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DOSSIER ENSEIGNANTS NOTIONS GÉNÉRALES NOTIONS PAR NIVEAU L’exposition permet une approche sensible et pédagogique de la photographie dans le cadre des disciplines générales et artistiques et de l’histoire des arts autour des notions : PREMIER DEGRÉ • Dispositifs de présentation et de représentation • La matérialité et la technique • Œuvre, filiation et ruptures • Le chemin de l’œuvre • Figuration et temps conjugués La visite de l’exposition, le contact direct avec les œuvres exposées, le travail sur un questionnaire élaboré en relation avec le service éducatif permettent d’aborder et d’interroger un ensemble de notions au programme des classes du premier degré au lycée et de travailler les compétences du socle commun. Compétences développées lors de la visite de l’exposition et de son exploitation en classe : • Découvrir et explorer un centre d’art • Développer sa sensibilité artistique au contact des œuvres • Décrire les œuvres en utilisant un vocabulaire spécifique • Exprimer ses émotions et préférences face à une œuvre d’art, en utilisant ses connaissances • Apprendre à se déplacer en s’adaptant à l’environnement • Mobiliser ses connaissances pour parler de façon sensible des œuvres d’art • Utiliser des critères simples pour aborder ces œuvres, avec l’aide des enseignants • Identifier les œuvres étudiées par leur titre, le nom de l’auteur, l’époque à laquelle cette œuvre a été créée • Échanger des impressions dans un esprit de dialogue. La visite et le travail réalisé à cette occasion s’inscrivent dans le parcours artistique et culturel et le « cahier culturel » de l’élève... COLLÈGE Cette exposition permet une approche sensible et pédagogique des arts plastiques et visuels d’aujourd’hui autour de problématiques contemporaines qui intéressent l’histoire, la géographie, les lettres, les sciences, la philosophie, les arts plastiques. • L’objet et l’œuvre • Les images et le réel • L’espace et les œuvres • L’espace, l’œuvre et le spectateur Et de façon pluridisciplinaire l’histoire des arts : • Thématique « Arts, espace, temps » : l’œuvre d’art et l’évocation du temps et de l’espace, l’œuvre d’art et la place du corps et de l’homme dans le monde et la nature • Thématique « Arts, techniques, expressions » : l’œuvre d’art et l’influence des techniques • Thématique « Arts, ruptures, continuités » : l’œuvre d’art et sa composition ; modes (construction, structure, hiérarchisation, ordre, unité, orientation, etc.) ; effets de composition / décomposition (variations, répétitions, séries, ruptures, etc.) ; conventions (normes, paradigmes, modèles, etc.). LYCÉE La visite de l’exposition, le contact direct avec les oeuvres exposées, permettent d’interroger un ensemble de notions au programme du lycée et particulièrement : • La question de la présence ou l’absence du référent • La question de la relation de l’image au temps • L’élaboration matérielle et la conception de monstration • Les relations de perceptions sensibles entre l’œuvre et le spectateur 1.INTRODUCTION Avant-propos L’exposition Parcours biographique Les salles d’exposition 2. TEXTES Textes de Paul Ardenne 3. PARCOURS DANS L’EXPOSITION Le chemin de l’œuvre Objets/éléments/actions Sculpture temporelle 4. ATELIERS Écriture Création plastique 5. ÉCHOS DANS L’HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE Richard Serra Steve McQueen Harold Edgerton Fischli et Weiss Jean Tinguely 6. ENTRÉES DISCIPLINAIRES Arts plastiques • Happening, performance, action, art événementiel • Sculpture et temps • Surréalisme • Art et nature Sciences : expériences scientifiques Philosophie : Bachelard et les images 7.BIBLIOGRAPHIE Quelques livres disponibles au centre d’art Bibliographie sélective autour de l’exposition Bibliographie générale 8. INFOS PRATIQUES 1. INTRODUCTION L’EXPOSITION Conçue avec Roman Signer, l’exposition réunit trois ensembles. Rarement exposés, vingt dessins donnent à voir la conception de quelques-unes de ses œuvres. À l’encre de Chine sur papier, peint à l’aquarelle, ils ont été réalisés entre 1974 et 1987. AVANT-PROPOS Depuis plus de quarante ans, Roman Signer combine des éléments naturels (eau, air, feu, sable…) avec des objets manufacturés (parapluies, fusées, véhicules, seaux…) pour produire ce qu’il appelle des « événements ». Souvent d’abord dessinées avant d’être réalisées, documentées par la photographie et le film, ses œuvres produisent des interactions qui modifient l’état ou la fonction de leurs composants. Comme nombre d’artistes ayant débuté dans les années 1970, Signer associe étroitement œuvre et activité, en proposant avant tout des expériences spécifiques de l’espace et du temps. Il s’est néanmoins tenu à l’écart des courants artistiques répertoriés pour bâtir un univers poétique, entre petits moyens et grands effets, comique et concentration. Partant toujours d’une idée pour régler ensuite méticuleusement sa mise en forme, Signer n’est pourtant pas un artiste « conceptuel ». Ces œuvres sont plutôt des pensées devenues réalité qui suscitent l’étonnement. De même, s’il intervient souvent dans ses films, il récuse le terme de « performance ». Car le spectateur ici n’est pas face à l’artiste au centre de la scène ; il assiste à une expérience qui semble avoir été conçue par un étrange inventeur anonyme. Signer se définit lui-même comme sculpteur. Bien qu’il réalise des objets et des installations permanentes, la déclaration peut surprendre venant d’un artiste qui travaille sur l’éphémère et le mouvement. Elle engage à concevoir la sculpture comme une série d’actions sur différents matériaux, leur transformation au cours d’un processus. Plus qu’un individu nanti d’un discours ou d’un style, Signer fait fonction de catalyseur d’imagination et d’action. DOSSIER ENSEIGNANT / INTRODUCTION Associant mécanismes, explosions et éléments naturels, huit films datés des années 2000 leur font écho. Ils sont simultanément projetés en permanence sur les murs de l’exposition. Enfin, une installation dédiée à Cherbourg met en scène des parapluies suspendus par des filins au-dessus de seaux remplis de sable. Seul un parapluie chutera le soir du vernissage ; les autres attendront la fin de l’exposition. PARCOURS BIOGRAPHIQUE Racontées par Signer, ses années de formation dessinent un parcours à la fois inattendu et logique. Né en 1938 dans le village d’Appenzell en Suisse, il devient apprenti dans une usine de radios-magnétophones dont il est immédiatement renvoyé pour avoir détruit par erreur le modèle dernier cri. Jugé « bon à rien » (traduisons « génial touche-à-tout »), le jeune homme travaille ensuite dans une usine de cocottes-minute où il pointe systématiquement en retard… Signer parvient enfin à suivre des cours d’architecture et de sculpture. En 1971, à la faveur d’une bourse, il part un an à l’École des beaux-arts de Varsovie. Dans ce pays si différent dont il ne parle pas la langue, il découvre Kantor, Opalka, le cinéma polonais ; et, à travers les revues d’art venues de l’Ouest, le minimalisme, Bruce Nauman, Dan Graham. De retour en Suisse, il expose pour la première fois en 1973 : « Je n’ai jamais été un jeune artiste ! », dit-il en riant (on aurait envie d’ajouter qu’il l’était sans doute déjà e n fa nt et le r e st e aujou rd’hu i e nc or e à soixante-dix-sept ans). Vivant depuis des années à Saint-Gall où est installé son atelier-laboratoire, Signer travaille en collaboration avec sa femme Aleksandra et son neveu Tomasz, comme lui artistes-bricoleurs, nés en Pologne. 4 LES SALLES D’EXPOSITION SALLE 1 Schémas / dessins SALLE 2 Installation / actions La plupart des événements et installations de Signer sont précédés de dessins. Ceux présentés dans l’exposition s’échelonnent du milieu des années 1970 (peu avant qu’il ne se mette à filmer ses « événements ») au milieu des années 1980 (lorsque des spectateurs commencent à y être conviés). Des parapluies sont suspendus par des filins au-dessus de seaux remplis de sable. Seul un parapluie chute le soir du vernissage ; les autres attendront la fin de l’exposition. Ainsi, comme plusieurs œuvres de Signer, l’installation met en jeu un processus temporel, matériel mais aussi mental. Face à elle, le spectateur est conduit à former des hypothèses quant à ce qui a eu lieu et pourrait advenir. Première étape de travail, les dessins peuvent préf igurer les tests qui ser viront à vérif ier le bon fonctionnement de l’idée. Comme en laboratoire, ils indiquent sur l’espace abstrait de la feuille les matériaux et les mouvements envisagés. Pourtant, cette apparence scientif ique est compliquée par l’aspect r udimentaire de certains (plutôt esquisses de choses « à ne pas oublier »), ou la qualité esthétique d’autres (davantage « études de détail » pour une œuvre monumentale à venir). Une telle ambivalence est à l’image du travail de Signer, à la fois fugitif et précis, imaginatif et concret. Surtout, les dessins révèlent d’emblée une forme de rêverie scientifique, un état d’invention permanent. Ils fixent provisoirement une étape du processus, ils illustrent une combinaison parmi d’autres possibles. En ce sens, qu’ils débouchent ou non sur un