en quoi la relation soignant/soigne influence-t
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en quoi la relation soignant/soigne influence-t
1 Institut de Formation de Profession de Santé Formation infirmière 44 chemin du Sanatorium 25030 Besançon Cedex EN QUOI LA RELATION SOIGNANT/SOIGNE INFLUENCE-T-ELLE LA DISTANCE RELATIONNELLE CHEZ UN PATIENT JEUNE ADULTE, LORS DE LA DERNIERE THERAPEUTIQUE ENVISAGEE, EN SERVICE DE CANCEROLOGIE. UE 5.6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles. UE 3.4 : Initiation à la démarche de recherche. UE 6.2 : Anglais. Présenté par : Botté Alix Minla Larissa Lambelin Stéphanie Richard de Vesvrotte Marina Promotion 2011/2014 Formateur de guidance : Madame Marchal Anne-Laure 2 3 Institut de Formation de Profession de Santé Formation infirmière 44 chemin du Sanatorium 25030 Besançon Cedex EN QUOI LA RELATION SOIGNANT/SOIGNE INFLUENCE-T-ELLE LA DISTANCE RELATIONNELLE CHEZ UN PATIENT JEUNE ADULTE, LORS DE LA DERNIERE THERAPEUTIQUE ENVISAGEE, EN SERVICE DE CANCEROLOGIE. UE 5.6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles. UE 3.4 : Initiation à la démarche de recherche. UE 6.2 : Anglais. Présenté par : Minla Larissa Lambelin Stéphanie Botté Alix Richard de Vesvrotte Marina Promotion 2011/2014 Formateur de guidance : Madame Marchal Anne-Laure 4 Dédicace : A Mr D, sans qui ce travail n’aurait pas pu exister. Epigraphe : « Qu’une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l’entreprendre ». Rainer Maria Rilke (XXème S). 5 Remerciements : Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce travail de fin d’étude : Mme Anne-Laure Marchal, notre professeur de guidance, pour son professionnalisme, sa disponibilité et son enthousiasme pour notre sujet, Mr Durand, Mme Sordet et Mme Lauer pour leurs apports théoriques concernant la méthodologie de notre travail, Aux trois infirmières de cancérologie et d’hématologie qui ont accepté de répondre à nos questions, A Mme Fischecher, psychologue du service d’hématologie et Mme Durand-Vieille, psychologue du service de soins palliatifs pour leurs documentations et leurs conseils précieux, A Mme Tetu, documentaliste du Centre de Documentation et de recherches de notre IFSI, A nos familles qui ont été très présentes tout au long de notre travail de recherche, qui nous ont soutenues tout au long de notre cheminement, A nous, pour notre cohésion, notre écoute, nos concessions ainsi que notre bonne entente. 6 Lexique des sigles : IDE ou ide : Infirmier(e) diplômé(e) d’état. IFSI : Institut de formation en soins infirmiers. 7 SOMMAIRE I.I NTRODUCTION ............................................................................................................................... 8 II.SITUATION D’APPEL ...................................................................................................................... 9 III.LA PARTICULARITE DE LA PRISE EN CHARGE D’UN PATIENT JEUNE ADULTE ATTEINT D’UN CANCER INCURABLE EN DERNIERE THERAPEUTIQUE. ......................... 10 1. Définition...................................................................................................................................... 10 a.Cancer, dernière thérapeutique ............................................................................................ 10 b.Jeune adulte............................................................................................................................. 11 2. Relation avec le jeune adulte : constat ................................................................................... 11 3. La famille du jeune adulte ......................................................................................................... 13 4. Mise en évidence des besoins du jeune adulte..................................................................... 13 5. Emotions...................................................................................................................................... 14 6. Mécanismes de défense ........................................................................................................... 16 IV.LA RELATION SOIGNANT-SOIGNE ......................................................................................... 18 1. Définition...................................................................................................................................... 18 a.La relation soignant-soigné.................................................................................................... 18 b.Le rôle de l’infirmière .............................................................................................................. 18 2. La distance relationnelle ........................................................................................................... 19 3. Les émotions des soignants ..................................................................................................... 22 a.Répercussions des émotions du soignant........................................................................... 22 b.La souffrance des soignants en hématologie/cancérologie.............................................. 24 V.CONCLUSION ................................................................................................................................ 26 VI.PROBLEMATIQUE ....................................................................................................................... 27 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………………………………………………28 ANNEXE…………………………………………………………………………………………………………………………………………30 8 I. I NTRODUCTION Pour ce travail de fin d’études, nous avons choisi de nous orienter vers la pratique du rôle soignant dans la relation avec un patient jeune adulte atteint d’une pathologie cancéreuse et au cours de sa dernière thérapeutique. Les raisons qui nous ont poussées à choisir ce thème sont d’ordre personnel mais surtout professionnel. Nous avons chacune eu l’occasion d’effectuer un stage dans des services de cancérologie et d’hématologie. De nombreuses rencontres avec des patients et des professionnels de santé nous ont interpellées et bouleversées. De plus, de nos jours, le cancer s’avère être un problème de santé publique majeur, qui touche 355 000 nouveaux cas par an en France (chiffres de l’année 2012), selon la fondation ARC pour la recherche sur le cancer. Chaque jour, au sein de notre pratique nous sommes amenées à rencontrer des patients atteints de cette pathologie, c’est pourquoi, nous avons décidé d’approfondir nos connaissances sur notre rôle IDE face à cette population. A la suite de notre partage d’expérience, nous avons été très intéressées par la rencontre de l’une d’entre nous avec un patient jeune adulte atteint d’un lymphome myeloblastique. Ce jeune de vingt-deux ans était hospitalisé dans le service de soins conventionnels d’hématologie et recevait sa dernière thérapeutique. Nous avons été touchées par la manière dont ce patient vivait sa maladie mais aussi par la relation qu’entretenait l’équipe avec lui. Cette situation nous a amené à nous questionner sur le rôle IDE à mettre en place. Nous désirons en savoir davantage sur les conduites à tenir dans ce genre de situation ainsi que le vécu des soignants sur le terrain et leur manière de réagir. Pour cela, nous avons dégagé des concepts spécifiques sur lesquels nous nous sommes axées. Tout d’abord nous avons travaillé sur la particularité de la prise en charge d’un patient jeune adulte atteint d’un cancer puis sur la relation soignant-soigné. 