Stage de perfectionnement professionnel « Le

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Stage de perfectionnement professionnel « Le
! 36 rue de la Goutte d’Or
75018 Paris.
+33 (0) 1 42 51 84 02
[email protected]
www.ecoledujeu.com
Stage de perfectionnement professionnel
« Le verbe comme acteur du mouvement créateur »
Lieu : Sobo Badé - Sénégal
Dates : stage du 6 janvier au 24 janvier 2014 (départ Paris, dimanche 5 janvier – retour
Dakar, samedi 25 janvier)
Durée : 136h - 17 jours
Effectif : 12 stagiaires
Horaires : du lundi au samedi - 10h-13h et 14h-19h
Tarif : 1900 € (base pension complète en dortoir - visa et billet d’avion en sus)
PUBLIC CONCERNÉ :
Intermittents du spectacle (comédiens, danseurs, artistes-interprètes…)
Une expérience professionnelle préalable au théâtre, à la télévision ou au cinéma, est
indispensable. Ouvert uniquement aux artistes-interprètes ayant une pratique et une
expérience de la scène ou des tournages.
FORMATEURS :
Delphine Eliet : Technique de Confirmation Intuitive et Corporelle
Directrice pédagogique de L’Ecole du Jeu, Delphine Eliet poursuit sa recherche théâtrale et
pédagogique à partir du « corps organique » de l’acteur. Ses travaux de pédagogue et les
outils qu’elle a créés, dont la Technique de Confirmation Intuitive et Corporelle, font l’objet
d’une thèse à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon où Kéti Irubetagoyena sous la direction
de Jean-Loup Rivière, s’interroge sur la façon dont présence et énergie de l’acteur sont
sollicités par la TCIC.
Auparavant, Delphine Eliet a mené une carrière de comédienne et de metteur en scène. Dès
l’âge de 15 ans, elle fait du théâtre son métier. A 21 ans, elle fonde avec Stanislas Nordey la
Compagnie Nordey et joue dans plusieurs de ses mises en scène. Elle travaille également,
avec
Thierry Roisin, Bruno Meyssat et Céline Acquart. Parallèlement, elle commence à diriger des
stages et des ateliers pour la Compagnie Maguy Marin, la Chartreuse de Villeneuve-lezAvignon et l'Opéra National de Paris. La rencontre avec les sourds à l’IVT et la langue des
signes, déclenche chez Delphine Eliet une réflexion sur le langage, l'écriture et les capacités
d'expression des corps. En 2004, elle crée L'école du Jeu à laquelle elle se consacre depuis.
Siège social : 36 rue de la Goutte d’Or - 75018 Paris
| SAS au capital de 4.000 euros | 792 298 416 00019 – RCS Paris I APE 8542 Z
Etablissement d’Enseignement Supérieur Privé, enregistré auprès du Rectorat d’Académie de Paris
Alexandre Del Perugia : Artiste de scène, directeur d’acteur, pédagogue, il est un ancien
élève du conservatoire national du cirque et du mime (carré Sylvia Monfort), Alexandre del
Perugia a co-fondé l’association Etre Là en 2008, aujourd’hui implantée à la Seyne sur Mer
et au sein de laquelle il intervient comme pédagogue auprès d’artistes professionnels et de
formateurs en disciplines artistiques. Sportif de haut niveau, en 1985 il devient champion de
France d’escrime théâtrale.
Ce titre le conduit à l’Opéra de Paris de 1985 à 1988 où il travaille notamment avec Antoine
Vitez.
Alexandre Del Perugia fonde avec Niels Arestrup le "Théâtre école du passage". Il crée
"Projections", un espace de recherche autour des jouets du cirque avec de jeunes
comédiens et acrobates, et en 1995 "Regards et mouvement" à Pontempeyrat.
OBJECTIFS : Se structurer dans le processus créateur
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Comment être au présent dans une action physique en jeu
Comment trouver certains moteurs du jeu
Comment le verbe se croise avec son vécu
Comment jouer en prenant du plaisir
Comment rester au présent tout en connaissant le futur
Comment rester en jeu, sans se juger, face à un public
Comment développer sa détermination à agir
Comment développer sa capacité à identifier les conditions justes, dans le processus
de création
Comment recréer ce processus au fil des répétitions.
Comment le monde extérieur agit il sur l’interprétation ?
CONTENU :
La seule capacité à interpréter ne suffit plus pour « tracer sa route ».
Il faut à l’artiste, aujourd’hui, une force et une compréhension globale des processus
nécessaires qui lui permettront d’aboutir aux résultats désirés. Car ce sont bien les mêmes
processus qui sont en jeu à l’intérieur même du plateau (d’une scène, d’une pièce etc..), qu’à
l’extérieur (contexte social, économique,…).
