la gourmette de Saint-Exupéry
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la gourmette de Saint-Exupéry
JUSTICE Le découvreur a assigné lafamille Bataille judiciaire pour · · la gourmette de Saint-Exupéry Toulon : Bernard Oustrières 1 1 Plongeurs, historiens et spécialistes de l'aéronautique militaire sont allés plus vite que la · machine judiciaire. L'identification de l'avion de Saint-Exupéry, révélée mercredi par Le Figaro, a eu pour effet immédiat de renvoyer le procès opposant le pêcheur marseillais Jean-Claude Bianco - l'homme qui retrouva la fameuse gourmette après un chalutage près de l'île de Riou - à certains membres de la famille d'Agay, c'est-à-dire les descendants de l'aviateur écrivain. Les deux parties devaient se seillais, accueille d'abord d'un retroùver face à face, lundi front serein les pires accusadernier, devant le tribunal tions reprises dans des médias d'instance de Fréjus (Var), fort peu regardants : «J'étais très modeste juridiction pour une affecté mais je ne le montrais affaire aussi retentissante. En- pas. J'avais remis la gourjeu : la restitution du bijou à mette aux affaires maritimes Jean-Claude Bianco. M• Gilbert et j'avais la conscience parfaiCollard et son collaborateur, tement tranquille. Pourquoi M' Laurent Gaudon, avocats du aurais-je triché ? Dans quel pêcheur, pensaient jouer sur but ? C'était absurde ! » Les du velours : « Nous voulions d'Agay, qui font aussitôt valoir placer les d'Agay devant leurs leurs droits sur le bijou, obtiencontradictions et surtout laver nent qu'il leur soit remis mais l'honneur de M. Bianco, ils ne vont plus cesser d'en homme d'une honnêteté exem- contester l'authenticité. L'explaire, expliquent-ils. Une hon- pression « fausse gourmette » nêteté que certains ont cru fleurit dans certains journaux. pouvoir mettre en cause. » Cette fois, M. Bianco le prend Car, au lendemain de sa dé- mal : « J'ai fini par me formacouverte, le pêcheur mar- liser. Alors j'ai dit aux hériseillais allait subir une véri- tiers de Saint-Exupéry : « Si table campagne de vous avez des doutes sur la dénigrement. « Ce fut assez gourmette, rendez-la moi ! » savamment orchestré, constate Face à leur refus, M' Collard M' Collard. On a essayé de ~ décidera finalement de les assifaire passer M. Bianco pour un gner devant le tribunal d'insaffabulateur. voire de s 'être tance de Fréjus, juridiction la fait l'instrument d'une escro- plus proche du lieu de résidence des d'Agay. querie.» Ce et petit-fils de pê Mais l'identification de cheur, véritable figure du mi- l'épave gisant près de l'île de àocosme halieutique mar- Riou vient de changer radicale- fils La gourmette de l'aviateur avait été retrouvée en septembre 1998par le pêcheur Jean- Claude füanco. (Photo Roger Viollet.) ment la donne puisqu'elle valide, corollairement, l'authenticité de la gourmette. C'est bien dans ces eaux-là en effet que, le 7 septembre 1998, JeanClaude Bianco, par un temps de chien, procéda à un long chalutage. « Comme chaque fois, explique-t-il, nous avons remonté, avec le poisson, un tas de saletés parmi lesquelles figurait un bloc de concrétions d'où émergeait la petite plaquette d'argent. » Il ne sait pas, alors, dans quelle étrange situation il va se retrouver. Si la question de la restitution, désormais, ne se pose plus, le pêcheur n'en sera pas moins fondé à demander au moins la récompense prévue en cas de découverte d'un trésor. Or, cette gourmette en constitue bien un, et même d'une valeur inestimable, selon les avocats de Jean-Claude Bianco. Mais ce rendez-vous judiciaire ne semble guère le préoccuper : le fait que son entière bonne foi soit enfin reconnue le paie de tout. L'audience a été fixée au 22 juin. ~ ...