événement, une installation, ils sont partie intégrante de l’œuvre. L’installation produit un détournement et un renversement : les objets manufacturés deviennent des éléments naturels tandis que les parapluies, ouverts en cas d’averse, restent suspendus et fermés. Dans les seaux, l’eau s’est changée en sable ; le mouvement arrêté suggère une transformation physique. « Beau […] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ! » Les vers célèbres de Lautréamont viendront peut-être à l’esprit du visiteur. Mais si l’on peut parler de surréalisme à propos de Signer, c’est au sens fort : la collision du hasard et de la nécessité, de la science et de l’ésotérique, de la peur et du rire – cette « beauté convulsive » dont parle André Breton. À défaut de constituer une menace directe, ces parapluies suspendus comme des épées au-dessus de nos têtes laissent planer une certaine inquiétude. Fidèle à certains objets et adepte du recyclage, Signer a réalisé d’autres œuvres avec des parapluies. Mais présentée à Cherbourg, cette installation prend évidemment un relief particulier. Elle rend hommage à une ville connue pour son climat changeant et pour le film que Jacques Demy y a tourné. Comme cette comédie musicale mélancolique, les parapluies de Cherbourg imaginés par Signer font aussi bien sentir la matérialité d’un lieu que le passage du temps. Roman Signer, Cascade, 1986, encre de Chine sur papier, peint à l’aquarelle DOSSIER ENSEIGNANT / INTRODUCTION 5 ÉVÈNEMENTS FILMÉS Souvent, on retrouve dans les films les mêmes éléments que dans les dessins et les installations, combinés de manière différente. À la manière des films burlesques du muet, un personnage central, des situations, des gestes sont déclinés suivant un mélange de savoir-faire et d’improvisation. Tout est mis en scène et tout est vrai. Volontiers impavide, Signer pourrait d’ailleurs évoquer la figure de Keaton, metteur en scène et interprète d’actions sans paroles. Certains événements filmés ont lieu en pleine nature. Néanmoins, ils ne relèvent pas, selon Signer, du land art ; ils ne marquent en effet pas le paysage, ils ne font que s’y dérouler. La nature, pour lui, est semblable à un vaste laboratoire-atelier. Ainsi, la frontière se brouillet-elle entre ville et campagne, comme les événements mêlent l’artificiel au donné. Les films ne gardent pas simplement trace des événements. Ils sont fondamentalement liés à eux : les événements se déroulent dans l’espace et le temps à mesure que la pellicule défile pour suivre le mouvement. Filmer permet de mieux observer un phénomène mais aussi d’enregistrer l’accident, car tout ne se passe pas toujours comme prévu… Réinventeur d’un cinéma des origines, Signer joue à la fois le rôle de l’ingénieur et du magicien. Roman Signer, photogrammes extraits de Start, 2014 Dossier de presse et livret de l’exposition « Tombés du ciel » de Roman Signer, Le Point du Jour, 2015 DOSSIER ENSEIGNANT / INTRODUCTION 6 2. TEXTES « L’installation matérialise un renversement, au sens propre comme au figuré : les parapluies ouverts qui protègent habituellement de la pluie, tombent fermés dans des seaux ; mais, à la différence de la pluie, les parapluies remontent pour retomber à nouveau. Ce qui intéresse Signer n’est pas l’événement ou l’action, mais un processus temporel. Le temps de l’installation est ponctuel : la chute des parapluies ne produit jamais exactement le même effet – le sable « réagit » différemment, le son change. C’est aussi un temps répétitif (effectif comme ici, ou potentiel dans d’autres cas – l’action pourrait être retirée). Signer organise l’imprévu et l’accepte. Il est autant question d’attente – avant et après l’événement – que d’action. Le temps comme flux mais aussi comme suspension. On pourrait même dire que le temps de l’œuvre commence avant même que l’œuvre existe – ce sont les croquis – et continue après qu’elle a existé – ce sont les films en partie (car ils sont pas que traces). Le processus temporel est un processus mental. Cela se manifeste en termes de méthode : Signer est une factory familiale qui ne s’arrête jamais. C’est aussi le sens profond de la récurrence des matériaux, des techniques et des « thèmes » dans son travail : il ne constitue pas un style ou un unité de pensée mais bien un flux mental continu, depuis l’enfance, pendant toute une vie. « La modernité, son heure venue, eut soin d’instituer un rapport toujours plus tendu entre art et temps. Aux temps hérités (le Tempus éternel du classicisme, le Tempus fugit des baroques), l’évocation du temps que privilégient les artistes modernes substitue une relation d’expérience : saisir l’instant dans DOSSIER ENSEIGNANT / TEXTES sa fugacité (l’impressionnisme), capter la vitesse (le futurisme), éprouver la présence à des fins esthétiques (Bruce Nauman, Dan Graham…). L’art le plus contemporain, pour sa part, déplace volontiers ce rapport incarné au temps, pour le rendre étranger à lui-même. Aux figures du temps « chronologique » éprouvé (enregistrement) ou rejoué (successivité, répétition, boucle…) qui ont fasciné les artistes modernes s’en surajoutent ainsi quelques autres, autrement complexes, plus troublantes aussi : la compression, l’extension, la superposition, le contretemps, la discontinuité, le contredit des conventions du temps. Bref, une appétence à « multipli-dimensionnaliser » le temps ou, plus exactement dit, la perception qu’en forme l’humain. L’installation de Roman Signer est à ranger dans cette dernière catégorie, celle des œuvres que détermine un Time factor insistant, dans ce cas problématique autant que ludique. Non pour dire la maîtrise, par l’homme, du temps, ni à l’inverse que l’on n’en est jamais maître : allégations pour scientistes, idéologues ou métaphysiciens que l’artiste, en la circonstance, laisse en jachère. Pour suggérer, plutôt, l’inéluctable de notre condition : parce que le devenir, envisagé comme l’envisage l’homme concret, est avant tout un compte à rebours. La métaphore de la chute, dans cette partie, prend tout son sens intime, qu’il paraîtra inutile de développer – notre chute dans le temps, notre mort, notre fin, toute cette matière grave dont on ne se guérit jamais mieux, sauf le suicide, que par le jeu et l’art, ces formes jumelles de la résistance vitale. » Paul Ardenne, « Playtime, Timeplay », in catalogue Roman Signer, Le Carré, Château-Gontier, 2004 7 3. PARCOURS LE CHEMIN DE L’ŒUVRE OBJETS/ ÉLÉMENTS/ACTIONS « Au départ, j’ai une envie, j’ai une idée, et je l’expérimente. Un ballon avec une chute d’eau, par exemple. J’ai envie d’aller dans tel lieu et de mettre en scène tel événement...J’ai toujours joué, avec les forces, les éléments. Mais pas dans le sens de Las Vegas. Ça aussi,c’est un Jeu : aller dans la nature, faire quelque chose, avec le risque de l’échec. Mais ce n’est pas la même chose que jouer aux cartes ou au domino. C’est un jeu élémentaire : je joue avec les forces de la nature, et ces forces peuvent m’abîmer. Je prends un risque ; c’est peut-être un lien avec la vie... ». « Il faut avoir un rapport authentique avec les objets. Je ne peux pas travailler avec n’importe quel objet. J’utilise déjà beaucoup de matériaux. Cela me suffit amplement. De temps en temps, un nouvel objet intervient. Mais je recherche toujours la réduction. Il y a beaucoup de matériaux différents dans mon travail : les bidons, les pots, les ballons, les seaux, etc... J’ai établi une liste avec tous les matériaux utilisés : le fer, le sable, la gomme, l’air, l’eau, le feu... c’était une longue liste. On peut aussi combiner des éléments : le feu avec le sable, le sable avec la fusée. » « La nature comme atelier », entretien avec Roman Signer par « La nature comme atelier », entretien avec Roman Signer par François Bovier, Hamid Taieb et Rachel Withers, in Roman Signer. François Bovier, Hamid Taieb et Rachel Withers, in Roman Signer. Films super-8 : la nature comme atelier, MētisPresses, Genève, 2014 Films super-8 : la nature comme atelier, MētisPresses, Genève, 2014 1 / Quel chemin propose l’exposition dans l’œuvre de Roman Signer ? 1 / Repérez dans l’exposition les différentes types de monstrations des objets ? Puis repérez les différents éléments présents dans l’exposition ? 2 / Décrivez plastiquement chaque étape de ce cheminement ? 3 / La posture du spectateur reste-t-elle la même pour chaque étape ? Expliquez ces différences. DOSSIER ENSEIGNANT / PARCOURS 2 / Comment inter-agissent-ils avec le ou les objets ? 3 / Roman Signer se présente comme « sculpteur ». Estvous d’accord avec cette assertion, expliquez ? 