombreux pour la
conférence de presse
des trois chefs
syndicaux.
Les présidents de
la CSQ, de la CSN
et de la FTQ en
conférence de
presse à Montréal.
Cette démarche internationale auprès du BIT s’est faite
à l’initiative de l’ensemble des organisations syndicales
du secteur public. Elle illustre l’importance pour les syndicats d’intervenir sur le plan international pour faire
respecter les droits des personnes qu’elles représentent.
Selon le BIT, le projet de loi 142 (devenu loi 43), adopté
sous le bâillon en décembre 2005, va à l’encontre des
conventions internationales du travail.
Les organisations syndicales alléguaient que cette loi viole
le droit international en portant atteinte à la liberté
d’association syndicale parce qu’elle a mis fin de façon
abrupte et, sans raison valable, à la négociation collective et parce qu’elle prive les salariées et les salariés d’un
moyen essentiel dont ils disposent pour promouvoir et
défendre leurs intérêts économiques et sociaux, à savoir
le droit de grève. Or, il est reconnu par l’Organisation internationale du travail (OIT) que le droit à la négociation
collective et le droit de grève constituent des éléments
fondamentaux de la liberté d’association protégée par
les conventions internationales.
Dans sa décision, le BIT prie instamment le gouvernement libéral de Jean Charest de modifier la loi 43 pour
la rendre conforme aux conventions no 87 sur la liberté
syndicale et la protection du droit syndical et no 98 sur
le droit d’organisation et de négociation collective. Le
BIT prie également « le gouvernement d’éviter à l’avenir
le recours à des interventions législatives imposant des
conditions de travail, sans qu’il n’y ait eu des consultations franches et approfondies avec les parties impliquées ».
En cas de dispute, le gouvernement devrait selon le BIT,
considérer la possibilité de soumettre le différend à un
arbitrage impartial et indépendant. Le BIT espère fermement que les prochaines négociations se dérouleront en
conformité avec ces principes et il veut être informé de
la situation.
Le BIT réclame, en outre, une révision des « sanctions excessives » contenues dans la loi 43. Il demande au gouvernement de revoir le régime de négociation de manière à
rétablir la confiance de toutes les parties et d’y inclure
des processus de conciliation, de médiation et d’arbitrage.
Le BIT va même plus loin et recommande au gouvernement de ne pas attendre la prochaine négociation en
PHOTOS : FRANÇOIS BEAUREGARD
12
NouvellesCSQ
Printemps 2007
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L’OIT et le BIT, qu’est-ce que c’est ?
L’Organisation internationale du travail (OIT) a pour vocation de promouvoir la justice sociale et, notamment, de faire respecter les droits de l’homme dans le monde du travail.
L’OIT met au point des conventions et des recommandations internationales du travail qui définissent les
normes minimales à respecter dans les domaines de son ressort : liberté syndicale, droit d’organisation
et de négociation collective, abolition du travail forcé, égalité de chances et de traitement, etc. Le BIT
est le secrétariat permanent de l’OIT ; c’est le « quartier général » pour l’ensemble des activités qu’il
met en œuvre sous le contrôle du Conseil d’administration.
faisant preuve de souplesse « au cas où les
parties seraient prêtes à apporter des modifications à l’accord présumé, qui constitue en fait une solution imposée législativement ».
« Ces recommandations du BIT n’ont pas
une portée juridique contraignante pour
le gouvernement québécois, estime François
Meunier, avocat aux services juridiques
de la CSQ. Par contre, elles exercent une
pression d’ordre moral en établissant publiquement que le gouvernement a failli à
ses obligations découlant des conventions
internationales ratifiées par le Canada »,
précise le juriste.
Le Secrétariat intersyndical des services
publics (SISP) interpelle le nouveau gouvernement et les partis d’opposition afin
qu’ils mettent en œuvre les recommandations du BIT. Les organisations syndicales
attendent que le gouvernement convoque
les parties pour revoir
les conditions de travail des salariées et des
salariés de l’État dans
l’esprit de la décision du
BIT.
Les effets de cette loi
sont carrément désastreux, notamment sur
la rémunération et le
pouvoir d’achat salariés
de l’État. L’écart de rémunération ne cesse
de se creuser avec les autres salariés québécois qui accomplissent des tâches similaires. La rémunération globale des salariés de l’État est, en 2006, de 15,2 %
inférieure à celle du secteur privé, selon
l’Institut de la statistique du Québec, un
organisme qui relève… du ministre des
Finances. « La bataille des salaires est
non seulement celle de la protection du
pouvoir d’achat et de la reconnaissance
de la juste valeur de notre travail dans les
services publics, c’est aussi celle de l’attraction et de la rétention du personnel,
dans un contexte marqué par d’importantes pénuries d’effectifs. Des pénuries
qui risquent de s’aggraver dans les années
à venir compte tenu du contexte démographique », indique Réjean Parent, président de la CSQ.
La CSQ demande au gouvernement de
donner suite à ces recommandations, de
respecter le principe de la
liberté syndicale et de redonner à des milliers de
travailleuses et travailleurs
leurs droits de négociation
et de grève, et ce, dans le
respect du droit international.
François Meunier
D’autres démarches juridiques
sont en cours
Dans le but de faire valoir les droits de ses
membres à la libre négociation, la CSQ a
déposé une plainte à la Commission des
relations du travail (CRT) pour négociation de mauvaise foi en février 2006. La
CRT est un organisme indépendant et spécialisé en relations du travail. Son mandat est d’entendre et de disposer de
tout un éventail de recours reliés à l’emploi et
aux relations du travail
au Québec.
« Malgré la volonté de la
CSQ d’obtenir rapidement une décision dans
ce dossier, ce n’est qu’à
l’automne 2006 que l’on
a pu aborder les éléments
Claudine Morin de preuve en soutien à
notre recours, précise
Claudine Morin, avocate aux services
juridiques de la CSQ. Le gouvernement a
multiplié les procédures juridiques afin
d’éviter que le CRT ne se prononce sur le
fond de la question. » Claudine Morin rappelle que, tout récemment, le procureur
général a soumis une demande alléguant
que ce sont les syndicats qui « n’ont pas
négocié de bonne foi en formulant des
demandes déraisonnables et en créant,
chez leurs membres,
des attentes impossibles à satisfaire ». Comment peut-on faire
une telle affirmation
quand on sait que les
centrales syndicales ne
demandaient que la
simple protection du
pouvoir d’achat ? Ainsi
ne pas vouloir s’appauvrir serait donc devenu
déraisonnable !
La CSQ a aussi déposé
un recours en Cour supérieure prétendant que le gouvernement, en adoptant le
projet de loi 142 (loi 43), a violé la Charte
canadienne sur la liberté d’association et
sur la liberté d’expression en raison des
mesures punitives prévues pendant toute
la durée du contrat de travail. À suivre…
Extrait de la
recommandation
du Comité des
libertés syndicales
du BIT :
« Le comité estime que les
accords conclus de manière
précipitée, sous des menaces
de l’adoption d’une loi offrant
des garanties moindres et sans
connaissance de sa teneur
exacte ne possèdent pas un
caractère volontaire, et ne
respectent pas l’obligation
de négocier de bonne foi. »
(Page 138)
Un courriel à mon député
Les membres de la CSQ sont invités à faire parvenir un courriel à leur député leur demandant d’intervenir auprès du gouvernement afin que ce dernier se conforme, dans les plus brefs délais, aux
recommandations du BIT. Un modèle de ce courriel ainsi que les adresses des députés sont disponibles sur le site Internet de la CSQ à l’adresse suivante : www.csq.qc.net. N’oubliez pas de signer ce courriel avant de
l’envoyer, en précisant que vous êtes un citoyen du comté.
NouvellesCSQ
Printemps 2007
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NCSQ_
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6:54 PM
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SERVICES PUBLICS
Une voix qui parle au nom de 314 000 membres
Le SISP
Une nouvelle force
qui est en train de v
Claude Girard
Attaché de presse CSQ
À l’initiative de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui y joue un rôle actif,
ainsi que du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) et du Syndicat de
professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), une
nouvelle force syndicale est en train d’apparaître au Québec, le Secrétariat
intersyndical des services publics, communément appelé le SISP.
Historiquement, le SISP a vu officiellement le jour lors de la dernière ronde de négociations alors que la CSQ
s’était alliée avec des organisations
syndicales indépendantes dans le
but de renforcer notre rapport de
force commun. L’expérience a été
heureuse au point que, lors du
dernier congrès de la Centrale,
les déléguées et les délégués ont
demandé d’explorer, d’ici notre
prochain congrès en 2009, la
possibilité d’édifier une nouvelle
force syndicale dans les services publics
sur la base
du SISP.
La
nécessité
de resserrer
nos forces
Au cours des derniers mois,
les organisations syndicales
membres du SISP, soit la Centrale
des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération interprofessionnelle de la santé du
Québec (FIQ), le Syndicat de la fonction
publique du Québec (SFPQ) et le Syndicat
de professionnelles et professionnels du
gouvernement du Québec (SPGQ) – l’Alliance du personnel professionnel et technique
de la santé et des services sociaux (APTS)
s’est ajoutée aux membres – ont mené, dans
une douzaine de villes à travers la province, une grande tournée d’information et
14
NouvellesCSQ
Printemps 2007
de sensibilisation pour la défense des services publics au Québec.
Cette tournée a connu un succès encourageant et a permis de constater la volonté
partagée par de nombreux membres de nos
organisations pour que l’on resserre les
rangs des forces syndicales du secteur public pour mieux défendre nos intérêts
communs. Un besoin qui est devenu d’autant plus criant avec l’élection d’un gouvernement libéral et d’une opposition officielle de l’ADQ. Cela laisse présager qu’un
fort vent néolibéral risque de souffler bientôt sur le Québec, lequel nous sera grandement défavorable.
Le temps est venu d’étendre
notre collaboration
Au cours des derniers mois, les collaborations ponctuelles entre les cinq organisations syndicales sont devenues de plus en
plus fréquentes. Les nombreux intérêts
communs des membres et la détermination à faire entendre la voix syndicale la plus
forte possible pour défendre les travailleuses et les travailleurs du secteur public
expliquent cette multiplication des actions
et interventions du SISP.
Dans ce contexte, les directions des cinq
organisations syndicales du SISP sont
convaincues que le temps est venu d’élargir leurs collaborations et de se donner
un fonctionnement encore plus efficace.
Elles étudient donc les avenues possibles.
À la CSQ, la position est claire : la Centrale est disposée à poursuivre ses alliances
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Le SISP, c’est quoi ?
e syndicale
voir le jour
Le SISP représente près de 314 000
membres, ce qui en fait le plus
important regroupement syndical
constitué de personnes salariées
œuvrant essentiellement dans
les services publics :
• La Centrale des syndicats du
Québec (CSQ) représente plus
de 175 000 membres, dont près
de 125 000 proviennent du
réseau de l’éducation et de la
santé et des services sociaux.
• Le Syndicat de professionnelles
et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) représente 19 000 membres de
la fonction publique, des
sociétés d’État, des réseaux
de l’éducation et de la santé
du Québec.
avec les quatre organisations syndicales indépendantes à la condition que cet engagement devienne plus impliquant pour tous les partenaires. Un engagement qui se
traduirait bien sûr dans le cadre de la prochaine négociation, mais également en regard
de l’action professionnelle et sur le terrain de l’action sociopolitique.
Pour l’action professionnelle, le dossier prioritaire à défendre est l’attraction et la rétention de personnel de qualité dans les services publics. Pour ce qui est de l’action sociopolitique, l’action du SISP viserait la lutte contre la privatisation des services publics,
la révision des organismes publics, l’action internationale, l’émergence d’un discours
alternatif, la culture et la langue.
Un climat sociopolitique qui presse
à un rapprochement
Il ne fait aucun doute que le climat actuel au Québec est le meilleur argument qui presse
les cinq organisations syndicales à se rapprocher et à mettre en branle des stratégies
communes d’intervention. Sur le plan politique, il est évident que les groupes de pression de droite tels que l’Institut économique de Montréal et les « Lucides » de Lucien
Bouchard auront une influence certaine à Québec avec la réélection du gouvernement
Charest et une opposition officielle adéquiste.
Notre lutte contre les apôtres de la privatisation des services publics, de la réduction de
l’État et de la sous-traitance risque donc de s’intensifier très sérieusement au cours des
prochains mois. D’autant plus qu’il faut reconnaître que sur le plan social, le climat ne
nous est pas nécessairement plus favorable avec la mode de la radio-poubelle et des nombreux préjugés qu’elle véhicule contre les services publics.
• Le Syndicat de la fonction
publique du Québec (SFPQ)
représente 43 000 membres,
dont 40 000 œuvrent comme
fonctionnaires dans la fonction
publique québécoise.
• La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
(FIQ) représente 54 000 membres dans le réseau de la santé
et des services sociaux.
• L’Alliance du personnel professionnel et technique de la
santé et des services sociaux
(APTS) représente 23 000 membres répartis dans 150 établissements de santé et de services
sociaux du Québec, soit une
centaine de titres d’emploi
différents.
Un important combat à livrer
Il se pourrait fort bien que nous soyons à la veille d’entrer dans un sérieux combat pour
défendre nos emplois bien sûr…, mais également le modèle social québécois auquel
nous croyons et qui assure aux citoyennes et aux citoyens de recevoir des services
publics de qualité… peu importe leurs revenus et l’endroit où ils vivent au Québec.
L’enjeu est suffisamment important pour que nos organisations syndicales rassemblent
leurs forces.
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Printemps 2007
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CSQ EN RÉGION
Télévision publique québécoise
PHOTOS : ALAIN BERNIER
Quelle
place
pour les
régions ?
Alain D’Eer
Président de l’Association
des réalisateurs et réalisatrices de Télé-Québec
étant devenue la norme, c’est véritablement par amour pour leur région que des
artisans poursuivent la production audiovisuelle aux quatre coins du Québec. Mais
c’est aussi grâce à la présence d’une poignée de producteurs indépendants et, surLa campagne électorale aura consacré la
tout, à la synergie créée par les neuf bufracture entre les régions du Québec et le
reaux régionaux de Télé-Québec. Dans ce
pouvoir politique. Depuis des décennies,
contexte, les émissions Méchant Contraste !
les forces centralisatrices du pouvoir ont
et Pulsart prennent toute leur valeur : en
toujours emporté avec elles les beaux displus des équipes de coorcours, emplis de promesses élecdination et de technitorales, sur la place des régions
ciens, ils sont 15 réalisaau Québec. Cette tendance lourtrices et réalisateurs à
de à la centralisation, nos téléêtre devenus pour le resvisions publiques que sont Radiote des Québécoises et
Canada et Télé-Québec l’ont,
des Québécois les yeux
elles aussi, consacrée en réduiet les oreilles des régions
sant allégrement leurs effectifs
du Québec. Que ce soit
en région. Sur la scène nationaMathieu Boudreau à
le, les régions sont maintenant
Carleton, Myriam Caron
confinées à faire parler d’elles
à Sept-Îles, Francis Lauzon
lors d’événements dramatiques
Alain D’Eer, président à Québec, Sophie Caron
(fermeture d’usine, crise dans l’inà Gatineau, Sébastien
dustrie du bois, accidents de la
de l’Association des Pilote à Saguenay, et les
route, etc.) et au moment des
réalisateurs et autres, ils sont tous là
élections, sauf pour deux émissions, véritablement enracinées
réalisatrices pour faire connaître les
gens de leur coin de
dans les régions du Québec, et
de Télé-Québec pays et, surtout, leur dyproduites par des employés régunamisme intellectuel et
liers et contractuels de Télé-Québec vivant en
créatif au reste des Québécoises et des
région : Méchant Contraste ! et Pulsart.
Québécois.
La région du Saguenay a beau avoir son
Comme le soulignait dans son mémoire
bulletin d’informations régionales à TVA
l’Observatoire du documentaire, « le lien
et à Radio-Canada, ça n’informe pas les
étroit que Télé-Québec entretient avec la
gens de l’Abitibi et de la Gaspésie ou de
réalité régionale donne à son rayonnement
Montréal de ce qui s’y passe, car eux aussi
une dimension additionnelle. Ce lien resont alors occupés à regarder leurs « bulprésente, en outre, le cœur d’un réseau de
letins de nouvelles régionales ». Voilà donc
diffusion et d’animation essentiel qui n’a
la conséquence de 15 ans de compressions
pas été, à ce jour, suffisamment et adéquadans nos télévisions publiques, la « montement exploité ».
tréalisation des ondes ».
Exercer notre métier de réalisatrices et de
réalisateurs en région relève alors plus de
la passion que de la raison. La précarité
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NouvellesCSQ
Printemps 2007
Les citoyennes et les citoyens de l’ensemble du territoire québécois ont le droit de
revendiquer une présence à l’écran à tra-
vers leur télévision publique. Il est légitime qu’ils puissent se reconnaître à travers cette fenêtre identitaire. Comme le
soulignait Paul Cauchon dans Le Devoir :
« Une télévision publique, c’est un outil
culturel : ses choix de programmation permettent d’enrichir la société québécoise
et de donner accès à des paroles, des pratiques, des artistes, des débats qui ont peu
accès aux ondes. Que ses cotes d’écoute
Bureau de Télé-Québec
à Carleton
ne soient pas celles de Star Académie n’a
rien à voir avec son importance. » Le Québec
est composé d’un ensemble de régions
qui constituent sa richesse à travers sa
diversité et ses particularités. Il est primordial que Télé-Québec fasse une place
plus importante à la production régionale. Les nouvelles technologies ont permis à Méchant Contraste ! de démontrer
qu’il est possible de faire de la production
de grande qualité à partir des régions.
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Parole
aux jeunes !
S
E
N
U
E
J
Le Réseau des jeunes de la CSQ a été l’occasion pour Nouvelles CSQ
de recueillir des témoignages concernant leur insertion professionnelle.
Des jeunes de tous les horizons nous parlent en toute simplicité de
leur expérience en début de carrière.
