Printemps 2007
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Printemps 2007
NCSQ_ 5/3/07 6:51 PM Page 1 Publication officielle de la Centrale des syndicats du Québec Printemps 2007 Poste-publications : No de convention 40068962 NouvellesCSQ NCSQ_ 5/3/07 6:51 PM Page 2 5/3/07 6:51 PM Page 3 PHOTO : MARTINE LAUZON NCSQ_ Mot de la rédaction François Beauregard Rédacteur en chef Pour ce numéro spécial, Nouvelles CSQ a rencontré des jeunes de plusieurs régions et catégories d’emplois afin de les écouter parler de leurs premières années de travail, de leur réussite et aussi de leurs difficultés d’insertion professionnelle. Il en ressort qu’un important défi de coopération intergénérationnelle nous attend si nous voulons maintenir la qualité des services publics. Le contexte démographique fait en sorte que les milieux de travail connaissent des transformations majeures caractérisées par de nombreux départs à la retraite, par l’embauche de nouveau personnel et, trop souvent aussi, par des pénuries de personnel qualifié. Ce contexte fait apparaître un nouvel enjeu, celui du transfert du savoir. Il pose aussi un défi pressant, celui de l’attraction et de la rétention des jeunes dans les services publics. Les milieux de travail ont-ils mis en œuvre les mécanismes nécessaires à ce transfert des savoirs entre les gens plus expérimentés et les jeunes afin de permettre à ces derniers de bien s’insérer dans la profession ? Les conditions de travail sont-elles favorables à un tel transfert des savoirs ? Ce contexte affecte aussi le milieu syndical qui doit, de façon pressante, assurer la relève indispensable à la poursuite de son action militante. Nouvelles CSQ en discute avec le Comité des jeunes et avec des jeunes militantes du réseau de la condition des femmes. De plus, dans ce numéro, vous apprendrez que le Bureau international du Travail (BIT) blâme sévèrement le gouvernement Charest pour les décrets qu’il a adoptés sous le bâillon dans le but de mettre fin aux négociations dans le secteur public. Le magazine Nouvelles CSQ est maintenant imprimé sur papier recyclé et publié trois fois l’an : à l’automne, à l’hiver et au printemps. Bonne lecture et faites-nous part de vos commentaires par courriel à l’adresse suivante : [email protected] ou encore réagissez à quelques-uns de nos articles à la rubrique Vos réactions de notre site Internet à l’adresse suivante : www.csq.qc.net. Archives de Nouvelles CSQ Vous vous souvenez d’avoir lu un article intéressant dans un numéro précédent de Nouvelles CSQ, mais vous ne retrouvez plus votre magazine ? Pas de problème ! Tous les numéros de notre magazine depuis janvier 2001 sont disponibles sur le site Internet de la CSQ en format PDF, à la rubrique Publications. NCSQ_ 5/3/07 7:14 PM Page 4 NouvellesCSQ Sommaire Nouvelles CSQ Volume 27, no 3 Publication de la Centrale des syndicats du Québec 9405, rue Sherbrooke Est, Montréal (Québec) H1L 6P3 Tél. : (514) 356-8888 Téléc. : (514) 356-9999 Courriel : [email protected] À la une 17 Parole aux jeunes ! Directrice des communications : Louise Rochefort Rédaction en chef : François Beauregard Rédaction : Luc Allaire, Alexandre Archer, François Beauregard, France Bernier, Véronique Brouillette, Laurier Caron, Nathalie Chabot, René Cockaerts, Gabriel Danis, Patrick D’Astou, Alain D’Eer, Michelle Desfonds, Claude Girard, Mario Labbé, Daniel B. Lafrenière, Hélène Le Brun, Pierre Lefebvre, Chantal Locat, Marie-Danielle Noiseux, Amélie Ouellet, Réjean Parent, Richard Têtu, Louise Pettigrew, Caroline Tremblay Secrétaire adjointe : Micheline Ramsay Négociations Révision : Micheline Jean Design graphique et éditique : Johanne Boucher Assistante de la production scriptovisuelle : Louisette St-Gelais Publicité : Jacques Fleurent (514) 355-2103 • [email protected] Photos de la couverture : François Beauregard Illustrations : Marc Mongeau Photographes : Luc Allaire, François Beauregard, Marie-France Beaulac, Alain Bernier, Paul Chamberland, Fred Chartrand, Jean-François Leblanc, Marie-Chantal Lebreton, Martine Lauzon, Janouk Murdock Prépresse et impression : Transcontinental Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada Deuxième trimestre 2007 ISSN 1497-5157 La CSQ sur Internet : www.csq.qc.net Abonnement : Centre de documentation de la CSQ, (418) 649-8888, [email protected] Poste-publications : No de convention 40068962 n te n a ai nt s ur clé 100% 100% M Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à : Publication de la Centrale des syndicats du Québec 9405, rue Sherbrooke Est Montréal (Québec) H1L 6P3 pap 12 14 ier recy Le SISP 20 Aider les jeunes Une instance de l’ONU condamne le décret Une nouvelle force syndicale qui est en train de voir le jour Valoriser le savoir enseignant 8 25 36 Équité salariale Quel impact sur votre retraite ? 10 La CSQ et les droits parentaux 11 Technicienne en éducation spécialisée en milieu scolaire L’Observatoire international de la réussite scolaire (OIRS) Un an déjà ! 29 Le personnel professionnel de l’éducation Comment attirer les jeunes avec des emplois précaires ? 30 Soutien aux jeunes ou gestion de crise ? Une éducation de qualité Un devoir de société 16 32 Télévision publique Quelle place pour les régions ? 22 Pourquoi je n’ai pas abandonné l’enseignement 24 Nouvelles technologies au service des adultes Priorité à la mission éducative et à l’accessibilité ! 34 Dire non aux commerçants de la santé Concours CSQ Antidote Gagnants 39 Jeune et syndicaliste 41 Voici la liste des gagnants du concours CSQ-Antidote de notre site Web : Guy Buteau Oui, c’est possible ! Port-Cartier 42 Lutter contre l’homophobie, combattre l’ignorance Jean-François Charron Saint-Pacôme Véronique Corbeil Saint-Jérôme Guy Croteau Mansfield Pierre Pouliot Saguenay 44 Enseigner dans la violence est inacceptable 35 46 La face cachée de la pénurie de personnel La méthode F.O.C.U.S. vient en aide aux enseignants Toujours féministes les jeunes femmes ? Soutenir le transfert de l’expertise en santé Santé 22 Comment les riches détruisent la planète Pierre Tellier Sainte-Thérèse Normand Therrien Amos Carl Tremblay Saint-Jean-sur-Richelieu Deux gagnants n’ont pas répondu à nos courriels. Nous procéderons donc à un autre tirage. Surveillez notre site Internet, les noms y apparaîtront. 5/3/07 6:52 PM Page 5 ÉDITORIAL BOÎTE AUX LETTRES Enseignants filmés à leur insu Les syndicats peuvent agir PHOTO : FRANÇOIS BEAUREGARD NCSQ_ Unis plus que jamais Réjean Parent Président de la CSQ Le premier mandat de monsieur Charest, avec sa panoplie de lois désastreuses sur le plan de nos droits sociaux ou syndicaux, n’aura pas été sans effets sur notre organisation CSQ et sur l’ensemble du mouvement syndical. Cela explique sûrement les préoccupations qu’avaient dégagées les personnes déléguées à notre dernier congrès de juin 2006 : consolidation interne, développement, édification d’une nouvelle force syndicale avec les syndicats indépendants et construction d’un solide Front commun pour la prochaine ronde de négociations. La dernière élection québécoise, malgré les efforts que nous aurons mis pour favoriser l’émergence d’élues ou d’élus plus progressistes, nous laisse encore en panne quant au développement social et démocratique. Sans verser dans une analyse simpliste gauche-droite, il n’en demeure pas moins que ce sont de plus en plus les chantres de la privatisation et de la réduction de l’État qui occupent la majorité des sièges à l’Assemblée nationale du Québec. Qu’on le veuille ou non, les politiques prônées par ces personnes et les lois qu’elles adoptent ont des incidences directes sur nos conditions de vie et nos conditions de travail, la plupart du temps à l’enseigne de la détérioration. C’est donc dire à quel point les préoccupations dégagées par notre Congrès demeurent d’actualité dans ce nouveau paysage politique. En matière de cohésion interne, il faut saluer les travaux réalisés tout au cours de l’année pour améliorer la cohésion entre nos composantes et l’efficacité générale de notre organisation. Sous l’angle du développement, c’est une fonction de plus en plus partagée par l’ensemble des fédérations et nous pouvons nourrir l’espoir que les moyens supplémentaires, apportés par la création d’un fonds consacré à cette fin, apporteront plus de vigueur à nos plans de développement. Quant à l’édification d’une nouvelle force syndicale, les collaborations avec divers partenaires comme le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) autour d’objectifs communs lors des derniers mois devraient favoriser un rapprochement plus étroit et une meilleure efficacité dans nos actions. Quant au Front commun, nous sommes encore dans la période de refroidissement découlant de la dernière ronde de négociations, mais c’est un objectif qu’on ne perd pas de vue. Toutes ces actions comportent la même finalité, en l’occurrence le renforcement de notre capacité d’action syndicale. Malgré ce que voudraient bien nous faire croire certains ténors du libéralisme économique, les syndicats ne sont pas trop forts. Au contraire, le mouvement syndical a connu maintes déconvenues au cours des dernières décennies et les attaques auxquelles il fut soumis n’auront pas été sans l’affaiblir et sans semer le doute, mais le temps est venu de réunir toutes les forces vives pour éveiller l’espoir. Ensemble, « un autre monde est possible ». Au moment où paraissait l’article de François Beauregard « Êtes-vous filmé à votre insu ? » dans le numéro d’hiver 2007 de Nouvelles CSQ, des enseignantes et des enseignants de l’Association des professeurs de Lignery vivaient une expérience traumatisante. Dans deux écoles de notre territoire, des élèves ont filmé, à leur insu, certains de nos membres avec des cellulaires ou des caméras et ils ont créé un blogue qui invitait les autres élèves à les visionner sur les sites YouTube et Skyblog et à passer leurs commentaires sur le site Skyblog. Dans les deux cas, les photos et les commentaires étaient compromettants, voire dégradants. Le syndicat a recommandé aux personnes concernées de porter plainte au service de police, d’aviser par écrit leur direction d’école et de demander une action immédiate de sa part. Simultanément, nous nous sommes adressés à la direction des ressources humaines afin que la commission scolaire intervienne. À la suite de cela, une enquête interne a été menée afin d’identifier les responsables. Nous avons aussi conseillé à nos membres de tenir une assemblée générale afin de soutenir leurs collègues et d’exiger l’intervention de la direction. En assemblée générale, les enseignantes et les enseignants ont exigé l’expulsion des élèves responsables, la suspension pour celles et ceux qui ont écrit sur le blogue ainsi qu’une mise en garde par la direction dans chacun des groupes d’élèves selon laquelle de tels gestes ne seraient pas tolérés. Dans cette école, après des interventions appropriées, le blogue a été fermé rapidement, les blogueurs expulsés de l’école et les participants suspendus. De plus, lors de leur retour à l’école, une lettre d’excuses a été remise aux enseignantes et aux enseignants concernés et les élèves étaient rencontrés, accompagnés de leurs parents, en présence d’un policier. Quant au deuxième cas, les élèves responsables du blogue ne fréquentant plus cette école, la direction en était venue à la conclusion qu’elle ne pouvait rien faire. Notre syndicat est intervenu auprès de la direction des ressources humaines afin qu’une intervention soit faite par la direction de l’établissement maintenant fréquenté par l’élève responsable. Ce dossier suit son cours... Enfin, nous avons signifié à la direction des ressources humaines l’urgence de mettre en place une procédure et une politique d’intervention en cas de mauvaises utilisations d’outils technologiques. À suivre… Guy Pepin Vice-président de l’Association des professeurs de Lignery NouvellesCSQ Printemps 2007 5 NCSQ_ 5/3/07 6:52 PM Page 6 BOÎTE AUX LETTRES Enseigner dans la violence Je suis dans la profession éducative depuis 1980. J’ai enseigné 23 années au secondaire surtout en science et technologie. J’en ai vu des vertes et des pas mûres, mais j’ai toujours gardé confiance et espoir en mes jeunes que j’adorais et qui me le rendaient bien. Il y a quelques années, je suis intervenue auprès d’élèves qui harcelaient mes jeunes de notre club scientifique. Alors que je les ai alignés le long du mur, un de ces élèves s’est mis à m’engueuler, à me crier des bêtises. Bref, il était verbalement violent. J’ai voulu l’amener au bureau du directeur adjoint, il a refusé d’obtempérer. Je n’étais pas pour lui tenir tête avec mes cinq pieds. Néanmoins, j’ai rencontré le directeur adjoint à ce sujet, mais il n’y a eu aucune suite. Un mois plus tard, alors que je quittais l’école pour aller dîner à mon domicile, je vois un jeune dans la salle de regroupement en train de boire une boisson. Le règlement interdisant de manger et de boire dans cette salle à l’heure du dîner, je l’invite donc à quitter. Il m’a engueulée en anglais. Étant bilingue, j’ai répondu qu’il devait quitter. En même temps, un directeur adjoint se dirigeait dans ma direction. Je lui fis signe de venir rapidement, car je sentais que le garçon n’était pas de l’école. Symboliquement, j’ai placé mon bras devant le garçon, sans le toucher, pour lui demander de rester afin qu’il rencontre le directeur adjoint. Le jeune homme a continué d’avancer et mon bras a touché ses vêtements. Il l’a empoigné et tordu en me disant que je ne devais pas le toucher. J’ai figé. Le directeur adjoint avançait lentement. Je lui ai dit ce qui venait de se passer. Il a rejoint le jeune alors qu’il sortait, mais il l’a laissé partir. Immédiatement, j’ai quitté l’école pour mon dîner et je n’avais pas de cours dans l’après-midi. C’est une fois chez moi que l’incident m’a frappée de plein fouet. Mon conjoint a quitté son travail pour me soutenir cette journée-là. Il m’a accompagnée au bureau de la direction, car il était en colère J’ai déposé une plainte à la police. Je n’ai reçu aucune aide par la suite. Mes collègues m’ont appuyé moralement. La direction n’a rien fait. Nous n’avons jamais retrouvé le jeune homme. J’ai réalisé que je devais quitter ma profession, car je m’étais toujours dit que je quitterais l’enseignement si je me faisais attaquer. Ce fut pour moi un choc, car j’ai dû me recycler pour devenir enseignante. J’ai beaucoup sacrifié. Pédagogue, je le suis de troisième génération et profondément. Malgré tout, alors que je sais que je suis très compétente avec les jeunes, j’ai quitté l’enseignement. Je suis maintenant conseillère pédagogique dans une autre commission scolaire. Je ne pouvais me résigner à demeurer dans une commission scolaire qui ne soutien pas son personnel dans des situations de violence, le lien de confiance étant irrémédiablement rompu. Aujourd’hui, je porte encore des séquelles de ces événements. Je suis réticente lorsque je vois un regroupement de jeunes, même si je crois encore fermement en leur potentiel. Johanne Patry Conseillère pédagogique Science et technologie L’école et la concurrence L’article « L’école et la concurrence » est le reflet de ce qui me questionne chaque jour. Sans réponse, ni solution toute faite, nous nous préoccupons de la réussite de tous. La réalité est celle qui pousse vers la concurrence, tandis que notre cœur voudrait que ça change ! Dominique Fortin Enseignante à l’école Benoît-Duhamel à Roberval Pour nous écrire : [email protected] 6 NouvellesCSQ Printemps 2007 Colloque international sur la violence à l’école Près de 500 spécialistes et intervenants du Québec, du Canada et de la France ont participé à un colloque international sur la violence à l’école le 22 février dernier à l’Université de Sherbrooke. Organisé par l’Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l’école, le CRIRES/Sherbrooke et d’autres partenaires, l’événement avait pour principal objectif de favoriser la rencontre entre les chercheurs et les praticiens. Des spécialistes de la violence à l’école, dont Éric Debarbieux, Égide Royer et Claire Beaumont y ont prononcé des conférences. Les textes ou les résumés de ces conférences sont disponibles à l’adresse suivante : www.preventionviolence.ca Une trousse de sensibilisation à l’agression indirecte a été rendue publique lors de cette journée par la professeure Pierrette Verlaan et son équipe. « Partir des ragots, porter atteinte à la réputation d’autrui et isoler ou exclure une personne d’un groupe d’amis constituent une forme insidieuse de violence qui commande des actions préventives. » Comme cette forme de violence passe souvent inaperçue, une trousse a été produite afin de favoriser la sensibilisation des élèves, des parents, du personnel des écoles à cette forme de violence. Il est possible d’obtenir toute l’information sur cette trousse à l’adresse suivante : www.clipp.ca La FIPEQ élargit ses rangs Les salariées des CPE Les Couches…tôt et Panta-Mousse en Beauce ont choisi le Syndicat des intervenantes en petite enfance de Québec (SIPEQ-CSQ) pour se syndiquer. Bienvenue aux 55 nouvelles membres ! Cybermentorat L’Université du Québec à Montréal a mis sur pied un programme de cybermentorat Édumentor dont le but est d’aider les jeunes à intégrer leur profession le plus harmonieusement possible en leur permettant d’échanger par Internet avec des enseignants expérimentés. Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site suivant : www.mentors.uqam.ca NCSQ_ 5/4/07 8:28 PM Page 7 EN BREF Centraide La CSQ remporte le prix Coup de cœur La CSQ a reçu de Centraide-Québec le prix Coup de cœur. Ce prix souligne l’apport exceptionnel d’une organisation à sa communauté. Félicitations aux membres du personnel de la CSQ-Québec qui ont participé activement à la campagne de Centraide : Johanne Boucher (absente de la photo), Linda Simard, Sylvie Germain, Marie-Josée Dutil et Luc Bouchard (absent de la photo). Signature de convention au CPE-HEC Le Syndicat des intervenantes en petite enfance de Montréal (SIPEM-CSQ) a procédé à la signature de la convention collective des salariées du CPE-HEC pour une durée de 5 ans. La nouvelle convention comprend des améliorations substantielles au chapitre des avantages sociaux et, notamment, au régime de vacances annuelles (une 6e semaine après 20 ans), des congés spéciaux et des congés pour responsabilités familiales. Centre Dollard-Cormier Le Syndicat des professionnelles et professionnels du Centre Dollard-Cormier accueille de nouveaux membres Sylvain Philippe Techniciens de Télé-Québec Philippe Ouimet, syndicaliste bien connu de la télévision publique, quitte la présidence du Syndicat des employés en radio-télédiffusion de Télé-Québec (SERT-CSQ). Il sera remplacé par Sylvain Leboeuf. Philippe Ouimet, un militant de longue date de la CSQ, a été président de ce syndicat pendant plusieurs années. Il est actuellement membre de la Commission spéciale du Congrès. Bonne retraite ! Petites écoles La Commission scolaire des Monts-et-Marées fait marche arrière C’est avec beaucoup de satisfaction que le Syndicat des professionnelles et professionnels du Centre Dollard-Cormier, un centre de réadaptation en alcoolisme, toxicomanie et jeu pathologique, accueille une trentaine de nouveaux professionnels. « Ce gain est le résultat de persévérantes démarches, étendues sur plusieurs années, pour lesquelles nous avons pu compter sur la ténacité du personnel du secteur de l’organisation syndicale et des services juridiques de la CSQ que nous remercions vivement », déclare Jacques Normand, président de ce syndicat affilié à la Fédération des syndicats de professionnelles et professionnels de la santé et des services sociaux (FSPPSSS-CSQ). « La venue de ces nouveaux agents de relations humaines, travailleurs sociaux, criminologues, organisateurs communautaires, bibliothécaires et analystes en informatique fait en sorte que notre syndicat a plus que doublé son effectif depuis 2001, enrichissant ainsi notre vie syndicale », se réjouit le président du syndicat La Commission scolaire des Monts-et-Marées a finalement décidé de faire marche arrière dans le dossier de la fermeture de quatre écoles primaires et de six écoles secondaires de village dont il était question dans la dernière édition de Nouvelles CSQ. Les pressions exercées par les parents, avec l’appui des autorités municipales de chacun des milieux, et la démonstration de l’irrationalité du projet établie par le SERM en ce qui concerne l’aspect financier ont fini par avoir raison d’un entêtement qui commençait à se révéler plutôt inquiétant. « Parallèlement au maintien des petites écoles et des écoles secondaires de village, la Commission scolaire entend d’ailleurs rationaliser ses dépenses d’opération et l’organisation de ses services pour un montant de l’ordre de 700 000 $ d’ici la fin de l’année scolaire 2007-2008 », indiquait laconiquement l’un des deux communiqués de presse émis pour annoncer la bonne nouvelle. Jean-Marc Cormier Conseiller au Syndicat de l’enseignement de la région de la Mitis (SERM) Accommodements raisonnables Ce printemps, les syndicats CSQ du groupe de coordination régionale de Montréal ont organisé une soirée sur le thème des accommodements raisonnables. La responsable de l’événement, madame Nicole Campeau, présidente du Syndicat du soutien en éducation de la Pointe-de-l’Île (CSQ), a fait de cette soirée un succès ! Plus de 40 personnes se sont rassemblées dans les bureaux de la CSQ à Montréal pour débattre de ce sujet d’actualité. Les participantes et les participants ont pu entendre Robert Sylvestre de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, Réginald Fleury, coordonnateur et conseiller pédagogique à la Commission scolaire de Montréal et Yolande Geadah, auteure et intervenante sur les questions interculturelles. La soirée fut l’occasion de débats très intéressants sur la place de la religion à l’école et surtout, sur la question encore controversée des accommodements raisonnables. NCSQ_ 5/3/07 6:53 PM Page 8 RETRAITE Équité salariale Quel impact sur votre retraite ? Depuis que le RREGOP existe, la méthode utilisée pour prendre en compte les montants forfaitaires reçus par les cotisantes et les cotisants ou les personnes retraitées a toujours été sensiblement la même. Rappelons-nous que le terme « montant forfaitaire » est utilisé dans le langage du RREGOP comme l’équivalent du terme « rétroactivité salariale » que l’on retrouve dans nos conventions collectives. Denis Doré Conseiller à la sécurité sociale de la CSQ longtemps, mais personne, jusqu’à l’an dernier, ne l’avait réellement soulevée puisque le versement de gros montants forfaitaires n’était jamais survenu pour autant de personnes