Peine, récidive et crise sécuritaire
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Peine, récidive et crise sécuritaire
Philippe Robert1 Peine, récidive et crise sécuritaire2 Participer au colloque qui célèbre le passage à l’éméritat du recteur van de Kerchove m’est d’autant plus agréable que nous naviguons de conserve depuis bien longtemps. D’abord, bien sûr, au comité de Déviance & Société, depuis qu’il l’a rejoint en 1986, et particulièrement pendant les périodes où il a pris part à la direction éditoriale, puis à la présidence. Mais aussi au sein du réseau GERN, particulièrement à travers les nombreux Interlabos3 organisés aux Facultés universitaires Saint-Louis, le plus souvent autour des résultats de séminaires qu’il y avait dirigés ou codirigés. Notre coopération ne s’est pas limitée à ce volet que l’on pourrait qualifier d’institutionnel et qui concerne la gestion de la cité savante ; de manière moins attendue, elle s’est continuée dans le domaine même de la production scientifique. A priori, pourtant, les modes de raisonnement respectifs d’une discipline empirique – la sociologie – et d’une autre plus spéculative – la théorie et la philosophie du droit – ne présageaient pas d’une collaboration scientifique naturelle, quel qu’ait pu être notre intérêt commun pour les matières pénales. Mais, tout au contraire, les publications de Michel qui touchaient à mon domaine d’étude ont été pour moi une source féconde de réflexion et, à plusieurs reprises, d’une sorte de dialogue intellectuel à distance. Il a été l’un de ces quelques ‘interlocuteurs’ dispersés de par le monde dont l’œuvre m’a donné matière à réflexion. 1 Directeur de recherches émérite au CNRS [Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales – CESDIP – CNRS, Université de Versailles (UVSQ), ministère de la Justice]. 2 Je remercie les collègues qui m’ont aidé de leurs suggestions, singulièrement Renée Zauberman qui a procédé à une lecture attentive d’une première version ; également Corinne Balmette pour la recherche documentaire et Bessie Leconte pour la révision éditoriale. 3 Par exemple, sur La pensée juridique de Bentham (1986), Droit et intérêt. Approche interdisciplinaire (1990), L’accélération du temps juridique (1999), De la pyramide au réseau. Vers de nouveaux modes de production du droit ? (2003). Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire Les trois années pendant lesquelles nous avons dirigé4 un long et fécond séminaire de recherche sur les sortes de normativités et leurs frontières5 ont constitué l’acmé de notre collaboration. Au sein de cet ensemble, nous nous étions ménagé l’espace d’un dialogue autour de la recherche d’un paradigme pénal et de ses limites6 qui reste l’un des bons souvenirs de ma carrière. Ce n’est pourtant pas cette veine que j’ai choisie comme thème de ma contribution. Compte tenu du thème du colloque, j’ai préféré poursuivre une réflexion sur le retour en force de la récidive parmi les déterminants de la peine. Suscitée par l’actualité législative dans mon propre pays, elle me donnera l’occasion de croiser des préoccupations de Michel van de Kerchove sur des thèmes voisins ou sécants. Dans un texte considéré comme princeps pour les études historiques sur la récidive, Bernard Schnapper (1991a)7 la présentait comme une obsession créatrice de tout le XIXe siècle. En revanche, pour notre époque, il voyait ce rôle assuré plutôt par la hantise de la violence. Pourtant la ‘lutte contre la récidive’ vient de faire une rentrée en fanfare dans le paysage pénal français en fournissant un leitmotiv à pas moins de quatre lois entre 2005 et maintenant8 sans compter les projets qui fleurissent à chaque nouveau fait divers dramatique9. Et il est frappant de voir resurgir en force tous les poncifs qui avaient fleuri à propos de la récidive à la fin du XIXe10. Du coup, je vais essayer de soutenir que l’obsession pour la récidive est moins liée au XIXe siècle en soi, qu’à une crise sécuritaire quel qu’en soit le moment. Bien entendu, il ne s’ensuit pas que les termes de la ‘lutte contre la récidive’ soient nécessairement toujours les mêmes (bien qu’on relève de 4 De concert avec Francine Soubiran-Paillet. Dont les actes ont finalement été publiés en deux volumes : Robert, SoubiranPaillet, van de Kerchove, 1997. 6 Robert, 1997 ; van de Kerchove, 1997. 7 On se réfère à l’utile compilation des œuvres de Bernard Schnapper réalisée pour son passage à l’éméritat, mais ce texte date d’un congrès de 1982 dont les actes sont beaucoup moins facilement accessibles. 8 Le rapporteur de la plus importante d’entre elles précise explicitement que le projet dont il traite poursuit un processus engagé par les textes précédents (Zocchetto, 2006-2007). 9 Voy. p. ex. Le Monde, 3 octobre 2009, 11. 10 Y compris le plus fameux, la castration des délinquants sexuels récidivistes. 5 La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 2 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire curieuses résurgences), ni surtout que les crises de la sécurité puissent toujours être analysées de semblable manière. Je vais d’abord montrer que cette création de l’époque ‘contemporaine’11 ne joue un rôle de premier plan qu’à la faveur de la crise de la toute fin du XIXe siècle. Je montrerai ensuite comment sa résurgence actuelle intervient dans le contexte d’un nouvel accès sécuritaire. Par prudence, je travaillerai principalement sur des données concernant mon propre pays. I. L’obsession de la récidive et la crise sécuritaire de la fin du XIXe siècle La récidive ne joue pas un rôle systématique dans l’économie pénale d’ancien type. C’est le passage de l’époque ‘moderne’12 à l’époque ‘contemporaine’ qui va signer son émergence. Mais il faudra la crise sécuritaire de la fin du XIXe siècle et la recomposition de la politique pénale qui l’accompagne pour qu’elle prenne une place réellement significative. 1. Les réticences des sociétés européennes d’Ancien Régime Dans l’Europe ante-révolutionnaire, on peut bien trouver des textes qui disent l’horreur de la réitération, l’aggravation de la peine à infliger à certains récidivistes, les procédés propres à les identifier, mais tout cela, note Schnapper (1991a) reste dispersé, concerne tel ou tel crime, mais pas la délinquance en général. En 2006, l’ouvrage édité par Françoise Briegel et Michel Porret13 enfonce le clou encore plus nettement : la récidive n’est pas une catégorie de la pratique dans les sociétés européennes d’ancien type même si elle y émerge ça et là en doctrine. Certes, la discipline cléricale avait forgé pour les clercs la notion d’incorrigibilité qui glissera peu à peu, relève Valérie Toureille (2006), 11 Au sens de l’historiographie francophone ; l’anglophone parlerait de période modern. 12 Dans l’historiographie anglophone Early Modern. 