Halakha - Kountrass
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Halakha - Kountrass
בס"ד NUMERO 198 SOCIÉTÉ LA TECHNOLOGIE MODERNE & LA DU TEMPS FIN PENSÉE JUIVE LA GENÈSE & LA SCIENCE ALIA Le Grand Dossier: Mensuel France 6,90 € - Israël 30 ₪ Mensuel France 6,90 € - Israël 30 ₪ NOTRE "MÉDIATEUR" À LA MUNICIPALITÉ DE JÉRUSALEM Juin 2016 Électricité & nº 197 Halakha Ester Bezalel | [email protected] בס“ד Vous êtes invités à acquérir le Otzar ha'Hokhma à un prix qui n'a jamais été proposé, et qui ne le sera jamais plus ! Opération bar mitsva 7–23 sivan 5776 | 13-29 juin 2016 Otzar ha'Hokhma – la librairie électronique riche de quelques 76.000 titres de kodech, photographiés page après page dans leur format original. On y trouve tous les livres de base, ainsi que la plupart des ouvrages utilisés par les étudiants en Tora, des milliers de livres contemporains aux côtés d'ouvrages rares, des brochures, des parutions toraniques, des premières impressions, et autres. Le moteur de recherche très performant permet d'effectuer des recherches par mots dans les livres eux-mêmes. Anyone using the software without purchasing it legally is guilty of theft! 22 508 5 160 paniers alimentaires 782 opérations urgentes Appel gratuit de France : 1 748 soins dentaires aides médicales 4 292 veuves et orphelins 8 316 bourses pour nécessiteux 2 689 subventions scolaires Appel gratuit d'Israel : 0-800-106-135 1-800-22-36-36 Un reçu sera envoyé pour tout don. 5 possibilités pour transmettre vos dons au Vaad haRabanim : 1. Appelez ce numéro pour un don par carte de crédit : 0-800-106-135 en Israël: 00. 972.2.501.91.00 2. Envoyez votre chèque à : Vaad haRabanim 10, Rue Pavée 75004 Paris 3. Envoyez votre don à l'un des Rabanim de votre région (demandez la liste au numéro 0-800-106-135). 4. Envoyez votre don dans l'enveloppe jointe. 5. Sur notre site : www.vaadharabanim.org Site sécurisé Un reçu sera envoyé pour tout don. 5 possibilités pour transmettre vos dons au Vaad haRabanim : 1. Appelez ce numéro pour un don par carte de crédit : 1-800-22-36-36 en Israël: 00. 972.2.501.91.00 2. Envoyez votre chèque à : Vaad haRabanim 2, Rehov Yoel, Jerusalem 3. Envoyez votre don à l'un des Rabanim de votre région (demandez la liste au numéro 1-800-22-36-36). 4. Envoyez votre don dans l'enveloppe jointe. 5. Sur notre site : www.vaadharabanim.org Site sécurisé KOUNTRASS Juin - Juillet 2016 ● Sivan 5775 Sommaire Editorial Courrier Actualite 12 UNE PLANETE EN DESORDRE 44 VIE JUIVE Les jeunes enfants ont reçu leur père en cadeau… 52 Grand Dossier L'électricité dans la Halakha 100 Famille Deux amies… 108 Le chaos en France L a France, la douce France, connaît actuellement une situation déplorable – des mouvements sociaux perturbent totalement sa vie et son économie. Comment comprendre ce qui s'y passe ? Bien entendu, ce n'est pas au plan politique et économique que nous voulons nous placer, car ce n'est ni notre domaine, ni notre centre d'intérêt – même si nous ressentons nous aussi la difficulté, et compatissons avec nos coreligionnaires vivant dans l'Hexagone ou dépendant de son économie. Bien entendu, le pays a connu d'autres périodes de perturbations sociales qui, facilement, ont débordé au point de mettre son économie en danger. Cependant, les turbulences présentes le trouvent dans une situation déjà délicate pour d'autres raisons : son tissu social est depuis quelques années fortement troublé, avec un ajout de peuplement qui ne cherche en rien à s'assimiler à ses valeurs et à adopter ses idéaux. Le FN profite de cette menace, et prend de l'ampleur, ce qui n'est pas fait pour nous rassurer. D'un pays dont on a pu chanter la douceur (Charles Trenet, en… 1943 – bref, passons), où « men ist azoy wie G-ott in Frankreich » (« heureux comme D' en France », expression yiddish connue), nous arrivons à une nation aux aspérités visibles et inquiétantes, aux casseurs implacables et aux bandes de délinquants incontrôlables. A notre avis, nous n'avons pas le droit d'emprunter une vision apocalyptique pour expliquer le phénomène actuel. De fait, pour faire cela, il faut avoir droit à l'influx divin permettant d'en statuer ; puis, si la situation revient au calme – ce qui va certainement se produire (en tout cas, nous le souhaitons pour tous) – quelle figure aurons-nous ? Ceci n'empêche que nous constatons effectivement une destruction bien complète des valeurs et des qualités de cette antique terre de France : son accueil et sa fraternité, son respect de l'autre et l'égalité pour tous. Quelque part, il y avait du faux dans ce calme : d'abord, nous devons bien reconnaître que ces valeurs nous ont coûté fort cher car nombre de nos frères se sont totalement assimilés (ceci n'enlève pas le mérite qu'elles avaient d'exister). Puis, le calme ressenti sous ces latitudes, la Sécurité Sociale, les mutuelles, l'assurance pour tout, tout cela est plus qu'agréable – tout en ne relevant pas de la vie telle qu'elle est, tout en nous empêchant de ressentir la Main de Hachem dans notre existence. Donc, nous voici assurés contre toutes les velléités et incertitudes, garantie couvrant même le convoi funéraire et l'enterrement dans un cimetière (en négligeant toutefois le fait que, cinquante ans plus tard, en France, notre tombe sera vidée et nos ossements jetés, mais passons…). Nous voici placés sans toutes ces sécurités, sans sécurité tout court, d'ailleurs, et obligés de nous en remettre entre les Mains dans Lesquelles la vie de chaque être est déposée… Profitons-en pour revenir effectivement vers Celui à Qui elles appartiennent, pour ressentir le sens de nos prières de la manière la plus sincère possible, pour comprendre que Lui Seul peut nous protéger et nous permettre de passer la présente crise. Quand nous sentirons qu'aucune garantie n'existe sur terre, alors nous serons effectivement proches de la Délivrance, comme le dit le verset dans la paracha relative, selon notre Tradition, à une telle période (Devarim/Deutéronome 32,36) : « Oui, l'Eternel prendra parti pour Son peuple, pour Ses serviteurs ; Il redeviendra propice, lorsqu'Il les verra à bout de forces, sans appui et sans ressources » (cf. Sanhédrin 97a). ● Rav H. Kahn DIRECTEUR : Rav Kahn ([email protected]) DIRECTEUR GENERAL ADJOINT : David Gozlan ([email protected]) JOURNALISTES : Rav Lionel Cohn, rav D. Eliézer, rav M. Kottek, rav E. Lemmel, Ya'aqov Manela, Karen Ohayon ComitÉ de lecture : Rav Ye'hiel Bamberger, rav Yehochou'a Hemmendinger, Jacques Salavize CORRECTIONS : Y. Guedj (frenglish.productions@ gmail.com) Secrétariat : Mme V. Guedj ([email protected]) ABONNEMENTS : m. Chemla, Mme Esther Andreu PUBLICITÉ : D. Gozlan, Mme Guedj GRAPHISTE/ MAQUETTISTE : Mme E. Ehrlich ([email protected]) Photos : Flash 90 © «KOUNTRASS» ISSN 0334 8857 Mail : [email protected] Site : http://www.kountrass.com Tél. 972.2.53.70.586 - Fax : 972.2.53 72.707 Direction : 02.96.69.941 Secrétariat : 02.96.69.939 Israël : 2, re'hov Méa Ché'arim B. P. 5553 - 91054 Jérusalem France : B. P. 30.139 94004 CRETEIL CEDEX La rédaction de Kountrass décline toute responsabilité en ce qui concerne le contenu des annonces publicitaires ainsi que la cacherouth des produits alimentaires ou des restaurants. Elle se réserve le droit de raccourcir, modifier ou corriger — pour raisons de style, de contingences techniques ou halakhiques — les articles ou les lettres qui lui sont adressés. La direction n'accorde d'exclusivité à aucun annonceur. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les articles et les maquettes publicitaires sont la propriété exclusive du journal et ne peuvent être reproduits sans accord écrit de la rédaction. Ce magazine contient des enseignements de Tora. Nous vous serions donc obligés de le déposer dans une Gueniza et de ne pas l'introduire dans des endroits incompatibles avec le respect qui lui est dû. KOUNTRASS Kountras @netvision.net.il S'arranger… Dans un article « Entre femmes », il est question de Arnona (impôts urbains). L'article me gêne, au niveau des idées véhiculées : on y parle de petits arrangements avec l'honnêteté, afin de percevoir des allocations d'un côté, et en même temps, profiter d'un prêt immobilier. Voilà en résumé... D. B. L'idée de l'[excellent] article de Mme Ohayon était de montrer que la « réalité » peut toujours prendre deux facettes différentes, selon les situations. Néanmoins, les deux sont honnêtement vraies ! Pour la banque, on peut se présenter comme fort aisé, et pour la municipalité comme ne l'étant pas – « Elou veélou divré… ». Ça brûle… On peut consulter des listes des indigents, enterrés gratuitement dans le cimetière de Thiais et crématisés au bout de cinq ans. Je l'ai fait, et je suis tombée sur le nom de M. Joseph Doukhan. Il a toutes les chances d'avoir appartenu à notre peuple. Je me suis intéressée à son triste sort trop tard (mais qu'aurais-je pu faire, si la communauté juive l'a lâché, comme tous les autres indigents ?). En effet, j'ai demandé en avril ce qui était advenu de lui, et j'ai eu la réponse en mai. Je la livre à vos lecteurs : « Cimetière parisien de Thiais Le rav Kahn et toute l'équipe de Kountrass envoient leur plus sincères vœux de mazal tov à M. Gilles Daniel Foa, de Marseille, et à toute sa famille, à l'occasion de la naissance de leur fils Chemouel. 