Le match des Executive MBA dédiés à l`assurance

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Le match des Executive MBA dédiés à l`assurance
[ professions et institutions ]
■ Depuis le début de l’année 2016, deux organismes
proposent une formation d’excellence à destination
des hauts potentiels et des dirigeants de l’assurance.
Chacune dispose d’atouts pour séduire les candidats.
Formation continue – Recrutement
Le match des Executive MBA
dédiés à l’assurance
■ À la différence d’un MBA
« full time » qui ne permet
pas de concilier activité
professionnelle et formation,
un Executive MBA offre
la possibilité de suivre
les cours tout en étant
toujours en poste.
■ Cette formation s’adresse
à des cadres ayant
cinq à dix ans d’expérience
professionnelle,
et souhaitant évoluer vers
des postes d’encadrement
supérieur ou de direction.
■ Le plus souvent, c’est
l’entreprise qui encourage
à suivre ce type de formation.
Même si cela n’implique pas
pour autant qu’elle prenne
en charge la totalité des frais
d’inscriptions.
■ L’admission se fait sur
dossier, avec entretien
de motivation. Au CHEA,
où les dossiers d’inscription
sont à renvoyer avant
le 22 avril prochain, 40 à 50
candidats postulent en
moyenne à chaque session.
■ La durée moyenne de
l’enseignement est de 18 mois.
I
l y a deux ans, aucun ­Executive
MBA « d’excellence » n’existait
dans l’assurance. Aujourd’hui,
le secteur en compte deux. D’un
côté, le Centre des hautes études
d’assurances (CHEA), devenu
Executive MBA lorsqu’il a rejoint
l’Université Paris-Dauphine fin
2013 (voir L’Argus de l’assurance
n° 7340). De l’autre, l’Executive
MBA, « majeure » assurance de
l’École supérieure de commerce
de Paris (ESCP Europe) lancé
avec le Cnam-Enass (École nationale d’assurances), le 25 janvier.
Francois PERRI/REA
une formation
continue pour
cadres ambitieux
CHEA-Dauphine
Nombre d’étudiants par promo 20 à 24
Nombre d’heures de cours
350
Lieu
Paris
Professeurs/intervenants
Denis Kessler (Scor),
André Renaudin
(AG2R La Mondiale),
Nicolas Schimel (Aviva)...
Réseau d’anciens
Oui
Langue
Français
Prix
32 000 €,
voyages d’études
à l’étranger inclus
Même objectif,
positionnement différent
Sur le papier, les deux formations
affichent le même objectif. « Le
CHEA propose un programme
d’excellence qui s’adresse aux
cadres à haut potentiel pour les
préparer à diriger des entreprises
d’assurances », indique le site
internet de l’Université ParisDauphine. « Le Cnam-Enass et
l’ESCP Europe nouent un partenariat afin de permettre à des
managers du secteur des assurances de se former au plus haut
niveau pour devenir des dirigeants d’entreprises du secteur »,
précise la plaquette de présentation de l’Executive MBA de
l’école de commerce.
Mais dans
les faits, leur
positionnement s’avère
tout de même différent. « Le MBA
CHEA est un MBA consacré entièrement à l’assurance, qui accueille
des professionnels ayant déjà une
expérience certaine dans ce secteur et dont la moyenne d’âge est
de 40 ans », précise ­Sylvie ­Castello,
responsable ­formation continue
au sein du département d’éducation p
­ ermanente de Dauphine.
Par son format, l’Executive MBA
de l’ESCP et du Cnam-Enass vise
des profils plus juniors et plus
généralistes. En plus des
108 heures dédiées à l’assurance
pour les
salariés ayant
choisi cette « majeure »,
la formation comporte 360 heures
communes à tous les participants
de l’Executive MBA, avec au
­programme des cours de management, de marketing ou encore
de stratégie d’entreprise.
« Nous avons voulu donner en
outre une véritable dimension
internationale à notre diplôme »,
indique Philippe Trainar, chief
economist du groupe Scor et à la
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[ professions et institutions ]
Jackie Cadain, directeur général
du cabinet de conseil en ressources humaines Auvial L’école supérieure
de commerce
de Paris (ESCP Europe).
■ Intégrer un Executive MBA peut-il
constituer un accélérateur de carrière ?
