Somalie, d`une intervention à l`autre

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Somalie, d`une intervention à l`autre
PERSPECTIVES
INTERNATIONALES
La revue des étudiants -chercheurs en Relations
Internationales de Sciences Po
Numéro 3
Janvier – Juin 2013
Les intervenants internationaux
S o m a l i e , d ’ u n e i n t e r ve n t i o n à l ’ a u t r e :
l a p a i x i n t r o u vab l e ?
B a k a r y Tr a o r é
POUR CITER CET ARTICLE
TRAORE, Bakary. Somalie, d’une intervention à l’autre : la paix introuvable ?
Perspectives
Internationales,
janvier-juin
2013,
n°
3,
p.
89-107
P e r s p e c t i v e s I n t e r n a t i on a l e s
Numéro 3/Janvier – Juin 2013
So m a l i e , d ’ u n e i n t e r v e n t i o n à l ’ a u t r e :
La paix introuvable ?
SOMALIE, D’UNE INTERVENTION A L’AUTRE :
LA PAIX INTROUVABLE ?
Par Bakary Traoré1, Université Félix Houphouët Boigny, Côte
d’Ivoire
P
endant que les préparatifs d’une intervention au Mali mobilisent et
divisent l’opinion nationale, un autre pays africain semble s’accommoder
des nombreuses ingérences sur son territoire. Ainsi, depuis qu’elle est
entrée dans le cycle infernal de la guerre civile, la Somalie a attiré plus d’une
fois l’attention de la communauté internationale. Si aujourd’hui l’Amisom
reste la seule force étrangère « légale » active sur le terrain, il faut reconnaître
que la mise en place de la première opération des Nations unies en Somalie en
mars 1992 marque le début des interventions étrangères dans ce pays de la
Corne de l’Afrique.
L’incapacité de l’Onusom I à remplir son mandat oblige le Conseil de
sécurité à autoriser la mise en place d’une force multinationale selon la
résolution 794 du 3 décembre 1992. Après huit mois d’activité, l’Unitaf cède
ses responsabilités à l’Onusom II en mai 1993, dans le même contexte
d’insécurité dans lequel elle s’est déployée. Tout comme l’Unitaf, cette
deuxième mission onusienne quitte la Somalie en 1995 sur un échec politique
et militaire, l’abandonnant aux différents chefs de guerre.
Après le retrait onusien, c’est au tour des États voisins, de l’organisation
sous-régionale, l’Igad, et plus tard de l’Union africaine, de s’impliquer
davantage dans la résolution du conflit inter-somalien. Des négociations
entreprises depuis lors aboutissent à la mise en place d’un Gouvernement
fédéral de transition en octobre 2004 que la situation sécuritaire en Somalie
1
Bakary Traoré est titulaire d’un Doctorat en histoire contemporaine après avoir
soutenu une thèse sur l’ONU et les conflits armés en Afrique (1956-2004). Il est
enseignant au département d’histoire de l’Université Félix Houphouët Boigny
d’Abidjan, en Côte d'Ivoire. Ses recherches s’orientent vers l’étude des conflits
africains et la contribution des organisations africaines au maintien de la paix.
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oblige à s’établir à Nairobi au Kenya. Face à la demande de son président
Abdullahi Yusuf Ahmed pour la création d’une mission d’imposition de la
paix, les dirigeants de la région décident la mise sur pied en 2005 d’une force
sous-régionale, l’Igasom, qui ne verra jamais le jour. Les risques de
débordement du conflit avec la menace islamiste dans la sous-région et les
demandes répétées du Gouvernement fédéral de transition, conduisent
l’Éthiopie à intervenir en Somalie avec la bienveillance de Washington en
2006.
Comme dans les années 1990 au moment de l’intervention de la
communauté internationale, l’Éthiopie semble s’enliser dans le bourbier
somalien et doit son secours au déploiement en 2007 de l’Amisom par
l’Union africaine. Recevant l’offre militaire de plusieurs pays, c’est finalement
l’Ouganda et le Burundi qui fournissent le gros des effectifs, tandis que
l’Éthiopie est contrainte d’y rester jusqu’en 2009. Étant donné qu’il n'existe
pas de paix à maintenir en raison de l’absence d’un véritable accord de paix,
les forces déployées n’ont d’autre mission que d’imposer la paix comme dans
les années 1990. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un probable
échec de l’Amisom n’était pas à écarter, malgré le renforcement de son
dispositif militaire en matériels et en troupes. Envisagée comme une opération
transitoire comme l’Unitaf en 1992-1993, en entendant le retour de l’ONU
avec une véritable opération de maintien de la paix, l’Amisom peine à réaliser
ses objectifs. En espérant un réengagement de l’ONU, c’est le Kenya devant
le débordement du conflit sur son territoire, qui décide en octobre 2011 d’une
intervention unilatérale en Somalie.
Ces quelques faits exposés montrent que depuis la chute du dictateur
Syad Barré en janvier 1991, et l’éclatement de la guerre civile, la Somalie est le
théâtre de plusieurs interventions menées au nom d’une pacification du pays
qui tarde à se réaliser. Si celles-ci paraissent justifiées, force est de constater
que ces « invasions étrangères », menées de manière unilatérale ou dans le
cadre d’un régionalisme sécuritaire, restent problématiques. Alors, comment
interpréter toutes ces interventions dans ce pays désertique de la Corne de
l’Afrique qui n’est pas encore sorti de la guerre ?
Cet article se propose d’analyser dans une perspective historique les
modalités de mise en œuvre de toutes ces interventions, de mettre en relief les
intérêts qui guident chaque pays-intervenant afin de comprendre l’inefficacité
des résultats attendus. Ainsi, les interventions onusiennes de la première
moitié de la décennie 1990 marquent l’échec du maintien de la paix (I). Si les
interventions de l’Igad et de l’Union africaine paraissent légales, leurs missions
peinent à pacifier la Somalie (II) ; une raison de plus pour l’Éthiopie et le
Kenya de s’engager individuellement dans le conflit somalien avec des
résultats peu probables (III).
