Quel jour sommes-nous
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Quel jour sommes-nous
Quel jour sommes-nous? Stratégies à l’intention des personnes qui travaillent par quarts Guide renfermant idées, histoires et stratégies à l’intention des personnes qui travaillent part quarts et de ceux et celles qui partagent leur vie. Elaboré par le Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick et Jon Shearer. Le titre de cet ouvrage est le reflet d’une réalité qui est simple à comprendre: lorsque je travaillais par quarts, je ne savais pratiquement jamais quel jour de la semaine nous étions et je demandais constamment: Quel jour sommes-nous? Je me souviens m’être précipité au travail un soir et le travailleur qui faisait les quarts opposés aux miens m’a demandé: Qu’est-ce que tu fais ici? Je pensais que c’était ton jour de congé aujourd’hui. Je tiens à remercier les personnes du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick qui m’ont demandé de faire partie de ce projet. J’espère vraiment que ce petit guide pourra aider. Le fait de l’écrire m’a aidé personnellement. JS Le masculin ou le féminin est utilisé de façon non discriminatoire et dans le seul but d’alléger le texte Introduction Je m’appelle Jon Shearer et je suis le principal auteur de ce guide. J’ai été un travailleur de quarts pendant la majeure partie de ma vie adulte. J’ai travaillé un quart de nuit permanent de huit (8) heures dans la salle des nouvelles d’un important journal d’Ottawa. J’ai été disc jockey de nuit, présentateur de musique rock. J’ai été gardien de nuit d’édifices gouvernementaux. J’ai été chercheur dans un laboratoire de sommeil où les recherches se menaient pendant la nuit. Et finalement, dans le but de comprendre la nature particulière de différents environnements de travail par quarts, j’ai accompagné des travailleurs de quarts de trois continents pendant leur quart de nuit. Depuis plus de 40 ans, je vis et je respire le travail par quarts et je veux maintenant parler de cette expérience. En qualité de travailleur de quarts, j’ai toujours été étonné du peu de livres qui réussissent à présenter le monde du travailleur de quarts sous un angle sain. Voilà ce que ce guide tente de faire. Ce texte est divisé en six sections et chaque section décrit un aspect particulier de la réalité du travail par quarts. Vous avez sans doute compris que vous êtes en train de lire l’introduction. Le premier chapitre traite de l’aspect politique du travail par quarts. Je crois sincèrement que les travailleurs de quarts constituent la base même de notre société. Sans eux, l’économie planétaire s’effondrerait. Le deuxième chapitre traite de la question du stress relié aux travailleurs de quarts. Dans le troisième chapitre, je parle du rôle joué par le travail par quarts et l’environnement de travail dans l’orientation de carrière. Après ces trois chapitres, il devrait être évident à la plupart d’entre vous qu’il est maintenant nécessaire de parler du sommeil et dire pourquoi un mauvais sommeil engendre la fatigue chronique. Tout au long du texte, je vais constamment parler de la relation entre nos rythmes biologiques – dont le sommeil – et nos niveaux d’énergie quotidiens. Après le chapitre quatre, il sera facile de faire la transition au chapitre cinq où je vous parlerai de votre propre sommeil. Voici l’élément clé dont vous devez vous souvenir et sur lequel j’insiste : la fatigue est un sous-produit du degré de fragmentation du sommeil. Je répéterai constamment la phrase suivante : «Plus le degré de fragmentation du sommeil est élevé, plus le niveau de fatigue sera élevé pendant la période où vous êtes éveillé (période de veille)». Je vous décrirai la structure du sommeil et comment le travail par quarts change cette structure. 1 Le sixième chapitre passe aux choses sérieuses et à nos connaissances pour désamorcer le travail par quarts. Dans ce chapitre, je vais examiner quelques-unes des stratégies pouvant être utilisées. Vous pouvez, si vous voulez, passer directement à ce chapitre; toutefois, la lecture des chapitres qui le précèdent vous donnera la logique derrière ces suggestions. Quatre choses sont à la base même de ma façon de voir toute la problématique du travail par quarts. 1. Le travail par quarts ne va pas disparaître. 2. Si vous traitez les gens comme des entités économiques disposées sur un tableur ou insérées dans un programme d’établissement des horaires des quarts de travail, vous ne tenez aucun compte de leur nature humaine et vous n’en tirerez rien de plus qu’un rendement marginal; vous pouvez vous y attendre et ne vous plaignez pas quand cela va arriver. 3. Le travail par quarts représente un danger pour la santé du travailleur et de l’organisation ! 4. La formation visant l’adaptation au travail par quarts doit être une stratégie continue. Ce que je pense que nous pouvons faire Nous voici donc au moment crucial et vous verrez maintenant comment mes partis pris déterminent ce qui, selon moi, devraient être les points de départ pour aider les travailleurs de quarts à faire face au travail par quarts. Ces petites étapes constituent le minimum pour toute organisation, qu’il s’agisse d’un syndicat d’infirmières, un hôpital ou toute industrie qui désire faire quelque chose de positif pour ses travailleurs de quarts. Les organisations peuvent faire au moins cinq choses pour commencer. 1. S’informer pour savoir quel genre d’horaire veulent les travailleurs de quarts; ils sont les experts dans ce volet de leur travail. 2. S’engager d’analyser, sur une base continue, l’établissement des horaires de travail par quarts et, ainsi, favoriser une meilleure santé générale des travailleurs. 3. Sensibiliser les personnes au travail par quarts et faire de cette sensibilisation un volet continu de la vie quotidienne du personnel. 2 4. Faire de l’organisation un leader en matière de sensibilisation au travail par quarts. 5. Lutter pour créer des environnements conviviaux et sains pour les travailleurs de quarts. 1 L’aspect politique du travail par quarts J’ai travaillé avec des infirmières dans tout le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Europe, et, pendant de nombreuses années j’ai pensé que tout allait bien. Il aura fallu l’éclosion du SRAS à Toronto pour me présenter une autre image de la situation. J’ai toujours été conscient du volet «temps partiel» rattaché à certains secteurs de la profession infirmière. Dans notre société, plusieurs domaines font appel à la sous-traitance qui est devenue une façon de vivre pour de nombreux travailleurs. Il en coûte bien moins cher à une organisation d’engager quelqu’un à contrat que de payer les avantages sociaux d’un employé à temps plein. Je ne m’étais jamais rendu compte de l’ampleur du phénomène jusqu’au jour où j’ai interviewé des infirmières de ma propre collectivité. Elles avaient des histoires d’horreur à raconter au sujet d’infirmières devant travailler des doubles quarts ou travailler un quart de jour à un endroit, retourner à la maison, dormir, et puis travailler le quart de minuit à un autre endroit. J’ai parlé à des infirmières qui travaillent encore pendant ces quarts machiavéliques de huit heures et qui peuvent seulement être avec leur famille une fin de semaine aux cinq semaines. J’ai entendu parler d’horaires qui ont été changés à deux semaines d’avis et en ne tenant aucun compte des sorties ou des vacances planifiées. Combien d’études seront nécessaires pour que nous soyons finalement convaincus que le fait de travailler de tels quarts se traduit en épuisement, perte de motivation, démoralisation et colère. Les bénéfices économiques, et les avantages qui leur sont associés, sont-ils si importants que les organisations perdent de vue la nature destructrice de ce genre de travail et que les personnes qui font ce genre de travail sont les seules à s’en rendre compte ? Il me semble que si les personnes qui travaillent au pays des travailleurs de jour passaient quelques années à travailler par quarts, certaines choses changeraient. Vivre au pays des «normaux» Le travail par quarts est la plus vieille profession du monde. Un des événements ayant transformé l’histoire de l’évolution de l’homme est l’exploitation du feu. Quelqu’un 3 devait rester éveillé toute la nuit pour conserver la flamme; voilà donc le premier travailleur de quarts ! À partir de ce moment dans l’histoire de l’humanité, le travail par quarts était le domaine des marins, des soldats, et autres créatures de la nuit. Mais lorsque Thomas Elva Edison a éclairé nos nuits grâce à l’ampoule électrique, tout a changé. Selon plusieurs chercheurs, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, près de 9 % de la population active canadienne est engagée dans une forme quelconque de travail par quarts. En fait, c’est ce même effort de guerre qui est responsable de l’augmentation du travail par quarts dans l’industrie. Il serait important à ce stade-ci de se souvenir que la majorité des personnes qui étudient le travail par quarts en tant que phénomène social le définissent de la façon suivante : «Dimension du travail qui n’est pas comprise dans la tranche horaire de 7 h à 19 h». En nous basant sur cette définition, il est facile de comprendre pourquoi nous pouvons dire que près de 35 % de la population active canadienne est engagée dans une forme quelconque de travail par quarts. Le travail par quarts ne signifie pas seulement travailler la nuit. Toute personne qui a une famille et qui a travaillé le quart de soir (généralement de 15 h à 23 h), connaît le stress engendré par ce quart sur la vie au foyer. Cette définition comprend aussi les travailleurs permanents de soir et de nuit; les personnes qui travaillent ce qu’on appelle le quart du boulanger et qui doivent se lever à 2 h pour commencer le travail; le travailleur qui a une affectation fractionnée et qui doit se lever tôt et travailler quatre heures, par exemple de 6 h à 10 h, et qui doit revenir travailler entre 15 h et 19 h; les personnes qui travaillent deux ou trois quarts par roulement; les jeunes qui travaillent dans l’industrie de la restauration-minute afin de contrebalancer l’augmentation des frais de scolarité; les «occasionnels» qui ne savent jamais, d’une journée à l’autre, quel quart de travail leur sera assigné; ai-je besoin de continuer ? Il suffit de peu pour comprendre que les travailleurs de quarts sont la base même de notre système socio-économique. Pensez à ce qui arriverait si les travailleurs de quarts du monde entier décidaient en masse de ne plus travailler les fins de semaine ou après 18 h en semaine. L’économie mondiale s’effondrerait en une nuit. Tous les services aux particuliers disparaîtraient, notamment services 4 de police, d’incendie, soins de santé, services d’aqueduc, d’égouts, d’électricité. Toutes les industries de la production piétineraient et les restaurants, les théâtres et les diverses formes de divertissement ne seraient accessibles que le jour. Les centres d’appel ne seraient plus là pour nous aider à déboguer. Image intéressante, n’est-ce pas ? Si le travail par quarts et les travailleurs de quarts sont si importants dans notre société, pourquoi ne sont-ils pas tenus en plus haute estime ? Pourquoi doivent-ils lutter pour obtenir des quarts décents ? Pourquoi les cafétérias ferment-elles leurs portes après le départ des travailleurs de jour ? Pourquoi les services administratifs sont-ils seulement offerts pendant le quart de jour ? Pourquoi les réunions se tiennent-elles généralement de façon à accommoder le personnel de jour ? Pourquoi demande-t-on, de façon générale, aux travailleurs de quarts d’assister à ces réunions pendant leurs jours de congé ? Pourquoi l’horaire des quarts de travail est-il généralement imposé par des personnes qui n’en font pas ? Chaque travailleur de quarts a sa plainte préférée relativement au travail par quarts mais il y a une réponse aux questions ci-dessus – et à plusieurs autres – et elle se résume en deux mots : LES «NORMAUX». Les «normaux» sont les personnes qui travaillent de 9 à 5 ou une variation sur ce thème. Elles sont très différentes comparativement aux travailleurs de quarts. Elles disent comprendre le sort des travailleurs de quarts mais le comprennent-elles vraiment ? Les «normaux» tiennent leurs fins de semaine pour acquis. Or, les travailleurs de quarts feraient n’importe quoi pour obtenir une fin de semaine de congé. Ils feraient les quarts les plus meurtriers seulement pour obtenir une fin de semaine libre. Ils échangeraient des quarts, feraient des doubles quarts seulement pour obtenir un de ces précieux week-end. Le plus je parle aux travailleurs de quarts, qu’ils soient infirmières ou travailleurs de l’industrie, le plus je me rends compte du fossé qui les sépare des «normaux». C’est d’ailleurs une des raisons principales pourquoi je suggère, depuis de nombreuses années, que les autres personnes proches du travailleur de quarts, i.e. celles qui vivent et travaillent avec lui, doivent faire partie de la formation visant l’adaptation au travail par quarts. Le travail par quarts n’affecte pas seulement le travailleur, il a aussi un impact sur toutes les personnes faisant partie de sa vie. 5 Comme ce fut souvent le cas par le passé, le nouveau champ de bataille sera probablement, encore une fois, le milieu de travail. Par le passé, en tant que regroupement fort, nous avons déployé des efforts pour réduire les heures de travail pendant la semaine de travail. Étant donné le capitalisme à l’américaine basé sur les résultats, peut-être est-il temps de ramener les heures de travail à la table. Peut-être est-il temps de faire en sorte que l’adaptation au travail par quarts soit partie intégrante de l’énoncé de mission de l’organisation. 