avec des sommes aussi considérables et un impact potentiellement aussi significatif sur le régime de retraite. Pour les personnes retraitées, le montant reçu, à l’exception des intérêts, est ajouté à la dernière année de participation active de celles-ci. Cet ajout amène un nouveau calcul de la rente et la nouvelle rente est payable rétroactivement au premier jour où la personne a pris sa retraite. Ultimement, le versement d’un forfaitaire, s’il survient au bon moment ou non dans la carrière, a pour effet d’accorder un avantage marqué à certains et pas à d’autres. Pour les personnes actives, le forfaitaire, à l’exception des intérêts, sera totalement imputé à l’année 2007. La cotisation au régime qui est de 7,06 % sera prélevée sur l’ensemble du montant à l’exception de la portion des intérêts. La solution retenue Plusieurs approches ont été étudiées, mais la seule solution équitable est d’étaler le montant de la « rétroactivité salariale » comme s’il avait été versé au fil des ans. Pour l’instant, la CARRA est incapable de le faire. Cependant, avec l’implantation de nouveaux systèmes et d’une nouvelle déclaration de l’employeur, elle affirme pouvoir le faire dans l’avenir. La problématique de l’effet de levier Cette façon de faire génère un effet de levier sur le régime de retraite pour les personnes qui se retireront dans les prochaines années, mais pas pour celles qui sont déjà à la retraite ou qui la prendront en 2007. Rappelons-nous que, pour établir le traitement admissible moyen, la CARRA utilise les cinq meilleurs traitements apparaissant à l’état de participation. Ainsi, si la personne est déjà retraitée, l’ajout du montant forfaitaire à la dernière année a le même effet que si ce montant avait été réparti également sur les années comptant pour l’établissement du forfaitaire. Cependant, il faut noter que cela est vrai seulement quand la période couverte par le forfaitaire est égale ou inférieure à cinq ans. Pour les autres personnes, l’effet va en augmentant à mesure que des traitements, selon les nouvelles échelles, sont ajoutés et atteint son point culminant quand quatre années postérieures à celle du versement du forfaitaire sont prises en compte. Dans le cas des personnes qui reçoivent des sommes importantes, cela fait en sorte 8 NouvellesCSQ Printemps 2007 que le traitement moyen des cinq meilleures années peut être supérieur au meilleur traitement à l’échelle reçu réellement. Cela génère des coûts supplémentaires appréciables au régime et permet à certaines personnes d’obtenir une rente plus élevée qu’elle devrait l’être parce qu’il y a une année, parmi les cinq meilleures, qui se distingue nettement des autres par la hauteur du traitement reconnu. Ainsi, les personnes pour lesquelles l’année du forfaitaire se situe parmi les cinq meilleures profitent d’un bénéfice supérieur aux autres. Cette problématique est connue depuis Pour les montants forfaitaires qui seront versés à compter de 2008, les sommes seront attribuées aux années en cause. Pour ce qui est du montant versé en 2007, l’étalement ne pourra se faire qu’à compter de 2010. Ainsi, si vous prenez votre retraite d’ici le 31 décembre 2009, le montant rétroactif sera entièrement imputé à l’année 2007. Par contre, si vous quittez en 2010, ce montant sera réparti sur les années 2001 à 2007. C’est la solution la plus équitable à laquelle nous avons pu parvenir avec le Conseil du trésor en tenant compte des contraintes administratives de la CARRA. NCSQ_ 5/3/07 6:53 PM Page 9 Sessions d’information sur la retraite Pierre Duval Conseiller CSQ aux régimes de retraite Plus de 200 personnes ont participé à Trois-Rivières à deux sessions d’information sur le RREGOP données par les conseillers responsables du dossier de la sécurité sociale à la CSQ. Le Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires Cœur-du-Québec (SIIIACQ) (CSQ) avait organisé l’événement afin de mieux informer ses membres sur les enjeux de la retraite. Ce fut l’occasion pour les conseillers de la Centrale de présenter les derniers développements en matière de retraite, notamment en rapport avec l’équité salariale. « Les personnes présentes ont grandement apprécié la disponibilité des conseillers de la CSQ et la qualité des réponses à leurs nombreuses questions », témoigne Claire Montour, présidente du SIIIACQ. Il en fut de même au Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (SIIIAL) où près de 100 personnes ont participé à une rencontre d’information sur le même thème. « Selon les questionnaires d’évaluation de la session remplis par les participantes et les participants à la fin de la rencontre, 100 % des personnes se sont déclarées satisfaites de l’information reçue », signale Maryse Allain, conseillère en relations du travail au SIIIAL. Ces deux sessions ont donc connu un franc succès ! Les personnes intéressées à participer à de telles rencontres d’information peuvent en faire la demande à leur syndicat local. Reporters sans frontières Depuis le début de l’année 2007, 21 journalistes et collaborateurs des médias ont été tués et 132 journalistes sont emprisonnés pour avoir simplement exercé leur métier. Afin de poursuivre son combat en faveur de la liberté d’informer et d’être informé, cette année encore, l’organisme Reporters sans frontières sollicite votre aide. À l’occasion de la 17e Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai dernier, Reporters sans frontières, en partenariat avec le Festival de Cannes, a publié un album consacré à l’un des rendezvous incontournables du 7e art. Les bénéfices de la vente de cet album seront intégralement versés à l’organisation pour mener des actions concrètes en faveur de la liberté de la presse : assistance aux journalistes et à leurs familles souvent démunies ainsi qu’aux médias en difficulté, investigations sur le terrain afin de déterminer les responsabilités dans les cas d’assassinat, financement de frais d’avocat lors de procès de presse, accueil de journalistes contraints de fuir leur pays, etc. Cet album est disponible dans toutes les bonnes librairies et maisons de la presse pour la modique somme de 13 $. Vous pouvez aussi communiquer directement avec l’organisme à l’adresse suivante : Reporters sans frontières Canada 1000, rue Fullum, A-108 Montréal (Québec) H2K 3L7 Tél. : 514 521-4111 Téléc. : 514 258-4208 NCSQ_ 5/3/07 6:53 PM Page 10 SÉCURITÉ SOCIALE La CSQ et les droits parentaux Mario Labbé Conseiller à la sécurité sociale de la CSQ Depuis janvier 2006, bien des choses ont changé dans le domaine des droits parentaux. D’abord, le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) est venu remplacer les prestations de maternité et parentales de l’assurance emploi pour toutes les personnes résidant au Québec. De plus, les droits parentaux prévus aux conventions collectives des secteurs public et parapublic ont été sensiblement modifiés par la loi 142 et son application unilatérale par le gouvernement dans les nouvelles « dispositions liant » les parties syndicales et patronales. Enfin, le nombre de personnes concernées par les droits parentaux dans ces secteurs a connu un bond spectaculaire. D’une part, en raison du rajeunissement significatif des personnes salariées et, d’autre part, à cause de la croissance du taux de natalité au Québec. En effet, le Québec a connu une augmentation du nombre de naissances de 8 % en 2006 par rapport à 2005, la plus forte hausse depuis 1909 ! la CSQ. Vous avez donc accès par votre syndicat local à une personne bien formée qui sera en mesure de répondre à toutes vos questions et qui fera l’impossible pour résoudre tout problème éventuel. En cas de difficulté à y parvenir, cette personne pourra de toute façon me contacter. Par ailleurs, je suis aussi disponible pour offrir des séances d’information à l’inten- Bref, si vous êtes enceinte, si vous êtes sur le point de devenir papa ou si vous désirez adopter un enfant, je me permets de vous recommander fortement d’aller rencontrer la personne responsable des droits parentaux de votre syndicat local. Elle est de loin la mieux placée pour regarder avec vous l’ensemble de votre dossier afin de vous assurer que tous vos droits seront exercés et respectés. Une expertise unique… C’est dans ce contexte que le Service de la sécurité sociale de la CSQ a déployé énormément d’énergie depuis un an et demi afin de développer la plus grande expertise possible en matière de droits parentaux, autant en ce qui concerne les « dispositions liant » qu’en ce qui a trait au RQAP. C’est d’ailleurs le principal avantage de la Centrale par rapport au service à la clientèle du RQAP et aux employeurs : pouvoir faire les liens entre le RQAP et les droits parentaux prévus aux « dispositions liant ». Un guide CSQ pratique et complet sur les droits parentaux (secteurs public et parapublic) et le RQAP sera disponible en juin 2007. 10 NouvellesCSQ Qui plus est, nous avons donné jusqu’à maintenant trois formations approfondies aux personnes responsables de l’application des droits parentaux dans les syndicats affiliés à Printemps 2007 PHOTOGRAPHE : MARIE-HÉLÈNE TREMBLAY tion des membres, de durée et de format adaptés aux besoins que vous exprimerez. Si cela vous intéresse, parlez-en à votre syndicat. S’il juge la chose pertinente, c’est avec plaisir que j’irai vous rencontrer. Je profite aussi de l’occasion pour vous annoncer qu’un guide CSQ pratique et complet sur les droits parentaux (secteurs public et parapublic) et le RQAP sera disponible en juin 2007 sur le site de la Centrale (www.csq.qc.net) et au bureau de votre syndicat. Sachez qu’il y a très souvent des éléments importants, dont personne d’autre ne vous aura parlé, pouvant avoir un impact majeur sur vos congés (retrait préventif, complication de grossesse, maternité, paternité, adoption, etc.) et sur les revenus auxquels vous avez droit durant ceux-ci (indemnités de la CSST, assurance salaire, indemnités complémentaires de l’employeur, prestations du RQAP, etc.). N’hésitez surtout pas. C’est pour votre bien et surtout… celui de votre futur trésor ! NCSQ_ 5/7/07 2:21 PM Page 11 SANTÉ ET SÉCURITÉ Technicienne en éducation spécialisée en milieu scolaire Soutien aux jeunes ou gestion de crise ? Michelle Desfonds Conseillère en santé et sécurité du travail, CSQ Qui, à la CSQ, n’a pas un jour ou l’autre entendu parler des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) ? Qui n’est pas conscient de la problématique des élèves en difficulté dans nos écoles ? Mais que sait-on des personnes qui travaillent avec ces élèves ? Le secteur de santé et de sécurité du travail et le Comité de la condition des femmes de la CSQ ainsi que le Syndicat de l’enseignement de Champlain sont préoccupés par la santé mentale au travail des membres de la CSQ et, en particulier, par les situations problématiques vécues par des techniciennes et techniciens en éducation spécialisée (TES) de Champlain. à rencontrer divers intervenants et intervenantes d’autres syndicats afin de recueillir leurs commentaires et opinions. Éprouvaient-ils les mêmes problèmes que ceux décrits dans le rapport de la recherche effectuée auprès des TES de Champlain ? Que pensaient-ils des solutions proposées ? Avaient-ils d’autres recommandations à formuler ? « L’univers de travail des TES est à risques. On ne s’étonnera donc pas de constater que plusieurs d’entre eux quittent le métier ou demandent des mutations. Les TES sont souvent placés dans des conditions très difficiles, comme l’a illustré notre article à ce sujet dans le numéro d’hiver 2007 de Nouvelles CSQ. Leur mission est de travailler à la prévention des problèmes, d’outiller les jeunes à gérer leurs conflits, d’aider les élèves à acquérir de la confiance et de Ana Maria Seifert l’estime de soi et de développer des habiletés sociales et comportementales. Toutefois, les résultats montrent que les TES ne peuvent consacrer que peu de temps à ces éléments si importants de leur mission puisqu’ils doivent continuellement éteindre « les feux », c’està-dire gérer des crises, tout en devant faire face à la souffrance des jeunes, à la violence verbale et physique. Tout cela rend leur travail exigeant sur le plan émotif. hauts risques. » PHOTOS : MICHELLE DESFONDS Ils ont donc demandé au partenariat de recherche L’invisible qui fait mal1 de mener une étude sur le travail de ces techniciens en éducation spécialisée qui exercent leurs fonctions auprès d’élèves en difficulté. Karen Messing, professeure à l’UQAM et la chercheure, Ana María Seifert, ont accepté de prendre en charge cette demande. Ana María Seifert a recueilli les données par des observations ainsi que par des entrevues auprès des techniciens en éducation spécialisée et d’un petit nombre d’enseignants du Syndicat de l’enseignement de Champlain. Un rapport préliminaire de cette recherche intitulé Soutien aux jeunes ou gestion de crise ? a été remis au syndicat. Pour valider leurs conclusions avant de rédiger un rapport final, elles ont demandé Des membres de syndicats de cinq régions du Québec affiliés à trois fédérations de la CSQ ont accepté généreusement de participer à ces rencontres qui réunissaient, selon le cas, des TES, des psychoéducatrices et des psychoéducateurs ainsi que des enseignantes et enseignants œuvrant spécifiquement auprès des élèves en difficulté ou auprès des élèves de classes régulières dans lesquelles étaient intégrés des élèves en difficulté. Bref, un portrait représentatif de l’ensemble des personnes en interaction au quotidien avec les TES. Après ces rencontres, un constat s’impose : même si l’organisation du travail peut parfois différer d’une commission scolaire à une autre ou même d’une école à une autre, l’univers de travail des TES est sensiblement le même et demeure à hauts Le rapport final d’Ana Maria Seifert sera prêt en juin. D’autres rencontres auront lieu par la suite afin d’établir un plan d’action. Car les personnes entendues ne manquaient ni de motivation ni d’idées quant aux solutions réalistes qui permettraient de redresser la situation. À suivre… 1 L’invisible qui fait mal est un partenariat de recherche sur la santé des femmes au travail, une collaboration entre des chercheures du Centre interdisciplinaire d’études sur la biologie, la santé, la société et l’environnement (CINBIOSE) de l’UQAM et les comités de condition féminine et de santé et sécurité du travail de la CSQ, de la CSN et de la FTQ. NouvellesCSQ Printemps 2007 11 NCSQ_ 5/4/07 8:28 PM Page 12 R E L AT I O N S D U T R AVA I L Négociations dans le secteur public Une instance de l’ONU condamne le décret François Beauregard Rédacteur en chef Le Bureau international du travail (BIT) condamne le décret gouvernemental qui a imposé les conditions de travail à 500 000 travailleuses et travailleurs du secteur public québécois lors des dernières négociations. « Le BIT nous donne raison sur toute la ligne », ont clamé les chefs des trois plus grandes organisations syndicales québécoises en conférence de presse. Pour Réjean Parent président de la CSQ : « Il s’agit d’une importante victoire qui pèse de tout son poids sur le nouveau gouvernement minoritaire de Jean Charest. L’occasion lui est offerte de rétablir une injustice et de faire un geste d’ouverture et de bonne foi. ». Les médias sont venus nombreux pour la conférence de presse des trois chefs syndicaux. Les présidents de la CSQ, de la CSN et de la FTQ en conférence de presse à Montréal. Cette démarche internationale auprès du BIT s’est faite à l’initiative de l’ensemble des organisations syndicales du secteur public. Elle illustre l’importance pour les syndicats d’intervenir sur le plan international pour faire respecter les droits des personnes qu’elles représentent. Selon le BIT, le projet de loi 142 (devenu loi 43), adopté sous le bâillon en décembre 2005, va à l’encontre des conventions internationales du travail. Les organisations syndicales alléguaient que cette loi viole le droit international en portant atteinte à la liberté d’association syndicale parce qu’elle a mis fin de façon abrupte et, sans raison valable, à la négociation collective et parce qu’elle prive les salariées et les salariés d’un moyen essentiel dont ils disposent pour promouvoir et défendre leurs intérêts économiques et sociaux, à savoir le droit de grève. Or, il est reconnu par l’Organisation internationale du travail (OIT) que le droit à la négociation collective et le droit de grève constituent des éléments fondamentaux de la liberté d’association protégée par les conventions internationales. Dans sa décision, le BIT prie instamment le gouvernement libéral de Jean Charest de modifier la loi 43 pour la rendre conforme aux conventions no 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et no 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective. Le BIT prie également « le gouvernement d’éviter à l’avenir le recours à des interventions législatives imposant des conditions de travail, sans qu’il n’y ait eu des consultations franches et approfondies avec les parties impliquées ». En cas de dispute, le gouvernement devrait selon le BIT, considérer la possibilité de soumettre le différend à un arbitrage impartial et indépendant. Le BIT espère fermement que les prochaines négociations se dérouleront en conformité avec ces principes et il veut être informé de la situation. Le BIT réclame, en outre, une révision des « sanctions excessives » contenues dans la loi 43. Il demande au gouvernement de revoir le régime de négociation de manière à rétablir la confiance de toutes les parties et d’y inclure des processus de conciliation, de médiation et d’arbitrage. Le BIT va même plus loin et recommande au gouvernement de ne pas attendre la prochaine négociation en PHOTOS : FRANÇOIS BEAUREGARD 12 NouvellesCSQ Printemps 2007 NCSQ_ 5/3/07 6:54 PM Page 13 L’OIT et le BIT, qu’est-ce que c’est ? L’Organisation internationale du travail (OIT) a pour vocation de promouvoir la justice sociale et, notamment, de faire respecter les droits de l’homme dans le monde du travail. L’OIT met au point des conventions et des recommandations internationales du travail qui définissent les normes minimales à respecter dans les domaines de son ressort : liberté syndicale, droit d’organisation et de négociation collective, abolition du travail forcé, égalité de chances et de traitement, etc. Le BIT est le secrétariat permanent de l’OIT ; c’est le « quartier général » pour l’ensemble des activités qu’il met en œuvre sous le contrôle du Conseil d’administration. faisant preuve de souplesse « au cas où les parties seraient prêtes à apporter des modifications à l’accord présumé, qui constitue en fait une solution imposée législativement ». « Ces recommandations du BIT n’ont pas une portée juridique contraignante pour le gouvernement québécois, estime François Meunier, avocat aux services juridiques de la CSQ. Par contre, elles exercent une pression d’ordre moral en établissant publiquement que le gouvernement a failli à ses obligations découlant des conventions internationales ratifiées par le Canada », précise le juriste. Le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) interpelle le nouveau gouvernement et les partis d’opposition afin qu’ils mettent en œuvre les recommandations du BIT. Les organisations syndicales attendent que le gouvernement convoque les parties pour revoir les conditions de travail des salariées et des salariés de l’État dans l’esprit de la décision du BIT. Les effets de cette loi sont carrément désastreux, notamment sur la rémunération et le pouvoir d’achat salariés de l’État. L’écart de rémunération ne cesse de se creuser avec les autres salariés québécois qui accomplissent des tâches similaires. La rémunération globale des salariés de l’État est, en 2006, de 15,2 % inférieure à celle du secteur privé, selon l’Institut de la statistique du Québec, un organisme qui relève… du ministre des Finances. « La bataille des salaires est non seulement celle de la protection du pouvoir d’achat et de la reconnaissance de la juste valeur de notre travail dans les services publics, c’est aussi celle de l’attraction et de la rétention du personnel, dans un contexte marqué par d’importantes pénuries d’effectifs. Des pénuries qui risquent de s’aggraver dans les années à venir compte tenu du contexte démographique », indique Réjean Parent, président de la CSQ. La CSQ demande au gouvernement de donner suite à ces recommandations, de respecter le principe de la liberté syndicale et de redonner à des milliers de travailleuses et travailleurs leurs droits de négociation et de grève, et ce, dans le respect du droit international. François Meunier D’autres démarches juridiques sont en cours Dans le but de faire valoir les droits de ses membres à la libre négociation, la CSQ a déposé une plainte à la Commission des relations du travail (CRT) pour négociation de mauvaise foi en février 2006. La CRT est un organisme indépendant et spécialisé en relations du travail. Son mandat est d’entendre et de disposer de tout un éventail de recours reliés à l’emploi et aux relations du travail au Québec. « Malgré la volonté de la CSQ d’obtenir rapidement une décision dans ce dossier, ce n’est qu’à l’automne 2006 que l’on a pu aborder les éléments Claudine Morin de preuve en soutien à notre recours, précise Claudine Morin, avocate aux services juridiques de la CSQ. Le gouvernement a multiplié les procédures juridiques afin d’éviter que le CRT ne se prononce sur le fond de la question. » Claudine Morin rappelle que, tout récemment, le procureur général a soumis une demande alléguant que ce sont les syndicats qui « n’ont pas négocié de bonne foi en formulant des demandes déraisonnables et en créant, chez leurs membres, des attentes impossibles à satisfaire ». Comment peut-on faire une telle affirmation quand on sait que les centrales syndicales ne demandaient que la simple protection du pouvoir d’achat ? Ainsi ne pas vouloir s’appauvrir serait donc devenu déraisonnable ! La CSQ a aussi déposé un recours en Cour supérieure prétendant que le gouvernement, en adoptant le projet de loi 142 (loi 43), a violé la Charte canadienne sur la liberté d’association et sur la liberté d’expression en raison des mesures punitives prévues pendant toute la durée du contrat de travail. À suivre… Extrait de la recommandation du Comité des libertés syndicales du BIT : « Le comité estime que les accords conclus de manière précipitée, sous des menaces de l’adoption d’une loi offrant des garanties moindres et sans connaissance de sa teneur exacte ne possèdent pas un caractère volontaire, et ne respectent pas l’obligation de négocier de bonne foi. » (Page 138) Un courriel à mon député Les membres de la CSQ sont invités à faire