13 À l’issue d’un colloque de l’International Association for the History of Crime and Criminal Justice (IAHCCJ). Voy. ma recension (Robert, 2007). La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 3 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire vers la fin de l’énorme Moyen-Âge, dans le vocabulaire laïc pour qualifier les voleurs endurcis, les larrons accoustumés. Françoise Briegel et Éric Wenzel (2006) précisent cependant qu’il faudra attendre le Traité de Serpillon pour voir figurer une entrée ‘récidive, repris de justice’ et que, même au XVIIIe siècle, c’est loin d’être le cas pour tous les auteurs. Au cas d’espèce, les catégories de la doctrine rendent (très) mal compte de celles de la pratique. Les études divergent sur le moment où celle-ci commence à montrer quelque sensibilité à la création théorique. En s’appuyant principalement sur les archives de la justice de Nivelles, Xavier Rousseaux (2006) croit détecter un premier mouvement à la fin du XVe et au XVIe siècle. Le système pénal lui paraît accueillir alors la récidive – en fait plutôt la réitération – spécialement pour assouplir les exigences de la preuve, aussi pour aggraver la peine. Ce sont surtout des figures de criminels typifiés – le vagabond, la sorcière, le larron – qui en font les frais. Il explique ce changement par la montée en puissance des principautés territoriales aux dépens des pouvoirs urbains et aussi par la rupture du consensus idéologique que représente la Réforme. En mobilisant des données bourguignonnes et lorraines plus tardives que celles utilisées par Rousseaux, Benoît Garnot et Hervé Piant (2006) adoptent un calendrier moins précoce14. Ils montrent combien le passé délinquant et même judiciaire importe peu tant que l’on bénéficie d’une suffisante intégration dans la microsociété locale… pour peu que l’on se borne à ces violences qui témoignent somme toute d’une participation honorable à une société de conflits15. Alors il s’agit de prononcer des sanctions assez modérées pour permettre la poursuite de la vie communautaire après un différend. Et les juridictions royales – même souveraines – ne se comportent pas, sur cet article, différemment des juges locaux. Les choses ne changent que si d’aventure, le crime semble ‘énorme’ ou qu’une réitération ‘excessive’ a fini par lasser les très larges tolérances de la société locale, surtout quand il s’agit d’auteurs qui ont le malheur de se situer aux marges de cette microsociété. Alors – et alors seulement – on voit émerger, dans les témoignages, une multitude de faits anciens, 14 On pourrait aussi imaginer que les raidissements de la première modernité dont témoigne Rousseaux aient été suivis d’un relâchement de la pression répressive dans l’atmosphère plus stabilisée de la modernité tardive. 15 De conflits en ce sens qu’une société d’interconnaissance impose à ses membres d’être sans cesse sur le qui-vive pour défendre leur bonne réputation. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 4 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire voire très anciens, jusque-là passés sous silence, mais que la mémoire du voisinage avait soigneusement stockés à toutes fins16. Quant aux vagabonds et ‘étrangers’, eux sont a priori suspects d’habitude criminelle. D’ailleurs les juridictions prévôtales dont ils relèvent sont les seules à s’attacher systématiquement à la récidive, du moins sur le second versant du XVIIIe siècle17. À partir d’un matériau genevois du XVIIIe siècle, David Gander (2006) abonde un point de vue comparable à celui de Garnot et Piant : les juges cherchent certes systématiquement à connaître le passé délinquant de leur justiciable18 mais ce n’est pas pour aggraver nécessairement la peine du récidiviste. La nature du délit est le déterminant ultime de sorte qu’un réitérant ou un récidiviste peut se voir puni moins gravement que la fois précédente si sa nouvelle infraction paraît moins sérieuse que l’autre. Si le système punitif des sociétés d’Ancien Régime fait finalement peu de place à la récidive, c’est parce qu’il ignore la notion même de gestion de la criminalité, notamment celle de sa prévention. Mario Sbriccoli (2006) montre que le pénaliste ‘moderniste’ se préoccupe assez peu des causes du crime et des moyens de la contenir. Les notions mêmes de crime, de criminel, de criminalité n’émergent pas vraiment comme catégories de la vie sociale : on connaît des meurtres, des vols… pas de la délinquance19. D’ailleurs le poids de la prévention est surtout confié à la perspective du châtiment horrible qui attend sur l’autre rive le pêcheur impénitent promis à la damnation. Quant à la peine, elle n’a d’autre fin, en ce bas monde, que de châtier la méchanceté et l’impiété. Sbriccoli va même jusqu’à soutenir que la peur du crime et du criminel n’existe guère dans cette société pourtant ‘fragile’ (i.e. de précarité) pour deux raisons. D’abord, l’absence de moyens de communication réduit l’information à ce qui peut circuler d’homme à homme dans l’interconnaissance de proximité : d’éventuelles paniques – qui sont fréquentes – restent locales. Il faudra attendre la fin du XVIIIe 16 C’est l’interconnaissance, écrivent Garnot et Piant (2006), dans une formule heureuse, qui tient lieu de casier judiciaire. 17 Le trait est d’autant plus remarquable que le siège prévôtal est composé pour bonne partie de juges royaux ordinaires (des conseillers présidiaux) qui ne se comportent pas de la même manière à l’égard de la récidive selon qu’il doivent ou non juger des errants, des sans aveu. 18 Et ils ne sont pas aussi désarmés qu’on l’imagine parfois. 19 Cpr pour l’Angleterre Ramsay, 1979. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 5 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire siècle pour que la presse et les premières compilations statistiques commencent à élargir quelque peu l’information sur la criminalité et fassent même émerger cette dernière comme catégorie (mais aux yeux de combien de lecteurs ?). Ensuite et surtout, la défense des personnes et de leurs biens appartient d’abord à la sphère privée (ou plutôt locale) : c’est sur chacun – au moins sur chaque chef de maison – qu’elle repose… sur chacun certes, mais dans le cadre et sous le contrôle attentif de la microsociété locale. Hormis les quelques cas qui relèvent de la rébellion contre l’ordre souverain ou d’une subversion trop manifeste des hiérarchies sociales, c’est cette petite société qui procède au tri. L’ordinaire des conflits entre ses membres relève d’arrangements locaux ; la justice n’est alors qu’une menace qu’on brandit pour incliner au compromis. Seuls lui sont vraiment livrés ceux qui dépassent les capacités de règlement local soit parce que le protagoniste échappe à l’interconnaissance entre voisins, soit parce qu’il défie trop les arbitrages locaux. La société locale a, le plus souvent, assez d’emprise sur ses membres pour mesurer ce qu’elle laisse voir à travers les témoignages. On se situe en effet dans un système ‘vicinal’ de sociabilité : les déplacements et les communications à distance y sont tellement longs et coûteux que l’ordinaire de la population est contraint d’inscrire toutes ses relations sociales dans le cercle de ceux qui habitent à proximité, des voisins, ce qui confère une grande force à la petite société locale20. Dans une telle situation, la récidive ne peut devenir une dimension régulière. La logique est différente : à la société locale tout ce qu’elle peut réguler, à la justice pénale seulement les marges qui échappent. Pourvu qu’on fasse révérence à leur prééminence, les interventions souveraines se bornent à tenter de colmater, aux moindres frais, ce qui échappe à la sociabilité d’interconnaissance, ce qui risque de fuir dans l’anonymat. La récidive ne peut donc jouer que pour ceux qui ne relèvent d’aucune microsociété d’interconnaissance ou encore pour ceux que cette dernière expulse de son sein. 2. Une émergence dix-neuviémiste La place faite à la récidive va changer avec la sortie de l’Ancien Régime. 