Il s’agit de découvrir et de maîtriser sa force de création et sa détermination.
Qu’est-ce que c’est qu’agir ?
C’est pourquoi ce stage vise à donner des outils concrets à plusieurs niveaux. Au niveau,
• de l’acteur et du plateau
• du contexte global (à qui et dans quel(s) contexte(s) ce que je crée va t il
s’adresser ?)
• de l’intentionnalité du mouvement.
Chacun travaillera à construire sa propre confiance et à renforcer son désir de jeu, de
création, de réussite.
• Accéder/développer la volonté de dialoguer
• Développer l’attention
• Observer que cette attention existe QUAND on perçoit les mouvements
(mouvements intimes, mouvements sur le plateau, dans son environnement …)
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LE VERBE est une matière centrale pour exprimer ce mouvement.
L’importance et la nécessité de trouver des appuis de jeu dans le texte (notamment sur les
verbes passifs et actifs), pour gagner en liberté et en puissance, nous amène, à travers cette
formation, à donner des outils pour utiliser le verbe comme levier d’actions et de présence
dans le jeu.
L’enjeu étant d’y trouver le plaisir, de gagner en autonomie et en clarté afin d’amener plus
de pertinence sur l’interprétation lors de création, de répétition, d’audition...
De plus, il nous semble qu’il y ait une carence dans le contexte pédagogique actuel dans
l’arrivée tardive d’un regard public.
Il n’y a pas de théâtre sans public, aussi nous jouerons devant un public local et le stage se
fera dans un théâtre de brousse « Le théâtre de l’engouement ».
LES TEXTES :
Chaque stagiaire viendra avec un monologue appris, choisi parce qu’il questionne, pose
problème ou met en difficulté, pour une raison ou pour une autre.
RENCONTRE AVEC :
Nous rencontrerons notamment le créateur du lieu, Gérard Chenet, qui est aussi auteur.
Nous rechercherons et travaillerons, à un moment donné du stage, sur son texte
« La grande épopée des Toucouleurs de EL Hadj Omar ».
Il est à noté que le théâtre dans lequel nous travaillerons a été construit pour cette pièce.
METHODE PEDAGOGIQUE
Travail physique et organique
Travail de pratiques, en groupe et en individuel.
Travail de texte.
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Hébergement et nourriture
Situé à Toubab Diallaw en bord de mer (à 45km au sud de Dakar),
l’espace du Sobo Badé propose plusieurs formules d’hébergements et
pension complète (chambre double, single, ou dortoir de 3 personnes).
Espace wifi.
Le Sobo Badé est également un lieu de résidence où se côtoient arts
vivants (danse, percussion, théâtre) et arts plastiques (batik, sculpture,
peintures). Lieu de déroulement du stage
Vous serez accueilli au Théâtre de l’Engouement
(théâtre en plein air), situé également à Toubab
Diallaw, proche du Sobo Badé.
Vol, visa et demande spécifique
Le tarif n’inclut pas l’avion et le visa.
Le billet d’avion et le visa sont à prendre séparément par chaque
stagiaire. L’école du Jeu tâche d’identifier les meilleurs tarifs auprès des
différentes compagnies. Nous pouvons vous renseigner. Attention, le visa
est à obtenir avant le départ de Paris
Le tarif du stage est calculé sur une base en pension complète et
chambre dortoir. L’école du Jeu ne prend aucune commission sur
l’hébergement et la pension. Pour toute modification de formule
(chambre simple ou double) une tarification particulière vous sera
proposée en lien direct avec l’hébergeur.
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Annexe :
Interview de Gérard Chenet:
Au Sénégal depuis 1954, Gérard Chenet, Sénégalais d’origine haïtienne, a marqué de son
empreinte la vie culturelle sénégalaise. A Toubab-Diallaw où il dispose de son espace culturel
Sobobadé, ce Sénégalais replonge le temps d’un entretien dans les premières heures
culturelles du Sénégal pour mieux apprécier ce qui se fait aujourd’hui.
On vous connaît écrivain, dramaturge. Si vous deviez-vous présenter à nos lecteurs que
diriez-vous de plus ?
Eh bien ! Je dirais de moi-même que je suis un chercheur et que j’essaie autant que possible
de garder l’équilibre. Or pour garder l’équilibre, il faut… et ce n’est pas une chose facile, cela
ne coule pas de source. Donc je suis plutôt un chercheur qui essaie différentes choses : la
sculpture, l’écriture aussi… les arts, en général. C’est dans ces domaines que j’arrive à
retrouver mes véritables repères.