9 II. SITUATION D’APPEL Lors d’un stage en Hématologie service conventionnel au CHU, j’ai été confronté à une situation interpellante. Mr D, 21 ans, est entré dans le service pour recevoir une allogreffe suite à un lymphome myeloblastique. Mr D est suivi dans le service depuis l'âge de 17 ans suite à la découverte de sa maladie. Il a subi plusieurs cures de chimiothérapies et une autogreffe sans succès. Mr D était l’un des patients que je devais prendre en charge. Il montrait de l’intérêt concernant sa pathologie et ses traitements (recherches actives, acteur de sa prise en soin, confiance en l’équipe). Cependant j’ai pu déceler qu’il mettait en place le mécanisme de défense de l’ironie lorsqu’il parlait de sa maladie et des différents effets secondaires qu’il subissait (alopécie..). Cela me mettait mal à l’aise qu’il puisse rigoler de sa situation, d’autant plus que nous avions le même âge, ce qui me mettait dans une position de projection permanente. L’allogreffe était la dernière thérapeutique envisagée pour essayer de soigner sa maladie. Cette « dernière chance » a été très difficile à admettre pour moi. Cependant, l’équipe et Mr D était confiant face au traitement même s’ils restaient très réaliste face aux chances de rémission. Mr D est l'ainée d'une fratrie de 3 enfants. Il était très protecteur envers sa famille. Il refusait que ses petites sœurs viennent le voir quand il se sentait fatigué car il ne voulait pas montrer une mauvaise image de lui. Son père était très présent au quotidien et avait un contact fort avec l’équipe. Il pleurait régulièrement devant nous, s’effondrait dans le bureau de la cadre, mais jamais devant son fils, il voulait voir l’avenir avec lui. Mr D se montrait très pudique envers sa mère, elle ne venait qu’une fois par semaine. Mr D entretenait une relation très particulière avec l’équipe, très différente de celle des autres patients. Il s’agissait d’une équipe composée de soignants jeunes, le tutoiement s’est donc instauré « naturellement », ainsi qu’une relation plutôt amicale. Les professionnels veillaient à ce que Mr D soit toujours entouré : chaque jour, l’un d’eux se détachait de son poste afin d’aller passer un moment avec lui (jeux de société, jeux vidéo, film, etc). Mr D venait aussi en pause avec nous, aidait à la banque pour préparer les dossiers vierges, etc. J’ai senti un réel climat de confiance entre l’équipe et Mr D ainsi qu’une cohésion d’équipe dans la prise en soin de ce jeune patient. La cadre du service entretenait une relation très étroite avec lui. Son fils avait lui aussi un cancer hématologique. Mr D est décédé quelque mois plus tard. S’en sont suivis des arrêts de travail de la part de certains membres du service. Dans notre rôle de soignant, existe-il une « bonne » distance relationnelle soignant/soigné à mettre en place dans une situation similaire (fin de vie, patient jeune, demandeur, etc) ? Qu’est ce qui peut expliquer cette relation si proche du patient ? Quels mécanismes de défense le soignant met-il en place pour se protéger ? Le transfert 10 est-il évitable ? L’attachement peut-il entrainer un épuisement psychologique pour le soignant ? Existe-il une prise en charge psychologique post-mortem pour les soignants ? Peut-on parler de qualité des soins si l’attachement est si fort ? Quels sont les risques pour le patient, pour les soignants ? Ce questionnement nous amène à nous demander en quoi la relation soignant/soigné influence la distance relationnelle chez un patient jeune adulte, lors de la dernière thérapeutique envisagée, en service de cancérologie. Pour répondre à cela, nous avons tout d’abord effectué des recherches sur des sites internet ainsi que dans différents ouvrages trouvés au Centre de Documentation de notre école, ou prêtés par différentes professionnelles telles que des psychologues dans les services concernés. Puis, nous avons mené des entretiens individuels à questions ouvertes auprès de trois infirmières de cancérologie/hématologie : ide 1 : 30 ans en cancérologie depuis 10 ans, ide 2 : 25 ans, en cancérologie depuis 3 ans, ide 3 : 35 ans, aux soins intensifs d’hématologie depuis 10 ans, ide 4 : 23 ans, en hématologie soins conventionnels depuis 1 an. Enfin, nous avons choisi de confronter la théorie à la pratique en une seule et même partie afin d’éviter les redondances et dans le but d’amener de la fluidité lors de la lecture de notre travail. III. LA PARTICULARITE DE LA PRISE EN CHARGE D’UN PATIENT JEUNE ADULTE ATTEINT D’UN CANCER INCURABLE EN DERNIERE THERAPEUTIQUE. 1. Définition a. Cancer, dernière thérapeutique Cancer Selon le petit Larousse, le cancer est un « Ensemble de cellules indifférenciées qui, échappant au contrôle de l’organisme, se multiplient indéfiniment, envahissent les tissus voisins en les détruisant, et se répandent dans l’organisme en métastases : la maladie qui en résulte ». (8, p.171). 11 Lors de nos entretiens réalisés auprès d’infirmières de cancérologie et d’hématologie, le cancer a été défini par l’ide 1 comme une notion « trop vaste » que le service spécifie plutôt de « carcinome, adénocarcinome » (25, p.4). Pour l’ide 4, c'est une maladie « incurable (…) qui évoque certainement aussi la mort, des traitements qui sont très lourds, des années pas faciles à vivre » (25, p.22). Nous pouvons donc nous rendre compte que la définition du mot cancer varie en fonction de l’âge et de l’expérience des infirmières qui travaillent dans ces services. Nous constatons que la jeune infirmière porte un regard plus pessimiste sur cette maladie. Dernière thérapeutique Dernier traitement mis en place à la suite d’un ou de nombreux traitements précédents n’ayant pas guéri le patient. Le ressenti de l’ide 1 face à la dernière thérapeutique est que la maladie reste évolutive et que l’on ne pourra plus rien faire pour soigner le patient. b. Jeune adulte « On emploie aussi l’expression « jeunes adultes » qui désigne en général les plus de 18 ans qui vivent seuls. Cette catégorie est étendue, dans certaines études, à 29 ans » (1). 2. Relation avec le jeune adulte : constat En partant de notre situation d’appel et de nos expériences, nous supposons que la relation qu’un infirmier(e) entretien avec un patient jeune adulte est particulière et spécifique du point de vue de l’âge du patient et de sa courte expérience de vie. Le jeune adulte malade peut toucher chacun(e) d’entre nous et nous émouvoir. Selon l’association américaine "Vital Option" : « Les jeunes adultes ont encore l'espoir d'atteindre leurs objectifs et de réaliser leurs rêves, tandis que la plupart des patients plus âgés les ont déjà accomplis » (2). Atteint d’un cancer, le jeune adulte se voit dépossédé de ses capacités et à l’écart de ses pairs qui continuent de progresser dans leur vie professionnelle et personnelle. Les infirmières interrogées nous expliquent qu’elles ont le sentiment que la maladie est aussi difficile à accepter pour un patient jeune adulte que pour un patient moins jeune. En effet, selon l’ide 1 « c’est aussi difficile pour quelqu’un de 50 ans de savoir qu’il a un cancer et de savoir qu’il ne verra pas ses gamins de 20 ans grandir. Mais c’est vrai que 12 quand c’est quelqu’un de 18-20 ans dans un lit… » (25, p.5). Par ailleurs, les infirmières nous indiquent que pour elles, il est généralement plus complexe de s’occuper d’un patient jeune de par l’image qu’il renvoi, en effet « (…) dans la vie on peut avoir un cancer à 80 ans, c’est la mort cellulaire j’ai envie de dire. A 20 ans ce n’est pas normal » (25, p.5). Pour l’ide 4 « (…) les personnes jeunes c'est peut-être un peu plus injuste enfin, (...), après, bon, un cancer ça reste un cancer. C’est injuste peut-être par rapport à quelqu' un qui est beaucoup plus âgé » (25, p.22). Le plan cancer 2009-2013 précise qu’en plus de la perception différente de cancer chez un jeune adulte, la prise en charge est elle-aussi spécifique. A travers sa mesure 23, action 23.5 : « Cancer : les données spécifiques des adolescents : prise en charge et enjeux » (3). Ce plan invite les professionnels de santé à élargir leur champ de vision concernant la prise en charge des adolescents et jeunes adultes. En effet, cette mesure nous explique que le jeune adulte malade est d’avantage centré sur sa vie en dehors de la maladie et l’impact que le cancer opère sur celle-ci (projet professionnel, apparence physique, etc.) tandis que les membres de l’équipe