version française - Institut de recherche et d`histoire des textes

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REVUE D’HISTOIRE DES TEXTES
Nouvelle série, tome IX, 2014
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RÉSUMÉS
Gerard BOTER, Studies in the Textual Tradition of Philostratus’ Life of Apollonius of Tyana – Revue
d’histoire des textes, n.s., t. IX, 2014, p. 1-49.
Cet article, consacré à la tradition textuelle de la Vie d’Apollonius de Tyane de Philostrate
(VA), fait suite à mon article : Towards a new critical edition of Philostratus’ Life of Apollonius : the
affiliation of the manuscripts, in K. Demoen, D. Praet (éd.), Theios Sophistes, Leiden-Boston, 2009,
p. 21-56. Le présent article est composé de quatre parties. La première contient une description
codicologique des seize manuscrits préservant le texte entier ou de grandes portions du texte. La
deuxième traite des douze manuscrits contenant des fragments ou des extraits de la VA. La troisième
concerne le traité d’Eusèbe et les extraits conservés dans la Bibliothèque de Photius et dans la Suda.
La quatrième partie, finalement, donne une correction du stemma qui était présenté dans l’article de
2009. J’ai à présent démontré que le Scorialensis Φ.III.8 (E) est la source de l’ancêtre commun du
Parisinus gr. 1696 (P) et du Marcianus gr. XI.29 (M) et non pas son jumeau.
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András NÉMETH, Fragments from the Earliest Parchment Manuscript of Eustratius’ Commentary on
Aristotle’s Nicomachean Ethics – Revue d’histoire des textes, n.s., t. IX, 2014, p. 51-78.
Cet article présente deux nouveaux fragments d’un luxueux manuscrit byzantin sur parchemin
du XIIe siècle, qui constitue le plus ancien témoin du commentaire d’Eustrate au livre I de l’Éthique à
Nicomaque. Cette nouvelle découverte met en lumière une phase importante mais très mal connue de
la transmission des commentaires sur les livres I à X de l’Éthique à Nicomaque au XIIe siècle, très
probablement à Constantinople et sous le patronage de la cour. Une analyse détaillée fait apparaître
que cette première phase de la transmission semble antérieure à la période à partir de laquelle est
attestée une transmission collective des différents recueils plus vastes de commentaires sur les livres IX (Vaticanus gr. 269, Laurentianus 85.1, Parisinus Coislin. 161). La famille textuelle représentée par
les nouveaux fragments a été maintenue dans l’ombre par le succès d’une autre branche, laquelle fut
canonisée par la traduction latine qu’en a réalisée Robert Grosseteste au milieu du XIIIe siècle, par
l’editio princeps (Venise, 1536) et par l’édition critique de G. Heylbut (Berlin, 1892). Les
caractéristiques propres aux nouveaux fragments de Budapest ainsi qu’au manuscrit jumeau Vaticanus
gr. 320 pourraient également apporter un nouvel éclairage sur la transmission d’autres commentaires à
Aristote.
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Aude COHEN-SKALLI, De Byzance à Messine : les Vitae Siculorum de Constantin Lascaris, leur
genèse et leur tradition – Revue d’histoire des textes, n.s., t. IX, 2014, p. 79-116.
La connaissance qu’ont les savants du petit opuscule de Constantin Lascaris intitulé Vitae
illustrium philosophorum Siculorum et Calabrorum, qui a été la source de débats dans les études
diodoréennes, repose jusqu’ici sur une version largement remaniée par Francesco Maurolico au
XVIe siècle. Il faut donc revenir au texte lui-même de la dernière œuvre connue de l’humaniste, publiée
à Messine en 1499. Elle offre une liste des σοφοὶ Σικελιῶται de l’Antiquité, dans un parcours de l’île
qui semble revêtir un sens symbolique, prenant Messine comme dédicataire et comme point de départ
du traité. L’étude se penche sur le contexte de la publication du petit incunable, dans une imprimerie
qui semble avoir travaillé pour l’école de Lascaris, sur la tradition textuelle du traité, dont on conserve
un brouillon manuscrit dans le Matritensis 4629, sur ses sources, et sur le sens original à donner à ce
« périple » de la Sicile.