2 Stress, stress, merveilleux stress De nos jours, qu’importe où je vais, les gens parlent de stress. Le Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick a d’ailleurs un petit guide à ce sujet (et un de qualité je dois dire). À l’origine, la plupart des chercheurs considéraient le stress comme quelque chose de négatif que la personne devait «gérer». Tout le monde vit du stress et, comme le disait Hans Selye il y a plus de cinquante ans : la mort est la seule chose qui vous délivrera complètement du stress. Il ne fait aucun doute que notre monde d’aujourd’hui est significativement plus stressant qu’il y a vingt ans mais il me semble que la plupart des gens s’adaptent. Or, l’adaptation semble constituer un des problèmes. J’observe les gens dans l’autobus en me rendant au Collège et je vois rarement un visage souriant. Ces personnes sont fatiguées et, de toute évidence, elles ne sont pas ravies à l’idée d’une autre journée au travail. Un des grands problèmes auquel j’ai eu à faire face par le passé est celui de trouver une définition du stress avec laquelle je pouvais travailler. Le schéma ci-dessous vous aidera à conceptualiser le chemin que j’ai choisi. Tout d’abord, je dois affirmer clairement que je suis tout à fait conscient que les «normaux» et les travailleurs de quarts rencontrent des stress similaires. Toutefois, la différence est la suivante : on doit tenir compte de la fatigue chronique dans le cas des travailleurs de quarts. Quelques éléments dignes de mention : 6 La clé est de comprendre que la plupart des stresseurs ont à la fois un potentiel négatif et positif. Le truc est de trouver comment utiliser le stress à votre avantage et non pas à votre désavantage. Examinons d’abord quatre catégories de stresseurs, communs à la plupart des gens. Au moment de les lire, demandez-vous comment le travail par quarts a influencé le rôle qu’ils ont joué dans votre vie. Le stress physique Je travaille présentement dans un milieu scolaire et, après avoir enseigné pendant six heures, corrigé des travaux et parlé avec les étudiants, je suis fatigué physiquement. Je trouve l’énergie pour faire des choses le soir, que ce soit de la lecture, une promenade ou écouter les disques de ma collection. Mon milieu de travail est très différent de celui de plusieurs personnes qui font un travail physique, comme par exemple, le travailleur de la construction. La seule ressemblance est – ou était – le travail de jour. Lorsque je travaillais par quarts, le scénario était complètement différent. Je n’avais pas seulement quelques douleurs occasionnelles, c’était tout mon corps qui faisait mal et j’avais l’habitude de faire des blagues et dire que j’avais la douleur du mois. Parfois c’était mon épaule, parfois c’était mon dos, et ainsi de suite. J’étais fatigué de façon chronique et mes intestins portaient le poids du quart de nuit. Chaque personne du laboratoire de sommeil avait quelque chose à dire au sujet de ses boyaux. Certains avaient la diarrhée, d’autres étaient constipés et d’autres se plaignaient de gaz intestinaux ! Lorsque nous travaillons et dormons à l’encontre de nos rythmes biologiques naturels, notre corps doit s’adapter et, en général, l’adaptation ne se fait pas très bien. Le résultat final est le stress et plusieurs savent qu’il s’agit d’une conséquence de leur travail. Or, trop peu de personnes comprennent le rôle joué par le travail par quarts dans cette équation. Le stress psychologique Voilà un stress dont la plupart des gens ne veulent pas parler. À mes yeux, cela fait tellement partie de la vie. Il m’est arrivé à maintes occasions dans ma vie de me poser la 7 question : «Qu’est-ce qui ne va pas avec moi ?» Comme il nous arrive tous de le faire à un moment ou l’autre de notre vie. La plupart du temps nous sortons de cet état et passons à autre chose; parfois, nous avons besoin d’aide professionnelle. Or, avez-vous remarqué que nous nous interrogeons rarement sur ce qui va bien avec nous. Je me suis rendu compte que lorsque je travaillais par quarts, ma partenaire me posait souvent la question et de différentes façons, par exemple : «Comment ! Tu es encore fatigué ? Tu viens de dormir six heures et tu es encore fatigué, qu’est-ce qui ne va pas avec toi ?» «Comment ! Tu travailles ce soir ? Tu savais pourtant que c’était le soir du concert des enfants. Qu’est-ce qui ne va pas avec toi ?» «Ça fait un mois que tu promets de faire cela et ce n’est pas encore fait. Qu’est-ce qui ne va pas avec toi ?» «Tout ce que tu fais c’est t’asseoir devant la télé et jouer avec la télécommande. Qu’est-ce qui ne va pas avec toi ?» Tout ce que cela m’a permis de comprendre était que peut-être quelque chose n’allait pas avec moi. Après tout, si vous vous faites dire suffisamment de fois que quelque chose ne va pas avec vous, vous commencez à le croire. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que ce que nous pensons à notre sujet affecte notre qualité de vie. Or, lorsque nous n’avons pas assez d’énergie pour voir notre potentiel positif, alors notre stress psychologique est décuplé. Le stress social Chaque personne vit un stress social. Si vous avez un emploi, vous vivez un stress social. Lorsque je parlerai d’orientation de carrière et de travail par quarts, cet élément deviendra plus clair. Les amitiés et les relations interpersonnelles se transforment en stress lorsque vous travaillez par quarts. Élever une famille peut représenter un des événements sociaux des plus stressants. J’ai trouvé un petit outil que j’aurais aimé avoir par le passé. Il a été conçu pour aider les familles qui traversent une période où la communication est difficile. Il s’agit du «Thermomètre de stress familial». Je n’ai aucune idée où je l’ai trouvé mais, au cours des quinze dernières années, je l’ai modifié et je l’ai utilisé pour aborder les aspects familiaux qui entrent en jeu dans le stress social du travailleur de quarts et transformer leur potentiel négatif en potentiel positif. Je sais que les familles traversent des périodes difficiles et, parfois, lâcher prise est la seule chose que vous pouvez faire. 8 Si vous avez le temps et si vous en avez envie, consultez le «Questionnaire pour toute la famille» à l’Annexe 1. Demandez à chaque membre de la famille de le lire, de répondre aux questions individuellement et, par la suite, parlez de vos résultats. Si vous êtes dans une relation de couple en ce moment et n’avez pas encore fondé une famille, veuillez simplement substituer le mot «relation» au mot «famille» dans le questionnaire. Le stress spirituel Je ne consacrerai pas beaucoup de temps à ce stress particulier. La littérature renferme très peu d’ouvrages traitant du «stress spirituel». Lorsque je parle de spiritualité, il ne s’agit pas de religion. Je parle de faire quelque chose qui entraîne une meilleure connaissance de soi. Cela peut comprendre tellement de choses mais, en fin de compte, elles visent toutes le même but, soit de se consacrer du temps. Ce que vous faites importe peu car, à vrai dire, lorsque nous nous accordons du temps et nous donnons la chance de respirer un peu, nous rendons service au monde entier. Lorsque nous prenons soin de nous, toutes les personnes autour de nous en bénéficient. Dans le monde d’aujourd’hui, s’accorder du temps est un impératif des plus précieux et qui s’avère deux fois plus difficile pour le travailleur de quarts. Or, tout expert dans le domaine du travail par quarts vous dira la même chose : cela est nécessaire à la santé sociale, psychologique, physique et spirituelle. 3 J’ai toujours été fasciné de voir comment la dynamique d’un emploi peut influencer l’orientation de carrière d’un individu. Lorsque je parle d’orientation de carrière, je ne parle pas de la façon de choisir sa carrière mais plutôt de la façon d’aborder celle que nous avons déjà. J’ai effectué de nombreuses études qui m’ont amené à certaines conclusions par rapport au changement que subi cette orientation au cours des ans et de la relation avec le travail par quarts. Le schéma ci-dessous est la façon la plus simple que je conaisse pour vous expliquer ces données. Le travail par quarts et l’orientation de carrière . 9 Tout feu tout flamme Nous commençons tous notre carrière avec une attitude des plus enthousiaste et passionnée. Peut-être étionsnous tout simplement contents de trouver un emploi. Peutêtre s’agissait-il de la réalisation du rêve de toute une vie. Qu’importe la raison, la plupart d’entre nous étions excités de trouver un emploi axé sur la carrière. Je parie que la plupart d’entre vous n’avez pas commencé votre carrière d’infirmières en disant : «Je vais être la pire employée, ils n’auront jamais rien vu de pareil. » C’est peut-être le cas maintenant, mais vous n’avez pas commencé de cette façon. En me basant sur mon expérience, qu’importe combien la personne aime son travail, la période «tout feu tout flamme» ne dure qu’un certain temps et toute personne va envisager une nouvelle orientation de carrière si elle reçoit peu de considération et de respect par rapport à son emploi actuel et si ce dernier n’est plus une source de défis. Confrontation à la dure réalité Plusieurs chercheurs ont démontré que, deux à six ans après le début, les personnes sont confrontées à la réalité de leur carrière. Lorsque cela se produit, les personnes commencent alors à se demander pourquoi elles font ce qu’elles sont en train de faire. Elles deviennent désabusées par rapport à leurs collègues de travail et ont tendance à percevoir le personnel cadre comme «l’ennemi». Or, rendus à ce point, la plupart des gens se sont engagés et ont déjà d’importantes responsabilités et voilà le problème. Il y a des conjoints ou des personnes chères qui entrent en jeu, des enfants à supporter, des gérants de banques qui doivent être payés et des maisons à entretenir. À ce moment-là, la plupart d’entre nous regardons autour, vérifions le taux de chômage et les factures empilées sur la table de la cuisine et disons simplement : «Je suis chanceux d’avoir un emploi !». Alors, nous serrons les dents, prenons notre mal en patience et rejoignons les rangs de ceux et celles qui font leur travail dans un état d’inconscience – non pas littéralement mais certainement symboliquement. J’ai mentionné déjà que la plupart des «normaux» prennent deux à six ans avant d’être confrontés à la réalité de leur travail. Mes travaux de recherche démontrent que les travailleurs de quarts atteignent cette étape plus rapidement et se sentent «tout feu tout flamme» seulement six à dix-huit 10 mois. Je