soignante sont préoccupés par la guérison et la survie du patient. Ce décalage peut avoir un impact important sur le moral du jeune adulte qui peut se sentir incompris. Les ide font toujours le maximum pour entrer en relation avec « les patients introvertis » (ide 4), ce qui peut se révéler parfois difficile. En effet ils ont tendance à se réfugier dans « le sommeil, les jeux vidéo les choses comme ça (…) trouver le déclic pour (…) qu'ils se confient (…) » (ide 3) (25, p.19). Néanmoins, on constate que l’équipe est plus permissive avec les patients jeunes adultes, elle est amenée à les laisser régulièrement fumer et à répondre à leur envies alimentaires (pizza, McDonald,…) « (…) au niveau des visites des fois on laisse un peu plus de temps (…) » (ide 4) (25, p.24) mais tout en gardant un cadre hospitalier. Lors d’un sondage, les jeunes adultes témoignent : « Ici j’ai été très bien encadré, ils sont tous sympas et chapeau pour le boulot qu’ils font quoi, ça c’est clair. » (6). Au cours de nos recherches, nous n’avons trouvé que très peu de documents (protocoles, témoignages, livres, articles) étudiants la spécificité de la prise en charge par un infirmier(e) d’un patient jeune adulte atteint d’un cancer au cours de sa dernière thérapeutique. La plupart des études relevant de ce thème proviennent des Etats-Unis et concernent plus précisément la population adolescente. On peut retrouver quelques programmes d’informations destinés aux adolescents en France dans les services d’oncologie. Cependant, selon le Jle (John Libey Eurotext) : « Les traces écrites, quand elles existent, semblent plutôt répondre à un souci médicolégal qu’à un souci de suivi pédagogique du patient » (4). 13 3. La famille du jeune adulte Par ailleurs, il est indispensable de prendre en compte la famille du jeune adulte au cours de la prise en charge de ce dernier. La plupart du temps très présente, elle tient une place essentielle dans l’histoire de la maladie du patient et son implication est primordiale. Certain auteurs, tels que Humblet et Lagasse soulignent à quel point l’adolescent est sensible aux réactions de son entourage. Comme le stipule l’article "L’adolescent face au cancer et sa place dans la famille" tiré de la revue le "Bulletin du cancer" : « Il s’agit de créer une alliance à trois » (7). Cependant, certaines tensions peuvent aussi éclater entre la famille et l’équipe soignante : « La présence des parents peut majorer le niveau de stress des soignants, diminuer l’efficacité des soins et peut être consommatrice de plus de temps » (7). En effet les parents peuvent se sentir démunis face la souffrance de leur enfant avec la volonté de contrôler la maladie. Il est donc important de réaliser l’importance de l’impact de la maladie du jeune adulte sur la famille et, à l’inverse, l’impact des réactions de la famille sur le jeune adulte. La prise en charge psychologique et sociale est donc indispensable pour la famille ainsi que la délivrance d’informations claires et adaptées dans le but d’avoir une relation agréable avec elle et d’obtenir une prise en charge optimale pour le patient. Les professionnelles interrogées confirment cette théorie. Pour elles, la famille représente une complexité supplémentaire, voire une double prise en charge « C’est le patient 50 % et 50% la famille » (ide 1) (25, p.5). Elles confirment même que « Quand la famille est là c’est plus dur. Forcement la prise en charge est différente. » (ide 1) (25, p.6). L’ide 4 insiste sur les difficultés pour la famille de voir leur proche malade « C'est dur à vivre dans le sens ou voilà ils avaient la vie devant eux pi on s'imagine. La famille, on s'imagine les parents tout ça c'est vrai que ce n'est pas facile ! » (25, p.26). 4. Mise en évidence des besoins du jeune adulte Indéniablement, comme nous l’avons précisé dans notre deuxième partie, la période chevauchant l’adolescence et l’âge adulte est une période singulière. Nous avons donc décidé de mettre en évidence les besoins des jeunes adultes atteints de cancer afin de pouvoir amorcer une conduite à tenir face à leurs demandes. L’association "Vital Option" stipule que « d'autres questions sur les rapports humains, l'image du corps, l'estime de soi, le mariage, la famille, la fertilité et la grossesse, l'éducation, la carrière, le travail et la mort restent beaucoup plus dans le flou pour les jeunes (…) » (2). 14 Pour illustrer ces propos, nous nous appuyons sur une étude menée par deux stagiaires psychologues en master 2 sur des jeunes d’une moyenne d’âge de 22 ans, atteints d’un cancer et pris en charge au sein de l’institut Bergonié à Bordeaux (6). Les résultats des questionnaires montrent que dans la relation avec les soignants, les jeunes adultes ont besoin d’écoute, d’attention, de respect des modes et des rythmes de vie, de se projeter dans une vie « normale ». Ils soulignent aussi l’importance des visites de leur famille. Nous pouvons donc nous rendre compte que les besoins des patients jeunes adultes diffèrent de ceux des patients moins jeunes en partie à cause de la différence d’âge. Comme il est dit précédemment, les jeunes adultes ont moins d’expérience de vie et ils sont en pleine phase de transition. Ils veulent continuer à suivre un cursus scolaire, conserver leurs relations amicales et amoureuses ainsi qu’une activité sexuelle et garder des liens avec le monde extérieur. Cependant, ils se heurtent aux difficultés liées à la maladie, à son traitement et à ses effets secondaires. Leurs hospitalisations sont longues et fatigantes, parfois en milieu stérile ce qui les empêchent de recevoir du monde et de poursuivre leur scolarité. De plus, certains subissent des modifications corporelles et se sentent physiquement anéantis et indésirables. Selon l’article, « Les transformations corporelles en lien avec la maladie et les effets secondaires des traitements, comme la prise de poids, l’alopécie, les cicatrices, peuvent être menaçantes pour la constitution d’une image de soi de bonne qualité » (7). Nous devons donc, en tant que soignant, être spécialement attentif quant à l’état psychologique de nos patients et évaluer l’emprise et l’impact de la maladie sur leur vie quotidienne. A nous de faire en sorte qu’ils gardent dignité et espoir, qu’ils restent en contact avec le monde extérieur. Nous devons aussi les inciter à ne pas lâcher prise, les encourager à faire de leur cancer un réel défi à tenir jusqu’au bout. De plus, il est important dans notre rôle soignant de considérer tous les aspects de la maladie avec sérieux. Selon l’ide 3, « il faut faire très attention à ce qu'on dit (…) ils prennent tout vraiment au sérieux. Ils ont besoins vraiment d'être rassurés (…) » (25, p.19). 5. Emotions Selon le dictionnaire le Petit Larousse, une émotion est un « Trouble subit, une agitation passagère, causée par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie, de colère, etc » (8, p.374). Comme toute personne atteinte d’une maladie grave, le jeune adulte 15 éprouve diverses émotions lors de l’annonce du diagnostic puis tout au long du traitement. Comme l’explique en détail le document "Vivre avec un cancer avancé" (9), il a tout d’abord subit un choc, puis une sorte d’incrédulité, suivit de colère, peur, tristesse, chagrin, déni, culpabilité, regret, etc. Il est donc de notre rôle de soignant de savoir détecter ces émotions pour avoir une réaction positive face au jeune adulte. L’étude sur "les besoins et les attentes des adolescents et jeunes adultes atteints de cancer" (6) met en évidence que l’émotion la plus fréquente est la peur. Peur de la récidive, des séquelles, de la mort. Cependant, lors de nos recherches, nous avons remarqué que les émotions et les réactions ne semblent pas être radicalement différentes chez un patient jeune adulte ou un patient moins jeune, lorsqu’il s’agit du moment de la dernière thérapeutique envisagée. Ce dernier traitement est généralement précédé d’une récidive et induit souvent un immense