20 Robert, 1999. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 6 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire Schnapper (1991a) n’est pas loin d’en faire le moteur du pénal tout au long du XIXe siècle. Sans beaucoup s’attarder aux raisons de cette promotion, il distingue trois périodes. La première (de l’utopie au réalisme) part de l’invention (théorique) de la déportation criminelle par la Constituante et va jusqu’à la création de la surveillance de haute police napoléonienne ; la deuxième (les récidivistes, les philanthropes et les autorités) va de la libéralisation louis-philippienne à la transportation criminelle impériale en passant par l’invention du casier judiciaire avec Bonneville de Marsangy ; la troisième (pédagogie ou élimination) englobe la relégation correctionnelle et les lois Bérenger21. Il est toutefois obligé de reconnaître que toutes ces périodes ne pèsent pas du même poids et que c’est sur le second versant du siècle que la hantise de la répression devient obsessionnelle. Des études récentes plus empiriques ont tenté de resserrer ce calendrier. Frédéric Chauvaud (2006) estime que les récidivistes ne commencent vraiment à intéresser en France que sous la monarchie de Juillet, avec la première industrialisation qui dilate l’univers familier, le monde de l’interconnaissance22. Jean-Claude Farcy (2006) suggère un calendrier encore plus tardif. Il utilise les ‘États des récidives’ prescrits dans chaque tribunal depuis 1828 pour étudier les récidivistes parisiens sous la monarchie de Juillet et sous la première Troisième République et les comparer aux condamnés ordinaires. Il montre comment, entre les deux moments observés, l’urbanisme haussmannien a fait disparaître les refuges du cœur de Paris et repoussé au-delà des barrières la localisation de ces récidivistes qui recrutent surtout dans un salariat instable et précaire. Il lit dans le récidivisme parisien à la fois la marginalisation d’une fraction de la population ouvrière et la volonté des autorités de ne pas en perdre le contrôle. Finalement, c’est dans les années 1880 que la chose tourne à l’idée fixe avec le point d’orgue de la loi sur la relégation de 1885 qui entérine, en principe, l’élimination (lente) des incorrigibles par leur transportation outre-mer. 21 Du nom du sénateur inamovible qui fut leur promoteur et l’un des principaux auteurs de la recomposition de la législation et de la politique pénales dans la Troisième République d’avant la Première Guerre mondiale (sur Bérenger, voy. Schnapper, 1991b). 22 Encore faudrait-il probablement distinguer les épaisses profondeurs rurales de la mince couche urbaine. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 7 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire Dans leur Introduction au droit pénal23, Michel van de Kerchove et Françoise Tulkens donnent à voir un calendrier comparable. Si la section spécialement consacrée à la récidive (466-478) peut se borner à exposer la logique du droit positif belge24, c’est parce que l’émergence de la récidive a déjà été montrée dans le passage qui explique la montée en puissance de la dangerosité aux dépens de la responsabilité, au cours de cette période cruciale qui court de la crise économique des années 1880 à l’aube de la Première Guerre mondiale25. Le débat sur la récidive paraît à nos auteurs particulièrement lié à un moment typique, celui où… le ‘krach’ de la répression secoue et inquiète l’Europe de la fin du XIXe siècle. Les caractères du droit pénal, son juridisme, son abstraction, conçus autrefois comme des garanties de la liberté individuelle, apparaissent comme les raisons de l’inefficacité de la lutte contre la délinquance (108). C’est à ce moment, où la référence belge n’est plus Haus mais Prins, que la notion de dangerosité – qui a acquis une place centrale dans le développement de la criminologie – a rapidement investi le droit pénal (109). Malgré les profondes mutations suscitées par la secousse révolutionnaire, le pénal étatique du premier XIXe siècle n’assurait vraiment sa prise que sur la grande justice criminelle, celle des Assises, des drames sanguinaires et des vols qualifiés. Là triomphait vraiment la dramaturgie de la dissuasion par la loi et par la peine qu’avait mise en scène la recomposition beccarienne… et encore fallait-il lutter sans cesse contre des jurés, pourtant sévèrement sélectionnés, mais soucieux comme tous les notables possessionnés localement de ne pas trop heurter de front les logiques communautaires26. C’est que, dans cette société massivement rurale, régnaient encore des relations sociales d’ancien type : les arbitrages de la microsociété locale demeuraient le mode ordinaire de règlement des conflits et ces petites sociétés conservaient assez de force pour s’opposer efficacement aux curiosités du gendarme ou du juge d’instruction. Certes, dans un système pénal fonctionnant désormais à la loi et non plus au juristenrecht, la récidive 23 Tulkens, van de Kerchove, 2007. La combinaison d’une circonstance aggravante personnelle de tendance à la délinquance et d’une mise à disposition du gouvernement dans le cadre d’une loi de défense sociale remaniée à différentes reprises. 25 Bien entendu, pareil thème évoquait l’un des premières publications de Michel à m’avoir fortement intéressé, celle où il mettait habilement en scène la dialectique des deux théories de la culpabilité et de la dangerosité (van de Kerchove, 1981). 26 Voy. p. ex. Claverie, 1984. 24 La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 8 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire irritait davantage : en mettant à l’épreuve la force dissuasive de la loi, elle paraissait défier le législateur et mettre à l’épreuve la souveraineté nationale à travers ses représentants. Mais si l’on s’en préoccupait, c’était le grand récidiviste que l’on avait en tête, le forçat évadé. 