ne veux pas que vous pensiez que c’est ainsi pour tous les travailleurs de quarts. Ce ne l’est pas ! Certaines personnes demeurent passionnées et enthousiastes par rapport à leur travail qu’importe la dynamique du milieu de travail. Toutefois, c’est en se traînant que la grande majorité arrive à la prochaine étape du processus. Le point de transformation Je n’ai lu aucun rapport de recherche traitant du temps nécessaire pour passer de la confrontation à la réalité au point de transformation. Ma propre recherche n’est pas arrivée à déterminer cette période de temps. Tout ce que je sais, c’est que cela peut arriver dix secondes ou dix années après la confrontation à la réalité. Toutefois, la plupart des gens passent par cette étape à un moment donné dans leur carrière. C’est à ce moment que nous prenons la décision éclairée d’aborder notre carrière d’une de ces trois façons : qualité (professionnelle), fonctionnalité ou apathie. Qualité Je suis convaincu que la plupart des gens décident d’être axés sur la qualité par rapport à ce qu’ils font. Je crois que cette forme de professionnalisme de la qualité n’a rien à voir avec le nombre de lettres à la suite de votre nom ou avec le genre de travail que vous faites. Je crois que le professionnalisme dépend de l’état d’esprit avec lequel vous abordez votre travail. Et cela, je crois, est un choix conscient. Nous avons tous déjà travaillé avec ce genre de personnes. Nous nous sentons bien après les avoir côtoyées. Leurs principales qualités se résument à deux choses : elles savent quand dire «non» et elles sont axées sur les solutions. Elles savent quand il est temps de faire une pause et se faire du bien. Devant un problème, elles ont tendance à rechercher une solution positive. Elles ont tendance à être l’armature de leur milieu de travail et tout le monde le sait. Fonctionnalité Nous avons aussi travaillé avec des personnes qui ont décidé d’aborder leur travail sous un angle «fonctionnel». Ce que je veux dire ici c’est que ces personnes sont fonctionnelles et c’est à peu près tout ! Elles font le strict nécessaire, soit juste ce qu’il faut pour ne pas être congédiées. Elles ont peu de choses positives à dire au sujet de quoi que ce soit. 11 Elles vous laissent des tâches à accomplir. Elles peuvent vous dire tout ce qui va mal dans le milieu de travail mais ont très peu de positif à exprimer. Elles proclament leur antipathie envers les personnes et ont généralement un effet toxique sur la plupart des personnes dans le milieu de travail. Apathie Nous pouvons parler des gens apathiques de plusieurs façons. J’ai entendu plusieurs façons d’y faire référence : blessés ambulants, personnes aux yeux morts, automates, personnes qui ont de la difficulté à faire les choses machinalement, sous-fifres Microsoft et ainsi de suite. Vous pouvez aussi lire une tonne d’écrits sur les personnes qui ont choisi l’apathie comme sentier de vie et la plupart disent la même chose. Être apathique au travail est une chose, être apathique avec son conjoint et ses enfants en est une autre. Le plus triste c’est quand les gens sont apathiques envers eux-mêmes (style de vie malsain, par exemple : fumer, ne pas faire d’exercice, faire de l’embonpoint). Si les trois se produisent en même temps, tous les experts vous le diront : vous êtes épuisé ! La personnalité du travailleur de quarts Je ne dis pas que le sort du travailleur de quarts est de devenir totalement apathique. Ce ne l’est pas. Les «normaux» deviennent tout autant apathiques. Selon mon expérience, les travailleurs de quarts le deviennent plus rapidement. Cela n’est pas surprenant lorsque vous vous rendez à l’évidence que la fatigue chronique est la principale variable qui entre en jeu dans la vie du travailleur de quarts. Certains ont suggéré que la fatigue chronique serait à la source du développement de la personnalité du travailleur de quarts. J’aimerais pouvoir m’attribuer le mérite d’avoir pensé à cela mais plusieurs chercheurs y sont arrivés avant moi. Voici ma façon de comprendre les quatre caractéristiques de la personnalité du travailleur de quarts. 12 1. Aliénation Les travailleurs de quarts, y compris moi-même, pensons vraiment que les personnes qui ne font pas de quarts de travail («normaux») ne comprennent pas nos problèmes, particulièrement lorsqu’il s’agit de notre manque de sommeil et de la fatigue qui en résulte. En vérité, si vous n’avez jamais travaillé par quarts pendant une période substantielle, vous ne pouvez vraiment pas savoir ce que c’est. 2. Cynisme Il est très difficile de demeurer positif par rapport à la façon dont se déroule votre vie lorsque celle-ci est dirigée par des personnes qui savent très peu comment une personne peut se sentir mentalement et physiquement lorsqu’elle travaille par quarts. C’est très frustrant de voir que l’environnement de travail semble conçu comme s’il y avait seulement un quart de travail, soit le quart de jour. C’est frustrant aussi de voir que les gens, qui sont responsables de la gestion des travailleurs de quarts, ne travaillent pas pendant les quarts qui sont à l’horaire qu’ils ont établi. J’ai arrêté de me demander pourquoi la plupart des travailleurs de quarts sont cyniques. 3. Soupe au lait Ce qui est entendu ici c’est le fait de s’emporter pour des riens ou de simplement être de mauvaise humeur la plupart du temps. Selon moi, c’est vraiment simple à comprendre; lorsque que vous souffrez de fatigue chronique, il est de plus en plus difficile d’être patient. 4. Résistance au changement Si jamais vous voulez contrarier un travailleur de quarts, dites-lui que son horaire va être changé. Les travailleurs de quarts ont une vielle philosophie qui a résisté au passage des années : inutile de réparer ce qui n’est pas endommagé ! Lorsque je regarde ces quatre caractéristiques, je me rends compte que les «normaux» les possèdent aussi, plus particulièrement de nos jours, alors que les heures de travail prolongées est la norme plutôt que l’exception. Or, si vous les observez aux yeux du chercheur sur le sommeil, vous risquez de voir quelque chose de différent. Selon moi, ces caractéristiques appartiennent à une personne qui est vraiment fatiguée. Lorsqu’une personne est vraiment fatiguée, elle a tendance à penser que les gens ne comprennent pas (aliénation). Lorsqu’une personne est vraiment fatiguée, elle a tendance à voir le côté négatif des choses (cynisme). Lorsqu’une personne est vraiment fatiguée elle a tendance à être de mauvaise humeur et à s’emporter facilement (soupe au lait). Et, finalement, lorsqu’une personne est vraiment fatiguée, elle n’est vraiment pas disposée à faire des changements. Il m’est de plus en plus évident que la façon dont le travail par quarts affecte les travailleurs détermine, en grande partie, leur façon d’envisager leur carrière. Dans le chapitre précédent, nous avons parlé du stress et du fait que les travailleurs de jour et les travailleurs de quarts doivent composer 13 avec les mêmes stresseurs. J’ai aussi affirmé que la qualité des stresseurs était significativement différente en raison de l’ajout d’un autre stresseur, soit la fatigue chronique. Je crois que la même chose s’applique à ce niveau-ci de l’analyse. Je ne dis pas que, dans leur carrière, les travailleurs de jour ne passent pas par une confrontation à la réalité et un point de transformation. Ce que je dis c’est que les travailleurs de quarts passent par ces étapes dans cet état de fatigue mentale et physique qui accompagne le fait de travailler à l’encontre de ses rythmes biologiques. Cette relation devient encore plus évidente lorsque nous comprenons le rôle des rythmes biologiques, du sommeil et du travail par quarts. 4 Les rythmes biologiques et le travail par quarts Pratiquement toutes les dimensions de notre être sont contrôlées par des rythmes biologiques prévisibles qui suivent un pattern particulier. Nous sommes des animaux soumis à des rythmes de la même façon que tout ce qui compose l’univers est soumis à des rythmes. L’étude des rythmes corporels est relativement récente. Notre compréhension des mécanismes sous-jacents à ces rythmes a grandement changé au cours des vingt dernières années. La plupart des gens sont intéressés par l’étude de l’horloge biologique. Lorsque nous travaillons par quarts, plus particulièrement un quart de soir (15 h à 23 h) ou un quart de nuit de huit, dix ou douze heures, nous travaillons à l’opposé de nos rythmes biologiques (en réalité, nous vivons une vie qui va à l’encontre de ces rythmes). L’animal humain est diurne de nature. Nous avons été conçus pour nous lever avec le soleil et dormir la nuit. Nous ne sommes pas nocturnes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de personnes de type soir ou «couche-tard» mais la majorité d’entre nous sommes des créatures de jour. Essentiellement, nous sommes des animaux circadiens, i.e. que nos rythmes biologiques ont un cycle d’environ 24 heures. D’où le terme «circadien» qui vient de circa (environ) et de dia (jour). Nous avons d’autres rythmes dont le cycle est inférieur à 24 heures. Le sommeil en est un. Nous appelons ces rythmes plus courts «ultradiens». Nous avons aussi des rythmes dont le cycle dépasse 24 heures. Il s’agit des rythmes «infradiens» et le cycle menstruel de la femme en constitue l’exemple parfait. Au cours des ans, la question d’une horloge maîtresse contrôlant tous les cycles du corps humain a fait l’objet de nombreux débats. Les recherches récentes ont clairement démontré que nous avons plusieurs systèmes oscillatoires avec leurs propres horloges situées à tous les niveaux, y compris 14 le niveau cellulaire. Les chercheurs s’entendent pour dire que le noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus est l’endroit physique où se situe l’horloge qui régit les cycles circadiens. La température centrale du corps est intimement liée à notre capacité de travailler et de dormir. Cette température se mesure généralement à l’intérieur de l’oreille (cavité tympanique) et elle est loin d’être stable. Elle varie de 0,5 à 2 degrés Celsius sur une période de vingt-quatre heures. Le tableau ci-dessous donne un aperçu de la variation de la température centrale sur une période de 24 heures. Aux alentours de 22 h, la température centrale commence à baisser et nous commençons à avoir sommeil. Au moment où la température diminue et que nous allons nous coucher pour la nuit, la tension artérielle diminue, les fréquences respiratoire et cardiaque diminuent également, la digestion et le débit urinaire ralentissent. Maintenant que toutes ces fonctions sont ralenties à un minimum, le corps peut s’attarder à son travail de réparation par le biais du sommeil profond à ondes lentes (Je parlerai davantage de cela au chapitre suivant) et faire la synthèse des informations de la journée et les mettre en mémoire par le biais du sommeil paradoxal. Notre température centrale atteint son point le plus bas vers 4 h du matin. C’est ce qu’on appelle le nadir circadien ou creux circadien. Vers 5 h du matin, la température centrale commence à augmenter et c’est le signal qui dit au corps de se réveiller et commencer sa journée. La température continue d’augmenter jusqu’à 12 h (midi) environ, moment où elle atteint un sommet. À un moment donné dans l’après-midi, la température subit une chute et on fait souvent référence à cela en parlant du «coup de pompe d’après dîner». Il est important de noter qu’il n’est pas nécessaire d’avoir mangé pour le ressentir et la plupart des gens sentent quand cette chute se produit. Si vous êtes déjà revenu à la maison dans l’après- 15 midi en vous disant : Je vais aller au lit de bonne heure, vous savez ce que c’est que de ressentir le coup de pompe de l’après-midi. Mais qu’arrive-t-il vers 20 h ? La plupart d’entre nous ressentons ce qui est appelé un second souffle. En fait, notre température centrale remonte à nouveau. Toutefois, cela ne dure pas longtemps. Vers 22 h, la température recommence à baisser et nous voyons de nouveau apparaître la courbe. Ce qui devrait vous sembler l’évidence même, c’est que les activités normales de la journée sont en harmonie avec les rythmes