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LES INTERVENTIONS ONUSIENNES EN SOMALIE OU L’ECHEC
DU MAINTIEN DE LA PAIX (1992-1995)
L’action lancée par les Nations unies en Somalie débute en avril 1992 par
la mise en place de l’Onusom I. Elle est suivie en décembre par l’opération
américaine Restore Hope, à laquelle succède l’Onusom II en mars 1993. Cette
dernière mission se retire en mars 1995 dans le contexte qui avait suscité la
mobilisation internationale.
Vers la réaction de l’ONU
La guerre civile qui sévit à Mogadiscio, au lendemain de la chute de
Barré, a aggravé la chaotique situation dans laquelle se trouvait la Somalie. À
cause de la persistance du conflit, les organisations humanitaires n’ont pu
secourir les populations. Certaines d’entre elles se sont mêmes retirées du fait
de l’insécurité, faisant des populations des laissés-pour-compte. Mais grâce
aux appels incessants des ONG et des médias, on assiste à un réveil, quoique
tardif, de la communauté internationale.
Le manque d’empressement de cette communauté à réagir face au drame
somalien est lié à la perte de l’intérêt stratégique que le pays représentait pour
les Occidentaux au temps de la Guerre froide2. La Somalie n’est plus ce
qu’elle était, et le Conseil de sécurité semblait davantage préoccupé par ce qui
se passait au Koweït3 et en Yougoslavie. Dans les deux cas, il y avait un
intérêt4 à défendre, alors que la fin de la Guerre froide achève de dévaloriser
la Somalie aux yeux des stratèges et des diplomates occidentaux5.
L’inertie de la communauté internationale et les difficultés de l’ONU à
faire face aux événements en Somalie étaient liées à la nature du conflit et à
l’interprétation faite des modalités et mécanismes d’intervention de la Charte.
2
De par sa situation géographique, la Somalie a joué un rôle important dans la rivalité
Est-Ouest au moment de la guerre froide. Située à l’extrémité de la Corne de
l’Afrique, bordée au nord et à l’est par la Mer rouge (1 000 kilomètres) et l’Océan
indien (1 800 kilomètres), la Somalie est le point de jonction entre l’Afrique et le
monde arabe. Elle s’est appuyée sur cette position pour attirer les faveurs des
supergrands (États-Unis et URSS) pendant la Guerre froide devenant ainsi un enjeu
important des rivalités Est-Ouest.
3
Cet ancien protectorat britannique du monde arabe a été envahi par l’Irak à partir du
2 août 1990. Le 3, Américains et Russes appelaient la communauté internationale à
prendre des mesures concrètes contre l’Irak alors qu’en Somalie, des milliers de
personnes mouraient des affrontements opposants Syad Barré aux différents groupes
armés. Le 7 août, les Américains étaient déjà prêts pour libérer le Koweït, tandis que
la Ligue arabe étudiait la possibilité d’une intervention pan-arabe alors que la Somalie
y était membre ! (Le Monde, 1er mars 1991). L’action menée au Koweït n’était pas
menée directement par l’ONU mais autorisée par elle au moment où débutait la
guerre des clans à Mogadiscio.
4
Si l’intervention au Koweït sert des motifs économiques occidentaux, celle
entreprise en Yougoslavie est menée pour des questions de sécurité régionale en
Europe et aussi pour des principes démocratiques.
5
Marc YARED, art. cit.
4
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Celle-ci proscrit une intervention de l’ONU dans une crise au sein des États
car elle est considérée comme une affaire interne6. Mais ce principe ne
s’oppose pas à l’application des mesures coercitives du Chapitre VII7, ce qui
signifie que le Conseil de sécurité peut entreprendre des actions militaires
nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. D’ailleurs,
c’est le fondement juridique de l’intervention des Nations unies en Somalie
qui se matérialise par les résolutions 733 et 794 du Conseil de sécurité.
En effet, la situation d’insécurité entretenue par des bandes armées
incontrôlées empêche les quelques organisations humanitaires présentes sur le
terrain de travailler. Constatant la tragédie humaine en Somalie, tragédie qui
nécessite un acheminement d’urgence de l’aide, le recours à la force contenu
dans le Chapitre VII est obligatoire. Il s’agit pour le Conseil de sécurité au
moyen de la force, de permettre le libre accès aux populations en danger en
pareille situation.
Les différentes missions de l’ONU en Somalie
Face à la détérioration de la situation humanitaire, la communauté
internationale décide de réagir pour mettre fin aux souffrances de la
population somalienne. Cela se matérialise par la mise en place de l’Onusom
I, de l’Unitaf et enfin de l’Onusom II.
La première opération des Nations unies en Somalie (Onusom I) est
lancée par la résolution 751 du 24 avril 1992 à la suite de la cessation des
hostilités entre les parties somaliennes obtenue le 3 mars. Sur
recommandation de l’équipe technique qui avait séjourné en Somalie, cette
mission onusienne doit surveiller le cessez-le-feu et protéger le personnel
humanitaire. Composée d’un effectif dérisoire de 50 observateurs, et plus tard
d’une force de sécurité de 500 militaires, cette mission n’a pu exécuter le
mandat qui lui était octroyé. Les affrontements en Somalie n’ont guère cessé,
bloquant ainsi les activités humanitaires, tandis que les factions rivales du
Congrès de la Somalie unifiée (CSU) menaçaient régulièrement les troupes
onusiennes8.
Lorsque la Force d’intervention unifiée commandée par les Américains
est autorisée par l’ONU, son but est de pallier la situation décrite plus haut.
C’est une opération où le militaire rime avec l’humanitaire, si l’on se réfère à la
résolution 794 qui la crée. Forte de 38 000 hommes, dont 28 000 américains,
l’Unitaf est une opération temporaire dont les actions consistent à rétablir des
conditions de sécurité qui permettent de faire parvenir les secours de
l’étranger aux Somaliens. S’appuyant sur le Chapitre VII, elle est chargée
6
ONU, Charte des Nations unies, Chapitre premier, article 2, paragraphe 7.
Ibid.
8
Conseil de sécurité, Rapport du Secrétaire général sur la situation en Somalie, 24 novembre
1992. 5 p.
