2007_02 - BABOT E. SAN SEBASTIAN P. - le concept Bobath

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2007_02 - BABOT E. SAN SEBASTIAN P. - le concept Bobath
Exposé réalisé le 12/02/07 dans le cadre du GEPPE par Elisabeth Babot et
Patricia San Sebastian, ergothérapeutes.
Le concept BOBATH
Historique
C’est un concept qui a été développé par le docteur Bobath, neurologue, et son épouse,
kinésithérapeute, lors de leur prise en charge d’adultes hémiplégiques puis d’enfants I.M.C.
après la seconde guerre mondiale.
Berta Bobath met en évidence la possibilité de modifier le tonus en agissant sur la partie
distale des membres, cette expérience lui permet de montrer que la spasticité n’est pas un
phénomène musculaire local et isolé mais qu’elle s’inscrit dans des schémas de posture et de
mouvements : les patterns. Un enfant qui va apprendre à bouger de manière anormale va
aboutir à long terme à des rétractions et des déformations.
Ils ont donc étudié de près les mouvements et la coordination de l’enfant normal permettant à
celui-ci de se développer de la position couchée à la position debout puis à la marche.
Ils insistent sur la manière dont l’enfant exécute le mouvement et comment l’enfant IMC se
développe avec un tonus anormal et développe ses compensations.
Ils élaborent alors des techniques de traitement fondées sur l’inhibition de la spasticité afin de
réduire le tonus anormal, un tonus anormal pouvant être influencé en modifiant les schémas
de posture et de mouvement, et, sur la facilitation de mouvements normaux obtenue par un
guidage manuelle spécifique de l’enfant.
Les but du concept Bobath
Les buts sont d’aider l’enfant à progresser dans son développement sensori-moteur, l’aider
dans ses adaptations de postures et de mouvements afin qu’il réalise ses activités
fonctionnelles et ludiques de la façon la plus normale possible.
Le thérapeute cherchera donc à normaliser le tonus par inhibition de la spasticité et à obtenir
des schémas moteurs normaux par facilitations en utilisant une méthode manuelle.
Les principes :
Les idées maîtresses de la méthode Bobath sont :
.la vision globale de l’enfant
L’enfant est perçu dans sa globalité incluant aussi son entourage, son environnement, sa prise
en charge qui doit être pluridisciplinaire et surtout familiale. La famille doit avoir une part
active dans le programme thérapeutique.
- il est important aussi d’avoir une globalité motrice car on ne vit pas avec des schémas
analytiques. On s’intéresse aux schèmes de posture et de mouvement du corps entier et non
aux amplitudes des mouvements d’une articulation, une articulation n’étant jamais maniée
isolément.
Les articulations ne seront pas maniées dans toute leur amplitude ceci n’étant pas fonctionnel,
les mouvements qui provoquent les schèmes spastiques de contraction sont évités.
.l’Evaluation de l’enfant en tenant compte des étapes du développement de l’enfant
normal
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Exposé réalisé le 12/02/07 dans le cadre du GEPPE par Elisabeth Babot et
Patricia San Sebastian, ergothérapeutes.
La partie bilan est fondamentale pour ensuite traiter car il est important de bien comprendre
comment l’enfant réalise son mouvement et pourquoi il le fait de telle manière, plutôt que de
quantifier ses incapacités. L’examen doit contenir les bases du traitement.
Ce bilan doit être basé sur la connaissance du développement de l’enfant normal. Il faut
observer les gestes que l’enfant sait faire ou ne sait pas faire, comment il les réalise, pourquoi
il ne peut les réaliser, le stade du développement où l’enfant est arrivé, voir le mélange des
schèmes primitifs (qui font partie des 1ères étapes du développement normal de l’enfant) et
les schèmes pathologiques (qui ne sont présents à aucune étapes du développement normal de
l’enfant). Mais, il faut repérer les éléments importants qui manquent dans son développement
moteur, car se sont cela qu’il faudra viser à obtenir et non suivre toutes les étapes du
développement normal (sachant qu’un enfant normal n’expérimente pas de façon linéaire).
.la facilitation neuromusculaire avec la participation active de l’enfant
Il faut rechercher et entraîner une réponse active de l’enfant: c’est l’enfant qui dirige son
traitement, en partant de ses possibilités motrices. Il n’est pas en état de relâchement total. Il
aide à contrôler les spasmes et assiste le thérapeute activement à chaque fois que cela est
possible. Pour obtenir une participation de l’enfant, il faut que les activités proposées à
l’enfant soient fonctionnelles et significatives pour lui.