de la température centrale. La température centrale détermine aussi comment le travailleur va répondre aux quarts de jour et de nuit. Les personnes du type jour, les «lève-tôt, oiseaux du matin ou alouettes», ressentent le nadir ou creux circadien plus tôt que la plupart des gens, soit généralement vers 2 h 30 du matin. C’est la raison pour laquelle les personnes du type jour ont tendance à avoir beaucoup plus de difficulté avec le quart de nuit. D’un autre côté, les personnes du type nuit, les «oiseaux de nuit ou les hiboux» ont tendance à ressentir le nadir plus tard le matin, soit vers 5 h 30, ce qui les rend plus aptes pour le quart de nuit. Un test a été conçu par Horne et Ostberg pour évaluer les types de jour ou de nuit. Vous voudrez peutêtre consulter mon site Web et y jeter un coup d’œil pour voir où vous vous situez. Lorsque nous travaillons la nuit et essayons de dormir le jour, nous sommes littéralement désynchronisés par rapport à nos rythmes corporels. Nous travaillons lorsque notre température centrale diminue et que notre corps ne demande qu’à dormir. La plupart des travailleurs de quarts vivent une «heure d’enfer» quelque part entre 2 h et 5 h du matin, moment où ils feraient n’importe quoi pour dormir un peu. De nombreux rapports font état de choses étranges qui arrivent aux travailleurs de quarts pendant cette «heure d’enfer». Leur habilité à penser clairement et à prendre des décisions est grandement diminuée. La mémoire à court terme est affectée; les travailleurs oublient ce qu’ils ont fait ou ce qu’ils doivent faire. Un des rapports suggère que, durant cette période, notre acuité visuelle est en grande partie diminuée. En termes plus simples : nous devenons maladroits. Les travailleurs de nuit font aussi l’expérience de ce que j’appelle les «hallucinations périphériques», soit le fait de voir des choses à partir du coin des yeux et se demander de quoi il s’agit. Tout ce divertissement nous est offert parce que nous sommes désynchronisés par rapport à nos rythmes corporels normaux. 16 Plusieurs ont des nausées pendant cette «heure d’enfer». Pas à un point tel qu’ils vomissent, bien que certains le fassent, mais un sentiment de malaise en général. Vous ne serez pas étonné si vous digérez mal un lourd repas consommé vers cette heure. Tout à fait par accident, j’ai découvert que si je consommais des aliments riches en potassium à ce moment, mon malaise disparaissait et mes envies de manger des aliments sucrés diminuaient significativement aussi. C’est lors du retour à la maison que les travailleurs de quarts ressentent tout l’impact d’être demeurés éveillés pendant toute la durée d’un nadir ou creux circadien. Tous ont connu, à un moment ou l’autre, l’excitation de retourner à la maison après le quart de nuit. Lorsque nous arrivons à la maison et nous mettons au lit, notre température centrale a commencé son ascension vers son point culminant qui sera atteint vers 12 h (midi). Il n’est donc pas étonnant de constater que la plupart des travailleurs de quarts ont des troubles du maintien du sommeil ou de la difficulté à rester endormis. Étant donné que nos rythmes continuent leurs cycles indépendamment du fait que nous dormions ou pas, il est facile de conclure que des quarts de nuit permanents pourraient représenter ce qu’il y a de mieux en matière de travail par quarts et adaptation biologique. Or, ma recherche et celles de d’autres chercheurs ont démontré que près de 97 % de ceux qui travaillent la nuit sur une base permanente vont au lit le soir lors de leurs jours de congé. Ainsi, leurs jours de congé deviennent leurs quarts de jour. En vérité, ils sont donc des travailleurs de quarts rotatifs autant que ceux qui font deux ou trois quarts rotatifs. Dormir à l’encontre de nos rythmes biologiques se traduit en un sommeil fragmenté et la fatigue à l’état de veille est le résultat du sommeil fragmenté. C’est probablement le bon moment de traiter du sommeil et du travailleur de quarts. 5 Le sommeil et le travailleur de quarts Le sommeil est un mystère pour la plupart des gens, il est voilé de rêves et nous présente un univers où le temps n’existe pas. Aux yeux des chercheurs, le sommeil est non seulement un mystère mais une dimension fascinante remplie d’aspects inconnus de la condition humaine. Du côté des infirmières, le sommeil est un précurseur reconnu de la guérison du patient. Toutefois, pour l’infirmière qui travaille par quarts, le sommeil est souvent illusoire, court et frustrant, et elle en sort souvent plus fatiguée qu’avant de se mettre au lit. 17 Le sommeil n’est pas un état végétatif; et ce n’est certainement pas une chose que nous devons percevoir comme une caractéristique négative de la vie. C’est un processus actif sans lequel nous ne pourrions vivre. Pourtant, la plupart d’entre nous trichons par rapport à notre sommeil. Je n’ai jamais entendu qui que ce soit dire : «J’ai un rapport vraiment très important à terminer avant demain matin, je crois que je vais aller dormir.» Certaines personnes proclament que le sommeil est une perte de temps et qu’elles auront amplement de temps pour dormir lorsqu’elles seront mortes ! En vérité, nous avons tous besoin d’un sommeil de qualité. Cela ne signifie pas nécessairement que nous avons besoin davantage d’heures de sommeil. Oui, il est vrai que nous avons besoin d’une certaine quantité de sommeil pendant une période de 24 heures. Il est vrai aussi qu’il y a de petits et de gros dormeurs. Le facteur crucial ici n’est pas le nombre d’heures que vous dormez mais plutôt la qualité de votre sommeil. Contrairement aux histoires si souvent racontées dans les tabloïdes achetés au supermarché, tous les mammifères, y compris les dauphins, ont besoin de sommeil. Ce besoin biologique est remarquablement stable en quantité et en qualité. Or, le travail par quarts affecte ces deux aspects du sommeil et cela se traduit en problèmes importants pendant l’état de veille. Afin de bien comprendre l’impact du travail par quarts sur le sommeil et les périodes de veille subséquentes, nous devons comprendre la structure du sommeil. Dans un sens général, le sommeil peut être observé sous l’angle de deux grands stades, soit le sommeil rapide ou paradoxal (mouvements oculaires rapides) et sommeil lent ou profond (absence de mouvements oculaires rapides). Le sommeil rapide ou paradoxal se caractérise par d’importants changements physiologiques accompagnés d’une accélération des fonctions corporelles : les fréquences cardiaque et respiratoire augmentent, les ondes cérébrales sont plus rapides et les mouvements oculaires sont plus prononcés. C’est le schéma classique du sommeil paradoxal (période où l’on rêve). Le sommeil lent ou profond (absence de mouvements oculaires rapides) se divise en quatre étapes et chacune se caractérise par des ondes cérébrales différentes qui peuvent être mesurées grâce à un électroencéphalogramme. Généralement, la polysomnographie standard (enregistrement des variables physiologiques du sommeil) comprend aussi l’électrooculographie (EOG – enregistrement des mouvements 18 oculaires) et l’électromyographie (EMG – activité électrique du muscle). Grâce à ces trois mesures seulement (poly, EOG, EMG), il est possible d’observer que la qualité du sommeil change à chaque stade. Jusqu’à maintenant, les mécanismes sous-jacents à ces changements demeurent un mystère. Mais il est très clair que chaque étape est indépendante et présente des changements subtils relativement aux fonctions corporelles et chacune fait partie d’un cycle prévisible. Le schéma ci-dessous illustre comment ces cycles interagissent. État de veille : La plupart d’entre nous savons quand nous sommes éveillés. Toutefois, à mesure que nos fonctions circadiennes commencent à ralentir selon le moment de la journée, l’envie de dormir se fait sentir. Nous commençons à nous étirer, à bailler, à penser à se mettre au lit. La plupart des gens suivent un rituel avant d’aller au lit. Lorsque nos enfants étaient jeunes, nous aurions pu régler nos montres selon l’étape de notre rituel avant la mise au lit. Il y avait d’abord le bain aux enfants suivi des petites histoires, après quoi nous prenions une petite collation. Nous nous rendions ensuite à la salle de bains pour nous laver les dents et finalement (si tout allait bien) nous nous mettions au lit. Venait ensuite un deuxième rituel, celui de dire «bonsoir». Tout cela faisait partie du rituel. Il est intéressant de remarquer que les études suggèrent que plus une personne est ritualisée (i.e. elle fait toujours les mêmes choses avant d’aller au lit), le mieux elle dort. Cela laisse une grande partie des travailleurs de quarts en plan lorsqu’ils finissent leur quart de nuit. Il n’y a pas de rituel ! L’hypnagogique : Il y a plusieurs différences entre les études sur le sommeil des Européens et celles des Nord-Américains (particulièrement des Américains). La principale différence est dans la façon utilisée par les chercheurs pour parler du processus d’endormissement. La plupart des chercheurs, qu’importe d’où ils viennent, reconnaissent que, au moment où la personne entre dans le sommeil, il y a déjà une diminution constante de l’activité relativement aux fonctions corpo- 19 relles. Selon certains, cela peut représenter jusqu’à 50 %. En d’autres mots, le corps commence à ralentir : les muscles se détendent, les fréquences cardiaque et respiratoire diminuent, les yeux se ferment. Bien que les chercheurs américains n’aient pas tendance à inclure cette étape dans leur évaluation générale du sommeil, les Européens et plusieurs chercheurs canadiens y réfèrent depuis longtemps en parlant d’état hypnagogique. En ce qui me concerne, et c’est aussi le cas de plusieurs des travailleurs de quarts que j’ai formés, l’hypnagogique est essentiel pour comprendre la bonne hygiène du sommeil. Plusieurs cliniciens du sommeil pensent que l’acte de s’endormir est semblable à celui d’accéder à un programme d’ordinateur; ainsi, le «look» de votre sommeil va dépendre du programme auquel vous accédez. Il y a vraisemblablement assez d’articles démontrant les effets adverses d’apporter au lit les éléments stressants en non résolus de la journée. Ne pas s’occuper de ces stresseurs se traduit en sommeil fragmenté (la structure naturelle du sommeil est morcelée). Il y a aussi suffisamment de données pour démontrer que plus le degré de fragmentation du sommeil est élevé, plus le degré de fatigue sera élevé pendant l’état de veille. Par ailleurs, il y a des études qui suggèrent clairement que l’apprentissage d’une bonne technique de relaxation – et s’en servir comme rituel d’endormissement – augmente la qualité du sommeil et freine la fragmentation. Stade 1 du sommeil : Le stade 1 du sommeil est la première d’une séquence d’étapes. Chacune dure de 90 à 100 minutes. Contrairement à nos cycles circadiens, le sommeil est un cycle ultradien, ce qui signifie qu’il est d’une durée inférieure à vingt-quatre heures. Le stade 1 présente un EEG particulier et se caractérise par une diminution des fréquences cardiaque et respiratoire ainsi que par des mouvements oculaires lents. La durée de cette étape varie entre cinq et dix minutes et représente environ 5 % de la durée totale du sommeil. Stade 2 : 20 Nous faisons souvent référence au stade 2 du sommeil en parlant de sommeil «penseur». Si vous réveillez un sujet au moment où il a atteint cette étape et lui demandez ce qu’il ressentait avant d’entendre son nom, il répondra invariablement qu’il ne dormait pas mais qu’il était en train de penser à quelque chose. Pendant les premiers moments de ce stade, il arrive que les individus entendent des voix, voient des éclairs de couleur ou ont la sensation de tomber, un peu comme dans un rêve. La dernière expérience est généralement accompagnée d’un mouvement réflexe (sursaut). C’est une étape où le sommeil est léger et où il est facile de réveiller le dormeur. Si vous avez déjà eu la sensation de ne pas avoir dormi de la nuit et n’avez fait que penser, penser, penser, alors votre nuit de sommeil a été dominée par la conscience d’avoir été au stade 2. Très souvent, les personnes qui sont en service