François Beauregard
Rédacteur en chef
Diane Colgan est enseignante en histoire et en géographie à la Polyvalente des Abénakis de Saint-Prosper en Beauce. Ce n’est qu’à sa troisième
année d’embauche qu’elle a obtenu de l’encadrement professionnel, la direction
ayant décidé de rencontrer tout le personnel enseignant à cet effet.
L’encadrement proposé prenait la forme d’un mentorat. Les jeunes enseignantes et
enseignants pouvaient choisir les personnes avec lesquelles ils se sentaient plus à
l’aise pour discuter. Les rencontres se déroulaient une fois par mois et les mentors
étaient libérés pour assurer l’encadrement.
« Mon expérience du mentorat a été positive, car la première année, on a bien des
questions sur la gestion d’une classe et sur la matière. De plus, j’aimais l’idée que
ce soit informel et, surtout, que ce soit un collègue qui assure l’encadrement. Je
ne me sentais pas évaluée. Je me sentais à l’aise de parler ouvertement des problèmes
qui me préoccupaient », précise Diane Colgan.
Diane
PHOTOS : FRANÇOIS BEAUREGARD
« Par contre, déplore la jeune enseignante, la commission scolaire voudrait maintenant imposer le mentorat. Ce n’est pas une bonne idée, car quand on se sent obligé,
ça devient contraignant et le courant passe moins bien. Le mentorat c’est un beau
projet, mais il ne faudrait pas le pervertir par des contraintes bureaucratiques. »
Annie-Christine Tardif est enseignante depuis neuf ans en première année à l’école du Joli-Bois de Valcartier. « Je me suis débrouillée
pas mal toute seule dans mes premières années d’enseignement. C’était
vraiment difficile. Je devais aller chercher de l’aide quand j’en avais besoin,
car rien n’était organisé. »
Annie-Christine trouve que les jeunes enseignantes et enseignants hésitent trop
souvent à demander de l’aide, car ils craignent que l’on interprète cette demande
d’aide comme de l’incompétence ou comme de l’incapacité à gérer leur classe. « Les
jeunes doivent prendre des initiatives, affirme-t-elle, car personne ne te demande
comment ça va avec ton groupe. Par contre, quand on voit la surcharge des collègues,
on n’est pas toujours à l’aise d’aller demander de l’aide », concède-t-elle.
La Commission scolaire de la Capitale met de l’avant un programme de mentorat
dans lequel on retrouve des formations obligatoires. Il y a aussi un service de
dépannage particulièrement pour celles et ceux qui enseignent en milieu défavorisé. « L’accompagnement, c’est bien, mais le caractère obligatoire me semble
moins intéressant. Je trouve qu’il y a un risque de bureaucratiser le mentorat et
que le programme perde de son intérêt. »
Annie-Christine
« Les jeunes qui éprouvent des problèmes avec certains élèves ne doivent pas attendre avant d’en parler à la psychologue, à l’orthopédagogue ou à la technicienne en éducation spécialisée, quand ces personnes sont disponibles, bien sûr, ce qui n’est pas le cas dans
toutes les écoles. Si l’on veut que l’insertion des jeunes soit réussie, il faut que ceux-ci aient accès à des réseaux d’entraide.
Malheureusement, la lourdeur de la tâche et la précarité d’emploi sont des obstacles à la création de tels réseaux qui faciliteraient une
meilleure intégration dans l’enseignement.
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EUNES
À LA UNE
Ève Nancy
Ève Dutil-Paquette est travailleuse sociale à l’Institut Raymond-Dewar
(IRD), un organisme qui vient en aide aux personnes sourdes et malentendantes. Avant d’entrer à l’IRD, elle a vécu une expérience de travail pénible dans
un centre jeunesse. Dès le départ, elle a dû s’occuper de 30 cas, sans que personne ait le temps d’assurer son encadrement. « Ce n’était pas par mauvaise volonté,
tout le monde était surchargé. On n’a pas d’expérience et on manque de confiance.
On a beau être débrouillard, c’est difficile de s’améliorer sans aide surtout quand
on vit constamment dans un sentiment d’urgence. Quand on commence un
emploi, on a besoin de quelqu’un pour nous épauler, affirme-t-elle. » Dans les
trois centres jeunesse où elle a travaillé, Ève a été témoin de plusieurs épuisements professionnels chez les jeunes en début de carrière. « J’ai vu bien des collègues en panique et à bout qui pleuraient. J’ai décidé que ça ne m’arriverait pas,
alors j’ai quitté le centre. »
Janique
À l’IRD où elle travaille maintenant, les choses vont beaucoup mieux. Les délais sont moins
serrés et Christiane Dupré, une travailleuse sociale d’expérience, assure son encadrement
de façon informelle. « J’ai beaucoup d’affinités avec Christiane, je me sens en confiance et
elle est très généreuse de son temps. Juste de savoir qu’elle est disponible pour répondre à mes questions, ça m’enlève énormément de pression. Je m’estime chanceuse de
pouvoir me valider auprès d’elle. » À l’IRD, les gens sont heureux au travail ; on a souvent des rencontres d’équipe pour partager nos préoccupations et mettre en commun
nos expériences. C’est fantastique ! »
Janique Fournier est infirmière à l’urgence au Centre hospitalier de Gaspé. Au terme de ses études, elle a été
quatre ans sans travail en raison du virage ambulatoire. On lui a offert l’encadrement d’une infirmière expérimentée à ses
débuts afin de préciser les techniques d’intervention. « C’est essentiel d’avoir accès à un bon encadrement à nos débuts.
On travaille avec des humains, une faute professionnelle peut être lourde de conséquences. L’encadrement des nouvelles,
c’est indispensable parce que la réalité est bien loin de la théorie apprise au cégep ou à l’université », juge la jeune infirmière.
Les jeunes qui entrent ne veulent plus travailler le soir et la nuit. Cela cause des problèmes en raison des pénuries de personnel. Pour
sa part, Janique aime bien travailler le soir ou la nuit : « On est moins nombreuses. Il y a un bon climat d’entraide et c’est plus facile
de s’intégrer dans une équipe. Pour les jeunes mères de famille, la profession est exigeante, car on peut être appelées deux ou trois
fois par semaine pour faire un autre quart de travail. Ça en décourage plus d’une. »
Janique adore son métier et elle n’a jamais songé à quitter la profession comme tant d’autres infirmières épuisées. Quand on lui demande
ce qu’elle dirait à des jeunes qui veulent devenir infirmières, elle répond : « Je leur dirais que c’est un beau métier, mais que c’est exigeant
et je leur dirais qu’ils devront y consacrer une fin de semaine sur deux pendant toute leur vie. Alors c’est un pensez-y bien. »
« Habituellement, on attendait qu’une infirmière ait deux ans d’expérience et qu’elle se sente à l’aise dans la profession avant de l’assigner
à l’urgence. Aujourd’hui, en raison des pénuries, on assigne des gens peu expérimentés ; ça crée une pression énorme sur les jeunes. »
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Nancy Noël est conseillère en orientation à l’école secondaire Manikoutai de Sept-Îles. « Quand je suis entrée en
fonction, je n’ai eu droit qu’à deux semaines d’entraînement. C’est bien peu pour remplacer une conseillère qui partait
à la retraite avec 33 ans d’expérience dans ses bagages… » Cette conseillère d’expérience, France Martel, a accepté d’encadrer Nancy sans rémunération. Elle a répondu à ses interrogations au téléphone et elle a même accepté d’aller dîner
avec sa jeune remplaçante occasionnellement. « La réussite dans mon métier, c’est à elle que je la dois », affirme Nancy.
« Dans les années 70, il y avait 10 professionnels dans cette école. Aujourd’hui, il y en a plus que trois, déplore Nancy. Je suis seule
pour répondre aux besoins d’orientation de 1 500 élèves, c’est très exigeant. » Le soutien, c’est important, quand on commence un
métier ; on a des tas de choses à apprendre. Si je n’avais pas pris l’initiative de demander de l’aide, je serais restée seule avec mes
interrogations et mes doutes, mais ce n’était pas mon genre. Je suis allée chercher des réponses à mes questions auprès de gens compétents et, chaque fois, j’ai obtenu une réponse positive. » Ainsi, Guy Buteau, le président du Syndicat des professionnelles et professionnels en milieu scolaire du Nord-Ouest, me donne souvent des conseils.
« La pire attitude qu’un jeune peut avoir en début de carrière, c’est de faire comme s’il savait tout et qu’il n’avait rien à apprendre,
car ce n’est pas vrai ; c’est même tout le contraire. Quand on brise la gêne et qu’on va demander de l’aide, on réalise que les gens
sont contents de partager leurs savoirs la plupart du temps ; il suffit de faire les premiers pas », de conclure la jeune conseillère.
Yves
Yves Brouillette est technicien en informatique à la
Commission scolaire de Laval. Il estime que les jeunes doivent
prendre leur place. « C’est bien beau de compter sur les autres,
mais il faut aussi avoir de l’initiative et aller chercher l’information auprès des gens plus expérimentés. Même si l’on est
à statut précaire, il faut demander l’information et ne pas avoir
peur d’être jugé ; c’est normal au début de ne pas tout savoir. »
Yves évalue que son intégration s’est plutôt bien passée malgré
quelques difficultés normales au début. « Moi, je ne suis pas un gars
gêné, je vais chercher l’information là où elle se trouve et la
réponse est bonne la plupart du temps. Il y a de la place pour les
jeunes qui veulent la prendre. La preuve : notre syndicat à Laval a
élu trois jeunes à l’exécutif en avril. » Yves déplore cependant que
trop de jeunes à statut précaire aient peur de s’impliquer dans les
syndicats par crainte d’être mal vus par l’employeur. « L’éducation
syndicale devrait être enseignée au secondaire et au cégep, comme
on le fait au réseau des jeunes de la CSQ. L’histoire du mouvement
ouvrier, c’est important. C’est plus facile de savoir où aller quand on
sait d’où l’on vient », juge-t-il.
Félix Beaudry est infirmier auxiliaire au Centre de santé et de services sociaux
de Trois-Rivières depuis un an et demi, il est aussi agent de griefs pour le Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires Cœur-du-Québec
(SIIIACQ) (CSQ). Auparavant, il avait travaillé quatre ans en Ontario. Quand il a
commencé à travailler au Québec, il a eu un choc. Pour lui, le contraste entre les
deux provinces est frappant : « Au Québec, il y a beaucoup moins de ressources et
la qualité des soins est nettement moindre. Les conditions de travail sont aussi moins
intéressantes. Non seulement le salaire au Québec est-il inférieur, mais en Ontario
j’ai eu un poste à temps complet dès ma première année d’embauche. Au Québec,
on peut rester à temps partiel occasionnel sur appel pendant plusieurs années
avant de pouvoir espérer un poste à temps complet », s’étonne Félix.
Félix
En Ontario, la période d’orientation des nouveaux est plus longue : dix quarts de travail
et parfois plus. En outre, les gens qui font l’encadrement sont libérés de leur tâche, ce qui
n’est pas le cas ici. Au Québec, beaucoup de jeunes abandonnent le métier dans les premiers mois. L’obligation de faire des heures supplémentaires de façon régulière et l’instabilité des horaires de travail sont les causes de cette désertion. « Le projet de loi 142 (maintenant la loi 43) a aggravé la situation. Cette loi a enlevé l’espoir que les gens avaient
d’améliorer leurs conditions de travail. C’est inquiétant, quand on sait que nous avons de
la difficulté à recruter du personnel qualifié et que beaucoup de personnes ne restent pas en
raison des mauvaises conditions de travail. J’ai l’impression qu’on est en formule 1, qu’on
se dirige tout droit vers un mur et que personne n’appuie sur les freins », s’inquiète le
jeune infirmier auxiliaire.
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S
JEUNE
DOSSIER
Aider les jeunes
Valoriser
le savoir enseign
Une proportion importante de jeunes enseignants quittent la profession faute d’encadrement adéquat et
des centaines d’autres plus expérimentés prendront bientôt leur retraite, emportant avec eux une somme
considérable de savoirs d’expérience qui pourraient faciliter l’insertion professionnelle des jeunes. Le
milieu de l’éducation est-il en train de rater le défi de la coopération intergénérationnelle ? Nos organisations seront-elles frappées d’amnésie institutionnelle à défaut d’avoir instauré des mécanismes efficaces de valorisation et de transfert des connaissances ?
Amélie Ouellet
Conseillère au Syndicat
de l’enseignement du
Grand-Portage
C’est ce que nous avons tenté de savoir
par une enquête auprès d’enseignants des
écoles primaires et secondaires de la Commission scolaire du Fleuve-et-des-Lacs
ainsi que de la Commission scolaire de
Kamouraska–Rivière-du-Loup. En juin
2006, 191 enseignants ont répondu à nos
questions. Les objectifs généraux de cette
enquête étaient de mieux connaître ce
que le personnel enseignant vit et perçoit
dans son environnement et de cerner s’il
existe des mécanismes formels et informels de transfert intergénérationnel des
connaissances dans leur milieu de travail.
Le savoir
enseignant,
une des plus
grandes richesses
de notre système
d’éducation.
Notre étude montre que peu de mécanismes formels de transfert existent dans les
milieux de travail. Les trois quarts des répondants disent qu’il n’existe pas de mécanismes dans leur milieu alors que plus
de 90 % des enseignants affirment qu’il
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serait pertinent d’en établir. Ces résultats montrent
que les enseignants sont
grandement intéressés au
transfert des savoirs et
qu’ils sont conscients que
c’est un besoin dans la profession. Le principal obstacle au transfert des savoirs
est, selon eux, la lourdeur
de la charge de travail.
La formation universitaire ne semble pas préparer
adéquatement le personnel
enseignant à ce travail intense d’apprentissage qui
est une caractéristique forte de l’éducation. Plus de
85 % des répondants disent
s’être sentis insuffisamment
préparés à la sortie de l’uniAmélie Ouellet
versité pour faire face à la
réalité de l’enseignement.
tions d’entrée dans la profession sont donc
De plus, parmi les répondants âgés de 20
marquées à la fois par la surcharge de
à 30 ans lors de l’enquête, 92,1 % ont eu le
travail et par la précarité, rendant ainsi
sentiment de ne pas être suffisamment
l’insertion professionnelle plus difficile.
préparés lors de leur première année d’enDe plus, les deux tiers des répondants diseignement même s’ils ont reçu la forsent avoir enseigné des matières pour lesmation la plus complète de quatre ans.
quelles ils n’étaient pas préparés lors de
Les premières expériences en classe sont
leur première année de travail.
essentielles pour apprendre à enseigner,
Aussi, il n’est pas rare de voir un jeu inexà développer une confiance en ses capacipérimenté hériter d’une des tâches les
tés et à bien s’insérer dans la profession.
plus difficiles de son école. Beaucoup de
Néanmoins, ces expériences semblent trop
jeunes enseignants se retrouvent avec des
souvent être vécues avec difficultés et
classes d’élèves en difficulté sans les outils
aboutissent parfois à des échecs. Notre ennécessaires pour affronter cette réalité.
quête nous montre que durant leur preAinsi, les jeunes enseignants se sentent
mière année d’enseignement, 84,2 % des
seuls et n’osent pas se confier parce qu’ils
répondants ont eu l’impression d’être déappréhendent une évaluation négative
passés par la charge de travail. Les condi-
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gnant
dans un contexte marqué par la précarité
d’emploi. Il faut dire que 76,5 % du personnel enseignant ayant participé à notre
enquête se sent isolé ou laissé à lui-même
dans l’exercice de sa profession. Dans un tel
contexte d’insertion, il est difficile de se
valider, de prendre confiance en soi et de
s’épanouir dans son travail. On ne s’étonnera
pas de constater que
62,3 % des répondants
disent avoir déjà pensé
abandonner la profession. Plusieurs aspects
de la tâche actuelle d’un
enseignant accentuent
le sérieux malaise qui
habite la profession et
amène les gens à penser quitter le métier.
PHOTO :
Le soutien informel entre enseignants est très
présent dans les milieux
et il semble y avoir une
bonne collaboration entre pairs. À 96,9 %, les
enseignants disent avoir
reçu le soutien et la
collaboration des enseignants d’expérience
durant leur première
année d’enseignement
FRANÇOIS BEAUREGARD
et plus des trois quarts
des répondants disent avoir eu le soutien
ou la collaboration des autres enseignants
débutants. Les résultats montrent qu’il y a
donc une collaboration naturelle des enseignants entre eux.
Les enseignantes et les enseignants à 76,4 %
ont vécu une évaluation de la part de leur
supérieur, mais moins de 25 % des répondants trouvent pertinentes l’évaluation ou
la supervision pédagogique faites par la
direction d’école telles qu’elles se pratiquent actuellement.
La relève est là, mais il faut savoir l’attirer
et surtout la conserver si l’on veut éviter
d’aggraver les pénuries et maintenir la qualité de l’enseignement. La solution réside
PHOTO D’ARCHIVES
dans la valorisation de la profession enseignante dont l’amélioration du salaire et
des conditions de travail constitue des éléments fondamentaux. Soutenons davantage les jeunes enseignants en les outillant à relever leur défi quotidien. Pour
91,6 % des enseignants répondants, il
est essentiel d’instaurer dans leur milieu
des mécanismes formels de transfert des
savoirs selon des formules flexibles qui
ne confondent pas l’encadrement et l’évaluation. Des initiatives de ce genre naissent un peu partout au Québec, mais de
façon ponctuelle et sans directive nationale. Le métier d’enseignant est exigeant ; il
mérite d’être mieux soutenu.
Il semble urgent de mettre en place une
politique d’insertion professionnelle dans
tous les établissements d’enseignement.
Les jeunes enseignants devraient être
considérés comme une source abondante
d’idées nouvelles, alors que les anciens
ont davantage de crédibilité du point de
vue de l’organisation. Il serait impératif
de jumeler les connaissances de ces générations qui cohabitent dans leur milieu
de travail. Tout le monde y trouverait son
compte s’il existait des mécanismes de
transfert des savoirs formels dans tous les
milieux.
Plusieurs aspects
de la tâche actuelle
d’un enseignant
accentuent le sérieux
malaise qui habite
la profession et amène
les gens à penser
quitter le métier.
tenus dans l’exercice de cette exigeante
profession. Saurons-nous collectivement
prendre les mesures qui s’imposent pour
éviter l’amnésie institutionnelle et la dilapidation d’une des plus grandes richesses de notre système d’éducation, le savoir
enseignant ?