8 4. ATELIERS UNE SCULPTURE TEMPORELLE ? ÉCRITURE « Dans les années 1970, j’ai réalisé un catalogue qui s’intitulait Schnelle Verinderungen, Fast changes. C’était une chose importante pour moi. Quelque chose se prépare, s’accumule lentement, et, en une seconde, tout se modifie. Une autre forme apparaît, ou alors une destruction survient. C’est aussi de l’ordre du choc, lorsque tout change aussi rapidement. Par la suite, autre chose apparaît. Il y a le passé, le moment présent, et le fait accompli. » La classe est divisée en deux groupes : un groupe découvre l’installation pendant que l’autre découvre les croquis et les films. Le premier groupe doit expliquer à l’autre l’installation à l’aide de croquis. Il rédige un texte qui présente l’installation pour découvrir ensuite l’œuvre de Roman Signer. « La nature comme atelier », entretien avec Roman Signer par François Le dialogue entre les deux groupes doit permettre de confronter l’expérience que constitue la découverte d’une installation d’art contemporain. Bovier, Hamid Taieb et Rachel Withers, in Roman Signer. Films super-8 : la nature comme atelier, MētisPresses, Genève, 2014 CRÉATION PLASTIQUE 1 / Roman Signer considère le temps comme un des matériaux de ces œuvres ? Comment en joue-t-il dans les différentes parties de l’exposition ? 2 / Distinguez les différents types de temps présents (dilatation, attente, bref, illimité…) 3 / Comment « fonctionne » l’installation ? De la répétition et de l’imprévu ? Expliquez. Mettez en scène, dans une installation, dans un séquence photographique, dans une vidéo : un parapluie, un seau et un des quatre éléments. Dans un premier temps, élaborez une série de croquis qui permettra de mettre en œuvre le projet. Réalisez le. Pour finir, prévoyez différents modes d’enregistrement de cette installation : séquence photographique, vidéo, croquis... DOSSIER ENSEIGNANT / PARCOURS - ATELIERS 9 5. ÉCHOS DANS L’HISTOIRE DES ARTS RICHARD SERRA HAND CATCHING LEAD, 1968 Les échos proposés permettent d'établir des liens entre le travail de Roman Signer tel qu'il est montré à travers l'exposition et des artistes dont il s'inspire, qu'il " influence " ou aux démarches artistiques proches : « Le film de Richard Serra, Hand Catching Lead, 1968, présenté pour la première fois en 1969 dans l’exposition « Anti-Illusion. Procedures/Materials », s’offre comme une métaphore du ruban filmique. Le dispositif est simple : des feuilles de plomb tombent régulièrement dans le champ de la caméra, tandis que la main de l’artiste tente de les attraper. Les premières, par leur chute répétée et verticale, évoquent le mouvement de la pellicule ; la main de l’artiste figure les barres transversales du cadre qui disparaissent avec l’accélération du défilement. Au fur et mesure de cette scansion répétitive, la main s’obscurcit et s’apparente à une ombre chinoise. Hand Catching Lead réaffirme une narration potentielle au coeur même de la matière filmique. Richard Serra « reconstitue, à main nue – d’une seule main en fait –, la séance de cinéma », écrit Philippe-Alain Michaud (catalogue Le mouvement des images, p. 8). Il montre que le processus cinématographique n’a besoin que des conditions rudimentaires pour créer des images se suffisant à elles-mêmes. Il rejoint le travail de Stan Brakhage qui, depuis les années 1950 jusqu’à aujourd’hui, réalise des films émouvants et sensuels sans avoir recours à la fiction : dans Chartres series, 1994, par exemple, la pellicule, d’abord utilisée pour filmer les vitraux de la cathédrale, puis repeinte, devient un jeu de transparence et d’opacité d’où naît un étonnant effet onirique. » Richard Serra, une aporie narrative au cœur même de la matière filmique. Harold Edgerton, un photographe entre sciences et art. Steve McQueen, une installation immersive qui interroge le cinéma et ses conventions. Fischli et Weiss, instabilité et permanence des objets. Jean Tinguely, la sculpture, entre provocation et dérision. « Le mouvement des images : accrochage 2006 », dossier pédagogique, Centre Pompidou, 2006 Richard Serra, Hand Catching Lead, 1968 Film cinématographique 16 mm noir et blanc, silencieux, durée 3 mn. © DR DOSSIER ENSEIGNANT / ÉCHOS DANS L’HISTOIRE DES ARTS 10 HAROLD EDGERTON Rachel Withers : Vous avez (...) réalisé une installation à New York intitulé En attendant Harold Edgerton. Roman Signer : C’était une pièce sur Edgerton, un scientifique américain qui a inventé la photographie high-speed. Tout le monde connaît les photos qui en sont tirées. Par exemple, une pomme est traversée par une balle ; sur la photo, la balle est sortie de la pomme qui n’a pas encore complètement explosé. Dans une chambre, j’ai donc suspendu une pomme au plafond, en attendant Harold Edgerton. RW : L’une des photographies les plus connues est celle qui représente une goutte de lait qui forme une corolle en tombant . RW : Je pense que la notion de « contrôle du produit » est importante dans votre travail. Vous cherchez à éprouver la résistance des objets, leur dernière résistance. RS : Il y a des artistes qui sont scientifiques. Mais ce n’est pas mon cas. Il y a une frontière que je ne franchirai jamais. Je ne veux pas être un scientifique ; je suis un joueur, un artiste, mais pas un scientifique. « La nature comme atelier », entretien avec Roman Signer par François Bovier, Hamid Taieb et Rachel Withers, in Roman Signer. Films super-8 : la nature comme atelier, MētisPresses, Genève, 2014 François Bovier : Il y a une dimension expérimentale aussi dans vos films dans le sens premier du terme. Il s’agit d’une expérimentation en laboratoire, dont l’effet produit est poétique. Roman Signer : On peut parler de sculpture. FB : Donc, les films scientifiques vous intéressent. RS : Oui, ils proposent de belles images. Mais contrairement à moi, Edgerton était un scientifique, un chercheur. FB : Cela ne fait aucun doute, mais les films scientifiques ont pu être considérés sous un autre angle. Les films de recherche scientifique ont pu être perçus comme des œuvres poétiques, malgré l’intention de leurs réalisateurs. On pourrait toutefois penser que c’est ce modèle qu’il faut mobiliser pour appréhender vos films, plutôt que l’exemple des performances d’atelier. Par certains aspects, votre travail est plus proche d’un film scientifique que d’une performance d’atelier, c’est-à· dire d’un artiste qui réalise une performance pour la caméra. RS : Aussi, chez moi, vous ne verrez presque jamais d’accéléré. Je n’ai que très rarement travaillé avec une caméra high-speed, la dernière fois, il y a peu de temps, à la Biennale de Shanghai en 2012. Il y a peut-être une relation entre le cinéma scientifique et mon travail. Je comprends bien la fascination qu’il peut y avoir pour l’esthétique dans ces expérimentations. Harold Edgerton, Shadowgraph d’une balle en vol utilisant le procédé Edgerton (Shadowgraph of bullet in flight using Edgerton's equipment) © DR DOSSIER ENSEIGNANT / ÉCHOS DANS L’HISTOIRE DES ARTS 11 STEVE MCQUEEN DEADPAN, 1997 « Deadpan se traduit en français figuré par « pincesans-rire », qui désigne à l’origine un jeu, puis une personne pratiquant l’humour et l’ironie à froid. La référence à Buster Keaton explique ce terme pour une part, puisque, dans cette installation, Steve McQueen s’inspire et décline une partie de la séquence de la tempête de Steamboat Bill Junior (1928) pendant laquelle une façade de maison en bois s’abat sur le comédien, protégé « miraculeusement » par l’embrasure d’une fenêtre ouverte. La vidéo est projetée sur un vaste écran de trois mètres sur quatre occupant un mur entier d’une salle obscure, dont le sol brillant réfléchit l’image, créant ainsi une pliure de symétrie. Comme souvent dans le travail de Steve McQueen, le spectateur est amené à marcher littéralement dans l’image et à s’y immerger. Une douzaine de plans, de valeurs et d’angles différents, sont montés selon une esthétique (noir et blanc, lumière, construction rigoureuse de l’image et du cadre) et une rhétorique cinématographiques, alternant plans d’ensemble, plans rapprochés et gros plans du corps de l’artiste immobile, soumis à l’effondrement répété du pan de bois percé de la fenêtre dans laquelle il vient s’encastrer. Le visage, frontal, les yeux dans les yeux du spectateur, reste impassible, mais est traversé d’une légère crispation lorsque la façade vient violemment l’encadrer. L’effet du gag d’origine est rapidement désamorcé et détourné ; la référence au cinéma muet et de divertissement (souvent opérée dans le travail de McQueen, qui a aussi une formation de cinéma) se double d’une référence au portrait anthropométrique, évoqué par le gros plan du visage et son éclairage particulier, renforcé par celui, strié, de l’arrière-plan. Le corps d’homme noir de Steve McQueen, recadré par rapport à celui de l’homme blanc Buster Keaton, renvoie aux représentations de l’identité noire, souvent exclue des modèles dominants. La question se pose alors ainsi : à quel risque peut-on être dans le cadre et, surtout, y rester ? Au risque de l’élimination, de l’exclusion, de la disparition. (....) Le cadre, chez Steve McQueen, définit l’espace du corps, l’espace de la vie intime, l’espace de la représentation Steve McQueen, Deadpan, 1997 © DR sociale, et par là même le lieu de l’identité. Il ne va jamais de soi. Le dernier plan montre le mur de bois s’abattant sur l’écran en l’obscurcissant complètement ; il donne l’impression d’ensevelir le spectateur dans son espace propre, qui est aussi celui du reflet de l’image. Le mur-écran de la salle d’exposition se confond alors avec le mur de la fiction. Le dispositif de l’installation trouve là tout son sens ironique, en impliquant directement le spectateur dans la représentation. » Françoise Parfait , site newmedia-art DOSSIER ENSEIGNANT / ÉCHOS DANS L’HISTOIRE DES ARTS 12 FISCHLI & WEISS LE COURS DES CHOSES, 1987 « Le Cours des Choses (Der Lauf der Dinge) est un film expérimental suisse réalisé en 1987 par Peter Fischli et David Weiss et sorti en 1988. Film sans dialogue, il a été tourné en 16 mm couleurs et dure 30 minutes. « Nous devons envisager l’état présent de l’univers comme l’effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. » Pierre-Simon Laplace, Essai philosophique sur les probabilités, 1814). Dans un entrepôt banal, rempli d’objets banals, un événement insignifiant va pourtant déclencher une série d’autres événements. Pendant trente minutes ce hangar inoffensif et anodin va être le théâtre d’une cascade de péripéties étranges. Rien de bien grave, cela dit, et même les plus inattendues, les plus dangereuses en apparence, vont simplement produire l’étape suivante, l’enchaînement. Des explosions, des effondrements, des débuts d’incendie, certes, mais tout cela restera sous contrôle. Nous sommes en Suisse, après tout. Der Lauf der Dinge, le titre de cette vidéo, c’est « le cours des choses ». On pourrait déjà beaucoup dire sur le choix de ce titre. Avant tout, c’est la faute des choses, personne n’a amorcé le premier événement, qui a produit tous les autres. Du moins nous n’avons vu personne. D’ailleurs on ne verra pas un être humain pendant ces trente minutes. Tout est parti d’un sac-poubelle qui bouscula un pneu. Tout était simplement là, comme si le plus pur des hasards avait jeté ces objets là, agencé dans un ordre arbitraire, mais qui allait fatalement relier tous ces objets entre eux, et les mener à leur destin d’objets. Le cours des choses, c’est aussi ça, ce fatalisme encore, le cours des choses quand on les laisse seules trop longtemps, Fischli & Weiss, Le cours des choses (Der Lauf der Dinge), 1987 © DR DOSSIER ENSEIGNANT / ÉCHOS DANS L’HISTOIRE DES ARTS 13 13 c’est ça. Il y a quelque chose de déterministe dans cette suite de coïncidences bizarres. Tout semble se dérouler comme prévu, tous les éléments s’enchaînent comme par miracle, comme si un ordre transcendant assurait la réussite de l’opération. On pourrait y voir une illustration littérale de l’effet domino ou une évocation de l’effet papillon. Car, bien sûr, c’est avant tout une impression d’évidence, de nécessité, qui ressort de tout ça. Ce fouillis indiscipliné prend dès qu’il se met en mouvement des allures de système laplacien, où, comme dans la théorie du chaos, une logique interne est à l’œuvre. Un désordre apparent peut alors engendrer de l’ordre, comme à l’inverse une situation en apparence stable, équilibrée, peut se transformer en agitation anarchique. Le principe est avant tout par définition sensible aux conditions initiales, et on peut trouver dans la situation la plus paisible les germes des cataclysmes à venir. C’est l’effet papillon du météorologue Edward Lorenz selon lequel « le simple battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut déclencher une tornade au Texas ». On le voit, la question importante est de pouvoir prédire la suite des événements, le cours des choses. Dans leur film, les deux réalisateurs Peter Fischli et David Weiss jouent constamment de cette alternance entre ce qui est prévisible et ce qui ne l’est pas. Si les méthodes d’action qui conditionnent la chaîne d’événements sont très variées – physiques, chimiques, balistiques –, la plupart sont extrêmement simples, et ceux-ci seraient presque décevants si le spectateur, de son côté, ne jouait pas lui aussi le jeu. Comme une prophétie depuis longtemps révélée, on voit ce qui va arriver, et on attend seulement la confirmation que cela va bien se dérouler comme annoncé. Ce balancier qui menace un équilibre fragile, cette mousse inflammable qui se dirige vers cette flamme, tout cela devait arriver. On se laisse parfois étonner, car le dispositif est souvent ingénieux, mais on n’est jamais vraiment surpris. On peut même dans certains cas voir les traces sur le sol des essais précédents. Et pourtant on regarde sans broncher ce film dans son entièreté, parce que, quand même, on veut vérifier de ses propres yeux. Selon la typologie de Bertolt Brecht, on est ici en plein théâtre épique, où contrairement à la forme dramatique, l’intérêt du spectateur est attiré par le déroulement et non par le dénouement. On a beau savoir à l’avance ce qui va se passer, et presque comment ça va finir, on doit en faire soi-même l’expérience. Comme si le scepticisme s’alliait à son contraire, la fameuse « suspension temporaire de l’incrédulité » que nécessite tout spectacle de fiction. On a beaucoup cherché par exemple à savoir si ce film avait été tourné en un seul plan-séquence, tel qu’une chute de dominos devrait l’être, et on a dit avoir repéré les éventuelles tricheries. Il y a bien sûr un travail de montage, visible immédiatement aux raccourcis temporels qui ponctuent l’action. Les phases les plus lentes, notamment les réactions chimiques, sont résumées, et une ellipse nous emmène illico au résultat du processus. Le montage s’assure aussi que chaque événement soit bien visible. Chaque élément est filmé en son temps, et malgré l’illusion de continuité, une série de zooms, de recadrages, renforce la clarté des séquences. Mais malgré ce montage le film reste infiniment lo-fi, aucun décor, aucun artifice, aucune musique ne vient déconcentrer le spectateur de l’action principale. Le film est brut, sans ornement, tout au service de l’effet burlesque de cette succession de rebondissements. Car il faut enfin insister sur le comique déconcertant de ce film, et le malin plaisir que ces auteurs ont eu à débaucher ces objets de leur comportement normal. Il faut ainsi rappeler leurs précédents travaux de sculpture, à base d’objets détournés, chaises, pneus, outils, mais aussi saucisses et charcuterie. Comme dans ce film, ces objets étaient placés dans des situations inaccoutumées, saugrenues, souvent dans un équilibre instable, prêts à s’effondrer à tout moment. Fischli et Weiss ont envisagé ce film comme la suite logique de ces sculptures, comme ce qui devait arriver dès que cet équilibre serait perturbé. Pour eux : « Il y a aussi le plaisir de l’abus. […] Une grande part du comique de ce film tient dans ce contre-usage (des objets). Ici également, les objets sont libérés de leur destination principale, de leur fonction première. Peut-être que cela peut devenir quelque chose de beau. Si vous vous identifiez à ces objets, cela a même un pouvoir libérateur » (Entretien avec Beate Söntgen, Fischli and Weiss, Phaidon). Benoit Deuxant, site archipel.be - http://www.archipels.be/web/ map/albums/TW2321.html DOSSIER ENSEIGNANT / ÉCHOS DANS L’HISTOIRE DES ARTS 14 14 JEAN TINGUELY « Des machines à sons, j’ai commencé d’en construire tout gosse. Le samedi, notre jour de congé, je partais au petit matin, un sandwich dans la poche. Mon but était un coin de forêt fermé tout en haut par les arbres et traversé par un ruisseau médusant. Ça et là des fantômes de fleurs, une herbe noire et des troncs noueux. Mais surtout, une merveilleuse situation sonore, un vide intense constellé de chétifs bruits bizarres, difficilement identifiables. Et si, par inadvertance, dans une tache d’ombre, je marchais sur une branche, l’éclat d’un orage me répondait. Je voulais participer à cet environnement de sons. Alors je creusais des petits trous dans le lit du ruisseau. Avec des pinces et des bouts de fil de fer dégotés dans les décharges publiques, je confectionnais des roues, des pales, un axe, une came surmontée d’un petit marteau (souvent un vieux boulon rouillé ou une pierre emmaillotée de fil de fer), qui retombait sur une boîte de conserve, une bouteille, un morceau de verre. Les roues, évidemment, je les bricolais de grandeurs différentes ; elles tournaient donc à des vitesses différentes. En outre, je les disposais à des endroits où le cours était là plus rapide, ici plus lent. Bref, je plaçais un élément sonore (roue, came, marteau), tous les deux ou trois mètres. Le soir, quand on n’y voyait goutte, je m’en allais, laissant derrière moi un orchestre de cinquante mètres de long. Et qui fonctionnait. J’ai beaucoup construit par la suite, mais jamais mieux que çà. Ce n’était pas de l’art, mais un événement. J’imaginais un spectateur innocent, un chercheur de champignons, un garde-forestier, qui seraient arrivés là et auraient découvert mon orchestre, éraillé peut-être par une petite branche venue coincer une roue. Quand je revenais, le samedi suivant, trois ou quatre éléments faisaient encore “pim”... “kling”... “pom”... Alors je réparais le tout. Je conseillerais à beaucoup d’orchestres d’aller jouer au moins une fois dans la forêt - même s’il n’y a pas de place pour le public. La forêt répond mieux, elle est plus molle, elle est meilleure qu’une salle, même si, parfois, un public de dix mille personnes peuvent conférer à celle-ci une certaine tendreur. » Jean Tinguely, End of the World II, dessin préparatoire, 1962 © DR Jean Tiguely, « Ting Ting Tinguely », texte établi par J. N. von der Weid, Le Monde de la musique, 1983 DOSSIER ENSEIGNANT / ÉCHOS DANS L’HISTOIRE DES ARTS 15 6. ENTRÉES DISCIPLINAIRES ARTS