7
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d’imposer la paix, en entendant que l’ONU réfléchisse à une nouvelle
opération des Nations unies en Somalie.
Cette nouvelle opération est lancée par la résolution 814 du 26 mars
1993, et prend la relève officielle de l’Unitaf le 4 mai 1993. L’Onusom II, qui a
les mêmes fonctions que la précédente opération, doit s’étendre à tout le pays.
Mais dans les mois qui suivent son déploiement, la situation sécuritaire se
détériore avec des scènes de guerre entre ses forces et l’alliance militaire
dirigée par Aïdid. Face à l’insécurité grandissante à laquelle les effectifs
onusiens ne peuvent répondre de manière conséquente, certains pays décident
alors de retirer leurs contingents de Somalie. Le président américain Bill
Clinton en donne le signal le 7 octobre 1993 en annonçant le retrait de ses
troupes prévu pour le 31 mars 1994. Le retrait de l’Onusom II est
définitivement achevé le 31 mars 1995 dans le contexte qui a suscité la
mobilisation de la communauté internationale.
L’intervention de l’ONU en Somalie a duré trois ans, pendant lesquels
17 résolutions ont été votées par le Conseil de sécurité. Lorsqu’elle
l’intervention cesse en mars 1995, aucune solution politique n’est envisagée, et
pourtant l’enjeu de l’intervention était de taille.
En effet, si celle menée en Yougoslavie s’est faite sur la base de la
diplomatie préventive9, celle de Somalie marque l’an I de l’ingérence
humanitaire10. En prenant pour prétexte la tragédie humaine, une opération
d’envergure est menée en Somalie avec des mandats ambigus, entre maintien
de la paix traditionnel et imposition de la paix. L’option militaire a vite pris le
dessus sur une solution politique plus conciliante, faisant de l’ONU un acteur
du conflit. Ne disposant pas des moyens de sa politique pour faire face à la
récurrence de la violence, l’Onusom II se retire, confirmant ainsi l’échec
militaire et politique de l’ONU en Somalie. C’est la première fois que
l’organisation internationale se retire d’un conflit avant qu’il ne prenne fin11.
Les raisons de la débâcle onusienne en Somalie sont liées au
dysfonctionnement interne de la bureaucratie onusienne et à la définition
d’une méthode d’approche du conflit somalien.
En effet, les Nations unies ont voulu réparer leur négligence coupable et
criminelle12 en choisissant l’option militaire en vue parvenir à une solution
rapide. Mais leur engagement, tardif et soudain, est si mal préparé que les
actions en Somalie sont entachées d’irrégularités, notamment au niveau des
moyens et des volontés politiques. C’est ainsi que les 3 500 casques bleus
demandés pour renforcer le contingent pakistanais, en vue de l’extension des
opérations, ne sont pas déployés. Il manque à ce contingent la logistique
nécessaire pour assurer son mandat, si bien qu’il n’a pu répondre efficacement
9
Théodore CHRISTAKIS. L’ONU, le chapitre VII et la crise yougoslave. p. 205.
10
Bernard DEBRE. L’illusion humanitaire. p. 63.
11
Jean HELENE. L’ONU quitte la Somalie sur un échec politique et militaire. p. 2.
12
Marc YARED, art. cit.
6
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aux attaques des milices13. Par ailleurs, on a noté une divergence de points de
vue entre l’administration américaine et le Secrétariat général de l’ONU au
sujet de la mission assignée à l’Unitaf. Ainsi, lorsque l’opération américaine
cède ses responsabilités à l’Onusom II, le nord du pays n’est pas pacifié,
tandis que les activités criminelles des miliciens au sud limitent gravement le
travail des humanitaires. Sur le terrain, on assiste à des conflits de
compétences entre ou/et au sein du personnel et entre les agences
onusiennes, sans oublier les divergences d’appréciation des priorités à définir
en Somalie.
L’intervention de l’ONU en Somalie a beaucoup souffert de la politique
parallèle des États-Unis, et du recours systématique à la force comme moyen
de règlement du conflit. L’implication américaine à la suite de l’inefficacité de
l’Onusom I s’est faite sur la base de facteurs exogènes à la crise somalienne14.
Si le prétexte de cette intervention rime avec humanitaire, la rapidité,
l’importance des moyens et le tapage médiatique15 permettent de dire qu’il
s’agissait plutôt d’une opération de charme, et une occasion pour
expérimenter et confirmer leur statut de superpuissance dans le nouvel ordre
mondial16. Leurs actions militaires sur le terrain sont souvent entreprises sans
concertation avec le personnel militaire de l’Onusom II déjà présent en
Somalie17. L’utilisation à outrance de la force lors de leur participation aux
opérations onusiennes en Somalie, et avalisées par les résolutions du Conseil
de sécurité, transforment l’Onusom II en faction armée au même titre que les
différents mouvements armés. Venues sécuriser les convois humanitaires et
pacifier le pays, les missions onusiennes deviennent des « machines à tuer »,
dirigées contre Aïdid18. Sa tête est mise à prix, et pour le Secrétaire général de
l’ONU, son élimination est nécessaire pour ramener l’ordre en Somalie et
accomplir sereinement le travail de Dieu19.
L’autre aspect des facteurs récurrents de la violence en Somalie est lié à la
méconnaissance des réalités sociales somaliennes et de l’identification des
acteurs au conflit et des partenaires du dialogue.
13
Ce contingent s’attendait à ce que l’ONU lui fournisse cette logistique, et,
faiblement armé, il n’a pu rappeler à l’ordre les miliciens qui empêchaient les
humanitaires de travailler.
14
Daniel COMPAGNON. Somalie : les limites de l’ingérence « humanitaire », l’échec politique
de l’ONU. p. 193-202.
15
Le débarquement américain de décembre 1992 en Somalie a été couvert par 2 700
journalistes et retransmis en direct sur toutes les chaînes internationales. Voir Smith
STEPHEN. Somalie : La guerre perdue de l’humanitaire. p. 213.
16
Smith STEPHEN, Op. cit. p. 162.
17
Attitude dénoncée par le général Imtiaz Shahen, commandant pakistanais de
l’Onusom I, qui n’hésite pas à dire que les Américains vont tester en Somalie leur
doctrine de résolution des conflits. Voir Smith STEPHEN, op. cit.