10 │ Kountrass Famille ● 197 « Par courrier du 4 avril 2016, vous demandez la destination des restes mortels de M. Joseph DOUKHAN dont la sépulture en caveau autonome a été relevée par la ville de Paris le 22 avril 2014, et s'il vous est possible de vous recueillir à proximité du site concerné. Après la reprise de sa sépulture, les restes mortels de M. DOUKHAN ont été crématisés. Ses cendres ont été dispersées par la suite à la division 102 du cimetière parisien de Thiais. Il est possible de vous recueillir aux abords de cette division aux heures d'ouverture du cimetière. « Le conservateur, Nathalie NGUYEN VAN LAN » Cela est plus que très triste. Ailleurs, l'ensemble de la communauté fera tout pour sauvegarder les restes funéraires des membres de notre peuple. En France, c'est le silence, le crématoire… Mme A. S., Paris Les "Sems" anglais... Vous avez publié un article interview sur le Séminaire de rav Loria. C'est bien, mais il ne faut pas construire en détruisant, ou en critiquant. Ce que vous avez écrit que les Sem d'Angleterre ne sont pas adaptés au public français n'est pas juste : toutes les élèves que nous connaissons ont trouvé du travail dans le domaine de l›enseignement en France. Celles qui cherchent un débouché en Israël ont certes des difficultés, mais ce n'est pas un phénomène général, car tout dépend du choix de la branche que l'on recherche et de la vocation. L'enseignement de Haskafa y est d'un niveau inégalé, et le contact avec des élèves de provenance internationale est souvent un avantage à long terme, et ne nuit pas aux chidoukhim ! [Rav] Fernand Klapisch Notons que cet article était titré "publi-reportage". Ouvrons les yeux UNE PLANETE EN DESORDRE Par rav Lionel Cohn E ntre les deux guerres, un chroniqueur quelque peu facétieux, mais clairvoyant, alors que le nazisme s'apprêtait à envahir l'Europe et à menacer l'équilibre mondial, s'exprimait en ces termes : « La machine ronde a perdu la boule ! » Sept décennies après l'élimination du péril nazi, et un quart de siècle après la chute du rideau de fer qui avait coupé l'Europe en deux pendant 40 ans, il semble bien que la remarque de ce journaliste apparaît d'une actualité effrayante. Cela est d'autant plus vrai que la globalisation donne une dimension universelle à cette perte totale des critères rationnels. Selon la recherche, habituelle dans cette chronique, en vue de tenter de comprendre notre époque et ses problèmes, 12 │ Kountrass Famille ● 197 les développements internationaux récents semblent effectivement défier l'imagination, sortir de l'ordinaire. Alors que l'idéologie semblait, il y a cinquante ans, donner un sens, une direction, une signification à l'action politique, il semble aujourd'hui que seuls les intérêts matériels, le désir de s'enrichir, soient semblent aujourd'hui former les mobiles des hommes politiques. L'histoire des comptes bancaires secrets des ministres, des députés, des dirigeants de l'Etat, a fait tomber des têtes. La transparence – en soi un élément positif – révèle combien l'hypocrisie est, bien souvent, présente, et l'idéologie absente. Cependant, n'en a-t-il pas été aussi ainsi depuis toujours ? En quoi y-a-t-il quelque chose de particulier à notre époque ? Pourquoi voir ici un « désordre de la planète » ? En effet, de tout temps, l'ambition salit, le pouvoir aveugle et corrompt. Aujourd'hui, la globalisation joue le rôle d'une loupe et grossit, à l'échelle planétaire, tous les débordements, ce qui crée des ondes de choc. La découverte des comptes cachés au Panama a fait tomber des ministres en Islande et en Espagne, tout en inquiétant de nombreux chefs d'Etat. Par ailleurs, l'Europe connaît une crise qui risque de conduire à une désintégration. Le Vieux Continent, qui se voulait phare de l'humanité, être un exemple désireux d'incarner la protection des droits de l'homme, est confronté à toutes sortes d'obstacles qui bouleversent les données habituelles. En fait, l'optique du judaïsme nous invite plus que jamais à réfléchir sur ce désordre et à tenter de sentir « l'odeur » de la Gueou- la. Une telle manifestation d'éloignement de toutes les valeurs traditionnelles – au niveau universel – ne peut qu'amener à un bouleversement total, qui risque d'enflammer la planète. Il ne faut pas faire preuve de beaucoup d'imagination, pour prévoir qu'un groupe de terroristes risque de s'emparer d'armes nucléaires, et mette en danger la planète entière ! Ceux qui s'amusent à couper publiquement des têtes et à les mutiler ensuite n'hésiteront pas, ensuite ultérieurement, à mettre en haleine l'univers. Il ne s'agit pas de se divertir, avec des scénarios de fiction morbides, mais il importe – il est essentiel – d'« d'ouvrir les yeux » et de « humer » une fin du monde possible. A cette étape, il importe d'affirmer notre foi en une transformation nécessaire de la Société des hommes. Il existe, certes, quelques lumières dans ce tableau apocalyptique, comme l'organisation de sociétés caritatives, qui essaiyent d'aider des populations en souffrance, mais ces O.N.G (Organisations Non Gouvernementales) n'ont qu'une influence qu'un impact très limitée, et sont souvent soumises à des influences politiques. C'est ici qu'intervient la lecture de l'Histoire, selon la perspective téléologique, qui s'inscrit dans un discours messianique devant annoncer la Gueoula. Souvenons-nous que le rav de Volozhyn (Néfech ha'Hayim) écrit que ce ne sont pas Titus ou Nabuchonodosor qui ont détruit les Temples de Jérusalem, mais que ce sont les fautes, les péchés du peuple d'Israël, qui ont affaibli les forces spirituelles qui les maintenaient les Temples. La responsabilité du Juif dans le devenir historique est évidente. Il convient d'en prendre conscience. L'histoire, telle qu'elle s'est déroulée au siècle dernier, semble se concentrer sur le Moyen-Orient. Certes, c'était à New York que les tours ont été détruites ; certes, il y a eu des dictatures en Amérique du Sud ; certes, la Chine semble rester un bastion du communisme ; mais, cependant, il apparaît que l'épicentre de tous les conflits se situe autour du Moyen- Orient. Tentons de comprendre et de dépasser l'aspect du quotidien et apparemment excentrique des développements contemporains. Il ne saurait y avoir des faits de l'histoire qui ne soient pas en définitive liés directement ou indirectement à ce qui se déroule autour du monde arabe ; le conflit chiite-sunnite, qui est au centre des rivalités interarabes, exacerbe les problèmes de la Syrie, ce qui cause le départ des migrants. Ce problème irrite l'Europe, et les partis extrémistes de Droite en profitent pour se rapprocher du pouvoir, comme en Hongrie ou en Autriche. Cet enchaînement diabolique semble bien dire que le monde est en ébullition, et il est difficile, inquiétant, de prévoir jusqu'où cela mènera l'humanité. Un nouveau problème semble actuellement préoccuper la société moderne : le « transhumanisme », sorte de transcendance scientiste, qui prétend que l'homme pourra dominer sa nature biologique, et pourra severra en mesure, grâce aux technologies modernes, de prolonger la longévité. Les tenants du transhumanisme prétendent que l'homme transformera les conditions biologiques. Le danger de ces approches, prônées par de nombreux savants, existe bien : l'hybridation (la rencontre) entre l'organique et la machine peut avoir des résultats catastrophiques. Dans la perspective de la Tora, selon l'expression du Pirké Avoth, s'il ne s'agit que de "prolonger" le prozdor (le vestibule qui précède le 'Olam haba, le monde futur), le problème n'est pas fondamental ; la question essentielle est de savoir affronter un monde de plus en plus marqué par les tech197 ● Juin 2016 │ 13 reux, risque de perdre totalement le goût à la vie (voir le livre de Miguel Benassayag, dont le au titre est significatif : « Cerveau augmenté, homme diminué »). Il ne s'agit certes pas de réflexion fondée, ici, sur la Tora, mais si cela a été rapporté dans cette chronique, c'est pour souligner le désordre idéologique, le vide inquiétant vers lequel risque de tomber la planète. Pour les croyants qui savent que l'histoire est orientée dirigée vers un but, c'est le Messie qui doit porter l'image de la réalisation effective de l'homme. Du fait qu'il y a un sens, une orientation à l'histoire, l'essence-même des événements traduit une tension permanente vers le futur. Israël est impliquée, par son histoire particulière, dans le devenir de l'Histoire universelle, à la fois comme acteur acteur et comme témoin. nologies modernes, qui effacent la spécificité de l'homme. L'alliage de la technologie de pointe avec une économie totalement déshumanisée n'améliorera pas les conditions réelles de la vie, même en la prolongeant. De fait, car, vidé de toute signification, de tout sens, l'homme, loin d'être plus heu- 14 │ Kountrass Famille ● 197 Ce pays apporte son tribut à l'affirmation spirituelle de la vocation de l'humanité, de la présence de la transcendance et, au-delà des désordres actuels, explique les obstacles, les dépasse, pour aboutir à une harmonie, inscrite dans le fonds ontologique de l'Histoire. • ∞≥≠µ∞∞µ∞∞∞†∫†ßψ¨ÔÂÏÂÁ†±±†Û¯Âˆ‰ ˙˜·„ӆȂÂÒ†ÏΆ˙ÒÙ„‰Â†¯ÂˆÈÈ ∫† Íȯ‡˙ ∫‰Óʉ†ßÒÓ ∫†ßÒÓ†‰‰‚‰ 28/12/09 00000 2 ‰‰‚‰†¯Â˘È‡†ÒÙÂË „ÂÙÈˇ ∫†††„·ÎÏ Ï˘ÈÓ ∫†††††È„ÈÏ Ô¯ ∫˙Øȇ˜ÈÙ¯‚ ∞≥≠µ∞∞µ∞±∂†Ò˜Ùφ‰‰‚‰†¯Â˘È‡†¯ÈÊÁ‰Ï†‡ ˙·ÈÈÁÓ† Í˙ÓÈ˙Á† ÆÌÈÚ·ˆÂ† ˙„ÈÓ† ¨ÌȯÙÒÓ† ¨ËҘˆ ¨·ÂˆÈÚ† ∫·¯† ÔÂÈÚ·† ˜Â„·† ‡‡† °† „·Î† ÁÂ˜Ï Æ‰ÒÙ„‰‰† „ÚÂÓ·† ‰ÈÁ„† ¯Â¯‚Ȇ ‰‰‚‰‰† ¯Â˘È‡·† ·ÂÎÈÚ† ÏΆ Ɖ„·ډ† Úˆȷ† ¯Â·Ú† ‡ÏÓ† ÌÂÏ˘˙· Retrouvez-les sur www.hevronwinery.com R-430† 132-79 ÌȯˆÓ†˙‡ÈˆÈφ¯ÎÊ 2007 PA R D E S S HEVRON 2007 5767 1.5 l J U D E A N Cabernet - Merlot 2005 MAKHPELAH HEIGHTS W RY HEV R N E IN O V I N E Y A R D S 5765 MERLOT cabernet sauvignon Judean Hills Vineyards 2007 - 5767 Alc. 13,5% By Vol. PRODUCED IN ISRAEL U 750 ML P Alc. 14% By Vol. Alc. 13% By Vol. 750 ML HEVRON HEIGHTS P RO D U C E D I N I S R A E L ‡Ó‚„†ÈÙφÌÈÚ·ˆ cabernet sauvignon N HEIGHTS W RY HEV O E IN R Judean Hills Vineyards 2007 - 5767 Découvrez une sélection de grands vins d’Israël provenant du cœur de Judée ∫‰‰‚‰‰†¯˘‡Ó