PLASTIQUES INSTALLATION / ACTIONS HAPPENING, EVENT, PERFORMANCE, ACTION, ART ÉVÉNEMENTIEL « Le happening est une action évolutive accomplie par des personnes qui agissent à l’intérieur d’un environnement déterminé. Lors de son déroulement et malgré une ligne directrice prévue à l’avance, il persiste une grande marge d’indéterminé, les réactions des spectateurs pouvant interagir sur l’action en cours. La filiation du happening n’est pas à rechercher du côté du théâtre : il en diffère par le choix des lieux, comme par celui de ses participants, ainsi que par son postulat d’indétermination. En revanche, on peut observer un rapprochement entre le happening et les arts plastiques. Au cours du 20e siècle, les pratiques picturales et sculpturales sortent de leurs limites bidimensionnelles, puis tridimensionnelles, pour s’orienter peu à peu vers des assemblages. Ces derniers ont évolué en environnements, puis en happenings par l’introduction de personnes. C’est en effet dans une recherche de relations toujours plus directes entre l’artiste et le public, entre l’art et la vie, dans un refus de la récupération de l’art par le marché, que le happening apparaît. Au Japon, à partir de 1955, le groupe Gutaï - qui comprend neuf membres, dont Murakami Saburo, Kudo Tetsumi et Shiraga Kazvo se fait connaître par des actions spectaculaires, comme celle de s’ouvrir un passage à travers une succession d’écrans en papier, déchirés au fur et à mesure de son avancée. Parallèlement, le happening fait son apparition aux États-Unis. En 1952, John Cage, alors professeur au Black Mountain College, crée un événement qui regroupe dans un même lieu des œuvres de Robert Rauschenberg, un ballet de Merce Cunningham, un poème de Charles Olsen et une musique de David Tudor. Mais c’est sous l’impulsion de Allan Kaprow que le happening se répand dans le monde de l’art. En 1959, il réalise 18 Happenings in six parts à la Reuben Gallery de New York. En 1960, à Venise, Jean-Jacques Lebel réalise l’Enterrement d’une chose. Les artistes les plus représentatifs sont George Brecht, Dick Higgins, DOSSIER ENSEIGNANT / ENTRÉES DISCIPLINAIRES George Maciunas, Robert Whitman, Red Grooms, Ben Vautier, Jean-Jacques Lebel, Joseph Beuys et Wolf Vostell, ainsi que les artistes viennois Hermann Nitsch, Günter Brus et Rudolf Schwarzkogler. Le happening se présente souvent comme gestes politiques (Beuys) ou sociologiques (Ben, Vostell), mais aussi sous une forme poétique ou ludique (Kaprow, Oldenburg). À ces conceptions diverses, on peut associer les multiples terminologies qui nomment des dérivés du happening : event ou événement - action courte et anodine - pour Brecht, concert pour Fluxus, performance pour Oldenburg et action pour Beuys. Vers la fin des années 1960, deux grandes tendances émergent : la performance, plus structurée et parfois narrative, qui replace souvent le public dans son rôle de spectateur ; l’art corporel (Body Art), où le corps de l’artiste devient un véritable médium. » Extrait du glossaire en ligne Newmedia : http://www.newmediaart.org/francais/glossaire/Happening.htm Dick Higgins, Danger Music No.2, 1962. Performance au Fluxus Internationale Festspiele Neuester Musik, Wiesbaden 1962. Photographie Hartmut Rekort © DR 16 PERFORMANCE, LAND ART ? « Signer préfère parler d’événement que d’action. Ce qui est une manière de distinguer son travail de l’artperformance, au sensrestreint, des années 1960-1970 dans lequel l’artiste se trouve au centre d’une situation théâtralisée. De même, il récuse l’idée de Land Art au sujet de son travail dans la mesure où celui-ci est éphémère (ce qui n’est décisif : il existe des œuvres Land Art qui le sont aussi) et surtout qu’il ne considère pas la nature comme une matière sur laquelle il agit mais un studio en plein air où il crée, exactement comme il le ferait en intérieur, dans une galerie ou dans la ville. » Roman Signer, entretien avec Barbara Casavecchia et Giovanni Carmine, dans Roman Signer, Milan, Mousse Publishing, 2012 *** « Je pense qu’il est faux d’affirmer que mes films Super-8 – j’en ai réalisé près de deux cents – constituent des actions. Parmi ces deux cents films, il y a peut-.être deux actions. Une action est conçue en fonction d’un public. Et quand je réalise une œuvre, pour moi il ne s’agit pas d’une action. Un film, je le réalise seul, ou alors peut-être avec un ami qui m’aide. Le plus souvent, j’étais seul. Il s’agit d’un travail, d’un film, et non pas d’une action, que l’on peut définir comme une démonstration face à un public. » Conversation avec Paula van den Bosch. *** Roman Signer : Je n’ai jamais eu de relation avec Fluxus. Je connais ce mouvement, par exemple la composition Orip Music de Brecht, ou encore le rôle de John Cage, bien entendu. Mais je ne me suis pas intéressé de près à Fluxus. Par ailleurs, ce mouvement touchait à sa fin. Mon travail n’est pas vraiment intellectuel, il repose plutôt sur un sentiment : j’ai envie de faire quelque chose, de mener un essai dans la nature, par exemple dans la forêt. C’est toujours une aventure. Mais je ne dirais pas que je participais au mouvement Fluxus. J’étais très isolé, ici. François Bovier : Ma question ne portait pas sur une influence directe. Je voulais savoir si vous pensiez qu’il était pertinent d’établir des liens entre votre pratique et Fluxus. Car les événements Fluxus reposent sur une forme assez simple, qui est proche, on pourrait dire, du haïku. RS : Les œuvres que je réalise sont très simples. J’ai toujours voulu être dans la simplicité, à l’opposé d’une œuvre compliquée. Il y a eu des confusions, pas avec Fluxus, mais avec l’actionnisme viennois. Je n’ai absolument rien à voir avec l’actionnisme, qui est un mouvement qui a fait beaucoup de choses à partir du corps, un groupe qui est un peu masochiste. Je ne suis pas masochiste. HT : J’aimerais vous poser deux questions. La première, puisque vous revenez sur le rapport entre action et événement, est relative à la sculpture. Dans l’interview paru chez Phaidon, vous dites que vous ne réalisez pas des actions, mais des événements ou des sculptures. C’est ce que vous venez de nous dire aujourd’ hui, également. Ce qui m’intéresse dans cette idée, c’est qu’un événement est dynamique, alors qu’une sculpture est forcément statique. Comment ces deux pôles interagissent-ils, selon vous ? Comment peut-on assimiler événement et sculpture ? DOSSIER ENSEIGNANT / ENTRÉES DISCIPLINAIRES 17 RS : Quand une sculpture se modifie, sous la pression d’une force, ou du temps, qui est aussi un facteur très important, on assiste à un événement : la sculpture se transforme par le biais d’une force naturelle, par une charge d’explosif ou sous l’effet de la pluie. On assiste alors bien à l’émergence d’une nouvelle sculpture. HT : On a donc une première sculpture, un événement, puis une seconde sculpture. RS : Oui, une autre sculpture. HT : Il s’agit donc d’une structure en trois temps. RS : De plus, le public observe le processus, lorsqu’il regarde le film : comment une sculpture s’est transformée en une autre forme. Je suis peut-être le seul artiste à pratiquer cela systématiquement. Ce qui a toujours causé problème. On me rétorque à chaque fois : une sculpture, c’est une sculpture ; une performance, c’est une performance. C’est toujours un combat de ma part. Je ne suis pas un performer. Une performance, c’est quelque chose de plus complexe qu’un événement. Souvent, de la musique ou de la danse interviennent ; une performance dure très longtemps, et peut être multimédia. Quant à mon rôle, il est très clair : j’agis seulement en tant que déclencheur, le processus se déroule ensuite automatiquement. Je suis celui qui souffre, der Erleidende. Roman Signer, Parapluie I, 2007 photographie : Aleksandra Signer *** RS : Je suis le déclencheur, et par la suite je suis celui qui doit subir l’événement. Et qui espère en sortir indemne, sans se blesser. Souvent, c’est dangereux. Le danger, c’est aussi quelque chose qui n’entre normalement pas enjeu dans la performance. Cela a peut-être à voir avec le Body art. Mon corps a une fonction importante dans les films, pas systématiquement mais le plus souvent. « Quand une sculpture se modifie, sous la pression d’une force, ou du temps, qui est aussi un facteur très important, on assiste à un événement : la sculpture se transforme par le biais d’une force naturelle, par une charge d’explosif ou sous l’effet de la pluie. On assiste alors bien à l’émergence d’une nouvelle sculpture. Dès lors, Signer réalise, selon lui, des événements et non des actions. Notons toutefois que l’artiste se contredit de temps à autre, dans l’entretien qu’il accorde à Bovier, Taieb et Withers, en *** recourant à cette dernière terminologie. Parfois d’ailleurs, il semble utiliser le mot action comme un synonyme d’événement, pour se reprendre ensuite. Afin de tenter d’expliciter le processus instauré par l’artiste lorsque ses événements ont lieu, Bovier et Taieb les décomposent en une structure tripartite de trois blocs d’espaces-temps. Cette suite d’opérations se diviserait donc de la manière suivante : situation de départ ; action ; situation modifiée. Dans ce sens, l’action présuppose