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Iñigo RUIZ ARZALLUZ, Una didascalia olvidada a la Hecyra de Terencio – Revue d’histoire des textes,
n.s., t. IX, 2014, p. 117-139.
Un petit nombre de témoins du XVe siècle transmettent une didascalie à l’Hécyre de Térence,
distincte des deux seules didascalies connues jusqu’à présent et dans laquelle il serait difficile de voir
une contrefaçon ou une altération d’une des autres didascalies à Térence. Le texte (manifestement
corrompu, ce qui constitue un argument supplémentaire en faveur de son authenticité) pourrait résulter
de la recomposition de diverses gloses antiques relatives à des représentations postérieures de la
comédie. Les témoins, étroitement liés aux Térence de Pétrarque et dont la qualité textuelle est
généralement très bonne, pourraient avoir conservé la didascalie en dernière instance grâce à un
processus de contamination, de la même manière que nous ont été préservés l’alter exitus de
l’Andrienne, la Vita Ambrosiana de Térence ou encore la periochê de l’Eunuque.
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Francesca PICCIONI, Sulla tradizione manoscritta dei Florida di Apuleio : il ruolo dell’Ambrosiano
N 180 sup. – Revue d’histoire des textes, n.s., t. IX, 2014, p. 141-156.
Le présent article rend compte de la première étude intégrale des Florides d’Apulée dans le
manuscrit Ambrosianus N 180 sup. (= A), depuis longtemps reconnu comme témoin de valeur mais
jamais pleinement examiné ni utilisé, sauf dans certaines études et éditions des Métamorphoses. En
vue d’une nouvelle édition de l’Apologie et des Florides, j’ai donc mené une analyse approfondie du
manuscrit. Ce m’a amenée à l’identification d’une série de uariae lectiones significatives, qui
n’avaient jusqu’à présent jamais été relevées mais qui peuvent être aisément interprétées comme
conjectures dérivées du contexte, corrigeant la plupart du temps des erreurs ou des imperfections
graphiques dans le Laurentianus 68.2 (= F). À côté de ces variantes, en effet, on peut trouver des
erreurs significatives qui relient avec certitude l’Ambrosianus au Laurentianus. Cela confirme que ce
dernier est, sans aucun doute, la source de toute la tradition manuscrite qui nous est parvenue.
Cependant, A se révèle précieux en ce qu’il nous préserve la forme primitive de F, encore dépourvue
des altérations ultérieures (encre souvent effacée, ratures et corrections de mains plus tardives). Cette
étude a naturellement impliqué aussi un nouvel examen complet de F et de sa copie directe, le
Laurentianus 29.2 (= f). Cette recherche a bénéficié d’une autopsie et de l’aide d’instruments optiques
perfectionnés, qui ont permis de préciser les leçons réelles du manuscrit ancêtre, même dans les
nombreux passages très difficiles à lire.
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Fabio TRONCARELLI, Inaudita in excerpta : la « Vita di Boezio » di Jordanes e i suoi lettori (Giovanni
de’ Matociis, Jacques Sirmond, Nicolas Caussin) – Revue d’histoire des textes, n.s., t. IX,
2014, p. 157-199.
Giovanni Diacono († 1337) mentionne dans ses Historiae imperiales (inédites) une Vita Boecii
écrite par Jordanès. Le présent article offre une analyse des diverses allusions à la Vita de Boèce faites
par Giovanni Diacono, en évaluant les informations intéressantes qui y sont contenues et en les
confrontant à celles de l’Anonyme de Valois II, qui sont similaires mais comportent des différences
significatives dans leur rédaction. Sont également examinées les notes de Jacques Sirmond aux
Historiae imperiales, qui attestent l’intérêt du grand savant français pour la Vita Boecii de Jordanès,
non conservée mais dont quelques extraits figuraient très vraisemblablement aussi dans le célèbre
codex claromontanus de l’Anonyme de Valois II que possédait Sirmond et que, sur son conseil,
Nicolas Caussin a consulté.
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Pietro COLLETTA, Un compendio inedito di storia siciliana conservato a Besançon – Revue d’histoire
des textes, n.s., t. IX, 2014, p. 201-220.
