Amyotrophie spinale
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Amyotrophie spinale
Amyotrophie spinale Description clinique de la maladie Les amyotrophies spinales infantiles (SMA) représentent le groupe des affections héréditaires récessives autosomiques le plus fréquemment fatales après la mucoviscidose. Elles sont caractérisées par une dégénérescence exclusive des motoneurones de la corne antérieure de la moelle épinière, entraînant une paralysie progressive des membres et du tronc associée à une atrophie musculaire. On les classe en catégories dites I, II et III selon l’âge de début des symptômes et leur évolutivité. • Le type I (ou maladie de Werdnig-Hoffmann ; MIM# 253300) ne s’observe que chez le nouveau-né et l’espérance de vie ne dépasse pas quelques années. C’est la forme sévère de la maladie. Elle se révèle souvent pendant la période anténatale, par une diminution des mouvements fœtaux actifs et un hydramnios. Puis, à la naissance, apparaît une hypotonie axiale et périphérique associée à des troubles de la déglutition et à une aréflexie ostéotendineuse. L’atteinte bulbaire est fréquente avec des troubles de la déglutition. La mimique est respectée et aucune atteinte neurologique centrale n’est observée. La station assise n’est jamais acquise. L’évolution est rapidement létale par atteinte des muscles intercostaux responsable d’une insuffisance respiratoire restrictive. • Le type II (MIM# 253550) se révèle après l’acquisition de la station assise et les enfants atteignent au mieux l’adolescence. • Le type III (ou maladie de Kugelberg-Welander ; MIM# 253400) apparaît chez l’enfant marchant ou plus tardivement encore et évolue plus lentement. • Le type IV est d’apparition encore plus tardive, après l’âge de 30 ans. Hormis le diagnostic fondé sur des signes cliniques et paracliniques (électromyogramme et biopsie musculaire) peu spécifiques, le diagnostic repose sur la génétique moléculaire. Épidémiologie et aspect génétique L’incidence de ces pathologies de transmission autosomique récessive est de 1/6 000. La région 5q13 ou locus SMA est de structure complexe, composée de deux éléments de 500 kb, dupliqués et inversés, chaque élément comportant une copie du gène SMN (survival motor neuron), une copie du gène NAIP (neuronal apoptosis inhibitory protein) et une copie du gène p44. Chez le sujet normal, le gène SMN est présent par chromosome en une copie télomérique ou SMN1 ou SMNt (près du télomère du chromosome) et une copie centromérique dite SMN2 ou SMNc. Les 2 gènes SMN1 et SMN2 ont une grande homologie et ne diffèrent entre eux que par 5 bases à l’extrémité 3′ du gène. Certains patients normaux peuvent porter plus de 2 copies du gène SMN par chromosome. La copie centromérique du gène SMN est absente chez 5 % des patients normaux. C’est la délétion du gène SMN1 (copie télomérique) à l’état homozygote qui est responsable de l’amyotrophie spinale avec délétion de l’exon 7 chez 96 % (dans la majorité des cas, la délétion emporte les exons 7 et 8) des patients, quel que soit le type de l’amyotrophie spinale. Les autres anomalies moléculaires sont des mutations ponctuelles du gène, mais elles sont beaucoup plus rares et ne sont pas recherchées en pratique courante. On sait aujourd’hui que la sévérité de l’atteinte est influencée par le nombre de copies du gène SMN2. Ainsi, 70 % des sujets atteints de SMA de type I ne possède que 2 copies de SMN2 contre 2 copies ou 3 voire 4 copies pour respectivement 82 % et presque 100 % des sujets atteints de SMA de type II, III (et IV). Cette donnée est essentielle, car le gène SMN2 produit des transcripts dont 10 % sont correctement épissés et codent une protéine identique à celle de SMN1. Le gène SMN2 pourrait ainsi être une cible thérapeutique intéressante, puisque tous les patients atteints possèdent au moins une copie de gène. En pratique, le diagnostic moléculaire s’effectue donc par la recherche de la délétion de l’exon 7 de la copie télomérique du gène SMN, une différence d’une base de l’exon 7 des gènes SMNt et SMNc permettant le diagnostic direct de l’amyotrophie spinale. Le diagnostic prénatal est effectué par technique directe (recherche de la délétion), mais est associé dans le cadre d’une maladie familiale, de manière systématique, au diagnostic indirect par microsatellites. Cette technique permet, par l’étude familiale, de « pister » les chromosomes délétés et de mettre en évidence l’haplodifférence entre le fœtus et le cas index référent. Le dépistage des patients hétérozygotes est plus complexe, car il requiert des méthodes quantitatives de dosage génique. Différentes méthodes ont été proposées : PCR quantitative en temps réel, MLPA, QF-PSF PCR… Ce dépistage est surtout proposé dans les situations d’antécédents familiaux non nucléaires, pour lesquels le risque de récurrence est faible, afin d’éviter un diagnostic prénatal. Physiopathologie La protéine SMN joue un rôle dans l’assemblage de nombreux complexes ribonucléoprotéiques associés au transport des ARN, dans l’épissage des ARN messagers, la biogenèse des ARN ribosomaux et la transcription. Cette protéine est transportée activement du noyau vers le cytoplasme, puis le long de l’axone jusqu’aux dendrites. Ce mécanisme de transport comporte des interactions complexes avec d’autres protéines. Les délétions de l’exon 7 du gène SMN1 entraînent l’accumulation anormale de la protéine SMN mutée dans le noyau et par conséquent son absence dans les prolongements axonaux. ( Lefebvre S, Bürglen L, Frézal J, Munnich A, Melki J. The role of the SMN gene in proximal spinal muscular atrophy. Hum Mol Genet 1998 ; 7/10 : 1531-1536. Scheffer H, Cobben JM, Matthijs G, Wirth B. Best practice guidelines for molecular analysis in spinal muscular atrophy. Eur J Hum Genet 2001 ; 9 : 484-491. Wirth B, Brichta L, Schrank B, Lochmüller H, Blick S, Baasner A, Heller R. Mildly affected patients with spinal muscular atrophy are partially protected by an increased SMN2 copy number. Hum Genet 2006 ; 119 : 422-428.