18
Il a d’abord été l’interlocuteur privilégié de la communauté internationale, et est
devenu, en juin 1993, l’homme à abattre avant d’être rétabli dans ses droits lors de la
conférence de Nairobi.
19
Gérard PRUNIER. L’inconcevable aveuglement de l’ONU en Somalie. p. 7.
7
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L’aspect sociologique du conflit n’a jamais été pris en compte par les
responsables onusiens, qui mettaient en avant sa complexité. Les Américains,
qui ont occupé une place de choix dans la prise de décision, notifiaient qu’il
n’était pas question de s’ingérer dans la résolution politique de cette crise.
Les chefs de guerre ne sont pas les seuls acteurs du conflit, auxquels il
faut nécessairement ajouter les membres de leurs clans, une jeunesse
désœuvrée sans repère, les mooryans20, et les commerçants qui tirent profit des
pillages. Les Nations unies ne connaissaient rien de cette société, et ont été
incapables d’identifier les nouveaux acteurs politiques crédibles représentatifs
qui ont émergé dans le sillage du conflit : il s’agit des conseils d’anciens et des
nouvelles élites civilisées.
À la suite du retrait militaire des Nations unies, la résolution de la crise
somalienne est prise en charge par les États voisins dans une perspective
régionale et africaine mais avec bien de difficultés…
DE
L’IGASOM
A
L’AMISOM
OU
LE
REGIONALISME
SECURITAIRE EN DIFFICULTE (2005-2012)
Face à l’escalade du conflit depuis le retrait onusien en 1995, les acteurs
régionaux se sont mobilisés pour mettre fin au conflit somalien et restaurer la
paix. L’Igad, l’organisation sous-régionale, a d’abord proposé de conduire en
2005 une mission de soutien à la paix en Somalie. Devant les difficultés liées
au déploiement de cette opération et l’apparition de l’Union des Tribunaux
Islamiques, l’Union africaine (UA) décide de créer une autre mission en
Somalie en 2007, l’Amisom.
L’Igasom, une opération mort-née…
Depuis le retrait onusien, les pays de la Corne de l’Afrique se sont de plus
en plus impliqués dans la résolution du conflit somalien par les initiatives et
les soutiens aux différents accords de paix négociés. Leurs efforts aboutissent
en 2000 à la mise en place du Gouvernement national de transition (GNT), le
tout premier gouvernement somalien depuis la chute de Syad Barré.
Cependant, c’est quatre ans plus tard que la constitution de ce
gouvernement, qui devient fédéral, rencontre l’adhésion de l’ensemble des
acteurs de la crise somalienne. C’est ainsi qu’en 2004, une conférence tenue à
Nairobi au Kenya met en place les institutions de transition avec l’élection du
président Abdullahi Youssouf Ahmed en octobre. Mais la situation sécuritaire
en Somalie et principalement dans la capitale Mogadiscio ne favorise pas
l’installation de ces institutions sur le sol somalien. Ce qui oblige le président
somalien à demander le 25 octobre 2004 à l’Union Africaine de déployer
20
Roland MARCHAL, Les mooryans de Mogadiscio : forme de violence dans un
espace urbain en guerre, p.308.
8
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quelque 15 à 20 000 soldats pour restaurer la paix et la sécurité en Somalie. Il
réitère sa demande à l’Igad lors d’entretiens à Kampala avec le président
Yoweri Museveni, président en exercice de l’organisation sous-régionale21. Le
5 janvier 2005, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine accepte le
principe de déployer une mission d’appui à la paix en Somalie, ayant pour
mandat la protection d’installations importantes, l’appui aux actions du GFT
dans le domaine de la sécurité et la surveillance du cessez-le-feu.
À Mogadiscio, des manifestations hostiles, orchestrées par les chefs de
guerre, accueillent l’éventualité de ce déploiement de forces étrangères. Le 31
janvier 2005, l’Igad, en s’appuyant sur les offres de Djibouti, de l’Éthiopie, du
Kenya, de l’Ouganda et du Soudan, se déclare disposée à participer à la future
force de l’UA. Le 7 février 2005, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union
africaine autorise l’Igad à déployer une mission d’appui à la paix en Somalie, et
invite la communauté internationale à appuyer la mission de l’Igad, en
attendant le déploiement d’une mission de l’Union africaine22. Mais le Conseil
de sécurité insiste sur l’adhésion des populations somaliennes à un tel
déploiement, même si d’importants chefs de guerre y consentent, à condition
que les pays voisins de la Somalie en soient exclus. Se souvenant de la débâcle
de 1995, il reste prudent et recommande le renforcement de l’embargo,
imposé depuis 1992, sur les importations d’armes en direction de la Somalie23.
Il est prévu que les premières unités de l’Igasom provenant de l’Ouganda
et du Soudan arrivent en Somalie à partir de septembre 2006 mais ce
déploiement est retardé par la réticence du Conseil de sécurité à lever
l’embargo sur les armes. Or, au même moment, la Somalie est
particulièrement secouée par les affrontements de 2006, avec la montée en
puissance de l’Union des tribunaux islamiques qui, après avoir défait
l’ARPCT, étend peu à peu son contrôle sur le territoire. Lorsque le Conseil de
sécurité consent à lever cet embargo, le déploiement de la force de paix de
l’Igad est hypothéqué par les menaces de l’UTI et les réticences des pays
fournisseurs24. Mieux encore, la Charte de l’organisation ne prévoit pas le
déploiement d’une mission de ce type à cause du principe de non-ingérence
qui y est inscrit. De plus, le secrétariat de l’Igad n'a ni les capacités humaines,
ni les capacités financières, pour gérer cette opération, alors qu’un des États
21
Conseil de paix et de sécurité, Rapport du Président de la commission sur l’appui de
l’Union Africaine aux institutions de transition de la Somalie, PSC/PR/2(XXII), 5 janvier
2005, 10 p.
22
Conseil de paix et de sécurité, Communiqué, PSC/PR/Comm. (XXIV), 7 février 2005, 3
p.