À défaut de prendre les mesures qui s’imposent, nous risquons de voir du personnel expérimenté quitter la profession, emportant avec lui l’immense richesse que
constitue leur savoir d’expérience. Nous
nous exposons aussi à décourager des jeunes qui auraient mérité d’être mieux sou-
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RENCONTRE
Troubles déficitaires de
l’attention ou d’hyperactivité
La méthode F.O.C.U.S. vient
en aide aux enseignants
Claude Girard
Attaché de presse CSQ
« Les enseignantes et les enseignants doivent composer de plus en plus avec des
élèves qui ont des troubles déficitaires de
l’attention ou d’hyperactivité. Au cours des
dernières années, plusieurs m’ont demandé comment ils pouvaient intervenir plus
efficacement auprès de tels élèves et, à
l’exception des réponses classiques, je me
sentais vraiment impuissant. Ça ne me satisfaisait pas et j’ai donc travaillé durant
deux ans et demi afin de mettre au point
la méthode F.O.C.U.S. actuellement en expérimentation et qui donne des résultats
encourageants. »
Psychoéducateur depuis 18 ans, René
Lafleur travaille à la Commission scolaire
Marie-Victorin en Montérégie où une enseignante de 5e année à l’école Jean-De
Lalande, Mélanie Lacourse, applique avec
enthousiasme la méthode F.O.C.U.S. depuis maintenant près de deux ans.
PHOTOS : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC
Mélanie Lacourse et Kevin Foucher
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penser sont invités à se rendre pour relaxer,
lire ou jouer à un jeu de société », raconte madame Mélanie.
L’enseignante est catégorique : si les règles
sont clairement établies en début d’année,
la méthode F.O.C.U.S. fait des merveilles.
« Ça ne représente pas un surplus de travail
pour l’enseignante puisque ça se gère tout
seul. Au début, les jeunes sont curieux,
mais rapidement, les coins F.O.C.U.S. en
viennent à faire partie de l’environnement
de la classe. Contrairement à ce qu’on
pourrait craindre, il n’y a pas d’abus. Seuls
ceux qui en ressentent vraiment le besoin
y recourent et les autres ne les remarquent
même plus », soutient la jeune enseignante.
Les élèves sont emballés par la nouvelle
méthode. Parmi eux, le jeune Kevin
Foucher, 12 ans, qui fréquentait la classe
de Mélanie Lacourse l’an dernier.
« F.O.C.U.S. est l’acronyme pour Façon
d’obtenir le calme utile pour socialiser.
L’idée est de permettre à l’enfant perturbé
de prendre un temps pour retrouver son
calme et retourner avec le groupe. Un coin
est aménagé dans la classe où l’élève qui
se sent trop excité se retire de lui-même.
Il prend alors dix minutes pour réaliser
une des activités d’autorégulation »,
explique René Lafleur. Ce coin est appelé
Farfouille, du nom d’un gentil personnage
au cœur des activités proposées par
F.O.C.U.S.
« Pour moi, l’école est devenue beaucoup
plus agréable. J’ai appris à me calmer. Avant,
je me serais défoulé en donnant des coups
de poing, ce qui n’était bien pour personne, et j’étais puni. Maintenant, même si je
ne suis plus dans la classe de madame
Mélanie, j’ai développé des trucs lorsque
je ne me sens pas
bien. Par exemple,
je me retire seul
dans un endroit
calme, là je prends
trois grandes respirations et ça va
mieux après », de
dire Kevin.
« Les fiches d’activités sont variées et il n’en
tient qu’au jeune de choisir celle qu’il souhaite faire. L’enfant peut se contenter d’écouter un peu de musique relaxante, manipuler une balle antistress ou regarder couler un sablier. Toutes les activités proposées
ont un seul et même objectif : ramener
l’enfant dans un état de calme », mentionne le psychoéducateur. « Et ça marche ! »,
renchérit Mélanie Lacourse.
René Lafleur et
Mélanie Lacourse
n’ont pas la prétention de penser
que la méthode
F.O.C.U.S. règle
tous les problèmes,
René Lafleur
mais elle contribue à faire en sorte que l’école redevienne
un lieu plaisant pour tous.
« En plus du coin Farfouille, un coin gymnase et un coin balcon viennent compléter l’approche. Dans le coin gymnase, on
retrouve un vélo stationnaire, un ourson
pour frapper, de même qu’un tableau où
l’on peut écrire les choses méchantes que
l’on a envie de dire et qu’on efface ensuite.
Quant au coin balcon, c’est le lieu privilégié où les élèves que l’on veut récom-
Pour en savoir plus, communiquez avec
René Lafleur à [email protected].
Pour une présentation vidéo de la
méthode F.O.C.U.S., rendez-vous sur le
site Éducation de la CSQ à l’adresse
suivante : ww.education.csq.qc.net.
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TÉMOIGNAGE
JEUNE
S
Pourquoi
je n’ai pas
abandonné
l’enseignement
Marie-Danièle Noiseux
Enseignante à l’école
Saint-Vincent
Depuis toujours, j’ai voulu être
enseignante, j’avais de quoi alimenter mon rêve, ma mère est
enseignante. Dès les débuts, la
découverte de la profession m’a
enthousiasmée. Les techniques,
les méthodes d’apprentissage et
la réforme, tout semblait être à
sa place et avoir sa raison d’être.
Certaines théories ne s’appliquaient pas aussi aisément que
je le croyais, je m’en rendais bien
compte, mais l’encadrement de
stage me permettait d’évoluer
et d’aimer cette profession. Mon
rêve prenait forme !
L’année suivante allait cependant m’apporter son lot de surprises et de désillusions. Ma carrière d’enseignante a débuté
par un contrat de remplacement, comme
la cinquième titulaire de ce qui allait être
ma classe pour l’année. J’ai découvert très
rapidement que je faisais face à un groupe de 24 élèves, dont 12 éprouvaient des
difficultés d’apprentissage et/ou des troubles de comportement. J’ai dû faire de
nombreuses interventions pour calmer
des crises, faire des arrêts physiques et
rencontrer des parents dépourvus. Les
journées qui se déroulaient sans anicroche se comptaient sur les doigts de la
main, mais en tant qu’enseignante débutante, je voulais bien paraître, réussir là
où d’autres avaient failli.
Je ne demandais pas d’aide et je n’en recevais pas énormément non plus. Peu à
peu, mon humeur à la
maison devenait mauvaise.
Je pleurais très fréquemment. Je n’avais plus le goût
de me lever pour aller travailler.
Les retours de congé étaient pénibles. J’ignorais qu’il y avait des
ressources pour m’épauler, n’ayant
pas eu de rencontres ou de formations à la commission scolaire. J’en suis même venue à douter sérieuse- P H O T O : F R A N Ç O I S
ment de ma place dans ce domaine qui
m’avait pourtant fait rêver si longtemps.
Marie-Danièle Noiseux
BEAUREGARD
« L’aide pour les
Durant toute cette année, les membres
de ma famille m’ont appuyée, ils n’ont
cessé de me dire que tous les groupes
n’étaient pas identiques et que cette année était tout simplement plus difficile.
Ils m’ont incitée à persévérer en me prodiguant une foule de conseils et d’encouragements. Sans eux, j’aurais abandonné,
c’est certain !
nouveaux arrivants
Aujourd’hui, je suis heureuse dans ma
classe, je m’implique de plus en plus à
l’école et au syndicat. J’essaie d’être aussi
présente que possible pour les nouveaux
arrivés, je partage mon expérience afin
qu’ils ne vivent pas les mêmes tourments
que moi. Cependant, je crois que la désertion professionnelle des jeunes enseignantes et enseignants constitue un problème
majeur auquel il faudra apporter des solutions globales rapidement.
les jeunes conservent
Plusieurs avenues intéressantes comme
le mentorat mériteraient d’être explorées.
Des rencontres mensuelles entre les jeunes enseignantes et enseignants expérimentés devraient être organisées. Des réunions entre jeunes vivant leurs premières
années en enseignement seraient aussi
bénéfiques. Partager et s’entraider comme
on le fait au Réseau des jeunes de la CSQ
et dans les comités des jeunes des syndicats permettent aussi de passer au travers
d’épreuves autrement insurmontables.
Un guide d’outils, de trucs et de références
est déficiente. Il faut
remédier à cette situation
si nous voulons que
le feu sacré pour
leur profession. »
pourrait également être remis aux enseignants qui débutent dans la profession.
Le travail des directions d’école, lourd en
tâches administratives, devrait laisser plus
de place aux tâches pédagogiques. Une solution facile et peu onéreuse pourrait être
de bâtir un forum de discussion traitant
des sujets qui touchent les jeunes. De
cette façon, les nouveaux enseignants de
toutes les régions pourraient échanger et
s’encourager.
L’aide pour les nouveaux arrivants est déficiente. Il faut remédier à cette situation
si nous voulons que les jeunes conservent
le feu sacré pour leur profession qui, à
mon avis, est malgré tout la plus belle au
monde !
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É D U C A T I O N D E S A D U LT E S
Les nouvelles technologies
au service des adultes
Lorsque Nancy Caissy s’est inscrite au centre d’éducation des adultes
en septembre 2006, elle en était à son troisième retour depuis qu’elle
avait lâché l’école à l’âge de seize ans. Mais cette fois-ci était la bonne.
Elle était motivée. Son objectif : finir ses maths de 4e secondaire afin
de pouvoir s’inscrire à un DEP en assistance technique en pharmacie,
ce qui lui permettrait d’obtenir une augmentation de salaire là où elle
travaille depuis quatre ans et demi. « Il y a une différence de 3 à 5 $
l’heure pour celles qui ont un DEP », dit-elle. Une différence importante pour cette jeune mère de famille.
Luc Allaire
Conseiller à la recherche de la CSQ
Mais ce n’était pas sa seule motivation…
Elle a beaucoup aimé son retour à l’école.
« Les maths, j’adore, et j’aime beaucoup
apprendre en me servant d’un ordinateur »,
lance-t-elle, les yeux pétillants.
En effet, son professeur, Marcel Girouard,
a implanté une nouvelle méthode pédagogique basée sur une utilisation intensive
des nouvelles technologies au Centre
LeMoyne-d’Iberville à Longueuil.
Tous les élèves de sa classe sont assis devant
un ordinateur. Comme il s’agit d’enseignement individualisé, chaque élève suit son
programme à l’aide d’un didacticiel. Marcel
Girouard décrit sa nouvelle façon d’enseigner avec enthousiasme.
PHOTOS : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC
Le Centre
LeMoyne-d’Iberville
a accumulé un
surplus budgétaire
de 500 000 $
au détriment des
services aux
élèves.
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« Les élèves qui retournent dans les centres d’éducation des adultes pour terminer
leur secondaire ont, très souvent, des difficultés de lecture, dit-il. Or, tout ce qu’on
leur offre, ce sont des livres et des manuels.
Les logiciels, quant à eux, sont beaucoup
plus dynamiques. »
Enfin, les élèves se familiarisent avec l’informatique. « Au début, plusieurs élèves
n’osent pas toucher au clavier de l’ordinateur, ils ont peur de le briser, explique l’enseignant. Mais au bout de quelques semaines, ils deviennent à l’aise. »
« Cela m’a donné confiance en moi, confirme Nancy Caissy. Depuis que j’étudie ici,
j’ai l’air moins incompétente devant le
monde lorsque j’entre des données sur
l’ordinateur à la pharmacie. »
Marcel Girouard
Par ailleurs, grâce à l’informatique, les élèves
n’ont plus à acheter leurs volumes scolaires. Une économie importante lorsqu’on
sait que chaque volume coûte en moyenne
18 $, et qu’il y en a beaucoup. Seulement
en mathématiques, il y a trois volumes en
1re secondaire. Ces coûts s’ajoutent aux frais
afférents que doivent payer tous les élèves
pour s’inscrire dans un centre d’éducation
des adultes. À la Commission scolaire MarieVictorin, ces frais sont de 60 $ par session
ou 120 $ par année.
« C’est très cher pour des élèves qui sont
pauvres dans la majorité des cas, affirme
Marcel Girouard. J’ai vu beaucoup d’élèves
abandonner leurs études ou retarder l’achat
du cahier suivant en mathématiques, parce
qu’ils n’avaient pas d’argent. »
Cette situation scandalise le professeur, d’autant plus que le Centre LeMoyne-d’Iberville
a accumulé un surplus budgétaire sur plusieurs années d’environ 500 000 $. « Les
professeurs ne sont pas toujours remplacés lorsqu’ils sont absents. De plus, l’administration du ratio de 26 élèves par classe, qui représente une moyenne de Centre,
semble difficile à maintenir à un niveau
acceptable à cause de la fluctuation des
départs et des arrivées des élèves en début
et fin d’année scolaire et surtout du fait
qu’il n’y a pas de maximum par classe. On
compte parfois 36 élèves inscrits dans certaines classes et même plus. Les élèves
doivent payer des frais afférents et leurs
manuels. Pendant ce temps-là, les surplus
s’accumulent ! C’est honteux ! », affirme
Marcel Girouard.
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Bulletin
DU
L’Observatoire
international
de la réussite
scolaire (OIRS)
Un an déjà !
MARIE BOUTIN
Université Laval, professionnelle de recherche au CRIRES
NATHALIE CHABOT
Université Laval, coordonnatrice de l’OIRS
Lancé le 13 mars 2006, l’Observatoire international de la réussite scolaire (OIRS) est né
en même temps qu’était publié le rapport du Conseil supérieur de l’éducation intitulé
Le dialogue entre la recherche et la pratique en éducation : une clé pour la réussite.
Comme son nom l’indique, ce rapport faisait état du manque de dialogue entre le monde
de la recherche et celui de la pratique en éducation et recommandait d’instaurer, pour
les milieux de pratique, une fonction de veille en éducation. L’OIRS répond exactement
à cette recommandation et offre un véritable levier pour le rapprochement souhaité,
car il rend accessibles gratuitement les résultats de recherches internationales menées
dans le domaine de la réussite scolaire.
L’OIRS est une composante de l’infrastructure du Centre de recherche et
d’intervention sur la réussite scolaire
(CRIRES) fondé à l’Université Laval il
y a 15 ans en partenariat avec la Centrale des syndicats du Québec. La mission de l’OIRS consiste 1) à documenter la réussite scolaire sur le plan des
pratiques éprouvées et des connaissances scientifiques et 2) à devenir un
lieu international de diffusion de ces
pratiques et connaissances, de même
qu’un lieu d’échange en matière de
réussite scolaire. L’OIRS se donne également comme objectif de créer des
conditions propices au transfert de
connaissances par l’organisation d’événements ponctuels tels que colloques,
conférences et symposiums.
Le Bulletin de veille : une
mise à jour gratuite des
résultats de recherche
Le Bulletin de veille de l’OIRS est un
bulletin électronique gratuit qui présente à ses abonnés, sur une base
régulière, les nouveaux résultats de
la recherche documentaire menée
par l’équipe de l’OIRS. Ces résultats
sont présentés sous forme de fiches
de lecture qui résument les documents.
Chaque fois que cela est possible, la
fiche donne accès au document complet. Les résultats de la veille arrivent
par courrier électronique.
Le Bulletin de veille est destiné à toutes
les personnes qui, de près ou de loin,
s’intéressent à la réussite scolaire. L’OIRS
compte déjà plus de 1 000 abonnés
provenant de 25 pays différents.
L’abonnement au Bulletin de veille
facilite grandement l’accès à l’information et constitue un véritable outil
de développement professionnel
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Printemps 2007
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dans le domaine de la réussite scolaire. Par exemple, Lyne Deschamps,
directrice de l’organisme Partenaires
de la réussite éducative des jeunes
dans les Laurentides (PREL), l’utilise
régulièrement et le recommande à
toutes les personnes œuvrant en
éducation.
« Je suis abonnée au Bulletin de veille
de l’OIRS et je m’intéresse plus particulièrement aux thèmes portant sur
le décrochage et la collaboration écolefamille-communauté. Cela s’inscrit
dans la mission de notre organisme
qui est d’accroître la persévérance
scolaire et la réussite éducative, la
diplomation et la qualification, en
vue d’assurer l’insertion et l’intégration sociales des jeunes.
Les fiches de lecture présentées sur
le site Internet et dans le Bulletin de
veille nous permettent de rencontrer
rapidement un de nos objectifs :
faire de la veille un documentaire
sur les activités, projets ou programmes en rapport avec le décrochage
scolaire et la persévérance scolaire.
Le format des résumés est fort bien
fait… tellement qu’il nous conduit
immanquablement à rechercher la
source, pour avoir accès au contenu
complet. D’ailleurs, un élément de
référence complet à cet égard en
ferait un site A+, un incontournable,
un lieu de grande valeur !
La fréquence du Bulletin de veille,
à tous les deux mois, est convenable.
Évidemment, nous serions gourmands
en demandant des résumés plus
nombreux à chacune des parutions…
quand on aime un produit, on en
veut plus !
Quant au site Internet, il est à mon
avis simple, épuré, clair, direct, facile
d’utilisation, quoi demander de plus !
Personnellement, tous ceux et celles
qui se passionnent pour l’éducation
devraient y être abonnés ! »
26
NouvellesCSQ
Printemps 2007
Sandra Beaulac, enseignante au Centre
psychopédagogique du Québec, apprécie également l’apport du Bulletin
de veille lui permettant d’économiser
du temps dans ses démarches de
vigie :
« Dans mon travail d’enseignante,
j’apprécie pouvoir mettre à jour mes
connaissances sur différents thèmes
en rapport avec mes responsabilités
professionnelles. Les fiches de lecture
de l’OIRS donnent une bonne vue
d’ensemble du contenu des différentes références. Leur format permet
rapidement d’aller à l’essentiel des
articles présentés. Étant donné le
peu de temps que nous avons comme
enseignante et enseignant, ce format
est idéal. Bien que le site soit à ses
débuts, l’initiative est prometteuse. Je
crois, entre autres, qu’il pourra faciliter la transmission des résultats de
recherche aux praticiennes et aux
praticiens. »
Une autre force de l’OIRS : la facilité
de s’abonner au Bulletin de veille qui
est gratuit. Il suffit de se rendre à la
section Bulletin de veille du site Internet de l’OIRS et de cliquer sur le
lien permettant de s’abonner.