de garde ou celles qui dorment mais pourraient être appelées au travail à tout moment (ambulanciers ou pompiers) présentent ce que l’on appelle un sommeil «anticipatoire». Plusieurs parents qui attentent que leur adolescent rentre à la maison le soir ou qui ont un bébé dans la chambre voisine connaissent très bien cet état. Lorsque je travaillais le quart de nuit, cette étape du sommeil était ma némésis. Lorsque j’arrivais à la maison au petit matin et que je sautais au lit, le sommeil était alors profond et délicieux. Toutefois, vers 11 h 30, ma vessie faisait sentir sa présence et je me levais pour ce que j’appelais «l’appel de mi-journée de la nature». Je ne sais pas ce qui exactement me réveillait mais lorsque je revenais au lit, je commençais à bouger et à tourner, ce qui est si souvent associé au stade 2. Généralement, après une heure environ à gigoter, je disais au diable avec tout cela et je me levais. Stades 3 et 4 ou sommeil lent : Selon plusieurs chercheurs, c’est pendant le sommeil lent (caractérisé par des ondes lentes) que le corps se répare. On fait souvent référence à ce stade en parlant de sommeil delta car l’activité cérébrale se caractérise alors par des ondes delta. C’est pendant le sommeil lent que plusieurs cycles biochimiques sont initiés ou stabilisés. Je tiens à souligner l’importance de ce stade de façon très simple. Un chercheur britannique a jugé ce stade suffisamment important pour dire que tout cycle de sommeil qui comprend les stades 3 et 4 peut être considéré comme sommeil fondamental. Il existe des données étonnantes relativement à ce stade du sommeil et toutes pointent vers une conclusion très claire : lorsque ce stade est perturbé (fragmenté), l’animal humain en paie le prix physiquement et ressent un degré de fatigue débilitant. Sommeil rapide ou paradoxal Plusieurs personnes font référence au sommeil paradoxal en l’appelant le stade des rêves. Or, cela se révèle être une fausse appellation car certaines études ont prouvé que nous rêvons pendant toute la nuit; il semble toutefois plus facile de se remémorer les rêves qui surviennent pendant 21 le sommeil paradoxal qui est accompagné de mouvements oculaires rapides. Le sommeil paradoxal semble être très important à notre bien-être psychologique. Ainsi, lorsque la durée du sommeil paradoxal est suffisante pendant la nuit de sommeil, la plupart des gens mentionnent se sentir revigorés au réveil. Cependant, lorsque le sommeil paradoxal est fragmenté ou écourté, les gens mentionnent se sentir plus irritables, de mauvaise humeur, et soupe au lait (est-ce que cela vous rappelle quelque chose ? Pensez à la personnalité du travailleur de quarts). Avant de passer à la prochaine section, je veux me devancer et dire que, de façon générale, les travailleurs de quarts n’ont pas assez de sommeil lent et de sommeil paradoxal. Une partie de l’explication se trouve dans la relation entre le sommeil et la température centrale. Lorsque nous dormons le jour, nous sommes littéralement désynchronisés par rapport à nos rythmes circadiens. Il en résulte un sommeil plus court ou un sommeil très fragmenté. Laissez-moi, encore une fois, décrire un cycle normal de sommeil. Sommeil pendant la nuit Comme je l’ai affirmé ci-dessus, le cycle du sommeil humain est une interaction de sommeil où il y a présence de mouvements oculaires rapides (sommeil paradoxal) et sommeil sans mouvements oculaires rapides (sommeil lent). Examinez, encore une fois, le schéma ci-dessous. Vous remarquerez que la personne passe graduellement par les stades du sommeil sans mouvements oculaires rapides jusqu’à ce qu’elle atteigne le stade de sommeil lent (stade 4). La première étape du stade 4 dure environ 30 minutes. Le dormeur repasse ensuite par les stades 4, 3 et 2 du sommeil sans mouvements oculaires rapides pour revenir au stade 1 du sommeil paradoxal. Souvenez-vous que, lorsqu’une personne dort la nuit, presque tout le sommeil caractérisé par des ondes deltas survient dans les premières heures de la période de sommeil. En d’autres mots, le sommeil delta survient habituellement dans 22 les trois ou quatre premières heures de sommeil. Mais voici le hic ! Pour parvenir au stade 4, vous devez passer par les stades 1 et 2 et, si vous êtes dérangé, vous devez tout recommencer. Si vous êtes dérangé plusieurs fois pendant la nuit, il devient alors problématique d’arriver au stade 4. Le sommeil durant le jour Très peu de travailleurs de quarts peuvent s’enorgueillir de dormir aussi bien le jour que la nuit. La qualité du sommeil n’est pas la même pour la plupart. La fragmentation du sommeil est causée en grande partie par l’élévation continue de la courbe de température centrale. Très peu d’études dirigent notre attention à la topologie du sommeil pendant le jour. Pour une raison quelconque, il est présumé que la structure du sommeil pendant le jour est la même que pendant la nuit. Toutefois, si vous faites référence aux recherches de quelques chercheurs européens qui suggèrent que le sommeil delta (ondes lentes – stades 3 et 4) est tributaire du fait que la personne a un cerveau chaud et une température centrale à la baisse, nous pouvons alors présumer que le cycle du sommeil pendant le jour aurait un «look» différent. Si nous considérons le fait que la température centrale continue sa montée le matin, le «look» différent paraît alors raisonnable. Pensez aussi à ceci : la plupart des travailleurs de quarts (pas tous) vous diront qu’ils ont de la difficulté à dormir après 12 h (midi). Ils se lèvent pour aller aux toilettes, reviennent au lit et commencent à bouger et tourner pendant que toutes sortes d’idées leur trottent en tête. Qu’est-ce qui se passe ? La température centrale a alors atteint un sommet et il n’est pas étonnant de voir que les personnes ont de la difficulté à dormir à ce moment. Quel est le résultat final de cette combinaison : température centrale, moment de la journée, et sommeil ? Si notre logique est juste, un sommeil fragmenté est la seule réponse à cette question. N’oubliez pas ce que nous avons déjà déterminé : plus le degré de fragmentation du sommeil est élevé, plus le degré de fatigue est élevé pendant l’état de veille. La fragmentation du sommeil est aussi une conséquence du fait de vivre dans le monde des «normaux». En guise de tentative pour empêcher les visiteurs de sonner à ma porte, il m’a fallu mettre une affiche aux portes de devant et de côté de ma maison et sur lesquelles on pouvait lire qu’un travailleur de quarts était en train de dormir. Toutefois, je ne pouvais pas arrêter l’inclination de mon voisin à tondre 23 son gazon pendant le jour. Voici la réalité : toutes ces choses laissent le dormeur avec très peu, parfois pas du tout, de sommeil lent (stade 4). Même si le sommeil a une durée «normale», la personne sent généralement qu’elle n’a pas récupéré et se sent épuisée physiquement. Nous devons tenir compte d’un autre facteur. Prenez un moment pour retourner au schéma sur les cycles du sommeil. Vous observerez que le sommeil se divise en deux stades précis. Le sommeil paradoxal et le sommeil lent constituent une phase (aussi appelée sommeil fondamental) et le sommeil paradoxal et le stade 2 forment l’autre phase (aussi appelée sommeil optionnel). Si nous présumons que l’architecture du sommeil pendant le jour est la même que pendant la nuit (j’en doute) alors cela signifie que la deuxième partie du sommeil pendant le jour serait dominée par le stade 2 et le sommeil paradoxal. Si nous tenons compte du fait que la plupart des gens qui dorment le jour ont entre deux (2) et trois (3) heures de moins de sommeil que ceux qui dorment la nuit, ils perdraient ainsi la moitié de leur sommeil paradoxal. Le résultat final est quelqu’un qui se sent faible, de mauvaise humeur, irritable, enclin à se sentir déprimé et qui se sent désynchronisé par rapport au monde. Est-ce que cela sonne familier ? Voici maintenant le temps de rassembler tous les morceaux. Dans la prochaine section, je vais revenir sur certains points et je vais vous présenter quelques idées que vous pourrez mettre en pratique. Traitez-vous comme si vous étiez une expérience scientifique et découvrez ce qui vous convient. Qu’importe la stratégie que vous choisissez, laissez assez de temps pour qu’elle fasse ses preuves. L’utiliser pendant deux jours ou trois ne donnera pas grand chose. Souvenez-vous que vous êtes l’ossature du système de soins de santé et vous méritez de bien vous traiter. 6 Désamorcer le travail par quarts 24 Nous avons parlé d’une grande quantité de choses et il s’avère maintenant opportun de revenir sur certaines. J’ai vous ai déjà suggéré que, en qualité de travailleur de quarts, nous devons comprendre que nous sommes soumis aux mêmes stresseurs que tout autre personne. La grande différence est que le travailleur de quarts ressent une fatigue chronique engendrée par un sommeil grandement fragmenté. Veuillez examiner la liste ci-dessous de conseils pour contrer le stress; en bout de ligne, vous êtes la personne qui décide lesquels vous allez mettre en pratique. Conseils pour contrer le stress 1. Ne pas remettre la relaxation à plus tard. Utiliser quotidiennement des techniques de relaxation que ce soit faire une promenade avec votre chien, jouer à la balle, aller prendre un café décaféiné avec un ami. 2. Bien organiser son temps et déléguer les tâches. Prévoir du temps pour les urgences et pour vous. 3. Évacuer le stress en faisant de l’activité physique. L’exercice ne tue pas, au contraire votre sommeil sera meilleur et le sommeil est un des meilleurs remèdes sur terre. 4. Négocier lorsque que c’est possible, sinon accepter que certaines choses ne puissent être changées. Mettre cela en pratique au travail et à la maison mais s’assurer de mettre en œuvre toutes les stratégies nécessaires pour vous aider à gérer un style de vie très stressant. 5. Le sommeil est essentiel pour surmonter le stress. S’assurer de dormir au moins six heures et demie ou sept heures quotidiennement. Si cela est impossible, veuillez consulter votre médecin. 6. La fatigue peut passer inaperçue, particulièrement si vous êtes sous pression. Porter attention et observer si la fatigue affecte votre humeur. 7. Limiter sa consommation d’alcool, de nicotine et de café, particulièrement dans les cinq (5) heures qui précèdent l’heure d’aller au lit. 8. Prendre des repas réguliers. Se fixer un horaire de repas qui est constant pour chaque journée de travail. 9. Dire non maintenant. Ne pas accepter de faire des travaux additionnels non pertinents pendant les heures de la journée. 10. Ne pas ignorer la maladie ou la fatigue ou travailler même si vous vous sentez malade ou fatigué. Aller chercher de l’aide. Parler de vos problèmes avec des membres de la famille, des professionnels ou des amis. Le deuxième facteur important dont nous avons parlé est le fait que, en raison des rythmes biologiques, le travailleur de quarts fonctionne selon un horaire différent de 25 celui du reste du monde. Nous avons ensuite parlé du rôle joué par ces variables dans le sommeil. Je veux maintenant faire ressortir certaines choses que je considère cruciales pour stabiliser votre sommeil et, ainsi, vous redonner un peu de l’énergie que le travail par quarts vous a grugé. Alimentation et le monde du travailleur de quarts La société est presque schizophrène par rapport à ce que nous mangeons i.e. elle se promène d’un extrême à l’autre (les gras sont bons pour vous – les gras vont vous tuer – les glucides sont bons pour vous – les glucides entraînent la prise de poids ou l’obésité et vont vous tuer ) Voici la réalité : nous ne pouvons plus compter sur la société ou les organisations pour lesquelles nous travaillons pour nous aider. Pendant des années, j’ai suggéré aux industries de la production et des services d’examiner la possibilité d’offrir des solutions de rechange en matière d’alimentation saine à leurs travailleurs de quarts et de leur offrir une formation sur les éléments de base de la bonne alimentation. Cette idée a été tuée par la mentalité capitaliste des organisations. Laissez-moi donc vous parlez de ce que j’ai appris au sujet de l’alimentation humaine. Obésité et surpoids : l’épidémie est réelle Au cours des quatre dernières années, j’ai observé une tendance qui me dérange. Le nombre de personnes ayant un surplus de poids est supérieur à celui des personnes ayant un poids-santé selon leur taille et leur type. Ce n’était pas le cas il y a 15 ans, alors que j’enseignais à l’université. Une personne ayant un surplus de poids était l’exception plutôt que la règle. Qu’est-ce qui se passe ? Suis-je hystérique ? Peut-être me suis-je retrouvé à croire tout ce que chaque publication semble dire, notamment que les Nord-Américains deviennent de plus en plus gros. Peut-être devrais-je écouter Paul Campos, auteur controversé du livre : The Obesity Myth: Why America’s obsession with weight is bad for your health. Dans ce livre, il s’en prend à la sur-utilisation de l’indice de masse corporelle, basé sur le ratio poids-taille, pour déterminer le poids-santé. Je peux comprendre pourquoi il est si fâché, c’est qu’il y a très peu de données et la fiabilité de cette mesure, comme indicateur de santé, n’a pas été établie. 