2. Crise sécuritaire de la fin du siècle et obsession de la récidive Sur le second versant du siècle, ce n’est plus le même récidiviste qui retiendra l’attention : on s’enrage désormais en pensant au mendiant, au vagabond, au voleur de poules endurci… que le casier judiciaire permet maintenant de repérer. C’est que cette montée en puissance de l’obsession pour la récidive prend place dans une réorganisation de l’économie classique de la peine : on se convainc que certains restent insensibles à sa force dissuasive car ils échappent à la rationalité qui caractérise le bon citoyen. Le petit récidiviste impénitent fournit par son obstination l’exemple même de ces ‘dégénérés’27 qui menacent l’état moral de la nation. Puisqu’il paraît décidément inamendable, on rêve plus ou moins ouvertement de l’éliminer ; cependant, la modestie de ses méfaits ne facilite pas l’adoption de mesures radicales qui paraissent disproportionnées ; heureusement, sa récidive ouvre une issue si on en fait une preuve de dégénérescence. Les voies sont diverses selon les pays : les lois de stérilisation auxquelles recourent plusieurs états américains ou certains pays nordiques ne font guère recette en GrandeBretagne ou en Europe occidentale, même dans les milieux les plus eugénistes ; on songe plutôt à un enfermement de sûreté plus ou moins indéfini comme la preventive detention anglaise de 190828 ou à la transportation ultramarine comme la relégation française de 188529 ; toujours, en tous cas, il s’agit de mettre hors circuit. 27 Sur la panique de la dégénérescence dans la France de la première Troisième République, Nye (1984) reste un classique. Sa conclusion rappelle que les autres grands pays européens sont, sous une forme ou une autre, saisis de la même crainte et que la Grande Guerre apparaît, de quelque manière, comme une façon (suicidaire) d’exorciser cette peur en montrant que la virilité nationale reste intacte. 28 En Belgique, la loi de défense sociale semble étonnamment tardive, mais elle prend en réalité sa source dans un projet Lejeune de 1890, redéposé en 1897, puis en 1909 et finalement en 1923 pour aboutir en 1930. 29 On s’est souvent étonné de voir cette déportation adoptée en France au moment où la Grande-Bretagne y renonce : dans le cas anglais, la mesure finit, après un long La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 9 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire D’un côté, ces dispositions éliminatrices semblent avoir eu la vie dure : en France, elles ne cèderont complètement qu’après la Seconde Guerre mondiale : la transportation n’a été suspendue qu’à l’aube de la guerre et il a fallu attendre une loi du 3 juillet 1954 pour rendre la relégation facultative et une autre du 17 juillet 1970 pour lui substituer la tutelle pénale qui sera supprimée en 198130. Mais d’un autre côté, la relégation n’aura connu que quelques années d’application résolue, quoique déjà bien en-dessous des attentes de ses promoteurs. Dès 1888 et surtout après 1900 cette vigueur faiblira31 : les tribunaux oublieront volontiers de relever la récidive32. En Grande-Bretagne, Radzinowicz & Hood (1990, 231-287) tout comme Emsley (2006) s’accordent à montrer comment, lors de son passage au Home Office sous le ministère Asquith, Churchill s’est ingénié à vider de sa substance la loi de 1908 sur la preventive detention33. La loi belge de 1930 a été remise sur le métier sitôt adoptée ; en 1967, elle a été remplacée par une ‘mise à la disposition du gouvernement’ qui doit, elle-même, faire place, lors de la mise en œuvre d’une réforme intervenue en 2007, à une ‘mise à la disposition du tribunal de l’application des peines’34. Même si la relégation a mis longtemps à disparaître, sa médiocre application contraste avec la frénésie qui a présidé à sa création. En fait, l’adjonction à la politique criminelle ‘classique’ d’un volet ‘éliminateur’ constitue l’aspect visible mais pas le plus important de la recomposition qui s’opère entre les années 1880 et l’aube de la Première Guerre mondiale. Nye s’est attaché à montrer comment la loi sur la relégation s’inscrit dans une conjoncture politique précise. Un gouvernement de centre gauche, dit ‘opportuniste’, a récupéré une préconisation du programme (dit de Belleville) des ‘radicaux' pour souder sa majorité usage, par susciter les réticences des colons australiens ; dans le cas français, elle est contemporaine de la construction d’un nouvel empire colonial. 30 Les centres spécialisés de Besançon et de Lure avaient été fermés en 1979. 31 D’autant que Bérenger fait créer en 1892 une ‘petite récidive correctionnelle’ qui renoue avec la solution classique de la récidive : l’aggravation de peine sous l’arbitrage du juge. En outre, une loi du 19 juillet 1907 avait, pour les mineurs, les femmes et les seniors, substitué à la relégation la vieille solution de l’interdiction de séjour. 32 Nye, 1984. 33 Cpr Garland, 1985. 34 van de Kerchove, sp. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 10 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire malgré les - ou grâce aux - protestations des oppositions de gauche et de droite35. Mais sitôt cette loi votée, la même majorité vote sans broncher les projets sur la libération conditionnelle puis sur le sursis. Ce programme piloté par le sénateur René Bérenger est finalement beaucoup plus typique de la recomposition en cours que la loi sur la relégation. Il allège la dissuasion par la peine en permettant de la réduire à la simple menace du sursis. Avec la libération conditionnelle et le patronage, il jette les bases d’un volet ‘rééducatif’ appelé à prendre une grande ampleur. Parmi ceux qui paraissent insensibles à la rationalité de la dissuasion pénale, certains, à la réflexion, ne sont peut-être pas inamendables mais seulement inéduqués, notamment parmi la jeunesse populaire urbaine. Il est donc possible d’envisager leur rééducation – spécialement par la justice des mineurs – voire même la prévention de leurs frasques. Derrière cette agitation législative prend tournure une mutation de première importance des relations sociales. On commence à sortir d’une société de l’interconnaissance et de la vicinalité où les relations de tout un chacun étaient, pour l’essentiel, enfermées dans la proximité géographique des sociétés locales ; le moindre coût des transports et des communications va progressivement autoriser l’émergence d’une sociabilité où chacun pourra entretenir une pluralité de réseaux de relations qui ne se superposent pas parfaitement et qui ne sont pas nécessairement enfermées dans le carcan de la vicinalité. Mais, du coup, les sociétés locales vont perdre de leurs capacités à gérer les conflits de leurs membres. Pour la première fois, l’État national va se trouver vraiment en première ligne pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. L’accélération des migrations suscitée par la crise des années 1880 a joué un rôle important dans cette mutation : en purgeant