La consultation régulière des synthèses présentées sur le site Internet de
l’OIRS permet de raffiner les connaissances sur les différents thèmes abordés et permet de mieux comprendre
pour mieux intervenir. Le fait que l’OIRS
recense et présente des résultats de
recherche provenant de partout à
travers le monde ouvre aussi de nouvelles perspectives qui permettent de
poser un regard différent sur ce qui
se passe au Québec. Afin d’illustrer
ces propos, voici un exemple concret
de ce que peuvent nous apprendre
quelques-unes des fiches de lecture.
Cet exemple porte plus particulièrement sur l’un des thèmes couverts
par l’OIRS, celui de l’analyse de politiques éducatives. La période de réforme dans laquelle se trouve le milieu
de l’éducation au Québec entraîne
naturellement une foule de questionnements. À partir de seulement huit
résumés1 choisis parmi les 30 relevant du thème « Analyse de politiques éducatives », nous pouvons
obtenir de l’information relativement
à de nombreuses questions.
Qu’est-ce que l’OIRS
peut nous apprendre ?
L’OIRS peut répondre à la fois aux
besoins des praticiennes et des praticiens (enseignantes et enseignants,
conseillères et conseillers en orientation, conseillères et conseillers pédagogiques, etc.) désireux d’acquérir de
nouvelles connaissances susceptibles
de guider leurs interventions, aux besoins des responsables politiques et
administratifs de l’éducation voulant
enrichir leurs réflexions, aux besoins
des chercheuses et chercheurs et des
étudiantes et étudiants gradués en
matière de mise à jour des connaissances et de découverte de nouvelles
pistes de recherche.
Si vous êtes une actrice ou un acteur
de l’éducation, voici une adresse
incontournable à retenir :
http://www.crires-oirs.ulaval.ca
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Existe-t-il des réformes
scolaires dans
d’autres pays ?
Dans les huit fiches consultées, on
apprend que des réformes scolaires
ont lieu en Europe, aux États-Unis, en
Amérique du Sud et à Hong Kong. Le
besoin de changer le système scolaire
afin d’augmenter les chances de réussite
des élèves est donc un phénomène
répandu.
Quels sont leurs objectifs ?
Toujours à partir du même petit
échantillon de résumés, on apprend
que ces réformes scolaires ont pour
but de favoriser la réussite de tous
les élèves, surtout ceux d’origine sociale défavorisée. Ces réformes scolaires ont également comme objectifs
de préparer les jeunes à l’économie
du savoir et de mieux positionner les
pays à l’intérieur du marché mondial.
Enfin, nous apprenons à ce sujet que
ces réformes scolaires ont également
pour but d’implanter une démarche
de décentralisation et de reddition
de comptes permettant de justifier
l’utilisation des fonds publics.
Qu’ont-elles donné
comme résultats ?
Il est particulièrement intéressant de
s’attarder aux résultats des réformes
scolaires. À partir des huit fiches consultées, on constate que les réformes
améliorent plus la réussite scolaire des
élèves en fonction de leur origine ethnique qu’en fonction de leur origine
socioéconomique. On observe aussi
que les réformes entraînent une meilleure réussite pour les jeunes issus de
la classe moyenne que pour ceux des
classes populaires. Enfin, il ressort qu’il
peut être difficile de maintenir un fort
taux de réussite nationale tout en assurant la réussite scolaire pour tous.
Au sujet de la décentralisation de la
gestion et de la reddition de comptes,
selon les résumés consultés, on ne
peut établir de liens avec la réforme
scolaire, sauf au Brésil, au Chili et en
Argentine où la décentralisation, en
engendrant un libre marché de l’éducation, a eu pour effet d’augmenter
les inégalités scolaires liées au statut
socioéconomique.
Qu’est-ce qui a influencé
leur succès ?
Les principaux facteurs de succès des
réformes scolaires répertoriés dans
les huit fiches sont la qualité des
enseignants, le temps accordé pour
les former aux nouvelles façons de
faire imposées par les réformes et
un engagement sérieux des chefs
d’établissements scolaires dans la
mise en œuvre des réformes.
Quels liens peut-on
faire avec la réforme
de l’éducation
au Québec ?
Le défi de la réussite scolaire
pour tous se situerait davantage
dans les milieux socioéconomiques fortement défavorisés, notamment les communautés autochtones, les milieux ruraux,
les quartiers pauvres des grandes villes, etc. Il est également
à retenir, pour le succès de la
réforme scolaire au Québec,
l’importance d’investir en temps
et en qualité de formation des
enseignantes et enseignants et de
favoriser l’engagement des directions d’établissement dans
la mise en œuvre de la réforme.
L’ensemble de cette information touchant un sujet bien particulier est tiré
de la lecture de seulement huit synthèses contenues dans la base de
données de l’OIRS. Avec déjà plus de
200 fiches, cette base de données,
qui est enrichie régulièrement, constitue une mine de renseignements
qui a tout intérêt à être découverte
et utilisée par toutes les personnes
qui ont à cœur la réussite scolaire
des jeunes.
NouvellesCSQ
Printemps 2007
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Comment est
conçu l’OIRS ?
L’OIRS est un lieu de collecte et de
diffusion de résultats de recherche
internationaux qui éclairent diverses
facettes de la réussite scolaire. Le
souci de l’équipe de « sentinelles »
de l’OIRS est de diffuser les connaissances dans un langage limpide
facilement compréhensible.
Actuellement, quatre thèmes sont
documentés, soit :
•
L’analyse de politiques éducatives ;
•
le décrochage scolaire ;
•
les inégalités scolaires ;
•
les problèmes de comportement.
Un nouveau thème, celui de la « Collaboration école-famille-communauté »,
est présentement en développement
a été inauguré à l’occasion du congrès
de l’Association francophone pour le
savoir (ACFAS) le 8 mai dernier, dans le
cadre du colloque intitulé « Collaboration école-famille-communauté liée
aux apprentissages des élèves ». Ce
nouveau thème est sous la responsabilité de Rollande Deslandes, professeurechercheuse à l’Université du Québec
à Trois-Rivières. Les thèmes « Analyse
de politiques éducatives » et « Inégalités scolaires » sont sous la responsabilité de Marc-André Deniger, professeurchercheur à l’Université de Montréal.
Anne Lessard, professeure-chercheuse
Bulletin du CRIRES
N° 21, mai 2007
Centre de recherche et
d’intervention sur la réussite
scolaire (CRIRES - centre
interuniversitaire)
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NouvellesCSQ
Printemps 2007
à l’Université de Sherbrooke, est responsable du thème « Décrochage scolaire ». Enfin, le thème « Problèmes
de comportement » est sous la responsabilité de Claire Beaumont,
professeure-chercheuse à l’Université de Sherbrooke.
L’équipe de l’OIRS est également
composée d’étudiantes et d’étudiants
travaillant sous la supervision d’une
professionnelle de recherche, Nathalie
Chabot. L’équipe est sous la direction
de la directrice du CRIRES, Claire
Lapointe.
Sur le site Internet de l’OIRS, il vous
est possible d’explorer l’un ou l’autre
des thèmes présentement documentés en fonction de l’un des quatre volets
suivants : 1) pratiques et programmes
éducatifs évalués, 2) politiques éducatives évaluées, 3) informations statistiques et 4) connaissances scientifiques. Chacun de ces volets raffine
la banque d’informations.
Comme son nom l’indique, le volet
des pratiques et programmes éducatifs évalués, regroupe les documents
présentant des pratiques et programmes qui ont un effet scientifiquement
confirmé sur la réussite scolaire. La
praticienne ou le praticien peut s’y
référer pour perfectionner sa pratique en fonction des enjeux auxquels
elle ou il doitest quotidiennement
faire faceconfronté. Le volet des politiques éducatives évaluées porte sur
Faculté des sciences de l’éducation
Local 746
Université Laval
Québec (Québec)
G1K 7P4
Téléphone :(418) 656-3856
Télécopie : (418) 656-7770
[email protected]
www.ulaval.ca/crires
les résultats d’analyses rigoureuses
de politiques et de réformes de l’éducation. Il approfondit les différents
enjeux et les diverses problématiques
en matière d’élaboration, de mise en
œuvre et d’évaluation des politiques
pour enrichir la réflexion des responsables politiques et administratifs de
l’éducation au Québec. Le volet des
informations statistiques permet de
suivre l’évolution de la réussite de
différentes populations scolaires, de
les comparer entre elles ou encore
de comparer la réussite au Québec
avec celle d’autres régions ou pays.
Finalement, le volet des connaissances scientifiques présente des synthèses de connaissances ou d’évaluations
scientifiques de plusieurs recherches
sur un même sujet.
Bonne lecture !
Directrice du CRIRES
Claire Lapointe
Coordination du Bulletin
Denyse Lamothe, CRIRES
François Beauregard, CSQ
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É D U C AT I O N
Le personnel professionnel
de l’éducation
Comment
attirer les
jeunes avec
des emplois
précaires ?
Gabriel Danis
Conseiller CSQ
L’augmentation croissante des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou
d’apprentissage (EHDAA) ou avec limitations fonctionnelles illustre bien l’alourdissement de la tâche du personnel professionnel. Alors qu’en 2006, on comptait
37 000 élèves de moins qu’en 2003 au sein
des commissions scolaires, les EHDAA
étaient 17 600 de plus pour la même période ! Même chose pour le collégial où la progression des élèves avec limitations fonctionnelles s’élève à 60 %, sur une période
de trois ans, pour le réseau francophone
et à 40 % pour le réseau anglophone.
Concrètement, sur le terrain, on ne suffit
plus à la tâche. « Les professionnels font le
maximum avec le temps et les ressources
à leur disposition, mais dans bien des cas,
les enfants n’ont pas tout le soutien auquel
ils auraient droit », souligne Ève-Marie
Quintal, orthophoniste à la Commission
scolaire de Montréal (CSDM). « Le monde
scolaire peut être très intéressant, mais
attirer des jeunes professionnels est difficile, car les conditions de travail sont instables et les ressources matérielles limitées », affirme Mme Quintal.
Ève-Marie Quintal
PHOTOS : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC
Sylvie Bélanger, conseillère en formation
scolaire du Cégep Marie-Victorin, abonde
dans le même sens : « Les commandes constantes et très lourdes de la Commission
de l’enseignement collégial du Québec demandent beaucoup d’énergie et de temps.
Du temps qui n’est pas investi auprès des
jeunes. » En même temps, la clientèle collégiale s’alourdit. « Un plus grand nombre
d’étudiants atteignent maintenant le réseau collégial avec des difficultés d’apprentissage très importantes », ajoute la conseillère.
L’alourdissement de la tâche s’accompagne
également d’une précarisation grandissante des emplois professionnels. Au collégial, alors que 59 % des emplois étaient
permanents en 19971998, ceux-ci ne représentent plus que
49 % des emplois en
2003-2004. Le même
phénomène se produit
dans les commissions
scolaires où le tiers
du personnel professionnel a un statut
précaire.
Ces difficiles conditions d’exercice surviennent dans le contexte d’un important
Sylvie Bélanger renouvellement de l’effectif. Dans les cégeps,
l’âge moyen des professionnels était de
50 ans en 2003-2004. La situation est
encore plus critique dans les commissions
scolaires où plus du quart des professionnels prendront leur retraite d’ici cinq ans.
Sur cette question, une disparité importante subsiste entre le réseau collégial anglophone et le réseau collégial francophone, pourtant soumis aux mêmes contraintes budgétaires. Alors que 47 % des
professionnels des cégeps francophones
sont permanents, ce taux atteint 77 %
pour le réseau anglophone. « Le plus frustrant est que cet écart semble être le
« Le travail des
professionnels est
essentiel dans la
lutte au décrochage
et à la prévention
de la violence en
milieu scolaire. »
résultat de choix administratifs, plutôt
que de conditions objectives comme l’âge
d’embauche ou les sommes disponibles »,
nous raconte Bernard Bérubé, président
de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC).
Le message est on ne peut plus limpide.
Il faut ajouter des ressources afin de répondre aux besoins croissants. « Le travail
des professionnels est essentiel dans la
lutte au décrochage et à la prévention de
la violence en milieu scolaire », souligne
Jean Falardeau, président de la Fédération
des professionnelles et professionnels de
l’éducation du Québec (FPPE). La CSQ,
la FPPE et la FPPC ont d’ailleurs tenu une
conférence de presse commune remarquée,
lors de la dernière campagne électorale, afin
de rendre publiques ces problématiques.
Le gouvernement Charest doit respecter
sa promesse d’embaucher 1000 professionnels supplémentaires pour le réseau scolaire et il doit accroître, de façon significative, le nombre de professionnels dans les
cégeps, une condition essentielle à la réussite du plus grand nombre. Les présidents
de la FPPC et de la FPPE y veilleront !
NouvellesCSQ
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É D U C AT I O N
Une éducation de qualité
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a entrepris, en février dernier, une
vaste campagne d’animation-consultation auprès de ses membres pour discuter
des stratégies et des moyens à mettre en œuvre afin d’assurer une éducation
publique de qualité, juste et égalitaire.
Un de
PHOTOS : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC
Luc Allaire
Conseiller à la recherche de la CSQ
Cette campagne, qui s’échelonnera sur
trois ans, est déjà en marche. La première
année, nous consultons les conseils des
fédérations de la Centrale et les assemblées
des personnes déléguées de plusieurs syndicats. Déjà, nous avons parcouru plusieurs
régions du Québec et il en ressort des résultats intéressants.
Favoriser l’égalité
des chances
Le premier thème abordé lors de ces rencontres est « favoriser l’égalité des chances ». Au Syndicat de l’enseignement des
Deux Rives, la discussion s’est animée rapidement autour de la classe régulière.
« Il faut redonner à la classe régulière ses
lettres de noblesse », ont conclu la centaine de personnes réunies à Charny, sur la
rive-sud de Québec. Cela est sorti comme
un cri du cœur. Depuis des années, l’école privée est en pleine croissance. Depuis
des années, l’école publique dirige les bons
élèves vers des projets sélectifs afin de
tenir tête à l’école privée. Résultat : la
classe ordinaire est devenue le seul refuge pour les élèves en difficulté.
« En voulant valoriser l’éducation par les
projets sélectifs, on fait le contraire, a souligné une enseignante à Charny. On est en
30
NouvellesCSQ
Printemps 2007
train de faire quelque chose de laid. Une
compétition malsaine s’installe. La classe
régulière est devenue le dernier choix des
parents, des enfants et des enseignants,
alors que ça devrait être le premier choix. »
Au Syndicat de l’enseignement de la Mauricie, les soixante enseignantes et enseignants réunis à Shawinigan ont pointé
du doigt le financement public des écoles
privées. « Ces écoles sélectionnent les élèves qui pourraient apprendre des autres
élèves et les aider », a-t-on souligné. Si l’on
favorisait, au contraire, la mixité sociale
et scolaire, « cela permettrait de développer des aptitudes sociales nécessaires à la
réalité de la vie. De plus, les forces de chacun pourraient être bénéfiques pour
tous ». Cependant, ont-ils ajouté, « il ne
faudrait pas négliger d’offrir des services
complémentaires appropriés ».
Renforcer les mesures
en faveur de la réussite
Après avoir parlé d’égalité des chances,
les gens sont invités à parler des différentes mesures qui pourraient favoriser la
réussite. Rappelons que les réformes et
les politiques éducatives mises en place
au cours des dix dernières années visaient
à permettre à plus de jeunes de réussir
leurs études. Pourtant, plus du quart des
jeunes quittent toujours le système scolaire sans diplôme d’études secondaires.
La proportion de jeunes qui obtiennent
leur diplôme d’études secondaires avant
20 ans a même chuté de trois points de 1996
à 2005, passant de 73,4 % à 70,5 %.
Lors de la rencontre avec le personnel de
soutien scolaire, les gens ont dit qu’il faudrait obliger les écoles privées à intégrer
les élèves en difficulté. « On devrait également réduire le nombre d’élèves par
classe, à tous les niveaux », ont-ils mentionné, tout en ajoutant qu’il faudrait revoir
de fond en comble la question de l’intégration des élèves en difficulté dans la
classe ordinaire et celle du redoublement.
Les jeunes membres de la Centrale rencontrés se sont aussi prononcés pour la
diminution du nombre d’élèves par classe.
« On devrait également établir des ratios
afin qu’il y ait davantage de services professionnels et de soutien », ont-ils ajouté.
Favoriser une scolarisation
accrue tant des jeunes
que des adultes
Au Québec, plus d’un jeune sur quatre
quitte le système d’éducation sans avoir
obtenu un diplôme d’études secondaires
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devoir de société
(DES). Un grand nombre de ces décrocheurs se retrouvent, après un certain
temps, dans les centres d’éducation des
adultes. Si bien que la majorité des personnes inscrites en formation générale
pour l’obtention du DES ont moins de
20 ans. Pendant ce temps, il est plus difficile pour les adultes, notamment ceux qui
sont en emploi, d’avoir accès à la formation continue à temps partiel.
Tel est le troisième thème abordé lors de
cette campagne. Chez le personnel professionnel de l’éducation, on a déploré l’absence de services complémentaires offerts
aux jeunes adultes qui retournent terminer leur secondaire dans les centres d’éducation des adultes.
« On devrait consentir, en priorité, des
enveloppes budgétaires supplémentaires
à l’éducation des adultes pour la formation
générale à temps plein et à temps partiel »,
ont-ils indiqué. En effet, les règles budgétaires actuelles empêchent les adultes
d’entreprendre des études à temps partiel
dans les centres d’éducation des adultes,
interdisant ainsi à presque toutes les personnes en emploi de terminer leur formation de base. À ce sujet, les professionnels
consultés ont dit que les ministères de
l’Éducation et de l’Emploi devraient travailler ensemble pour favoriser l’alphabétisation et la formation de base des 500 000
travailleuses et travailleurs au Québec
qui présentent des difficultés de lecture.