Vous êtes Sénégalais d’origine haïtienne. Vous êtes venu au Sénégal pour quelle raison
principalement ?
En Haïti, je faisais partie d’un groupe de jeunes qui vivaient sous une dictature appuyée par
l’Etat américain, comme cela se fait dans tous les pays de l’Amérique latine et des Antilles.
Personne n’avait le droit à la parole. Nous étions en classe de Terminale à l’époque, même
pas encore des étudiants. Nous avions à l’époque un petit journal manuscrit que l’on faisait
passer de main en main pour traiter les problèmes soulevés par nos cours et nos professeurs.
Et puis cela a chaviré bien vite dans une approche politique. Nous avions demandé et obtenu
l’autorisation d’ouvrir officiellement le journal. Dans les sphères politiques, ils se sont dit que ce
sont des jeunes, des poètes ; donc on peut leur accorder l’autorisation d’ouvrir un journal. Ce
qui n’était accordé à personne à l’époque, sinon au journal officiel. Dès le premier numéro,
nous avons reçu André Breton, le Pape du surréalisme. Et en Haïti, nous recevions beaucoup
de personnalités qui étaient de gros calibres comme Aimé Césaire et André Maurois, des
écrivains. Nous avons commencé à critiquer l’ordre établi et on a fermé le journal.
C’était en quelle année et comment s’appelait le journal ?
C’était La Ruche. Si vous regardez dans Internet, il y a pas mal de choses dessus. C’était en
1946. Nous avons fait appel à la jeunesse pour protester contre la fermeture du journal. La
jeunesse s’est mise en grève. La jeunesse écolière, ensuite l’Université, puis l’Administration
et puis tout le pays a suivi. Cela a été une chose fantastique qu’on a appelée à l’époque Les
cinq glorieuses. Le gouvernement en cinq jours avait été renversé. Il l’a été par l’Armée qui,
pour sauver la situation et contourner le mouvement révolutionnaire qui se dessinait à ce
moment, s’est vite donné les moyens de s’emparer du pouvoir mais n’a pu établir tout de suite
une dictature. Les élections ont été réalisées après et nous avons pu avoir un gouvernement
démocratique ; mais qui n’a pas duré longtemps parce que les militaires sont revenus encore
et ils ont renversé ce gouvernement démocratique. A ce moment, les journalistes ont été
poursuivis et les imprimeries des journaux ont été démolies. Cela a été une atmosphère
morbide qui a causé un malaise dans le pays. Beaucoup de gens sont partis parmi les élites
politiques et intellectuelles. C’est dans la foulée que j’ai quitté le pays.
C’était en quelle année ?
J’ai quitté le pays en 1955.
Vous aviez quel âge à l’époque ?
J’avais 18 ans en 1946. Donc 27 ans.
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Et quand vous êtes venu au Sénégal, c’était dans quelle optique ?
Je ne suis pas venu directement au Sénégal. Je suis allé au Canada où j’ai passé deux ans.
Ensuite du Canada, j’ai eu une bourse pour le Centre européen universitaire de Nancy. J’avais
d’abord étudié le droit en Haïti à la Faculté de Port-Aux-Princes. Le Centre universitaire de
Nancy préparait les cadres de l’Europe, et c’étaient des études socio-politique auxquelles j’ai
été convié. Puis je suis allé en Russie pour le Festival de la jeunesse de Moscou.
En quelle année ?
En 1957. Je me suis retrouvé, après, en Allemagne de l’Est à l’Université de Karl Marx où j’ai
fait des études d’histoire. J’ai quitté l’Allemagne de l’Est à une époque où la Guinée devenait
indépendante et où on rapatriait tous les coopérants français de la Guinée. Sékou Touré a fait
appel à tous les progressistes du monde pour venir l’aider à construire le pays. C’est dans ces
circonstances que j’ai demandé à y participer. J’ai quitté l’Allemagne pour venir en Guinée en
1950 où je suis devenu professeur d’histoire de l’Afrique en République de Guinée. J’y ai
passé quatre ans.
Comment êtes-vous venu au Sénégal ?