23
Historique de la Mission de Soutien de la Paix de l'IGAD en Somalie (2005-2007),
disponible sur http://www.operationspaix.net/65-historique-igasom.html.
24
L’UTI estime que le CSNU a pris fait et cause pour le GFT au lieu de privilégier le
dialogue instauré entre les deux parties sous l’égide de la Ligue arabe. Par ailleurs, les
seuls pays non-limitrophes qui s’engagent à fournir des troupes à l’Igasom sont le
Soudan et l’Ouganda. Si le second se déclare prêt à fournir 800 hommes et le premier
se rétracte dans la mesure où il s’oppose à un tel déploiement au Darfour.
9
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membres, l’Érythrée, s'oppose au déploiement25. Devant cette situation de
blocage, l’Éthiopie, qui soutient ouvertement le GFT, décide d’intervenir.
Si l’intervention éthiopienne permet de chasser les islamistes de la
capitale, elle ne parvient pas à instaurer une paix définitive en Somalie, où
règne une insécurité généralisée. Comme l’Igasom n’a pu se déployer
effectivement, l’UA propose, de ce fait, une autre mission pour remplacer les
troupes éthiopiennes qui ne demandent qu’à être relayées par une force de
maintien de la paix.
…Mais mission impossible pour l’Amisom
Selon Addis-Abeba, l’intervention des forces éthiopiennes est temporaire
en Somalie, et l’Éthiopie veut les retirer aussi rapidement que possible. Alors,
elle exhorte la communauté internationale à prendre des mesures immédiates
pour le déploiement d'une opération de soutien de la paix, tel que préconisé
par l’Igad, l’UA et les Nations unies. Mais le GFT l’invite à maintenir ses
troupes en Somalie jusqu'à la stabilisation totale du pays et le déploiement des
troupes de l’UA26.
Ce déploiement est obtenu avec la création de l’Amisom le 19 janvier
2007 à la suite des recommandations d’une mission d’évaluation technique de
l’UA qui a séjourné à Mogadiscio quelques jours auparavant27. La durée
initiale de l’Amisom, selon le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, est
de six mois, dans l’attente du transfert de ses responsabilités à une opération
des Nations unies qui devra soutenir la stabilisation à long terme et la
reconstruction post-conflit de la Somalie28. Le Conseil de sécurité des Nations
unies, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte, autorise un mois plus
tard, le déploiement de cette mission, et lève également l'embargo sur les
armes imposé à la Somalie, à son bénéfice et celui des autorités fédérales de
transition29. Répondant aux exhortations du Conseil de sécurité, l’UA reçoit
en plus de l’Ouganda (qui s’était déjà engagé pour l’Igasom) les offres
militaires du Nigéria, du Ghana et du Burundi30. Mais le retard dans le
déploiement des troupes, provoqué par le désistement des pays fournisseurs
pressentis, oblige l’Éthiopie à maintenir ses forces sur le terrain jusqu’en
25
Sonia LE GOURIELLEC. L’ONU en Somalie : le refus de l’engagement ? Dossier
du ROP, 23 janvier 2012, http://www.operationspaix.net/66-dossier-du-rop-lonu-ensomalie-le-refus-de-lengagement-.html.
26
Conseil de paix et de sécurité. Rapport du président de la Commission sur la situation en
Somalie. PSC/PR/2(LXIX), 19 janvier 2007.
27
Ibid.
28
Conseil de paix et de sécurité. Communiqué, PSC/PR/Comm. (LXIX), 19 janvier 2007, 4
p.
29
Conseil de sécurité. Résolution 1744, S /RES/1744 (2007), 21 février 2007, 4 p.
30
Conseil de paix et de sécurité. Rapport du Président de la Commission sur la situation en
Somalie, PSC/PR/2 (LXXX), 18 juillet 2007, 13 p.
10
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La paix introuvable ?
janvier 200931. Dans ces conditions, le mandat de l’Amisom a du mal à être
exécuté, si bien que la dernière étape de son déploiement prévoyant son
remplacement par une force de paix de l’ONU, n’a pu se faire. Son seul
résultat tangible est le retrait des troupes éthiopiennes qui l’a privée d’une
force de dissuasion et augmenté sa vulnérabilité face aux attaques des
islamistes somaliens.
En effet, sur près de trois ans, seulement la moitié des effectifs prévus
pour l’Amisom est déployée en Somalie, ce qui compromet l’exécution de son
mandat. L’opération n’a pas les moyens aériens ou maritimes d’accomplir ses
tâches, ce qui réduit sa capacité d’action. De plus, la nature et le caractère de
l’opération posent problème, car elle n’est pas une mission de maintien de la
paix, dans la mesure où il n’y a pas de paix à maintenir entre les protagonistes
somaliens. Par ailleurs, elle n’est pas non plus une opération d’imposition de
paix, au sens onusien du terme, comme l’opération Restore Hope ou l’Onusom
II, car le mandat n’en fait pas mention, et les moyens pour le faire lui font
défaut ; elle ne peut utiliser la force qu’en cas de légitime défense. Enfin, elle
ne peut être une opération de consolidation de la paix dans la mesure où les
conditions d’une paix à consolider ne sont pas réunies. Pire encore, elle
souffre d’un manque de légitimité, car en protégeant le GFT lui-même
contesté et non les populations civiles, elle s’est départie des principes
fondamentaux de neutralité et d’impartialité caractéristiques des opérations de
maintien de la paix de l’ONU.
La mission a été envisagée comme une opération transitoire jusqu’au
déploiement d’une force onusienne, alors les conditions ne sont pas réunies
pour que l’ONU se décide. La seule option qui reste à l’UA est le
renforcement de ses effectifs et de son mandat. En attendant, l’Éthiopie, et
plus tard le Kenya, décident de réagir.
L’ÉTHIOPIE EN SOMALIE… AVEC LE KENYA : DES
INTERVENTIONS UNILATERALES INFRUCTUEUSES (20062012) ?
En se retirant sans aucune solution politique, l’ONU abandonne la
Somalie à la merci des chefs de guerre dont l’activisme crée une insécurité à
travers le pays, et menace la Corne de l’Afrique. L’Éthiopie, puis le Kenya, qui
sont des voisins immédiats, décident de réagir.