Les membres du Syndicat de l’enseignement de la région des Moulins ont également beaucoup discuté de cette question.
Lors d’une rencontre à Mascouche, des
enseignants ont dénoncé les ratios trop élevés dans les centres d’éducation des adultes. « Comment voulez-vous faire un enseignement individualisé de qualité avec
36 adultes dans une classe ? Si une personne a une question, elle doit attendre très
longtemps, parfois même jusqu’au prochain cours, avant de rencontrer le professeur et d’obtenir une réponse. »
Améliorer les conditions
d’exercice du personnel
de l’éducation
Un autre sujet, et non le moindre, qui est
abordé lors des rencontres concerne les
conditions d’exercice du personnel de
l’éducation.
veau d’épuisement est important ». Ils
ont souhaité également une meilleure
accessibilité à la formation continue et
que l’on brise l’isolement entre les professionnels, les enseignants et le personnel de soutien.
Chez le personnel de soutien, on veut
contrer la précarité, avoir accès à du perfectionnement, favoriser le mentorat et
faciliter les retraites progressives. « Les
postes devraient être plus attrayants avec
un nombre d’heures raisonnables afin
que nous puissions bénéficier de l’emploi
que nous détenons. »
Les jeunes ont priorisé, quant à eux, la
conciliation travail et famille. « Une augmentation salariale permettrait de garder
l’expertise alors que la situation actuelle
favorise une désertion vers des emplois
plus enrichissants. Enfin, plusieurs jeunes
ont mentionné qu’ils se sentent dépassés
par les « parents-rois » qui ne les soutiennent pas. « Heureusement, les techniciens
en éducation spécialisée nous aident beaucoup. On a besoin de ressentir l’appui des
gens. »
Cette question a également donné lieu à
des débats animés chez le personnel des
établissements privés syndiqué à la CSQ.
« Les salaires sont trop bas, ont-ils dénoncé. Des détenteurs de baccalauréat enseignent sans permis. Il faudrait diminuer
le nombre d’élèves par classe », ont-ils affirmé en concluant sur ceci : « Que l’on
soit du secteur privé ou du secteur public,
l’épuisement professionnel existe réellement. »
Enfin, les enseignantes et enseignants de
la Mauricie souhaiteraient que l’on instaure un système de mentorat et de transfert
intergénérationnel, afin de favoriser l’insertion du nouveau personnel et permettre d’améliorer les conditions de fin de
carrière.
La campagne se poursuit
La consultation se poursuivra au cours des
prochains mois. Ainsi, nous rencontrerons
les fédérations représentant le personnel
de l’enseignement supérieur (à ce jour, seul
le personnel de soutien a été rencontré),
le personnel de la santé et des services
sociaux, le réseau des femmes, etc. De plus,
nous nous rendrons dans plusieurs autres régions du Québec.
La mixité sociale
et scolaire,
c’est quoi ça ?
On entend par mixité
sociale le fait de favoriser
dans une même école
la coexistence d’élèves
aux caractéristiques
différentes (de milieux
favorisés/défavorisés,
de diverses provenances
ethniques, garçons/filles).
On entend par mixité
scolaire le fait de favoriser
la coexistence dans la
même classe d’élèves
aux performances
scolaires variées.
À ce sujet, les professionnels de l’éducation ont souligné qu’il faudrait « augmenter les services professionnels, car le ni-
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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Priorité à la mission éducative
et à l’accessibilité !
France Bernier
Conseillère CSQ
D’ici l’été 2007, la tournée des instances fédératives collégiales, effectuée dans
le cadre de la campagne d’animationconsultation en éducation, sera terminée. Impliquées dans la préparation du
cahier de consultation en enseignement
supérieur, les fédérations concernées ont
déjà déterminé certains enjeux stratégiques autour des quatre thèmes retenus pour
la campagne et sur lesquels les membres
seront appelés à échanger :
• Maintenir et accroître l’accessibilité aux
études postsecondaires ;
• Procéder à un réinvestissement majeur en enseignement supérieur en assurant un financement adéquat des
établissements d’enseignement afin
de garantir, notamment, la pérennité
du réseau collégial ;
• Déterminer les conditions de réussite
des jeunes ;
• Reconnaître la contribution de l’ensemble du personnel des établissements
d’enseignement à la mission éducative des jeunes.
PHOTOS
Des éléments contextuels ajoutent
aux défis à relever
pour défendre la
mission éducative
des établissements
d’enseignem e n t
supérieur par rapport aux objectifs
commerciaux et économiques les menaçant. À l’instar de
l’UNESCO, force est
de constater qu’en
matière de mobilité universitaire,
d’échanges étudiants
et entre chercheurs
de différents pays,
même si cette idée
n’est pas nouvelle,
nous assistons à une
expansion d’échanges internationaux
: JEAN-FRANÇOIS LEBLANC
d’étudiants, de programmes et de fournisseurs d’éducation dans un but commercial1.
Qui plus est, la décentralisation imposée
dans les cégeps, liée au sous-financement
32
NouvellesCSQ
Printemps 2007
criant du réseau collégial,
contribue à développer la
concurrence entre les différents établissements d’enseignement sur l’ensemble du
territoire québécois, au risque
de menacer la survie de certains d’entre eux, voire l’accessibilité aux études collégiales.
Les voix s’élevant pour le dégel des frais de scolarité, dont
celles de Gaz Métropolitain et
de la Banque TD Canada Trust,
s’inscrivent dans ce même contexte. Avec l’augmentation des
frais afférents dans le réseau
collégial et la perspective du
dégel des frais de scolarité à
l’université, l’accessibilité aux
études postsecondaires pourrait, lentement mais sûrement,
se refermer.
Est-il besoin de rappeler que
dans ces discours favorables
au dégel, les références au droit
à l’éducation, à son importance dans la transmission de valeurs sociétales et, donc, à la
mission éducative même des
établissements, sont le plus
souvent absentes ?
« Le rôle de l’État
est essentiel afin
d’assurer que les
missions éducative
et sociale de
l’enseignement
supérieur soient
préservées. »
« L’enseignement supérieur, comme le
rappelle l’UNESCO, par sa fonction de production et de diffusion des connaissances
est incontestablement un des leviers du
développement national dans les pays développés comme dans les pays en développement2. » Conséquemment, le rôle de
l’État est essentiel afin d’assurer que les
missions éducative et sociale de l’ensei-
gnement supérieur3 soient préservées et
ce rôle doit se traduire par un financement public adéquat. C’est une condition
essentielle, d’une part, pour garantir l’accessibilité aux études postsecondaires et,
d’autre part, pour que les mesures afin de
favoriser la réussite des jeunes soient
mises en place, et ce, en conformité avec
les missions éducative et sociale des établissements d’enseignement supérieur.
C’est dans la réalisation de ces objectifs
et la recherche de solutions qu’est entreprise la consultation de la CSQ sur les enjeux en enseignement supérieur qui se
poursuivra jusqu’en juin.
1
UNESCO, L’enseignement supérieur
dans une société mondialisée,
document-cadre, Paris 2004, 37 p.
2
Ibid, p. 7.
3
UNESCO, Déclaration mondiale sur
l’enseignement supérieur pour le XXIe
siècle : vision et actions, article 14, 1998.
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AREQ
e
Le 45 anniversaire
de l’A.R.E.Q.
André Pelletier
Deuxième vice-président
de l’A.R.E.Q.
Le 24 novembre 2006, l’Association des retraitées et des retraités de l’enseignement du Québec (A.R.E.Q.) a célébré son
45e anniversaire. Depuis leur création
respective, des liens importants unissent l’A.R.E.Q. et la CSQ. Tout d’abord,
elles partagent la même fondatrice,
Laure Gaudreault, féministe avant
même que le mouvement n’existe.
À l’âge de 16 ans, Laure Gaudreault obtient
un premier poste d’institutrice à l’école
de rang numéro 1, aux Éboulements. Salaire : 125 $ par année. Cette situation
éveille alors chez elle un sentiment d’urgence d’agir pour que le travail des institutrices rurales soit mieux rémunéré et
mieux considéré socialement. Partout au
Québec, les conditions de travail et la rémunération des enseignantes en milieu
rural sont misérables.
Le 2 novembre 1936, elle fonde le premier
syndicat des institutrices rurales. Amélioration des salaires et obtention d’une
rente de retraite seront les deux objectifs
de ce syndicat.
Laure Gaudreault encourage alors la création d’autres syndicats et rencontre sur
sa route Maurice Duplessis qui confond
syndicalisme et communisme. Duplessis
n’effraie guère cette femme énergique et
pugnace. Le regroupement de ces syndicats devient, en 1946, la Corporation générale des instituteurs et institutrices catholiques de la province de Québec (CIC) qui
devint la CEQ, puis la CSQ.
L’A.R.E.Q.
porte toujours la
philosophie de
sa fondatrice.
En 1961, elle fonde l’A.R.E.Q., incorporée
le 24 novembre de la même année sous
la Loi sur les syndicats professionnels.
L’A.R.E.Q. comptait alors 295 membres ;
elle en compte aujourd’hui près de 50 000
qui sont répartis en 93 secteurs et regroupés en 10 régions.
Sa mission ne comportait alors qu’un objectif : obtenir une retraite décente (minimum 500 $ par année). Puis un deuxième
est apparu : offrir des assurances collectives.
L’A.R.E.Q. porte toujours la philosophie de
sa fondatrice en luttant pour la protection
de la rente de ses membres pour laquelle
ils ont investi. En 1969, Laure Gaudreault
obtient l’indexation complète des rentes.
Malheureusement, l’adoption, en 1982, de
la loi 68 qui ne prévoit qu’une indexation
partielle des rentes de retraite, porte atteinte à la vision sociale de la fondatrice.
Vingt-cinq ans plus tard, les retraitées et
retraités subissent année après année,
une diminution de leur pouvoir d’achat
qui les appauvrit d’autant. Voilà pourquoi, depuis quelques années,
l’A.R.E.Q. priorise la lutte
pour la réindexation des
rentes de retraite, à l’intérieur de son plan d’action et exerce en ce sens
un leadership auprès des
autres associations de
retraités afin d’obtenir du
gouvernement une Table
de travail permanente dont
le mandat serait de trouver
une solution acceptable pour corriger la situation.
Au fil des ans, l’A.R.E.Q. a élargi considérablement son champ d’action. Elle s’implique de plus en plus dans des dossiers
comme la condition des femmes, l’environnement, l’action sociopolitique, la
condition des hommes et la retraite. De
concert avec la Centrale, elle présente
souvent des mémoires et des recommandations au gouvernement du Québec qui,
de plus en plus, consulte l’A.R.E.Q. sur
un certain nombre de sujets. L’A.R.E.Q.
vivra en 2008, son 42e Congrès au cours
duquel, les congressistes devront se prononcer, entre autres, sur son nom, car ses
membres issus exclusivement de la Centrale n’étant pas uniquement du secteur
de l’enseignement, le nom actuel ne rejoint pas tous les membres.
Notre association est redevable à cette
organisation syndicale qu’est la CSQ (anciennement CIC et CEQ), car n’eût été
de l’aide et financière et humaine que la
Centrale lui a fournies pendant un certain nombre d’années, l’A.R.E.Q. ne serait
pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui. À
cet égard, l’A.R.E.Q. tient à remercier très
sincèrement la Centrale de son appui
depuis sa création.
NouvellesCSQ
Printemps 2007
33
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SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX
Soutenir
le transfert de l’expertise en santé
Pour Géraldine, le transfert des connaissances se fait au quotidien sans que cela
soit vraiment structuré : « Chez nous, lorsqu’une nouvelle est initiée, elle me suit
partout, mais je dois faire l’ouvrage quand
même. Je lui dis : “suis-moi, si tu as des
questions je vais t’expliquer pourquoi je
fais ceci ou cela.” C’est ça l’initiation ! »
Pour France, cela prend un esprit d’entraide pour intégrer les nouvelles et les nouveaux. « Dans les départements, il arrive
souvent des jeunes pour effectuer les remplacements. Il y en a beaucoup ; tu es
toujours en contact avec une autre infirmière. C’est certain que je ne laisse pas la
nouvelle toute seule dans son coin. Si je
peux l’aider, je le fais. »
L’entraide ne se limite pas au soutien entre les membres d’une même profession.
« Moi, je suis toute seule le soir, je ne
peux pas faire ça avec d’autres membres
de ma profession. Par contre, j’ai une très
belle collaboration avec les préposés »,
explique Denise. Elle se rappelle : « J’avais
remarqué qu’une nouvelle préposée faisait des pas pour rien. Je lui ai donné quelques conseils et ça lui a permis de gagner
du temps et de moins se fatiguer. »
Il n’y a pas beaucoup de métiers ou de
professions qui ont aussi peu d’encadrement ; ça augmente le niveau de risque.
Simon résume : « Ils n’ont pas d’argent pour
engager du monde ; ils n’ont pas d’argent
pour mettre du monde pour “coacher” ;
alors, c’est nous qui payons ! »
Plusieurs souhaiteraient encadrer le nouveau personnel s’il y avait de meilleures
conditions. Ainsi, un employé affirme :
« Moi, je suis un peu comme une personne
de référence parce que les jeunes viennent
me voir. Je me suis occupé des stagiaires,
mais j’ai laissé parce que je trouvais cela
trop lourd. Mais de la supervision, c’est
certain que c’est quelque chose que
j’aimerais faire. »
34
NouvellesCSQ
Printemps 2007
PHOTO : PAUL CHAMBERLAND
Laurier Caron
Conseiller CSQ
Dans un contexte de renouvellement important du personnel de la santé, il faut assurer la transmission
des savoirs d’expérience. Or, cet enjeu n’est pas considéré de façon satisfaisante dans le réseau de la santé
et des services sociaux. Mis à part quelques rares initiatives, les employeurs se fient à la bonne volonté
du personnel pour intégrer les nouveaux sans reconnaître cette tâche. Simon, Alain, Géraldine, Diane,
Luc, France et Denise sont infirmières, infirmières auxiliaires ou inhalothérapeutes. Ils nous parlent du
transfert des savoirs et du partage de l’expertise.
« Souvent, on considère les jeunes qui
s’intègrent comme
des nouveaux qui
ont plus à apprendre qu’à montrer.
On n’a pas le réflexe
de regarder ce qu’ils
pourraient apporter,
c’est dommage. »
Une autre personne souligne : « Chez nous,
on a fait une expérience de tutorat. L’infirmière était libérée pour faire ce travail.
Celles qui ont vécu cette expérience ont
adoré cela. Elle a été positive et a permis
de renforcer les équipes. »
Plusieurs mentionnent que ce n’est pas
tous les membres du personnel qui s’intéressent à l’encadrement des nouvelles
et nouveaux. « Il y a des gens qui sont capables de “coacher” les jeunes, et il y en a
d’autres qui vont plutôt les décourager. Il
faut être réceptifs aux jeunes, voir ce qu’ils
ont à nous apporter. Cela prend des gens
qui ont l’esprit ouvert aux nouvelles techniques, qui vont être capables d’échanger
entre les deux générations. » Diane est
aussi d’avis qu’il faut montrer plus d’ouverture aux jeunes : « Souvent, on considère les jeunes qui s’intègrent comme
des nouveaux qui ont plus à apprendre
qu’à montrer. On n’a pas le réflexe de regarder ce qu’ils pourraient apporter, c’est
dommage. » Si le personnel plus expérimenté doit montrer plus d’ouverture aux
jeunes, certains constatent aussi que ces
derniers doivent être plus audacieux et
oser demander. Cela permettrait de réduire les risques d’erreurs.
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La face cachée
de la pénurie
de personnel
Hélène Le Brun
Conseillère CSQ
Le manque d’accessibilité aux services et aux soins
est en grande partie attribuable à la pénurie de
médecins et d’infirmières. Mais connaît-on véritablement l’ampleur de la pénurie de personnel et les
pistes qui nous permettent d’en sortir ?
Certaines décisions gouvernementales viennent accentuer la pénurie. Les changements
au système professionnel, par exemple,
permettraient à des infirmières praticiennes d’exécuter des actes auparavant dévolus qu’aux médecins. Mais les universités
n’ont pas encore reçu les subventions nécessaires à l’ouverture de leurs programmes de formation, ce qui retardera d’un
an leur mise en œuvre. De plus, l’ouverture
d’agences privées de placement et d’un
réseau parallèle de cliniques privées spécialisées accentue la pénurie d’infirmières dans le réseau public. Le phénomène
est semblable dans le cas des physiothérapeutes et des orthophonistes.
La pénurie touche plusieurs autres catégories d’emplois. Dans le peloton de tête
des dix emplois le plus en manque, on retrouve aussi les préposés aux bénéficiaires, les infirmières auxiliaires, les techniciens en éducation spécialisée, les agents
de relations humaines, les travailleurs sociaux, les technologistes médicaux, les
physiothérapeutes et les ergothérapeutes.
Le ministère de la Santé et des Services
sociaux (MSSS) de même que l’Association
québécoise d’établissements de santé et
de services sociaux (AQESSS) évaluent à
près de 100 000 les recrues qu’il faudra
rechercher d’ici 2015, soit la moitié du
personnel du réseau.
En raison de la baisse de la démographie,
on ne pourra pas compter simplement
sur l’arrivée de nouveaux diplômés pour
combler cette pénurie de main-d’œuvre.
Il faudra aussi stimuler l’immigration et faciliter sa
qualification.
L’autre voie consis- Jean-François Caron
te à retarder la retraite. Déjà, une lettre d’entente résultant
des dernières négociations prévoit des mesures de rétention pour les 55 ans et plus
donnant droit à des jours de congé supplémentaires. Mais certains emplois en
pénurie, comme les infirmières auxiliaires,
sont exclus de cette lettre d’entente.
La rétention de personnel reste en soi un
grand défi dans les conditions actuelles du
réseau de la santé et des services sociaux.
« Pour retenir le personnel qualifié, jeune
comme moins jeune, il faut rendre l’emploi attrayant et cela passe par des conditions de travail humaines, ce que semblent
nier les gouvernements en refusant de négocier de bonne foi », insiste Jean-François
Caron, président du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (CSQ).