la ruralité de son trop-plein démographique, elle désarticule ses microsociétés et ruine leurs capacités de contrôle. Que le vagabondage et la mendicité aient réémergé alors comme des thèmes sensibles se comprend parfaitement : on y lit l’inquiétude engendrée par la montée en puissance des migrations 35 Et encore l’opposition de droite n’est que faiblement hostile à un projet que certains de ses membres voteront, tandis que d’autres se réfugient dans une prudente abstention ou évitent, encore plus prudemment, de prendre part au vote (Tanguy, 2006). La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 11 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire de la campagne vers la ville. Et la peur des ‘Apaches’ témoigne de la panique suscitée par les concentrations urbaines de population flottante. Le modèle de l’État libéral du XIXe siècle armé seulement d’une inlassable répression et d’un inépuisable discours moralisateur paraît alors bien insuffisant pour faire face aux défis nouveaux de contrôle social générés par l’affaissement de la sociabilité vicinale. Vouloir éliminer les petits récidivistes traduisait un premier temps de crispation et d’affolement. Puis viendra la construction d’un nouveau modèle plus complexe où prévention et rééducation prendront une place croissante. Cette recomposition s’inscrit dans la lente transition d’un État libéral à un État social où ceux qui n’accèdent pas à la propriété peuvent cependant accéder à la sécurité grâce au trio représenté par la mutualisation des grands risques, les services publics et la mise en place d’un statut du salariat. La récidive cessera alors de s’afficher à la une des problèmes de politique criminelle. Schnapper semble avoir raison : ce thème sent son XIXe siècle. Et il semble avoir une seconde fois raison : quand l’économie de la peine mise en place juste avant la Première Guerre mondiale paraît remise en cause par une nouvelle crise sécuritaire, c’est bien la violence qui fait figure de proue des nouvelles controverses. Quand il essaie de s’inspirer des grandes commissions présidentielles américaines, M. Giscard d’Estaing charge Alain Peyrefitte36 d’étudier la violence, la criminalité et la délinquance. Et la loi du 2 février 1981 sur la sécurité et les libertés organisera une sorte de bifurcation : on donne la priorité à la répression des infractions violentes plutôt qu’à la lutte contre la délinquance rusée ou contre la petite délinquance, comme on dit, de prédation. Le mouvement législatif de plus en plus compulsif qui va suivre se traduit d’abord dans les débats sénatoriaux sur le nouveau code pénal par une augmentation de l’échelle des peines au-delà du projet gouvernemental et au-delà même de l’ancien code37. Il se caractérise aussi par des élargissements itératifs du délit de ‘coups et blessures volontaires’ à l’effet d’y inclure des violences sans grande conséquence physique mais dont les auteurs et circonstances paraissent particulièrement blâmables ou dont les victimes semblent particulièrement vulnérables ou, plus souvent, appartiennent à des professions – policiers, gardiens de prison, 36 Peyrefitte, 1977. Lascoumes (2009, 472) explique que le gouvernement d’alors avale la couleuvre pour éviter la remise en cause de l’abolition de la peine capitale. 37 La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 12 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire conducteurs de bus… - qui bénéficient d’une particulière sollicitude du législateur38. Pendant la dernière décennie du XXe siècle, c’est une sorte particulière de violent, le délinquant sexuel, qui fera figure d’ennemi public absolu39. Mais au cours des dernières années la récidive revient au premier plan des controverses pénales. Le délinquant sexuel lui a d’ailleurs ouvert la porte puisque c’est bien sa récidive qui suscite l’exaspération. II. Nouvelle crise sécuritaire et retour de la récidive Une première loi du 12 décembre 2005 avait notamment étendu les définitions de la récidive légale, limité le nombre de sursis, permis l’incarcération du récidiviste dès sa condamnation, limité les réductions de peines des récidivistes, autorisé – rétroactivement - à placer sous surveillance judiciaire les sortants de prison que l’on estimerait susceptibles de récidive, et tenté de donner un statut juridique à la simple réitération en s’attaquant à la confusion des peines. Une très curieuse40 deuxième loi du 5 mars 2007 avait permis d’écarter l’atténuation de responsabilité des mineurs en cas de récidive de certaines infractions. Surtout une loi du 10 août 2007 votée dans la foulée des dernières élections présidentielle et législative impose aux récidivistes des peinesplancher (que le juge peut écarter plus ou moins facilement selon qu’il s’agit d’une primo ou d’une multirécidive), en prévoit également (de moindres) pour les mineurs, permet ou impose d’écarter l’atténuation de responsabilité pour ceux de 16 à 18 ans au temps de l’action41, enfin 38 On trouvera dans Robert, Zauberman, 2006 ; Zauberman, Robert, Névanen, Didier, 2009 la liste de ces textes avec l’analyse de leurs effets inflationnistes sur la statistique policière. 39 L’exaspération de ce fantasme conduira au désastre de l’affaire d’Outreau (une affaire de mœurs qui s’est avérée imaginée de toutes pièces) sans susciter d’ailleurs aucun remords ni du personnel politique, ni des journalistes qui avaient cependant, pendant des années, chauffé à blanc la phobie du criminel sexuel. 40 Curieuse en cela qu’elle est dite de prévention mais ne contient que des mesures répressives ou de contrainte, probablement parce que ses promoteurs ne conçoivent d’autre prévention que la dissuasion. 41 Analyse juridique p. ex. in Bonfils, 2007. On revient ainsi à l’idée d’un statut spécial pour les 16-18 ans qui ne serait pas pleinement celui de minorité : QuincyLa peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 13 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire généralise la possibilité d’injonction de soins en cas de suivi sociojudiciaire, de sursis avec mise à l’épreuve, de mise sous surveillance judiciaire, de libération conditionnelle. Cette loi sanctionne également le détenu qui refuse ces soins42. Par ailleurs la prévention du risque de récidive de condamnés estimés dangereux a été organisée par une loi du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté43. Un projet44 entreprend de la compléter à la suite de sa censure partielle par le Conseil constitutionnel. D’autres sont mieux placés que moi pour entrer dans l’analyse juridique de ces dispositions ; je me bornerai à dégager leur philosophie globale dans une perspective de sociologie législative. La première mesure-phare de cette vague législative rétablit donc, en matière de récidive, des planchers de peine. Le mécanisme figurait dans la loi ‘sécurité et libertés’ du 2 février 198145 qui, promptement modifiée au début du premier