Les GRANDS VINS DE HEVRON Contactez-nous par mail : [email protected] ou par téléphone (en France) au 06 60 78 16 57 polémique Par Yéchayahou Baboulin La Genèse et la science Q u'est-ce que la Genèse (Ma'assé Beréchith, les 6 jours de la Création) ? C'est la rationalisation non scientifique de la formation de l'Univers. Je voudrais expliquer ici ce que veut dire « rationalisation non scientifique », termes quelque peu contradictoires. L'ordre (le sédèr) de Beréchith La Création se déroule en 6 jours : Jour 1 : D'abord, les cieux et la terre, la lumière et les ténèbres (c'est le cadre général pour poser la suite). Jours 2 et 3 : La séparation entre la terre et l'eau. Jour 3 : Le monde végétal. Jour 4 : Le soleil et la lune. 16 │ Kountrass Famille ● 197 Jour 5 : La vermine, les volatiles, les grands monstres, les poissons. La reproduction sexuée. Jour 6 : Les animaux (mammifères) et les reptiles. L'homme. Si l'on construit le tableau chronologique de la formation de l'Univers tel que l'établissent les sciences, cette structure temporelle est confirmée par les connaissances savantes – entre le Big Bang (13,8 milliards d'années) et le Pliocène (8 millions d'années). L'échec de la science à penser l'origine Pourquoi la Tora pense-t-elle la formation de l'Univers dans une langue non scientifique, dans le lachon hakodech (la « langue sainte »)? Parce qu'elle sait – d'un savoir certain, absolu – que la science ne peut pas rendre compte du caractère originel de cette formation. Elle le sait parce qu'elle connaît la finitude de l'homme, et donc son incapacité structurelle, essentielle, à penser les fondements (ce qu'il y a avant le Beth de Beréchith, c'est-à-dire le Aleph). La science se livre à une recherche frénétique (folle) des fondements : l'origine de l'Univers, l'infini de l'espace, le fonctionnement du cerveau. Elle se voue à cette investigation depuis qu'elle existe (cf. la pensée grecque dès la fin du VIIème siècle avant l'ère actuelle, la Ligue Ionienne). On peut même la poser comme à l'origine de la pensée scientifique (cf. Husserl et L'origine de la géométrie). Toutefois, il faut bien le dire : concernant l'origine de l'Univers, la science se heurte à un mur, le « Mur de Planck ». La théorie du « Big Bang » n'est en fait qu'un système mathématique, pas du tout une description « réaliste » appuyée sur des observations empiriques vérifiables. Le Mur de Planck représente la limite de la rationalité mathématique : au-delà, elle ne fonctionne plus. Nous avons donc deux rationalités qui se font vis-à-vis : • La rationalité de la Tora, qui parle de la formation de l'Univers du point de vue de son sens pour l'homme ; • La rationalité de la science, celle du modèle mathématique, qui vise à la connaissance absolue et s'y échoue. Raison et opinions : de la modernité à la postmodernité L'échec de la science à rendre compte des origines de l'Univers doit être interprété plus largement sur le plan épistémologique (étude critique des sciences et de la connaissance scientifique). La comparaison entre le récit de Beréchith et les connaissances scientifiques sur la formation de l'Univers n'induit pas que ces connaissances doivent être considérées comme fausses (c'est le point de vue des fondamentalistes religieux, qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans). Néanmoins, elles se fondent sur des outils techniques (les systèmes de datation, l'analyse des restes végétaux et animaux, etc.). Elles dépendent donc de ces facteurs, du reste approximatifs et évolutifs (certains deviennent obsolètes, dépassées ; d'autres, plus performants, apparaissent. Les méthodes d'analyse changent, etc.). Galilée a clairement établi – et c'est là l'essentiel de la révolution scientifique moderne – que toute science repose sur le paradigme mathématique (la mesure – l'ensemble des croyances et des accords partagés par les scientifiques ou les philosophes). Il n'existe pas de science qui ne soit mathématisable. Si un corpus de connaissances n'est pas mathématisable, il ne peut être qualifié de scientifique . On distingue donc deux aspects de ce qu'on appelle « la science » : des faits établis, avec plus ou moins d'approximation, à l'aide d'outils techniques eux-mêmes approximatifs ; un désir de savoir absolu qui se manifeste dans le paradigme mathématique. La mathématisation générale – voilà l'opération que le structuralisme, dans les années 50/60, a voulu appliquer aux « sciences humaines et sociales » (cf. introduction de Jean Pouillon à Lévi-Strauss, Race et Histoire). 197 ● Juin 2016 │ 17 On peut en conclure que la théorie dite du « Big Bang » forme l'épreuve de vérité de la scientificité des hypothèses sur la formation de l'Univers. De fait, avec elle, on sort clairement du champ de la connaissance empirique et vérifiable, pour entrer dans celui de théories à la fois hypothétiques et invérifiables. Le Mur de Planck démontre que ces conjectures ne sont pas mathématisables au-delà d'une certaine limite. La connaissance empirique est évolutive, et la modélisation mathématique ne fonctionne plus. La « science » de la formation de l'Univers laisse donc TOUTE sa place au récit de Beréchith. Le rationalisme moderne, qui s'est construit entre les XVIème et XIXème siècles, a voulu rendre compte du caractère absolu de la science (visée qui culmine dans la philosophie du Savoir Absolu de Hegel, et dans le scientisme de Comte), en la subsumant sous le concept englobant de Raison. Or, 18 │ Kountrass Famille ● 197 SI tout n'est pas mathématisable, ALORS le concept de Raison s'effondre de lui-même. Les théories sur l'origine et la formation de l'Univers, de même d'ailleurs que le darwinisme (les origines de l'humanité), incarnent la preuve en acte du caractère illusoire de la mathématisation générale. Observons que, dans les deux cas (origine de l'Univers, origine de l'humanité), c'est l'idée de Création qui est en jeu. Ce n'est pas un hasard si l'ambition absolutiste de « la science » se heurte ici à sa limite. La postmodernité prend acte de l'illusion rationaliste, qui s'est effondrée entre la fin du XIXème siècle (Nietzsche) et le milieu du XXème (le structuralisme). Que fait-elle, la postmodernité, face à cet écroulement du culte de la Raison ? Elle célèbre les opinions – précisément ce contre quoi la Modernité s'est construite ! Conclusion : la postmodernité est une régression (intellectuelle, morale et sociale) par rapport à la Modernité. ▪ Le point autour d'une campagne d'information : La technologie moderne et la "fin du temps" Par le rav Chemouel Baroukh Guenouth (Yated Neéman, 3 Iyar) L e judaïsme orthodoxe mène une guerre sans concessions contre les dangers de la technologie moderne et l'usage des ordinateurs sans filtres. L'intensité de cette lutte ne souffre pas de relâche, et il y a lieu de noter son relatif succès. Ses responsables savent raconter avec étonnement qu'ils reçoivent des centaines de demandes d'information par jour. Le rav Refaël Meyer, le directeur du centre de conseil national en Israël, près le comité rabbinique qui se consacre à ce sujet, déclare : « Nous sommes amenés à constater que des gens à des postes élevés dans le marché de l'emploi, dans les secteurs les plus larges, peuvent venir nous demander de les aider à se protéger de l'usage d'Internet sans filtre. Nous recevons des demandes de partout, et pas seulement du public orthodoxe. Dans les rangs de ce dernier groupe, ce n'est pas un secret, cette question est dorénavant considérée de première urgence. Non : de nombreuses interrogations – des centaines ! – nous parviennent, dont certaines proviennent d'entreprises « branchées » où travaillent des centaines de personnes, voire plus, y compris des gens non-religieux. Les chefs d'entreprise et les employés comprennent et soutiennent de nos jours notre souci. Je ne suis pas en mesure de préciser si cela fait suite à notre travail, ou si eux-mêmes constatent avec plus d'intensité que nous, les défauts consécutifs à une fréquentation de la toile plus grave qu'il n'y paraît … » Le rav Méïr Hendelsman, qui œuvre avec zèle pour renforcer le public dans sa ville, Péta'h Tikva, sait raconter : « J'ai sous le coude une liste de spécialistes qui se sont joints à nous dans notre ville. On y trouve des dizaines d'avocats et de comptables, de banquiers, de médecins, d'entrepreneurs, d'architectes, de journalistes et des gens d'autres branches encore, qui ont vu eux aussi l'importance de transformer leurs bureaux et leurs maisons en enceintes plus protégées. Ils se sont ainsi engagés dans ce domaine. A Elad, à Modi'in 'ilith, nous entendons que des milliers de familles ont pris sur elles d'installer un filtre sur leurs ordinateurs, 197 ● Juin 2016 │ 19 la quantité et la teneur de messages qu'il recevait, lui, père de famille, notable de sa communauté, en une demi-heure… J'ai eu honte pour lui. Seuls deux messages de tout ce tas étaient sérieux et le concernaient réellement. Le reste s'est avéré sans importance – des blagues vaseuses, des moqueries, des photos, des nouvelles non palpitantes, et un nombre incalculable d'autres bêtises. Le temps n'a-t-il donc plus de valeur ? tout comme dans la plupart des agglomérations à population orthodoxe. » Cependant, il nous semble important de noter qu'outre des dégâts moraux, l'accès à immodéré à Internet peut provoquer des dommages dans la paix intérieure des gens. Le temps du repos et du calme d'esprit n'existe plus. L'université d'Ariel a publié ces jours-ci une enquête selon laquelle les adolescents dans le pays consacrent trois heures par jour à envoyer et à recevoir des messages sur les réseaux sociaux. Tout jeune reçoit et envoie des centaines et des centaines de messages par jour. Donc il n'y a qu'à attendre : ils seront tous atteints du syndrome du canal carpien en quelques jours, ce qui les empêchera de continuer…. 