parvenir un courriel à leur député leur demandant d’intervenir auprès du gouvernement afin que ce dernier se conforme, dans les plus brefs délais, aux recommandations du BIT. Un modèle de ce courriel ainsi que les adresses des députés sont disponibles sur le site Internet de la CSQ à l’adresse suivante : www.csq.qc.net. N’oubliez pas de signer ce courriel avant de l’envoyer, en précisant que vous êtes un citoyen du comté. NouvellesCSQ Printemps 2007 13 NCSQ_ 5/3/07 6:54 PM Page 14 SERVICES PUBLICS Une voix qui parle au nom de 314 000 membres Le SISP Une nouvelle force qui est en train de v Claude Girard Attaché de presse CSQ À l’initiative de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui y joue un rôle actif, ainsi que du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) et du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), une nouvelle force syndicale est en train d’apparaître au Québec, le Secrétariat intersyndical des services publics, communément appelé le SISP. Historiquement, le SISP a vu officiellement le jour lors de la dernière ronde de négociations alors que la CSQ s’était alliée avec des organisations syndicales indépendantes dans le but de renforcer notre rapport de force commun. L’expérience a été heureuse au point que, lors du dernier congrès de la Centrale, les déléguées et les délégués ont demandé d’explorer, d’ici notre prochain congrès en 2009, la possibilité d’édifier une nouvelle force syndicale dans les services publics sur la base du SISP. La nécessité de resserrer nos forces Au cours des derniers mois, les organisations syndicales membres du SISP, soit la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) et le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) – l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) s’est ajoutée aux membres – ont mené, dans une douzaine de villes à travers la province, une grande tournée d’information et 14 NouvellesCSQ Printemps 2007 de sensibilisation pour la défense des services publics au Québec. Cette tournée a connu un succès encourageant et a permis de constater la volonté partagée par de nombreux membres de nos organisations pour que l’on resserre les rangs des forces syndicales du secteur public pour mieux défendre nos intérêts communs. Un besoin qui est devenu d’autant plus criant avec l’élection d’un gouvernement libéral et d’une opposition officielle de l’ADQ. Cela laisse présager qu’un fort vent néolibéral risque de souffler bientôt sur le Québec, lequel nous sera grandement défavorable. Le temps est venu d’étendre notre collaboration Au cours des derniers mois, les collaborations ponctuelles entre les cinq organisations syndicales sont devenues de plus en plus fréquentes. Les nombreux intérêts communs des membres et la détermination à faire entendre la voix syndicale la plus forte possible pour défendre les travailleuses et les travailleurs du secteur public expliquent cette multiplication des actions et interventions du SISP. Dans ce contexte, les directions des cinq organisations syndicales du SISP sont convaincues que le temps est venu d’élargir leurs collaborations et de se donner un fonctionnement encore plus efficace. Elles étudient donc les avenues possibles. À la CSQ, la position est claire : la Centrale est disposée à poursuivre ses alliances NCSQ_ 5/3/07 6:54 PM Page 15 Le SISP, c’est quoi ? e syndicale voir le jour Le SISP représente près de 314 000 membres, ce qui en fait le plus important regroupement syndical constitué de personnes salariées œuvrant essentiellement dans les services publics : • La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) représente plus de 175 000 membres, dont près de 125 000 proviennent du réseau de l’éducation et de la santé et des services sociaux. • Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) représente 19 000 membres de la fonction publique, des sociétés d’État, des réseaux de l’éducation et de la santé du Québec. avec les quatre organisations syndicales indépendantes à la condition que cet engagement devienne plus impliquant pour tous les partenaires. Un engagement qui se traduirait bien sûr dans le cadre de la prochaine négociation, mais également en regard de l’action professionnelle et sur le terrain de l’action sociopolitique. Pour l’action professionnelle, le dossier prioritaire à défendre est l’attraction et la rétention de personnel de qualité dans les services publics. Pour ce qui est de l’action sociopolitique, l’action du SISP viserait la lutte contre la privatisation des services publics, la révision des organismes publics, l’action internationale, l’émergence d’un discours alternatif, la culture et la langue. Un climat sociopolitique qui presse à un rapprochement Il ne fait aucun doute que le climat actuel au Québec est le meilleur argument qui presse les cinq organisations syndicales à se rapprocher et à mettre en branle des stratégies communes d’intervention. Sur le plan politique, il est évident que les groupes de pression de droite tels que l’Institut économique de Montréal et les « Lucides » de Lucien Bouchard auront une influence certaine à Québec avec la réélection du gouvernement Charest et une opposition officielle adéquiste. Notre lutte contre les apôtres de la privatisation des services publics, de la réduction de l’État et de la sous-traitance risque donc de s’intensifier très sérieusement au cours des prochains mois. D’autant plus qu’il faut reconnaître que sur le plan social, le climat ne nous est pas nécessairement plus favorable avec la mode de la radio-poubelle et des nombreux préjugés qu’elle véhicule contre les services publics. • Le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) représente 43 000 membres, dont 40 000 œuvrent comme fonctionnaires dans la fonction publique québécoise. • La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) représente 54 000 membres dans le réseau de la santé et des services sociaux. • L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) représente 23 000 membres répartis dans 150 établissements de santé et de services sociaux du Québec, soit une centaine de titres d’emploi différents. Un important combat à livrer Il se pourrait fort bien que nous soyons à la veille d’entrer dans un sérieux combat pour défendre nos emplois bien sûr…, mais également le modèle social québécois auquel nous croyons et qui assure aux citoyennes et aux citoyens de recevoir des services publics de qualité… peu importe leurs revenus et l’endroit où ils vivent au Québec. L’enjeu est suffisamment important pour que nos organisations syndicales rassemblent leurs forces. NouvellesCSQ Printemps 2007 15 NCSQ_ 5/3/07 6:55 PM Page 16 CSQ EN RÉGION Télévision publique québécoise PHOTOS : ALAIN BERNIER Quelle place pour les régions ? Alain D’Eer Président de l’Association des réalisateurs et réalisatrices de Télé-Québec étant devenue la norme, c’est véritablement par amour pour leur région que des artisans poursuivent la production audiovisuelle aux quatre coins du Québec. Mais c’est aussi grâce à la présence d’une poignée de producteurs indépendants et, surLa campagne électorale aura consacré la tout, à la synergie créée par les neuf bufracture entre les régions du Québec et le reaux régionaux de Télé-Québec. Dans ce pouvoir politique. Depuis des décennies, contexte, les émissions Méchant Contraste ! les forces centralisatrices du pouvoir ont et Pulsart prennent toute leur valeur : en toujours emporté avec elles les beaux displus des équipes de coorcours, emplis de promesses élecdination et de technitorales, sur la place des régions ciens, ils sont 15 réalisaau Québec. Cette tendance lourtrices et réalisateurs à de à la centralisation, nos téléêtre devenus pour le resvisions publiques que sont Radiote des Québécoises et Canada et Télé-Québec l’ont, des Québécois les yeux elles aussi, consacrée en réduiet les oreilles des régions sant allégrement leurs effectifs du Québec. Que ce soit en région. Sur la scène nationaMathieu Boudreau à le, les régions sont maintenant Carleton, Myriam Caron confinées à faire parler d’elles à Sept-Îles, Francis Lauzon lors d’événements dramatiques Alain D’Eer, président à Québec, Sophie Caron (fermeture d’usine, crise dans l’inà Gatineau, Sébastien dustrie du bois, accidents de la de l’Association des Pilote à Saguenay, et les route, etc.) et au moment des réalisateurs et autres, ils sont tous là élections, sauf pour deux émissions, véritablement enracinées réalisatrices pour faire connaître les gens de leur coin de dans les régions du Québec, et de Télé-Québec pays et, surtout, leur dyproduites par des employés régunamisme intellectuel et liers et contractuels de Télé-Québec vivant en créatif au reste des Québécoises et des région : Méchant Contraste ! et Pulsart. Québécois. La région du Saguenay a beau avoir son Comme le soulignait dans son mémoire bulletin d’informations régionales à TVA l’Observatoire du documentaire, « le lien et à Radio-Canada, ça n’informe pas les étroit que Télé-Québec entretient avec la gens de l’Abitibi et de la Gaspésie ou de réalité régionale donne à son rayonnement Montréal de ce qui s’y passe, car eux aussi une dimension additionnelle. Ce lien resont alors occupés à regarder leurs « bulprésente, en outre, le cœur d’un réseau de letins de nouvelles régionales ». Voilà donc diffusion et d’animation essentiel qui n’a la conséquence de 15 ans de compressions pas été, à ce jour, suffisamment et adéquadans nos télévisions publiques, la « montement exploité ». tréalisation des ondes ». Exercer notre métier de réalisatrices et de réalisateurs en région relève alors plus de la passion que de la raison. La précarité 16 NouvellesCSQ Printemps 2007 Les citoyennes et les citoyens de l’ensemble du territoire québécois ont le droit de revendiquer une présence à l’écran à tra- vers leur télévision publique. Il est légitime qu’ils puissent se reconnaître à travers cette fenêtre identitaire. Comme le soulignait Paul Cauchon dans Le Devoir : « Une télévision publique, c’est un outil culturel : ses choix de programmation permettent d’enrichir la société québécoise et de donner accès à des paroles, des pratiques, des artistes, des débats qui ont peu accès aux ondes. Que ses cotes d’écoute Bureau de Télé-Québec à Carleton ne soient pas celles de Star Académie n’a rien à voir avec son importance. » Le Québec est composé d’un ensemble de régions qui constituent sa richesse à travers sa diversité et ses particularités. Il est primordial que Télé-Québec fasse une place plus importante à la production régionale. Les nouvelles technologies ont permis à Méchant Contraste ! de démontrer qu’il est possible de faire de la production de grande qualité à partir des régions. NCSQ_ 5/4/07 8:29 PM Page 17 Parole aux jeunes ! S E N U E J Le Réseau des jeunes de la CSQ a été l’occasion pour Nouvelles CSQ de recueillir des témoignages concernant leur insertion professionnelle. Des jeunes de tous les horizons nous parlent en toute simplicité de leur expérience en début de carrière. François Beauregard Rédacteur en chef Diane Colgan est enseignante en histoire et en géographie à la Polyvalente des Abénakis de Saint-Prosper en Beauce. Ce n’est qu’à sa troisième année d’embauche qu’elle a obtenu de l’encadrement professionnel, la direction ayant décidé de rencontrer tout le personnel enseignant à cet effet. L’encadrement proposé prenait la forme d’un mentorat. Les jeunes enseignantes et enseignants pouvaient choisir les personnes avec lesquelles ils se sentaient plus à l’aise pour discuter. Les rencontres se déroulaient une fois par mois et les mentors étaient libérés pour assurer l’encadrement. « Mon expérience du mentorat a été positive, car la première année, on a bien des questions sur la gestion d’une classe et sur la matière. De plus, j’aimais l’idée que ce soit informel et, surtout, que ce soit un collègue qui assure l’encadrement. Je ne me sentais pas évaluée. Je me sentais à l’aise de parler ouvertement des problèmes qui me préoccupaient », précise Diane Colgan. Diane PHOTOS : FRANÇOIS BEAUREGARD « Par contre, déplore la jeune enseignante, la commission scolaire voudrait maintenant imposer le mentorat. Ce n’est pas une bonne idée, car quand on se sent obligé, ça devient contraignant et le courant passe moins bien. Le mentorat c’est un beau projet, mais il ne faudrait pas le pervertir par des contraintes bureaucratiques. » Annie-Christine Tardif est enseignante depuis neuf ans en première année à l’école du Joli-Bois de Valcartier. « Je me suis débrouillée pas mal toute seule dans mes premières années d’enseignement. C’était vraiment difficile. Je devais aller chercher de l’aide quand j’en avais besoin, car rien n’était organisé. » Annie-Christine trouve que les jeunes enseignantes et enseignants hésitent trop souvent à demander de l’aide, car ils craignent que l’on interprète cette demande d’aide comme de l’incompétence ou comme de l’incapacité à gérer leur classe. « Les jeunes doivent prendre des initiatives, affirme-t-elle, car personne ne te demande comment ça va avec ton groupe. Par contre, quand on voit la surcharge des collègues, on n’est pas toujours à l’aise d’aller demander de l’aide », concède-t-elle. La Commission scolaire de la Capitale met de l’avant un programme de mentorat dans lequel on retrouve des formations obligatoires. Il y a aussi un service de dépannage particulièrement pour celles et ceux qui enseignent en milieu défavorisé. « L’accompagnement, c’est bien, mais le caractère obligatoire me semble moins intéressant. Je trouve qu’il y a un risque de bureaucratiser le mentorat et que le programme perde de son intérêt. » Annie-Christine « Les jeunes qui éprouvent des problèmes avec certains élèves ne doivent pas attendre avant d’en parler à la psychologue, à l’orthopédagogue ou à la technicienne en éducation spécialisée, quand ces personnes sont disponibles, bien sûr, ce qui n’est pas le cas dans toutes les écoles. Si l’on veut que l’insertion des jeunes soit réussie, il faut que ceux-ci aient accès à des réseaux d’entraide. Malheureusement, la lourdeur de la tâche et la précarité d’emploi sont des obstacles à la création de tels réseaux qui faciliteraient une meilleure intégration dans l’enseignement. NouvellesCSQ Printemps 2007 17 NCSQ_ 5/3/07 J 6:56 PM Page 18 EUNES À LA UNE Ève Nancy Ève Dutil-Paquette est travailleuse sociale à l’Institut Raymond-Dewar (IRD), un organisme qui vient en aide aux personnes sourdes et malentendantes. Avant d’entrer à l’IRD, elle a vécu une expérience de travail pénible dans un centre jeunesse. Dès le départ, elle a dû s’occuper de 30 cas, sans que personne ait le temps d’assurer son encadrement. « Ce n’était pas par mauvaise volonté, tout le monde était surchargé. On n’a pas d’expérience et on manque de confiance. On a beau être débrouillard, c’est difficile de s’améliorer sans aide surtout quand on vit constamment dans un sentiment d’urgence. Quand on commence un emploi, on a besoin de quelqu’un pour nous épauler, affirme-t-elle. » Dans les trois centres jeunesse où elle a travaillé, Ève a été témoin de plusieurs épuisements professionnels chez les jeunes en début de carrière. « J’ai vu bien des collègues en panique et à bout qui pleuraient. J’ai décidé que ça ne m’arriverait pas, alors j’ai quitté le centre. » Janique À l’IRD où elle travaille maintenant, les choses vont beaucoup mieux. Les délais sont moins serrés et Christiane Dupré, une travailleuse sociale d’expérience, assure son encadrement de façon informelle. « J’ai beaucoup d’affinités avec Christiane, je me sens en confiance et elle est très généreuse de son temps. Juste de savoir qu’elle est disponible pour répondre à mes questions, ça m’enlève énormément de pression. Je m’estime chanceuse de pouvoir me valider auprès d’elle. » À l’IRD, les gens sont heureux au travail ; on a souvent des rencontres d’équipe pour partager nos préoccupations et mettre en commun nos expériences. C’est fantastique ! » Janique Fournier est infirmière à l’urgence au Centre hospitalier de Gaspé. Au terme de ses études, elle a été quatre ans sans travail en raison du virage ambulatoire. On lui a offert l’encadrement d’une infirmière expérimentée à ses débuts afin de préciser les techniques d’intervention. « C’est essentiel d’avoir accès à un bon encadrement à nos débuts. On travaille avec des humains, une faute professionnelle peut être lourde de conséquences. L’encadrement des nouvelles, c’est indispensable parce que la réalité est bien loin de la théorie apprise au cégep ou à l’université », juge la jeune infirmière. Les jeunes qui entrent ne veulent plus travailler le soir et la nuit. Cela cause des problèmes en raison des pénuries de personnel. Pour sa part, Janique aime bien travailler le soir ou la nuit : « On est moins nombreuses. Il y a un bon climat d’entraide et c’est plus facile de s’intégrer dans une équipe. Pour les jeunes mères de famille, la profession est exigeante, car on peut être appelées deux ou trois fois par semaine pour faire un autre quart de travail. Ça en décourage plus d’une. » Janique adore son métier et elle n’a jamais songé à quitter la profession comme tant d’autres infirmières épuisées. Quand on lui demande ce qu’elle dirait à des jeunes qui veulent devenir infirmières, elle répond : « Je leur dirais que c’est un beau métier, mais que c’est exigeant et je leur dirais qu’ils devront y consacrer une fin de semaine sur deux pendant toute leur vie. Alors c’est un pensez-y bien. » « Habituellement, on attendait qu’une infirmière ait deux ans d’expérience et qu’elle se sente à l’aise dans la profession avant de l’assigner à l’urgence. Aujourd’hui, en raison des pénuries, on assigne des gens peu expérimentés ; ça crée une pression énorme sur les jeunes. » 18 NouvellesCSQ Printemps 2007 NCSQ_ 5/3/07 6:56 PM Page 19 Nancy Noël est conseillère en orientation à l’école secondaire Manikoutai de Sept-Îles. « Quand je suis entrée en fonction, je n’ai eu droit qu’à deux semaines d’entraînement. C’est bien peu pour remplacer une conseillère qui partait à la retraite avec 33 ans d’expérience dans ses bagages… » Cette conseillère d’expérience, France Martel, a accepté d’encadrer Nancy sans rémunération. Elle a répondu à ses interrogations au téléphone et elle a même accepté d’aller dîner avec sa jeune remplaçante occasionnellement. « La réussite dans mon métier, c’est à elle que je la dois », affirme Nancy. « Dans les années 70, il y avait 10 professionnels dans cette école. Aujourd’hui, il y en a plus que trois, déplore Nancy. Je suis seule pour répondre aux besoins d’orientation de 1 500 élèves, c’est très exigeant. » Le soutien, c’est important, quand on commence un métier ; on a des tas de choses à apprendre. Si je n’avais pas pris l’initiative de demander de l’aide, je serais restée seule avec mes interrogations et mes doutes, mais ce n’était pas mon genre. Je suis allée chercher des réponses à mes questions auprès de gens compétents et, chaque fois, j’ai obtenu une réponse positive. » Ainsi, Guy Buteau, le président du Syndicat des professionnelles et professionnels en milieu scolaire du Nord-Ouest, me donne souvent des conseils. « La pire attitude qu’un jeune peut avoir en début de carrière, c’est de faire comme s’il savait tout et qu’il n’avait rien à apprendre, car ce n’est pas vrai ; c’est même tout le contraire. Quand on brise la gêne et qu’on va demander de l’aide, on réalise que les gens sont contents de partager leurs savoirs la plupart du temps ; il suffit de faire les premiers pas », de conclure la jeune conseillère. Yves Yves Brouillette est technicien en informatique à la Commission scolaire de Laval. Il estime que les jeunes doivent prendre leur place. « C’est bien beau de compter sur les autres, mais il faut aussi avoir de l’initiative et aller chercher l’information auprès des gens plus expérimentés. Même si l’on est à statut précaire, il faut demander l’information et ne pas avoir peur d’être jugé ; c’est normal au début de ne pas tout savoir. » Yves évalue que son intégration s’est plutôt bien passée malgré quelques difficultés normales au début. « Moi, je ne suis pas un gars gêné, je vais chercher l’information là où elle se trouve et la réponse est bonne la plupart du temps. Il y a de la place pour les jeunes qui veulent la prendre. La preuve : notre syndicat à Laval a élu trois jeunes à l’exécutif en avril. » Yves déplore cependant que trop de jeunes à statut précaire aient peur de s’impliquer dans les syndicats par crainte d’être mal vus par l’employeur. « L’éducation syndicale devrait être enseignée au secondaire et au cégep, comme on le fait au réseau des jeunes de la CSQ. L’histoire du mouvement ouvrier, c’est important. C’est plus facile de savoir où aller quand on sait d’où l’on vient », juge-t-il. Félix Beaudry est infirmier auxiliaire au Centre de santé et de services sociaux de Trois-Rivières depuis un an et demi, il est aussi agent de griefs pour le Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires Cœur-du-Québec (SIIIACQ) (CSQ). Auparavant, il avait travaillé quatre ans en Ontario. Quand il a commencé à travailler au Québec, il a eu un choc. Pour lui, le contraste entre les deux provinces est frappant : « Au Québec, il y a beaucoup moins de ressources et la qualité des soins est nettement moindre. Les conditions de travail sont aussi moins intéressantes. Non seulement le salaire au Québec est-il inférieur, mais en Ontario j’ai eu un poste à temps complet dès ma première année d’embauche. Au Québec, on peut rester à temps partiel occasionnel sur appel pendant plusieurs années avant de pouvoir espérer un poste à temps complet », s’étonne Félix. Félix En Ontario, la période d’orientation des nouveaux est plus longue : dix quarts de travail et parfois plus. En outre, les gens qui font l’encadrement sont libérés de leur tâche, ce qui n’est pas le cas ici. Au Québec, beaucoup de jeunes abandonnent le métier dans les premiers mois. L’obligation de faire des heures supplémentaires de façon régulière et l’instabilité des horaires de travail sont les causes de cette désertion. « Le projet de loi 142 (maintenant la loi 43) a aggravé la situation. Cette loi a enlevé l’espoir que les gens avaient d’améliorer leurs conditions de travail. C’est inquiétant, quand on sait que nous avons de la difficulté à recruter du personnel qualifié et que beaucoup de personnes ne restent pas en raison des mauvaises conditions de travail. J’ai l’impression qu’on est en formule 1, qu’on se dirige tout droit vers un mur et que personne n’appuie sur les freins », s’inquiète le jeune infirmier auxiliaire. NouvellesCSQ Printemps 2007 19 NCSQ_ 5/3/07 6:57 PM Page 20 S JEUNE DOSSIER Aider les jeunes Valoriser le savoir enseign