Pour les étudiants qui arrivent à ce niveau
de formation – sans avoir fait initialement de grandes écoles –
suivre un Executive MBA constitue incontestablement une valeur
ajoutée. Du fait du diplôme délivré, mais aussi et surtout du fait
du réseau qu’il permet de constituer. Ces formations permettent
ainsi de postuler rapidement à des postes assez élevés sur
le marché du travail.
Pascal Guittet
« Le réseau constitue
une valeur ajoutée »
■ Quels sont les critères pour choisir un MBA plutôt qu’un autre ?
Il ne faut pas s’arrêter au titre, mais au contenu proposé par la
formation. Par exemple, si celle-ci comporte une partie digitale,
c’est un « plus » indéniable. De même si les cours sont
dispensés en anglais – un des points faibles des étudiants
français encore aujourd’hui – les recruteurs y seront sensibles.
L’ESCP Europe et Cnam-Enass, « majeure assurance »
Nombre d’étudiants par promo 6 à 12
Nombre d’heures de cours
468
Lieu
Paris, Bruxelles, Londres
Professeurs/intervenants
Pierre de Villeneuve
(BNP Paribas Cardif),
Stéphane Penet (FFSA),
Pierre-Alain de Malleray
(Santiane)...
Réseau d’anciens
En cours
Langue
Français, anglais
Prix
Environ 52 000 €
tête de l’Executive
MBA ESCP-CnamEnass avec le président du
cabinet de conseil en a­ ctuariat
Forsides, Patrick Thourot ...
­a ncien artisan de la réforme
­pédagogique du CHEA ! Classée
en 13e position dans le classement mondial des 100 meilleurs
programmes Executive MBA du
­Financial Times, la formation de
l’ESCP proposera en effet à ses
étudiants des séminaires à
Bruxelles, New York, Madrid,
ESCP Europe
■ Propos recueillis par N. T.
ainsi que dans des pays émergents (Brésil, Chine, Inde). Cinq
des cours dédiés aux questions
d’assurance et de réassurance
seront par ailleurs enseignés en
anglais et un voyage d’études à la
City de Londres est d’ores et déjà
prévu en mai 2017.
Des cours proches
de la réalité économique
Depuis deux ans, la dimension
internationale du CHEA s’est
aussi quelque peu renforcée,
avec notamment un partenariat
avec le collège de l’assurance de
Singapour qui s’est concrétisé
par un voyage de 15 jours en
Asie, dont une semaine consacrée aux cours. Mais ce n’est pas
là la principale force de cette
­formation. Aujourd’hui, l’Executive MBA de Paris-Dauphine profite surtout de l’antériorité du
CHEA, créé il y a 65 ans, et qui
s’appuie sur un important réseau
d’anciens diplômés. Parmi eux :
Jean-Pierre Wiedmer (président
de Mercer France), Guy-Antoine
de la Rochefoucauld (directeur
­général du Llyod’s en France),
Anne Charon (Présidente-directrice générale de Zurich General
Insurance France), Pierre-Alain
de Malleray (Pdg de Santiane), ou
encore Kadidja Sinz (directrice
générale de XL Catlin France)
présidente des anciens du CHEA.
De fait, cette association compte
un peu moins de 400 membres,
qui ont tous des responsabilités
managériales, voire de direction
dans leur entreprise, et se voient
régulièrement dans des dîners,
participent aux recrutements des
nouvelles promotions, mais aussi
interviennent dans les cours du
CHEA et dans l’évolution du
­programme. « Pour la prochaine
session de formation, qui se
­d éroulera de juillet 2016 à
­décembre 2017, nous avons été
sollicités afin que les cours soient
proches de la réalité économique,
et notamment qu’ils soient
­davantage liés à la transformation numérique » indique Kadidja
Sinz. Avant d’ajouter : « Notre
­réseau fonctionne si bien, que
quelqu’un qui a fait le CHEA peut
joindre facilement n’importe
­lequel d’entre nous ».
Quand on l’interroge sur les
forces et faiblesses des deux
MBA, la directrice générale de XL
Catlin préfère toutefois ne pas
confronter les deux établissements. Car pour elle, c’est finalement un troisième acteur qui sort
vainqueur de ce match. « Beaucoup de hauts potentiels s’intéressent désormais au monde de
l’assurance, ce qui plutôt ­positif
pour l’avenir de notre s­ ecteur »,
conclut-elle, non sans malice.
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■ Nicolas Thouet