31
Seuls l’Ouganda et le Burundi ont pu déployer des troupes dans le cadre de
l’Amisom. Les autres se sont désistés : l’Afrique du sud participait déjà aux opérations
AMIS et MONUC, le Malawi contraint par des difficultés de politique interne, tandis
que le Nigéria craignait que les allocations soient inférieures à celles des opérations
onusiennes. Par ailleurs les pays contributeurs ont besoin d’une assistance logistique
permanente subordonnant l’existence de l’Amisom à l’appui de l’Union européenne.
11
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La paix introuvable ?
En finir avec les islamistes somaliens pour pacifier l’Ogaden et
tenir en respect l’Érythrée
Depuis le début du conflit au début des années 1990, l’Éthiopie joue un
rôle majeur dans la recherche de la paix, et parraine certains accords signés
entre les principaux acteurs somaliens. La situation sécuritaire dans l’Ogaden
et la menace islamiste expliquent en partie son implication dans les processus
de paix, mais aussi ses incursions armées en Somalie comme observé en 2006
et 2011.
Lorsque la communauté internationale l’abandonne en 1995, la Somalie
est divisée en plusieurs fiefs dirigés par des seigneurs qui guerroient les uns
contre les autres dans le centre et le sud, alors que le nord-ouest s’était déjà
proclamé République du Somaliland en 1991. Dans le courant des années
2003 et 2004, un processus de négociation initié à Nairobi sous l’égide de
l’Igad permet la mise sur pied d’institutions de transition que la situation
sécuritaire intérieure oblige à siéger en dehors de la Somalie. L’hostilité des
tribunaux islamiques32 et de leur pendant Al Shabaabs aux institutions de
transition se transforme en véritable guerre meurtrière menée contre le
terrorisme.
En effet, bien que parties prenantes au processus de paix initié à Nairobi
en 2003, les seigneurs de guerre hostiles au retour d’un État central
préjudiciable à leurs affaires empêchent le Gouvernement fédéral de transition
(GFT) de s’installer à Mogadiscio. Ils le font déplacer à Baïdoa dans le sudouest du pays, et sont défaits plus tard en 2006 par l’Union des tribunaux
islamiques (UTI) à Mogadiscio et dans d’autres villes du pays33. Mais
l’orientation fondamentaliste de ce mouvement et la résurgence des thèses de
la Grande Somalie, si chères aux Somaliens et incluant l’Ogaden éthiopien, ne
sont pas du goût d’Addis-Abeba. C’est l’un des prétextes trouvés par
l’Éthiopie pour imposer, dans le courant 2006-2007, sa paix, la pax americana à
ces islamistes qui bénéficieraient du soutien de son ennemi érythréen.
Officiellement, il s’agit pour l’Éthiopie de porter assistance au GFT dont le
retour à Mogadiscio et la sécurité n’ont pu être garantis par l’Alliance pour le
rétablissement de la paix et contre le terrorisme (ARPCT), un groupe de
seigneurs de guerre mis en scelle par les soins de Washington34.
32
La création des tribunaux islamiques est une réponse locale à la situation
d’insécurité entretenue par les chefs de factions et leurs miliciens. Constitués par les
anciens des clans qui organisent des jeunes miliciens pour lutter contre le banditisme,
les premiers tribunaux apparaissent en 1996 et leur efficacité sur le terrain les conduit
à se fédérer au sein d’une Union dirigée par le modéré par Cheikh Sharif Cheik
Ahmed à partir de 2002.
33
Jean NANGA. Ethiopie-Somalie : une intervention sur ordre US. www.europesolidaire.org/spip.php?article4758).
34
Noémie ROUTIN, Emeline MAZIER. Les relations difficiles entre l’Ethiopie et La
Somalie. http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-788_fr.html.
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La paix introuvable ?
Cette intervention répond d’abord à des préoccupations internes dans la
mesure où sa province rebelle, l’Ogaden, peuplée de Somalis, manifeste une
volonté de plus en plus affichée sur la voie de l’autonomie. Pour seule
réponse crédible aux revendications indépendantistes de cette région, AddisAbeba coopte les élites qui lui conviennent et réprime les autres35. L’option
armée, qu’elles choisissent à travers les différents fronts ogadenis36, est
soutenue par l’Érythrée dont les connexions avec l’UTI et l’intégrisme
islamiste international ne font plus de doute. Il est clair qu’Addis-Abeba ne
peut s’accommoder de la présence d’un régime islamiste en Somalie, qui
pourrait l’asphyxier économiquement si elle n’a plus accès aux ports de
Berbera et de Bossasso. Des lors, il est mieux pour elle de disposer en Somalie
d’un régime qui lui est favorable, pour ne pas donner des bases arrières aux
mouvements armés ogadenis. En intervenant en Somalie, elle règle le
problème de ces indépendantistes qui refusent de dépendre d’un État fédéral
chrétien et conforte les partisans du pouvoir éthiopien dans l’Ogaden. Mieux
encore, il s’agit pour l’Éthiopie de solder un contentieux avec l’Érythrée qui
l’a privée d’un accès à la mer, et qui conteste son leadership régional, en
soutenant non seulement ses opposants armés mais aussi les islamistes
somalis de l’Ogaden. En présentant ces opposants comme des terroristes
soutenus par Al Qaïda, l’Éthiopie a su faire peur à l’Occident en agitant
l’épouvantail de la menace islamiste. Elle dame le pion à Asmara en l’isolant
dans la région. Elle a su mobiliser en sa faveur le choix des États-Unis d’un
allié chrétien dans leur lutte contre le terrorisme international. C’est ainsi que
son déficit démocratique a pu être absous par la même occasion37.
Une intervention « téléguidée » par « l’oncle Sam » pour conforter
sa stature de puissance régionale
L’expédition militaire éthiopienne en Somalie de décembre 2006, qui
permet de balayer les islamistes somaliens de Mogadiscio, ressemble à une
guerre par procuration. L’Éthiopie la mène donc pour le compte des ÉtatsUnis, en lutte contre le terrorisme international depuis les attentats du 11
septembre 2001.