Une proportion importante de jeunes enseignants quittent la profession faute d’encadrement adéquat et des centaines d’autres plus expérimentés prendront bientôt leur retraite, emportant avec eux une somme considérable de savoirs d’expérience qui pourraient faciliter l’insertion professionnelle des jeunes. Le milieu de l’éducation est-il en train de rater le défi de la coopération intergénérationnelle ? Nos organisations seront-elles frappées d’amnésie institutionnelle à défaut d’avoir instauré des mécanismes efficaces de valorisation et de transfert des connaissances ? Amélie Ouellet Conseillère au Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage C’est ce que nous avons tenté de savoir par une enquête auprès d’enseignants des écoles primaires et secondaires de la Commission scolaire du Fleuve-et-des-Lacs ainsi que de la Commission scolaire de Kamouraska–Rivière-du-Loup. En juin 2006, 191 enseignants ont répondu à nos questions. Les objectifs généraux de cette enquête étaient de mieux connaître ce que le personnel enseignant vit et perçoit dans son environnement et de cerner s’il existe des mécanismes formels et informels de transfert intergénérationnel des connaissances dans leur milieu de travail. Le savoir enseignant, une des plus grandes richesses de notre système d’éducation. Notre étude montre que peu de mécanismes formels de transfert existent dans les milieux de travail. Les trois quarts des répondants disent qu’il n’existe pas de mécanismes dans leur milieu alors que plus de 90 % des enseignants affirment qu’il 20 NouvellesCSQ Printemps 2007 serait pertinent d’en établir. Ces résultats montrent que les enseignants sont grandement intéressés au transfert des savoirs et qu’ils sont conscients que c’est un besoin dans la profession. Le principal obstacle au transfert des savoirs est, selon eux, la lourdeur de la charge de travail. La formation universitaire ne semble pas préparer adéquatement le personnel enseignant à ce travail intense d’apprentissage qui est une caractéristique forte de l’éducation. Plus de 85 % des répondants disent s’être sentis insuffisamment préparés à la sortie de l’uniAmélie Ouellet versité pour faire face à la réalité de l’enseignement. tions d’entrée dans la profession sont donc De plus, parmi les répondants âgés de 20 marquées à la fois par la surcharge de à 30 ans lors de l’enquête, 92,1 % ont eu le travail et par la précarité, rendant ainsi sentiment de ne pas être suffisamment l’insertion professionnelle plus difficile. préparés lors de leur première année d’enDe plus, les deux tiers des répondants diseignement même s’ils ont reçu la forsent avoir enseigné des matières pour lesmation la plus complète de quatre ans. quelles ils n’étaient pas préparés lors de Les premières expériences en classe sont leur première année de travail. essentielles pour apprendre à enseigner, Aussi, il n’est pas rare de voir un jeu inexà développer une confiance en ses capacipérimenté hériter d’une des tâches les tés et à bien s’insérer dans la profession. plus difficiles de son école. Beaucoup de Néanmoins, ces expériences semblent trop jeunes enseignants se retrouvent avec des souvent être vécues avec difficultés et classes d’élèves en difficulté sans les outils aboutissent parfois à des échecs. Notre ennécessaires pour affronter cette réalité. quête nous montre que durant leur preAinsi, les jeunes enseignants se sentent mière année d’enseignement, 84,2 % des seuls et n’osent pas se confier parce qu’ils répondants ont eu l’impression d’être déappréhendent une évaluation négative passés par la charge de travail. Les condi- NCSQ_ 5/3/07 6:57 PM Page 21 gnant dans un contexte marqué par la précarité d’emploi. Il faut dire que 76,5 % du personnel enseignant ayant participé à notre enquête se sent isolé ou laissé à lui-même dans l’exercice de sa profession. Dans un tel contexte d’insertion, il est difficile de se valider, de prendre confiance en soi et de s’épanouir dans son travail. On ne s’étonnera pas de constater que 62,3 % des répondants disent avoir déjà pensé abandonner la profession. Plusieurs aspects de la tâche actuelle d’un enseignant accentuent le sérieux malaise qui habite la profession et amène les gens à penser quitter le métier. PHOTO : Le soutien informel entre enseignants est très présent dans les milieux et il semble y avoir une bonne collaboration entre pairs. À 96,9 %, les enseignants disent avoir reçu le soutien et la collaboration des enseignants d’expérience durant leur première année d’enseignement FRANÇOIS BEAUREGARD et plus des trois quarts des répondants disent avoir eu le soutien ou la collaboration des autres enseignants débutants. Les résultats montrent qu’il y a donc une collaboration naturelle des enseignants entre eux. Les enseignantes et les enseignants à 76,4 % ont vécu une évaluation de la part de leur supérieur, mais moins de 25 % des répondants trouvent pertinentes l’évaluation ou la supervision pédagogique faites par la direction d’école telles qu’elles se pratiquent actuellement. La relève est là, mais il faut savoir l’attirer et surtout la conserver si l’on veut éviter d’aggraver les pénuries et maintenir la qualité de l’enseignement. La solution réside PHOTO D’ARCHIVES dans la valorisation de la profession enseignante dont l’amélioration du salaire et des conditions de travail constitue des éléments fondamentaux. Soutenons davantage les jeunes enseignants en les outillant à relever leur défi quotidien. Pour 91,6 % des enseignants répondants, il est essentiel d’instaurer dans leur milieu des mécanismes formels de transfert des savoirs selon des formules flexibles qui ne confondent pas l’encadrement et l’évaluation. Des initiatives de ce genre naissent un peu partout au Québec, mais de façon ponctuelle et sans directive nationale. Le métier d’enseignant est exigeant ; il mérite d’être mieux soutenu. Il semble urgent de mettre en place une politique d’insertion professionnelle dans tous les établissements d’enseignement. Les jeunes enseignants devraient être considérés comme une source abondante d’idées nouvelles, alors que les anciens ont davantage de crédibilité du point de vue de l’organisation. Il serait impératif de jumeler les connaissances de ces générations qui cohabitent dans leur milieu de travail. Tout le monde y trouverait son compte s’il existait des mécanismes de transfert des savoirs formels dans tous les milieux. Plusieurs aspects de la tâche actuelle d’un enseignant accentuent le sérieux malaise qui habite la profession et amène les gens à penser quitter le métier. tenus dans l’exercice de cette exigeante profession. Saurons-nous collectivement prendre les mesures qui s’imposent pour éviter l’amnésie institutionnelle et la dilapidation d’une des plus grandes richesses de notre système d’éducation, le savoir enseignant ? À défaut de prendre les mesures qui s’imposent, nous risquons de voir du personnel expérimenté quitter la profession, emportant avec lui l’immense richesse que constitue leur savoir d’expérience. Nous nous exposons aussi à décourager des jeunes qui auraient mérité d’être mieux sou- NouvellesCSQ Printemps 2007 21 NCSQ_ 5/3/07 6:57 PM Page 22 RENCONTRE Troubles déficitaires de l’attention ou d’hyperactivité La méthode F.O.C.U.S. vient en aide aux enseignants Claude Girard Attaché de presse CSQ « Les enseignantes et les enseignants doivent composer de plus en plus avec des élèves qui ont des troubles déficitaires de l’attention ou d’hyperactivité. Au cours des dernières années, plusieurs m’ont demandé comment ils pouvaient intervenir plus efficacement auprès de tels élèves et, à l’exception des réponses classiques, je me sentais vraiment impuissant. Ça ne me satisfaisait pas et j’ai donc travaillé durant deux ans et demi afin de mettre au point la méthode F.O.C.U.S. actuellement en expérimentation et qui donne des résultats encourageants. » Psychoéducateur depuis 18 ans, René Lafleur travaille à la Commission scolaire Marie-Victorin en Montérégie où une enseignante de 5e année à l’école Jean-De Lalande, Mélanie Lacourse, applique avec enthousiasme la méthode F.O.C.U.S. depuis maintenant près de deux ans. PHOTOS : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC Mélanie Lacourse et Kevin Foucher 22 NouvellesCSQ Printemps 2007 penser sont invités à se rendre pour relaxer, lire ou jouer à un jeu de société », raconte madame Mélanie. L’enseignante est catégorique : si les règles sont clairement établies en début d’année, la méthode F.O.C.U.S. fait des merveilles. « Ça ne représente pas un surplus de travail pour l’enseignante puisque ça se gère tout seul. Au début, les jeunes sont curieux, mais rapidement, les coins F.O.C.U.S. en viennent à faire partie de l’environnement de la classe. Contrairement à ce qu’on pourrait craindre, il n’y a pas d’abus. Seuls ceux qui en ressentent vraiment le besoin y recourent et les autres ne les remarquent même plus », soutient la jeune enseignante. Les élèves sont emballés par la nouvelle méthode. Parmi eux, le jeune Kevin Foucher, 12 ans, qui fréquentait la classe de Mélanie Lacourse l’an dernier. « F.O.C.U.S. est l’acronyme pour Façon d’obtenir le calme utile pour socialiser. L’idée est de permettre à l’enfant perturbé de prendre un temps pour retrouver son calme et retourner avec le groupe. Un coin est aménagé dans la classe où l’élève qui se sent trop excité se retire de lui-même. Il prend alors dix minutes pour réaliser une des activités d’autorégulation », explique René Lafleur. Ce coin est appelé Farfouille, du nom d’un gentil personnage au cœur des activités proposées par F.O.C.U.S. « Pour moi, l’école est devenue beaucoup plus agréable. J’ai appris à me calmer. Avant, je me serais défoulé en donnant des coups de poing, ce qui n’était bien pour personne, et j’étais puni. Maintenant, même si je ne suis plus dans la classe de madame Mélanie, j’ai développé des trucs lorsque je ne me sens pas bien. Par exemple, je me retire seul dans un endroit calme, là je prends trois grandes respirations et ça va mieux après », de dire Kevin. « Les fiches d’activités sont variées et il n’en tient qu’au jeune de choisir celle qu’il souhaite faire. L’enfant peut se contenter d’écouter un peu de musique relaxante, manipuler une balle antistress ou regarder couler un sablier. Toutes les activités proposées ont un seul et même objectif : ramener l’enfant dans un état de calme », mentionne le psychoéducateur. « Et ça marche ! », renchérit Mélanie Lacourse. René Lafleur et Mélanie Lacourse n’ont pas la prétention de penser que la méthode F.O.C.U.S. règle tous les problèmes, René Lafleur mais elle contribue à faire en sorte que l’école redevienne un lieu plaisant pour tous. « En plus du coin Farfouille, un coin gymnase et un coin balcon viennent compléter l’approche. Dans le coin gymnase, on retrouve un vélo stationnaire, un ourson pour frapper, de même qu’un tableau où l’on peut écrire les choses méchantes que l’on a envie de dire et qu’on efface ensuite. Quant au coin balcon, c’est le lieu privilégié où les élèves que l’on veut récom- Pour en savoir plus, communiquez avec René Lafleur à [email protected]. Pour une présentation vidéo de la méthode F.O.C.U.S., rendez-vous sur le site Éducation de la CSQ à l’adresse suivante : ww.education.csq.qc.net. NCSQ_ 5/4/07 8:31 PM Page 23 TÉMOIGNAGE JEUNE S Pourquoi je n’ai pas abandonné l’enseignement Marie-Danièle Noiseux Enseignante à l’école Saint-Vincent Depuis toujours, j’ai voulu être enseignante, j’avais de quoi alimenter mon rêve, ma mère est enseignante. Dès les débuts, la découverte de la profession m’a enthousiasmée. Les techniques, les méthodes d’apprentissage et la réforme, tout semblait être à sa place et avoir sa raison d’être. Certaines théories ne s’appliquaient pas aussi aisément que je le croyais, je m’en rendais bien compte, mais l’encadrement de stage me permettait d’évoluer et d’aimer cette profession. Mon rêve prenait forme ! L’année suivante allait cependant m’apporter son lot de surprises et de désillusions. Ma carrière d’enseignante a débuté par un contrat de remplacement, comme la cinquième titulaire de ce qui allait être ma classe pour l’année. J’ai découvert très rapidement que je faisais face à un groupe de 24 élèves, dont 12 éprouvaient des difficultés d’apprentissage et/ou des troubles de comportement. J’ai dû faire de nombreuses interventions pour calmer des crises, faire des arrêts physiques et rencontrer des parents dépourvus. Les journées qui se déroulaient sans anicroche se comptaient sur les doigts de la main, mais en tant qu’enseignante débutante, je voulais bien paraître, réussir là où d’autres avaient failli. Je ne demandais pas d’aide et je n’en recevais pas énormément non plus. Peu à peu, mon humeur à la maison devenait mauvaise. Je pleurais très fréquemment. Je n’avais plus le goût de me lever pour aller travailler. Les retours de congé étaient pénibles. J’ignorais qu’il y avait des ressources pour m’épauler, n’ayant pas eu de rencontres ou de formations à la commission scolaire. J’en suis même venue à douter sérieuse- P H O T O : F R A N Ç O I S ment de ma place dans ce domaine qui m’avait pourtant fait rêver si longtemps. Marie-Danièle Noiseux BEAUREGARD « L’aide pour les Durant toute cette année, les membres de ma famille m’ont appuyée, ils n’ont cessé de me dire que tous les groupes n’étaient pas identiques et que cette année était tout simplement plus difficile. Ils m’ont incitée à persévérer en me prodiguant une foule de conseils et d’encouragements. Sans eux, j’aurais abandonné, c’est certain ! nouveaux arrivants Aujourd’hui, je suis heureuse dans ma classe, je m’implique de plus en plus à l’école et au syndicat. J’essaie d’être aussi présente que possible pour les nouveaux arrivés, je partage mon expérience afin qu’ils ne vivent pas les mêmes tourments que moi. Cependant, je crois que la désertion professionnelle des jeunes enseignantes et enseignants constitue un problème majeur auquel il faudra apporter des solutions globales rapidement. les jeunes conservent Plusieurs avenues intéressantes comme le mentorat mériteraient d’être explorées. Des rencontres mensuelles entre les jeunes enseignantes et enseignants expérimentés devraient être organisées. Des réunions entre jeunes vivant leurs premières années en enseignement seraient aussi bénéfiques. Partager et s’entraider comme on le fait au Réseau des jeunes de la CSQ et dans les comités des jeunes des syndicats permettent aussi de passer au travers d’épreuves autrement insurmontables. Un guide d’outils, de trucs et de références est déficiente. Il faut remédier à cette situation si nous voulons que le feu sacré pour leur profession. » pourrait également être remis aux enseignants qui débutent dans la profession. Le travail des directions d’école, lourd en tâches administratives, devrait laisser plus de place aux tâches pédagogiques. Une solution facile et peu onéreuse pourrait être de bâtir un forum de discussion traitant des sujets qui touchent les jeunes. De cette façon, les nouveaux enseignants de toutes les régions pourraient échanger et s’encourager. L’aide pour les nouveaux arrivants est déficiente. Il faut remédier à cette situation si nous voulons que les jeunes conservent le feu sacré pour leur profession qui, à mon avis, est malgré tout la plus belle au monde ! NouvellesCSQ Printemps 2007 23 NCSQ_ 5/4/07 8:31 PM Page 24 É D U C A T I O N D E S A D U LT E S Les nouvelles technologies au service des adultes Lorsque Nancy Caissy s’est inscrite au centre d’éducation des adultes en septembre 2006, elle en était à son troisième retour depuis qu’elle avait lâché l’école à l’âge de seize ans. Mais cette fois-ci était la bonne. Elle était motivée. Son objectif : finir ses maths de 4e secondaire afin de pouvoir s’inscrire à un DEP en assistance technique en pharmacie, ce qui lui permettrait d’obtenir une augmentation de salaire là où elle travaille depuis quatre ans et demi. « Il y a une différence de 3 à 5 $ l’heure pour celles qui ont un DEP », dit-elle. Une différence importante pour cette jeune mère de famille. Luc Allaire Conseiller à la recherche de la CSQ Mais ce n’était pas sa seule motivation… Elle a beaucoup aimé son retour à l’école. « Les maths, j’adore, et j’aime beaucoup apprendre en me servant d’un ordinateur », lance-t-elle, les yeux pétillants. En effet, son professeur, Marcel Girouard, a implanté une nouvelle méthode pédagogique basée sur une utilisation intensive des nouvelles technologies au Centre LeMoyne-d’Iberville à Longueuil. Tous les élèves de sa classe sont assis devant un ordinateur. Comme il s’agit d’enseignement individualisé, chaque élève suit son programme à l’aide d’un didacticiel. Marcel Girouard décrit sa nouvelle façon d’enseigner avec enthousiasme. PHOTOS : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC Le Centre LeMoyne-d’Iberville a accumulé un surplus budgétaire de 500 000 $ au détriment des services aux élèves. 24 NouvellesCSQ Printemps 2007 « Les élèves qui retournent dans les centres d’éducation des adultes pour terminer leur secondaire ont, très souvent, des difficultés de lecture, dit-il. Or, tout ce qu’on leur offre, ce sont des livres et des manuels. Les logiciels, quant à eux, sont beaucoup plus dynamiques. » Enfin, les élèves se familiarisent avec l’informatique. « Au début, plusieurs élèves n’osent pas toucher au clavier de l’ordinateur, ils ont peur de le briser, explique l’enseignant. Mais au bout de quelques semaines, ils deviennent à l’aise. » « Cela m’a donné confiance en moi, confirme Nancy Caissy. Depuis que j’étudie ici, j’ai l’air moins incompétente devant le monde lorsque j’entre des données sur l’ordinateur à la pharmacie. » Marcel Girouard Par ailleurs, grâce à l’informatique, les élèves n’ont plus à acheter leurs volumes scolaires. Une économie importante lorsqu’on sait que chaque volume coûte en moyenne 18 $, et qu’il y en a beaucoup. Seulement en mathématiques, il y a trois volumes en 1re secondaire. Ces coûts s’ajoutent aux frais afférents que doivent payer tous les élèves pour s’inscrire dans un centre d’éducation des adultes. À la Commission scolaire MarieVictorin, ces frais sont de 60 $ par session ou 120 $ par année. « C’est très cher pour des élèves qui sont pauvres dans la majorité des cas, affirme Marcel Girouard. J’ai vu beaucoup d’élèves abandonner leurs études ou retarder l’achat du cahier suivant en mathématiques, parce qu’ils n’avaient pas d’argent. » Cette situation scandalise le professeur, d’autant plus que le Centre LeMoyne-d’Iberville a accumulé un surplus budgétaire sur plusieurs années d’environ 500 000 $. « Les professeurs ne sont pas toujours remplacés lorsqu’ils sont absents. De plus, l’administration du ratio de 26 élèves par classe, qui représente une moyenne de Centre, semble difficile à maintenir à un niveau acceptable à cause de la fluctuation des départs et des arrivées des élèves en début et fin d’année scolaire et surtout du fait qu’il n’y a pas de maximum par classe. On compte parfois 36 élèves inscrits dans certaines classes et même plus. Les élèves doivent payer des frais afférents et leurs manuels. Pendant ce temps-là, les surplus s’accumulent ! C’est honteux ! », affirme Marcel Girouard. NCSQ_ 5/3/07 6:58 PM Page 25 Bulletin DU L’Observatoire international de la réussite scolaire (OIRS) Un an déjà ! MARIE BOUTIN Université Laval, professionnelle de recherche au CRIRES NATHALIE CHABOT Université Laval, coordonnatrice de l’OIRS Lancé le 13 mars 2006, l’Observatoire international de la réussite scolaire (OIRS) est né en même temps qu’était publié le rapport du Conseil supérieur de l’éducation intitulé Le dialogue entre la recherche et la pratique en éducation : une clé pour la réussite. Comme son nom l’indique, ce rapport faisait état du manque de dialogue entre le monde de la recherche et celui de la pratique en éducation et recommandait d’instaurer, pour les milieux de pratique, une fonction de veille en éducation. L’OIRS répond exactement à cette recommandation et offre un véritable levier pour le rapprochement souhaité, car il rend accessibles gratuitement les résultats de recherches internationales menées dans le domaine de la réussite scolaire. L’OIRS est une composante de l’infrastructure du Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) fondé à l’Université Laval il y a 15 ans en partenariat avec la Centrale des syndicats du Québec. La mission de l’OIRS consiste 1) à documenter la réussite scolaire sur le plan des pratiques éprouvées et des connaissances scientifiques et 2) à devenir un lieu international de diffusion de ces pratiques et connaissances, de même qu’un lieu d’échange en matière de réussite scolaire. L’OIRS se donne également comme objectif de créer des conditions propices au transfert de connaissances par l’organisation d’événements ponctuels tels que colloques, conférences et symposiums. Le Bulletin de veille : une mise à jour gratuite des résultats de recherche Le Bulletin de veille de l’OIRS est un bulletin électronique gratuit qui présente à ses abonnés, sur une base régulière, les nouveaux résultats de la recherche documentaire menée par l’équipe de l’OIRS. Ces résultats sont présentés sous forme de fiches de lecture qui résument les documents. Chaque fois que cela est possible, la fiche donne accès au document complet. Les résultats de la veille arrivent par courrier électronique. Le Bulletin de veille est destiné à toutes les personnes qui, de près ou de loin, s’intéressent à la réussite scolaire. L’OIRS compte déjà plus de 1 000 abonnés provenant de 25 pays différents. L’abonnement au Bulletin de veille facilite grandement l’accès à l’information et constitue un véritable outil de développement professionnel NouvellesCSQ Printemps 2007 25 NCSQ_ 5/7/07 2:23 PM Page 26 dans le domaine de la réussite scolaire. Par exemple, Lyne Deschamps, directrice de l’organisme Partenaires de la réussite éducative des jeunes dans les Laurentides (PREL), l’utilise régulièrement et le recommande à toutes les personnes œuvrant en éducation. « Je suis abonnée au Bulletin de veille de l’OIRS et je m’intéresse plus particulièrement aux thèmes portant sur le décrochage et la collaboration écolefamille-communauté. Cela s’inscrit dans la mission de notre organisme qui est d’accroître la persévérance scolaire et la réussite éducative, la diplomation et la qualification, en vue d’assurer l’insertion et l’intégration sociales des jeunes. Les fiches de lecture présentées sur le site Internet et dans le Bulletin de veille nous permettent de rencontrer rapidement un de nos objectifs : faire de la veille un documentaire sur les activités, projets ou programmes en rapport avec le décrochage scolaire et la