désespoir pour le patient : « c'est aussi bouleversant que la révélation du cancer » (10). Par ailleurs, l’ide 1 nous confie que pour elle, « jeunes ou pas jeunes toutes les personnes qui m’ont dit être sereine face à la mort, face à tout ça c’est faux c’est complètement faux. Au dernier moment, les gens ils ont envie qu’on les aide à vivre » (25, p.5). De plus, les soignantes insistent sur le fait qu’il faille toujours garder une attitude optimiste, ne pas dire aux patients « vous allez guérir » (ide 3). Il faut les inciter à vivre au jour le jour, profiter du moment présent et ne pas se projeter à long terme. Nous pensons que la peur de la mort liée à l’échec probable de la dernière thérapeutique est inévitable et propre à chaque être humain, quel que soit son âge et l’environnement dans lequel il a évolué. Le soignant est aussi réaliste face à cette fatalité, c’est pourquoi les infirmier(e) mettent tout en œuvre pour réaliser les désirs de leurs patients. L’ide 3 pense qu’il faut encourager les patients à avoir des envies. Elle nous explique que les jeunes adultes ont souvent des projets simples à réaliser (« voir son chien, rentrer à la maison, boire une bière » ide 1 (25, p.6) ). De par notre expérience, nous avons pu remarquer que la réalisation de ces projets était spécifique aux services de cancérologie et d’hématologie dans lesquels les équipes ont décidé d’en établir une dynamique de service. De nombreux malentendus peuvent subvenir entre le patient et sa famille qui ne comprend pas forcément les réactions du malade. Malgré l’encouragement et la présence de son entourage, le patient est seul face à sa maladie. Comme le souligne le document cité cidessus, « Le patient s'enferme parfois progressivement dans la maladie. Dire les choses peut devenir de plus en plus difficile et il arrive que la communication avec l'entourage se coupe » (10). Ainsi, un non-dit s’installe, ajouté à une certaine pudeur entre les deux parties (patient et famille) qui refusent de laisser libre court à leurs émotions et de montrer leur tristesse dans le but de protéger l’autre. Nous, infirmier(e), sommes plus armé(e)s de par 16 notre expérience, à comprendre les réactions de ces personnes malades et à détecter l’émotion qui en résulte. Il faut par ailleurs prendre en compte le ressenti des proches qui connaissent le patient et savent souvent détecter ses émotions mieux que nous ; 6. Mécanismes de défense Le philosophe Freud (1856-1939) est à l’origine de la découverte des mécanismes de défense. Selon lui, « Le mécanisme de défense est le processus par lequel l'inconscient dresse des barrières destinées à protéger le «moi». Ces protections concernent des souvenirs, des fantasmes, des traumatismes ou des conflits moraux. Elles sont aussi garantes du maintien d'une moralité compatible avec le «moi» et permettent de ne pas céder à des angoisses. Le mécanisme de défense entraîne un refoulement grâce à une déformation de la perception de la réalité » (11). Dans son ouvrage, Martine Ruszniewski stipule que « Privé de tout repère matériel et affectif, coupé de ses proches et de ses habitudes quotidiennes, interdit de projets dans un univers physique bouleversé et une réalité psychique transfigurée, le malade va désormais devoir réagir et se défendre face à toute approche vécue comme une agression sans cesse renouvelée » (12, p.36). Un patient jeune adulte atteint d’un cancer affronte une multitude d’angoisses provenant de sphères multiples, psychiques et matérielles. Il est évident que ces mécanismes jouent un rôle protecteur face à la réalité de la maladie et aux incertitudes concernant l’avenir. Les mécanismes de défense aideraient donc le patient à masquer son angoisse, à la gérer, à l’oublier. Dans nos diverses recherches, nous avons pu nous rendre compte que les mécanismes de défense exposés par les auteurs étaient le plus souvent similaires. Nous allons à présent citer ceux mis en exergue par Martine Ruszniewki dans son ouvrage (12, pp.38-58). Certains mécanismes de défense amène le patient à réfuter son état de santé. Tout d’abord la dénégation est le premier mécanisme de défense mis en place dans le processus d’acceptation de la maladie. Le patient refuse d’approprier la maladie à lui-même. Il nie l’apparition des symptômes pour se convaincre que la pathologie n’est pas enracinée dans son corps. Puis il y à l’annulation au cours de laquelle le patient efface de sa mémoire les dires du médecin. Il considère que le diagnostic n’a jamais existé et occulte aussi radicalement la lourde et insupportable réalité de la maladie. 17 Il existe d’autres mécanismes de défense dans lesquels le patient a conscience de sa maladie et met tout en place pour masquer l’angoisse que cela suscite chez lui. Il peut ainsi mettre en place l’isolation au cours de laquelle il va annoncer son état mais de manière détachée et impassible afin de « déconnecter l’insupportable réalité de l’affect ». Le déplacement qui est un autre mécanisme de défense du même type va se traduire par une atténuation de son angoisse en la déplaçant sur une autre souffrance liée ou non à la maladie, « bien réelle mais moins lourde à porter ». La régression quant à elle pousse le patient à adopter un comportement infantile et puéril, il fait preuve d’une dépendance et d’une passivité extrême. Les patient « n’existent qu’à travers la maladie et préfèrent s’y nicher dans un repli total de leur être, engendrant alors un amoindrissement de leur maturation affective et psychique ». Dans ces mécanismes, le patient semble subir sa maladie et fait preuve d’une certaine incapacité massive tout en essayant de détourner sa peur. Nous avons de plus relevé deux mécanismes de défense pour lesquels le patient fait preuve d’une grande activité, contrairement à ceux cités précédemment. Il y a tout d’abord il y a la maitrise se traduit par le fait que la patient « se sentira moins vulnérable s’il pense pouvoir encore comprendre l’évènement et en maitriser le processus (…) ». Le patient va utiliser des procédés tels que la rationalisation (justification de la maladie qui donne une impression de contrôle), la dérision, l’humour, les rites obsessionnels. Ensuite il y a la combativité / la sublimation durant laquelle le patient va neutraliser son angoisse en adoptant un comportement énergique et en faisant preuve d’espoir. Il rend « constructif et créatif son rapport à l’adversité » en se tournant vers l’autre et en s’ouvrant à lui. Au cours des entretiens, l’ide 4 nous explique qu’elle a remarqué ces mécanismes de défense auprès des patients jeunes adultes : « (…) c’est vrai que je trouve qu'ici la majorité des gens ont la 'niac' de s'en sortir. Il y a pas mal de choses qui pourraient leur mettre le moral à zéro et je trouve que c'est des gens qui sont vraiment battants quoi, qui ont une combativité (...) pas tous mais beaucoup » (25, p.24). Pour finir, la projection agressive montre à quel point le patient nourrit un sentiment d’inutilité par rapport à son statut antérieur. Renforcé par les personnes bien portantes qui l’entourent, son incapacité l’obsède et il va le montrer par des insultes, des remontrances, des plaintes, des reproches et des accusations envers son environnement. 