En effet, depuis que Washington s’est engagé dans la lutte contre le
terrorisme, elle a toujours été tentée d’envahir la Somalie censée être l’un des
refuges des djihadistes pakistanais et afghans, et peut-être de Ben Laden ;
surtout que les attentats contre ses intérêts dans la Corne de l’Afrique en 1998
et 2002 ont été préparés en Somalie. L’abandon de ce projet à l’irakienne est
rapidement compensé par l’appui massif octroyé aux seigneurs de guerre de
35
Roland MARCHAL. Somalie : un nouveau front antiterroriste ? p. 1-28.
Les principaux mouvements armés qui animent la scène insurrectionnelle de
l’Ogaden sont le Front de Libération Oromo, le Front de Libération de l’Ogaden et le
Front Uni de la Somalie occidentale.
37
Alain GASCON. L'intervention éthiopienne en Somalie : la croix contre le croissant ? p. 44736
463
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La paix introuvable ?
l’ARPCT, qui soutiennent le GFT, et luttent contre les combattants des
tribunaux islamiques. Ce soutien contre-nature sert leur politique
antiterroriste, mais l’échec de cette alliance dans sa tâche oblige l’Éthiopie à
intervenir militairement aux côtés des forces soutenant le GFT, sous ordre de
Washington. Il s’agit ici selon certains auteurs de réaliser une priorité de la
politique américaine de lutte contre le terrorisme en responsabilisant certains
pays comme l’Éthiopie à qui l’on confère le statut de puissance régionale38.
Mais, bien plus que cela, les États-Unis essaient de protéger leurs intérêts en
Somalie, menacés par le nouvel ordre politique instauré par les tribunaux
islamiques. Il n’est donc pas intéressant pour Washington que le contrôle du
golfe d’Aden lui échappe, tout comme les immenses ressources naturelles qui
regorgent du sous-sol somalien39.
Le soutien militaire, dont bénéficie l’Éthiopie dans l’aventure somalienne,
lui permet de montrer sa puissance de feu au petit voisin érythréen, qui en a
fait les frais en mai-juin 2000 quand son armée est balayée de Badmé, la
localité prétexte du conflit. En expédiant son armée à des centaines de
kilomètres, Addis-Abeba confirme que son armée a acquis une capacité de
projection40 qui conforte sa stature de puissance régionale. Ainsi, l’Éthiopie
est donc prête à attaquer et détruire tout régime qui est lui est hostile ou qui
chercherait à l’affaiblir en contrecarrant ses ambitions hégémoniques dans la
Corne de l’Afrique.
En effet, dans cette zone de hautes turbulences, l’Éthiopie entend jouer
le rôle de puissance régionale, dans la mesure où elle reste le centre de gravité
démographique, économique et militaire. Si elle pouvait rencontrer de
sérieuses difficultés économiques, en raison de sa dépendance de l’aide
alimentaire extérieure, force est de constater qu’elle a entrepris depuis une
réorganisation de son armée. Cette réorganisation lui permet de remporter « la
guerre des frontières » (déclenchée en 1998) en 2000 contre l’Érythrée, et de
s’engager dans les opérations de maintien de la paix en cours dans la région.
Cet engagement répond à sa volonté de stabiliser cette zone dans laquelle l’on
dénombre un État failli (la Somalie), deux jeunes États (l’Érythrée et le SudSoudan) et un quasi-État (Somaliland)41. C’est pourquoi elle prend une part
active dans les processus de paix en cours dans la région, avec une
participation accrue aux missions onusiennes déployées : au-delà de son
intervention en Somalie pour soutenir le GFT, elle fournit à ce jour 99% des
38
Roland MARCHAL. Somalie : un nouveau front antiterroriste ? p. 1-28.
Jean NANGA. Ethiopie-Somalie : une intervention sur ordre US, 2007. www.europesolidaire.org/spip.php?article4758.
40
Alain GASCON. L'intervention éthiopienne en Somalie : la croix contre le croissant ? p. 44739
463.
41
Patrick
FERRAS.
L’Ethiopie :
l’émergence
sereine !
france.org/docs/kfm_docs/docs/.../2011-11-10-ethiopie.pdf.
www.iris-
14
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effectifs de la Fisnua42, et 8% de la MINUAD43 où elle reste le troisième
fournisseur africain derrière le Nigéria et le Rwanda.
Si son intervention de 2006-2007 ramène le GFT dans Mogadiscio, la
fuite des combattants des tribunaux islamistes déplace le centre de gravité de
l’insécurité et des combats vers le sud du pays, dans la zone frontalière avec le
Kenya. Un alibi pour Nairobi pour intervenir aussi dans la guerre civile
somalienne à partir d’octobre 2011, justifiant également le retour d’AddisAbeba après son retrait de 2009.
Le Kenya en Somalie : au-delà des préoccupations sécuritaires
(2011)…
Le Kenya, tout comme l’Éthiopie, est l’autre voisin qui partage certaines
affinités historiques et linguistiques avec la Somalie. Une partie de sa
population est somalie, tandis qu’il accueille de nombreux réfugiés somaliens
sur son territoire. Jusque-là, Nairobi s’est bien gardé d’intervenir dans le
conflit somalien, mais la donne change en octobre 2011 à la suite d’une série
d’événements produits au Kenya, avec des islamistes somaliens44 comme
auteurs présumés.
Avec pour nom de code Linda Nchi (« protéger le pays » en Swahilli),
l’offensive lancée par les forces militaires kenyanes vise, selon les autorités de
Nairobi, à pourchasser en territoire somalien les islamistes responsables des
enlèvements perpétrés au Kenya. Il s’agit donc d’éliminer la menace que pose
Al Shabaab pour la sécurité du Kenya, et pour ce faire, de nettoyer le Sud de
la Somalie jusqu’à la rivière Juba. À ce titre, la prise de la ville côtière de
Kismayo est nécessaire, tout comme l’établissement d’une « zone tampon »
qui limiterait les actions des Shabaab et désengorgerait les camps de réfugiés
du nord Kenya afin de les relocaliser au sud de la Somalie45.
