Performance et décalage horaire vers l`Est

Transcription

Performance et décalage horaire vers l`Est
Performance et décalage horaire vers l’Est
J’ai mis plusieurs années à analyser que la raison de mes contre-performances lors des compétitions à l’est était le décalage horaire.
En effet un échec pouvant être multifactoriel, il faut procéder par élimination jusqu’à trouver ce qui parasite le système.
Au départ je suis partie de la théorie : 1 jour d’acclimatation par heure de décalage. Cela n’a pas du tout fonctionné. La logique m’a
amenée à allonger le nombre de jours d’acclimatation. J’ai essayé 10 jours, sans succès. A chaque fois, mon déplacement s'est
accompagné d’insomnie comblée tant bien que mal par de légers somnifères et, le jour de l'épreuve, d'une sensation de batterie vide
qui ne permet de tenir que quelques minutes d’effort, mais certainement pas 2 heures à hautes intensités.
Lors des Jeux Olympiques de Pékin, on nous a proposé de quitter la France 12 jours avant notre course, ce qui nous laissait 2 jours
supplémentaires pour récupérer. De plus, j’avais décidé de me décaler de 2 heures la semaine avant le départ. J’ai aussi opté pour un
billet en business afin d’optimiser encore davantage la récupération en évitant de faire une nuit blanche 12 jours avant la "course de
ma vie".
Après 3 jours d’entraînements courts en aérobie et aucune insomnie, j’ai effectué mes rappels d’intensité les jours 4, 5 et 6. Je ne me
suis jamais sentie aussi forte que les jours 4 et 5. Le rappel lors du 6ème jour fut moins bon (sensations et chrono), mais je l’avais
analysé plutôt comme étant dû à l’enchainement des rappels.
Un voyage presque parfait ajouté à de très bonnes sensations lors des séances m’ont amenée au départ de la course avec le sourire et
l’assurance que j’allais réaliser une course à 100% de mes capacités.
Parallèlement à cela, j’effectuais chaque jour, à l’aveugle évidemment, des tests de variabilité cardiaque (H.R.V.) qui permettent
d’analyser le fonctionnement du système nerveux autonome (S.N.A.).
La réalité était que les énergies du S.N.A. commençaient à baisser dangereusement à partir du 6ème jour. Le 11ème jour (pas de test le
jour de course), elles avaient continué de baisser. Mon entraîneur priait intérieurement pour que les tests ne fonctionnent pas…et
affichait un sourire sincère afin de ne pas ébranler ma confiance.
Une fois le départ donné, j’ai eu quelques minutes de batterie…puis la descente aux enfers…d’autant plus qu’il n’était pas question
d’abandonner, c’était les JEUX. Au final, une 34ème place et la sensation d’avoir effectué un marathon dans le désert pendant 2
heures…
Le débriefing des J.O. nous a amenés à penser que l’idéal pour moi était de courir dans les 5 jours maximum après mon arrivée sur
place. La solution étant donc opposée à la logique d’augmenter le nombre de jours d’acclimatation, dans le sens où il me faudrait
peut-être 3 semaines voire davantage pour retrouver mes énergies mais certainement être désentrainée…
Cela fait plusieurs fois maintenant que je cours à l’est à 4 jours et cette alternative a fait ses preuves en 2011 sur le plan des
sensations et des résultats! (4ème lors de l’étape de championnat du monde à Sydney et 4 ème et 6ème sur des étapes de coupes du
monde en Asie) j’ai donc trouvé MA solution.
En revanche, je n’ai pas encore trouvé comment me remettre rapidement du décalage horaire à l’est quand je rentre en France. A
deux reprises, une course de début de saison à l’est a totalement ruiné ma saison (2009, 2011). Cela signifie que mes énergies
restent très basses, mon système neurovégétatif est complètement déséquilibré et aucun entraînement (ou récupération) ne me
permet de me régénérer.
Je reviens d’une course en Corée (Série Championnat du Monde à Tongyeong, le 15/10/2011; ndlr) que j’ai courue à 3 jours et qui
s’est bien passée. La nouveauté cette fois-ci c’est la mélatonine (neuromédiateur qui aide à l’endormissement) que j’ai prise chaque
soir depuis mon arrivée et que je prends chaque soir la semaine de mon retour. Dès l’arrivée en France, j’ai également rencontré un
fasciathérapeute dont l’objectif était de booster mon système nerveux autonome.
Dans 15 jours je dois repartir pour une course en Colombie (Coupe du Monde à Guatapé, le 11/11/2011; ndlr). Le décalage vers
l’ouest n’est pas un souci pour moi, mais nous verrons si la mélatonine et la fasciathérapie m'aideront à exprimer mon potentiel
maximal.
Cela fera l’objet d’un prochain billet.
Ndlr : Cet article a été écrit par Carole quelques jours après sa 4 ème place à l'étape Coréenne de la série Championnat du Monde
(GMT+8) et quelques jours avant sa victoire lors de l'étape de Coupe du Monde de Guatapé en Colombie (GMT-5h).

Documents pareils