18 IV. LA RELATION SOIGNANT-SOIGNE 1. Définition a. La relation soignant-soigné La relation se définit comme « une rencontre entre deux personnes au moins, c'est-àdire deux caractères, deux psychologies particulières et deux histoires […] » d’après les auteurs Manoukian A. et Masseboeuf A. (13) Pour mettre en place une relation, il est nécessaire qu’il y ai un échange d’informations entre ces personnes sous forme verbale ou non verbale. La relation soignant-soigné est basée essentiellement sur la notion de relation de confiance. Selon le praticien Santin A. la confiance est comme la : « foi en quelque chose, en quelqu’un. Se fier à, car il s’agit bien de cela : se fier à un autre, à l’inconnu, se confier pleinement.» (14). Dans les entretiens, chacune des infirmières insiste sur la confiance qu’elles ont besoin d’instaurer avec le patient. L’ide 1 nous confie que la relation soignant-soigné est pour elle « essayer d’arriver sur un pied à peu près neutre au niveau du patient, c’est être à peu près à sa hauteur, et qu’on ait un échange qui soit le plus optimal, qui corresponde le plus à sa demande au fait » (25, p.3). Elle précise qu’il est nécessaire d’arrêter son activité et de prendre un temps pour parler avec le patient. C’est ainsi que la relation soignant-soigné se met en place et qu’un climat de confiance peut naître. La relation d'aide permet de construire un échange équilibré, où il n'y a pas de pouvoir de l'un sur l'autre. La relation d'aide en soins infirmiers est un moyen d'aider le patient à vivre sa maladie et ses répercussions sur la vie personnelle, familiale, sociale et éventuellement professionnelle. Le soignant, plus précisément l’infirmier(e) est donc un acteur majeur dans la construction de cette relation. b. Le rôle de l’infirmière La difficulté de la relation soignant-soigné est de respecter les attentes, les représentations de chacun. Pour cela, l’infirmière doit donc s’écarter de ses représentations 19 sociales, qui sont fondées sur des croyances et intégrées comme des vérités. L’infirmière doit faire appel à des attitudes et des qualités tels que l'écoute active, l'empathie, l'authenticité, la reformulation. Lorsque l’infirmier(e) prend en charge un patient jeune adulte, la relation soignantsoigné est à la fois axée sur le jeune et sur sa famille. L’accompagnement du patient jeune adulte atteint d’une maladie cancéreuse se révèle être une prise en charge complexe car les soignants, plus particulièrement les infirmier(e)s, entretiennent des relations parfois étroites avec ce type de patients. Les soignants sont touchés par l’espoir, la combativité des patients et de leur famille. La perte d’un de ces jeunes patients les affecte énormément. L’ide 4 illustre ces faits : « (…) je pense que (…) c’est des enfants encore hein?! (…) j'en ai pleuré j'ai été très très très touchée par ce décès-là euh, pourquoi ben parce que c'est un jeune estce que c'est normal ? Oui c'est normal je pense, hein voilà quoi, je me suis sentie proche de lui alors je ne sais pas pourquoi mais certainement à cause de l'âge et oui par sa ténacité ça donne envie d'y aller quoi, de vaincre la maladie » (25, p.25). 2. La distance relationnelle Selon le cours "Les concepts en soins relationnels ", la relation est définie comme étant « une interaction occupant une place particulière au sein d’un groupe auquel elles appartiennent » (15). Dans une toute autre approche, nous pouvons constater que chaque être humain est unique. Les réactions, les émotions, les besoins sont subjectifs. Chaque soignant est unique ainsi que chaque patient. Dans cette relation soignant-soigné, les soignants doivent donc adapter leur distance face aux patients. Il n'existe pas de distance type à adopter. Le soignant doit écouter ses émotions car celles-ci sont au cœur du soin. D’après l’ouvrage "Attachement et séparations : paradoxe de la relation soignantsoigné" (20), nous pouvons voir que la distance relationnelle comprend l'attachement. En effet, la prise en charge d'un patient à long terme amène à une relation plus proche physiquement ainsi que psychiquement. L’ide 3 définit la distance relationnelle comme étant « propre à chacun ». Nous repérons que parler de distance relationnelle, c’est parler des limites de la relation, pour l’une des infirmières la distance « c’est (...) jusqu' à quelles limites (…) on s’implique dans la relation, à quelle limite on sent que (…) on va trop loin (...) 20 » (25, p.17). Il s'agit d'une relation régulière, qui peut amener à des confidences plus ou moins intimes selon la volonté de l'infirmier(e). En effet, certains soignants peuvent être confrontés à des patients le plus souvent jeunes et peuvent être amenés à dépasser les limites du professionnalisme. L’ide 3 confirme nos constatations « Des fois, ils nous demandent de les appeler par leur prénom mais c’est tout. Moi j’essaye juste de pas trop parler de ma vie personnelle enfin globalement (…) mais pas trop rentrer dans les détails » (25, p.17). L'attachement au patient permet d'instaurer une relation de confiance avec celuici, de créer un lien ainsi qu'un sentiment de sécurité pour ces deux protagonistes. Par ailleurs, cette notion de distance amène au concept de protection, de barrières. En effet, selon l'ouvrage cité ci-dessus, une implication totale de la part de l'infirmier(e) aboutirait à un épuisement physique mais surtout psychologique (20). Il doit donc parvenir à différencier sa vie professionnelle de sa vie personnelle afin de se préserver d'un possible débordement de sentiments. Cette affirmation est vérifiée par l’ide 4 : « Quand il y a un décès qui me touche autant et qui arrive à me toucher dans ma vie personnelle c'est que je me dis là effectivement il y a un souci dans le sens où je manque peut-être de formation, je manque d'arme par rapport à ça. » (25, p.28). Selon un site internet dédié aux étudiants (21), cette distance relationnelle implique une certaine sensibilité de la part du soignant. Celui-ci ne doit être ni trop sensible, ni insensible. Il s'agit là d'un contraste complexe, marqué de nuances, qui permet à l'infirmier(e) une prise en charge optimale du patient ainsi qu'une protection d'elle-même. Il s'agit d'un exercice difficile d'autant plus que cela ne s'apprend pas uniquement dans la théorie. Cela nécessite un travail sur soi, la connaissance du Moi de l'infirmier(e) ainsi que la pratique professionnelle. Au cours des entretiens nous avons pu nous rendre compte que toutes les infirmières étaient d’accord sur le fait que se fixer des limites étaient propre à chacun et que cela dépendait du patient, de la relation mise en place, de ses représentations et de son vécu. Par exemple l’ide 4 nous explique : « mes limites je me les fixe moi-même, je sais jusqu’où je suis prête à aller. (…) il y a des gens, je ne me permettrais pas de les tutoyer ni de blaguer ni... la proximité, les limites (…) c'est eux aussi qui nous la donne (…) »(25, p.27). L’affect de l'infirmier(e) est mis à rude épreuve lors d'une prise en charge à long terme d'un patient jeune adulte atteint d'un cancer en dernière chance thérapeutique. Suite à un exemple de cas donné par l’ide 1, nous pouvons dire que les limites sont franchies à partir du moment où le soignant porte des attentions plus particulières aux patients (échanges de numéros de téléphones, visites en dehors de son temps de travail…) «(…) je suis allée beaucoup trop loin dans cette relation, c’est-à-dire que il voulait rentrer chez lui, j’avais donc fini mon service à 14h30 ,(…) j’étais restée jusqu’à 15h et de chez moi j’appelais 21 les infirmières du village, (…) je suis complètement allée en dehors. (…) si c’était à faire je le referais. Donc oui je suis allée trop loin, oui il m’a marqué, oui j’en ai rêvé (...) (pleurs à chaudes larmes)» (25, p.8). Cette notion de distance permet donc de maintenir la relation soignant-soigné dans un cadre professionnel ainsi que de prendre soin de soi afin de réaliser la prise en charge la plus optimale possible de son patient. La proximité est un concept inéluctable à la distance relationnelle. Selon les différentes infirmières interviewées, la proximité passe par l’écoute, la disponibilité, la prise de temps pour dialoguer avec les patients. L’ide 1 spécifie qu’il s’agit de « (...) s’asseoir au bord d’un lit et prendre la main de la dame, prendre dix minutes, oublier tout ce qu’il y a dans le couloir (…) pour parler avec quelqu’un » (25, p.9). Être proche peut amener à l'ambivalence, en effet selon l’ouvrage "Relation d’aide en soins infirmiers" (18) une trop forte proximité peut faire tomber les barrières dans la relation, le soignant n'a plus de repères, s'implique émotionnellement face à son patient. En