75 % des Israéliens sont plongés dans WhatsApp, et 80 % sont liés à d'autres groupes encore. On peut se demander combien de disponibilité psychique reste à un adolescent qui tient à écrire et à répondre à des milliers de messages, durant les trois heures par jour qu'il y consacre… « J'ai voyagé voici peu avec un Juif sympathique. Pendant tout le temps qu'il conduisait, son portable nous informait, par divers bruitages, de la réception récurrente de messages de cet ordre. Je lui ai demandé la permission d'y jeter un coup d'œil, histoire de savoir à côté de quoi passait un Juif simple comme moi, équipé, au mieux, d'un téléphone basique, dénué de ce genre de service. Il a accepté, et j'ai vu 20 │ Kountrass Famille ● 197 On a par ailleurs tenté de m'expliquer, avec un sérieux abyssal, l'importance d'être tout le temps connecté sur son Smartphone. Sinon, il faudra un temps monstre pour répondre à tous les messages reçus… Mais qu'y a-t-il dedans ? Pratiquement rien ». « Ce compte-rendu de l'université d'Ariel décrit que 58 % des utilisateurs de ces services ont droit à des messages qui dénigrent les autres, du "shaming", déjà honoré par une cote en encyclopédie... [Et par la Halakha également : on appelle cela dans nos sources "Malbim pené 'havéro berabim", faire rougir son prochain en public, faute qui provoque le renvoi du monde futur de la personne qui la commet...] Souvent, apparaît dans les media en question des informations vexantes à l'égard de certains, la plupart du temps via les réseaux sociaux. La source est en général un post, qui peut contenir le nom et la photo de la personne, et même une vidéo ad hoc. Le post peut être vu par des milliers d'internautes. Certains le renverront à d'autres, et qui ajouteront des offenses à la victime de ces descriptions. Celle-ci se sent évidemment fortement rabaissée, surtout quand ses défauts sont ainsi dévoilés. Elle souffre énormément de la forte publicité donnée à ces accusations, ce qui n'est pas le cas de ses protestations… De plus, ces divulgations sont en général faussées par le point de vue de leur auteur (parfois tendancieux et subjectif). Il n'est pas souvent donné de vérifier la véracité des dires. La défense de la victime n'occupe pas grande place, et pourtant, les gens acceptent la version de celui qui s'en prend à l'autre… » Pourquoi des gens normaux peuventils en venir à faire honte à leur prochain, alors qu'ils savent certainement qu'elle va s'étendre comme un feu de paille d'un appareil à l'autre ? Qu'est-ce qui amène une personne normative correcte à provoquer le mépris de son prochain devant des milliers de personnes ? Inutile d'étudier le 'Hafets 'Hayim ou le Chemirath halachon pour conclure que ce n'est pas une conduite digne de Juifs… La réponse ? Quand une personne envoie et reçoit 1500 messages, elle se doit de répondre très rapidement. Cette personne n'est plus en mesure de réfléchir. Elle n'a pas deux minutes pour tenter de soupeser ses actes avec intelligence, de concevoir l'impact terrible de ses actes, et de voir les incidences catastrophiques de ses réactions. Le temps que son cerveau prenne conscience de ce qu'elle fait, ses doigts sont déjà occupés à envoyer un message vexant, piquant, rabaissant autrui, distribué en une minute à des milliers de personnes avides de « news »… C'est la « fin du temps » personnel. ● Questionnaire... Vu sur Lettre Santé Nature Innovation, de Jean-Marc Dupuis Que se passerait-il si… • Que se passerait-il si, la prochaine fois que je fais la queue dans un magasin, plutôt que de vérifier mes messages, j'engageais la conversation ou souriais aux personnes autour de moi ? • Que se passerait-il si, la prochaine fois que j'ai deux minutes à attendre à un feu rouge, au lieu de vérifier mes messages, je faisais une prière au Créateur de l'Univers ? • Que se passerait-il si, la prochaine fois que j'ai 15 minutes de libre devant moi, plutôt que de vérifier mes messages, j'en profitais pour organiser une soirée spéciale avec ma femme ? • Que se passerait-il si, la prochaine fois que j'ai 30 minutes avant de me coucher, plutôt que de vérifier mes messages, je lisais un chef-d'œuvre de spiritualité qui changerait ma vie et celles des autres autour de moi ? • Que se passerait-il si, la prochaine fois que je suis à la cantine de mon entreprise, plutôt que de vérifier mes messages, j'engageais une conversation profonde avec un de mes collègues et que je lui posais des questions sur sa vie ? • Que se passeraitil si, la prochaine fois que j'ai une heure durant le week-end pour me relaxer, plutôt que de vérifier mes messages, je mettais une belle musique et je me laissais emporter par sa beauté ? Ce n'est pas qu'Internet soit mauvais en soi. Mais les bienfaits d'Internet ne doivent pas nous faire oublier que la vie est courte, que le monde est vaste, et qu'il y a beaucoup de choses importantes et intéressantes à faire ! NDLR : Si même un non-Juif lambda (quelconque) en prend conscience… 197 ● Juin 2016 │ 21 Decryptage Au Golan Avec un souci brûlant… Par le rav H. Kahn I l faut bien reconnaître que la contestation des droits du peuple juif sur sa terre pour des raisons historiques (ne parlons pas de celles qui émanent de la Tora et sont de droit divin) devient de plus en plus forte. Il suffit de lire les réactions des lecteurs à des articles nous concernant sur n'importe quel media pour constater l'ampleur de la haine des Nations envers le peuple juif ! Sans parler de leurs 22 │ Kountrass Famille ● 197 dirigeants : quand le Premier Ministre israélien explique en toute logique qu'il n'est pas pensable actuellement de rendre le Golan à la Syrie, et que ce territoire fait partie d'Israël à tout jamais, c'est le tollé international ! Même les dirigeants les plus positifs envers Israël refusent de lui reconnaître ce droit, pourtant basé sur la présence d'une tribu d'Israël en ces lieux – à savoir, Dan et la moitié de Menaché. N'est-ce pas une situation sur- toir ». Prenons notre sort entre nos mains. Soit. Pourquoi ne pas tenter une telle prenante ? Il n'est certes pas faux de dire que nous vivons une période pré-messianique, et que nous étions avertis de sa difficulté. Toutefois, c'est déjà le cas depuis belle lurette, et malheureusement, rien n'a réellement avancé. Puis, à dire la vérité, notre période est finalement fort confortable, comparée à l'époque de nos parents, grands-parents et aïeux, sous la Shoah… Nous ne connaissons pas la solution. Que devrait faire le peuple juif afin d'arriver à une reconnaissance pleine et entière de ses droits ? Du reste, nul n'est prophète parmi nous pour pouvoir se permettre de prendre à ce niveau une quelconque position. Toutefois, nous devons arriver à un constat : nous avons souffert durant de longs siècles et millénaires, du mépris et de la haine de la part des Nations du monde. Elles en sont venues jusqu'à tenter de nous détruire, et de provoquer la disparition de la mémoire du peuple juif. L'Eternel a aidé, et leurs projets maléfiques ne se sont jamais réalisés, même si, à certaines époques, ils n'en n'étaient pas loin ! La période moderne a entraîné un nouveau courant de pensée dans le peuple juif lui-même: cessons de nous laisser conduire « comme un troupeau à l'abat- voie ? Est-ce que, dans le temps, le peuple juif n'avait pas sa propre armée et ses moyens de défense ? Sans interroger nos sources à cet égard, voyons le résultat : est-il convaincant ou non ? Ponctuellement, nul doute que l'armée israélienne est l'une des plus fortes et des plus avancées au monde, mais le problème de fond est-il pour autant résolu ? L'antisémitisme a-t-il diminué ? Non et non. Une personne religieuse ne peut que chercher l'erreur. Et très certainement, arriver à une conclusion située quelque part au niveau de notre conduite à nous, de notre pratique de la Tora et des mitsvoth, du respect de son prochain, de l'aide aux pauvres, de notre morale. Il n'est pas donné d'être plus précis, car chacun sait où le bât le blesse, mais il est intéressant de constater qu'il n'y a visiblement pas d'autre issue : nous sommes invités, au quotidien, à faire techouva ! Que l'Eternel nous aide à retrouver le droit chemin, pour nous-mêmes, notre place dans le monde futur, et aussi pour que l'ensemble du peuple juif retrouve la paix et le respect dans le monde d'icibas. ● binyane bayit au service de la famille Couple en crise Chal-om bayit Une personne à votre écoute (+33)1 43 40 62 62 [email protected] www.binyanebayit.com 197 ● Juin 2016 │ 23 Politique Faut-il craindre le phénomène Donald Trump ? Par David E. Avraham R abbi Yehouda Hanassi avait l'habitude de conclure sa prière par la requête suivante : « Qu'il soit de Ta volonté, Hachem, notre D' et D' de nos pères, de nous sauver des effrontés et de l'effronterie » (Berakhoth 17b). Donald Trump fait des erreurs monumentales. Il insulte, exagère, est confus 24 │ Kountrass Famille ● 197 sur les affaires étrangères, et dit même parfois des choses tout simplement fausses. Et les applaudissements de ses partisans retentissent encore plus fort. Plus encore, celui dont la candidature semblait constituer une énorme farce a aujourd'hui une bonne chance de devenir le prochain président des Etats-Unis d'Amérique. Le très atypique candidat à la succession d'Obama semble en effet avoir pris tout le monde de court. Son ascension fulgurante dans les primaires républicaines a fait de lui non seulement le probable représentant du parti, mais un réel favori dans la course à la Maison