Le manuscrit 675 de Besançon (milieu du XVe siècle) contient une version abrégée des trente
premiers chapitres de la Cronica Sicilie, l’un des plus importants textes historiographiques de la Sicile
du XIVe siècle. Le présent article propose l’édition de cet abrégé en regard du texte de la Cronica
Sicilie, ainsi qu’une étude des variantes faisant apparaître que cet abrégé dérive d’une branche
particulière de la tradition de la Cronica Sicilie (celle du manuscrit B). Quant à la méthode et aux
visées de la rédaction de cet abrégé, il apparaît que celui-ci, bien qu’il résulte de la stratification
d’interventions successives, a vraisemblablement été réalisé avec l’intention de ne conserver de la
Cronica Sicilie que les notices d’intérêt généalogique ou dynastique, attestant la continuité de la
monarchie sicilienne, des Normands du XIe siècle aux Aragonais du XIVe siècle. Dans cette visée, le
texte n’est pas destiné à être lu isolément mais à l’intérieur du manuscrit qui le transmet, lequel
apparaît comme une collection organisée de textes, majoritairement historiographiques et en latin,
rassemblés pour retracer une histoire complète du regnum Sicilie, depuis ses origines mythiques
jusqu’au milieu du Quattrocento.
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Sebastià GIRALT, Magic in Occitan and Latin in ms. Vaticano, BAV, Barb. lat. 3589 – Revue d’histoire
des textes, n.s., t. IX, 2014, p. 221-272.
Le manuscrit Vaticano, BAV, Barb. lat. 3589 est connu des chercheurs depuis le XIXe siècle,
mais jusqu'à présent n’avait pas été étudié en profondeur. Cet article se propose d’analyser son
contenu et sa composition, non seulement en identifiant les écrits qui y sont conservés et leurs sources,
dans la mesure du possible, mais aussi en recherchant des indices laissés par son compilateur pendant
le processus de copie, afin de comprendre sa personnalité et sa manière de travailler. Un examen de ce
codex montre qu’il constitue un document exceptionnel pour l'étude de la magie médiévale, pour un
grand nombre de raisons. Il révèle des œuvres jusque-là passées inaperçues, notamment le
remarquable Libre de puritats, et il est l’un des rares témoignages de nécromancie dans une langue
romane (l’occitan) en interaction avec le latin. En outre, il constitue un nouveau témoignage, bien
qu’incomplet, d’écrits consacrés aux arts occultes connus par d’autres manuscrits latins, en particulier,
le Liber septem planetarum ex scientia Abel, le De officiis spirituum et peut-être le Liber Veneris. En
outre, le manuscrit offre des preuves de l’utilisation au Moyen Âge de manuels fondamentaux de
magie, comme le Liber Razielis et le Picatrix, dont la circulation médiévale n’est pas bien connue. De
plus, il offre des renseignements sur les titres de nombreuses œuvres perdues et même sur leur
contenu. Enfin, il nous permet de connaître la manière dont un nécromancien du début du XVe siècle a
formé sa propre collection de livres et de ressources magiques.
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Olivier DELSAUX, Simon de Plumetot et sa copie des poésies d’Eustache Deschamps. Une édition
génétique au début du XVe siècle ? (partie I) – Revue d’histoire des textes, n.s., t. IX, 2014,
p. 273-349.
Étude textuelle et matérielle du manuscrit Paris, BNF, n.a.fr. 6221 copié et possédé par le
juriste et lettré français Simon de Plumetot (1371-1443), considéré aujourd’hui comme un précurseur
des collectionneurs d’autographes. L’article vise à reconsidérer cette copie des poésies d’Eustache
Deschamps dans le cadre plus large des pratiques de scribe et de bibliophile de Plumetot et à
déterminer la nature des modèles auxquels il eut accès. Par le biais de l’analyse du statut et de la
finalité de ce manuscrit, est réévaluée la qualité du témoignage offert par la deuxième plus grande
collection des poésies de cet auteur. Plus globalement, l’article s’interroge sur la place à donner au
profil du transcripteur dans l’édition et l’étude de la transmission des textes français des XIVe et
XVe siècles.
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Leonardo TARÁN, The text of Simplicius’s Commentary on Aristotle’s Physics and the question of
supralinear omicron in Greek manuscripts – Revue d’histoire des textes, n.s., t. IX, 2014,
p. 351-358.