effet, selon le périodique "Face à face" : « une trop grande empathie peut induire des débordements émotionnels » (19). Certains outils comme « la toilette protocolaire » existent afin de faciliter le détachement à l’autre. A contrario, une proximité minime peut empêcher la création d'un lien de confiance entre le soignant et son patient. Il est démontré que « les stratégies des soignants peuvent conduire les patients à se sentir chosifiés » (19). La distance relationnelle connaît ses propres limites. On remarque que toutes les soignantes interrogées définissent le franchissement des limites comme étant de l’intrusion du travail dans leur vie privée. De plus, nous constatons qu’il est d’autant plus facile de dépasser les barrières avec un patient jeune adulte. Cependant en ce qui concerne le tutoiement, les infirmières ont des divergences d’opinions : L’ide 4 nous fait part de son ressenti « (...) j'ai 23 ans s’il en a 23 aussi, je ne me vois pas le vouvoyer (…) » (25, p.27). L’ide 3 elle estime que « si un jeune nous demande de le tutoyer (…) des fois on déborde, après chez les personnes plus âgées non» (25, p.17). L’ide 1, pense qu’il est important de maintenir le vouvoiement afin de conserver un cadre professionnel avec tout type de patient : « Moi je vouvoie tous les patients. Si on me tutoie je les vouvoie tous » (25, p.10). La complexité de la distance relationnelle peut entraîner un épuisement professionnel de la part de l’infirmier(e), plus communément appelé le « burn-out » face à un patient. En effet, nous pouvons constater que ce phénomène est une réalité dans la profession infirmier(e). « De nombreuses études, en France comme à l'étranger, constatent l'augmentation du burn-out dans les services de soin ». 22 Nous avons pu constater que le concept de distance relationnelle dans la prise en charge par l'infirmier(e) d'un patient jeune adulte atteint d'un cancer lors de sa dernière chance thérapeutique n'a pas fait l'objet d'études spécifiques. En effet, cette notion de distance est abordée au sens large de la relation soignant-soigné. Le constat est que la distance relationnelle est présente au sein de toute prise en charge aussi bien en néonatalogie, qu'auprès d'enfants, d'adolescents, de jeunes adultes, d'adultes ainsi que de personnes âgées. 3. Les émotions des soignants a. Répercussions des émotions du soignant Nous pouvons constater que l’expression des émotions dans le cadre du métier de soignant n’est ni à proscrire, ni à rendre systématique. Il convient de les exprimer d’une manière éthique, n’ayant aucune répercussion sur les différents protagonistes de la relation. Pour se protéger, certains soignants ont tendance à réprimer leurs émotions, cela leur permet d’avoir un contrôle sur la relation mise en place avec le patient. L’ide 3 fait partie de ces soignants : « on se fait une bulle en fait, on se crée une bulle et puis (…) on bloque un peu les émotions (…) » (25, p.15). Elle exprime la mise en place volontaire une conduite défensive. Face aux différentes émotions ressenties, les soignants mettent en place des mécanismes de défense qui ont une fonction adaptative afin de se protéger d’un évènement générateur d’angoisse, de souffrance ou de malaise. Ces mécanismes ne sont pas pathologiques, ce sont des processus inconscients. Ils peuvent interférer dans la relation soignant-soigné car ils influent sur le comportement du soignant face au bénéficiaire de soins. On constate d’ après l’ouvrage de Martine RUSZNIEWSKI (12) que le mensonge est un mécanisme de l’urgence et de l’efficacité primaire, il est le plus dommageable pour le patient. Il consiste à donner sciemment de fausses informations sur la pathologie du patient en repoussant le temps de la vérité. Néanmoins, selon ce livre de Martine RUSNIEWSKI (12) et le 3ème Congrès en soins palliatifs en hématologie (22), l’identification projective est le comportement le plus fréquent, d’autant plus dans des services spécifiques comme la cancérologie. L’identification consiste à attribuer à l’autre certains traits de soi-même, d’un membre de sa famille, ou d’un proche. 23 Le soignant a la capacité de trouver des points communs au malade (même âge, âge d’un proche ou provenance du même village…). Le soignant peut se substituer au malade et transférer sur lui certains aspects de sa personnalité ou identifier le patient à un membre de sa famille et vivre par projection sur cette personne, comme si l’un de ses proches avait à subir le même sort. L’ide 1 nous fait part de son ressenti : « (…) je ne suis pas sûr que c’est l’âge en soit, mais ce que chacun représente. (…) je supporte plus depuis que je suis maman de voir des enfants j’ai vraiment du mal avec ça. Avant quand j’étais plus jeune, ça ne me faisait rien (…) je pense qu’on évolue chacun avec sa propre histoire (…). J’ai perdu mon grand-père d’un cancer, je n’aime pas voir des petits grands-pères seul à l’hôpital. Je crois que c’est son histoire qui reflète un petit peu, (…) c’est le vécu pour moi » (25, p.6). Les représentations des soignants, leur vécu ainsi que leur âge interfèrent dans la prise en soin. En effet, identifier ou s’identifier à un patient provoque chez les soignants des émotions, des ressentis pouvant parfois entraver la relation. En effet l’ide 4 affirme l’hypothèse que la proximité de l’âge du soignant et du soigné resserre les liens existants entre eux « jeunes, j'ai une relation qui est totalement autre on va dire. Plus dans le (...) enfin on peut pas dire copain-copain c'est pas possible mais, (...) enfin (...), il y a quelque chose et euh, oui je suis proche parce que voilà en plus (...), j'ai 23 ans donc voilà » (25, p.23). L’identification pousse à se mettre à la place de l’autre, ce qui fausse d’emblée la relation aux patients car pour qu’il y ait relation, il faut être deux. C’est un processus inconscient du soignant, il se trouve pris dans cette identification et il devient seulement conscient de ce mécanisme par les effets qu’il produit : proximité et souffrance. Le contre transfert est une des premières manifestations de l’identification. Il désigne l’incapacité du professionnel à séparer la relation thérapeutique de ses sentiments personnels et des attentes du patient. Repérer ce que l’autre suscite en nous, par le transfert qu’il nous adresse, nous rend moins aveugle sur notre transfert à son égard. On distingue trois mécanismes pouvant être mis en place par les soignants ayant pour but la fuite afin d’éviter la confrontation à la souffrance des patients. On retrouve l’esquive, mis en place par certains professionnels de santé qui sont dans le refus de la souffrance psychique, se sentant démunis, impuissants face aux inquiétudes et angoisses du patient. L’esquive les conduira à dévier la conversation en parlant d’autres choses, ils s’éloigneront de la réalité en ne répondant pas aux attentes du malade. Il y également l’évitement, ce mécanisme de défense est comparé à un comportement de fuite permettant aux soignants de se protéger. Certains peuvent aller jusqu’à considérer le patient uniquement comme un objet de soins afin de nier sa présence. Et la fuite en avant qui, elle, permet aux professionnels de s’alléger d’un poids en se déchargeant de leur angoisse et de leur savoir aussitôt auprès du patient afin de maintenir un équilibre dans les souffrances sans se soucier des conséquences. 