Dans les centres jeunesse, le roulement
du personnel en éducation spécialisée est
important. « Les jeunes recrues se retrouvent longtemps sur des listes de rappel.
N’étant pas assurées d’une fréquence d’emploi suffisante, elles finissent par se trouver un emploi dans un autre domaine pour
vivre. D’autres quittent parce que la pratique en centre jeunesse est trop exigeante,
car les charges de cas sont importantes et
Nicole Ste-Croix
« Pour retenir le
personnel qualifié,
jeune comme moins
jeune, il faut rendre
l’emploi attrayant
et cela passe par
des conditions de
travail humaines. »
le manque de soutien organisationnel
devient trop stressant pour un nouvel
employé, explique Nicole Sainte-Croix,
présidente du Syndicat du personnel de
réadaptation du Centre jeunesse Gaspésie/
Les Îles (CSQ). Particulièrement en région
éloignée, il faudrait adopter des mécanismes qui assurent un nombre minimal
d’heures de travail aux recrues de même
que la possibilité de faire des stages rémunérés à l’emploi pendant l’été pour faciliter leur insertion. De telles mesures éviteraient certainement des départs prématurés », souligne la présidente du syndicat.
Décontingentement de la formation, lutte
contre la privatisation, mesures d’attraction, mais surtout, amélioration des conditions d’exercice, ce sont là les pistes les
plus prometteuses pour contrer à long
terme la pénurie de personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux.
NouvellesCSQ
Printemps 2007
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SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX
Dire non aux commerçants
de la santé
Hélène Le Brun
Conseillère CSQ
RocklandMd, la dernière clinique privée inaugurée en grande pompe à Montréal présente tout d’un centre commercial : un mail très
chic et des « boutiques de santé » diversifiées, clinique dentaire,
salle de réadaptation physique, clinique psychiatrique, médecine
familiale et bloc opératoire.
Dans ces deux dernières « boutiques »,
des clients y paient cher, de 200 $ à plus
de 1 000 $ de frais accessoires pour recevoir
plus rapidement des soins de santé offerts
gratuitement dans le système public.
cela réduit le temps d’attente dans les
hôpitaux publics ?
D’abord, parce que c’est faux. Même le ministre de la Santé et des Services sociaux,
Philippe Couillard, a été obligé de l’avouer.
Il manque tant de médecins et d’infirmières au Québec que le recours à des cliniques privées ne réduit en rien les listes
d’attente. « C’était pourtant le principal
argument qu’il a servi à la population
quand il a adopté sous le bâillon la loi 33
permettant de souscrire à des assurances
privées pour obtenir des soins privés », a
réagi avec virulence Louise Chabot, 1re viceprésidente de la CSQ en entendant les
propos du ministre.
Cette clinique, comme bien d’autres, s’est
bâtie dans un quartier fortuné, là où l’espérance de vie dépasse de dix ans en moyenne celle des personnes vivant dans le
quartier pauvre de Pointe-Saint-Charles.
Certains diront pourquoi ne pas laisser ces
riches payer pour leurs soins de santé si
Ensuite, parce que c’est profondément inéquitable. Ce sont surtout les cliniques privées de diagnostic qui pullulent au Québec
et pas seulement dans les grands centres.
Récemment à Trois-Rivières, on a ouvert
une clinique privée de résonance magnétique. « Bien sûr, elle concurrence facilement les services du Centre hospitalier
régional de Trois-Rivières (CHRTR) où l’attente est plus longue, mentionne Monique
Veillet du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires
Cœur-du-Québec (SIIIACQ), mais il faut
être bien conscient qu’avoir accès à un
diagnostic plus rapidement, c’est aussi avoir
accès à une chirurgie avant une personne
qui n’aura pas eu les moyens de payer
pour son diagnostic, c’est inacceptable »,
souligne l’infirmière.
« Il faut dès
aujourd’hui
oser arrêter ces
commerçants
de la santé
avant qu’il ne
PHOTOS : ARCHIVES CSQ
soit trop tard. »
36
NouvellesCSQ
Printemps 2007
Le marché commercial de la santé qui a
débuté par l’ouverture de petits laboratoires privés analysant de simples prises
de sang s’étend maintenant aux cliniques
diagnostiques exigeant de l’équipement
sophistiqué, aux chirurgies d’un jour et
même aux courtiers de la santé comme la
firme Medecina qui, pour un peu moins
de 300 $, offre à ses clients de leur trouver un rendez-vous avec un médecin spécialiste en moins de 72 heures.
La loi 33 n’est pas encore en vigueur que
déjà le ministre de la Santé et des Services sociaux a dû demander à la Régie de
l’assurance maladie du Québec (RAMQ)
d’enquêter plus d’une fois pour vérifier la
légalité des cliniques se réclamant de
cette loi.
« L’ouverture à un tel marché parallèle
exige déjà des ressources de surveillance
coûteuses de la part de l’État. Qu’en serat-il quand il sera institutionnalisé, s’interroge la vice-présidente de la CSQ, Louise
Chabot. Il faut dès aujourd’hui oser arrêter ces commerçants de la santé avant
qu’il ne soit trop tard. Il faut non seulement exiger le retrait de la loi 33, mais
aussi revendiquer une loi pour interdire
carrément tout recours au privé en santé
au Québec », conclut-elle.
Selon l’ex-ministre Britannique
de la Santé, Frank Dobson, le
recours aux cliniques privées
pour certaines interventions
chirurgicales, dans le but
de réduire les temps d’attente
a, en réalité, nui au système
public de santé au RoyaumeUni. Ce dernier s’est vu obligé
de s’occuper des patients
les plus mal en point, tandis
que les cliniques privées
se contentaient de faire les
opérations les plus simples,
les moins risquées et les moins
coûteuses sur les patients
les plus en santé.
Source : Presse canadienne
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7:01 PM
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8:34 PM
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C U LT U R E
La culture
Daniel B. Lafrenière
2e vice-président de la CSQ
Au cours de différentes rencontres dans les milieux, j’ai été peiné de constater que des écoles
primaires avaient démonté leur
scène de théâtre et réaménagé
cet espace à d’autres fins. J’ai aussi
vu des bibliothèques laissées à
l’abandon et sans ressources qualifiées faute de financement adéquat. La culture serait-elle reléguée au dernier rang des priorités
sociales ? Si l’on se fie à la dernière campagne électorale, on a
tout lieu d’être inquiets.
Un vaccin efficace
contre le décrochage
L’UNESCO1 définit la culture ainsi dans
sa Déclaration universelle sur la diversité
culturelle : « La culture doit être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels
et affectifs qui caractérise une société ou
un groupe social et qu’elle englobe, outre
les arts et les lettres, les modes de vie, les
façons de vivre ensemble, les systèmes de
valeurs, les traditions et les croyances. »
La culture, dans son sens
large, fait partie intégrante du concept même
d’éducation et devrait,
en principe, traverser
l’ensemble des programmes du primaire à l’université. En réalité, toutefois, la notion de culture générale prend moins
d’importance dans les
politiques éducatives. En
Daniel B. Lafrenière formation professionnelle et technique, la
culture générale est fréquemment remise
en question, souvent jugée trop éloignée
des métiers ou professions.
Les activités parascolaires, autant au primaire et au secondaire qu’au collégial,
exercent un rôle majeur dans la diffusion
de la culture en éducation. Dans les cégeps,
la participation des étudiantes et des étudiants à des activités comme la radio étudiante, Cégeps en spectacle et le théâtre
étudiant contribue à donner le goût de la
culture, tout en favorisant l’émergence
de nouveaux talents.
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NouvellesCSQ
Printemps 2007
À titre d’exemple, la fierté et le dynamisme
des élèves de l’école primaire Saint-Jacques
de la Commission scolaire de l’Énergie
à Shawinigan qui, avec leur enseignant,
M. Éric Rivard, ont réalisé un vidéoclip
d’animation Les quatre saisons, lequel s’est
mérité un prix prestigieux l’an dernier.
La musique était l’oeuvre de M. Pascal
Vincent, préposé aux élèves handicapés à
l’école Saint-Jacques et membre du Syndicat des employés de soutien de la Mauricie
(CSQ).
Heureusement, des projets comme celuilà il y en a encore des centaines à travers
le Québec. Il faut féliciter celles et ceux qui
prennent de leur temps pour garder la
culture vivante dans nos établissements.
Ces gestes, qui demeurent trop souvent
dans l’ombre, sont pourtant essentiels à la
survie et au développement de notre culture.
Les activités culturelles et la valorisation
des talents artistiques, tant des jeunes
Voici de gauche a droite :
Eric Rivard, Jean-Maurice Mercier,
Francis Juneau, Audrey-Anne
Laforme, Katrina Lacoursière,
Pascal Vincent et également
du projet , Marie-France Beaulac
qui a pris la photo.
que des adultes, sont indissociables des
facteurs favorisant la réussite du plus
grand nombre et un vaccin très efficace
pour contrer le décrochage.
1
UNESCO : Organisation des NationsUnies pour l’éducation, la science
et la culture.
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JEUNE
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CONDITION DES FEMMES
Toujours féministes les jeunes femmes ?
Le dernier Réseau des femmes de la CSQ a fourni l’occasion de faire le point sur le féminisme et le syndicalisme lors d’une discussion à bâtons rompus avec sept jeunes femmes : Marjolaine Allard, Syndicat du
personnel de soutien en éducation (CSQ), Vicki Blondin, Syndicat de l’enseignement de la région de
Drummondville, Julie Dauphinais, Syndicat de l’enseignement Val-Maska, Melony Gauthier, Syndicat de
l’enseignement du Bas-Richelieu, Maylissa Maheux, Syndicat de l’enseignement du Lanaudière et Annie
St-Amant du Syndicat du personnel professionnel du Cœur du Québec. La discussion fut animée. Dynamiques et engagées, ces jeunes femmes ? Assurément !
Chantal Locat
Responsable du Comité de la condition des femmes (CSQ)
Le féminisme ?
Pour elles : « Le féminisme, c’est un mouvement qui milite pour la défense, la promotion et la valorisation du droit des
femmes en vue d’atteindre l’égalité entre
les sexes. Il permet d’éduquer les filles et
les femmes, de progresser et de prendre
conscience des inégalités persistantes. Plus
on en prend conscience, plus on découvre qu’il reste encore du chemin à faire.
Aujourd’hui, les inégalités sont plus subtiles et plus difficiles à démontrer. » Une
d’elle ajoute : « On a l’air, mais pas la
chanson ! »
Féministes,
ces jeunes femmes ?
Oui, si l’on se réfère à la définition qu’elles
donnent du féminisme, mais des nuances
s’expriment rapidement. « Nous ne sommes pas des féministes radicales, nous n’allons pas au front pour le défendre, notre
engagement se vit dans le quotidien. » Pour
la plupart, leur milieu familial les a toujours encouragées à prendre leur place :
« C’est quand on arrive à l’université ou
dans notre milieu de travail qu’on voit les
inégalités. »
Une Centrale proche de
leurs préoccupations ?
Spontanément, elles répondent : « La CSQ
défend exactement les valeurs qui nous
tiennent à cœur. Nous sommes fières que
la Centrale fasse la promotion d’un monde
sans pauvreté, sans violence, plus juste et
égalitaire et qu’elle se préoccupe de l’environnement. Ça nous rejoint beaucoup,
c’est une des raisons qui sont à l’origine
de notre engagement. »
« La conciliation famille-travail et les
conditions de travail devraient être au
cœur des futures négociations. » Ces femmes sont jeunes, toutes n’ont pas d’enfant, mais pas facile de tout concilier. Une
d’elle ajoute : « Moi, je n’ai pas d’enfant,
j’ai choisi de travailler à 75 % parce que
les conditions de travail sont trop difficiles,
parfois même épuisantes. Je connais plusieurs jeunes mères qui ont décidé de tra-
vailler à 80 % pour les mêmes raisons. Ça
ne devrait pas être comme ça. » De plus,
pour les jeunes mères qui veulent militer, c’est difficile de concilier famille, travail et militantisme : « Il devrait y avoir
des mesures “ facilitantes ” comme un service de garde sur les lieux de réunion. »
« Tout le monde devrait recevoir l’information et les formations que nous avons
au Réseau des femmes ; c’est un lieu
d’éducation syndicale important. » Selon
elles, il leur permet de mieux comprendre les enjeux reliés à leurs conditions de
vie comme femmes, travailleuses et citoyennes. Cela a constitué leur porte d’entrée
dans la militance syndicale. Une d’entre
elles enchaîne : « On devrait nous laisser
plus de place dans nos syndicats pour
nous permettre de transmettre toute l’information reçue. Quand on revient du Réseau des femmes, on a les batteries rechargées et on voudrait partager davantage
nos expériences. »
NouvellesCSQ
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S
JEUNE
RELÈVE SYNDICALE
Jeune et syndicaliste
Qu’est-ce que
ça prend ?
les jeunes d’il y a trente ou trente-cinq
ans qui grossissent, année après année,
les rangs de l’A.R.E.Q. Un renouvellement du membership appellera nécessairement aussi à un renouvellement des
directions syndicales.
Ce qui est différent, sans l’ombre d’un doute, c’est la perception que l’on peut avoir
de la question de l’âge. Dans l’introduc-
En me fondant sur cela et sur une revue
de littérature menée en vue d’un mémoire de maîtrise il y a dix ans, j’ai décidé
de rappeler, comme le soutient l’équipe
d’éducation syndicale de la Centrale, que
l’on ne naît pas syndicaliste, mais qu’on
le devient ! Et qu’il existe des conditions
qui favoriseront l’engagement syndical
des jeunes.
Ce qui ressort en premier lieu des recherches sur la question, c’est que le facteur
le plus important serait celui de l’attitude
d’engagement envers le syndicat. Cela peut
notamment, mais pas exclusivement, découler de la « fréquentation » du monde
syndical en dehors de la vie de travail, par
exemple, à la maison où un père, une mère,
une conjointe ou un conjoint syndicaliste
alimente la discussion sur la chose syndicale. Je connais d’ailleurs plusieurs personnes, à la CSQ, qui sont la « fille de… »
ou le « fils de… ». Ce n’est évidemment pas
le seul facteur, heureusement !
Le syndicat pourra, pour d’autres, apparaître comme un lieu de socialisation ou de
solidarité, en rupture avec l’individualisme ambiant. Pour certains, le syndicalisme
serait un lieu d’expression politique. Cela
renvoie, bien entendu, aux valeurs et à des
pratiques syndicales axées sur la démocratie interne et l’information. La capacité
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NouvellesCSQ
Printemps 2007
Pierre Lefebvre
des syndicats à prendre en compte et à satisfaire les intérêts des jeunes aurait certes
aussi une influence positive sur l’intention de participer à la vie syndicale.
Des facteurs personnels faciliteront ou
limiteront le degré d’engagement. Ainsi,
le statut d’emploi ou des facteurs liés à la
vie privée (scolarité, responsabilités familiales ou non, attitude des proches, etc.)
joueraient un rôle d’attraction ou de répulsion des jeunes à l’endroit de l’engagement
syndical, selon le cas.
Interrogé il y a quelques années sur la relève en chanson, Gilles Vigneault, avec la
verdeur qu’on lui connaît, demanda à l’intervieweur : « Mais dites-moi donc, qui
est tombé ? » On parle souvent, dans le
milieu syndical, de la relève. Là aussi, on
peut se demander qui est tombé… Quoi
qu’il en soit, il faut admettre que ce sont
tion d’une conférence qu’il prononçait
lors d’un colloque sur « la gestion des
âges » organisé par le département des
relations industrielles de l’Université
Laval, Christian Payeur, directeur de la
recherche à la CSQ, rappelait que lorsqu’il a été élu à la présidence de la CEQ
Yvon Charbonneau était âgé de 29 ans et
qu’il négociait avec un premier ministre
âgé, lui, de 33 ans ! Aujourd’hui, l’un et
l’autre seraient fortement invités à faire
un stage, pour le premier, au sein du Comité des jeunes de la CSQ, pour l’autre, à
la Commission jeunesse du Parti libéral
du Québec !
PHOTO : FRANÇOIS BEAUREGARD
Pierre Lefebvre
Conseiller CSQ
Lorsque Nouvelles CSQ m’a offert de contribuer au thème de ce
numéro, je me suis demandé sous quel angle j’allais aborder la question
des jeunes et du syndicalisme. Certes, j’ai commencé relativement
jeune, devenant délégué syndical à 21 ans, membre du conseil d’administration de mon syndicat à 22, et de l’exécutif de ma fédération
à 25. Aussi, mes cheveux qui tirent
davantage sur le sel que sur le poivre On ne nait pas
témoignent, au-delà de mon bagage syndicalisme,
génétique, de quelques journées un
peu plus longues que d’autres au cours on le devient !
de la dernière trentaine d’années.
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S
JEUNE
Jeunes et syndicalistes ?
Oui, c’est possible !
Véronique Brouillette
Conseillère CSQ
Les membres du Comité des jeunes de la CSQ font partie de ces personnes qui s’engagent à fond et qui
croient que la voix des jeunes doit être entendue pour faire évoluer le syndicalisme. Les raisons qui ont motivé
leur engagement sont différentes, mais une chose les rassemble : ils ont eu la piqûre du syndicalisme !
Pour...
Jean-Simon
Jean-Simon Carrier, 26 ans et enseignant au primaire à Saint-Hyacinthe,
sa participation syndicale a débuté dès sa première année d’enseignement. « Au
départ, je voulais surtout mieux m’intégrer à ma profession et surtout, bien connaître
mes droits », dit-il. Très rapidement, il s’est engagé dans son syndicat local, il a participé aux activités et manifestations de la Centrale et est aujourd’hui un membre actif
du Comité des jeunes. Son engagement dépasse nos frontières puisqu’il a été choisi
pour effectuer un stage sur la démocratie en République démocratique du Congo.