Le thérapeute procède manuellement à une guidance précise et orientée afin de réduire les
réactions motrices anormales tout en stimulant pour obtenir des réactions actives proches de
la normale (importance de donner la sensation du mouvement normal).
Pour cela il utilise des points clés de contrôle à partir desquels on peut influencer le tonus et
les activités des autres parties du corps. Il prend aussi en compte le système sensoriel afin de
développer l’utilisation des principes de feed-back et feed-forward (adaptation des
mouvements en réponse aux différents stimulis et propriétés de l’environnement).
.La précocité de la prise charge et l’intérêt pour l’avenir de l’enfant
L’examen doit permettre de voir ce que l’enfant est aujourd’hui et d’anticiper son devenir.
Il faudra avoir un projet à long terme mais aussi des buts à court terme pour donner à l’enfant
un fonctionnement qui l’aidera à mieux vivre d’où l’importance de la précocité de la prise en
charge et du dépistage afin de développer le plus tôt possible des réactions motrices tendant
vers la normale et adaptées à son environnement, sur une plasticité cérébrale non fixée.
.La répétition et l’automatisation
Il faut chercher à normaliser le plus possible les schémas anormaux : varier les mouvements,
et les rendre automatiques en favorisant la répétition dans le traitement mais aussi dans la
vie courante, la famille doit pouvoir poursuivre l’apprentissage mis en place en rééducation.
Dans les séances de rééducation, il faut aussi donner la chance d’intégrer les mouvements
appris dans des ADVQ.
Les moyens :
Tendre vers un tonus normal est un facteur essentiel pour améliorer la posture et la
coordination des mouvements : on ne peut effectuer un mouvement normal sans un tonus
normal (assez élevé pour supporter la gravité mais assez bas pour se mouvoir aisément dixit
Karl et Berta Bobath).
Chez l’I.M.C., on retrouve souvent, soit une hypertonie, soit une hypotonie soit un tonus
fluctuant (athétose ou ataxie)
Comme nous l’avons vu précédemment, le traitement visera donc à inhiber la spasticité à
augmenter ou à stabiliser le tonus, puis à faciliter les mouvements normaux.
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Exposé réalisé le 12/02/07 dans le cadre du GEPPE par Elisabeth Babot et
Patricia San Sebastian, ergothérapeutes.
- l’action inhibitrice s’effectue manuellement, au niveau de différents points-clés du corps
de l’enfant, en fonction du mouvement recherché.
Points-clés de contrôle : parties du corps, proximales pour la plupart, à partir desquelles
l’activité réflexe pathologique, ainsi que la force et la distribution du tonus de posture et de
mouvement peuvent être influencées.
En tenant l’enfant au niveau de ces points-clés, on libère et on contrôle les parties distales du
corps.
- l’augmentation et la stabilisation du tonus postural peuvent se faire par différentes
techniques de stimulations proprioceptives et tactiles.
Ces techniques peuvent être utilisées quand le tonus postural est trop bas mais aussi quand il
y a un déficit de sensibilité avec faiblesse musculaire, ou quand il n’y a pas de déficit
sensoriel mais que l’enfant ne sait pas comment bouger à cause du manque d’expérience
sensori-motrice.
En appliquant ces techniques, il faut resté vigilant à l’apparition de la spasticité ou de
spasmes, les stimulations doivent restées sous le seuil d’excitabilité.
Elles peuvent être utilisées isolément, alternativement ou simultanément suivant les besoins
de l’enfant.
Les principales techniques de stimulation sont :
le tapping : c’est un moyen d’augmenter le tonus de posture par stimulation
proprioceptive et cutanée mais aussi de régler le jeu des muscles agonistes/antagonistes.
Il est seulement utilisé quand il existe une faiblesse de groupes musculaires précis ou une
hypotonie générale. Mais il peut être utilisé pour améliorer les réactions d’équilibre chez le
sujet spastique.
Il peut être appliqué au tronc, à un membre ou à une partie d’un membre, rapidement, à
intervalles réguliers au départ puis, quand les réponses actives apparaissent, lentement et de
façon espacée suivant les besoins de l’enfant..
Le tapping- pression: il est indiqué pour tenir une position, il active la contraction simultanée
des agonistes et antagonistes. Cela sert à donner la possibilité au patient de maintenir, de
manière automatique, une position voulue contre la pesanteur
Le tapping alterné: il est souvent utilisé à la suite du tapping-pression, pour régulariser le
tonus, des tapes légères à intervalles réguliers ou irréguliers, sur un membre ou sur le tronc,
pour produire par voie d’induction successive et de recrutement, une contraction durable et
obtenir un degré d’innervation réciproque normale. Il est utile pour stimuler et régler les
réactions d’équilibre où il peut devenir dans ce cas là une part de technique de facilitation des
mouvements automatiques.