persévérance scolaire. Le format des résumés est fort bien fait… tellement qu’il nous conduit immanquablement à rechercher la source, pour avoir accès au contenu complet. D’ailleurs, un élément de référence complet à cet égard en ferait un site A+, un incontournable, un lieu de grande valeur ! La fréquence du Bulletin de veille, à tous les deux mois, est convenable. Évidemment, nous serions gourmands en demandant des résumés plus nombreux à chacune des parutions… quand on aime un produit, on en veut plus ! Quant au site Internet, il est à mon avis simple, épuré, clair, direct, facile d’utilisation, quoi demander de plus ! Personnellement, tous ceux et celles qui se passionnent pour l’éducation devraient y être abonnés ! » 26 NouvellesCSQ Printemps 2007 Sandra Beaulac, enseignante au Centre psychopédagogique du Québec, apprécie également l’apport du Bulletin de veille lui permettant d’économiser du temps dans ses démarches de vigie : « Dans mon travail d’enseignante, j’apprécie pouvoir mettre à jour mes connaissances sur différents thèmes en rapport avec mes responsabilités professionnelles. Les fiches de lecture de l’OIRS donnent une bonne vue d’ensemble du contenu des différentes références. Leur format permet rapidement d’aller à l’essentiel des articles présentés. Étant donné le peu de temps que nous avons comme enseignante et enseignant, ce format est idéal. Bien que le site soit à ses débuts, l’initiative est prometteuse. Je crois, entre autres, qu’il pourra faciliter la transmission des résultats de recherche aux praticiennes et aux praticiens. » Une autre force de l’OIRS : la facilité de s’abonner au Bulletin de veille qui est gratuit. Il suffit de se rendre à la section Bulletin de veille du site Internet de l’OIRS et de cliquer sur le lien permettant de s’abonner. La consultation régulière des synthèses présentées sur le site Internet de l’OIRS permet de raffiner les connaissances sur les différents thèmes abordés et permet de mieux comprendre pour mieux intervenir. Le fait que l’OIRS recense et présente des résultats de recherche provenant de partout à travers le monde ouvre aussi de nouvelles perspectives qui permettent de poser un regard différent sur ce qui se passe au Québec. Afin d’illustrer ces propos, voici un exemple concret de ce que peuvent nous apprendre quelques-unes des fiches de lecture. Cet exemple porte plus particulièrement sur l’un des thèmes couverts par l’OIRS, celui de l’analyse de politiques éducatives. La période de réforme dans laquelle se trouve le milieu de l’éducation au Québec entraîne naturellement une foule de questionnements. À partir de seulement huit résumés1 choisis parmi les 30 relevant du thème « Analyse de politiques éducatives », nous pouvons obtenir de l’information relativement à de nombreuses questions. Qu’est-ce que l’OIRS peut nous apprendre ? L’OIRS peut répondre à la fois aux besoins des praticiennes et des praticiens (enseignantes et enseignants, conseillères et conseillers en orientation, conseillères et conseillers pédagogiques, etc.) désireux d’acquérir de nouvelles connaissances susceptibles de guider leurs interventions, aux besoins des responsables politiques et administratifs de l’éducation voulant enrichir leurs réflexions, aux besoins des chercheuses et chercheurs et des étudiantes et étudiants gradués en matière de mise à jour des connaissances et de découverte de nouvelles pistes de recherche. Si vous êtes une actrice ou un acteur de l’éducation, voici une adresse incontournable à retenir : http://www.crires-oirs.ulaval.ca NCSQ_ 5/7/07 2:23 PM Page 27 Existe-t-il des réformes scolaires dans d’autres pays ? Dans les huit fiches consultées, on apprend que des réformes scolaires ont lieu en Europe, aux États-Unis, en Amérique du Sud et à Hong Kong. Le besoin de changer le système scolaire afin d’augmenter les chances de réussite des élèves est donc un phénomène répandu. Quels sont leurs objectifs ? Toujours à partir du même petit échantillon de résumés, on apprend que ces réformes scolaires ont pour but de favoriser la réussite de tous les élèves, surtout ceux d’origine sociale défavorisée. Ces réformes scolaires ont également comme objectifs de préparer les jeunes à l’économie du savoir et de mieux positionner les pays à l’intérieur du marché mondial. Enfin, nous apprenons à ce sujet que ces réformes scolaires ont également pour but d’implanter une démarche de décentralisation et de reddition de comptes permettant de justifier l’utilisation des fonds publics. Qu’ont-elles donné comme résultats ? Il est particulièrement intéressant de s’attarder aux résultats des réformes scolaires. À partir des huit fiches consultées, on constate que les réformes améliorent plus la réussite scolaire des élèves en fonction de leur origine ethnique qu’en fonction de leur origine socioéconomique. On observe aussi que les réformes entraînent une meilleure réussite pour les jeunes issus de la classe moyenne que pour ceux des classes populaires. Enfin, il ressort qu’il peut être difficile de maintenir un fort taux de réussite nationale tout en assurant la réussite scolaire pour tous. Au sujet de la décentralisation de la gestion et de la reddition de comptes, selon les résumés consultés, on ne peut établir de liens avec la réforme scolaire, sauf au Brésil, au Chili et en Argentine où la décentralisation, en engendrant un libre marché de l’éducation, a eu pour effet d’augmenter les inégalités scolaires liées au statut socioéconomique. Qu’est-ce qui a influencé leur succès ? Les principaux facteurs de succès des réformes scolaires répertoriés dans les huit fiches sont la qualité des enseignants, le temps accordé pour les former aux nouvelles façons de faire imposées par les réformes et un engagement sérieux des chefs d’établissements scolaires dans la mise en œuvre des réformes. Quels liens peut-on faire avec la réforme de l’éducation au Québec ? Le défi de la réussite scolaire pour tous se situerait davantage dans les milieux socioéconomiques fortement défavorisés, notamment les communautés autochtones, les milieux ruraux, les quartiers pauvres des grandes villes, etc. Il est également à retenir, pour le succès de la réforme scolaire au Québec, l’importance d’investir en temps et en qualité de formation des enseignantes et enseignants et de favoriser l’engagement des directions d’établissement dans la mise en œuvre de la réforme. L’ensemble de cette information touchant un sujet bien particulier est tiré de la lecture de seulement huit synthèses contenues dans la base de données de l’OIRS. Avec déjà plus de 200 fiches, cette base de données, qui est enrichie régulièrement, constitue une mine de renseignements qui a tout intérêt à être découverte et utilisée par toutes les personnes qui ont à cœur la réussite scolaire des jeunes. NouvellesCSQ Printemps 2007 27 NCSQ_ 5/4/07 8:32 PM Page 28 Comment est conçu l’OIRS ? L’OIRS est un lieu de collecte et de diffusion de résultats de recherche internationaux qui éclairent diverses facettes de la réussite scolaire. Le souci de l’équipe de « sentinelles » de l’OIRS est de diffuser les connaissances dans un langage limpide facilement compréhensible. Actuellement, quatre thèmes sont documentés, soit : • L’analyse de politiques éducatives ; • le décrochage scolaire ; • les inégalités scolaires ; • les problèmes de comportement. Un nouveau thème, celui de la « Collaboration école-famille-communauté », est présentement en développement a été inauguré à l’occasion du congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) le 8 mai dernier, dans le cadre du colloque intitulé « Collaboration école-famille-communauté liée aux apprentissages des élèves ». Ce nouveau thème est sous la responsabilité de Rollande Deslandes, professeurechercheuse à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Les thèmes « Analyse de politiques éducatives » et « Inégalités scolaires » sont sous la responsabilité de Marc-André Deniger, professeurchercheur à l’Université de Montréal. Anne Lessard, professeure-chercheuse Bulletin du CRIRES N° 21, mai 2007 Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES - centre interuniversitaire) 28 NouvellesCSQ Printemps 2007 à l’Université de Sherbrooke, est responsable du thème « Décrochage scolaire ». Enfin, le thème « Problèmes de comportement » est sous la responsabilité de Claire Beaumont, professeure-chercheuse à l’Université de Sherbrooke. L’équipe de l’OIRS est également composée d’étudiantes et d’étudiants travaillant sous la supervision d’une professionnelle de recherche, Nathalie Chabot. L’équipe est sous la direction de la directrice du CRIRES, Claire Lapointe. Sur le site Internet de l’OIRS, il vous est possible d’explorer l’un ou l’autre des thèmes présentement documentés en fonction de l’un des quatre volets suivants : 1) pratiques et programmes éducatifs évalués, 2) politiques éducatives évaluées, 3) informations statistiques et 4) connaissances scientifiques. Chacun de ces volets raffine la banque d’informations. Comme son nom l’indique, le volet des pratiques et programmes éducatifs évalués, regroupe les documents présentant des pratiques et programmes qui ont un effet scientifiquement confirmé sur la réussite scolaire. La praticienne ou le praticien peut s’y référer pour perfectionner sa pratique en fonction des enjeux auxquels elle ou il doitest quotidiennement faire faceconfronté. Le volet des politiques éducatives évaluées porte sur Faculté des sciences de l’éducation Local 746 Université Laval Québec (Québec) G1K 7P4 Téléphone :(418) 656-3856 Télécopie : (418) 656-7770 [email protected] www.ulaval.ca/crires les résultats d’analyses rigoureuses de politiques et de réformes de l’éducation. Il approfondit les différents enjeux et les diverses problématiques en matière d’élaboration, de mise en œuvre et d’évaluation des politiques pour enrichir la réflexion des responsables politiques et administratifs de l’éducation au Québec. Le volet des informations statistiques permet de suivre l’évolution de la réussite de différentes populations scolaires, de les comparer entre elles ou encore de comparer la réussite au Québec avec celle d’autres régions ou pays. Finalement, le volet des connaissances scientifiques présente des synthèses de connaissances ou d’évaluations scientifiques de plusieurs recherches sur un même sujet. Bonne lecture ! Directrice du CRIRES Claire Lapointe Coordination du Bulletin Denyse Lamothe, CRIRES François Beauregard, CSQ NCSQ_ 5/4/07 8:32 PM Page 29 É D U C AT I O N Le personnel professionnel de l’éducation Comment attirer les jeunes avec des emplois précaires ? Gabriel Danis Conseiller CSQ L’augmentation croissante des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) ou avec limitations fonctionnelles illustre bien l’alourdissement de la tâche du personnel professionnel. Alors qu’en 2006, on comptait 37 000 élèves de moins qu’en 2003 au sein des commissions scolaires, les EHDAA étaient 17 600 de plus pour la même période ! Même chose pour le collégial où la progression des élèves avec limitations fonctionnelles s’élève à 60 %, sur une période de trois ans, pour le réseau francophone et à 40 % pour le réseau anglophone. Concrètement, sur le terrain, on ne suffit plus à la tâche. « Les professionnels font le maximum avec le temps et les ressources à leur disposition, mais dans bien des cas, les enfants n’ont pas tout le soutien auquel ils auraient droit », souligne Ève-Marie Quintal, orthophoniste à la Commission scolaire de Montréal (CSDM). « Le monde scolaire peut être très intéressant, mais attirer des jeunes professionnels est difficile, car les conditions de travail sont instables et les ressources matérielles limitées », affirme Mme Quintal. Ève-Marie Quintal PHOTOS : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC Sylvie Bélanger, conseillère en formation scolaire du Cégep Marie-Victorin, abonde dans le même sens : « Les commandes constantes et très lourdes de la Commission de l’enseignement collégial du Québec demandent beaucoup d’énergie et de temps. Du temps qui n’est pas investi auprès des jeunes. » En même temps, la clientèle collégiale s’alourdit. « Un plus grand nombre d’étudiants atteignent maintenant le réseau collégial avec des difficultés d’apprentissage très importantes », ajoute la conseillère. L’alourdissement de la tâche s’accompagne également d’une précarisation grandissante des emplois professionnels. Au collégial, alors que 59 % des emplois étaient permanents en 19971998, ceux-ci ne représentent plus que 49 % des emplois en 2003-2004. Le même phénomène se produit dans les commissions scolaires où le tiers du personnel professionnel a un statut précaire. Ces difficiles conditions d’exercice surviennent dans le contexte d’un important Sylvie Bélanger renouvellement de l’effectif. Dans les cégeps, l’âge moyen des professionnels était de 50 ans en 2003-2004. La situation est encore plus critique dans les commissions scolaires où plus du quart des professionnels prendront leur retraite d’ici cinq ans. Sur cette question, une disparité importante subsiste entre le réseau collégial anglophone et le réseau collégial francophone, pourtant soumis aux mêmes contraintes budgétaires. Alors que 47 % des professionnels des cégeps francophones sont permanents, ce taux atteint 77 % pour le réseau anglophone. « Le plus frustrant est que cet écart semble être le « Le travail des professionnels est essentiel dans la lutte au décrochage et à la prévention de la violence en milieu scolaire. » résultat de choix administratifs, plutôt que de conditions objectives comme l’âge d’embauche ou les sommes disponibles », nous raconte Bernard Bérubé, président de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC). Le message est on ne peut plus limpide. Il faut ajouter des ressources afin de répondre aux besoins croissants. « Le travail des professionnels est essentiel dans la lutte au décrochage et à la prévention de la violence en milieu scolaire », souligne Jean Falardeau, président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE). La CSQ, la FPPE et la FPPC ont d’ailleurs tenu une conférence de presse commune remarquée, lors de la dernière campagne électorale, afin de rendre publiques ces problématiques. Le gouvernement Charest doit respecter sa promesse d’embaucher 1000 professionnels supplémentaires pour le réseau scolaire et il doit accroître, de façon significative, le nombre de professionnels dans les cégeps, une condition essentielle à la réussite du plus grand nombre. Les présidents de la FPPC et de la FPPE y veilleront ! NouvellesCSQ Printemps 2007 29 NCSQ_ 5/4/07 8:32 PM Page 30 É D U C AT I O N Une éducation de qualité La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a entrepris, en février dernier, une vaste campagne d’animation-consultation auprès de ses membres pour discuter des stratégies et des moyens à mettre en œuvre afin d’assurer une éducation publique de qualité, juste et égalitaire. Un de PHOTOS : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC Luc Allaire Conseiller à la recherche de la CSQ Cette campagne, qui s’échelonnera sur trois ans, est déjà en marche. La première année, nous consultons les conseils des fédérations de la Centrale et les assemblées des personnes déléguées de plusieurs syndicats. Déjà, nous avons parcouru plusieurs régions du Québec et il en ressort des résultats intéressants. Favoriser l’égalité des chances Le premier thème abordé lors de ces rencontres est « favoriser l’égalité des chances ». Au Syndicat de l’enseignement des Deux Rives, la discussion s’est animée rapidement autour de la classe régulière. « Il faut redonner à la classe régulière ses lettres de noblesse », ont conclu la centaine de personnes réunies à Charny, sur la rive-sud de Québec. Cela est sorti comme un cri du cœur. Depuis des années, l’école privée est en pleine croissance. Depuis des années, l’école publique dirige les bons élèves vers des projets sélectifs afin de tenir tête à l’école privée. Résultat : la classe ordinaire est devenue le seul refuge pour les élèves en difficulté. « En voulant valoriser l’éducation par les projets sélectifs, on fait le contraire, a souligné une enseignante à Charny. On est en 30 NouvellesCSQ Printemps 2007 train de faire quelque chose de laid. Une compétition malsaine s’installe. La classe régulière est devenue le dernier choix des parents, des enfants et des enseignants, alors que ça devrait être le premier choix. » Au Syndicat de l’enseignement de la Mauricie, les soixante enseignantes et enseignants réunis à Shawinigan ont pointé du doigt le financement public des écoles privées. « Ces écoles sélectionnent les élèves qui pourraient apprendre des autres élèves et les aider », a-t-on souligné. Si l’on favorisait, au contraire, la mixité sociale et scolaire, « cela permettrait de développer des aptitudes sociales nécessaires à la réalité de la vie. De plus, les forces de chacun pourraient être bénéfiques pour tous ». Cependant, ont-ils ajouté, « il ne faudrait pas négliger d’offrir des services complémentaires appropriés ». Renforcer les mesures en faveur de la réussite Après avoir parlé d’égalité des chances, les gens sont invités à parler des différentes mesures qui pourraient favoriser la réussite. Rappelons que les réformes et les politiques éducatives mises en place au cours des dix dernières années visaient à permettre à plus de jeunes de réussir leurs études. Pourtant, plus du quart des jeunes quittent toujours le système scolaire sans diplôme d’études secondaires. La proportion de jeunes qui obtiennent leur diplôme d’études secondaires avant 20 ans a même chuté de trois points de 1996 à 2005, passant de 73,4 % à 70,5 %. Lors de la rencontre avec le personnel de soutien scolaire, les gens ont dit qu’il faudrait obliger les écoles privées à intégrer les élèves en difficulté. « On devrait également réduire le nombre d’élèves par classe, à tous les niveaux », ont-ils mentionné, tout en ajoutant qu’il faudrait revoir de fond en comble la question de l’intégration des élèves en difficulté dans la classe ordinaire et celle du redoublement. Les jeunes membres de la Centrale rencontrés se sont aussi prononcés pour la diminution du nombre d’élèves par classe. « On devrait également établir des ratios afin qu’il y ait davantage de services professionnels et de soutien », ont-ils ajouté. Favoriser une scolarisation accrue tant des jeunes que des adultes Au Québec, plus d’un jeune sur quatre quitte le système d’éducation sans avoir obtenu un diplôme d’études secondaires NCSQ_ 5/3/07 6:59 PM Page 31 devoir de société (DES). Un grand nombre de ces décrocheurs se retrouvent, après un certain temps, dans les centres d’éducation des adultes. Si bien que la majorité des personnes inscrites en formation générale pour l’obtention du DES ont moins de 20 ans. Pendant ce temps, il est plus difficile pour les adultes, notamment ceux qui sont en emploi, d’avoir accès à la formation continue à temps partiel. Tel est le troisième thème abordé lors de cette campagne. Chez le personnel professionnel de l’éducation, on a déploré l’absence de services complémentaires offerts aux jeunes adultes qui retournent terminer leur secondaire dans les centres d’éducation des adultes. « On devrait consentir, en priorité, des enveloppes budgétaires supplémentaires à l’éducation des adultes pour la formation générale à temps plein et à temps partiel », ont-ils indiqué. En effet, les règles budgétaires actuelles empêchent les adultes d’entreprendre des études à temps partiel dans les centres d’éducation des adultes, interdisant ainsi à presque toutes les personnes en emploi de terminer leur formation de base. À ce sujet, les professionnels consultés ont dit que les ministères de l’Éducation et de l’Emploi devraient travailler ensemble pour favoriser l’alphabétisation et la formation de base des 500 000 travailleuses et travailleurs au Québec qui présentent des difficultés de lecture. Les membres du Syndicat de l’enseignement de la région des Moulins ont également beaucoup discuté de cette question. Lors d’une rencontre à Mascouche, des enseignants ont dénoncé les ratios trop élevés dans les centres d’éducation des adultes. « Comment voulez-vous faire un enseignement individualisé de qualité avec 36 adultes dans une classe ? Si une personne a une question, elle doit attendre très longtemps, parfois même jusqu’au prochain cours, avant de rencontrer le professeur et d’obtenir une réponse. » Améliorer les conditions d’exercice du personnel de l’éducation Un autre sujet, et non le moindre, qui est abordé lors des rencontres concerne les conditions d’exercice du personnel de l’éducation. veau d’épuisement est important ». Ils ont souhaité également une meilleure accessibilité à la formation continue et que l’on brise l’isolement entre les professionnels, les enseignants et le personnel de soutien. Chez le personnel de soutien, on veut contrer la précarité, avoir accès à du perfectionnement, favoriser le mentorat et faciliter les retraites progressives. « Les postes devraient être plus attrayants avec un nombre d’heures raisonnables afin que nous puissions bénéficier de l’emploi que nous détenons. » Les jeunes ont priorisé, quant à eux, la conciliation travail et famille. « Une augmentation salariale permettrait de garder l’expertise alors que la situation actuelle favorise une désertion vers des emplois plus enrichissants. Enfin, plusieurs jeunes ont mentionné qu’ils se sentent dépassés par les « parents-rois » qui ne les soutiennent pas. « Heureusement, les techniciens en éducation spécialisée nous aident beaucoup. On a besoin de ressentir l’appui des gens. » Cette question a également donné lieu à des débats animés chez le personnel des établissements privés syndiqué à la CSQ. « Les salaires sont trop bas, ont-ils dénoncé. Des détenteurs de baccalauréat enseignent sans permis. Il faudrait diminuer le nombre d’élèves par classe », ont-ils affirmé en concluant sur ceci : « Que l’on soit du secteur privé ou du secteur public, l’épuisement professionnel existe réellement. » Enfin, les enseignantes et enseignants de la Mauricie souhaiteraient que l’on instaure un système de mentorat et de transfert intergénérationnel, afin de favoriser l’insertion du nouveau personnel et permettre d’améliorer les conditions de fin de carrière. La campagne se poursuit La consultation se poursuivra au cours des prochains mois. Ainsi, nous rencontrerons les fédérations représentant le personnel de l’enseignement supérieur (à ce jour, seul le personnel de soutien a été rencontré), le personnel de la santé et des services sociaux, le réseau des femmes, etc. De plus, nous nous rendrons dans plusieurs autres régions