26 Je ne suis pas un fanatique de l’alimentation santé et je ne veux pas que vous pensiez que j’ai un corps svelte, mince et ferme. Ce n’est pas le cas. J’ai dû lutter avec mon poids toute ma vie. Fin des années 70 et début des années 80 est la période où j’ai été le plus mince. C’est alors que j’ai découvert que c’était «cool» de faire du jogging. Tous les soirs, je chaussais mes Nike Waffles, j’enfilais mes shorts rouges en rayonne et j’endommageais les articulations de mes genoux au rythme de mes lourdes foulées sur l’asphalte de mon quartier. Les genoux me faisaient mal, mais j’étais mince comme jamais dans ma vie adulte et, d’ailleurs, c’était la chose «cool» du moment. Les durs à cuire s’y adonnent encore et tant mieux pour eux ! Je remercie le ciel de n’avoir jamais eu à me battre avec mes fils pour les convaincre d’aller jouer dehors et je suis aussi reconnaissant et content d’avoir pris conscience de l’importance de l’environnement à la fin des années 80. Ce sont mes allergies, quelque chose dont j’attribuais le blâme au travail par quarts, qui m’ont démontré l’importance de manger des aliments biologiques produits localement. Il y a quelques années, j’ai rencontré une personne qui a changé ma vie de plusieurs façons. Grâce à ses suggestions, j’ai commencé à manger des aliments biologiques produits localement et j’ai arrêté de manger des aliments contenant des colorants et des agents de conservation. J’ai arrêté d’utiliser des produits contenant toute combinaison de dérivés de pétrole, propulseur d’aérosol ou produits dont l’odeur est forte. J’ai commencé à marcher pendant 40 minutes, cinq fois par semaine. Les allergies et les éruptions cutanées qui m’avaient fait souffrir pendant la majeure partie de ma vie, ont disparu comme par magie. J’ai commencé à mieux dormir et mon énergie pendant l’état de veille a augmenté. Plus important encore, la fréquence et l’intensité de mes migraines ont été réduites de moitié et c’est ainsi depuis plusieurs années. Toutefois, ce n’était pas la première fois que je me rendais compte du pouvoir d’une alimentation appropriée sur la santé. Il y a trente ans, j’ai fait la même découverte et c’est grâce au fait que je travaillais la nuit. Tenir compte du travail par quarts La transition entre être un travailleur de quarts et étudier les travailleurs de quarts s’est faite lentement. Au cours des dix dernières années, j’ai effectué trois études 27 importantes mettant en jeu les travailleurs de quarts de trois industries différentes. Dans chacune de ces études, il y avait une série de questions au sujet de l’alimentation et de la santé. Dans les trois études, 76, 71 et 82 % respectivement des répondants ont mentionné avoir senti leur santé se détériorer significativement depuis qu’ils avaient commencé à travailler par quarts. De façon similaire, 77, 69 et 73 % des répondants ont mentionné avoir pris ou perdu une quantité importante de poids et la majorité de ces pourcentages reflètent les personnes qui ont pris du poids. Il n’est pas étonnant d’observer que 86, 77 et 72 % des sujets mentionnent que la qualité de leurs habitudes alimentaires s’est détériorée significativement. La statistique la plus intéressante à mes yeux est le nombre de répondants (38, 31 et 27 %) ayant indiqué que leurs allergies se sont aggravées significativement depuis qu’ils ont commencé à travailler par quarts. Les données que je viens de présenter ne devraient pas surprendre personne, particulièrement ceux et celles qui travaillent par quarts. Je me souviens ce que c’était pour moi de travailler par roulement. Lors du quart de nuit, vers quatre heures du matin environ, j’avais des maux d’estomac. J’avais la nausée, non pas au point de vomir, mais presque. La seule façon d’arrêter cette sensation était de manger. Une fois après avoir découvert ce truc, il ne m’a pas fallu longtemps avant que je me prépare un buffet. Le quart de nuit devint une période rallongée de grignotage excessif. S’il m’arrivait de manquer de nourriture, il y avait toujours les machines distributrices pour me fournir un vaste assortiment de chips et de tablettes de chocolat. Pendant mes jours de congé, et en raison de la fatigue abrutissante, la seule chose que je voulais faire était de m’asseoir quelque part, regarder la télé et grignoter. La nourriture satisfaisait le besoin d’avoir quelque chose dans la bouche plutôt qu’une faim véritable. Je savais qu’il fallait que je me lève et fasse une activité quelconque mais la volonté n’y était pas. Lorsque, effectivement, je me levais et que je sortais, c’était généralement pour aller à l’épicerie me chercher d’autres choses à grignoter. Manger sainement ne faisait pas partie de mon horizon. Dans ma tête, le travail par quarts était à blâmer. Mon humeur changeante, un sommeil non réparateur et la fatigue chronique étaient devenus des constantes dans ma vie. J’acceptais cela tout simplement en me disant qu’il s’agissait de sous-produits associés à ce genre de travail. Un soir, alors 28 que je travaillais dans le laboratoire du sommeil, j’ai lu un article rédigé par Charles Ehret. J’ai appris, peu de temps après, qu’il était chercheur scientifique aux laboratoires Argonne en Illinois et qu’il s’intéressait principalement à la biologie de l’adaptation. Une partie de son travail consistait à faire des recommandations aux travailleurs de quarts de l’industrie électronucléaire après le désastre évité à l’installation de Three Mile Island. Dans une série d’articles, il compare l’expérience du travail par quarts à celle des voyageurs qui traversent plusieurs fuseaux horaires. Dans tout ce que j’avais lu jusqu’à présent, il était le premier à parler de décalage par rapport aux quarts et de le comparer au décalage horaire des voyageurs. La partie la plus excitante de son travail est lorsqu’il affirme que la combinaison d’une exposition à la lumière et d’une alimentation saine pourrait probablement être utilisée pour aider les travailleurs à s’adapter aux quarts de nuit tout comme cette combinaison aide les gens à s’adapter rapidement à un nouveau fuseau horaire. Avant de décrire cette théorie alimentaire, j’aimerais que vous gardiez en mémoire que, selon la plupart des gens, il faut compter au moins un mois (c’est aussi mon expérience) pour vraiment observer une différence. Toutefois, qu’importe le résultat, vous devez vous traiter comme si vous étiez une expérience scientifique. Découvrez ce qui donne des résultats pour vous. Rédigez un journal personnel relatif à votre alimentation et à votre sommeil. Afin de vous aider, j’en ai élaboré un et vous le trouverez à l’Annexe 2. Il est suffisamment explicite. Si votre médecin vous a demandé de suivre un régime alimentaire particulier, n’y changez rien. Théories alimentaires de Ehret Ehret base son concept sur plusieurs hypothèses. Premièrement, les protéines se métabolisent lentement (fournissent ainsi de l’énergie plus tard). Deuxièmement, les protéines ont tendance à fragmenter le sommeil et, finalement, les glucides stabilisent le sommeil. La plupart de ses hypothèses trouvent appui, de façon générale, dans la littérature sur le sommeil mais souvenez-vous qu’il combine la diète avec l’utilisation de la lumière (photothérapie). J’en parlerai plus en détails plus loin dans ce chapitre. 29 Ehret répond à trois questions : 1) Quels sont les besoins nutritionnels à la suite d’une période de sommeil ? 2) Quels sont les besoins vers le milieu de la période de veille? et 3) Quels aliments favorisent un meilleur sommeil ? Ce système exige d’oublier les appellations traditionnelles des repas. Oubliez le petit déjeuner, le dîner ou lunch et le souper. J’ai toujours trouvé difficile de parler de petit déjeuner à 16 h ou de sortir du lit alors qu’un dîner au rosbif est sur la table. Pour que ce système réussisse, vous devez apprendre à diviser la période où vous êtes éveillé (période de veille) en tiers. Ainsi, qu’importe l’heure où vous vous levez, vous êtes dans le premier tiers de votre période de veille. Essayez de déterminer l’heure approximative où vous irez au lit. Votre période de veille se situe entre l’heure où vous vous levez et l’heure où vous vous couchez. Divisez maintenant cette période de temps en tiers. Le premier tiers. Selon les travaux d’Ehret et ceux de plusieurs nutritionnistes, pendant le premier tiers de la période de veille nous avons besoin à la fois de protéines et de glucides. Des études récentes ont démontré que tous les glucides ne sont pas métabolisés de la même façon. Des recherches préliminaires suggèrent qu’il est plus avantageux de consommer des glucides à faible indice glycémique (absorbés lentement). Cela me semble une bonne suggestion considérant l’abondance des recherches démontrant que, en tant que société, nous avons développé une dépendance aux glucides à index glycémique élevé (absorbés rapidement). Le deuxième repas de la période de veille devrait être riche en protéines et faible en glucides. Il est important de remarquer que cela ne signifie pas qu’il faille vous asseoir et prendre un gros repas, cela signifie seulement que le repas renferme plus de protéines que de glucides. J’ai toujours utilisé un ratio de 70/30. Le dernier repas de la période de veille est littéralement le repas qui vous accompagnera au lit. Ce repas doit être riche en glucides (indice glycémique faible) et faible en protéines. De nombreuses études démontrent que les glucides augmentent la durée du sommeil lent (ondes lentes) et si nous croyons l’hypothèse de James Horne selon laquelle le sommeil lent (fondamental) est celui qui permet au corps de se restaurer, alors il semble pertinent de s’assurer d’en avoir le plus possible. Le tableau ci-dessous vous permettra de comprendre plus facilement le facteur temps. 30 Temps Composition du repas Premier tiers de la période de veille (1er repas) Équilibre entre protéines et glucides Deuxième tiers de la période de veille (2e repas) Riche en protéines Faible en glucides Dernier tiers de la période de veille (3e repas) Riche en glucides Faible en protéine De toute évidence, ce scénario convient mieux à la personne qui prend trois repas par jour. Or, les personnes qui grignotent peuvent aussi bénéficier du système. J’ai récemment commencé à prendre des repas plus légers et de façon plus fréquente pendant ma période de veille. Tout ce dont je dois me souvenir c’est où j’en suis dans ma période de veille et manger en conséquence. Si ce petit manuel rejoint autant de travailleurs de quarts que je le souhaite, nous pourrons probablement recueillir assez de données pour affirmer que ce programme est avantageux pour la plupart des gens. Caféine Je ne suis pas ici pour vous dire d’arrêter de consommer des boissons contenant de la caféine. J’aimerais toutefois vous donner de simples informations sur la caféine. Dans le contexte culturel nord-américain, la caféine est quelque chose que nous utilisons pour nous donner un nouvel élan (nous stimuler). Combien de fois avez-vous entendu une personne dire qu’elle ne peut rien faire le matin avant d’avoir pris son café ou son thé ? Effectivement, la caféine vous donne un relent d’énergie mais jusqu’à un certain point. La caféine est partout autour de nous. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit de la substance psychoactive préférée. Après le pétrole, c’est la denrée la plus importante du commerce mondial. Les boissons gazeuses sont maintenant au premier rang des boissons les plus populaires en Amérique du Nord et la plupart contiennent de la caféine. Les groupes faisant le commerce des boissons évaluent à environ 56 gallons la consommation annuelle (par personne) de boissons gazeuses. Généralement, on pense que la caféine se retrouve dans le café, le thé, les boissons gazeuses et le chocolat. Or, elle se retrouve aussi dans plusieurs ordonnances, les 31 médicaments antidouleur sans ordonnance, les médicaments pour le rhume et les pilules pour maigrir. Tout comme le sucre, la caféine vous donne une poussée d’énergie initiale. C’est un dérivé de la xanthine qui stimule chimiquement le système nerveux central, le cœur, les muscles volontaires et la sécrétion d’acide gastrique. La caféine est absorbée rapidement et les concentrations plasmiques atteignent un sommet environ 90 minutes après la consommation. La caféine stimule la sécrétion d’adrénaline et lorsque cette sécrétion est terminée, la personne ressent une chute d’énergie importante. C’est alors que nous commençons à regarder autour pour une autre tasse de Java. Certaines personnes sont moins affectées par la caféine. Toutefois, il est important que le travailleur de quarts apprenne à bien utiliser la caféine et évite d’en abuser. En général, il faut huit à dix heures pour éliminer 85 milligrammes de caféine de son corps. Or, il suffit de 230 milligrammes de caféine dans votre corps pour que la qualité de votre sommeil en souffre significativement. Je suis sûre que certains parmi vous êtes assis en train de vous dire : «Le café ne me dérange pas, je peux en boire juste avant d’aller me coucher et je n’ai aucune difficulté à m’endormir». J’ai entendu cela maintes fois. Or, la plupart des gens ne se rendent pas compte que ces commentaires visent l’endormissement et non pas le maintien du sommeil. En deux mots, la caféine entraîne un sommeil plus fragmenté. Et, comme nous l’avons déjà souligné : plus le degré de fragmentation du sommeil est élevé, plus le degré de fatigue est élevé pendant la période de veille. La raison est relativement simple à comprendre. La recherche a démontré l’effet inhibiteur de la caféine sur l’adénosine, une substance neurochimique qui entraîne la venue du sommeil. Lorsque nous consommons de la caféine, nous ne pouvons pas sentir notre fatigue et nous avons de la difficulté à nous endormir. Boire de la caféine six à huit heures avant d’aller au lit augmente nos chances de bouger et tourner pendant la nuit, diminue la durée du sommeil lent (ondes lentes), augmente le temps nécessaire pour tomber endormi, diminue la durée totale du sommeil et augmente le nombre de réveils pendant la nuit. 32 Substance Nombre par jour Café instantané ou au percolateur (en moyenne 100mg pour 8 oz ou 225ml) Thé glacé ou régulier (en moyenne 60mg pour 8 oz ou 225ml) Boissons gazeuses avec caféine (en moyenne 55mg pour 6 oz ou 180ml, petite cannette de Coke) Tablettes de chocolat (en moyenne 20mg par tablette, format normal) Chocolat chaud ou lait au chocolat (en moyenne 6mg pour 8 oz ou 225ml) Consommation totale 100x_____=_______ 60x_____=_______ 55x_____=________ 20x_____=________ 6x_____=________ Total pour une journée normale = Alors, combien consommez-vous de caféine en une journée ? Soyez honnête…! Les gras et les fibres Avec la fascination actuelle pour les régimes faibles en glucides, il est étonnant de voir que certaines personnes accordent encore de l’importance au rôle des fibres et des gras dans leur alimentation. Dans ce guide, j’ai essayé de me tenir éloigné de tout ce qui semble une folie passagère. On sait peu de choses au sujet de l’effet direct des gras et des fibres sur la qualité du sommeil. Presque tous les experts dans le domaine du sommeil et de la santé soulignent l’importance de diminuer le taux de cholestérol sanguin. Or, les études sont peu abondantes et celles qui existent sont source de confusion. Des données préliminaires suggèrent qu’un niveau élevé de cholestérol et de sucre dans le sang diminue la qualité de la période de sommeil. Cela s’applique aussi à la consommation d’alcool avant d’aller au lit. L’alcool a le même effet que la caféine dans le sens qu’il entraîne aussi un sommeil plus 33 fragmenté. Je crois que nous avons passé suffisamment de temps à parler d’alimentation. J’aimerais maintenant parler de l’environnement de la chambre à coucher. La chambre «chronohygiénique» Lorsque je parle de «chronohygiène» (chrono = temps + hygiène = santé) je me réfère à ce qu’une personne peut faire pour que ses cycles de sommeil demeurent stables. Plusieurs choses peuvent être faites. Le rituel d’endormissement Revenez au stade hypnagogique qui précède le sommeil et souvenez-vous qu’à ce moment, j’ai mentionné que plus une personne est ritualisée mieux elle dort. À titre d’exemple, j’ai parlé des rituels de la mise au lit des enfants et combien ils réagissaient bien à cela. Voilà donc une façon de programmer votre cerveau et votre corps au sommeil. Un bain chaud favorise le sommeil pour un très grand nombre de personnes. Bien que ce soit encore spéculatif, un chercheur suggère que le réchauffement passif du système suivi d’un refroidissement en serait la raison. Est-ce que cela sonne familier ? Je ne soulignerai jamais assez l’importance de ces rituels avant la mise au lit. Faites toujours les mêmes choses avant d’aller au lit, qu’importe l’heure où vous vous couchez. Qu’importe ce que vous faites, il s’agit d’un rituel et c’est la clé. J’ai observé ma partenaire pendant des années et, de façon constante, elle a tiré avantage d’un rituel d’endormissement. Elle commence par une petite collation de glucides à faible indice glycémique, généralement un fruit. Environ 20 minutes plus tard j’entends l’eau du bain. Très peu de temps après son bain j’entends la porte de la chambre se refermer et elle est endormie. Qu’importe l’heure où nous revenons à la maison après une sortie, le rituel demeure le même. Je suggère de continuer le rituel au lit. Prenez le temps d’apprendre une technique de relaxation et utilisez-la pour vous endormir. Vous pouvez trouvez, en anglais sur mon site Web, la variation St. Jean de la technique de Jacobson. Vous n’avez rien à perde! 34 Le lit Quelques règles s’imposent lorsque vous choisissez la surface sur laquelle vous allez dormir. Premièrement, les études ont démontré que les matelas excessivement durs perturbent le sommeil de la plupart des gens. Deuxièmement, et probablement le plus important, votre lit devrait être ce que vous avez de meilleur en fait de mobilier dans votre maison. Je suis toujours étonné d’observer que les gens n’hésitent pas à payer 2 000 $ pour un ensemble de salon, ils le recouvrent d’un plastique ou d’une jetée et ne laissent personne s’asseoir dessus. Or, ils s’achètent un matelas qu’ils paient 150 $, dorment dessus pendant 15 ans puis, ils n’arrivent pas à comprendre pourquoi ils se sentent si fatigués au réveil. Il n’y a pas de règle simple pour déterminer le type particulier de lit pouvant convenir à tout le monde. Vous devez faire des essais. Il y a plusieurs magasins qui vendent des lits qui, une fois le contrat d’achat signé, vous laisseront essayé un matelas pendant un mois avant de choisir un modèle particulier. Toutefois, pour la plupart des couples, le même matelas ne convient pas nécessairement à chacun. Je connais de plus en plus de couples qui choisissent des matelas munis de mécanismes pour régler la fermeté de chaque moitié et ainsi ils peuvent avoir le degré de fermeté qui convient à chacun. Je ne peux pas dire que je suis un grand amateur des matelas contenant de l’air ou de l’eau parce qu’il n’existe pas de données scientifiques claires prouvant qu’ils sont meilleurs que nos traditionnels matelas à ressorts de bonne qualité. Je connais d’autres couples qui ont simplement acheté deux matelas séparés et les ont placés côte à côte. Je me suis fait poser des questions très souvent au sujet des nouvelles tendances en matière de matelas. Les nouveaux matelas de mousse (qui, selon le fabricant, viennent de la NASA) semble, en effet, de plus en plus populaires mais, encore une fois, la recherche est plutôt rudimentaire dans ce domaine et il est fort probable que vous devrez faire votre propre essai avec celui-là aussi. Le bruit Nous ne devenons jamais totalement inconscient de l’environnement externe. En raison de cette «troisième oreille» bien ancrée, le bruit devient l’ennemi du sommeil du travailleur de quarts. Il est possible d’empêcher les bruits inopportuns de parvenir à votre conscience pendant votre sommeil. Dans 35 ma chambre, j’ai utilisé, avec succès, un appareil générant un bruit blanc. Ce petit appareil électrique est vendu dans tous les magasins d’électronique. Si leur stock est épuisé, ils peuvent en commander un ou vous pouvez m’envoyer un courriel et je vous donnerai une adresse où vous pourrez vous en procurer un. L’appareil émet ce qui s’appelle un «bruit blanc» qui est un son continu à large bande et qui masque les autres sons. Si vous êtes éveillé et qu’un bruit survient pendant que l’appareil générant le bruit blanc est en marche, vous allez entendre le bruit; par contre, si vous dormez, vous n’entendrez pas le bruit. J’ai parlé à des travailleurs de quarts qui ont recouvert les murs et le plancher de leur chambre de carreaux acoustiques. J’ai toujours voulu essayer cela mais, comme tout travailleur de quarts qui se respecte, je n’ai jamais eu le temps de le faire. J’ai suspendu des rideaux aux murs et recouvert l’arrière de la porte de la chambre de boîtes à œufs plates afin de diminuer le bruit. J’ai toujours été étonné de constater que c’était rarement mes enfants qui me réveillaient mais plutôt les cris de ma femme leur disant de se taire ! La température de la chambre La recherche dans ce domaine est aussi quelque peu rudimentaire mais les experts semblent s’entendre pour dire qu’une personne dort mieux dans une chambre fraîche. Frais signifie que la température varie entre 65° et 68°F ou 17° et 19°C. Selon les études, si la température de la chambre est supérieure à 24°C ou 80°F ou inférieure à 16°C ou 64°F, le sommeil de la plupart des gens aura tendance à être perturbé. Mais, encore une fois, c’est une question de préférence personnelle. J’ai fait ma propre expérience et essayé différentes températures et je dois dire que je dors mieux dans une chambre fraîche, tellement que, même en hiver, j’ai tendance à laisser la fenêtre ouverte afin de refroidir la chambre. La lumière Le dernier élément dont je désire parler est le rôle de la lumière dans l’adaptation du travailleur de quarts. La lumière est une des plus puissantes minuteries de la physiologie humaine. Lorsque nous ne recevons pas assez de lumière, nos rythmes biologiques sont déphasés. Passer trop de temps dans l’obscurité et nous commençons à nous sentir déprimés. Les travailleurs connaissent cela, particulièrement en hiver lorsqu’ils doivent se lever à la noirceur, aller travailler à la noirceur, revenir à la maison à la noirceur, dormir dans le noir et 36 se lever pour recommencer le même processus jour après jour. Pas étonnant qu’ils deviennent déprimés. La mélatonine est la coupable. La mélatonine est secrétée par la glande pinéale lorsque le corps est dans le noir. C’est une des raisons pour laquelle presque tous les chercheurs dans le domaine du travail par quarts recommandent de dormir dans la chambre la plus noire possible. Or, la recherche d’obscurité devrait se faire avant d’arriver à la maison. Pendant l’été, portez des verres fumés afin de diminuer l’exposition des yeux à la lumière. Une fois à la maison, n’allumez pas les lumières. Si votre partenaire quitte la maison avant votre arrivée, demandez-lui de fermer tous les rideaux ou stores avant son départ. Si vous vivez seul, préparez votre environnement avant de quitter la maison pour vous rendre à votre quart de travail. Finalement, si vous devez vous rendre dans d’autres chambres de la maison, autres que votre chambre à coucher, assurez-vous d’avoir masqué la lumière dans ces chambres aussi. Idéalement, vous devriez dormir dans une chambre sans fenêtres. J’ai parlé à des travailleurs de quarts qui ont aménagé une chambre et salle de bains au sous-sol et ils sont enthousiastes lorsqu’ils parlent du résultat. Si vous n’avez pas la chance d’en faire autant, éliminer toute lumière du jour en installant des stores foncés masquant la lumière ou des rideaux épais et doublés. Dans ma jeunesse, je recouvrais les fenêtres de papier aluminium ! Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux en matière de décoration intérieure mais c’est remarquablement efficace. J’ai parlé à des travailleurs de quarts qui ont utilisé des panneaux de styromousse pour bloquer le soleil. Soyez créatif et arrangez-vous pour dormir dans la chambre la plus noire possible. Maintenant que je vous ai convaincu de dormir dans la chambre la plus noire possible, voici un autre petit truc. Réveillez-vous à la lumière. Pourquoi ? La lumière inhibe la production de mélatonine et ainsi, vous vous réveillez plus revigoré. Comment pouvez-vous faire cela ? Si vous voulez être vraiment sophistiqué, vous pouvez installer une minuterie sur une tringle motorisée pour que les rideaux s’ouvrent automatiquement avant votre réveil. Ne vous en faites pas, ce n’était-là qu’une des mes fantaisies pour la chambre idéale du travailleur de quarts ! La façon la plus simple de se réveiller à la lumière est d’installer une minuterie à la lampe de chevet. Régler la minuterie pour que la lampe s’allume une demi-heure avant votre réveil et voilà, le tour est joué. Si vous voulez vrai- 37 ment être sophistiqué, achetez un rhéostat qui fera entrer la lumière graduellement. Vous n’avez pas besoin d’acheter un feu de piste à halogène pour appliquer cette technique, une ampoule 40 W fera l’affaire. Essayez les ampoules donnant un éclairage en spectre continu pour votre lampe de chevet. Ces ampoules sont ce qui se rapproche le plus de la lumière du soleil et elles sont vraiment extraordinaires. Il y a trois ans, ma partenaire et moi avons aménagé dans une nouvelle maison et nous avons mis ce genre d’ampoules dans plusieurs de nos luminaires. Nous n’avons pas eu à en remplacer une seule jusqu’à maintenant. Donc, si le coût d’achat vous surprend, souvenez-vous de leur longévité. Une dernière stratégie : Ce document est une version abrégée d’un ouvrage plus long que j’ai rédigé. Vous trouverez, sur mon site Web (www.jonshearer.com) le matériel complémentaire cité dans cet ouvrage (en anglais seulement). Il s’agit des différents tableaux d’aliments (Food tables), de l’échelle relative aux oiseaux de nuits et aux lève-tôt (Owls and Larks Scale ), la variation St-Jean de la technique de Jacobson (une technique de relaxation), d’illustrations de tracés polysomnographiques des stades du sommeil, et autres documents pouvant intéresser le travailleur de quarts. Veuillez visiter le site et téléchargez tout ce dont vous avez besoin. N’oubliez surtout pas de vous traitez comme si vous étiez une expérience scientifique et découvrez ce qui vous convient le mieux. Par la suite, j’aimerais bien recevoir vos commentaires afin que je puisse partager avec d’autres personnes ce que vous m’aurez appris. Annexe 1 Questionnaire pour toute la famille Il ne fait aucun doute que les familles vivent de plus en plus de stress. Alors, pourquoi ne pas prendre un moment pour répondre aux questions suivantes. Je trouve qu’il est très utile de mettre en lumière les aspects qui révèlent nos forces ainsi que ceux qui révèlent nos faiblesses. VOICI CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE : Dans l’espace à gauche de chaque énoncé, et en vous basant sur l’échelle qui suit, indiquer dans quelle mesure : Vous êtes en ACCORD ou en DÉSACCORD avec chaque énoncé relativement à votre famille 38 Fortement EN DÉSACCORD 1 2 3 4 5 6 7 8 Fortement EN ACCORD 9 10 Inscrire un CHIFFRE dans l’espace à gauche de chaque énoncé. Assurez-vous d’inscrire les plus BAS chiffres pour les énoncés qui ne décrivent pas bien votre famille et les chiffres plus HAUT pour les énoncés qui décrivent bien votre famille. LE QUESTIONNAIRE _____ 1. Il y a pas mal de choses dont nous ne parlons pas dans ma famille. _____ 2. Ma famille prend beaucoup de temps à s’adapter lorsque des problèmes ou de grands changements surviennent. _____ 3. Dans ma famille, il y a parfois des disputes sans raison valable. _____ 4. Lorsqu’une personne de ma famille se fâche, cela semble durer longtemps. _____ 5. Il est parfois difficile de régler les conflits de famille parce que personne ne veut faire de compromis. _____ 6. Ma famille irait mieux si on faisait une consommation plus sage d’alcool. _____ 7. Lorsqu’il s’agit de loisirs en famille, il est difficile de trouver quelque chose quI plaît à tout le monde. _____ 8. Les personnes de ma famille peuvent se mettre en colère très facilement. _____ 9. Parfois, dans ma famille, les personnes acceptent de faire quelque chose puis, après, elles agissent comme si elles ne voulaient pas vraiment le faire. _____ 10. Lorsqu’il y a des disputes dans la famille, quelqu’un essaie à tout prix de gagner. _____ 11. Beaucoup de temps est nécessaire avant que les personnes de ma famille arrivent à passer par-dessus les chicanes et les disputes. 39 _____ 12. Très souvent, dans ma famille, l’enfant (les enfants) semble(nt) avoir plus d’influence sur ce qui se passe que leurs parents. _____ 13. Mon (mes) enfant(s) ne me démontre(nt) pas le respect approprié et c’est la même chose à l’égard de mon conjoint. _____ 14. Dans ma famille, il y a beaucoup de règles strictes par rapport à la façon de faire les choses. _____ 15. Mon (mes) enfant(s) abuse(nt) souvent lorsqu’on leur donne un peu plus de corde (être plus permissifs). _____ 16. À moins de leur dire souvent, les membres de ma famille ne semblent pas capables de faire leur part des tâches ménagères. _____ 17. Nous ne démontrons pas ouvertement notre affection les uns envers les autres très souvent dans ma famille. _____ 18. Dans le temps de le dire, une petite dispute peut s’enflammer hors de toute proportion dans ma famille. _____ 19. Parfois, dans ma famille, le simple fait de parler d’un problème semble l’envenimer. _____ 20. Parfois les membres de ma famille écoutent, mais n’entendent pas vraiment, ce qu’un autre membre essaie de dire. _____ 21. Si on mettait un peu plus d’effort pour se comprendre, on serait plus heureux dans ma famille. _____ 22. Il est parfois difficile de savoir ce que les autres membres pensent ou ressentent par rapport à des problèmes familiaux importants. _____ 23. Parfois, lorsque nous prenons une décision en famille, le résultat final est une décision que personne n’appuie particulièrement. _____ 24. Les personnes de ma famille deviennent à bout de nerfs sans raison valable. __________ TOTAL 40 Faites le total des chiffres que vous avez inscrits à gauche de chaque énoncé. Utilisez le THERMOMÈTRE DE STRESS FAMILIAL pour interpréter votre total. THERMOMÈTRE DE STRESS FAMILIAL LA ZONE FROIDE (24 à 72) Si votre famille se retrouve dans la zone «froide», cela signifie que votre famille démontre moins de signaux de stress que la plupart des familles. Le truc maintenant c’est de mettre vos forces à profit (soit les énoncés où votre score est de 1 à 3). Si vous avez indiqué 5 ou plus à gauche d’un énoncé, essayer de trouver une chose ou deux que vous pourriez faire pour améliorer la situation et diminué le score. LA ZONE TIÈDE (73 à 108) Si votre famille se retrouve dans la zone «tiède», cela signifie que le stress à la maison est le même que dans toute famille canadienne moyenne. Un certain stress est inévitable et il ne faut pas vous faire du souci outre mesure. À la place, mettez vos forces à profit (soit les énoncés où vous avez indiqué 1 à 3). Choisissez aussi un énoncé à gauche duquel vous avez indiqué 5 ou plus, et essayer de trouver une chose ou deux que vous pourriez faire pour améliorer la situation et diminuer le score. LA ZONE CHAUDE (109 à 240) Si votre famille se retrouve dans la zone «chaude», cela signifie qu’elle démontre plus de signaux de stress que la famille canadienne moyenne. Si votre total est «chaud» maintenant – mais serait habituellement moins élevé – concentrez vos efforts pour revenir à des périodes plus «fraîches» dès que possible. Mettez les forces de votre famille à profit et déterminez ce qu’il est possible de faire pour diminuer un ou deux des scores les plus élevés. 41 Journal personnel (sommeil) Date du début :____________ Complétez cette partie à la fin de votre période de veille Je me suis couché à: Jour 1 Quart: ______ Jour 2 Quart: ______ Jour 3 Quart: ______ Jour 4 Quart: ______ Jour 5 Quart: ______ Jour 6 Quart: ______ Jour 7 Quart: ______ 42 ____h ____h ____h ____h ____h ____h ____h Je me suis levé à: _____h _____h _____h _____h _____h _____h _____h Temps pour tomber endormi : ___min. ___min. ___min. ___min. ___min. ___min. ___min. Je me suis levé pendant la nuit : À mon réveil, je me sentais : ____fois _ Revigoré _ Plutôt revigoré _ Fatigué ____fois _ Revigoré _ Plutôt revigoré _ Fatigué ____fois _ Revigoré _ Plutôt revigoré _ Fatigué ____fois _ Revigoré _ Plutôt revigoré _ Fatigué ____fois _ Revigoré _ Plutôt revigoré _ Fatigué ____fois _ Revigoré _ Plutôt revigoré _ Fatigué ____fois _ Revigoré _ Plutôt revigoré _ Fatigué Nombre d’heures que j’ai dormi : Mon sommeil a été dérangé par : ______ ______ ____h ______ ______ ______ ____h ______ ______ ______ ____h ______ ______ ______ ____h ______ ______ ______ ____h ______ ______ ______ ____h ______ ______ ______ ____h ______ Annexe 2 Journal personnel (sommeil) Date du début : _________ Complétez cette partie à la fin de votre période de veille Jour 1 Quart: _____ Jour 2 Quart: _____ Jour 3 Quart: _____ Jour 4 Quart: _____ Jour 5 Quart: _____ Jour 6 Quart: _____ Jour 7 Quart: _____ J’ai consommé des boissons contenant de la caféine J’ai fait au moins 20 minutes d’exercice _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O _ 1er tiers _ 2e tiers _ 2-3 heures avant le coucher _ S/O J’ai suivi le régime alimentaire Ehret J’ai utilisé ou je vais utiliser une techn. de relaxation Oui _____ Oui _____ Non _____ Non _____ Oui _____ Oui _____ Non _____ Non _____ Oui _____ Oui _____ Non _____ Non _____ Oui _____ Oui _____ Non _____ Non _____ Oui _____ Oui _____ Non _____ Non _____ Oui _____ Oui _____ Non _____ Non _____ Oui _____ Oui _____ Non _____ Non _____ Ce que j’ai fait une (1) heure avant d’aller au lit. _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ _________________ Notes personnelles :__________________________________ ___________________________________________________ ___________________________________________________ 43 RÉFÉRENCES Certains des livres cités ci-dessous sont aussi disponibles en français. Il s’agit de : Carse, J.P. (1986), Jeux finis, jeux infinis. Paris : éditions du Seuil. Hauri P. et Linde S. (1996) Plus jamais de nuits blanches. New York: John Wiley & Sons. Lambert-Lagacé, L. (1988) Le défi alimentaire de la femme. Montréal : Les éditions de l’Homme. Åkerstedt, T., (1991) Shiftwork and sleep disturbances. In Peter, J.H., &. al., (eds.) Sleep and Health Risk. Berlin: Springer-Verlag. Adami GE. Meneghelli A. Scopinaro N. (1997) Night eating syndrome in individuals with Mediterranean eating-style. Eating & Weight Disorders: EWD. 2(4):203-6, Dec. American Medical Association, (1984) Better Sleep. New York: Random House. Anch, A.M., Browman, C.P., Mitler, M.M., and Walsh, J.K., (1988) Sleep: A Scientific Perspective. Englewood Cliffs: Prentice Hall. Arnulf I. Quintin P. Alvarez JC. Vigil L. Touitou Y. Lebre AS. Bellenger A. Varoquaux O. Derenne JP. Allilaire JF. Benkelfat C. Leboyer M. (2002) Mid-morning tryptophan depletion delays REM sleep onset in healthy subjects. 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