l’intervention d’un agent ; l’événement renvoie à une disposition d’objets ou d’actants, qui se dénoue. Le film permet de cadrer et de rendre visible le déroulement d’un événement dont le paramétrage préalable de l’artiste fait qu’il en résulte un objet esthétique. » « La nature comme atelier », entretien avec Roman Signer par Jean-Michel Baconnier, « Déplacer des pôles d’attraction », François Bovier, Hamid Taieb et Rachel Withers, in Roman Signer. compte rendu de Roman Signer. Films Super-8. La nature comme Films super-8 : la nature comme atelier, MētisPresses, Genève, 2014 atelier (MètisPresses, Genève, 2014) HT : Celui qui pâtit. FB : Le patient. DOSSIER ENSEIGNANT / ENTRÉES DISCIPLINAIRES 18 SCULPTURE ET TEMPS SURRÉALISME « Il n’y a pas, malgré les apparences, de contradiction entre sculpture et temps. La sculpture se réalise dans le temps (Pataut en parle au sujet d’EtienneMartin). Son forme achevée n’est pas différente de celle d’un « événement » ou d’une installation, quand bien ces dernières ne durent pas. Il y a une différence entre permanence et achèvement que Signer précisément met en relief. Par ailleurs, dans la mesure où certains événements sont réalisés sans public, ils n’existent que filmés. Le film est à la documentation et œuvre : il constitue la sculpture achevée. » « Beau […] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ! » (Isidore Ducasse, Les Chants de Maldoror, chant VI, 1, 1869). Roman Signer, entretien avec Barbara Casavecchia et Giovanni Carmine, dans Roman Signer, Mousse, 2012 *** « Parfois, je dis que je suis sculpteur. Bien sûr, je ne l’envisage pas comme une pratique, mais vous pouvez voir que j’ai tendance à m’occuper de problèmes tridimensionnels. […] Et j’ai aussi pu affirmer que mes actions, mes films, sont une sorte de sculpture. Mes soi-disant actions ne sont pas des performances parce que l’art performatif a plutôt à voir avec le théâtre, avec la mise en scène d’éléments. Mes events ou actions sont construits en termes de sculpture. » La sculpture, telle que la décrit Roman Signer, ne renvoie pas directement à son acception étymologique (du latin, sculpturo, de sculpo, tailler, graver), qui désigne la taille d’un bloc de matière solide, procédant par retrait, voire modelage ou moulage d’une forme. Davantage envisagée comme un travail du volume mettant en œuvre les enjeux de la pesanteur, de l’équilibre et de son emplacement dans l’espace, la sculpture articule un rapport au contexte dans lequel elle s’inscrit : « J’ai peut-être une autre idée de la sculpture. Elle s’est développée progressivement à travers mes actions. […] Il s’agit toujours de problèmes dans l’espace, d’événement dans l’espace, de temps qui se déroule. » L’intégration d’une dimension temporelle dans la sculpture moderne est décrite par Rosalind Krauss comme un intervalle « étrangement situé à la jonction de l’immobilité et du mouvement, d’un temps arrêté et d’un temps qui passe » : cette définition correspond à la dimension temporelle du travail sculptural de Signer. » « L’installation de Signer est une métaphore mais de quoi ? La métaphore nouvelle ne résorbe pas la diversité du monde, l’opposition entre les choses, mais fait surgir un autre horizon. On peut parler de surréalisme à plusieurs titres : la collision du hasard et de la nécessité, de la science et de l’ésotérique, d’une forme de merveilleux matériel ; moins évident, et probablement aussi vrai, cette frontière incertaine entre la joie et la peur, le cri et le rire – la beauté convulsive dont parle André Breton. » Entretien avec Roman Signer par Barbara Casavecchia et Giovanni Carmine, in Roman Signer, Mousse Publishing, Milan, 2013 ART ET NATURE « L’art […] n’est pas ce que l’homme ajoute à la « nature ». Il s’agira plutôt d’un composant moteur, d’un élément porteur de mutations. Une création marchant avec la création, éruptive, pas forcément attendue, activant la structure à sa mesure, fusionnelle ou non. […] Il y a, pour un artiste, trois manières de traiter avec le donné naturel. Première manière, l’art s’insérera en celui-ci sous forme d’un in situ non polémique, en quête d’osmose. Perspective : celle de l’embellissement, de l’idéalisation. Seconde manière, l’art brutalisera le paysage, le modèlera en recourant aux pratiques «telluriennes» qui furent naguère celles d’un Robert Smithson, requérant bulldozer et dynamite. Une troisième manière verra l’artiste adopter une position plus équivoque à l’endroit de son sujet, ni pour ni contre, à la fois complice et en porte-à-faux, – faire ressortir par exemple tout ce qu’un milieu naturel, une fois livré au regard de l’homme ou humanisé par ses soins, peut receler d’ambiguïtés. » Paul Ardenne « Art Grandeur Nature 98 », Conseil général de Seine-Saint-Denis, 1998 Geneviève Loup « La plasticité d’une sculpture» in Roman Signer. Films super-8 : la nature comme atelier, MētisPresses, Genève, 2014 DOSSIER ENSEIGNANT / ENTRÉES DISCIPLINAIRES 19 SCIENCES EXPÉRIENCES SCIENTIFIQUES Rachel Withers : Donc, tout est déterminé à l’avance, l’ensemble des éléments qui entrent en interaction. Roman Signer : Je pense que c’est le cas. Il faut que cela se passe ainsi. C’est peut-être de la magie, mais je ne pense pas que ce soit dû au hasard. HT : Donc, les forces de la physique triomphent. RS : Oui,c’est ainsi. Dans les mathématiques, il y a peut-être du hasard. Mais dans la physique élémentaire, je ne pense pas que le hasard intervienne. Je ne suis pas physicien. La physique, chez moi, se réduit au « physique », au matériel. C’est comme lorsque l’on étire un caoutchouc. C’est purement et simplement physique. RW : Vous avez pu dire que vous étiez un émotionnel physicien, un physicien au comportement émotionnel. RS : Oui, c’est exact : une physique émotionnelle. C’est une physique ressentie. J’étais très faible en mathématique. Ce n’est pas le fondement de mon travail. Il y a des gens qui disent que je dois calculer dans les détails tous les événements. Mais ce n’est pas le cas : je ne calcule jamais ; je fais des essais. C’est comme avec la cuisine on commence par mettre peu de sel ; Je m’exerce avec une petite charge, puis avec une plus grande. Je fais des essais. Et bien sûr, on acquiert une expérience, avec le temps. D’ailleurs je ne suis pas un artiste qui se limite aux explosifs, aux explosions. C’est un aspect important de mon travail, mais je ne pratique pas que cela. « La nature comme atelier », entretien avec Roman Signer par François Bovier, Hamid Taieb et Rachel Withers, in Roman Signer. Films super-8 : la nature comme atelier, MētisPresses, Genève, 2014 *** « Signer conduit des expériences, à la manière des scientifiques-inventeurs : que produit tel objet lorsqu’il est placé dans tel milieu, mis en contact avec telle matière ? Au bout de combien de temps et à quelles conditions ? Il ne s’agit pas de constater un phénomène, mais de vérifier une hypothèse. Et l’échec apporte aussi des informations, le hasard des enseignements imprévus – exactement comme cela se passe en sciences. Signer définit des paramètres et les choses ensuite suivent leur cours. » Entretien avec Roman Signer par Barbara Casavecchia et Giovanni Carmine, in Roman Signer, Mousse Publishing, Milan, 2013 *** « Il est donc légitime de se demander la place que tient la science dans les films Super-8 de Signer qui pourraient fonctionner comme des monstrations d’expériences sur les lois de la physique. C’est dans ce sens que Bovier et Taieb confrontent la production cinématographique de l’artiste avec les films scientifiques. Dans cette perspective, les deux auteurs tentent de comparer et de distinguer son œuvre en mobilisant deux axes d’interprétation potentiels, à la fois contradictoires et en tension, qui le trament en toile de fond : c’est-à-dire l’event, tel que George Brecht l’a défini et pratiqué à partir d’une réflexion sur le hasard d’une part, et le cinéma scientifique qui a été intégré dans le corpus des séances d’avant-garde à la fin des années 1920 d’autre part. Ces interprétants, précisons-le, ne constituent d’aucune façon une référence directe pour Signer, comme il a pu le souligner à plusieurs reprises. Il est vrai que les films Super-8 de Signer peuvent faire penser à des diagrammes en mouvement qu’aurait pu exécuter notamment Albert Einstein pour expliciter sa théorie de la relativité restreinte et générale. Souvenons-nous du physicien qui renvoie à « l’égalité de la masse inerte et de la masse pesante comme argument en faveur du postulat de la relativité générale ». Ainsi, le scientifique prend pour référence un corps qu’il positionne dans un espace ne subissant pas de champ gravitationnel en l’occurrence une « immense DOSSIER ENSEIGNANT / ENTRÉES DISCIPLINAIRES 20 boite de la forme d’une chambre ». Dans celle-ci serait installé un observateur « fix[é] au sol par des ficelles pour ne pas s’envoler lentement vers le plafond de la chambre au moindre choc contre le plancher ». Einstein nous demande ensuite de supposer que : « […] au milieu extérieur du toit de la boite soit fixé un crochet auquel est attachée une corde qu’un être quelconque commence à tirer avec une force constante. La boite et l’observateur