24 D’autres mécanismes comme la banalisation et la dérision sont utilisés par les soignants car ils consistent à ne pas prendre en compte le ressenti et la souffrance des malades. La banalisation est un mécanisme de distanciation. Le soignant va s’enfermer dans des soins concrets, il se limite à ne prendre en charge que la souffrance physique, convaincu que cela s’avérera suffisamment aidant auprès du patient. La dérision, elle, est une non reconnaissance d’une souffrance parfois banalisée par le soignant entrainant souvent des comportements de fuite afin d’éviter d’affronter l’angoisse du malade. De plus, certains soignants se cachent derrière leur savoir médical, ainsi, ils peuvent faire face au malade, établir un dialogue sans dialogue, c’est la rationalisation b. La souffrance des soignants en hématologie/cancérologie D’après la synthèse du Congrès de soins palliatifs en hématologie (22), nous pouvons retenir que la souffrance des soignants était créée par la relation de soin. Cette dernière est d’autant plus complexe du fait que le soignant doit prendre en charge le patient ainsi que sa famille ce qui peut engendrer une souffrance supplémentaire. L’affliction des professionnels de santé est aussi due à la surcharge de travail qui entre en opposition avec la qualité des soins car la priorité technique devance les soins relationnels. Le sentiment amer de n’avoir pas pu accompagner le patient humainement vient s’imposer secondairement. En cancérologie, la souffrance des soignants n’est pas différente de celle des autres services mais elle réside des circonstances particulières de la rencontre avec les patients atteints de maladies cancérologiques. Cette souffrance est causée d’une part par les pathologies traitées, la gravité des affections, les rechutes, les échecs thérapeutiques confrontant le personnel à accompagner les malades connus depuis une longue période jusqu’à la mort. La fréquence des hospitalisations amplifie les liens d’attachement dans la relation entre patient et soignant ce qui rend difficile le maintien d’une juste distance affective. Ces sentiments forts à l’égard des patients fragilisent le soignant qui est de ce fait plus vulnérable. Cela peut être une autre source de souffrance. D’après l’ide 3 « On tisse des liens, des liens plus forts, on va bien les connaître, connaître leur famille (…) ce qu’ils ressentent, (…), je pense que c'est une autre relation qui s'installe » (25, p.14). L’ide 4 confirme : « c'est vrai qu’on n’est pas censé faire ce genre de choses mais on a des "chouchoux" (…) » (25, p.21). D’après ces deux 25 témoignages, nous remarquons que la prise en charge à long terme amène à la création de liens plus intenses entre le soignant et le patient. Nous pouvons remarquer que la théorie et la pratique sont en corrélation sur l’idée que nous sommes avant tout des êtres humains sensibles à la souffrance des personnes que nous soignons. D’autre part, cette douleur est également due à la répétition des situations difficiles car les soignants du service voient revenir essentiellement les patients dont l’état s’aggrave tandis qu’ils ont rarement la chance de revoir les patients dont l’état s’améliore. L’équipe soignante est dans un schéma de tourment répétitif. Les effets de la répétition des soins difficiles mettent à rude épreuve les ressources personnelles des soignants d’où la nécessité d’exprimer ces difficultés en équipe ou dans des groupes de formations afin de pouvoir continuer à soigner sans fuir. Les formations sont des outils pour les professionnels de santé de réactualiser leurs connaissances mais également de leur apporter à tous une même ligne de conduite face à des situations spécifiques. Leur besoin se fait cruellement ressentir face à la prise en charge des patients jeunes adultes et leur famille. L’ide 3 confirme nos propos « les formations sur les accompagnements en fin de vie, c’est très intéressant parce que (…) ça renvoi beaucoup à notre vécu (…), notre idée de la mort (…). Et puis ça nous montre des astuces pour bien encadrer la famille, le patient qui va décéder enfin faire au mieux pour que ça se passe bien (…).» (25, p.19). De surcroit, on peut supposer que le fait que les soignants soient formés sur la prise en soin, l’accompagnement en fin de vie de patient jeune adulte pourrait leur permettre de mettre en place une distance relationnelle saine. L’ide 4 nous exprime son besoin de formation : « à partir du moment où moi je trouve que ça me touche dans ma vie personnelle, c’est que je pense que j'ai besoin au niveau professionnel d'être formée (...) » (25, p.28). Nous pouvons nous interroger sur l’impact de son âge (23ans) ainsi que sur son manque d'expérience au travers de cette réaction. Face à la prise en charge des jeunes adultes, les infirmier(e)s peuvent ressentir un sentiment d’échec, de découragement, de culpabilité, d’impuissance, de révolte, avec pour effet la remise en question de l’efficacité et de l’utilité des actions thérapeutiques. Lors de notre entretien, l’ide 3 exprime qu’il « (…) est vrai qu’on s’attache vite, on se dit que c'est injuste tous ces traitements, ces souffrances pour aboutir (…) à rien du tout entre guillemets. C’est pas un âge où on devrait être malade » (25, p.15). Il est donc important que l’ensemble de l’équipe soignante acceptent que les possibilités thérapeutiques curatives disparaissent. L’ide 4 nous fait part de ses difficultés : « j'ai eu beaucoup plus de difficultés par la suite à prendre en charge quand je sais qu'ils vont partir et qu'on a plus de traitements à leur proposer » (25, p.22). 26 Certains soignants trouvent donc un équilibre en renforçant leurs défenses et élèvent un mur protecteur entre leurs affects et les sollicitations venant du patient et de sa famille. La recherche d’un équilibre est de reconnaitre ses difficultés et de chercher des moyens, des ressources personnelles pour continuer à soigner, au sens global du terme c’est-à-dire en ne négligeant pas les soins relationnels. La cohésion d'équipe est importante car elle permet à l'infirmier(e) de se confier, de pouvoir dire ce qui lui tient à cœur à des personnes pouvant vivre la même situation donc de se sentir compris. L'ide 3 nous indique que : « on en parle beaucoup au boulot et puis à l'extérieur on essaye de se voir (…), on fait un peu de sport. Moi j'arrive encore assez bien (...) à me vider la tête quand je sors de l'hôpital » (25, p.20). De plus, il est mis en place au sein du service des réunions pluridisciplinaires dans lesquelles chacun peut parler de son ressentit et où le médecin donne d’avantage d’explications sur la pathologie d’un patient, ce qui permet au reste de l’équipe, en particulier les infirmier(e)s et les aides-soignant(e)s de comprendre la prise en charge de ce dernier. V. CONCLUSION Ce travail s’est révélé pour nous très enrichissant malgré sa complexité. Lors du choix de notre thème, nous avons constitué notre groupe non pas sur des considérations d’amitié entre nous mais bien sur un intérêt commun du sujet que nous avions choisi. La constitution du groupe s’est donc faite naturellement sans problème. Avant de débuter notre travail de recherches, nous avions toutes les quatre le désir de travailler dans un service de cancérologie/hématologie grâce à une première expérience positive. Cependant, la réalisation de ce travail de fin d’études s’est révélée éprouvante pour nous à la fois sur le plan émotionnel et intellectuel. Cette analyse nous amène à penser qu’il est préférable d’acquérir de l’expérience dans d’autres services afin de pouvoir établir des relations efficaces avec les patients au sein des services de cancérologie. 