Patrick
Patrick Jeannotte, 31 ans, est conseiller d’orientation au secondaire à
Boucherville et papa de deux enfants en bas âge. Il a commencé à participer aux
instances syndicales par simple curiosité au départ : « J’ai commencé à participer aux
réunions de l’unité syndicale de ma commission scolaire, puis j’ai eu envie de savoir
comment ça fonctionnait dans ma fédération et à la CSQ. » Patrick est d’ailleurs aussi
engagé au sein de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation
du Québec (FPPE) qui est en train de former un comité et un réseau des jeunes professionnels de l’éducation.
Geneviève
Geneviève Guay, 28 ans, infirmière au Centre hospitalier de Trois-Rivières
depuis neuf ans est mère de deux jeunes enfants. Elle milite au sein de son syndicat
depuis décembre 2004. Sa participation au Comité des jeunes de la CSQ permet de
donner le point de vue des jeunes qui travaillent dans le milieu de la santé. « La conciliation travail-famille-militantisme, je connais bien ça ! Chez les infirmières, les
jeunes doivent composer avec des horaires de travail difficiles. »
Brigitte
PHOTOS : FRANÇOIS BEAUREGARD
Karine
Brigitte Larabée
, 34 ans, est enseignante au secondaire au Témiscamingue
et mère de deux adolescents. Elle apporte le point de vue des régions éloignées au
Comité. Son implication a débuté il y a trois ans, alors qu’elle était déléguée à un
Congrès de son syndicat. « J’ai eu la piqûre du syndicalisme quand j’ai constaté que
les membres avaient un réel pouvoir d’influence. J’avoue qu’au départ, j’avais des préjugés, je croyais que tout était décidé « d’en haut », ce qui n’est pas le cas. » Depuis ce
temps, elle est engagée à fond dans son syndicat et au Comité des jeunes.
Karine Grimard, âgée de 35 ans, est enseignante au secondaire à Lac-Mégantic
depuis 12 ans. Elle est la première déléguée de son école depuis plusieurs années, elle
s’implique activement dans son syndicat et son comité des jeunes au local et elle assume un deuxième mandat au sein du Comité des jeunes de la CSQ. « La militance syndicale est une façon d’exprimer mes propres valeurs. Pour moi, le respect, la démocratie, la justice, l’égalité, ça ne doit pas demeurer au stade du discours. Ça doit se vivre
et se concrétiser quelque part. Que je sois devant les enseignants de mon école, les
membres du Conseil général ou les participants du Congrès, mes préoccupations sont
les mêmes : bien saisir la portée des enjeux et faire le mieux possible le travail pour
lequel j’ai été élue. »
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SOCIÉTÉ
Lutter contre l’homophobie,
combattre
l’ignorance
Caroline Tremblay
Comité des droits des gais
et lesbiennes de la CSQ
L’homophobie est très présente dans toutes les écoles et les cégeps et sous diverses formes : violence
psychologique, étiquetage, stigmatisation, harcèlement et même violence physique.
La plupart du temps, cette violence est dirigée vers des jeunes qui
se questionnent sur leur orientation sexuelle, des jeunes qui s’affirment comme gais, lesbiennes ou
bisexuels ou, encore, vers des jeunes
qui, par leur attitude, leur comportement ou leur tenue vestimentaire, dérogent des normes traditionnellement
associées à la féminité ou à la virilité.
À cause de leur vulnérabilité, les jeunes
victimes développent un sentiment de
honte, d’abord par rapport à eux-mêmes
puis par rapport aux autres, ce qui provoque leur isolement, par crainte des réactions négatives de l’entourage. Ces jeunes
ne peuvent se confier ni à leurs parents, ni à leurs
amis, ni, souvent,
aux intervenants
parce qu’ils ne veulent pas être étiquetés comme homosexuels. Cet isolement
et cette peur du jugement provoquent de
l’anxiété, de l’absentéisme scolaire, des épisodes
dépressifs et,
pour certains,
des idéations
suicidaires. En
effet, les jeunes
hommes homosexuels
se suicideraient de 3 à
6 fois plus souvent que
les jeunes hommes hétérosexuels.
« Cet isolement
et cette peur
du jugement
provoquent de
l’anxiété, de
l’absentéisme
scolaire, des épisodes dépressifs
et, pour certains,
des idéations
Le 6 mars dernier, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) lançait le rapport
du Groupe de travail mixte sur l’homophobie auquel la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a participé pendant
plus d’un an. Parmi les problématiques
présentées, le président du groupe de travail, M. Marc-André Dowd, vice-président
suicidaires. »
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Printemps 2007
de la CDPDJ, déterminait le secteur de
l’éducation comme étant prioritaire dans
la lutte à l’homophobie au Québec.
Le Comité des droits des gais
et lesbiennes de la Centrale,
depuis longtemps préoccupé
par cette problématique,
s’était déjà engagé, lors du
congrès de 2003, à mettre
sur pied deux tables de
lutte à l’homophobie, l’une
dans le réseau scolaire et
l’autre dans le réseau collégial. Depuis janvier 2006,
ces tables ont réuni les
différents acteurs du milieu de l’éducation et du
collégial afin d’échanger
sur cette problématique
et de mettre en place
certains moyens de
sensibilisation. Après
avoir fait consensus,
les dirigeants des différents organismes
siégeant aux tables
ont fait parvenir aux
conseils d’établissements et aux conseils d’administration des collèges
une lettre faisant
état de leurs objectifs et les invitant à discuter de
moyens d’action
dans leur milieu.
Dans toutes les
consultations
sur cette question, il est fait
état de la nécessité d’informer, de former et de sensibiliser les
diff érent s
intervenants
afin de les aider à
agir en présence de manifestations homophobes dans leur pratique quotidienne. Les répercussions de l’homophobie
peuvent être dramatiques pour certains
jeunes ; aussi, il est primordial de s’interroger sur les moyens à adopter afin que
ces manifestations diminuent.
Premièrement, les directions d’école, les
parents et les différents intervenants doi-
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vent être sensibilisés à cette problématique. Deuxièmement, une formation adéquate en matière de diversité sexuelle doit être offerte au personnel enseignant, professionnel et de soutien dans toutes les régions. De
plus, les écoles devraient inclure, dans les règles de l’école et dans les programmes visant à combattre la violence et l’intimidation, des mesures visant à contrer spécifiquement les manifestations homophobes.
Cette sensibilisation du personnel des écoles devrait favoriser une intervention constante et une politique de tolérance zéro envers les commentaires
homophobes qui sont monnaie courante dans les corridors et les salles de
classe. En n’intervenant pas, on banalise ces comportements et on les sanctionne indirectement.
Cette année, la Fondation
Émergence, initiatrice de la
Journée nationale de lutte
à l’homophobie, a choisi
comme cible le milieu de
l’éducation. Cette journée
se tiendra le 17 mai 2007
sous le thème : On ne
choisit pas son orientation
sexuelle. Nous vous invitons
à consulter le site Internet
www.homophobie.org
afin d’obtenir, pour cette
journée, des suggestions
d’activités portant sur
la lutte aux préjugés
et à la discrimination.
Afin d’offrir un soutien à ces jeunes
en détresse qui ne savent pas à
quelle porte cogner, il est important
d’inclure des ressources communautaires pour les jeunes gais et
lesbiennes dans les agendas scolaires et d’insérer, dans les programmes des services professionnels, de l’information sur tous les
types d’orientations sexuelles. Il faut
aussi que les écoles travaillent en
partenariat avec des organismes communautaires œuvrant à démystifier
l’homosexualité dans les écoles.
Tous ensemble, nous parviendrons
à diminuer les manifestations homophobes dans nos milieux. Gardons
en tête que la lutte contre l’homophobie est d’abord et avant tout un
combat contre l’ignorance, les fausses croyances et les préjugés. Elle
nécessite un long et patient travail de sensibilisation et d’éducation auprès
des jeunes et de nos collègues.
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OPINION
Enseigner dans la violence
est inacceptable
Porteurs des idéaux qui les ont motivés depuis leur
formation initiale, pourquoi tant de jeunes enseignants
se questionnent-ils sur leur avenir et sur le sens de
leur profession ?
Richard Têtu
Enseignant et membre du Syndicat de l’enseignement des Deux Rives. Il complète un doctorat sur
l’autorité et les enseignants.
Les impacts de la violence sur les enseignantes et les enseignants sont majeurs,
particulièrement chez les moins expérimentés placés en situation précaire comme
les stagiaires, les suppléants occasionnels
et les contractuels. « Qu’est-ce qui m’arrive aujourd’hui, le plaisir d’enseigner n’y
est plus ? », me confiait récemment un
jeune collègue.
Quel soutien accorder aux enseignantes
et aux enseignants qui s’insèrent dans la
profession ? Quel soutien donner à ceux
que l’on croyait insensibles et qui, subitement, sont fragilisés par des paroles, des
attitudes et des gestes brutaux ? Comment
les accompagner sans banaliser les événements ? Par la fuite, le silence, le déni ?
Nous connaissons tous des collègues volontaires et généreux qui écoutent et soutiennent pour conjurer la souffrance de
leurs pairs. Mais au-delà de ce volontariat,
il y a une nécessité d’éthique professionnelle pour tous.
Dans la foulée de notre professionnalisation et appuyées par la Charte des droits
et libertés de la personne, deux actions
prioritaires et urgentes doivent être
entreprises : une appropriation de la Déclaration de la profession enseignante1 et une
sensibilisation de la violence faite aux
personnels des établissements scolaires.
La Déclaration de la profession enseignante m’interpelle pour la mise en place d’un
mécanisme d’insertion professionnelle
concernant la prévention de la violence
dont sont victimes les collègues. Autour
du « partage de connaissances et d’expérience », on ne peut échapper au principe
de « la reconnaissance de la collaboration
avec les collègues » et de « l’importance de
la prévention et la lutte contre toute forme de violence ou de harcèlement ».
À ce sujet, la Centrale des syndicats du
Québec (CSQ) a collaboré, il y a quelques
années, à l’élaboration d’un programme
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de prévention de la
violence faite aux personnels des écoles. On
relira avec profit ce
document2. On y retrouve les assises pour
une meilleure compréhension du phénomène : la violence physique, le harcèlement
moral et l’intimidation, ainsi que le rôle
mésestimé des témoins. De plus, des
scénarios de sensibilisation et de formation
créent un contexte
favorable à la discussion et à la transmission d’informations.
« Apprendre à
reconnaître la violence,
savoir la dénoncer,
mais surtout prendre en
charge la prévention de
la violence s’imposent
pour améliorer notre
Le gouvernement a
annoncé son intention
d’élaborer un plan
d’action pour lutter
contre la violence en
milieu scolaire. Par
contre, aucune mesu- P H O T O : M A R I E - C H A N T A L
re concrète, aucune échéance et aucun
budget n’ont été précisés. Les syndicats
ne doivent pas attendre les mesures gouvernementales pour agir. Je souhaite que
le syndicat de chaque établissement prenne l’initiative de convier les autres partenaires scolaires à se concerter pour lutter
contre les diverses formes de violence.
sécurité, notre bien-être,
notre santé. »
Il est impératif que les directions d’établissement s’engagent à faire respecter le
code de conduite des élèves ainsi que les
droits de l’homme et les libertés fondamentales de chacun. De même, les commissions scolaires doivent se doter d’une
politique claire sur la violence en milieu
de travail.
Enseigner dans la violence est inacceptable. Apprendre à reconnaître la violence,
savoir la dénoncer, mais surtout prendre
LE BRETON
en charge la prévention de la violence s’imposent pour améliorer notre sécurité, notre
bien-être, notre santé. Nous devrons accélérer la cadence et conjuguer nos devoirs éthiques pour une édification d’une
société pacifique, juste et égalitaire. Comme représentants des règles, des normes
et des valeurs, il en va de notre autorité
éducative dont les figures sont à affirmer.
Pour réagir à cet article par courriel :
[email protected]
1
http://fse.qc.net/stock/fra/
doc737-2332.pdf
2
http://dspq.qc.ca/publications/
STR_ViolenceMilieuscol_mars2003.
pdf-Micros
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ÉVÉNEMENT
Soufflons les bougies, gardons la flamme !
Colloque ADIM 2007
René Cockaerts
Agent d’information FIPEQ
Heureuses de fêter les dix ans de leur organisation, les membres des Alliances des
intervenantes en milieu familial ont tenu
un colloque chapeauté par la Fédération des
intervenantes en petite enfance du Québec
(FIPEQ-CSQ) et présidé par Lorraine Pagé,
ancienne présidente de la CSQ. Ensemble, elles ont tracé des pistes d’avenir. Les
témoignages et les exposés de divers invités ont alimenté leur réflexion.
Jean-Luc Harel, conseiller à la CSD1 et
Micheline Dubé, présidente du RESSAQCSD2, ont conté les déboires de leur expérience d’association représentative à la
suite de l’adoption de la loi 7. Cette loi s’est
traduite par la désyndicalisation des ressources intermédiaires et de type familial,
comme loi loi 8 qui a eu le même effet
pour les responsables de
service de garde (RSG).
Jean Bernier, professeurchercheur du Département des relations
industrielles de l’Université Laval, a exploré
quelques avenues en vue
d’améliorer la protection sociale des exclues Jean Bernier
du Code du travail et a
présenté différentes options qui s’offrent
aux RSG. Frédéric Tremblay, conseiller à
la CSQ, a offert un tour d’horizon des régimes de relations du travail hors Code du
10 ans ensemble
PHOTO : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC
travail et Raymond Legault,
président de l’Union des artistes, a relaté la lutte des artistes
pour l’obtention d’un régime
de relations du travail qui leur
est propre.
Les participantes au colloque
ont ensuite adopté une déclaration de principes visant à
rétablir leur droit d’association et de négociation ainsi qu’à obtenir
des conditions de travail et salariales décentes et un régime complet et accessible d’avantages sociaux.
Une conférence de presse, particulièrement
courue par les journalistes et les photographes, a rapporté les conclusions du colloque et a suscité de nombreux articles et
entrevues dans les médias du Québec.
1
CSD : Centrale des syndicats démocratiques.
2
RESSAQ-CSD : Regroupement des
ressources résidentielles adultes
du Québec.
Congrès triennal
L’AENQ veut améliorer ses services de base aux membres
Les 23, 24 et 25 mars dernier au Hyatt Regency de Montréal s’est tenu le Congrès triennal de l’AENQ regroupant 170 représentants officiels provenant de toutes les communautés cries et inuites du Nord du Québec. Le Congrès a été un franc succès.
L’AENQ s’y est dotée des outils financiers (cure minceur pour le Congrès et hausse de cotisation) nécessaires pour assurer sa pérennité
dans le contexte des hausses de coûts pour le transport aérien, pour
les cotisations versées à la CSQ et ses fédérations, pour se prémunir
contre le « qui perd paie » en arbitrage et pour combler le manque
à gagner au chapitre de la péréquation.
L’Association s’est également dotée d’une liste de priorités pour
2007-2010 très ambitieuse qui prévoit, entre autres, la syndicalisation d’autres salariés sur son territoire, la révision
de son modèle de formation syndicale et l’amélioration des services de base offerts en langues autochtones à ses
membres.
Pour mettre leurs priorités en action, les congressistes ont réitéré leur confiance envers l’équipe du Comité exécutif
en place pour le prochain mandat. Le président Patrick D’Astous a été réélu à la suite d’une chaude lutte.
Finalement, la contribution de Tom Carter à l’Association, un ancien président décédé cette année, a été soulignée
lors de la cérémonie d’ouverture par un hommage livré par Brent Tweddell, directeur des négociations nationales à
la CSQ. La salle de réunion de l’AENQ portera désormais son nom en son honneur.
NouvellesCSQ
Patrick D’Astous
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PHOTO : FRANÇOIS BEAUREGARD
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EVB
Comment
les riches
détruisent
la planète
Un livre au titre provocateur et
quelques entrevues plus tard, le
Québec découvre Hervé Kempf,
journaliste spécialiste des questions environnementales depuis
près de 20 ans. Il collabore depuis
1998 au journal Le Monde et est
l’auteur de plusieurs livres d’enquêtes dont La guerre secrète des
OGM paru en 2003. Nous l’avons
rencontré lors de son passage à
Québec, où il venait présenter son
dernier livre Comment les riches
détruisent la planète au Salon international du livre.
Son petit livre a l’effet d’un pavé dans la
mare. En France, le
livre a connu un
énorme succès dès
sa sortie, même si,
comme il le dit
lui-même « la majorité des médias
a évité d’en parler ». Hervé Kempf
ferait-il peur ?
L’homme, assurément non,
mais ses propos
égratignent,
sans complaisance, les « hyper riches » et
tous ceux qui appartiennent à
« l’oligarchie néolibérale », à cette « nomenklatura capitaliste » que l’auteur rend
responsable et qui profite des crises écologique et sociale auxquelles nous faisons
face. Un réquisitoire mené tambour battant contre l’idéologie néolibérale, qui prétend que le bonheur est dans la croissance, et pour tenter de « réanimer l’idée d’un
destin collectif ». Il y aurait, selon lui, urgence à le faire, car tout indique « que si
nous ne le faisons pas, nous courons à
notre perte en tant qu’espèce ». Entrevue
avec un infatigable dénonciateur d’un
monde en quête de sens.
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NouvellesCSQ
Printemps 2007
PHOTOGRAPHE JANOUK MURDOCK
Alexandre Archer
Journaliste
gique et du mouvement social. Ensuite, il me semble que depuis plusieurs années, disons depuis la contestation de l’OMC à Seattle en 1999,
le balancier a commencé à revenir
dans le bon sens, et l’idéologie néolibérale est, au moins dans les esprits,
en retrait. Il faut aussi continuer à
réinvestir le terrain politique, celui
du débat, de la discussion, dont on
a cherché à nous détourner depuis
quinze ans. Il me semble bien que la
société, de plus en plus soumise aux
chocs de l’écologie et à la réalité de
l’injustice sociale, va continuer à se
réveiller, à se remettre en mouvement.
A.A. : Quel rôle peuvent
y jouer les jeunes, les
enseignantes et les
enseignants et les
syndicats ?