du Québec. La mixité sociale et scolaire, c’est quoi ça ? On entend par mixité sociale le fait de favoriser dans une même école la coexistence d’élèves aux caractéristiques différentes (de milieux favorisés/défavorisés, de diverses provenances ethniques, garçons/filles). On entend par mixité scolaire le fait de favoriser la coexistence dans la même classe d’élèves aux performances scolaires variées. À ce sujet, les professionnels de l’éducation ont souligné qu’il faudrait « augmenter les services professionnels, car le ni- NouvellesCSQ Printemps 2007 31 NCSQ_ 5/3/07 7:00 PM Page 32 ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Priorité à la mission éducative et à l’accessibilité ! France Bernier Conseillère CSQ D’ici l’été 2007, la tournée des instances fédératives collégiales, effectuée dans le cadre de la campagne d’animationconsultation en éducation, sera terminée. Impliquées dans la préparation du cahier de consultation en enseignement supérieur, les fédérations concernées ont déjà déterminé certains enjeux stratégiques autour des quatre thèmes retenus pour la campagne et sur lesquels les membres seront appelés à échanger : • Maintenir et accroître l’accessibilité aux études postsecondaires ; • Procéder à un réinvestissement majeur en enseignement supérieur en assurant un financement adéquat des établissements d’enseignement afin de garantir, notamment, la pérennité du réseau collégial ; • Déterminer les conditions de réussite des jeunes ; • Reconnaître la contribution de l’ensemble du personnel des établissements d’enseignement à la mission éducative des jeunes. PHOTOS Des éléments contextuels ajoutent aux défis à relever pour défendre la mission éducative des établissements d’enseignem e n t supérieur par rapport aux objectifs commerciaux et économiques les menaçant. À l’instar de l’UNESCO, force est de constater qu’en matière de mobilité universitaire, d’échanges étudiants et entre chercheurs de différents pays, même si cette idée n’est pas nouvelle, nous assistons à une expansion d’échanges internationaux : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC d’étudiants, de programmes et de fournisseurs d’éducation dans un but commercial1. Qui plus est, la décentralisation imposée dans les cégeps, liée au sous-financement 32 NouvellesCSQ Printemps 2007 criant du réseau collégial, contribue à développer la concurrence entre les différents établissements d’enseignement sur l’ensemble du territoire québécois, au risque de menacer la survie de certains d’entre eux, voire l’accessibilité aux études collégiales. Les voix s’élevant pour le dégel des frais de scolarité, dont celles de Gaz Métropolitain et de la Banque TD Canada Trust, s’inscrivent dans ce même contexte. Avec l’augmentation des frais afférents dans le réseau collégial et la perspective du dégel des frais de scolarité à l’université, l’accessibilité aux études postsecondaires pourrait, lentement mais sûrement, se refermer. Est-il besoin de rappeler que dans ces discours favorables au dégel, les références au droit à l’éducation, à son importance dans la transmission de valeurs sociétales et, donc, à la mission éducative même des établissements, sont le plus souvent absentes ? « Le rôle de l’État est essentiel afin d’assurer que les missions éducative et sociale de l’enseignement supérieur soient préservées. » « L’enseignement supérieur, comme le rappelle l’UNESCO, par sa fonction de production et de diffusion des connaissances est incontestablement un des leviers du développement national dans les pays développés comme dans les pays en développement2. » Conséquemment, le rôle de l’État est essentiel afin d’assurer que les missions éducative et sociale de l’ensei- gnement supérieur3 soient préservées et ce rôle doit se traduire par un financement public adéquat. C’est une condition essentielle, d’une part, pour garantir l’accessibilité aux études postsecondaires et, d’autre part, pour que les mesures afin de favoriser la réussite des jeunes soient mises en place, et ce, en conformité avec les missions éducative et sociale des établissements d’enseignement supérieur. C’est dans la réalisation de ces objectifs et la recherche de solutions qu’est entreprise la consultation de la CSQ sur les enjeux en enseignement supérieur qui se poursuivra jusqu’en juin. 1 UNESCO, L’enseignement supérieur dans une société mondialisée, document-cadre, Paris 2004, 37 p. 2 Ibid, p. 7. 3 UNESCO, Déclaration mondiale sur l’enseignement supérieur pour le XXIe siècle : vision et actions, article 14, 1998. NCSQ_ 5/3/07 7:00 PM Page 33 AREQ e Le 45 anniversaire de l’A.R.E.Q. André Pelletier Deuxième vice-président de l’A.R.E.Q. Le 24 novembre 2006, l’Association des retraitées et des retraités de l’enseignement du Québec (A.R.E.Q.) a célébré son 45e anniversaire. Depuis leur création respective, des liens importants unissent l’A.R.E.Q. et la CSQ. Tout d’abord, elles partagent la même fondatrice, Laure Gaudreault, féministe avant même que le mouvement n’existe. À l’âge de 16 ans, Laure Gaudreault obtient un premier poste d’institutrice à l’école de rang numéro 1, aux Éboulements. Salaire : 125 $ par année. Cette situation éveille alors chez elle un sentiment d’urgence d’agir pour que le travail des institutrices rurales soit mieux rémunéré et mieux considéré socialement. Partout au Québec, les conditions de travail et la rémunération des enseignantes en milieu rural sont misérables. Le 2 novembre 1936, elle fonde le premier syndicat des institutrices rurales. Amélioration des salaires et obtention d’une rente de retraite seront les deux objectifs de ce syndicat. Laure Gaudreault encourage alors la création d’autres syndicats et rencontre sur sa route Maurice Duplessis qui confond syndicalisme et communisme. Duplessis n’effraie guère cette femme énergique et pugnace. Le regroupement de ces syndicats devient, en 1946, la Corporation générale des instituteurs et institutrices catholiques de la province de Québec (CIC) qui devint la CEQ, puis la CSQ. L’A.R.E.Q. porte toujours la philosophie de sa fondatrice. En 1961, elle fonde l’A.R.E.Q., incorporée le 24 novembre de la même année sous la Loi sur les syndicats professionnels. L’A.R.E.Q. comptait alors 295 membres ; elle en compte aujourd’hui près de 50 000 qui sont répartis en 93 secteurs et regroupés en 10 régions. Sa mission ne comportait alors qu’un objectif : obtenir une retraite décente (minimum 500 $ par année). Puis un deuxième est apparu : offrir des assurances collectives. L’A.R.E.Q. porte toujours la philosophie de sa fondatrice en luttant pour la protection de la rente de ses membres pour laquelle ils ont investi. En 1969, Laure Gaudreault obtient l’indexation complète des rentes. Malheureusement, l’adoption, en 1982, de la loi 68 qui ne prévoit qu’une indexation partielle des rentes de retraite, porte atteinte à la vision sociale de la fondatrice. Vingt-cinq ans plus tard, les retraitées et retraités subissent année après année, une diminution de leur pouvoir d’achat qui les appauvrit d’autant. Voilà pourquoi, depuis quelques années, l’A.R.E.Q. priorise la lutte pour la réindexation des rentes de retraite, à l’intérieur de son plan d’action et exerce en ce sens un leadership auprès des autres associations de retraités afin d’obtenir du gouvernement une Table de travail permanente dont le mandat serait de trouver une solution acceptable pour corriger la situation. Au fil des ans, l’A.R.E.Q. a élargi considérablement son champ d’action. Elle s’implique de plus en plus dans des dossiers comme la condition des femmes, l’environnement, l’action sociopolitique, la condition des hommes et la retraite. De concert avec la Centrale, elle présente souvent des mémoires et des recommandations au gouvernement du Québec qui, de plus en plus, consulte l’A.R.E.Q. sur un certain nombre de sujets. L’A.R.E.Q. vivra en 2008, son 42e Congrès au cours duquel, les congressistes devront se prononcer, entre autres, sur son nom, car ses membres issus exclusivement de la Centrale n’étant pas uniquement du secteur de l’enseignement, le nom actuel ne rejoint pas tous les membres. Notre association est redevable à cette organisation syndicale qu’est la CSQ (anciennement CIC et CEQ), car n’eût été de l’aide et financière et humaine que la Centrale lui a fournies pendant un certain nombre d’années, l’A.R.E.Q. ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui. À cet égard, l’A.R.E.Q. tient à remercier très sincèrement la Centrale de son appui depuis sa création. NouvellesCSQ Printemps 2007 33 NCSQ_ 5/4/07 8:33 PM Page 34 SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX Soutenir le transfert de l’expertise en santé Pour Géraldine, le transfert des connaissances se fait au quotidien sans que cela soit vraiment structuré : « Chez nous, lorsqu’une nouvelle est initiée, elle me suit partout, mais je dois faire l’ouvrage quand même. Je lui dis : “suis-moi, si tu as des questions je vais t’expliquer pourquoi je fais ceci ou cela.” C’est ça l’initiation ! » Pour France, cela prend un esprit d’entraide pour intégrer les nouvelles et les nouveaux. « Dans les départements, il arrive souvent des jeunes pour effectuer les remplacements. Il y en a beaucoup ; tu es toujours en contact avec une autre infirmière. C’est certain que je ne laisse pas la nouvelle toute seule dans son coin. Si je peux l’aider, je le fais. » L’entraide ne se limite pas au soutien entre les membres d’une même profession. « Moi, je suis toute seule le soir, je ne peux pas faire ça avec d’autres membres de ma profession. Par contre, j’ai une très belle collaboration avec les préposés », explique Denise. Elle se rappelle : « J’avais remarqué qu’une nouvelle préposée faisait des pas pour rien. Je lui ai donné quelques conseils et ça lui a permis de gagner du temps et de moins se fatiguer. » Il n’y a pas beaucoup de métiers ou de professions qui ont aussi peu d’encadrement ; ça augmente le niveau de risque. Simon résume : « Ils n’ont pas d’argent pour engager du monde ; ils n’ont pas d’argent pour mettre du monde pour “coacher” ; alors, c’est nous qui payons ! » Plusieurs souhaiteraient encadrer le nouveau personnel s’il y avait de meilleures conditions. Ainsi, un employé affirme : « Moi, je suis un peu comme une personne de référence parce que les jeunes viennent me voir. Je me suis occupé des stagiaires, mais j’ai laissé parce que je trouvais cela trop lourd. Mais de la supervision, c’est certain que c’est quelque chose que j’aimerais faire. » 34 NouvellesCSQ Printemps 2007 PHOTO : PAUL CHAMBERLAND Laurier Caron Conseiller CSQ Dans un contexte de renouvellement important du personnel de la santé, il faut assurer la transmission des savoirs d’expérience. Or, cet enjeu n’est pas considéré de façon satisfaisante dans le réseau de la santé et des services sociaux. Mis à part quelques rares initiatives, les employeurs se fient à la bonne volonté du personnel pour intégrer les nouveaux sans reconnaître cette tâche. Simon, Alain, Géraldine, Diane, Luc, France et Denise sont infirmières, infirmières auxiliaires ou inhalothérapeutes. Ils nous parlent du transfert des savoirs et du partage de l’expertise. « Souvent, on considère les jeunes qui s’intègrent comme des nouveaux qui ont plus à apprendre qu’à montrer. On n’a pas le réflexe de regarder ce qu’ils pourraient apporter, c’est dommage. » Une autre personne souligne : « Chez nous, on a fait une expérience de tutorat. L’infirmière était libérée pour faire ce travail. Celles qui ont vécu cette expérience ont adoré cela. Elle a été positive et a permis de renforcer les équipes. » Plusieurs mentionnent que ce n’est pas tous les membres du personnel qui s’intéressent à l’encadrement des nouvelles et nouveaux. « Il y a des gens qui sont capables de “coacher” les jeunes, et il y en a d’autres qui vont plutôt les décourager. Il faut être réceptifs aux jeunes, voir ce qu’ils ont à nous apporter. Cela prend des gens qui ont l’esprit ouvert aux nouvelles techniques, qui vont être capables d’échanger entre les deux générations. » Diane est aussi d’avis qu’il faut montrer plus d’ouverture aux jeunes : « Souvent, on considère les jeunes qui s’intègrent comme des nouveaux qui ont plus à apprendre qu’à montrer. On n’a pas le réflexe de regarder ce qu’ils pourraient apporter, c’est dommage. » Si le personnel plus expérimenté doit montrer plus d’ouverture aux jeunes, certains constatent aussi que ces derniers doivent être plus audacieux et oser demander. Cela permettrait de réduire les risques d’erreurs. NCSQ_ 5/4/07 8:33 PM Page 35 La face cachée de la pénurie de personnel Hélène Le Brun Conseillère CSQ Le manque d’accessibilité aux services et aux soins est en grande partie attribuable à la pénurie de médecins et d’infirmières. Mais connaît-on véritablement l’ampleur de la pénurie de personnel et les pistes qui nous permettent d’en sortir ? Certaines décisions gouvernementales viennent accentuer la pénurie. Les changements au système professionnel, par exemple, permettraient à des infirmières praticiennes d’exécuter des actes auparavant dévolus qu’aux médecins. Mais les universités n’ont pas encore reçu les subventions nécessaires à l’ouverture de leurs programmes de formation, ce qui retardera d’un an leur mise en œuvre. De plus, l’ouverture d’agences privées de placement et d’un réseau parallèle de cliniques privées spécialisées accentue la pénurie d’infirmières dans le réseau public. Le phénomène est semblable dans le cas des physiothérapeutes et des orthophonistes. La pénurie touche plusieurs autres catégories d’emplois. Dans le peloton de tête des dix emplois le plus en manque, on retrouve aussi les préposés aux bénéficiaires, les infirmières auxiliaires, les techniciens en éducation spécialisée, les agents de relations humaines, les travailleurs sociaux, les technologistes médicaux, les physiothérapeutes et les ergothérapeutes. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) de même que l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) évaluent à près de 100 000 les recrues qu’il faudra rechercher d’ici 2015, soit la moitié du personnel du réseau. En raison de la baisse de la démographie, on ne pourra pas compter simplement sur l’arrivée de nouveaux diplômés pour combler cette pénurie de main-d’œuvre. Il faudra aussi stimuler l’immigration et faciliter sa qualification. L’autre voie consis- Jean-François Caron te à retarder la retraite. Déjà, une lettre d’entente résultant des dernières négociations prévoit des mesures de rétention pour les 55 ans et plus donnant droit à des jours de congé supplémentaires. Mais certains emplois en pénurie, comme les infirmières auxiliaires, sont exclus de cette lettre d’entente. La rétention de personnel reste en soi un grand défi dans les conditions actuelles du réseau de la santé et des services sociaux. « Pour retenir le personnel qualifié, jeune comme moins jeune, il faut rendre l’emploi attrayant et cela passe par des conditions de travail humaines, ce que semblent nier les gouvernements en refusant de négocier de bonne foi », insiste Jean-François Caron, président du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (CSQ). Dans les centres jeunesse, le roulement du personnel en éducation spécialisée est important. « Les jeunes recrues se retrouvent longtemps sur des listes de rappel. N’étant pas assurées d’une fréquence d’emploi suffisante, elles finissent par se trouver un emploi dans un autre domaine pour vivre. D’autres quittent parce que la pratique en centre jeunesse est trop exigeante, car les charges de cas sont importantes et Nicole Ste-Croix « Pour retenir le personnel qualifié, jeune comme moins jeune, il faut rendre l’emploi attrayant et cela passe par des conditions de travail humaines. » le manque de soutien organisationnel devient trop stressant pour un nouvel employé, explique Nicole Sainte-Croix, présidente du Syndicat du personnel de réadaptation du Centre jeunesse Gaspésie/ Les Îles (CSQ). Particulièrement en région éloignée, il faudrait adopter des mécanismes qui assurent un nombre minimal d’heures de travail aux recrues de même que la possibilité de faire des stages rémunérés à l’emploi pendant l’été pour faciliter leur insertion. De telles mesures éviteraient certainement des départs prématurés », souligne la présidente du syndicat. Décontingentement de la formation, lutte contre la privatisation, mesures d’attraction, mais surtout, amélioration des conditions d’exercice, ce sont là les pistes les plus prometteuses pour contrer à long terme la pénurie de personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux. NouvellesCSQ Printemps 2007 35 NCSQ_ 5/4/07 8:33 PM Page 36 SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX Dire non aux commerçants de la santé Hélène Le Brun Conseillère CSQ RocklandMd, la dernière clinique privée inaugurée en grande pompe à Montréal présente tout d’un centre commercial : un mail très chic et des « boutiques de santé » diversifiées, clinique dentaire, salle de réadaptation physique, clinique psychiatrique, médecine familiale et bloc opératoire. Dans ces deux dernières « boutiques », des clients y paient cher, de 200 $ à plus de 1 000 $ de frais accessoires pour recevoir plus rapidement des soins de santé offerts gratuitement dans le système public. cela réduit le temps d’attente dans les hôpitaux publics ? D’abord, parce que c’est faux. Même le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, a été obligé de l’avouer. Il manque tant de médecins et d’infirmières au Québec que le recours à des cliniques privées ne réduit en rien les listes d’attente. « C’était pourtant le principal argument qu’il a servi à la population quand il a adopté sous le bâillon la loi 33 permettant de souscrire à des assurances privées pour obtenir des soins privés », a réagi avec virulence Louise Chabot, 1re viceprésidente de la CSQ en entendant les propos du ministre. Cette clinique, comme bien d’autres, s’est bâtie dans un quartier fortuné, là où l’espérance de vie dépasse de dix ans en moyenne celle des personnes vivant dans le quartier pauvre de Pointe-Saint-Charles. Certains diront pourquoi ne pas laisser ces riches payer pour leurs soins de santé si Ensuite, parce que c’est profondément inéquitable. Ce sont surtout les cliniques privées de diagnostic qui pullulent au Québec et pas seulement dans les grands centres. Récemment à Trois-Rivières, on a ouvert une clinique privée de résonance magnétique. « Bien sûr, elle concurrence facilement les services du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR) où l’attente est plus longue, mentionne Monique Veillet du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires Cœur-du-Québec (SIIIACQ), mais il faut être bien conscient qu’avoir accès à un diagnostic plus rapidement, c’est aussi avoir accès à une chirurgie avant une personne qui n’aura pas eu les moyens de payer pour son diagnostic, c’est inacceptable », souligne l’infirmière. « Il faut dès aujourd’hui oser arrêter ces commerçants de la santé avant qu’il ne PHOTOS : ARCHIVES CSQ soit trop tard. » 36 NouvellesCSQ Printemps 2007 Le marché commercial de la santé qui a débuté par l’ouverture de petits laboratoires privés analysant de simples prises de sang s’étend maintenant aux cliniques diagnostiques exigeant de l’équipement sophistiqué, aux chirurgies d’un jour et même aux courtiers de la santé comme la firme Medecina qui, pour un peu moins de 300 $, offre à ses clients de leur trouver un rendez-vous avec un médecin spécialiste en moins de 72 heures. La loi 33 n’est pas encore en vigueur que déjà le ministre de la Santé et des Services sociaux a dû demander à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) d’enquêter plus d’une fois pour vérifier la légalité des cliniques se réclamant de cette loi. « L’ouverture à un tel marché parallèle exige déjà des ressources de surveillance coûteuses de la part de l’État. Qu’en serat-il quand il sera institutionnalisé, s’interroge la vice-présidente de la CSQ, Louise Chabot. Il faut dès aujourd’hui oser arrêter ces commerçants de la santé avant qu’il ne soit trop tard. Il faut non seulement exiger le retrait de la loi 33, mais aussi revendiquer une loi pour interdire carrément tout recours au privé en santé au Québec », conclut-elle. Selon l’ex-ministre Britannique de la Santé, Frank Dobson, le recours aux cliniques privées pour certaines interventions chirurgicales, dans le but de réduire les temps d’attente a, en réalité, nui au système public de santé au RoyaumeUni. Ce dernier s’est vu obligé de s’occuper des patients les plus mal en point, tandis que les cliniques privées se contentaient de faire les opérations les plus simples, les moins risquées et les moins coûteuses sur les patients les plus en santé. Source : Presse canadienne NCSQ_ 5/3/07 7:01 PM Page 37 C O N C O U R S CLÉS EN MAIN À GAGNER 10 000 $ EN PROJETS RÉNOVATIONS DEMANDEZ UNE SOUMISSION D’ASSURANCE AUT O, HABITATION OU ENTREPRISE AVANT LE 31 MAI 2007 ET COUREZ LA CHANCE DE GAGNER ! Les membres déjà assurés avec Les protections RésA ut CSQ sont automatiquement inscrits au concours. Aucun achat requis. Le concours prend fin le 31 mai 2007. Détails au www.csq.lapersonnelle.com/ reno. Des prix de groupe en assurance qui font sourire Obtenez des prix de groupe vraiment avantageux ainsi qu’une couverture d'assurances auto, habitation et entreprise des plus complètes. 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Un vaccin efficace contre le décrochage L’UNESCO1 définit la culture ainsi dans sa Déclaration universelle sur la diversité culturelle : « La culture doit être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérise une société ou un groupe social et qu’elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » La culture, dans son sens large, fait partie intégrante du concept même d’éducation et devrait, en principe, traverser l’ensemble des programmes du primaire à l’université. En réalité, toutefois, la notion de culture générale prend moins d’importance dans les politiques éducatives. En Daniel B. Lafrenière formation professionnelle et technique, la culture générale est fréquemment remise en question, souvent jugée trop éloignée des métiers ou professions. Les activités parascolaires, autant au primaire et au secondaire qu’au collégial, exercent un rôle majeur dans la diffusion de la culture en éducation. Dans les cégeps, la participation des étudiantes et des étudiants à des activités comme la radio étudiante, Cégeps en spectacle et le théâtre étudiant contribue à donner le goût de la culture, tout en favorisant l’émergence de nouveaux talents. 