septennat Mitterrand, constitue cependant le texte fondateur de la politique pénale de droite des trois dernières décennies et la référence de la droite et de l’extrême-droite judiciaires. Cette solution s’écarte du droit commun européen en matière de récidive et s’inspire de législations américaines, notamment du mécanisme californien three strikes and you’re out46, mais sans pouvoir aller jusqu’à son automatisme en raison de la nécessité de ne pas trop rudoyer le principe constitutionnel d’individualisation de la peine47. La deuxième mesure phare consiste à s’attaquer une nouvelle fois au régime pénal des mineurs. C’est un assaut que le ministère de l’Intérieur et la police mènent avec constance depuis quinze ans au motif de l’aggravation de la délinquance juvénile. De cette aggravation, une seule ‘preuve’ est fournie : l’augmentation de la part des mineurs dans les mis en cause figurant dans la statistique policière ; très curieusement, nul n’en discute la pertinence même si la faiblesse des taux d’élucidation lui Lefebvre (2009) a entrepris récemment de montrer que c’était en réalité la perspective adoptée par la loi de 1906 élevant la majorité pénale de 16 à 18 ans. 42 Analyse juridique p. ex. in Verges, Ribeyre, Robert, 2007. 43 Bonfils & al., 2008, notamment 396. 44 Garraud, 2009. 45 Voy. p. ex. Pradel, 1982. 46 P. ex. Blanc, 2007 ; à propos de Three strikes and you’re out, on verra notamment Tyler & Bockmann, 1997. 47 Certains commentateurs (ainsi Herzog-Evans, 2007) estiment que le Conseil constitutionnel s’est montré peu exigeant lors de son examen de cette loi. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 14 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire ôte toute crédibilité48 et nul49 ne cherche non plus à développer le seul instrument qui pourrait fournir des données crédibles, des enquêtes – répétées - de délinquance autoreportée50. Là encore cependant, le coup ne peut pas être final dans la mesure où il faut respecter des principes à valeur constitutionnelle (atténuation de responsabilité, primauté de l’éducatif, juridiction spécialisée). La troisième mesure-phare tient dans la généralisation de la possibilité d’injonction de soins qui traduit une conviction sous-jacente que la récidive a une causalité psycho-psychiatrique51, qu’elle manifeste une ‘anormalité mentale’. Tout au contraire, la réforme belge de 2007 s’attache à défaire le rapprochement voire la confusion entre récidivistes et ‘défectueux’ rompant avec la pensée de Prins ou de Vandervelde qui voyaient la masse des premiers composée d’anormaux’, de ‘déficients’, de ‘déséquilibrés’52. L’état d’esprit qui sous-tend la loi française manifeste beaucoup plus de fidélité à la mentalité de la fin du XIXe siècle. Toutefois, ce ‘cadeau’ ne ravit pas nécessairement psychiatres et psychologues qui ont parfois du mal à croire que la prévention de la récidive puisse se borner à leur seule intervention. À étendre tellement leur domaine d’intervention, ne risque-t-on pas tout simplement de déboucher sur un abandon de la prise en charge des véritables psychotiques chroniques ? Leurs réticences ont amené le législateur à faire dépendre la possibilité d’une injonction de soins d’une expertise préalable. Cette précaution ne semble pas avoir désarmé les praticiens : ils prévoient que les experts, peu nombreux et souvent peu formés, préfèreront conclure à l’injonction de soins pour ouvrir le parapluie. Et 48 Devenus insignifiants (Zauberman, Robert, Névanen, Didier, 2009) en cas de plaintes par des tiers, ils ne prospèrent que pour les affaires sans victime directe où ils n’ont pas de sens puisqu’il est alors facile de ne faire une procédure qu’au cas d’identification préalable d’un suspect. 49 L’enquête de délinquance autoreportée est employée dans des domaines particuliers comme la consommation de produits prohibés (voy. les travaux de l’Observatoire français sur les drogues et les toxicomanies ; p. ex. Peretti-Watel & al., 2004) ou la violence scolaire (p. ex. Carra, 2009). Mais pour ce qui concerne l’étude de la délinquance juvénile en général, on note seulement la tentative isolée de Sébastian Roché (2001).. 50 Pour un bilan européen, voy. Zauberman, 2009. 51 Herzog-Evans, 2007. 52 van de Kerchove, sp. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 15 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire que la loi sanctionne le refus de soins en détention redouble les critiques de la pratique médicale53. De plus en plus, la mesure-type pour les récidivistes sexuels est la ‘castration chimique’ qui rappelle certains débats eugénistes de la fin du XIXe siècle, mais qui donne aussi un bon exemple de la charge d’exaspération que charrient ces affaires54. Enfin la dernière mesure phare consiste dans une série de dispositions55 qui – en dehors même de toute récidive – permettent d’enfermer (rétention de sureté) ou de placer sous surveillance (bracelet électronique, suivi socio-judiciaire, surveillance de sureté) d’anciens condamnés considérés comme dangereux en raison de leur potentiel de récidive56. Un classique de la pensée ‘criminologique’ traditionnelle fait ici une irruption remarquable dans le champ ‘opérationnel’ du droit français positif : la substitution de l’évaluation de dangerosité au constat de culpabilité. Avec lui émergent tous les problèmes de validité de la prédiction coincée entre faux positifs et faux négatifs57. 53 P. ex. Senon, Manzanera, 2007. La loi de 2007 l’a autorisée (Zocchetto, 2006-2007). Un fait divers a permis d’introduire un nouveau projet qui prévoit d’en durcir le régime. Ce fait divers avait même amené l’actuelle Garde des Sceaux à évoquer la possibilité d’un recours à la castration physique (Le Monde, 3 octobre 2009, 11) avant de faire volte-face devant la perspective d’une violation de l’art. 3 de la Convention européenne des droits de l’homme. 55 Avant même la loi sur la rétention de sûreté, Poncela (2007, 894) terminait une chronique sur la fin de peine par l’appréciation suivante : Médicaments et électronique forment un couple idéal. À l’éducation et à la parole se substitueront des moyens plus économiques en temps et en argent… le portrait du condamné libéré qui se dessine… est celui d’une personne endettée à vie, évoluant le plus souvent dans un milieu ouvert ; ce qui ne signifie pas liberté d’aller et de venir, mais milieu ouvert sur tous ses faits et gestes… Sur lui pèsera toujours la menace d’un enfermement pour une durée indéterminée moins pour ce qu’il fera que pour ce qu’il risquera de faire, c'est-à-dire pour ce que l’on considèrera qu’il est. 56 Estimé par une Commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté (CPMS) sous le contrôle d’une juridiction régionale de la rétention de sûreté (JRRS), ellemême soumise à l’appel devant une juridiction nationale de la rétention de sûreté (JNRS) dont les décisions sont susceptibles de pourvoi devant la Chambre criminelle de la Cour de Cassation (voy. Garraud, 2009). 