commencent alors à s’envoler d’un mouvement uniforme accéléré vers le haut. Leur vitesse augmenterait au cours du temps d’une façon fantastique, si nous envisageons tout cela relativement à un autre corps de référence, qu’on ne tire pas avec une corde. Mais comment l’homme dans la boite juge-t-il l’événement ? » Certes, il faut une certaine imagination pour projeter ce contexte, mais si on le mettait pratiquement en œuvre, le travail de Signer serait représenté à travers une forme tangible. D’ailleurs, l’artiste active, détourne voire défie constamment la force gravitationnelle, parmi d’autres énergies, dans des films comme Ballon mit Eimer (1980), Tisch (1982) ou, encore Aktion (1982). De plus, Signer le dit à plusieurs reprises dans son entretien avec Bovier, Taieb et Withers, la transformation d’un état physique à un autre est au centre de ses projets. Néanmoins, une analogie littérale entre une « expérience scientifique » d’Einstein et une « proposition esthétique » de Signer constituerait une lecture erronée. En effet, l’artiste est très clair sur son rapport avec les lois physiques et il déclare à leur sujet : « ça ne m’intéresse pas...» Notons qu’il ne s’agit pas d’un principe aussi binaire, car si son travail n’illustre pas directement les « lois » qui régissent la physique, il joue cependant avec. Dès lors, il ne se voit pas autrement qu’un artiste qui « […] procède de façon ludique. Plein de curiosité, j’attends le moment de la transformation. » De ce fait, les termes d’« expérience » et de « laboratoire », qui aujourd’hui prévalent comme terminologie pédagogique dans certaines écoles d’art pour catégoriser leur programme de recherche au sein d’une pratique, n’opèrent pas dans une tentative d’analyse de l’oeuvre de Signer. Ce constat va de pair, nous semble-t-il, avec la distance que l’artiste prend à l’égard des sciences dures sur le plan méthodologique. D’ailleurs, selon lui, son lieu de travail est l’atelier, même quand sa pratique prend forme dans la nature : « Moi, je pense que la nature est un atelier, un grand atelier. Dans mon travail, j’envisage la nature comme un atelier. Je travaille dehors, dans l’environnement naturel, et le soir je quitte les lieux, en emmenant avec moi tous les objets utilisés. » En outre, lors de sa conversation avec les auteurs, Signer précise encore que pour lui « les films scientifiques sont ennuyeux» ; toutefois, il crédite d’intérêt une petite partie d’entre eux : « les anciens films scientifiques sont intéressants. Ils ont encore une âme. Contrairement à aujourd’hui. Les films scientifiques des années 1920 m’intéressent, en effet ». Bovier mentionne que l’artiste avait « réalisé une installation intitulée En attendant Harold Edgerton » . Néanmoins, Signer souligne qu’Edgerton était un scientifique, un chercheur. Il va même plus loin, en affirmant : « Il y a des artistes qui sont scientifiques. Mais ce n’est pas mon cas. Il y a une frontière que je ne franchirai jamais. Je ne veux pas .être un scientifique : je suis un joueur, un artiste, mais pas un scientifique. » Par conséquent, nous pouvons nous demander quel sens, quelle logique motive le travail artistique de Signer. Or, ses propositions – ces événements « attractifs » – ne sont pas « insensées » ou « illogiques », mais engagent d’autres directions, méthodes et logiques que celles du domaine scientifique. Dans la perspective de comprendre les mécanismes et les ressorts, osons le terme, qui opèrent dans son œuvre, il faut peut-être, comme nous l’avons déjà évoqué plus haut et comme l’artiste nous y invite, aller chercher du jeu, dont le cadre instauré. par l’.événement et sa médiation en donnerait les règles. D’ailleurs, lorsque Withers lui demande s’il se considère comme un joueur, Signer répond : « Cela dépend de quel jeu il s’agit. J’ai toujours joué, avec les forces, les éléments. Mais pas dans le sens de Las Vegas… Ça aussi, c’est un jeu : aller dans la nature, faire quelque chose, avec le risque de l’échec mais ce n’est pas la même chose que jouer aux cartes ou au domino. C’est un jeu élémentaire : je joue avec les forces de la nature, et ces forces peuvent m’abîmer : Je prends un risque ; c’est peut-être un jeu avec la vie. Quand tu fais un pari, c’est quelque chose de très facile. C’est là toute la différence entre St-Gall et Las Vegas ! Le jeu dans la nature, c’est vraiment autre chose. » Jean-Michel Baconnier, « Déplacer des pôles d’attraction », compte rendu de Roman Signer. Films Super-8. La nature comme atelier (MètisPresses, Genève, 2014) DOSSIER ENSEIGNANT / ENTRÉES DISCIPLINAIRES 21 PHILOSOPHIE GASTON BACHELARD : POÉTIQUE DES IMAGES « Les images fondamentales, celles où s’engage l’imagination de la vie, doivent s’attacher aux matières élémentaires et aux mouvements fondamentaux. La valeur onirique d’un objet vient en effet d’abord de la matière substantielle qui l’habite, un même objet pouvant d’ailleurs synthétiser plusieurs matières complémentaires ou opposées. « On ne rêve pas profondément avec des objets. Pour rêver profondément, il faut rêver avec des matières », car « la matière est l’inconscient de la forme ». Les matières primordiales se ramènent en fait à une quaternité d’éléments, largement exploitée par les mythologies universelles et par les penseurs présocratiques en particulier : terre, eau, feu et air. Par cette confrontation onirique avec les matières, offertes ou travaillées, et avec les forces, l’imagination permet au rêveur de « faire corps » avec le monde, de dilater son être à l’échelle du cosmos pour participer à sa totalité vivante. L’imagination se confond ainsi avec la spatio-temporalisation de la conscience. Elle active une conquête psychologique de l’espace, qui s’anime par le jeu des forces et des substances, ce qui permet en retour une véritable individuation, une appropriation de l’espace intérieur du Moi. Cette genèse spatiale de l’identité est inséparable cependant d’une appropriation du temps. Si le temps est fondamentalement discontinu, fait d’instants séparés, qui confrontent sans cesse le sujet à un vide, la rêverie permet au contraire d’engager la conscience, moins dans la durée continue, comme le voulait la métaphysique bergsonienne, que dans un temps rythmique, qui est créé à mesure que les images se transforment dialectiquement. Les allées et venues des images, les mouvements d’affirmation et de négation qui sous-tendent les valeurs qu’elles transportent, engagent ainsi le sujet imaginant dans un processus rythmique, fait de plein et de vide, de tension et de détente, qui constituent la matière première du vécu, que l’on peut nommer le bonheur d’être au monde. La connaissance de l’imagination incite dès lors à développer une prometteuse « rythmanalyse ». Le propre de la rêverie élémentaire sur les matières est d’induire des valorisations ambivalentes. L’ambivalence, terme emprunté au langage psychanalytique, est tenue par Bachelard comme une loi fondamentale de l’imagination, la distinguant bien ainsi de la raison, qui se trouve réglée d’abord par la non-contradiction. Or l’élément tellurique ou chtonien constitue, plus que d’autres, un élément à symbolique forte, voire universelle, mais aussi aux connotations les plus paradoxales. En effet, l’examen des rêveries individuelles comme des grandes images mythiques, montre que la terre comporte des propriétés déroutantes et contrastées. D’un côté, en effet, la terre est l’élément le plus immédiat, le plus proche, le plus familier de notre expérience humaine, dont nous faisons l’expérience spontanément dès que nous prenons conscience de la pesanteur de notre corps propre ou de la résistance des corps extérieurs. « La résistance de la matière terrestre, au contraire, est immédiate et constante ». Par là même, la terre contraste, par une certaine banalité, avec des éléments plus impressionnants, la violence du feu ou le mystère de l’eau (eau de source ou eau de mer). Il est d’ailleurs à noter que G. Bachelard a commencé son enquête par la poétique du feu, dont il souligne la puissance d’impression émotionnelle et imaginative sur nous, qui ne vient pas seulement de sa capacité à stimuler des fantasmes sexuels ni de son usage immodéré dans la chimie pré-scientifique, comme l’illustre La Formation de l’esprit scientifique. De même il a terminé son cycle précisément par les deux ouvrages sur la terre, l’étude de l’eau, marqué par sa fluidité, et celle de l’air, élément le plus immatériel, se trouvant placés en positions intermédiaires. N’y a-t-il pas là des indices de la moindre intensité et de la plus faible spectacularisation de l’élément tellurique, plus difficile à appréhender à première vue, car plus trivial, plus intime, davantage lié à notre expérience sensori-motrice ? Cette faiblesse onirique apparente de la terre la dispose ainsi moins au lyrisme immédiat des images. » Jean-Jacques Wunenburger ar ticle synthétique de Gaston Bachelard : poétique des images, Mimesis, L’œil et l’esprit, Paris, 2012 DOSSIER ENSEIGNANT / ENTRÉES DISCIPLINAIRES 22 Roman Signer, photogramme extrait de Sandtreppe, 1975/2011 « La poésie est une métaphysique instantanée. En un court poème, elle doit donner une vision de