J’ai toujours eu une direction intellectuelle qui m’a mis la puce à l’oreille lorsque Sékou Touré a
commencé à montrer des signes inquiétants de dictature, de poursuite des journalistes. Mes
propres élèves ont été arrêtés. Djibril Tamsir Niane, l’auteur de l’Epopée mandingue, était mon
collègue au lycée de Conakry. En Guinée, on était en pleine utopie, à l’époque, en pleine
formulation d’un idéal politique favorable à la masse populaire. Mais l’esprit du pouvoir, l’esprit
d’accaparement du pouvoir, de domination a pris le dessus et Sékou Touré est devenu ce que
vous savez. C’est dans ces circonstances que j’ai quitté la Guinée. En 1954 je suis arrivé au
Sénégal, sollicité par le Président Senghor qui, à cette époque, recevait pas mal d’intellectuels
du monde progressiste. J’ai rencontré plusieurs Antillais ici au Sénégal.
Vous avez donc participé au premier Festival mondial des arts nègres ?
Oui ! Et c’était autre chose. Les gens étaient plein d’enthousiasme, d’élan vers le changement,
vers un nouveau monde, un nouvel esprit d’approche de la politique. Senghor, je l’ai toujours
considéré comme un despote éclairé, comme ces despotes du siècle des Lumières qui tout en
étant à une époque où on ne connaissait pas la démocratie en Europe, favorisaient beaucoup
l’éclosion et l’épanouissement culturel et artistique.
Dans quelle mesure le considériez-vous comme un despote éclairé ?
Le Sénégal venait d’être indépendant et il n’y avait pas encore la culture démocratique en
Afrique. Les dirigeants considéraient les peuples comme des mineurs qu’il fallait diriger d’une
main ferme. Mais même ceux qui avaient les meilleures intentions du monde pour faire réaliser
un régime politique favorable à l’épanouissement et au bien-être du peuple, même ceux-là se
conduisaient en pères de famille sévères. C’est dans cette mesure-là que je considérais
Senghor comme un despote éclairé.
Est-ce que vous avez eu des rapports particuliers avec Senghor ?
J’ai été conseillé au ministère de la Culture. C’était sous Alioune Sène qui était un de ses
proches. Pendant cette période, j’ai eu à le rencontrer deux ou trois fois. C’était à l’époque où
j’écrivais le texte qui s’appelait La grande épopée des toucouleurs de El Hadj Omar que j’ai fait
parvenir à Senghor. Il avait beaucoup apprécié en m’écrivant une lettre où il me faisait savoir
qu’il avait lu avec un très grand intérêt cette épopée toucouleur et qu’il va donner des
instructions au Théâtre Sorano de monter ce drame historique. Mais ça n’a jamais été monté. Il
y a eu des magouilles politiques qui ont fait que cette pièce n’a jamais vu le jour au Sénégal.
Mais malgré tout, cette pièce a été mise en ondes. Elle a connu une réalisation à la radio par
les sociétaires de la comédie française, et le rôle de El Hadj Omar a été interprété par François
Chaumette qui a été un très grand comédien de la comédie française.
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Est-ce que vous avez eu d’autres pièces de théâtre qui ont été jouées au Sénégal ?
Oui. Par exemple Sécheresse qui est une pièce que j’ai écrite et réécrite à plusieurs reprises.
Depuis 20 ans, je n’ai pas arrêté de perfectionner l’écriture. C’était pour moi une recherche
assez poussée de l’écriture poétique. Je suis en train de la mettre en scène en vue d’une
représentation à l’Engouement dans les jours à venir. Incha Allah.
Quelle comparaison pouvez-vous faire entre les deux Fesman ?
Vous me posez une colle. Vous me demandez de m’engager politiquement dans un débat
conflictuel qui me dérange parce que je suis un artiste et je ne suis pas politique. Cependant
bien que la politique, comme disait Senghor, est un art ; mais c’est aussi autre chose. Dans ce
dernier festival, ce n’était pas dirigé et vraiment cela n’avait pas l’orientation artistique bien
définie. C’était la grosse caisse un peu partout.
Aujourd’hui si vous deviez faire un témoignage sur Senghor, qui a été Président et
poète ; mais qui a eu aussi une autre qualité méconnue des gens en ce sens qu’il a été
un bon critique d’art, quel témoignage faites-vous sur cet aspect ?
Il a été un bon critique d’art, oui Il était éminemment cultivé. Il suffit d’être cultivé dans le
champ de la culture de l’art et de la poésie pour avoir une approche plus humaine de la vie
politique. C’est tout ce que je peux dire.
M. Chenet, vous êtes parent sinon «frère» de la famille Lemoine qui était venue au Sénégal en
1964.