Pour que la société se remette en
mouvement, il est nécessaire que les
trois catégories d’acteurs que vous
avez nommées soient présentes. Les jeunes
ont un rôle essentiel parce qu’ils possèdent la capacité d’offrir de nouvelles perspectives d’avenir. Les enseignantes et les
enseignants ont la grande responsabilité
de préparer ces mêmes jeunes à être des
acteurs responsables et impliqués. Mais
pour cela, il faut leur en donner les moyens.
Quant aux syndicats, ils représentent une
force essentielle au mouvement social
qui est en marche, même si, au cours des
dernières décennies, ils ont vu leurs effectifs diminuer. Soyons optimistes, mais
attentifs malgré tout.
Hervé Kempf
Alexandre Archer :
Monsieur Kempf,
connaissez-vous le Réseau des écoles vertes
Brundtland au Québec ?
Hervé Kempf : Je ne connais pas le Réseau
en tant que tel, mais Mme Brundtland,
oui, bien sûr. Je connais son action et je
suis certain que les valeurs mises de l’avant
au sein de ces écoles le sont pour un monde plus écologique et plus juste.
A.A. : Au-delà de la
dénonciation, comment
établir un rapport de
force avec les riches ?
H.K. : Tout d’abord, il est important d’avoir
un diagnostic clair de la situation : le fait
d’articuler nettement crise écologique et
crise sociale va dans ce sens ; il peut notamment conduire à réunir les forces trop
souvent séparées du mouvement écolo-
En attendant, on relira dans l’urgence
Comment les riches détruisent la planète.
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2:34 PM
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Colloque « Faisons notre juste PAR »
Les politiques d’achat
responsable démystifiées
Marie-Noëlle Roy
PHOTO : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC
Véronique Brouillette
Conseillère CSQ
L’environnement est dans l’air du temps
et c’est tant mieux. Plusieurs institutions,
organisations et entreprises se dotent de
règles de conduite plus écologiques,
adoptent des politiques « vertes », « responsables » ou « éthiques » qui visent à acquérir des pratiques plus respectueuses
de l’environnement et de la société. Mais
comment se retrouver dans la pléthore
de ces expressions ? Comment traduire des
idéaux en outils concrets utilisables dans
nos milieux ? Que doit contenir une politique d’achat responsable par rapport à
une politique environnementale ?
Le colloque « Faisons notre juste PAR »
organisé par le Centre international de
solidarité ouvrière (CISO), la Coalition
québécoise contre les ateliers de misère
(CQCAM) et par la Coalition étudiante
Trans-Actions responsables (CÉTAR) et
qui s’est tenu les 26 et 27 avril dernier visait en partie ces objectifs. Selon MarieNoëlle Roy, coordonnatrice à la CQCAM,
« le colloque s’inscrit dans une perspective plus large ; il s’agit d’une première
discussion sur les politiques d’achat res-
pendante et à tout
moment ».
ponsable (PAR) dans l’objectif de
pousser les gens à agir dans leur
milieu. Les PAR constituent un
moyen parmi d’autres de limiter
les effets des délocalisations des
emplois et de contrer la prolifération des ateliers de misère.
Si les droits des travailleuses et
des travailleurs sont respectés
d’un bout à l’autre de la chaîne
de production et qu’ainsi ils sont
traités et payés justement, les
entreprises risquent de moins
privilégier les délocalisations,
car cela ne leur sera plus autant profitable ».
Le colloque aura donc
permis de démystifier
ce qu’est une politique
d’achat responsable,
mais il reste encore
beaucoup de travail à
faire ! La CQCAM entreprend une recherche qui fait l’état de la
question au Québec
et travaille à l’élaboration de guides pratiques adaptés à différents milieux qui
devraient être disponibles en 2007-2008.
Et concrètement, une politique d’achat responsable devrait ressembler à quoi ? Selon Marie-Noëlle Roy, « une telle politique
devrait exiger trois choses : que les produits vendus aient été fabriqués dans des
conditions de travail acceptables, que les
lieux de fabrication de ces produits soient
révélés à l’institution et que les conditions
de travail des travailleuses et des travailleurs puissent être vérifiées de façon indé-
Le mouvement des Établissements verts
Brundtland contribuera à alimenter la question en diffusant les résultats d’un sondage maison qui a été lancé sur la question
des PAR dans les établissements d’enseignement. On constate que très peu de commissions scolaires et d’établissements
d’enseignement se sont dotés d’une politique d’achat responsable, mais que plusieurs
souhaitent le faire. Un dossier à suivre…
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7:05 PM
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EVB
Une expérience
qui change la vie
Luc Allaire
Conseiller à
la recherche
à la CSQ
« Je ne m’attendais certes pas à ce que j’ai
vu lorsque je me suis retrouvé à Banda
Aceh », a déclaré Martin Jones, 17 ans,
originaire de Grande-Bretagne à son retour
de la visite organisée par l’Internationale
de l’Éducation (IE) dans les régions affectées par le tsunami à Banda Aceh.
Martin et 11 autres étudiants en provenance de Grande-Bretagne, du Japon, d’Australie et des Pays-Bas, âgés de 17 à 24 ans,
ont participé à ce voyage avec leurs professeurs, à Aceh en Indonésie, du 19 au
24 février 2007.
Des élèves d’une école
primaire reconstruite par l’IE.
PHOTO : LUC ALLAIRE
Tous les étudiants choisis provenaient d’écoles qui ont contribué au Fonds de solidarité de l’IE pour le Programme de réhabilitation du tsunami afin qu’ils soient sur
le terrain pour assister au processus de
reconstruction.
Avec une petite équipe de seulement six
personnes, Jérôme Fernandez est responsable de la coordination de ce programme en Indonésie. Jusqu’ici, beaucoup de
travail a été accompli, malgré des conditions extrêmement difficiles. Dix-huit écoles ont été reconstruites, il y en aura 28
au total. Plus de 3500 élèves – des orphelins en majorité – reçoivent une allocation pour les aider à aller à l’école et reprendre une vie normale après l’expérience
traumatisante qu’ils ont vécue. Plus de
300 professeurs ont suivi un programme de
formation post-traumatique.
Ce voyage a dépassé les attentes de tous les
étudiants et a été perçu comme une expérience qui a changé leur vie. « J’espère
que j’aurai la chance de revoir un jour ces
visages d’enfants remplis d’enthousiasme
et d’espoir », a affirmé Angela Jones, une
étudiante anglaise. Phuoc Huyng d’Australie a résumé son expérience par ces mots :
« Ce voyage m’a permis de m’ouvrir les
yeux sur une nouvelle réalité et il m’a fait
apprécier beaucoup de choses. »
Luc Allaire, conseiller à la CSQ, a également
été invité par l’IE à participer à ce voyage
afin de réaliser une vidéo qui sera présentée
au Congrès de l’IE, en juillet prochain.
Carrefour de la citoyenneté responsable 2007...
Louise Pettigrew
Conseillère CSQ
Placé sous la présidence d’honneur de la Commission canadienne de l’UNESCO, le Carrefour
de la citoyenneté responsable (CCR) est un événement annuel Établissements verts Brundtland de
la CSQ (EVB-CSQ) qui vient souligner la contribution exceptionnelle des jeunes et des adultes
engagés en éducation pour un avenir viable. Le
Carrefour s’inscrit dans le cadre de la Décennie
des Nations Unies pour l’éducation en vue du
développement durable (2005-2014).
#(!.'%2,%-/.$%
MOIJEMBARQUE
#ARREFOUR
DELACITOYENNETÏ
RESPONSABLE
,ESETMAI
1UÏBEC
Date, lieu et thème 2007
Pour sa quatrième édition, le Carrefour mettra en valeur les projets d’engagement des jeunes de toutes les régions du Québec,
réalisés dans le cadre de l’activité pédagogique S’investir dans
nos communautés… en citoyens du monde ! L’événement aura
lieu à l’école Wilbrod-Bherer de Québec, les 17 et 18 mai 2007.
Le thème de cette année est : #(!.'%2,%-/.$%
MOIJEMBARQUE
« Changer le monde », parce qu’il s’agit d’un projet porté par la
jeunesse engagée dans les valeurs d’écologie, de pacifisme, de
solidarité et de démocratie.
48
NouvellesCSQ
Printemps 2007
« Moi, j’embarque ! », parce que
pour réaliser ce projet, il faut se
joindre aux autres et passer à
l’action et parce que cet événement se terminera par la descente en rabaskas de la rivière
Saint-Charles, en collaboration
avec l’organisme Rivière Vivante.
Imaginons des dizaines et des
dizaines de rabaskas aux couleurs des EVB qui rament dans
le même sens…
Les partenaires
Le CCR est organisé par un comité réunissant de fidèles partenaires qui se joignent aux EVB : Oxfam-Québec, CLUB 2/3 et
RECYC-QUÉBEC. S’ajoute à ce comité un représentant des syndicats CSQ où a lieu l’événement. Cette année, le Conseil syndical de la région de Québec est partenaire de l’événement. Le
comité organisateur peut compter également sur la présence
d’un représentant du Comité des retraités Brundtland.
Plus de trois cents personnes sont attendues à ce grand rendez-vous
annuel dont les détails au sujet de l’inscription et de l’horaire
détaillé sont sur le site des Établissements verts Brundtland, au
www.evb.csq.qc.net
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2:26 PM
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LA CSQ EN ACTION
La CSQ appuie
la réforme de
l’assurance emploi
Jack Layton, Réjean Parent
et Gilles Duceppe
En conférence de presse à Ottawa, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ ) a joint sa
voix à celles des autres centrales syndicales et des groupes de chômeurs pour saluer la
réforme majeure du programme d’assurance emploi mise de l’avant par les trois partis
d’opposition à la Chambre des communes.
PHOTO : FRED CHARTRAND, PRESSE CANADIENNE
Dégel des frais de scolarité
La CSQ manifeste
avec les étudiants
À la veille des élections provinciales, une centaine de personnes déléguées de la CSQ réunies en Conseil général sont venues prêter
main-forte à divers groupes d’étudiants qui
manifestaient pour maintenir l’accessibilité
aux études supérieures. La manifestation a
débuté au parc Émilie-Gamelin pour ensuite
se déplacer jusqu’au bureau du premier
ministre au centre-ville de Montréal.
Quelques centaines d’étudiantes et d’étudiants des cégeps et des universités se sont
réunis pour manifester leur opposition à la
volonté du gouvernement de procéder au
dégel des frais de scolarité qui, selon eux,
aurait pour effet de réduire l’accessibilité aux
études et d’accroître l’endettement étudiant.
« Si le Québec veut garder sa place sur l’échiquier mondial et continuer de progresser, il
faut investir massivement en éducation postsecondaire. Il faut aussi s’assurer que tout
jeune qui souhaite aller à l’université, qui en
a la volonté et les capacités, pourra y accéder,
indépendamment de son milieu d’origine. C’est
ce qu’on appelle l’accessibilité aux études, et
ça, ça passe par le maintien du gel des frais
de scolarité », a conclu Christian Bélair, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, au terme de la manifestation.
Le projet de loi C-269, initialement présenté par le Bloc québécois et maintenant appuyé
par les deux autres partis d’opposition, vise à rétablir les droits de milliers de chômeurs à des prestations plus équitables. Rappelons que moins de 50 % des chômeurs
ont présentement droit à des prestations d’assurance emploi. C’est là une des raisons
majeures pour laquelle des milliers de Canadiens se trouvent chaque année dans une
situation de pauvreté.
« Cette formule de compromis concerne des points sensibles tels la diminution de
70 heures des critères d’admissibilité, l’élimination du délai de carence, l’ajout de
cinq semaines de prestations et la couverture augmentée de 55 % à 60 % du salaire
assurable, calculée sur les 12 meilleures semaines. Les travailleurs qui perdent leur
emploi, mais également les travailleurs saisonniers devraient y trouver un certain
répit », a indiqué le président de la CSQ, Réjean Parent.
Projet de loi 142
(loi 43)
Le Syndicat de l’enseignement de
Champlain a manifesté de façon originale son opposition au projet de
loi 142 (aujourd’hui appelé loi 43)
qui a mis fin abruptement aux négociations dans le secteur public.
À l’occasion du Conseil général de
la CSQ de mars, ce syndicat avait
placardé, tôt le matin, des affiches demandant le retrait du projet de
loi 142 sur les lampadaires de la Montérégie. De plus, le syndicat avait
déroulé d’immenses affiches, bien en vue, sur les façades de certains
édifices de la région de Montréal.
Travailleuses en services de garde
La CSQ demande de corriger l’injustice
faite à leur endroit
L’adoption de la loi 8, sous le bâillon en 2003, empêchant la syndicalisation des responsables de services de garde en milieu familial (RSG) a créé une grave injustice à
l’égard de ces travailleuses qui n’ont droit à aucune forme de protection sociale. Elles
ne peuvent même pas profiter de la mince protection des normes minimales du travail.
Cette situation arbitraire suscite une vive insatisfaction à la CSQ qui compte maintenant interpeller le nouveau gouvernement de même que les partis d’opposition
siégeant à l’Assemblée nationale pour qu’ils corrigent cette situation profondément
inéquitable à l’égard de ces travailleuses.
P H O T O S: F R A N Ç O I S B E A U R E G A R D
NouvellesCSQ
Printemps 2007
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8:38 PM
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LIVRES ET ACTIVITÉS
Les droits des enseignantes
et enseignants à statut précaire
La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) vient de rééditer son guide du personnel à
statut précaire. Cette brochure vise à fournir des réponses concrètes aux nombreuses questions que
les enseignantes et les enseignants nouvellement arrivés dans la profession se posent. On y explique
non seulement les droits découlant de la convention collective, mais aussi les droits issus de diverses
lois. Un indispensable pour une entrée réussie dans l’enseignement. Ce guide est disponible au
Centre de la documentation de la CSQ au coût de 2 $.
Téléphone : 418 649-8888
Courriel : [email protected]
Le cimetière
du musée
Diane Boudreau
Le mouvement
mondial des
femmes
Peggy Antrobus
Dans ce livre qui retrace
les origines du mouvement
mondial des femmes, l’auteure, une militante féministe
du Sud, rappelle la nécessité
de donner au mouvement
des femmes la place qui lui
revient dans la mouvance
altermondialiste actuelle. Les
luttes pour la justice sont
indissociables du mouvement
des femmes et, pour l’auteure, il urge que toutes les militantes apprennent à se connaître, à se reconnaître et à dialoguer avec les autres.
Disponible aux Éditions Écosociété dans la collection À
contre-courant.
Jeffrey fait de curieux rêves depuis qu’il a décidé
d’effectuer une recherche sur un jeune Abénaquis
enseveli au cimetière de Pointe-à-Callière. Il demandera à Rachel, sa meilleure amie, très bonne
en dessin de personnages mangas, ces fameux dessins japonais, de combattre un monstre redoutable. Il consultera aussi Adélyre, sa grand-mère
qui est experte en rituel funéraire. On entre rapidement dans l’action de ce roman destiné aux ados.
On voit que l’auteure, une enseignante de français à la polyvalente ChanoineArmand Racicot de Saint-Jean-sur-Richelieu, connaît bien la réalité des autochtones. C’est du moins l’avis de Marie-Lee, une élève de l’école secondaire du Grand-Coteau à Sainte-Julie. Ce livre publié aux Éditions du Phoenix
est aussi accompagné de fiches pédagogiques destinées aux enseignants.
On peut trouver ces fiches sur le site de l’éditeur à l’adresse suivante :
http://www.editionsduphoenix.com/francais/ados.html
Écodesign :
des solutions
pour la planète
Nancy J. Todd
Il est possible de modifier l’impact de l’activité humaine sur la biosphère ; des solutions existent et sont à notre portée. Ce
livre publié aux Éditions Écosociété en témoigne et donne des outils concrets mis au
point par différents chercheurs pour permettre aux humains de vivre en harmonie avec
leur environnement en tentant de réduire leur
empreinte écologique.
Ma plus belle histoire
Dans ce livre publié par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), plusieurs élèves de l’éducation des adultes acceptent de se révéler en participant à une activité d’écriture. Dans ce recueil, on découvre de beaux témoignages, mais on fait
aussi la connaissance de personnes passionnées, animées par la volonté de prendre une part active à
notre société. Pour découvrir la passion, celle qui élève les âmes aux grandes choses de l’amour des
mots, Ma plus belle histoire est un rendez-vous avec les petits bonheurs de la vie. Disponible au Centre
de documentation de la CSQ.
Téléphone : 418 649-8888
Courriel : [email protected]
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NouvellesCSQ
Printemps 2007
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Une petite contribution au REER du Fonds à chaque paie, c’est tout ce que ça prend
pour profiter du RAP*.
EXEMPLES DE RETENUES SUR LE SALAIRE AVEC RÉDUCTION D’IMPÔT IMMÉDIATE
ANNÉE D’IMPOSITION 2007
REVENU IMPOSABLE
DE
CONTRIBUTION
PAR PAIE
ÉCONOMIE D’IMPÔT (APPROX.)
CRÉDITS
+
REER
PAIE NETTE RÉDUITE
(APPROX.)
29 291 $ à 37 178 $
20,00 $
50,00 $
6,00 $
15,00 $
6,58 $
16,45 $
7,42 $
18,55 $
37 179 $ à 58 595 $
20,00 $
50,00 $
90,00 $
6,00 $
15,00 $
27,00 $
7,68 $
19,20 $
34,56 $
6,32 $
15,80 $
28,44 $
58 596 $ à 74 357 $
20,00 $
50,00 $
90,00 $
6,00 $
15,00 $
27,00 $
8,48 $
21,20 $
38,16 $
5,52 $
13,80 $
24,84 $
Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à communiquer avec la
responsable locale ou le responsable local (RL) du Fonds dans votre milieu
de travail. Pour des questions se rapportant au réseau RL, communiquez
avec Pierre Tellier, coordonnateur CSQ au Fonds.
* Même si vous avez « rappé » auprès d’une banque ou d’une caisse, vous pouvez
verser vos remboursements annuels dans le REER du Fonds et ainsi profiter d’un
crédit d’impôt de 30 % sur les montants remboursés.
1 800 567-FONDS
www.fondsftq.com
La valeur de l’action fluctue. Pour des renseignements détaillés sur les actions du Fonds,
consultez le prospectus disponible à nos bureaux.
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7:07 PM
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