l’univers et le secret d’une âme, un être et des objets, tout à la fois. Si elle suit simplement le temps de la vie, elle est moins que la vie ; elle ne peut être plus que la vie qu’en immobilisant la vie, qu’en vivant sur place la dialectique des joies et des peines. Elle est alors le principe d’une simultanéité essentielle où l’être le plus dispersé, le plus désuni conquiert son unité. Tandis que toutes les autres expériences métaphysiques sont préparées en d’interminables avant-propos, la poésie refuse les préambules, les principes, les méthodes, les preuves. Elle refuse le doute. Tout au plus a-t-elle besoin d’un prélude de silence. D’abord, en frappant sur des mots creux, elle fait taire la prose ou les fredons qui laisseraient dans l’âme du lecteur une continuité de pensée ou de murmure. Puis, après les sonorités vides, elle produit son instant. C’est pour construire un instant complexe, pour nouer sur cet instant des simultanéités nombreuses que le poète détruit la continuité simple du temps enchaîné. En tout vrai poème, on peut alors trouver les éléments d’un temps arrêté, d’un temps qui ne suit pas la mesure, d’un temps que nous appellerons vertical pour le distinguer du temps commun qui fuit horizontalement avec l’eau du fleuve, avec le vent qui passe. D’où un paradoxe qu’il faut énoncer clairement : alors que le temps de la prosodie est horizontal, le temps de la poésie est vertical. » Gaston Bachelard, L’intuition de l’instant, 1932 DOSSIER ENSEIGNANT / ENTRÉES DISCIPLINAIRES 23 7. BIBLIOGRAPHIE Roman Signer Roman Signer Textes de Konrad Bitterli, Textes de Paul Ardenne, Andreas Fiedler, Alois Le Carré, Château-Gontier, Hengartner, Gerhard 2004 Mack, Roland Wäspe, Max Wechsler, Harald Welzer, Rachel Withers, Nadia Veronese. Éd. Kunstmuseum St. Gallen, KINDL - Zentrum für zeitgenössische Kunst, Berlin, Verlag der Buchhandlung Walter König, Cologne, 2014 Roman Signer Fotografie di viaggio Textes de Enrico Gusella, Roman Signer. Éd. Biblos, Commune de Films super-8 : la nature Padova, 2007 comme atelier Textes et entretien avec Roman Signer par Geneviève Leloup, François Bovier, Hamid Roman Signer Taieb et Rachel Withers, Skizzen MētisPresses, Genève, Texte de Marie-Louise 2014 Lienhard, Forum Schlossplatz Aarau 1995 Roman Signer Textes de Anna Zegna, Andrea Zegna, Barbara Casavecchia, Giovanni Carmine, Fondazione Zegna. Roman Signer All’Aperto, Éd. Mousse Skulptur Publishing, Milan, 2013 Textes de Corinne Schatz Verlag Vexer St Gallen, 1988 DOSSIER ENSEIGNANT / BIBLIOGRAPHIE 24 BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE SÉLECTIVE AUTOUR DE L’EXPOSITION Bibliographie de Roman Signer Sélection de catalogues d’expositions monographiques de Roman Signer (2004-2014) 2014 • Roman Signer, textes de Konrad Bitterli, Andreas Fiedler, Alois Hengartner, Gerhard Mack, Roland Wäspe, Max Wechsler, Harald Welzer, Rachel Withers, Nadia Veronese, Kunstmuseum St. Gallen, KINDL - Zentrum für zeitgenössische Kunst, Berlin, Verlag der Buchhandlung Walter König, Cologne • Roman Signer : Films Super-8 / La nature comme atelier, textes et entretien avec Roman Signer par Geneviève Loup, François Bovier, Hamid Taieb et Rachel Withers, MētisPresses, Genève 2013 • Roman Signer – Talks and Conversations Texte de David Signer, Éd. David Signer & Peter Zimmermann, Cologne • Roman Signer, textes de Anna Zegna, Andrea Zegna, Barbara Casavecchia, Giovanni Carmine, Fondazione Zegna. All’Aperto, Éd. Mousse Publishing, Milan 2012 • Roman Signer, Karpaten / Carpathians, textes de Paula van den Bosch & Madeleine Schupplin, Aargauer Kunsthaus, Éd. Steidl, Göttingen • Roman Signer : Mon voyage à Nantes, texte de Max Wechsler et David Moinard , HAB Galerie, Nantes, Éd. Dilecta, Paris 2010 • Roman Signer : Works 1971 - 2002, textes de Roman Signer, Beat Wismer, Peter Zimmermann Éd. AlbersZimmermann, Verlag der Buchhandlung Walther König, Zurich / Cologne, 2010 • Roman Signer, Tumi Magnusson - When You Travel in Iceland You See a Lot of Water. A Travel Book Éd. Michael Bodenmann, Barbara Signer, Scheidegger & Spiess, Zürich • Roman Signer : Skizzen und Modelle, textes de Alexandra Barcal, Éd. Graphische Sammlung der ETH Zürich DOSSIER ENSEIGNANT / BIBLIOGRAPHIE 2009 • Roman Signer. Weissbad - End de Wölt und andere Stationen, textes de Michael Bodenman, Agathe Nisple, Roman Signer, Hanspeter Spörri, Appenzeller Volksfreund, Appenzell • Roman Signer : Härtetest des Schönen, Paul Good, Dumont, Cologne 2008 • Roman Signer. Vernissage, textes de Roland Wäspe, Scheidegger & Spiess, Zurich • Roman Signer. Sculpting in Time, textes de Brian Butler, St Paul Gallery, Auckland/NZ, Leonhard Emmerling, Kerber, Bielefeld • Roman Signer. Projektionen : Super-8-Filme und Videos 1975-2008, textes de Simon Maurer, Scheidegger & Spiess / Steidl, Zürich/Göttingen • Roman Signer. « Installation » - Unfall als Skulptur textes de Ingrid Adamer, Severin Dünser, Kunstraum Dornbirn, Hans Dünser, Verlag für moderne Kunst, Nuremberg • Roman Signer : Works, textes de Kris Douglas, Rochester Art Center, Rochester • Roman Signer Works, textes de von Fiona Bradley, The Fruit Market Gallery, Edinbourg 2007 • Roman Signer. Fotografie di viaggio, textes de Enrico Gusella, Éd. Biblos, Commune de Padova • Roman Signer, textes de Eugen Blume, Hamburger Bahnhof – Museum für Gegenwart, Berlin • Roman Signer, Collector’s Choice, textes de Rachel Withers, Friedrich Christian Flick Collection 7, DuMont, Cologne 25 2006 • Roman Signer. Esculturas e instalacións, Centro Galego de Arte Contemporánea, Xunta de Galicia, Santiago de Compostela • Roman Signer Reisefotos, Aargauer Kunsthaus Aarau, Beat Wismer und Peter Zimmermann, Steidl/Merian, Göttingen/Bâle • Roman Signer, textes de Gerhard Mack, Paula van den Bosch et Jeremy Millar, Phaidon Press, Londres 2005 • Roman Signer, St.Galler Kulturpreis 2004, St.Gallische Kulturstiftung, ST. Gallen, • Roman Signer. Works, textes de Genoveva Rückert, Lutz Tittel, Christa Häusler, Martin Sturm, O.K. Center for Contemporary Art Upper Austria, Lutz Tittel, Folio, Vienna/Bolzano 2004 • Roman Signer, textes de Paul Ardenne, Le Carré, Château-Gontier, 2004 • Roman Signer. Werkübersicht 1971 – 2002, textes de Roman Signer, Peter Zimmermann, Beat Wismer, Unikate / Verlag der Buchhandlung Walther König, Zürich/ Cologne, 2004 • Roman Signer. Sammlung Hauser und Wirth, textes de Gerhard Mack et Michaela Unterdörfer, Sammlung Hauder und Wirth, Lokremise St. Gallen, Hatje Cantz, OsfildernRuit, 2004 Bibliographie sélective autour de l’exposition Happening, event, performance, action, art événementiel. • Giovanni Lista, La Scène moderne, Paris, Carré / Actes Sud, 1997 • François Pluchart, « Happening », Encyclopaedia Universalis (corpus 11), Paris, 1996 • Jean-Jacques Lebel, Le Happening, Paris, Denoël, 1966. Catalogue d’exposition Hors Limites : l’art et la vie 1952-1994, Paris, Centre Georges Pompidou, 1994 • Jurgen Beckek, Wolf Vostell, Happening : Fluxus, Pop Art, Nouveau Réalisme : eine dokumentation, Hambourg, Rowohlt Verlag, 1965 DOSSIER ENSEIGNANT / BIBLIOGRAPHIE 26 BIBLIOGRAPHIE GÉNERALE Sur la photographie Sitographie . 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INFOS PRATIQUES UN CENTRE D’ART, TOURNÉ VERS LA PHOTOGRAPHIE QUI ASSOCIE EXPOSITIONS, ÉDITION, RÉSIDENCES ET FORMATION Le Point du Jour, inauguré en novembre 2008, est le premier centre d’art / éditeur en France tourné vers la photographie. Le bâtiment a été conçu par Éric Lapierre, lauréat du Prix de la première œuvre en 2003, décerné au meilleur jeune architecte français. ADRESSE ET INFORMATIONS Le Point du Jour Centre d’art/Éditeur 107, avenue de Paris 50100 Cherbourg-Octeville Tél. 02 33 22 99 23 www.lepointdujour.eu Anne Gilles [email protected] SERVICE ÉDUCATIF Codirigé par Béatrice Didier, David Barriet et David Benassayag, Le Point du Jour est issu de l’activité, durant une dizaine d’années, de la maison d’édition du même nom et du Centre régional de la photographie de Cherbourg-Octeville. Denis Tessier t. 02 33 22 99 23 f. 02 33 22 96 66 [email protected] sur rendez-vous Quatre expositions sont proposées par an : l’une concerne la région, deux présentent des artistes contemporains et la dernière est consacrée à un photographe du passé. HORAIRES D’OUVERTURE Le Point du Jour publie parallèlement trois ouvrages, liés aux expositions ou essais concernant la photographie. Régulièrement, des artistes sont invités à réaliser un travail photographique dans la région, suivi le plus souvent d’une exposition et d’un livre. Du mardi au vendredi de 14h à 18h Samedi et dimanche de 14h à 19h et sur rendez-vous Entrée libre Réalisation du dossier : David Benassayag, Anne Gilles et Denis Tessier Enfin, Le Point du Jour organise, avec le soutien de la Fondation Neuflize Vie, le Prix Roland Barthes. Ce prix récompense des travaux de jeunes universitaires sur la photographie. La bibliothèque réunit près de deux mille ouvrages concernant la photographie. Elle accueille aussi régulièrement des conférences et des rencontres. Des visites et des formations sont organisées, notamment à destination des enseignants, tout au long de l’année. DOSSIER ENSEIGNANT / INFOS PRATIQUES 28