57 Le rapporteur du projet de loi en discussion à la fin 2009 (Garraud, 2009, 30-35) a déployé beaucoup d’efforts pour persuader ses collègues parlementaires que la prédiction de dangerosité était possible, quoique difficile ; il a même proposé de s’attacher à une dangerosité ‘criminologique’ distincte de la dangerosité psychiatrique. Dans un contexte étatsunien, Bernard Harcourt (2007) a produit un 54 La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 16 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire Quel sera l’impact de ces mesures législatives58 ? Difficile à prévoir, évidemment. Tout en prenant note de la différence entre réitération et récidive légale, le législateur s’attend à une amplification du recours à l’emprisonnement surtout correctionnel59 sauf quand il prétend que l’effet dissuasif des peines-plancher sera tellement dissuasif qu’il évitera la récidive. Plus sérieusement, un spécialiste de démographie pénitentiaire, P. Tournier (2007), a envisagé trois hypothèses sans trancher entre elles : un effet déflationniste si la dissuasion marchait à plein, une absence d’effet s’il n’y avait pas dissuasion ou que les juges appliquaient mollement les nouvelles mesures, par exemple en oubliant de relever la récidive légale60, enfin un effet inflationniste si la loi s’appliquait pleinement mais sans effet dissuasif. Peut-être pourrait-il y avoir aussi un effet de contagion si ce raidissement législatif entraînait les juges à durcir leur pratique répressive au-delà même des cas de récidive. Et il est encore possible que ces mesures soient, comme après 1885, appliquées avec enthousiasme pendant quelques années, puis avec mollesse, enfin perdues de vue. Certains commentateurs ont été sensibles aux échappatoires comme la nécessité de relever la circonstance de récidive légale, la difficulté de la constituer de peine à peine pendant la minorité61, la possibilité d’opter pour le sursis ou celle de déroger par des motivations spéciales aux prescriptions nouvelles pour voir dans la loi de 2007 une mesure surtout ‘symbolique’, voire ‘d’apparat’62. À l’appui de cette interprétation, on a relevé que le recours à des peines-plancher avait été souhaité par l’actuel président de la République remarquable démontage des difficultés et des illusions de la prédiction à l’intérieur du système pénal. 58 Et de celles qui s’annoncent puisqu’il est question d’exclure les récidivistes des mesures de la loi pénitentiaire en gestation et d’étendre le recours à la ‘castration chimique’ pour les récidivistes en matière sexuelle. 59 Ainsi le rapporteur Zocchetto (2006-2007). 60 Malgré une circulaire du 16 juin 2006 enjoignant au parquet - qui est très puissant en France et étroitement soumis à l’exécutif - de la relever systématiquement. 61 Donc en en tenant pas compte des mesures ou sanctions éducatives. 62 Ainsi Vergès, Ribeyre, Robert, 2007. La Garde des Sceaux de l’époque s’était défendue par avance contre cette interprétation lors d’une audition au Sénat en utilisant une formule dont le sens laisse quelque peu perplexe : la lutte contre la récidive n’est pas un affichage sauf à considérer comme tels l’ensemble des textes applicables en matière pénale (Dati in Geoffroy, 2006-2007, 61). La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 17 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire alors qu’il était ministre de l’Intérieur et présenté alors sous forme de proposition de loi par un de ses proches, mais qu’elle avait été écartée en 2004 par un rapport de la Commission des lois de l’Assemblée nationale63. Il n’est donc pas exclu qu’une première visée de la loi de 2007 sur la récidive ait consisté à souder la majorité de droite en censurant par avance les velléités pour s’écarter de la volonté présidentielle. Une autre catégorie d’acteurs semble également visée : les juges bridés dans leur pouvoir d’individualisation64. On peut rapprocher cette mesure de l’appesantissement de la tutelle politique sur un parquet qui cumule curieusement l’appartenance à la magistrature et une soumission étroite à l’exécutif ; également du projet de conférer à ce ministère public dépendant les fonctions exercées par un juge d’instruction qui s’est attiré lors de la décennie précédente l’hostilité du personnel politique en instruisant des affaires de corruption65. Cette forte dépendance de la loi sur la récidive envers une conjoncture politique particulière rappelle, mutatis mutandis, le contexte de la loi sur la relégation… à une différence près toutefois : sitôt votée la loi de 1885, les députés passent aux choses sérieuses et créent la libération conditionnelle, le sursis et le patronage. Autrement dit, la solution de la crise sécuritaire n’est pas cherchée seulement dans un durcissement répressif, mais dans la mise en place politique d’une politique qui combine répression, prévention et les ébauches d’une politique sociale. Du policy mix qui se met alors en place sortira une économie de la peine suffisamment stable pour durer un grand siècle. Dans la conjoncture actuelle, au contraire, seul le levier répressif semble actionné. C’est que l’actuelle ‘lutte contre la récidive’ s’inscrit dans un contexte bien particulier. Au premier tour des présidentielles de 2002, le candidat de droite n’avait même pas obtenu 20% des voix tandis que celui de l’extrême-droite parvenait à enlever la seconde place à un candidat de gauche lâché par ses propres extrêmes. De la sorte, le candidat de droite n’avait dû son succès au second tour qu’au ralliement forcé de tous ceux qui refusaient l’extrême-droite. Pour éviter de se retrouver dans une telle situation, la droite a poursuivi, entre 2002 et 2007, une politique de sécurité reposant sur l’entassement incessant de 63 Au motif qu’on ne voyait guère l’intérêt de rétablir une notion à laquelle avait renoncé le nouveau code pénal de 1992. 64 En ce sens, p. ex., Herzog-Evans, 2007. 65 Voy. Bancaud, Robert, 2001. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 18 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire mesures de deux ordres, les unes contre l’immigration irrégulière, les autres de répression pénale. La ‘lutte contre la récidive’ s’inscrit dans ce volet-ci. L’opération a été couronnée de succès : aux présidentielles de 2007, le candidat de droite a récupéré les voix qui allaient précédemment vers l’extrême-droite. Du coup, on a conservé la recette en vue de préparer l’échéance électorale de 2012. *** En conclusion, l’analyse doit probablement distinguer deux éléments dans cette affaire. D’une part, le passage d’un droit coutumier à un droit légiféré s’accompagne de la promotion de la récidive – qui se distingue alors de la réitération – comme facteur aggravant dans la mesure où l’inefficacité d’un jugement antérieur apparaît désormais comme un mépris de la force dissuasive attribuée à la loi, donc comme une offense à la souveraineté du législateur ; mais ce mécanisme demeure généralement modéré et soumis à l’arbitrage du juge. D’autre part, on assiste, à certains moments, à une tétanisation obsessionnelle sur le récidiviste qui s’accompagne d’envies d’élimination de ces rebelles et de velléités de supprimer la marge d’appréciation judiciaire. La focalisation sur la récidive est probablement facilitée par la charge d’exaspération qu’elle suscite66. On peut faire l’hypothèse que ces moments se caractérisent par la conjonction de deux éléments : une angoisse sociale – comme la peur de la dégénérescence67 qui balaie les grands pays européens entre la crise des années 1880 et la Première Guerre mondiale68 - et une panique des politiques qui craignent de se voir reprocher l’inefficacité de leurs 66 Tulkens & van de Kerchove (2007, 467) l’ont bien pointé : Il est un non-dit dans la question pénale de la récidive qui domine son approche sur le plan juridique, celui de l’impuissance ou de l’échec du droit pénal que la récidive entend rencontrer alors qu’elle en est la marque visible et irritante. Un bon exemple de l’exaspération que suscite la récidive est fourni par la faveur du thème de la ‘castration chimique’ qui rappelle certains débats eugénistes de la fin du XIXe siècle : la loi de 2007 l’a permise (Zocchetto, 2006-2007) ; un fait divers a conduit des députés de la majorité relayés par la garde des Sceaux à en souhaiter bruyamment l’extension (Le Monde, 3 octobre 2009, 11). 67 Voy. p.ex. Nye (1984) ou encore Garland (1985). 68 Que certains analysent alors comme une fuite suicidaire pour échapper à cette névrose collective. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 19 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire politiques de contrôle social – témoin l’expression alors utilisée de krach de la répression. Il est possible que nous traversions une conjoncture un peu analogue avec, d’un côté, la préoccupation sécuritaire entée sur l’angoisse de la précarisation, de l’autre, des politiques publiques qui s’acharnent sur le maintien de l’ordre faute de parvenir à cibler les délinquances qui menacent réellement la sécurité ordinaire des citoyens69. C’est que le sentiment d’insécurité a deux facettes. L’une concerne l’appréhension d’être soi-même (ou par ses proches) atteint concrètement par la délinquance ; elle procède d’une anticipation du risque modulé par la vulnérabilité que l’on ressent70. Mais l’autre consiste dans une préoccupation pour la délinquance comme problème social abstrait (et non comme menace personnelle). Elle procède surtout d’une réaction au risque de précarité ou de précarisation ; elle atteint ceux qui se sentent peu armés face aux changements sociaux et économiques qu’ils soient ou non personnellement exposés à la délinquance71. Seulement le premier aspect, l’appréhension, varie selon les personnes, les lieux et les situations ; parce qu’elle est concrète, elle est donc difficile à mesurer. L’autre, au contraire, la préoccupation abstraite est plus facile à saisir au moyen de sondages généraux. Le résultat, c’est qu’on prétend lutter contre l’insécurité concrète, alors qu’on répond seulement à la demande des préoccupés. Ainsi accorde-t-on un poids démesuré aux quelques 15% d’acharnés de la préoccupation sécuritaire72, d’autant qu’ils sont insatiables puisque leur panique devant la délinquance, ou d’ailleurs toute forme de désordre, tient surtout à la précarité qui les menace (et auxquelles les mesures sécuritaires ne peuvent rien). Comme cette préoccupation fait couple avec la punitivité et la xénophobie, il ne faut pas s’étonner que les politiques qui y sacrifient ciblent l’augmentation des peines et la lutte contre les immigrants plutôt que de lutter efficacement pour diminuer l’exposition des citoyens au risque délinquant. Depuis trois décennies, la remise en cause du compromis de l’État social chahute la légitimité des partis de gouvernement européens. Leur affaiblissement les rend sensibles au risque d’une sécession, qui par 69 Robert, 2002, 2005. Ainsi une personne fragile craindra plus d’être prise dans une rixe qu’un solide gaillard. 71 Pour la France, voy. notamment Robert, Pottier, 1997, 2004. 72 Données françaises in Robert, Pottier, 1997, 2004. 70 La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 20 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire l’extrême-gauche reprochant à la gauche de trahir ses traditions, qui par l’extrême-droite brandissant le trio préoccupation sécuritaire/xénophobie/punitivité. Ainsi en France, au cours de la décennie 1980, la gauche a pu contrôler son extrême-gauche tandis que la droite ne parvenait pas à juguler la sécession son extrême-droite. Dans la présente décennie, au contraire, les jeux sont inversés : la gauche ne parvient plus à empêcher la sécession de l’extrême-gauche, tandis que la droite est parvenue à récupérer l’électorat parti depuis deux décennies à l’extrême-droite. Mais ce succès a demandé de développer une politique plus vraie que nature sur les thèmes qui constituaient son fonds de commerce. Que la politique de sécurité soit peu efficace pour la sécurité des citoyens comme Waller (2006, 2009) entreprend de le démontrer, ce n’est peut-être pas la considération la plus déterminante dans la mesure où elle s’avèrerait efficace pour détourner les préoccupés de la sécurité d’apporter leurs voix aux partis extrêmes plutôt qu’à ceux de gouvernement. Derrière ce jeu politique, il y a peut-être autre chose de plus profond encore : conscient qu’il n’a plus, avec l’affaiblissement de l’État social, grand’chose à offrir pour s’attirer la loyauté des citoyens, le personnel politique et administratif se ressent, malgré ses rodomontades, comme décalé par rapport à la société. Au-delà des bandes de banlieue, c’est toute la jeunesse, peut-être toute la société qui lui paraît potentiellement menaçante, en tous cas insaisissable. Du coup, ses politiques de sécurité cherchent moins à cibler les causes de la délinquance, qu’à déterminer des groupes à risque de moins en moins précis, de plus en plus larges73. Et le travail policier sombre dans une boulimie de saisie de données74 qui a peu à faire avec une politique raisonnée de diminution du risque de vol ou d’agression pour le citoyen, mais beaucoup avec la peur secrète ressentie par des responsables qui n’ont plus beaucoup de confiance dans leur légitimité auprès de leurs concitoyens. 73 74 Voy. p. ex. Gautron, 2006. Voy. p. ex. Dubey, 2008. La peine dans tous ses états ; FUSL, 16-17 octobre 2009. 21 Philippe Robert, Peine, récidive et crise sécuritaire Références Bancaud A., Robert Ph., La place de la justice en France : un avenir incertain, in Robert Ph., Cottino A. (dir.), Les mutations de la justice ; comparaisons européennes, Paris, l’Harmattan [www.editions-harmattan.fr], 2001, 181-198. 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