Blanche. Et, à six mois des élections américaines, tous ceux qui s'amusaient allègrement de sa candidature tentent de comprendre pourquoi Donald Trump peut gagner les élections. Ce qui est désormais qualifié de « phénomène Donald Trump » fait aujourd'hui l'objet d'études et d'analyses approfondies pour en cerner les causes. Chacun y va de son interprétation pour expliquer ce qui a bien pu échapper aux politiques et aux media de tous bords. Même au sein de notre communauté, le phénomène ne laisse pas insensible. Cependant, il suscite tant l'intérêt que d'innombrables interrogations. Bien que les grandes autorités rabbiniques ne se soient pas encore officiellement prononcées sur la question, les journaux et les magazines juifs orthodoxes ne cachent pas leur curiosité à l'égard du personnage. C'est ainsi qu'en avril dernier, Donald Trump a fait la une du magazine Michpa'ha auquel il a accordé un entretien exclusif. On y apprend (ce qu'on pouvait lire dans nos colonnes également), entre autres, qu'il a une fille et un gendre chomré Chabbath/respectueux du Chabbath, et qu'il a payé la totalité du prêt immobilier d'un avrekh ayant aidé son chauffeur à changer la roue de sa voiture. Pas de quoi expliquer le phénomène. Toutefois, à bien y regarder, il n'y a rien de vraiment nouveau sous le soleil. Le phénomène Trump n'est effectivement pas très éloigné du phénomène Obama, du phénomène Clinton ou encore du phénomène Reagan. De fait, c'est toujours le candidat le plus charismatique et le plus audacieux (ou le plus effronté dans le cas de Trump) qui gagne la course à la présidence. Peu importe les diplômes, les qualifications ou même l'expérience ! On peut être un ancien vendeur de dentifrice, un saxophoniste ou un milliardaire excentrique, et devenir le président de la première puissance mondiale. Ce principe s'applique tant en politique que dans bien des domaines. L'essentiel, pour réussir, c'est d'avoir de l'audace, pour ne pas dire de la 'houtspa, et une immense volonté. Il faut ajouter à cela de la régularité dans l'effort, ainsi qu'une bonne dose d'aide divine – et hop ! l'affaire est dans le sac. En cela, Donald Trump n'incarne donc rien de nouveau. Il applique cette recette ancestrale, à laquelle il ajoute une bonne dose de populisme et de démagogie. Cela dit, en quoi ce phénomène concerne notre 'avodath Hachem, notre service divin ? A priori, quoiqu'il arrive, nous savons que Hachem met en place les dirigeants de pays et inspire leurs décisions, 197 ● Juin 2016 │ 25 comme l'enseigne le roi Chelomo (Michlé/Proverbes 21,1) : « Le cœur du roi est comme un ruisseau dans la main de l'Eternel ; Il le dirige partout où Il le veut. » La course à la présidence américaine ne présente donc que très peu d'intérêt, si ce n'est aucun, dans notre service divin. Néanmoins, c'est justement en vertu du principe selon lequel Hachem choisit les dirigeants qu'il convient de méditer un tant soit peu sur ce choix. Ceci semble d'autant plus important lorsqu'il s'agit du président de la première puissance occidentale. Une puissance qui, depuis des décennies, influence et inspire le monde entier par son économie, sa société et sa culture. Une puissance au sein de laquelle réside à ce jour la deuxième plus grande communauté juive au monde. Certes, nous ne sommes pas (encore ?) avec un Donald Trump président des Etats-Unis ; cependant la fulgurante ascension du magnat de l'immobilier interpelle fortement, même sur le plan spirituel. « Tel est le sort de Ses adorateurs, de ceux qui recherchent Ta face, de Ya'akov, séla ! » (Tehilim/Psaumes 24,6). En effet, la principale question spirituelle que soulève chaque élection importante est celle du rapport entre le dirigeant et la génération qu'il gouverne. Dans la Guemara 'Erekhin (17b), rabbi Yehouda Hanassi et « rabbanan » (d'autres Sages de la Michna) débattent sur ce point. Ce débat s'articule autour du sixième verset 26 │ Kountrass Famille ● 197 du Psaume 24, dans lequel le roi David a juxtaposé la génération et ses dirigeants. Selon rabbi Yehouda Hanassi, ainsi que selon les autres Sages de la Michna, le roi David nous enseigne ainsi le lien étroit entre le peuple et son souverain. Le débat est de savoir qui, de ces deux parties, est le vecteur directeur d'influences. Le Talmud rapporte deux versions de ce débat. Selon la première, et d'après l'opinion de rabbi Yehouda hanassi, le dirigeant est sous l'influence de sa génération. C'est-à-dire que si la génération est pieuse, alors il en sera de même de son dirigeant. Par contre, d'après Rabbanan, c'est la génération qui se trouve sous l'influence de son dirigeant. Autrement dit, les qualités spirituelles du dirigeant vont élever ou au contraire altérer le niveau spirituel de sa génération. Selon la deuxième version de ce débat, une génération pieuse peut être gouvernée par un souverain impie, et inversement. Toutefois, d'après rabbi Yehouda Hanassi, si les membres de la génération se comportent humblement et cordialement les uns avec les autres, alors Hachem leur enverra un souverain affable. En revanche, s'ils se comportent entre eux avec violence, orgueil et effronterie, il leur sera envoyé un tyran violent, présomptueux et effronté. D'après Rabbanan, c'est l'inverse. Lorsque le souverain se conduit humblement, Hachem fait en sorte que son peuple suive. Selon nos Sages, il y a donc un lien réel entre le souverain et sa génération. L'effronterie de Donald Trump est une réalité qui Selon nos Sages, c'est la nature du souverain, et non son nom, qui importe. Autrement dit, Trump ou pas, si la génération renonce à pactiser avec ses vieux démons xénophobes et racistes, et s'efforce de mieux vivre ensemble, son souverain sera doux comme un agneau. Il ne s'agit évidemment pas de se métamorphoser en hippie écervelé qui prêche l'amour sans limite et sans raison. Il ne s'agit pas non plus de vivre dans l'angoisse permanente que notre manque d'amabilité pourrait devenir la source d'un règne tyrannique. Il s'agit simplement et sereinement d'embrasser le fait que nous formons tous un ensemble appelé la génération ; un ensemble dans lequel chacun de nous joue un rôle déterminant. De fait, Hachem nous a octroyé le pouvoir de participer activement à la rédaction de notre histoire. Il nous suffit pour cela de laisser s'exprimer par des actes simples la bonté, la mansuétude et la pudeur ancrés en nous. Hachem nous a également dévoilé par le biais de nos Sages le pouvoir phénoménal de l'union au sein d'Israël. Elle transcende les frontières de notre peuple pour abreuver de ses bénédictions l'ensemble de l'humanité. Il nous appartient donc de nous reconnecter avec le Klal Israël par des actes de bonté simples et sincères. Il existe pourtant une conduite encore plus simple et fédératrice : la Chemirath Halachon. Dans une lettre adressée aux femmes, la rabbanith B. Kanievski, de mémoire bénie, en expose la force et la nécessité absolue dans notre génération. Puisse Hachem circoncire nos cœurs, et puissions-nous mériter promptement la venue de Machia'h Tsidkénou. ● LES VENTES D'ÉTÉ DÉBUTENT AVEC CASTLES! BÉNÉFICIEZ DES MEILLEURS PRIX EN RESERVANT DÈS MAINTENTANT 08-8669878 אפקט semble faire l'unanimité, même auprès de ses partisans. D'autre part, beaucoup de ses opposants veulent voir en lui un néofasciste orgueilleux et violent. Or, surtout, Donald Trump représente, selon eux, un véritable danger pour la paix mondiale. Par ailleurs, de nombreux membres du parti républicain, que Trump est censé représenter, se disent prêts à voter pour le candidat démocrate si Trump sort vainqueur des primaires républicaines. Certains vont bien plus loin. Ils menacent de quitter les Etats-Unis pour le Canada si Trump est élu président… S'agit-il donc de la matérialisation des paroles de nos Sages ? Donald Trump sera-t-il le despote envoyé par Hachem pour curer une génération polluée par l'effronterie, par la peur et la haine de l'autre ? Faut-il craindre le phénomène Trump ? Ramada Besoin de soleil,de mer et de bien être? 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Il a toutefois perdu entre-temps cette guerre-là, ayant trouvé plus fort que lui dans ce combat… B en (Benjmin) Rhodes, 38 ans, est le conseiller national adjoint pour les "Communications stratégiques et les Discours" – dont ceux de Obama, dont il est l'un des principaux rédacteurs. Il a récemment dévoilé au New York Times les dessous des pratiques de la Maison Blanche pour faire passer diverses options choisies par le pouvoir aux yeux du grand public et des décisionnaires du monde entier. L'un des dossiers sensibles qui a fait l'objet d'un travail important pour assurer sa bonne diffusion n'est autre 28 │ Kountrass Famille ● 197 Les prophètes disent déjà : « Tes destructeurs et les auteurs de ta ruine émanent de tes propres rangs » (Yechay'ahou/Isaïe 49,17 – selon une partie des commentateurs, dont le Alchikh et surtout le Metsoudath David, qui ajoute : « Et cela [cette ruine] ne provient pas de Moi »). Car la mère de Benjamin Rhodes est juive… Les dévoilements de ce conseiller de la sécurité d'Obama, rédacteur de nombre de ses discours, ont fait scandale aux Etats-Unis. Moins ailleurs, et c'est surprenant. Qu'avoue Rhodes ? Personne ne pourra lui reprocher, à lui et au pouvoir, d'avoir usé des techniques traditionnelles pour convaincre les Iraniens de leur intérêt à accepter les accords. C'est normal. Toutefois, là où les méthodes deviennent plus osées, c'est quand la Maison Blanche manipule le public et les media pour arriver à imposer ses vues. Les opposants à Obama n'ont en tout cas pas apprécié outre mesure. Sur le fond, avec Rhodes, dont l'influence sur la Maison Blanche est très