Le Lightning de Saint

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Le Lightning de Saint
Association Aéronautique et Astronautique de France & Aéro-Re.L.I.C.
COMMUNIQUE
Le Lightning de Saint-Exupéry retrouvé !
Histoires de gourmette et turbo…
L'une des grandes énigmes de l'histoire de l'aviation est enfin officiellement élucidée : l'avion de Saint-Exupéry a
été formellement identifié au large de Cassis !
En 1998, le pêcheur marseillais Jean-Claude Bianco, conseillé par le plongeur cannois Philippe Castellano lors
de précédentes recherches d'épaves sous-marines, remontait à la surface au large de Cassis une concrétion et,
cette fois -ci, la cassait pour inspection. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir une gourmette en argent au
nom de Saint-Exupéry et de son épouse Consuelo, deux pièces rivetées d'avion et un morceau de tissu.
Ce devait être le début d'une incroyable série de "re-découvertes".
De tous les Lightning américains ou français tombés en Méditerranée, il n'en restait alors en principe plus qu'un
seul à identifier, au large de Cassis, en compagnie d'un deuxième, aux couleurs américaines. Comme deux
chasseurs P-38 américains avaient précisément été abattus dans la zone à deux minutes d'intervalles le 27 janvier
1944, tout plaidait pour que l'inconnu fut le compagnon du premier.
Dès lors la découverte de la gourmette proche poussa certains à se demander si par hasard l'inconnu n'était pas
l'avion du grand écrivain français.
Mais, début 1999, la documentation demandée à Lockheed par Philippe Castellano, fondateur d’Aéro-Re.L.I.C.,
arrivait et démontrait formellement qu'il s'agissait d'un P-38G, donc bien du deuxième avion de l'US Army Air
Corps.
Le réseau commença alors à fonctionner.
Le plongeur cassidain Jean-Claude Cayol annonça avoir trouvé cinq ans auparavant, toujours dans la même
zone, un empennage horizontal avec moignon de dérive gauche, mais sans marques, s’avérant être celui d’un
Lightning. Dès lors, le Minibex, bateau de la Comex, partit fin avril pour une campagne conjointe avec Géocéan
pour le compte de la chaîne de télévision Arte, en vue d'une émission le 4 juillet 2000. La queue fut retrouvée et
identifiée le dernier jour de la courte campagne, le bateau devant repartir pour ses obligations professionnelles.
De son côté, le plongeur marseillais Luc Vanrell avait déjà repéré en 1982 ce qui devait s'avérer plus tard être
une poutre droite et une jambe de train d'atterrissage gauche de Lightning, toujours au sud de Cassis. Il réalisa à
son tour la portée potentielle de son ancienne découverte et, après vérification, contacta le 24 mai dernier
Philippe Castellano. Cette poutre est celle qui contient la soute pilote.
Or Philippe Castellano avait pu entre-temps identifier les points de chute de tous les Lightning officiellement
perdus en Méditerranée. L'on pouvait ainsi dire que la conjonction, dans une même zone, de deux éléments d'un
nouveau Lightning non identifié de deuxième génération (radiateurs sous les fuseaux moteurs) et d'une
gourmette de Saint-Exupéry, entraînait la conclusion logique que l'épave devait être par différence celle du F5B-1-LO « serial number » militaire américain s/n 42-68223 du pilote français.
Rappelons que le F-5B est une version photographique (donc non armée) du chasseur Lockheed P-38 Lightning,
première version à radiateur sous les moteurs. Seuls les P-38J, P-38L, F-5B, F-5E, F-5F et F-5G ont cette
dernière caractéristique (et le P-38M, un biplace de nuit). Le F-5B diffère du P-38J par sa partie avant (caméras
au lieu de canons, antenne passant du dessous au dessus du nez, et boîtiers dans le cockpit). Le F-5B-1-LO*
(dérivé du P-38J-10-LO à pare-brise plan) de Saint Exupéry était pratiquement neuf, puisque livré à la 33è
escadre au printemps 1944.
L'épave en question avait été visiblement moult fois chalutée, et les autres éléments ne paraissaient donc pas
faciles à découvrir. Jusqu’à ce que, après un élément de caméra, un turbocompresseur gauche de Lightning soit
trouvé en septembre 2003. Une fois celui-ci nettoyé, le numéro 2734L (L = left) apparut. Brian Cyvoct d’AéroRe.L.I.C. tenta de le corréler avec le « serial number » du F-5B de St Ex, qui faisait partie d’une tranche de 110
F-5B-1-LO (s/n 42-68192 à 42-68301). Or les « constructor number » Lockheed Aircraft Corp correspondants
étaient les c/n 2703 à 2812, soit le c/n 2734 pour l’avion du pilote-écrivain, ce que la Commission Histoire de
l’AAAF a confirmé (les avions Lockheed ont encore aujourd’hui des c/n à quatre chiffres, commençant donc par
1001)!
L’histoire de cette découverte, un demi-siècle après les faits, est tout à fait étonnante. Soulignons toutefois que
les quelques éléments aujourd’hui retrouvés n’indiquent rien quant aux causes de la disparition du grand homme.
Cette émouvante confirmation survient alors même que va être commémoré le soixantième anniversaire de la
disparition de Saint-Exupéry, le 31 juillet 1944. Rappelons qu’il naquit le 29 juin 1900 à Lyon, et que le 29 juin
2000 son nom fut officiellement donné à l'aéroport de Lyon, ex-Satolas.
La Commission Histoire de l’AAAF prévoit donc d’organiser un colloque historique, autour de la petite équipe
qui, sous la houlette de Philippe Castellano, a réussi cette incroyable reconstitution.
Petite bibliographie :
- Figaro Magazine du 7.11.1998 & du 3.6.2000
- 39/45 Magazine de décembre 2001
- La Provence du 7 avril 2004
* Lockheed Model 422-81-21 type F-5B-1-LO =
F : référence US Army Air Corps pour ses avion photo (à l’époque les chasseurs étaient en série P, pour Pursuit)
5 : 5è type d’avion-photo pour l’USAAC (le F-4 était un dérivé de la première génération de P-38)
B : 2è modification du type
1 : 1er Block (modifications mineures identifiées en Block 5,10,…)
LO : usine de Burbank de Lockheed
Aéro-Re.L.I.C. : Recherche Localisation et Identification de Crashes ( www.aero-relic.org )
AAAF : Association Aéronautique et Astronautique de France ( www.aaaf.asso.fr )