Le tapping balayage ou effleurage: réalisé le long d’un muscle ou d’un groupe musculaire
dans la direction du mouvement désiré pour les activer dans la réalisation d’un schéma
fonctionnel.
le placing (placement) : c’est la capacité qu’à un patient de tenir un membre ou une
partie de ce membre à n’importe quel niveau de l’amplitude normale du mouvement. Il peut
être défini comme l’adaptation automatique des muscles aux changements de posture.
le push-pull (tirer-pousser) C’est une technique qui permet, en donnant de la pression
et de la résistance, d’obtenir par des reports de poids des mouvements d’ajustement
automatique du tronc et des membres, un tonus postural soutenu pour pouvoir maintenir des
postures contre la gravité et pour le contrôle de mouvements involontaires.
-facilitation et induction
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Exposé réalisé le 12/02/07 dans le cadre du GEPPE par Elisabeth Babot et
Patricia San Sebastian, ergothérapeutes.
Parallèlement à la recherche de normalisation du tonus, et simultanément, le thérapeute
facilite et induit des mouvements normaux ou proches de la normales en guidant
manuellement l’enfant vers différentes positions ou séquences de mouvements afin d’obtenir
une réponse motrice, un ajustement actif, tout en contrôlant les réponses toniques anormales.
Facilitation et inhibition sont toujours liées
Le thérapeute débute le mouvement et permet à l’enfant de le poursuivre seul ou alors le
guide dans tout le mouvement : proprioception, sensation du mouvement normal.
Facilitation de mouvements volontaires : en plaçant le patient dans une position qui le
prépare à des mouvements volontaires spécifiques. Certains mouvements sont plus faciles à
exécuter à partir de certaines positions.
Facilitation de mouvements spontanés : On cherche à donner à l’enfant toutes les réactions
automatiques nouvelles qui sont dans la base de nos mouvements volontaires
La facilitation des réactions d’équilibration sert à rendre l’enfant capable de maintenir son
équilibre quand il bouge ou quand il est bougé, à rendre l’enfant capable de retrouver son
équilibre quand il est prêt à le perdre.
La facilitation des réactions de protection sert à apprendre à l’enfant à supporter son corps
A le protéger s’il tombe, l’appui doit être possible.
La facilitation des réactions de redressement sert à obtenir l’ajustement du corps et des
membres avec la tête et le cou quand on facilite par la tête ou les épaules et l’ajustement de la
tête dans l’espace et de la tête avec le corps quand on facilite par le tronc
Toutes ces réactions doivent devenir automatiques pour être utilisées lors des mouvements
volontaires, le stimulus adapté pour obtenir la bonne réponse (point clé à bien choisir).
Il faut attendre la réponse, donner à l’enfant le temps de réagir, ne jamais forcer un
mouvement, ne pas lutter contre une résistance, les mains du rééducateur doivent être mobiles
et bouger avec le sujet. Le thérapeute doit contrôler la réaction à tout moment et l’arrêter si
elle devient mauvaise.
Bibliographie :
.Sites internet :
-membres.lycos.fr/amtefbobath
-www.asei.asso.fr/articles.asp?Idrubrique=62&Idpage=160
."Neuro-Developmental treatment Approach" Theoretical Foundations and Principles of
clinical Practice. Janet M Howle in collaboration with the NDTA Theory Committee. 2004.
Neuro-Developmental Treatment Association
."Facilitation Techniques", based on NDT principles, Lois Bly, M.A, PT & Allison Whiteside,
PT, 1997, Therapy Skill Builders
. retour de stage sur le traitement de l’infirmité motrice cérébrale selon le concept Bobath,
1996, 2 mois APF Lille.
D’autres références intéressantes à consulter en complément de cet exposé :
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Exposé réalisé le 12/02/07 dans le cadre du GEPPE par Elisabeth Babot et
Patricia San Sebastian, ergothérapeutes.
-forum.magicmaman.com/magic03ans/Desenfantsdifferents/methode-bobath-connait-sujet3662253-1.htm
-traitement de l’adulte hémiplégique en ergothérapie par la méthode de Bobath - Ortrud
Eggers édition Springer Verlag
-Développement de la motricité des enfants I.M.C - Berta et Karel Bobath édition Masson
collection Abrégé
-Education à domicile de l »enfant infirme moteur cérébral - N.R Finnie édition Masson
collection Abrégé
-Développement psychomoteur de l’enfant - R.S Illingworth édition Masson collection
Abrégé
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