marquante, il est urgent que les EtatsUnis s'écartent du Moyen-Orient. L'accès au nucléaire des Iraniens ? Seule une intervention militaire peut l'empêcher, ce qui ne vient pas en ligne de compte. Il faut donc faire avec. Et tout mettre en œuvre pour entraver les velléités israéliennes d'intervenir, car cela pourrait forcer les Etats-Unis à agir eux aussi, contre leur gré. Comment Rhodes s'est-il conduit dans ce sens ? D'après sa déclaration au New York Times, en faisant croire que les tractations avec l'Iran n'ont commencé qu'en 2013, à la suite de l'accession de Rou'hani le « modéré » au pouvoir – alors qu'elles ont déjà commencé sous Ahmadinejad, ce qui n'est pas très glorieux. L'idée d'un conflit interne entre les modérés et les extrémistes a permis au pouvoir américain de faire accepter son intervention, la présentant comme renforçant en fait les modérés de parmi les dirigeants iraniens. Au printemps 2015, soudain, une ribambelle de « spécialistes » du nucléaire, tous partie prenante en faveur des accords avec l'Iran, s'est dévoilée sur la place publique. Leurs avis ont été accueillis avec plaisir par les grands journaux, comme s'il s'agissait de fins connaisseurs en la matière. Ce, à un moment où les grands journaux en question ont cessé d'avoir des représentants dans le monde, et se contentent de puiser les informations livrées par la Maison Blanche… Leon Panetta, alors dirigeant de la CIA, a été interrogé à l'égard de sa connaissance des liens secrets entre le pouvoir et Ahmadinejad : non, il n'en savait rien. En revanche, l'une de ses fonctions consistait à calmer le jeu israélien, assurant que jamais de la vie Obama ne laisserait l'Iran arriver à la force nucléaire – sans toutefois y croire lui-même… Ceci ne suffisait pas : des millions de dollars ont également été distribués pour que la mayonnaise prenne. Une fondation du nom de « Ploughshares », un organisme chrétien anti-nucléaire, a servi à influencer nombre de media et de groupes – dont J Street, un groupe juif américain, avec un demi-million de dollars. Une tactique classique, bien connue en Israël. Et la presse israélienne ? Difficile de savoir si elle aussi a été servie, mais une chose est claire : elle ne s'est pas particulièrement fait l'écho de la bombe lancée par Rhodes… Il est vrai que la plupart des grands media sont opposés à Netanyahou, et il à ce point de vue, ils n'étaient peut-être pas en mesure de conserver une vision neutre et objective de la situation. On se souvient encore du discours de Netanyahou au Congrès, et des durs comptes-rendus qu'en a livré la presse israéliens. Il se peut que, finalement, ces informations sur la conduite de la Maison Blanche durant cette dernière période n'aient pas de conséquences. Obama en est à la fin de son mandat. Mais il n'empêche que, dans le cas présent, c'est pour une fois une vraie manipulation de l'ensemble de l'opinion mondiale qui a été entreprise et qui est prouvée par ses propres initiateurs, fait tout de même rare, il faut l'avouer. ● 197 ● Juin 2016 │ 29 Politique locale Quelques remarques en marge d'un ouragan Par Ya'akov Manela Q uand un ouragan éclate, il n'y jamais le temps de prendre un peu de recul, et de réfléchir à ce qui est en train de se passer. Evidemment, notre place n'a pas le moins du monde été touchée par ce mauvais vent qui a soufflé, mais l'ensemble de la classe politique a été troublée par les événements de ce dernier mois dans le pays. Tentons de comprendre ce qui s'est passé. Un gouvernement basé uniquement sur une majorité de 61 membres de la Knes- 30 │ Kountrass Famille ● 197 set, au lieu de 120, n'est pas facile à gérer. Il suffisait d'un député, aussi mauvais soitil, qui veuille faire passer son idée (par exemple, forcer l'Etat tout entier à accepte l'arrivée des Falashmura, ces Ethiopiens chrétiens, avec tout ce que cela peut signifier sur le plan financier) pour que le chantage porte fruit. Le principe : l'assemblée doit accepter sa proposition, sous peine de causer son départ, mettant de la sorte la coalition en danger… Il fallait donc, pour Netanyahou, faire quelque chose, d'autant plus que Kakhalon, le ministre des Finances, ne cessait de réclamer, pour l'an prochain, un budget bisannuel, afin d'éviter de remettre en péril son équipe l'an d'après. Il y avait deux directions : soit convaincre le grand parti travailliste, avec Herzog à sa tête, de rejoindre le gouvernement, malgré les immenses divergences entre les deux groupes (mais Herzog n'avait rien à perdre, si ce n'est sa discutable place d'honneur à la tête de l'opposition) ; soit s'accorder avec Liebermann, le Russe, malgré ses critiques viscérales de la gestion de Netanyahou ces dernières années. Herzog, après une longue période durant laquelle il refusait d'admettre l'existence de contacts dans ce but, a fini par avouer leur réalité, pour arriver, pratiquement, à la dernière case : il était prêt à rejoindre le gouvernement de Netanyahou, avec près d'une dizaine de membres de son parti. Le reste a fait savoir son opposition la plus farouche à une telle démarche. Il faut dire que, face à un politicien aussi aguerri que Netanyahou, Herzog ne faisait pas le poids, et n'aurait pu que servir de faire valoir pour le Likoud. Des hésitations techniques de dernière minute, pour savoir si oui ou non on allait coucher sur papier les accords, ont permis à Liebermann de comprendre que le train allait se mettre en marche. On connaît La suite : c'est lui qui a sauté dans le wagon, pour devenir le ministre de la Défense. Ce, justement, quand Bogui Ya'alon avait rué dans les brancards ces derniers temps : il avait de suite condamné le soldat assassin, admettant sa totale responsabilité ; puis il avait couvert son second, malgré une comparaison gauche (ou de gauche) entre la situation actuelle en Israël et celle de l'Allemagne à la montée du nazisme ; enfin, il a appris à ses hauts gradés la nécessité de savoir critiquer ouvertement les directives gouvernementales, sans se gêner. Bogui avait-il pressenti la fin de son mandat ? Avait-il là préparé son avenir politique ? On l'admet, mais dans ce cas, mais l'idée reste assez surprenante : ainsi donc, cet ancien général en chef, vu comme un élément pondéré, et prometteur dans l'enceinte du Likoud, avait donc des visions situées bien plus à gauche, quelque part dans l'optique traditionnelle de l'establishment d'ancienne mode israélienne, avec les grands media, les responsables des tribunaux, les politiciens de l'ancienne école, etc. En tout cas, ses prises de position assez marquées de ces temps-ci correspondent en tout point avec les visées de cette classe politique définie. Pour Netanyahou, en un tel moment, il était donc aisé de lui faire savoir qu'il perdait sa place, et de le remplacer par Liebermann. Lui, ministre de la Défense ? Il a quelque expérience, pour avoir été videur dans des boîtes de nuit à son arrivée de l'ancienne URSS, mais de là à obtenir un tel poste, l'un des plus importants du pays !? Netanyahou a du reste rassuré le bon peuple : c'est lui-même, Netanyahou, le grand responsable de l'ensemble de l'organisme de l'Etat, qui l'avait désigné. De ce fait, nul n'avait à s'en faire. La preuve : 197 ● Juin 2016 │ 31 il occupe déjà trois ou quatre postes ministériels – réservés jusqu'à présent dans l'éventualité que le parti travailliste rejoigne son gouvernement. Cependant, on ne voit pas encore qu'il lâche ces postes à d'autres... Liebermann est d'une nature très extrémiste : il préconise la peine capitale envers les terroristes, pense qu'il faut contrer le 'Hamas sans pitié… Dans ce domaine, a-t-il tort ? Que l'on nous permette de penser que non : il décrit là la seule conduite qui marche réellement avec les Arabes, comme saurait le confirmer toute personne avec un minimum d'expérience parmi eux. Ce n'est pas le cas des Américains et des Européens et, en cela, la qualité des relations diplomatiques d'Israël avec eux n'est plus garantie. Si Liebermann met à exécution ses idées… Cependant, un gros avantage réside dans son pragmatisme. Il semble déjà avoir accepté que son exigence d'appliquer la peine capitale reste sur le papier… Du reste, c'est également, pour les partis religieux un élément rassurant : Liebermann, a priori, a adopté plusieurs idées du sieur Lapid, en particulier dans le domaine du mariage pour tous, goyim et autres, ainsi que l'autre épée de Damoclès agitée sous le gouvernement précédent, concernant l'enrôlement de gré ou de force des jeunes des Yechivoth dans l'armée. Or, il s'avère à présent que, pour des raisons purement pratiques, Liebermann a su remettre ses vœux dans le classeur duquel ils ont été ressortis, en attendant une période plus propice… L'accès au pouvoir est tout de même plus important que l'exécution de ces idéaux, non ? En conclusion, Netanyahou a fait une assez bonne affaire : il a donc ajouté à son équipe quelques 6 députés, tous totalement soumis à leur chef de file (ce 32 │ Kountrass Famille ● 197 qui n'aurait vraiment pas été le cas avec les gens entourant Herzog – lequel se retrouve du reste en très mauvaise posture dans son propre parti. En fait, sa présence à sa tête ne devrait plus durer très longtemps), et a évité un très gros casse-tête avec l'arrivée de députés de gauche. Ya'alon, un élément décidément trouble, a quitté le gouvernement, justement quand il commençait à lorgner par trop fort vers la gauche, sans doute avec des arrière-pensées politiques bien définies. Tout cet ouragan a profondément découragé nombre de journalistes, qui espéraient (une fois de plus) la chute de Netanyahou, ou au moins sa capture par des mains « intelligentes » et « équilibrées » (à savoir, Herzog). Or, c'est