27 VI. PROBLEMATIQUE Lors du choix de notre sujet, notre ressenti était que la relation soignant-soigné avec un patient jeune adulte est spécifique en cancérologie/hématologie. Cependant, au cours de nos recherches, nous nous sommes rendu compte que nous avions du mal à trouver des ouvrages et des documents traitant des particularités de la prise en charge de patient âgés de 18 à 25 ans. Nous avons donc réalisé que la spécificité de cette population ne faisait pas l’objet de recherches. Les quelques livres et ouvrages que nous avons pu consulter nous ont permis d’avoir une approche théorique sur la distance relationnelle dans la relation soignantsoigné. Néanmoins, lors de nos entretiens avec différentes infirmières nous avons pu nous apercevoir que notre ressenti n’était pas tout à fait fondé. En effet, nous avons constaté que l’âge des patients n’influençait pas forcement la relation soignant-soigné. Deux des soignantes interrogées n’exprimaient pas de différence entre la prise en charge d’un patient jeune adulte et d’un adulte. Nous avons réalisé que la problématique de cette situation spécifique ne dépend pas de l’âge du soigné mais de l’âge du ou de la soignante. Nous avons pu vérifier cela dans l’entretien avec l’infirmière 4 âgée de 23 ans, fraichement diplômée, exerçant depuis 1 an en cancérologie. Dans son discours, elle s’est montrée très affecté par la prise en charge de jeune adulte d’âge avoisinant le sien. Nous comprenons donc qu’à tout âge, le soignant s’identifie à un patient d’âge similaire. La relation soignant-soigné se définit donc avec l’expérience et l’âge du soignant. Nous pensons, à présent, qu’il n’y a pas de particularité dans la prise en charge d’un patient jeune adulte car tout dépend de ce que les professionnels de santé mettent derrière cette représentation. Il est indispensable de garder en mémoire que tous professionnels de santé ayant pour but de prendre en soin un malade restent avant tout des Humains. Les émotions et le ressenti des soignants font partie intégrante de la relation soignant-soigné. Nous pouvons donc conclure que notre idée de base concernant cette population partait majoritairement du fait que nous sommes toutes les quatre âgées du même âge que Mr D auquel nous faisons référence dans notre situation d’appel. Ainsi, nous nous sommes identifiées à lui. C’est pourquoi, nous avons été amenées à modifier notre questionnement de départ qui est à présent : L’âge du soignant a-t-il un impact sur la relation mise en place avec un patient jeune adulte atteint d’un cancer et lors de sa dernière thérapeutique. 28 BIBLIOGRAPHIE 1. CENTRE DE L’OBSERVATION DE LA SOCIETE. Centre de l’observation de la société. Jeunes. Disponible sur : http://www.observationsociete.fr/jeunes (Consulté le 04/05/2014). 2. VITAL OPTIONS: SUPPORT FOR YOUGN ADULTS WITH CANCER. A propos du cancer chez le jeune adulte. Disponible sur : http://www.vitaloptions.org/fr/yawc.htm (Consulté le 19/03/2014). 3. Agence nationale sanitaire et scientifique en cancérologie. Les dispositifs de prise en charge spécifiques. Disponible sur : http://www.e-cancer.fr/soins/la-structuration-de-loffre-desoins/les-dispositifs-de-prise-en-charge-specifiques (Consulté le 25/04/2014). 4. John Libey Eurotext. Titre. 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Oui, non, pourquoi ? 2) Quel âge avez-vous ? 3) Qu’est-ce qu’est pour vous la relation soignant-soigné ? 4) Qu’est-ce qui est le plus important pour vous dans cette relation soignant/soigné ? 5) Pensez- vous que la prise en charge à long terme des patients dans votre service modifie cette relation ? Si oui, si non, en quoi ? 6) Qu’est-ce qu’évoque pour vous le mot cancer ? Qu’est-ce qu’évoque pour vous le cancer d’un patient jeune adulte ? 7) Faites-vous une différence entre la prise en charge d’un patient jeune adulte (18 et 25 ans) atteint d’un cancer et d’un patient moins jeune atteint de cancer ? Si ou, en quoi ? Si non, pourquoi ? 8) Comment réagissent ces patients lors de l’annonce du « traitement de la dernière chance » ? 9) Qu’est-ce qui est important dans la relation soignant/soigné avec un patient jeune adulte atteint d’un cancer et bénéficiant de sa dernière thérapeutique? 10) Est-ce que ces patients ont encore des projets ? Oui, non ? Comment réagissezvous face à cela ? 11) Observez-vous un comportement différent de la part de l’équipe soignante face à un jeune adulte ? oui, non en quoi ? 12) Pensez-vous que la différence d'âge influe sur la relation que vous entretenez avec eux ? Oui, non, en quoi ? 13) Pouvez-vous nous raconter une situation où vous vous êtes sentie proche d’un patient jeune adulte atteint d’une pathologie et en cours de sa dernière chance thérapeutique ? a) A votre avis, qu’est-ce qui fait que vous vous êtes sentie proche ? b) Comment vous êtes-vous rendu compte que vous étiez plus proche ? c) Selon vous, est-ce normal de se sentir proche de certain patient ? oui, non pourquoi ? d) Comment avez-vous réagis lorsque vous avez appris que la dernière thérapeutique mise en place serait la dernière ? 31 e) Qu’évoque pour vous cette dernière chance ? f) Qu’est-ce qui a été aidant pour vous dans cette situation ? g) Qu’est-ce qui a été difficile ? 14) Que veut dire proximité pour vous ? 15) Quelles sont les barrières que vous vous imposez ? 16) A présent, que signifie pour vous la distance relationnelle ? 17) Qu’est-ce qui est pour vous important dans la distance relationnelle ? 18) Avez-vous bénéficié de formation sur l’accompagnement et la prise en charge d'un patient jeune adulte atteint d’un cancer? Si non, en ressentez-vous le besoin ? Pourquoi ? 19) Avez-vous abordé dans cette formation l’accompagnement du patient en fin de vie ? Si oui, qu’avez-vous pu en retirer, qu’est-ce qui vous a manqué ? Si non, en ressentez-vous le besoin ? 32 Rôle infirmier dans l’accompagnement des jeunes adultes atteints d’un cancer et en cours de leur dernière thérapeutique. Les jeunes adultes atteints de pathologies cancéreuses nécessitent une prise en charge spécifique à laquelle doivent s’adapter les infirmier(e)s. En effet ces patients sont dans une période d’évolution, de changements, de questionnements et peuvent faire preuve de fragilité. Le but de notre étude est donc de savoir en quoi cette prise en charge est différente et le rôle que doit avoir l’infirmier(e) auprès de cette population, particulièrement lorsque le patient et en cours de traitement de sa dernière thérapeutique. Nous avons mené nos recherches en détaillant les besoins et les attentes de chaque acteur de cette relation soignant-soigné : le patient jeune adulte et l’infirmier(e) afin de savoir quelles étaient les spécificités de cette relation. Pour ce faire, dans un premier temps nous nous sommes inspirées de témoignages recueillis dans des ouvrages ainsi que sur des sites internet pour établir une étude théorique. Dans un second temps nous avons rencontrés quatre infirmières en service de cancérologie et d’hématologie à qui nous avons posé des questions ouvertes lors d’un entretien individuel. A partir de cette étude, nous avons pu aborder la plupart des aspects indispensables relatifs à l’hospitalisation d’un patient jeune adulte atteint d’un cancer au cours de sa dernière thérapeutique et grâce à nos recherches, confronter la théorie à la pratique. Les infirmières reconnaissent la spécificité de cette relation, cependant, elles disent ne pas forcément ressentir plus de difficultés dans la prise en charge d’un patient jeune adulte plutôt que dans celle d’un patient moins jeune. Role of the nurse in the care of young adult cancer patients and during their last therapy. Young adults diagnosed with cancer are in need of special care that nurses have to adjust to. Indeed, it’s a period of life when the patients evolve, change, question themselves and can be fragile. The goal of our study is therefore to know how this type of care differs, and which role the nurse has to have towards these patients, especially when the patient entered the last treatment therapy stage. We conducted our research by explaining in details the needs and expectations of each actor of this nurse-patient relation, in order to understand its special features. To do so, we first looked at testimonies gathered in publications as well as on internet, in order to establish a theoretical study. Then, we met four nurses from oncology and hematology services to whom we asked opened questions during individual interviews. From this study, we were able to approach most essential aspects related to the hospitalization of a young adult diagnosed with cancer during his last therapy. Thanks to our researches, we were able to confront theory to practice. Nurses acknowledge the specific features of this relation, however, they say they don’t necessarily find it harder to take care of a young adult patient rather than an older patient.