Ce sont des gens que j’ai connus depuis très longtemps en Haïti, à l’époque où les Lemoine
faisaient partie de la Snad, Société nationale d’art dramatique à Port-Aux-Princes. Je
m’occupais de théâtre. On se con-naissait, on était déjà des amis, en Haïti. Lorsqu’il y a eu le
Festival mondial des arts nègres sous Senghor, les Lemoine sont venus avec l’équipe qui a
joué ici La tragédie du roi Christophe. J’ai dit aux Lemoine : «Ecoutez, restez-là puis-que vous
y êtes. C’est une atmosphère qui est bien plus épanouissante que de retourner en Haïti.» C’est
ainsi que les Lemoine sont restés durant tout le reste de leur vie ici.
Cette famille a beaucoup contribué à la mise sur orbite de la culture sénégalaise. Avezvous particulièrement travaillé avec elle ?
Avec les Lemoine, non. Pas particulièrement. Mais j’ai pas mal travaillé ici avec de jeunes
Sénégalais dont beaucoup se retrouvent à voler de leurs propres ailes. Je vous donne
l’exemple de Maïmouna Guèye qui était une jeune fille de quinze ans. Elle est venue ici un jour
pour me dire qu’elle avait envie de faire du théâtre. C’était une femme qui n’avait pas fait des
études très poussées. Elle n’avait même pas le Bac. Elle habitait à Thiès. Je l’ai auditionnée,
j’ai vu qu’elle avait un talent fou, bien qu’elle n’ait pas fait d’études particulières sur le théâtre.
Elle s’est formée ici sur le tas. Elle est repartie en France et en ce moment, elle est à Paris et
fait des tournées un peu partout. Elle travaille en solo. Elle chante, danse, écrit ses propres
textes de théâtre poétique. Elle est vraiment lancée dans la vie culturelle parisienne. Il n’y a
pas eu que Maïmouna Guèye. Serigne Ndiaye Gonzales a commencé avec une mise en
scène de la pièce intitulée les Fiançailles tragiques que j’avais écrite, selon un scénario
qu’avait produit Djibril Tamsir Niane. Sans oublier beaucoup d’autres qui soutiennent
aujourd’hui avoir «reçu l’impulsion» ici à Sobobadé, parce que le théâtre est une discipline qui
permet de recevoir une impulsion intellectuelle très forte. Ils ont eu une impulsion pour
travailler et s’épanouir dans la sphère.
Gérard Chenet c’est Sobo-badé, c’est aussi le théâtre de l’Engouement. Qu’est-ce qui
vous a inspiré dans la création de ces cadres aussi déserts ?
Pour moi, c’est l’architecture ; c’est moi qui ai conçu et fais tout ce que vous voyez ici… Par
exemple cette sculpture que vous voyez derrière vous, je l’ai conçue dans une phase de ma
vie où j’ai beaucoup pratiqué l’art sculptural. De l’art sculptural, je suis passé à l’architecture et
j’ai construit tout ce que vous voyez ici, de même que le théâtre de l’Engouement avec ses
coupoles, son amphithéâtre, ses gradins, mais sans être passé par une académie, par une
école ni de théâtre ni d’architecture....Mais peut être par un texte... A partir du moment où on
est inclus dans le sens de la concordance universelle des rythmes, on a une vue sur toutes les
choses et on peut arriver à créer sans être un académicien.
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Récemment, on a reçu au Sénégal de jeunes étudiants haïtiens. Quelle est votre
appréciation face à cette invite du Président Abdoulaye Wade. Vous avez été impliqué,
je crois ?
(Rires) J’ai été impliqué parce que les premiers mots qui ont été prononcés à ce sujet-là
étaient que le peuple haïtien allait être reçu sur les terres du Sénégal. Alors plusieurs
journalistes sont venus me voir ici. Je n’étais pas le seul Haïtien, il y en avait d’autres mais
j’étais le plus connu, pour me demander ce que j’en pensais. Bien sûr, l’Afrique est la source
ancestrale du peuple noir ; mais le peuple d’Haïti par ses luttes a construit, a bâti un Etat, un
pays. Elle a bâti sa propre culture aussi. Alors j’ai dit que Haïti n’aspire pas à devenir une copie
du Libéria, parce que ce pays a été fondé dans la crainte des grandes puissances de voir se
rééditer la grande révolution anti-esclavagiste d’Haïti qui a donné naissance à l’Etat haïtien, le
second Etat indépendant du nouveau monde et la première République noire du monde avec
Toussaint Louverture.
Oui mais quelle est votre appréciation de la présence de jeunes Haïtiens au Sénégal ?
Pour ce qui est des 160 étudiants haïtiens qui sont venus ici, cela a été une très bonne
initiative généreuse et d’échanges du Président Wade à cette occasion tragique alors que
l’université avait été effondrée sous le coup du séisme que l’on connaît.
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