``Unearthing lost treasures`` : le potentiel de l`archive

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``Unearthing lost treasures`` : le potentiel de l`archive
”Unearthing lost treasures” : le potentiel de l’archive
photographique somalie pour (se) reconstruire
Marian Nur Goni∗1
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Centre de recherches sur les arts et le langage (EHESS/CRAL) – CNRS : UMR8566, Ecole des Hautes
Etudes en Sciences Sociales (EHESS) – 96 Bvd Raspail 75006 PARIS, France
Résumé
Proposition pour le panel ” Patrimoine, identité & mémoire dans la Corne ”
Depuis quelques années, la notion de patrimoine est appliquée à des ensembles divers de
photographies historiques produites sur le continent africain par des Africains depuis, au
moins, les Indépendances.
Si cette application questionne les chercheurs européens qui la formulent les premiers (JeanFrançois Werner, 2000, Nimis 1998), quinze ans après, elle semble communément acceptée
tant ” au Nord ” qu’en Afrique : dès lors, nombreux projets voient le jour aujourd’hui pour
préserver des patrimoines photographiques menacés de disparition. C’est ainsi, par exemple, que l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA), basée à Porto-Novo, au Bénin, s’apprête à
lancer un ambitieux programme, quinquennal et panafricain, de sauvetage d’archives photographiques. Vingt-six pays d’Afrique subsaharienne sont concernés par ce projet d’envergure
qui vise à inventorier archives et collections photographiques publiques et privées, à évaluer
leur état de conservation et d’accès, ainsi que les mesures à prendre pour les sauvegarder et
les valoriser, notamment via les outils numériques. ” Ces collections permettent de reconstituer aujourd’hui l’histoire sociopolitique, économique et culturelle des peuples africains et
représentent un patrimoine important dans la reconstruction de l’identité des communautés
du continent ” écrit Franck Ogou, coordinateur du projet à l’EPA, dans un article à paraı̂tre
sur le blog Fotota (http://fotota.hypotheses.org/).
Si la Corne de l’Afrique reste, pour l’heure, à l’écart de ces projets qui mobilisent une
communauté de chercheurs et d’artistes souvent connectés, un examen attentif d’un certain
nombre de blogs et projets mettant à leur centre l’image photographique et créés par des
membres de la diaspora somalie montre, en creux (1), à la fois des enjeux similaires et particuliers à l’histoire de ce pays. Trace d’un ” ça a été ” (Barthes, 1980) désormais disparu
de manière traumatique, traditionnellement pourvue d’un attribut de ” preuve ”, l’image
photographique permet de faire émerger, via sa collecte et partage en ligne, d’autres types
de récits et mémoires enfouies de l’histoire culturelle et sociale de la Somalie d’avant les
années 1990.
Démarches ” archéologiques ” (2), ces archives numériques reconstituées présentent un écheveau
de questions liant enjeux de représentation (notamment vis-à-vis de la manière dont ce pays
est dépeint dans la presse internationale), de transmission d’histoire(s) (par qui ? comment
? à travers quels matériaux ?) et de constructions identitaires (la plupart des sites pris ici
∗
Intervenant
sciencesconf.org:reaf2016:90960
en considération sont le projet de jeunes gens nés à l’étranger, évoluant dans un entre-deux
: la Somalie des parents qui ont fui la guerre et leur pays de naissance et de formation).
Cette communication se propose de les explorer à travers une sélection de ces projets photographiques.
(1) J’écris ” en creux ” car l’accès matériel à ces images est, au mieux, suspendu, voire
pour certaines sans doute impossible.
(2) D’où le titre de ma communication, extrait d’un échange avec le concepteur du site
” Vintage Somalia ”.

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