38 NouvellesCSQ Printemps 2007 À titre d’exemple, la fierté et le dynamisme des élèves de l’école primaire Saint-Jacques de la Commission scolaire de l’Énergie à Shawinigan qui, avec leur enseignant, M. Éric Rivard, ont réalisé un vidéoclip d’animation Les quatre saisons, lequel s’est mérité un prix prestigieux l’an dernier. La musique était l’oeuvre de M. Pascal Vincent, préposé aux élèves handicapés à l’école Saint-Jacques et membre du Syndicat des employés de soutien de la Mauricie (CSQ). Heureusement, des projets comme celuilà il y en a encore des centaines à travers le Québec. Il faut féliciter celles et ceux qui prennent de leur temps pour garder la culture vivante dans nos établissements. Ces gestes, qui demeurent trop souvent dans l’ombre, sont pourtant essentiels à la survie et au développement de notre culture. Les activités culturelles et la valorisation des talents artistiques, tant des jeunes Voici de gauche a droite : Eric Rivard, Jean-Maurice Mercier, Francis Juneau, Audrey-Anne Laforme, Katrina Lacoursière, Pascal Vincent et également du projet , Marie-France Beaulac qui a pris la photo. que des adultes, sont indissociables des facteurs favorisant la réussite du plus grand nombre et un vaccin très efficace pour contrer le décrochage. 1 UNESCO : Organisation des NationsUnies pour l’éducation, la science et la culture. NCSQ_ 5/4/07 8:34 PM S JEUNE Page 39 CONDITION DES FEMMES Toujours féministes les jeunes femmes ? Le dernier Réseau des femmes de la CSQ a fourni l’occasion de faire le point sur le féminisme et le syndicalisme lors d’une discussion à bâtons rompus avec sept jeunes femmes : Marjolaine Allard, Syndicat du personnel de soutien en éducation (CSQ), Vicki Blondin, Syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville, Julie Dauphinais, Syndicat de l’enseignement Val-Maska, Melony Gauthier, Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu, Maylissa Maheux, Syndicat de l’enseignement du Lanaudière et Annie St-Amant du Syndicat du personnel professionnel du Cœur du Québec. La discussion fut animée. Dynamiques et engagées, ces jeunes femmes ? Assurément ! Chantal Locat Responsable du Comité de la condition des femmes (CSQ) Le féminisme ? Pour elles : « Le féminisme, c’est un mouvement qui milite pour la défense, la promotion et la valorisation du droit des femmes en vue d’atteindre l’égalité entre les sexes. Il permet d’éduquer les filles et les femmes, de progresser et de prendre conscience des inégalités persistantes. Plus on en prend conscience, plus on découvre qu’il reste encore du chemin à faire. Aujourd’hui, les inégalités sont plus subtiles et plus difficiles à démontrer. » Une d’elle ajoute : « On a l’air, mais pas la chanson ! » Féministes, ces jeunes femmes ? Oui, si l’on se réfère à la définition qu’elles donnent du féminisme, mais des nuances s’expriment rapidement. « Nous ne sommes pas des féministes radicales, nous n’allons pas au front pour le défendre, notre engagement se vit dans le quotidien. » Pour la plupart, leur milieu familial les a toujours encouragées à prendre leur place : « C’est quand on arrive à l’université ou dans notre milieu de travail qu’on voit les inégalités. » Une Centrale proche de leurs préoccupations ? Spontanément, elles répondent : « La CSQ défend exactement les valeurs qui nous tiennent à cœur. Nous sommes fières que la Centrale fasse la promotion d’un monde sans pauvreté, sans violence, plus juste et égalitaire et qu’elle se préoccupe de l’environnement. Ça nous rejoint beaucoup, c’est une des raisons qui sont à l’origine de notre engagement. » « La conciliation famille-travail et les conditions de travail devraient être au cœur des futures négociations. » Ces femmes sont jeunes, toutes n’ont pas d’enfant, mais pas facile de tout concilier. Une d’elle ajoute : « Moi, je n’ai pas d’enfant, j’ai choisi de travailler à 75 % parce que les conditions de travail sont trop difficiles, parfois même épuisantes. Je connais plusieurs jeunes mères qui ont décidé de tra- vailler à 80 % pour les mêmes raisons. Ça ne devrait pas être comme ça. » De plus, pour les jeunes mères qui veulent militer, c’est difficile de concilier famille, travail et militantisme : « Il devrait y avoir des mesures “ facilitantes ” comme un service de garde sur les lieux de réunion. » « Tout le monde devrait recevoir l’information et les formations que nous avons au Réseau des femmes ; c’est un lieu d’éducation syndicale important. » Selon elles, il leur permet de mieux comprendre les enjeux reliés à leurs conditions de vie comme femmes, travailleuses et citoyennes. Cela a constitué leur porte d’entrée dans la militance syndicale. Une d’entre elles enchaîne : « On devrait nous laisser plus de place dans nos syndicats pour nous permettre de transmettre toute l’information reçue. Quand on revient du Réseau des femmes, on a les batteries rechargées et on voudrait partager davantage nos expériences. » NouvellesCSQ Printemps 2007 39 NCSQ_ 5/3/07 7:02 PM Page 40 S JEUNE RELÈVE SYNDICALE Jeune et syndicaliste Qu’est-ce que ça prend ? les jeunes d’il y a trente ou trente-cinq ans qui grossissent, année après année, les rangs de l’A.R.E.Q. Un renouvellement du membership appellera nécessairement aussi à un renouvellement des directions syndicales. Ce qui est différent, sans l’ombre d’un doute, c’est la perception que l’on peut avoir de la question de l’âge. Dans l’introduc- En me fondant sur cela et sur une revue de littérature menée en vue d’un mémoire de maîtrise il y a dix ans, j’ai décidé de rappeler, comme le soutient l’équipe d’éducation syndicale de la Centrale, que l’on ne naît pas syndicaliste, mais qu’on le devient ! Et qu’il existe des conditions qui favoriseront l’engagement syndical des jeunes. Ce qui ressort en premier lieu des recherches sur la question, c’est que le facteur le plus important serait celui de l’attitude d’engagement envers le syndicat. Cela peut notamment, mais pas exclusivement, découler de la « fréquentation » du monde syndical en dehors de la vie de travail, par exemple, à la maison où un père, une mère, une conjointe ou un conjoint syndicaliste alimente la discussion sur la chose syndicale. Je connais d’ailleurs plusieurs personnes, à la CSQ, qui sont la « fille de… » ou le « fils de… ». Ce n’est évidemment pas le seul facteur, heureusement ! Le syndicat pourra, pour d’autres, apparaître comme un lieu de socialisation ou de solidarité, en rupture avec l’individualisme ambiant. Pour certains, le syndicalisme serait un lieu d’expression politique. Cela renvoie, bien entendu, aux valeurs et à des pratiques syndicales axées sur la démocratie interne et l’information. La capacité 40 NouvellesCSQ Printemps 2007 Pierre Lefebvre des syndicats à prendre en compte et à satisfaire les intérêts des jeunes aurait certes aussi une influence positive sur l’intention de participer à la vie syndicale. Des facteurs personnels faciliteront ou limiteront le degré d’engagement. Ainsi, le statut d’emploi ou des facteurs liés à la vie privée (scolarité, responsabilités familiales ou non, attitude des proches, etc.) joueraient un rôle d’attraction ou de répulsion des jeunes à l’endroit de l’engagement syndical, selon le cas. Interrogé il y a quelques années sur la relève en chanson, Gilles Vigneault, avec la verdeur qu’on lui connaît, demanda à l’intervieweur : « Mais dites-moi donc, qui est tombé ? » On parle souvent, dans le milieu syndical, de la relève. Là aussi, on peut se demander qui est tombé… Quoi qu’il en soit, il faut admettre que ce sont tion d’une conférence qu’il prononçait lors d’un colloque sur « la gestion des âges » organisé par le département des relations industrielles de l’Université Laval, Christian Payeur, directeur de la recherche à la CSQ, rappelait que lorsqu’il a été élu à la présidence de la CEQ Yvon Charbonneau était âgé de 29 ans et qu’il négociait avec un premier ministre âgé, lui, de 33 ans ! Aujourd’hui, l’un et l’autre seraient fortement invités à faire un stage, pour le premier, au sein du Comité des jeunes de la CSQ, pour l’autre, à la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec ! PHOTO : FRANÇOIS BEAUREGARD Pierre Lefebvre Conseiller CSQ Lorsque Nouvelles CSQ m’a offert de contribuer au thème de ce numéro, je me suis demandé sous quel angle j’allais aborder la question des jeunes et du syndicalisme. Certes, j’ai commencé relativement jeune, devenant délégué syndical à 21 ans, membre du conseil d’administration de mon syndicat à 22, et de l’exécutif de ma fédération à 25. Aussi, mes cheveux qui tirent davantage sur le sel que sur le poivre On ne nait pas témoignent, au-delà de mon bagage syndicalisme, génétique, de quelques journées un peu plus longues que d’autres au cours on le devient ! de la dernière trentaine d’années. NCSQ_ 5/3/07 7:03 PM Page 41 S JEUNE Jeunes et syndicalistes ? Oui, c’est possible ! Véronique Brouillette Conseillère CSQ Les membres du Comité des jeunes de la CSQ font partie de ces personnes qui s’engagent à fond et qui croient que la voix des jeunes doit être entendue pour faire évoluer le syndicalisme. Les raisons qui ont motivé leur engagement sont différentes, mais une chose les rassemble : ils ont eu la piqûre du syndicalisme ! Pour... Jean-Simon Jean-Simon Carrier, 26 ans et enseignant au primaire à Saint-Hyacinthe, sa participation syndicale a débuté dès sa première année d’enseignement. « Au départ, je voulais surtout mieux m’intégrer à ma profession et surtout, bien connaître mes droits », dit-il. Très rapidement, il s’est engagé dans son syndicat local, il a participé aux activités et manifestations de la Centrale et est aujourd’hui un membre actif du Comité des jeunes. Son engagement dépasse nos frontières puisqu’il a été choisi pour effectuer un stage sur la démocratie en République démocratique du Congo. Patrick Patrick Jeannotte, 31 ans, est conseiller d’orientation au secondaire à Boucherville et papa de deux enfants en bas âge. Il a commencé à participer aux instances syndicales par simple curiosité au départ : « J’ai commencé à participer aux réunions de l’unité syndicale de ma commission scolaire, puis j’ai eu envie de savoir comment ça fonctionnait dans ma fédération et à la CSQ. » Patrick est d’ailleurs aussi engagé au sein de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE) qui est en train de former un comité et un réseau des jeunes professionnels de l’éducation. Geneviève Geneviève Guay, 28 ans, infirmière au Centre hospitalier de Trois-Rivières depuis neuf ans est mère de deux jeunes enfants. Elle milite au sein de son syndicat depuis décembre 2004. Sa participation au Comité des jeunes de la CSQ permet de donner le point de vue des jeunes qui travaillent dans le milieu de la santé. « La conciliation travail-famille-militantisme, je connais bien ça ! Chez les infirmières, les jeunes doivent composer avec des horaires de travail difficiles. » Brigitte PHOTOS : FRANÇOIS BEAUREGARD Karine Brigitte Larabée , 34 ans, est enseignante au secondaire au Témiscamingue et mère de deux adolescents. Elle apporte le point de vue des régions éloignées au Comité. Son implication a débuté il y a trois ans, alors qu’elle était déléguée à un Congrès de son syndicat. « J’ai eu la piqûre du syndicalisme quand j’ai constaté que les membres avaient un réel pouvoir d’influence. J’avoue qu’au départ, j’avais des préjugés, je croyais que tout était décidé « d’en haut », ce qui n’est pas le cas. » Depuis ce temps, elle est engagée à fond dans son syndicat et au Comité des jeunes. Karine Grimard, âgée de 35 ans, est enseignante au secondaire à Lac-Mégantic depuis 12 ans. Elle est la première déléguée de son école depuis plusieurs années, elle s’implique activement dans son syndicat et son comité des jeunes au local et elle assume un deuxième mandat au sein du Comité des jeunes de la CSQ. « La militance syndicale est une façon d’exprimer mes propres valeurs. Pour moi, le respect, la démocratie, la justice, l’égalité, ça ne doit pas demeurer au stade du discours. Ça doit se vivre et se concrétiser quelque part. Que je sois devant les enseignants de mon école, les membres du Conseil général ou les participants du Congrès, mes préoccupations sont les mêmes : bien saisir la portée des enjeux et faire le mieux possible le travail pour lequel j’ai été élue. » NouvellesCSQ Printemps 2007 41 NCSQ_ 5/3/07 7:03 PM Page 42 SOCIÉTÉ Lutter contre l’homophobie, combattre l’ignorance Caroline Tremblay Comité des droits des gais et lesbiennes de la CSQ L’homophobie est très présente dans toutes les écoles et les cégeps et sous diverses formes : violence psychologique, étiquetage, stigmatisation, harcèlement et même violence physique. La plupart du temps, cette violence est dirigée vers des jeunes qui se questionnent sur leur orientation sexuelle, des jeunes qui s’affirment comme gais, lesbiennes ou bisexuels ou, encore, vers des jeunes qui, par leur attitude, leur comportement ou leur tenue vestimentaire, dérogent des normes traditionnellement associées à la féminité ou à la virilité. À cause de leur vulnérabilité, les jeunes victimes développent un sentiment de honte, d’abord par rapport à eux-mêmes puis par rapport aux autres, ce qui provoque leur isolement, par crainte des réactions négatives de l’entourage. Ces jeunes ne peuvent se confier ni à leurs parents, ni à leurs amis, ni, souvent, aux intervenants parce qu’ils ne veulent pas être étiquetés comme homosexuels. Cet isolement et cette peur du jugement provoquent de l’anxiété, de l’absentéisme scolaire, des épisodes dépressifs et, pour certains, des idéations suicidaires. En effet, les jeunes hommes homosexuels se suicideraient de 3 à 6 fois plus souvent que les jeunes hommes hétérosexuels. « Cet isolement et cette peur du jugement provoquent de l’anxiété, de l’absentéisme scolaire, des épisodes dépressifs et, pour certains, des idéations Le 6 mars dernier, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) lançait le rapport du Groupe de travail mixte sur l’homophobie auquel la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a participé pendant plus d’un an. Parmi les problématiques présentées, le président du groupe de travail, M. Marc-André Dowd, vice-président suicidaires. » 42 NouvellesCSQ Printemps 2007 de la CDPDJ, déterminait le secteur de l’éducation comme étant prioritaire dans la lutte à l’homophobie au Québec. Le Comité des droits des gais et lesbiennes de la Centrale, depuis longtemps préoccupé par cette problématique, s’était déjà engagé, lors du congrès de 2003, à mettre sur pied deux tables de lutte à l’homophobie, l’une dans le réseau scolaire et l’autre dans le réseau collégial. Depuis janvier 2006, ces tables ont réuni les différents acteurs du milieu de l’éducation et du collégial afin d’échanger sur cette problématique et de mettre en place certains moyens de sensibilisation. Après avoir fait consensus, les dirigeants des différents organismes siégeant aux tables ont fait parvenir aux conseils d’établissements et aux conseils d’administration des collèges une lettre faisant état de leurs objectifs et les invitant à discuter de moyens d’action dans leur milieu. Dans toutes les consultations sur cette question, il est fait état de la nécessité d’informer, de former et de sensibiliser les diff érent s intervenants afin de les aider à agir en présence de manifestations homophobes dans leur pratique quotidienne. Les répercussions de l’homophobie peuvent être dramatiques pour certains jeunes ; aussi, il est primordial de s’interroger sur les moyens à adopter afin que ces manifestations diminuent. Premièrement, les directions d’école, les parents et les différents intervenants doi- REV p43 5/4/07 7:28 PM Page 1 vent être sensibilisés à cette problématique. Deuxièmement, une formation adéquate en matière de diversité sexuelle doit être offerte au personnel enseignant, professionnel et de soutien dans toutes les régions. De plus, les écoles devraient inclure, dans les règles de l’école et dans les programmes visant à combattre la violence et l’intimidation, des mesures visant à contrer spécifiquement les manifestations homophobes. Cette sensibilisation du personnel des écoles devrait favoriser une intervention constante et une politique de tolérance zéro envers les commentaires homophobes qui sont monnaie courante dans les corridors et les salles de classe. En n’intervenant pas, on banalise ces comportements et on les sanctionne indirectement. Cette année, la Fondation Émergence, initiatrice de la Journée nationale de lutte à l’homophobie, a choisi comme cible le milieu de l’éducation. Cette journée se tiendra le 17 mai 2007 sous le thème : On ne choisit pas son orientation sexuelle. Nous vous invitons à consulter le site Internet www.homophobie.org afin d’obtenir, pour cette journée, des suggestions d’activités portant sur la lutte aux préjugés et à la discrimination. Afin d’offrir un soutien à ces jeunes en détresse qui ne savent pas à quelle porte cogner, il est important d’inclure des ressources communautaires pour les jeunes gais et lesbiennes dans les agendas scolaires et d’insérer, dans les programmes des services professionnels, de l’information sur tous les types d’orientations sexuelles. Il faut aussi que les écoles travaillent en partenariat avec des organismes communautaires œuvrant à démystifier l’homosexualité dans les écoles. Tous ensemble, nous parviendrons à diminuer les manifestations homophobes dans nos milieux. Gardons en tête que la lutte contre l’homophobie est d’abord et avant tout un combat contre l’ignorance, les fausses croyances et les préjugés. Elle nécessite un long et patient travail de sensibilisation et d’éducation auprès des jeunes et de nos collègues. NCSQ_ 5/3/07 7:03 PM Page 44 OPINION Enseigner dans la violence est inacceptable Porteurs des idéaux qui les ont motivés depuis leur formation initiale, pourquoi tant de jeunes enseignants se questionnent-ils sur leur avenir et sur le sens de leur profession ? Richard Têtu Enseignant et membre du Syndicat de l’enseignement des Deux Rives. Il complète un doctorat sur l’autorité et les enseignants. Les impacts de la violence sur les enseignantes et les enseignants sont majeurs, particulièrement chez les moins expérimentés placés en situation précaire comme les stagiaires, les suppléants occasionnels et les contractuels. « Qu’est-ce qui m’arrive aujourd’hui, le plaisir d’enseigner n’y est plus ? », me confiait récemment un jeune collègue. Quel soutien accorder aux enseignantes et aux enseignants qui s’insèrent dans la profession ? Quel soutien donner à ceux que l’on croyait insensibles et qui, subitement, sont fragilisés par des paroles, des attitudes et des gestes brutaux ? Comment les accompagner sans banaliser les événements ? Par la fuite, le silence, le déni ? Nous connaissons tous des collègues volontaires et généreux qui écoutent et soutiennent pour conjurer la souffrance de leurs pairs. Mais au-delà de ce volontariat, il y a une nécessité d’éthique professionnelle pour tous. Dans la foulée de notre professionnalisation et appuyées par la Charte des droits et libertés de la personne, deux actions prioritaires et urgentes doivent être entreprises : une appropriation de la Déclaration de la profession enseignante1 et une sensibilisation de la violence faite aux personnels des établissements scolaires. La Déclaration de la profession enseignante m’interpelle pour la mise en place d’un mécanisme d’insertion professionnelle concernant la prévention de la violence dont sont victimes les collègues. Autour du « partage de connaissances et d’expérience », on ne peut échapper au principe de « la reconnaissance de la collaboration avec les collègues » et de « l’importance de la prévention et la lutte contre toute forme de violence ou de harcèlement ». À ce sujet, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a collaboré, il y a quelques années, à l’élaboration d’un programme 44 NouvellesCSQ Printemps 2007 de prévention de la violence faite aux personnels des écoles. On relira avec profit ce document2. On y retrouve les assises pour une meilleure compréhension du phénomène : la violence physique, le harcèlement moral et l’intimidation, ainsi que le rôle mésestimé des témoins. De plus, des scénarios de sensibilisation et de formation créent un contexte favorable à la discussion et à la transmission d’informations. « Apprendre à reconnaître la violence, savoir la dénoncer, mais surtout prendre en charge la prévention de la violence s’imposent pour améliorer notre Le gouvernement a annoncé son intention d’élaborer un plan d’action pour lutter contre la violence en milieu scolaire. Par contre, aucune mesu- P H O T O : M A R I E - C H A N T A L re concrète, aucune échéance et aucun budget n’ont été précisés. Les syndicats ne doivent pas attendre les mesures gouvernementales pour agir. Je souhaite que le syndicat de chaque établissement prenne l’initiative de convier les autres partenaires scolaires à se concerter pour lutter contre les diverses formes de violence. sécurité, notre bien-être, notre santé. » Il est impératif que les directions d’établissement s’engagent à faire respecter le code de conduite des élèves ainsi que les droits de l’homme et les libertés fondamentales de chacun. De même, les commissions scolaires doivent se doter d’une politique claire sur la violence en milieu de travail. Enseigner dans la violence est inacceptable. Apprendre à reconnaître la violence, savoir la dénoncer, mais surtout prendre LE BRETON en charge la prévention de la violence s’imposent pour améliorer notre sécurité, notre bien-être, notre santé. Nous devrons accélérer la cadence et conjuguer nos devoirs éthiques pour une édification d’une société pacifique, juste et égalitaire. Comme représentants des règles, des normes et des valeurs, il en va de notre autorité éducative dont les figures sont à affirmer. Pour réagir à cet article par courriel : [email protected] 1 http://fse.qc.net/stock/fra/ doc737-2332.pdf 2 http://dspq.qc.ca/publications/ STR_ViolenceMilieuscol_mars2003. pdf-Micros 5/4/07 8:35 PM Page 45 ÉVÉNEMENT Soufflons les bougies, gardons la flamme ! Colloque ADIM 2007 René Cockaerts Agent d’information FIPEQ Heureuses de fêter les dix ans de leur organisation, les membres des Alliances des intervenantes en milieu familial ont tenu un colloque chapeauté par la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) et présidé par Lorraine Pagé, ancienne présidente de la CSQ. Ensemble, elles ont tracé des pistes d’avenir. Les témoignages et les exposés de divers invités ont alimenté leur réflexion. Jean-Luc Harel, conseiller à la CSD1 et Micheline Dubé, présidente du RESSAQCSD2, ont conté les déboires de leur expérience d’association représentative à la suite de l’adoption de la loi 7. Cette loi s’est traduite par la désyndicalisation des ressources intermédiaires et de type familial, comme loi loi 8 qui a eu le même effet pour les responsables de service de garde (RSG). Jean Bernier, professeurchercheur du Département des relations industrielles de l’Université Laval, a exploré quelques avenues en vue d’améliorer la protection sociale des exclues Jean Bernier du Code du travail et a présenté différentes options qui s’offrent aux RSG. Frédéric Tremblay, conseiller à la CSQ, a offert un tour d’horizon des régimes de relations du travail hors Code du 10 ans ensemble PHOTO : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC travail et Raymond Legault, président de l’Union des artistes, a relaté la lutte des artistes pour l’obtention d’un régime de relations du travail qui leur est propre. Les participantes au colloque ont ensuite adopté une déclaration de principes visant à rétablir leur droit d’association et de négociation ainsi qu’à obtenir des conditions de travail et salariales décentes et un régime complet et accessible d’avantages sociaux. Une conférence de presse, particulièrement courue par les journalistes et les photographes, a rapporté les conclusions du colloque et a suscité de nombreux articles et entrevues dans les médias du Québec. 