Mais la réalité paraît tout autre car l’intervention du Kenya en Somalie ne
serait seulement pas destinée à se défendre contre les terroristes du
mouvement Al Shabaab, mais poursuivrait certains objectifs autres que
sécuritaires. Cela pourrait se justifier dans la mesure où elle était déjà en projet
42
Force Intérimaire de Sécurité des Nations Unies pour Abyei (province du Soudan).
C’est la mission hybride des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour
(Soudan).
44
Le 11 septembre 2011, des hommes armés attaquent un couple britannique sur
l’île de Kiwayu dans l’archipel kenyan de Lamu. L’homme est tué et son épouse est
enlevée et emmenée en Somalie tout comme la française Marie Dedieu dont
l’enlèvement a lieu le 1er octobre et qui décède par la suite. Le 13 octobre dans le
camp de Dadaab en territoire kenyan, c’est l’enlèvement deux espagnoles travaillant
pour MSF qui est enregistré. C’est cette série de rapt qui fournit le prétexte à
l’intervention kenyane en Somalie précisément dans le Juba.
45
Romain LALANNE. Le Kenya en Somalie : les raisons d'une intervention risquée.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/226875.
43
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La paix introuvable ?
depuis quelques années, et sa mise en exécution en 2011 aurait surpris ses
alliés de la région notamment l’Éthiopie.
Comme l’Éthiopie en 2006, le Kenya avance la légitime défense pour la
justifier en combattant les islamistes d’Al Shabaab dont les activités terroristes
risquent de porter un sérieux coup à son activité touristique en plein essor.
Ainsi, les autorités kenyanes ont d’abord tenté d’utiliser les réfugiés somaliens
du camp de Dadaab pour lutter contre ces islamistes comme l’Éthiopie, et les
États-Unis l’ont fait avec les seigneurs de guerre de l’ARPCT. Devant leur
échec, elles ont dû mettre en exécution le plan B de leur stratégie, en lançant
l’offensive d’octobre 2011.
L’objectif politique de cette intervention est la création au sud de la
Somalie d’une zone tampon sécurisée et adossée à l’est du Kenya. À l’image
du Somaliland et du Puntland qui bénéficient de la bienveillance de l’Éthiopie,
il s’agit pour le Kenya de se tailler un fief de 100 kilomètres, le Jubaland, et
d’installer une administration semi-autonome dirigée par un pouvoir qui
contrôlerait le port somalien de Kismayo, utilisé par des réseaux de
contrebande liés au Kenya. Une manière de donner corps à l’objectif
économique de Nairobi dans la région à savoir préparer le terrain pour la
réalisation de grands projets d'infrastructures qui transformeraient Lamu, le
port kenyan, en terminal pétrolier permettant d'acheminer le brut des champs
inexploités du Soudan du sud et du nord du Kenya. De Lamu, un réseau
ferroviaire et routier offrirait un accès maritime à l'Éthiopie comme au
Soudan du sud46.
Cependant, derrière ces ambitions économiques, le Kenya veut se
présenter comme un concurrent sérieux au leadership régional que s’arroge
l’Éthiopie. Addis-Abeba l’a bien compris, c’est pourquoi elle est retournée en
Somalie quelques jours après l’invasion kenyane. Officiellement, il s’agit de
soutenir Nairobi en empêchant le redéploiement des combattants shabaabs
autour de Kismayo. Mais l’Éthiopie ne peut s’accommoder de l’éventualité
d’une région semi-autonome contrôlée par le Kenya majoritairement peuplée
d’Ogadenis. L’initiative kenyane dans le sud de la Somalie peut donner des
idées aux populations de l’Ogaden éthiopien47. Comme l’offensive
éthiopienne de 2006, les premiers succès kenyans en Somalie tournent court,
et les militaires s’enlisent dans le bourbier somalien.
Ces interventions menées de manière unilatérale posent plus de
problèmes qu’elles n’en résolvent. Comme en 1995, il en résulte un échec
politique et militaire de l’Éthiopie et du Kenya en Somalie, où la guérilla des
islamistes continue d’entretenir l’insécurité.
46
47
Romain LALANNE. art. cit.
Ibid.
16
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La paix introuvable ?
CONCLUSION
Depuis la chute de Syad Barré en 1991, le semblant de paix qu’il avait
instaurée au cours de son règne s’est rapidement transformé en guerre civile
interminable. Les atrocités de cette guerre ont d’abord attiré l’attention de la
communauté internationale qui a réagi à travers les différentes missions de
l’ONU en Somalie. Cependant, ces missions n’ont pu ramener la paix dans le
pays en raison de défaillances inhérentes au système onusien, de la
méconnaissance des réalités sociales somaliennes et de la politique parallèle
des États-Unis dans le règlement du conflit. C’est encore Washington qui
appuiera l’intervention éthiopienne de 2006 au moment où la communauté
africaine tarde à mobiliser les ressources nécessaires pour aider les institutions
fédérales de transition à exercer l’effectivité de leur autorité sur le territoire
somalien. La menace islamiste, les préoccupations de politique intérieure
éthiopienne, les appétits impérialistes des États-Unis sans oublier les
ambitions hégémoniques d’Addis-Abeba achèvent de transformer le conflit
civil somalien en conflit régional, et en guerre par procuration, menée contre
le terrorisme.
L’incapacité des organisations régionales et sous-régionales africaines à
mettre en place un processus politique inclusif qui subit les influences
éthiopiennes et les pressions américaines, sans oublier un engagement sincère
de l’ONU, sont autant de facteurs qui expliquent aujourd’hui la récurrence de
la violence en Somalie. La victoire militaire de l’Amisom sur les islamistes d’Al
Shabaab, enregistrée dans le courant 2012, offre l’occasion à l’ONU de signer
son retour en Somalie après l’échec de 1995. Avec plus légitimité, elle devra
privilégier une solution politique inclusive qui tienne compte des réalités
somaliennes, pour transformer positivement son image ternie par les
nombreuses ingérences étrangères en Somalie.
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P e r s p e c t i v e s I n t e r n a t i on a l e s
Numéro 3/Janvier – Juin 2013
So m a l i e , d ’ u n e i n t e r v e n t i o n à l ’ a u t r e :
La paix introuvable ?
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