le contraire qui s'est passé… Et nous, le public religieux ? L'accession de Liebermann au gouvernement et, de plus, au poste de ministre de la Défense, n'est bien sûr pas agréable. Il faut reconnaître à l'ancien kibboutznik qu'était Ya'alon le mérite d'avoir su reprendre en main le dossier de l'enrôlement forcé des étudiants en Yechiva, et fait comprendre qu'il ne voyait en aucune manière moyen de forcer qui que ce soit à faire son service militaire (d'autant plus que c'est un secret connu de tous que l'armée ne manque pas de soldats, bien au contraire, et que le principe même d'un service imposé à tous n'est plus du tout évident). Liebermann est, à ce niveau, de loin plus intraitable. Néanmoins, comme dit, il est remarquablement perspicace quant à ce qui est intéressant pour lui. De ce fait, a priori, il y a lieu d'espérer qu'il saura là aussi prendre les décisions qui s'imposent, les plus conformes à nos positions. Il lui suffit du reste de savoir faire les comptes : le gouvernement actuel, si les treize députés religieux le quittaient, perdrait le pouvoir… ● Nouvelles communautaires La communauté Adath Israël de Paris et la nomination de son nouveau rav V oici déjà quelques mois, motsaé Chabbath Vaéra, la communauté orthodoxe d'Adath Israël de la rue Basfroi a intronisé son nouveau rav, le rav Chemouel Mortchelewicz. Cette communauté, fondée au début du siècle dernier par les Juifs arrivés de Pologne, fit ensuite partie de la "Agudas Hakehilos", regroupant les communautés orthodoxes de Paris, sous l'autorité de la communauté de la rue Pavée. La présente communauté d'Adath Israël, de fait, resta longtemps sans rav. Avec le temps, toutefois, elle se dota d'un dirigeant en la personne du rav 'Haim Yaaqov Schlammé, figure emblématique du judaïsme parisien qui occupa les fonctions d'Av-Beth-din de la rue Pavée, et dirigea le séminaire de jeunes filles loubavitch d'Yerres. Malgré son origine alsacienne, il dirigea donc l'Adath Israël dans l'inspiration 'hassidique qui la marquait alors. Après son départ pour Erets Israël, ce fut le rav David Ledeberger, dont le père M. Mena'hem Ledeberger zal fut un des piliers fondateurs de la synagogue, puis le rav Yirmiahou Menahem Hakohen, Av Beth Din au Beth Din de Paris (et 'hassid de Belz) qui se succédèrent à la tête de cette belle communauté. Depuis le départ de rav Kohen après les fêtes de Souccoth 5775, au bout de sept années de fonction, au cours desquelles la communauté ne cessa de se développer, il n'y avait plus de rav à Adath Israël. Il fallait une figure qui maintînt la tradition d'ouverture, en même que l'ancrage ashkénaze de la communauté ; en effet, unique en son genre à Paris, cette schoule ashkénaze non consistoriale a une tradition de bienveillance et d'accueil à l'égard de toutes sortes de minhagim, des nombreux fidèles séfarades à la forte minorité Loubavitch, sans parler de ses lamdanim, de ses grands universitaires, de ses gens simples qui cohabitent dans une vraie harmonie. Après de longues recherches, c'est donc le jeune rav Chemouel Mortchelewicz qui y assumait les fonctions de ba'al koré et de maguid chi'our, qui a été choisi pour relever ce défi. Le rav Mortchelewicz a grandi au sein des institutions Yad Mordekhaï, dirigées par le rav Katz rue Pavée, puis a étudié à la Yechivath Ponievezh à Bené Brak. Tout en poursuivant ses études au sein de Yad Mordekhaï dans le collel dirigé par le rav Chelomo Edelstein, il se promet de répondre à l'attente de cette communauté si attachante, et de maintenir son originalité, qui ne pourra que croître et se renforcer à mesure qu'elle grandira dans le limoud. De nombreux rabbanim parisiens ont assisté à son intronisation. ● 197 ● Juin 2016 │ 33 Interview Interview exclusif : Comment choisir son école ? Par Ya'akov Manela L e rav David Choukroun « médiateur » à la municipalité de Jérusalem pour le public francophone religieux. De quoi s'agit-il ? Nous l'avons rencontré, et avons eu droit, pour l'entrée, à une explication plus large du système éducatif israélien – exposé très certainement d'une grande importance pour toute famille qui pense faire sa 'alia, ou qui l'a déjà faite et éprouve diverses difficultés à poser trouver ses repères. « Comprenons tout d'abord les diverses options du public qui est le nôtre, au niveau des écoles, avant de préciser mon rôle – celui de « megacher », de média- 34 │ Kountrass Famille ● 197 teur, responsable de la 'alia française dans les écoles religieuses, face aux difficultés que nos coreligionnaires peuvent rencontrer – et elles ne manquent pas : les enfants peuvent se sentir déphasés dans les nouvelles structures dans lesquelles on les a inscrits, et les parents également sont susceptibles de ne pas se retrouver dans le système local, totalement différent de ce qu'ils ont connu à l'étranger. Cela fait déjà une quinzaine d'années que je travaille dans l'éducation, donnant beaucoup de cours à des enfants 'olim pour les aider, en privé, et à petite échelle, dans une école à Ramoth et une autre à Bayith Vegan. Je travaille également au Va'ad harabbanim dans le domaine français, connaissant de ce fait les problèmes sociaux qui peuvent se poser. Comme je suis assez mêlé à ce qui se fait dans le domaine francophone, la municipalité a fait appel à moi pour que je m'occupe de manière plus large de notre public. » Pourquoi les difficultés que vous évoquez ? « Les gens qui viennent de France le font, souvent, pour leurs enfants, afin qu'ils réussissent mieux dans leur vie de Juifs. Or il faut savoir que le système pédagogique local ne ressemble pas à celui de France : là-bas, c'est soit une école goy, soit une école juive. Il est vrai qu'il y a des nuances entre les diverses écoles juives, entre franchement orthodoxes et bien plus laïques ; toutefois, le point commun est tout de même qu'elles cherchent à non seulement enseigner les lois juives, mais aussi un mode de vie juif. La majorité des membres de la communauté sont religieux, et tiennent à ce que leurs enfants adhèrent, en plus de leurs connaissances, à cette existence spécifique qui est la nôtre. En Israël, c'est différent : les écoles du système général, mamlakhti, sont laïques – toutes les matières profanes sont abordées, mais les études juives ne prennent pas une grande place. Très certainement, elles ne visent pas à apprendre un mode de vie. On peut se retrouver avec des enseignants sans kipa qui donnent des cours de Tanakh, à titre purement culturel. Dans le Mamlakhti-dati, les deux pans semblent abordés. Néanmoins, ce courant est également rattaché aux programmes du ministère de l'Education nationale ; le public qui les fréquente émane généralement des couches sociales liées aux partis religieux nationalistes. A priori, ce courant est l'idéal pour le français qui fait sa 'alia. Le troisième type d'établissement est le 'Harédi – religieux, qui ne dépend pas du ministère, ou très peu. On y enseigne principalement le kodech. Les parents français cherchent a priori à rejoindre le mouvement religieux. Cependant, ils se tournent en majorité vers le Mamlakhti-dati, qui semblerait plus leur correspondre. Toutefois, de grandes nuances existent entre les différentes écoles de ce type, et dans certaines d'entre elles, les matières religieuses sont apprises comme les profanes, sans la réelle transmission d'un mode de vie. Quand ces parents ont fait le choix d'Erets Israël, c'était souvent, effectivement, pour que leurs enfants aillent de l'avant et soient encore plus à l'aise dans la pratique du judaïsme. Sinon, ils auraient plutôt opté pour certaines régions des Etats-Unis et du Canada… Or, faire passer cette dimension n'est pas chose facile. Dans le mauvais établissement, les enfants risquent au contraire de régresser, de subir de mauvaises influences et de tout abandonner ! Ceci dit, il existe de très bonnes écoles du Mamlakhti-dati. Dans le secteur 'harédi-religieux, on pourra trouver également diverses formules, ce qui est important pour les Français qui tiennent, envers et contre tout, à ce que leurs enfants passent le bac ! Ils ne peuvent pas admettre une école où l'on dispense, par semaine, une heure de maths et une heure d'anglais… Il existe de nos jours suffisamment d'institutions dans ce courant où l'on suit des études de kodech de très bon niveau, et en même temps, des enseignements de 'hol tout aussi valables. Là, quand les 197 ● Juin 2016 │ 35 Interview jeunes arrivent à l'âge de choisir entre le lycée et la Yechiva qetana, ils ont les deux possibilités. En France, ce choix-là se fait en général après le bac. Alors, on va peut-être se permettre une année de Yechiva avant de poursuivre les études. Ici, cette question se pose déjà à une première échéance, à la fin du « yessodi » (la quatrième, vers les 13 ans), après la 'hativa bénaïm, et avant le « 'al-yessodi », le secondaire en quelque sorte. Jusqu'à la classe 'het, toutes les écoles (hormis les 'hadarim, dont nous ne parlons pas) fonctionnent avec un programme comportant les deux options, 'hol et kodech. Là, les jeunes sont placés devant le choix : continuer avec un tel programme mixte, ou passer au koulo kodech – à la Yechiva qetana. Dans les écoles 'harédith, la plupart optent pour cette dernière possibilité. Toutefois, il existe depuis plusieurs années, à Jérusalem, des écoles clairement religieuses qui permettent à leurs élèves de continuer jusqu'au bac à un niveau bon et intense dans les deux composantes. Il s'agit d'un nouveau courant dans les écoles 'harédi, faisant partie du « Mamlakhti-'harédi », plus ou moins accepté par le monde 'harédi. » Tout ceci fait une grande panoplie de possibilités… « Justement, voilà pourquoi il est