1 CSD : Centrale des syndicats démocratiques. 2 RESSAQ-CSD : Regroupement des ressources résidentielles adultes du Québec. Congrès triennal L’AENQ veut améliorer ses services de base aux membres Les 23, 24 et 25 mars dernier au Hyatt Regency de Montréal s’est tenu le Congrès triennal de l’AENQ regroupant 170 représentants officiels provenant de toutes les communautés cries et inuites du Nord du Québec. Le Congrès a été un franc succès. L’AENQ s’y est dotée des outils financiers (cure minceur pour le Congrès et hausse de cotisation) nécessaires pour assurer sa pérennité dans le contexte des hausses de coûts pour le transport aérien, pour les cotisations versées à la CSQ et ses fédérations, pour se prémunir contre le « qui perd paie » en arbitrage et pour combler le manque à gagner au chapitre de la péréquation. L’Association s’est également dotée d’une liste de priorités pour 2007-2010 très ambitieuse qui prévoit, entre autres, la syndicalisation d’autres salariés sur son territoire, la révision de son modèle de formation syndicale et l’amélioration des services de base offerts en langues autochtones à ses membres. Pour mettre leurs priorités en action, les congressistes ont réitéré leur confiance envers l’équipe du Comité exécutif en place pour le prochain mandat. Le président Patrick D’Astous a été réélu à la suite d’une chaude lutte. Finalement, la contribution de Tom Carter à l’Association, un ancien président décédé cette année, a été soulignée lors de la cérémonie d’ouverture par un hommage livré par Brent Tweddell, directeur des négociations nationales à la CSQ. La salle de réunion de l’AENQ portera désormais son nom en son honneur. NouvellesCSQ Patrick D’Astous Printemps 2007 PHOTO : FRANÇOIS BEAUREGARD NCSQ_ 45 NCSQ_ 5/4/07 8:36 PM Page 46 EVB Comment les riches détruisent la planète Un livre au titre provocateur et quelques entrevues plus tard, le Québec découvre Hervé Kempf, journaliste spécialiste des questions environnementales depuis près de 20 ans. Il collabore depuis 1998 au journal Le Monde et est l’auteur de plusieurs livres d’enquêtes dont La guerre secrète des OGM paru en 2003. Nous l’avons rencontré lors de son passage à Québec, où il venait présenter son dernier livre Comment les riches détruisent la planète au Salon international du livre. Son petit livre a l’effet d’un pavé dans la mare. En France, le livre a connu un énorme succès dès sa sortie, même si, comme il le dit lui-même « la majorité des médias a évité d’en parler ». Hervé Kempf ferait-il peur ? L’homme, assurément non, mais ses propos égratignent, sans complaisance, les « hyper riches » et tous ceux qui appartiennent à « l’oligarchie néolibérale », à cette « nomenklatura capitaliste » que l’auteur rend responsable et qui profite des crises écologique et sociale auxquelles nous faisons face. Un réquisitoire mené tambour battant contre l’idéologie néolibérale, qui prétend que le bonheur est dans la croissance, et pour tenter de « réanimer l’idée d’un destin collectif ». Il y aurait, selon lui, urgence à le faire, car tout indique « que si nous ne le faisons pas, nous courons à notre perte en tant qu’espèce ». Entrevue avec un infatigable dénonciateur d’un monde en quête de sens. 46 NouvellesCSQ Printemps 2007 PHOTOGRAPHE JANOUK MURDOCK Alexandre Archer Journaliste gique et du mouvement social. Ensuite, il me semble que depuis plusieurs années, disons depuis la contestation de l’OMC à Seattle en 1999, le balancier a commencé à revenir dans le bon sens, et l’idéologie néolibérale est, au moins dans les esprits, en retrait. Il faut aussi continuer à réinvestir le terrain politique, celui du débat, de la discussion, dont on a cherché à nous détourner depuis quinze ans. Il me semble bien que la société, de plus en plus soumise aux chocs de l’écologie et à la réalité de l’injustice sociale, va continuer à se réveiller, à se remettre en mouvement. A.A. : Quel rôle peuvent y jouer les jeunes, les enseignantes et les enseignants et les syndicats ? Pour que la société se remette en mouvement, il est nécessaire que les trois catégories d’acteurs que vous avez nommées soient présentes. Les jeunes ont un rôle essentiel parce qu’ils possèdent la capacité d’offrir de nouvelles perspectives d’avenir. Les enseignantes et les enseignants ont la grande responsabilité de préparer ces mêmes jeunes à être des acteurs responsables et impliqués. Mais pour cela, il faut leur en donner les moyens. Quant aux syndicats, ils représentent une force essentielle au mouvement social qui est en marche, même si, au cours des dernières décennies, ils ont vu leurs effectifs diminuer. Soyons optimistes, mais attentifs malgré tout. Hervé Kempf Alexandre Archer : Monsieur Kempf, connaissez-vous le Réseau des écoles vertes Brundtland au Québec ? Hervé Kempf : Je ne connais pas le Réseau en tant que tel, mais Mme Brundtland, oui, bien sûr. Je connais son action et je suis certain que les valeurs mises de l’avant au sein de ces écoles le sont pour un monde plus écologique et plus juste. A.A. : Au-delà de la dénonciation, comment établir un rapport de force avec les riches ? H.K. : Tout d’abord, il est important d’avoir un diagnostic clair de la situation : le fait d’articuler nettement crise écologique et crise sociale va dans ce sens ; il peut notamment conduire à réunir les forces trop souvent séparées du mouvement écolo- En attendant, on relira dans l’urgence Comment les riches détruisent la planète. NCSQ_ 5/7/07 2:34 PM Page 47 Colloque « Faisons notre juste PAR » Les politiques d’achat responsable démystifiées Marie-Noëlle Roy PHOTO : JEAN-FRANÇOIS LEBLANC Véronique Brouillette Conseillère CSQ L’environnement est dans l’air du temps et c’est tant mieux. Plusieurs institutions, organisations et entreprises se dotent de règles de conduite plus écologiques, adoptent des politiques « vertes », « responsables » ou « éthiques » qui visent à acquérir des pratiques plus respectueuses de l’environnement et de la société. Mais comment se retrouver dans la pléthore de ces expressions ? Comment traduire des idéaux en outils concrets utilisables dans nos milieux ? Que doit contenir une politique d’achat responsable par rapport à une politique environnementale ? Le colloque « Faisons notre juste PAR » organisé par le Centre international de solidarité ouvrière (CISO), la Coalition québécoise contre les ateliers de misère (CQCAM) et par la Coalition étudiante Trans-Actions responsables (CÉTAR) et qui s’est tenu les 26 et 27 avril dernier visait en partie ces objectifs. Selon MarieNoëlle Roy, coordonnatrice à la CQCAM, « le colloque s’inscrit dans une perspective plus large ; il s’agit d’une première discussion sur les politiques d’achat res- pendante et à tout moment ». ponsable (PAR) dans l’objectif de pousser les gens à agir dans leur milieu. Les PAR constituent un moyen parmi d’autres de limiter les effets des délocalisations des emplois et de contrer la prolifération des ateliers de misère. Si les droits des travailleuses et des travailleurs sont respectés d’un bout à l’autre de la chaîne de production et qu’ainsi ils sont traités et payés justement, les entreprises risquent de moins privilégier les délocalisations, car cela ne leur sera plus autant profitable ». Le colloque aura donc permis de démystifier ce qu’est une politique d’achat responsable, mais il reste encore beaucoup de travail à faire ! La CQCAM entreprend une recherche qui fait l’état de la question au Québec et travaille à l’élaboration de guides pratiques adaptés à différents milieux qui devraient être disponibles en 2007-2008. Et concrètement, une politique d’achat responsable devrait ressembler à quoi ? Selon Marie-Noëlle Roy, « une telle politique devrait exiger trois choses : que les produits vendus aient été fabriqués dans des conditions de travail acceptables, que les lieux de fabrication de ces produits soient révélés à l’institution et que les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs puissent être vérifiées de façon indé- Le mouvement des Établissements verts Brundtland contribuera à alimenter la question en diffusant les résultats d’un sondage maison qui a été lancé sur la question des PAR dans les établissements d’enseignement. On constate que très peu de commissions scolaires et d’établissements d’enseignement se sont dotés d’une politique d’achat responsable, mais que plusieurs souhaitent le faire. Un dossier à suivre… NCSQ_ 5/3/07 7:05 PM Page 48 EVB Une expérience qui change la vie Luc Allaire Conseiller à la recherche à la CSQ « Je ne m’attendais certes pas à ce que j’ai vu lorsque je me suis retrouvé à Banda Aceh », a déclaré Martin Jones, 17 ans, originaire de Grande-Bretagne à son retour de la visite organisée par l’Internationale de l’Éducation (IE) dans les régions affectées par le tsunami à Banda Aceh. Martin et 11 autres étudiants en provenance de Grande-Bretagne, du Japon, d’Australie et des Pays-Bas, âgés de 17 à 24 ans, ont participé à ce voyage avec leurs professeurs, à Aceh en Indonésie, du 19 au 24 février 2007. Des élèves d’une école primaire reconstruite par l’IE. PHOTO : LUC ALLAIRE Tous les étudiants choisis provenaient d’écoles qui ont contribué au Fonds de solidarité de l’IE pour le Programme de réhabilitation du tsunami afin qu’ils soient sur le terrain pour assister au processus de reconstruction. Avec une petite équipe de seulement six personnes, Jérôme Fernandez est responsable de la coordination de ce programme en Indonésie. Jusqu’ici, beaucoup de travail a été accompli, malgré des conditions extrêmement difficiles. Dix-huit écoles ont été reconstruites, il y en aura 28 au total. Plus de 3500 élèves – des orphelins en majorité – reçoivent une allocation pour les aider à aller à l’école et reprendre une vie normale après l’expérience traumatisante qu’ils ont vécue. Plus de 300 professeurs ont suivi un programme de formation post-traumatique. Ce voyage a dépassé les attentes de tous les étudiants et a été perçu comme une expérience qui a changé leur vie. « J’espère que j’aurai la chance de revoir un jour ces visages d’enfants remplis d’enthousiasme et d’espoir », a affirmé Angela Jones, une étudiante anglaise. Phuoc Huyng d’Australie a résumé son expérience par ces mots : « Ce voyage m’a permis de m’ouvrir les yeux sur une nouvelle réalité et il m’a fait apprécier beaucoup de choses. » Luc Allaire, conseiller à la CSQ, a également été invité par l’IE à participer à ce voyage afin de réaliser une vidéo qui sera présentée au Congrès de l’IE, en juillet prochain. Carrefour de la citoyenneté responsable 2007... Louise Pettigrew Conseillère CSQ Placé sous la présidence d’honneur de la Commission canadienne de l’UNESCO, le Carrefour de la citoyenneté responsable (CCR) est un événement annuel Établissements verts Brundtland de la CSQ (EVB-CSQ) qui vient souligner la contribution exceptionnelle des jeunes et des adultes engagés en éducation pour un avenir viable. Le Carrefour s’inscrit dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable (2005-2014). #(!.'%2,%-/.$% MOIJEMBARQUE #ARREFOUR DELACITOYENNETÏ RESPONSABLE ,ESETMAI 1UÏBEC Date, lieu et thème 2007 Pour sa quatrième édition, le Carrefour mettra en valeur les projets d’engagement des jeunes de toutes les régions du Québec, réalisés dans le cadre de l’activité pédagogique S’investir dans nos communautés… en citoyens du monde ! L’événement aura lieu à l’école Wilbrod-Bherer de Québec, les 17 et 18 mai 2007. Le thème de cette année est : #(!.'%2,%-/.$% MOIJEMBARQUE « Changer le monde », parce qu’il s’agit d’un projet porté par la jeunesse engagée dans les valeurs d’écologie, de pacifisme, de solidarité et de démocratie. 48 NouvellesCSQ Printemps 2007 « Moi, j’embarque ! », parce que pour réaliser ce projet, il faut se joindre aux autres et passer à l’action et parce que cet événement se terminera par la descente en rabaskas de la rivière Saint-Charles, en collaboration avec l’organisme Rivière Vivante. Imaginons des dizaines et des dizaines de rabaskas aux couleurs des EVB qui rament dans le même sens… Les partenaires Le CCR est organisé par un comité réunissant de fidèles partenaires qui se joignent aux EVB : Oxfam-Québec, CLUB 2/3 et RECYC-QUÉBEC. S’ajoute à ce comité un représentant des syndicats CSQ où a lieu l’événement. Cette année, le Conseil syndical de la région de Québec est partenaire de l’événement. Le comité organisateur peut compter également sur la présence d’un représentant du Comité des retraités Brundtland. Plus de trois cents personnes sont attendues à ce grand rendez-vous annuel dont les détails au sujet de l’inscription et de l’horaire détaillé sont sur le site des Établissements verts Brundtland, au www.evb.csq.qc.net NCSQ_ 5/7/07 2:26 PM Page 49 LA CSQ EN ACTION La CSQ appuie la réforme de l’assurance emploi Jack Layton, Réjean Parent et Gilles Duceppe En conférence de presse à Ottawa, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ ) a joint sa voix à celles des autres centrales syndicales et des groupes de chômeurs pour saluer la réforme majeure du programme d’assurance emploi mise de l’avant par les trois partis d’opposition à la Chambre des communes. PHOTO : FRED CHARTRAND, PRESSE CANADIENNE Dégel des frais de scolarité La CSQ manifeste avec les étudiants À la veille des élections provinciales, une centaine de personnes déléguées de la CSQ réunies en Conseil général sont venues prêter main-forte à divers groupes d’étudiants qui manifestaient pour maintenir l’accessibilité aux études supérieures. La manifestation a débuté au parc Émilie-Gamelin pour ensuite se déplacer jusqu’au bureau du premier ministre au centre-ville de Montréal. Quelques centaines d’étudiantes et d’étudiants des cégeps et des universités se sont réunis pour manifester leur opposition à la volonté du gouvernement de procéder au dégel des frais de scolarité qui, selon eux, aurait pour effet de réduire l’accessibilité aux études et d’accroître l’endettement étudiant. « Si le Québec veut garder sa place sur l’échiquier mondial et continuer de progresser, il faut investir massivement en éducation postsecondaire. Il faut aussi s’assurer que tout jeune qui souhaite aller à l’université, qui en a la volonté et les capacités, pourra y accéder, indépendamment de son milieu d’origine. C’est ce qu’on appelle l’accessibilité aux études, et ça, ça passe par le maintien du gel des frais de scolarité », a conclu Christian Bélair, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, au terme de la manifestation. Le projet de loi C-269, initialement présenté par le Bloc québécois et maintenant appuyé par les deux autres partis d’opposition, vise à rétablir les droits de milliers de chômeurs à des prestations plus équitables. Rappelons que moins de 50 % des chômeurs ont présentement droit à des prestations d’assurance emploi. C’est là une des raisons majeures pour laquelle des milliers de Canadiens se trouvent chaque année dans une situation de pauvreté. « Cette formule de compromis concerne des points sensibles tels la diminution de 70 heures des critères d’admissibilité, l’élimination du délai de carence, l’ajout de cinq semaines de prestations et la couverture augmentée de 55 % à 60 % du salaire assurable, calculée sur les 12 meilleures semaines. Les travailleurs qui perdent leur emploi, mais également les travailleurs saisonniers devraient y trouver un certain répit », a indiqué le président de la CSQ, Réjean Parent. Projet de loi 142 (loi 43) Le Syndicat de l’enseignement de Champlain a manifesté de façon originale son opposition au projet de loi 142 (aujourd’hui appelé loi 43) qui a mis fin abruptement aux négociations dans le secteur public. À l’occasion du Conseil général de la CSQ de mars, ce syndicat avait placardé, tôt le matin, des affiches demandant le retrait du projet de loi 142 sur les lampadaires de la Montérégie. De plus, le syndicat avait déroulé d’immenses affiches, bien en vue, sur les façades de certains édifices de la région de Montréal. Travailleuses en services de garde La CSQ demande de corriger l’injustice faite à leur endroit L’adoption de la loi 8, sous le bâillon en 2003, empêchant la syndicalisation des responsables de services de garde en milieu familial (RSG) a créé une grave injustice à l’égard de ces travailleuses qui n’ont droit à aucune forme de protection sociale. Elles ne peuvent même pas profiter de la mince protection des normes minimales du travail. Cette situation arbitraire suscite une vive insatisfaction à la CSQ qui compte maintenant interpeller le nouveau gouvernement de même que les partis d’opposition siégeant à l’Assemblée nationale pour qu’ils corrigent cette situation profondément inéquitable à l’égard de ces travailleuses. P H O T O S: F R A N Ç O I S B E A U R E G A R D NouvellesCSQ Printemps 2007 49 NCSQ_ 5/4/07 8:38 PM Page 50 LIVRES ET ACTIVITÉS Les droits des enseignantes et enseignants à statut précaire La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) vient de rééditer son guide du personnel à statut précaire. Cette brochure vise à fournir des réponses concrètes aux nombreuses questions que les enseignantes et les enseignants nouvellement arrivés dans la profession se posent. On y explique non seulement les droits découlant de la convention collective, mais aussi les droits issus de diverses lois. Un indispensable pour une entrée réussie dans l’enseignement. Ce guide est disponible au Centre de la documentation de la CSQ au coût de 2 $. Téléphone : 418 649-8888 Courriel : [email protected] Le cimetière du musée Diane Boudreau Le mouvement mondial des femmes Peggy Antrobus Dans ce livre qui retrace les origines du mouvement mondial des femmes, l’auteure, une militante féministe du Sud, rappelle la nécessité de donner au mouvement des femmes la place qui lui revient dans la mouvance altermondialiste actuelle. Les luttes pour la justice sont indissociables du mouvement des femmes et, pour l’auteure, il urge que toutes les militantes apprennent à se connaître, à se reconnaître et à dialoguer avec les autres. Disponible aux Éditions Écosociété dans la collection À contre-courant. Jeffrey fait de curieux rêves depuis qu’il a décidé d’effectuer une recherche sur un jeune Abénaquis enseveli au cimetière de Pointe-à-Callière. Il demandera à Rachel, sa meilleure amie, très bonne en dessin de personnages mangas, ces fameux dessins japonais, de combattre un monstre redoutable. Il consultera aussi Adélyre, sa grand-mère qui est experte en rituel funéraire. On entre rapidement dans l’action de ce roman destiné aux ados. On voit que l’auteure, une enseignante de français à la polyvalente ChanoineArmand Racicot de Saint-Jean-sur-Richelieu, connaît bien la réalité des autochtones. C’est du moins l’avis de Marie-Lee, une élève de l’école secondaire du Grand-Coteau à Sainte-Julie. Ce livre publié aux Éditions du Phoenix est aussi accompagné de fiches pédagogiques destinées aux enseignants. On peut trouver ces fiches sur le site de l’éditeur à l’adresse suivante : http://www.editionsduphoenix.com/francais/ados.html Écodesign : des solutions pour la planète Nancy J. Todd Il est possible de modifier l’impact de l’activité humaine sur la biosphère ; des solutions existent et sont à notre portée. Ce livre publié aux Éditions Écosociété en témoigne et donne des outils concrets mis au point par différents chercheurs pour permettre aux humains de vivre en harmonie avec leur environnement en tentant de réduire leur empreinte écologique. Ma plus belle histoire Dans ce livre publié par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), plusieurs élèves de l’éducation des adultes acceptent de se révéler en participant à une activité d’écriture. Dans ce recueil, on découvre de beaux témoignages, mais on fait aussi la connaissance de personnes passionnées, animées par la volonté de prendre une part active à notre société. Pour découvrir la passion, celle qui élève les âmes aux grandes choses de l’amour des mots, Ma plus belle histoire est un rendez-vous avec les petits bonheurs de la vie. Disponible au Centre de documentation de la CSQ. Téléphone : 418 649-8888 Courriel : [email protected] 50 NouvellesCSQ Printemps 2007 NCSQ_ 5/3/07 7:07 PM Page 51 Une petite contribution au REER du Fonds à chaque paie, c’est tout ce que ça prend pour profiter du RAP*. EXEMPLES DE RETENUES SUR LE SALAIRE AVEC RÉDUCTION D’IMPÔT IMMÉDIATE ANNÉE D’IMPOSITION 2007 REVENU IMPOSABLE DE CONTRIBUTION PAR PAIE ÉCONOMIE D’IMPÔT (APPROX.) CRÉDITS + REER PAIE NETTE RÉDUITE (APPROX.) 29 291 $ à 37 178 $ 20,00 $ 50,00 $ 6,00 $ 15,00 $ 6,58 $ 16,45 $ 7,42 $ 18,55 $ 37 179 $ à 58 595 $ 20,00 $ 50,00 $ 90,00 $ 6,00 $ 15,00 $ 27,00 $ 7,68 $ 19,20 $ 34,56 $ 6,32 $ 15,80 $ 28,44 $ 58 596 $ à 74 357 $ 20,00 $ 50,00 $ 90,00 $ 6,00 $ 15,00 $ 27,00 $ 8,48 $ 21,20 $ 38,16 $ 5,52 $ 13,80 $ 24,84 $ Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à communiquer avec la responsable locale ou le responsable local (RL) du Fonds dans votre milieu de travail. Pour des questions se rapportant au réseau RL, communiquez avec Pierre Tellier, coordonnateur CSQ au Fonds. * Même si vous avez « rappé » auprès d’une banque ou d’une caisse, vous pouvez verser vos remboursements annuels dans le REER du Fonds et ainsi profiter d’un crédit d’impôt de 30 % sur les montants remboursés. 1 800 567-FONDS www.fondsftq.com La valeur de l’action fluctue. Pour des renseignements détaillés sur les actions du Fonds, consultez le prospectus disponible à nos bureaux. NCSQ_ 5/3/07 7:07 PM Page 52