Le but de cet article est de montrer que, contrairement à ce que l’on trouve dans certaines
introductions à la paléographie grecque, le symbole appelé ici omicron supralinéaire (par exemple
κόσµο) n’est pas un simple abrègement de la terminaison omicron-sigma (-ος) mais un symbole de
suspension qui peut indiquer n’importe quelle terminaison. L’article a été conçu à la suite de l’étude
des manuscrits du Commentaire de Simplicius sur la Physique d’Aristote et en lien avec l’édition
d’Hermann Diels. Il est évident que, étant donné que Diels n’a lui-même collationné aucun des
manuscrits grecs sur lesquels il a basé son édition, ceux qui l’ont fait pour lui ne lui ont pas donné des
informations complètes. En fait, quand ils ont trouvé un omicron supralinéaire, ils lui ont tout
simplement reporté que le mot en question finissait en omicron-sigma. Néanmoins, dans quelques cas
ils ont spécifié que le mot avait un omicron supralinéaire et, dans ces cas-là, Diels l’a reporté, ce qui
montre qu’il devait savoir que cette terminaison pouvait représenter dans un manuscrit n’importe
quelle désinence grammaticale dont omicron était la première lettre. Pour conclure, cet article offre
des exemples de papyrus qui indiquent clairement que l’omicron supralinéaire doit être interprété
comme un symbole de suspension.
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Davide BALDI, Sub voce ἐτυµολογία – Revue d’histoire des textes, n.s., t. IX, 2014, p. 359-374.
L’explication du terme etymologia dans la langue grecque commence avec le Cratyle de
Platon. Cependant, ce n’est que dans l’Antiquité tardive qu’on en trouve des interprétations
développées accompagnées de quelques exemples. Dans le Viae dux d’Anastase le Sinaïte (VIIe siècle),
un chapitre entier, dont le début reproduit la définition de Platon, est dédié à l’explication du concept
d’étymologie. Ce chapitre a connu une transmission textuelle indépendante et il a été inséré dans une
brève glose par le compilateur de l’Etymologicum Gudianum (fin du XIe siècle). De plus, dans
l’Etymologicum Genuinum (IXe siècle), on trouve pour la première fois une glose longue et détaillée du
mot etymologia, pourvue d’une traduction. La première section de cette explication dépend de la
définition donnée par l’Ars grammatica de Denys le Thrace et ses commentaires. Cette glose est
fidèlement reproduite par l’Etymologicum Symeonis (XIIe siècle). Vers le XIIe ou le XIIIe siècle, le
Lexicon Zonarae, le plus récent parmi les Etymologica byzantins, présente une glose qui combine les
interprétations de l’Etymologicum Genuinum et de l’Etymologicum Gudianum.
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Saulo DELLE DONNE, Il codice greco Corpus Christi College 486 di Cambridge : contenuto,
organizzazione testuale e legami con l’Italia Meridionale – Revue d’histoire des textes, n.s.,
t. IX, 2014, p. 375-393.
Le manuscrit grec 486 de la Parker Library (datable au début du XIIIe siècle) conservé au
Corpus Christi College (Cambridge, UK), avait jusqu’à présent échappé à l’attention des chercheurs.
Après avoir rapporté les principaux résultats d’une étude paléographique et codicologique, qui sera
publiée ailleurs, on signale ici les caractéristiques les plus évidentes de chacun des quinze textes qu’il
contient. Une attention particulière est accordée à deux d’entre eux, dont il existe déjà une édition (les
vers d’Eustathe d’Iconium et la Lettre à Paolo, évêque de Gallipoli). Six inédits sont ensuite identifiés
et décrits : une pièce anonyme en vers portant sur l’iambe ; un essai anonyme sur l’iambe ; la Lettre
sur le jeûne du jour de l’Ascension par Nicon de la Montagne Noire ; un anonyme Sur l’évêque
Paphnuce ; une Expositio brevis anonyme sur les différents jeûnes ; un essai anonyme Sur les
présanctifiés. Considéré dans son ensemble, le manuscrit est manifestement un recueil témoignant
d’un travail de sélection et d’organisation de textes relatifs aussi, d’une manière générale, à l’Italie
Méridionale et, plus particulièrement, à la Calabre ou à la Terre d’Otrante.