plus qu'indispensable que les parents se fassent conseiller par des gens les connaissant, et surtout par des personnes au courant du système israélien, en mesure de dire quelle école est trop forte pour eux, et laquelle n'est pas assez religieuse pour leurs enfants. L'un des éléments primordiaux d'une 'alia réussie est de savoir se diriger vers des établissements qui conviennent à nos enfants. Les autres sont : une parnassa, car on ne peut pas s'en remettre à la Grâce du Seigneur, et un lieu où habiter, car ce choix a une influence essentielle sur l'avenir de la famille. Dans le domaine des écoles, il ne fait aucun doute que Jérusalem est de loin la mieux desservie, avec des options très larges. Ailleurs, les choix sont moins grands et, par conséquent, les problèmes s'y avèrent plus difficiles à résoudre. » Arrivons-en à présent à votre poste personnel : celui, fort curieux, de médiateur – « megacher »… 36 │ Kountrass Famille ● 197 « Là, nous touchons à l'une des particularités du système pédagogique local, en cela totalement différent de celui que nous avons connu en France ! Les écoles du mamlakhti-dati ont également un médiateur, preuve que ce besoin était partagé, et que la nomination d'un tel responsable s'imposait. En France, les enfants vont à l'école pour la journée, sous la responsabilité de l'établissement. Les problèmes sont gérés d'une manière très stricte, dans un cadre clair et structuré, avec un programme à suivre à la lettre. Si un élève prend un peu trop ses aises, il est immédiatement replacé dans le droit chemin. En cas de difficultés scolaires, on met l'élève au pas, lui rappelant qu'il doit travailler. On ne fera appel aux parents que dans des cas très graves. En Israël, c'est totalement différent : tout d'abord, la proximité est très grande. Les parents peuvent téléphoner une fois par semaine à l'enseignant pour s'intéresser à ce qui se passe avec leur enfant – en France, jamais de la vie ! Parfois, l'école veut faire passer un message aux parents, et ces derniers peuvent facilement ne pas comprendre. Un ton amical peut être compris comme reposant sur la haine, et provoquer une catastrophe. Néanmoins, cette proximité existe aussi entre les élèves et les professeurs, et cela fait perdre au nouveaux 'olim toute notion de limites. Bien sûr, les problèmes de langue, et surtout, les différences de mentalité, sont énormes. Un problème plus grave encore : en cas de difficultés scolaires, ici, on proposera très facilement de faire appel à des spécialistes en tout genre pour tenter d'y remédier : des orthophonistes, des ergothérapeutes, des psychologues, un auxiliaire de vie scolaire, etc. On pourra aller jusqu'à suggérer des traitements – comme la ritaline, un grand classique local… Evidemment, toutes ces propositions parascolaires dépassent largement l'entendement des parents habitués à l'école de l'étranger. Là-bas, nul directeur d'école ou enseignant ne leur téléphonait pour leur demander d'envoyer l'enfant chez un psychologue ! Une telle démarche choque très fortement les parents français ! Eh bien, ici, c'est courant et normal, et cela passe bien… Il faut donc comprendre que toutes ces initiatives parascolaires sont normalement proposées ici – et elles ont leur effet. C'est mon rôle ! Normalement aussi, je dessers les 'olim récents, mais pas d'illusion : le temps n'arrange pas forcément l'adaptation des parents à la mentalité israélienne, et il peut m'arriver aussi d'aider des familles plus anciennement installées. 197 ● Juin 2016 │ 37 Interview Mon rôle est là essentiel : je dois expliquer les différences entre les deux mondes, afin que les enfants réussissent au mieux dans leurs nouvelles écoles, dans le système qu'ils découvrent. » Qui a été responsable, à la municipalité de Jérusalem, de prendre cette initiative ? « M. Emmanuel Zilberman et Mme Lisa Cohen. Ils ont compris que le public religieux qui veut s'installer à Jérusalem a besoin d'une personne qui les connaisse et qui puisse les aider. Mme Lisa Cohen, une francophone, est là pour aider les 'olim dans tous les domaines, pas seulement l'éducation. C'est du reste une adresse à connaître… Devora Ségal, une autre préposée à la municipalité, conseille pour le mamlakhti-dati. Justement, le fait qu'une personne ait été nommée pour cet autre circuit scolaire nous montre encore une fois la différence entre les deux ensembles : ici, tout est compartimenté ; en France, nous avons connu une unité magnifique : dans la même synagogue pourront prier des Sefarades et des Achkenazes, des gens très religieux, et des gens qui le sont moins ; tout le monde priait ensemble, et se réunissait au kidouch après l'office. En Israël, ce n'est pas le cas : dans les périodes difficiles, heureusement, l'unité se fait, mais au jour le jour, les divergences sont énormes : à quel courant appartiens-tu ? Que fais-tu ? etc. La municipalité de Jérusalem a compris le 38 │ Kountrass Famille ● 197 besoin des Français et a décidé, donc, de placer une personne à ce poste. » La municipalité de Jérusalem, oui, et la Sokhnouth non… Car, contrairement à l'intelligence dont fait preuve la municipalité de Jérusalem, la Sokhnouth n'a pas su prendre de mesures de cet ordre. Ceci lui a récemment valu une grande critique de la part de certains groupes, critique qui a frappé également l'un des journaux francophones, pourtant d'apparence religieuse, pour avoir longtemps accepté ses annonces, malgré son irrespect notoire de l'engagement religieux de notre public… Le pire est que la Sokhnouth n'a même pas compris la nature de la critique qui lui était opposée (son responsable a parlé de reproches quant aux visées financières de cet organisme – incompréhension du reste intéressante…) ! La critique elle-même n'a pas forcément été assimilée non plus : on a parlé de « hachmada », de massacre, au lieu de « chmad » – incitation à abandonner la pratique religieuse… De fait, la Sokhnouth a-t-elle mis en place un responsable orthodoxe de la 'alia en France ? « Tout d'abord, bien sûr, je ne suis pas un représentant de l'Agence juive, et je vous invite à vous adresser à son directeur pour de meilleures réponses. Cependant, il faut être clair : ce n'est pas cet organisme qui dirige les 'olim vers telle ou telle école. Elle organise tout au plus des salons de l'éducation, auxquels participent des représentants des municipalités d'Israël, ainsi que des représentants des chaînes d'écoles. Toutefois, les dernières séances ne se sont pas très bien passées, ce qui explique ce mouvement de protestation contre l'Agence juive. On lui reproche de ne pas laisser suffisamment d'accès aux représentants religieux. Finalement, la question est de savoir si cette institution est disposée à tenir compte des particularités du public francophone, ce qui n'est pas évident. Et il faut dire que, dans le passé, les vagues de 'alia du Yémen ou d'Afrique du nord n'ont pas si bien été traitées… Cependant, ce n'est pas ma critique de la Sokhnouth, très à l'œuvre depuis sa création, qui va changer les choses. En revanche, sur le terrain, je suis cer- tain que le brouhaha en question explicite la présence d'un problème, et la nécessité de se tourner vers des conseillers dignes de ce nom au moment de la 'alia ! Combien de familles me contactent aujourd'hui, en me suppliant : « M. Choukroun, cette école n'est pas faite pour nous, aidez-nous à passer ailleurs ». Deux appels de cet ordre la semaine dernière ! Ou cette autre famille, qui avoue avoir choisi une école nonreligieuse, contrairement à ses options personnelles… Les gens commencent à prendre conscience des nuances, et lorsqu'ils font leur 'alia, ils savent se diriger vers les groupes prêts à les aider, à part les représentant dans les municipalités, tels que Ner Ya'alé de la rabbanith Ovadia, Lev LeA'him, les gens autour du rabbi de Kalov, le site de Tsarfat be'alia… Bien sûr, je me tiens à la disposition du public, et quiconque cherche conseil ou aide dans les écoles religieuses de Jérusalem peut me contacter au +972 (0) 54-679-7577 de 9 h 00 à 13 h 00 ou par e-mail au [email protected]. » L'EXPERIENCE FAIT LA DIFFERENCE LOCATION DE VOITURES PROMOTIONS SUR TOUS LES HOTELS EN ISRAEL La caisse de Tsedaka des Grands de la génération A tout moment, joie ou difficulté, soutenons ceux qui en ont vraiment besoin 0548485950 RESERVATION EN ISRAEL 01 83 62 86 97 TEL . (00972) 3 570 51 02 PORT. 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Dès lors, se pose à notre esprit la question : est-ce qu'il y a un délégué orthodoxe de la Sokhnout en France ? I l nous fallait donc tenter de mieux comprendre ce qui se fait du côté de la Sokhnout de nos jours – en particulier pourquoi, finalement, aucun délégué orthodoxe n'y œuvre. C'est Daniel Benhaïm, le responsable de l'Agence juive pour la France depuis 2014, un Français originaire de Sarcelles, qui a répondu à nos questions. Nous avons voulu tout d'abord savoir combien de Juifs de France faisaient actuellement leur 'alia, selon la Sokhnout. Dans les années 90, on parlait de 1000 par an, puis dans les années 2000, de quelque 2000. Tout cela est en grande augmentation ces dernières années, 40 │ Kountrass Famille ● 197 « Il n'y a pas à l'Agence juive de ch'alia'h 'harédi proprement dit ; en revanche, les trois cheli'him en place sont religieux – ce qui n'était jamais arrivé auparavant. Ils sont sensibles à ce monde-là. Néanmoins, je me dois d'ajouter ceci – et c'est à ce niveau que beaucoup d'erreurs se sont produites : en ce monde de choix personnels qui est le nôtre, chacun est en mesure de savoir vers quoi il se dirige ! Nous avons un rôle de placement et, peut-être, pour ceux qui le désirent, un rôle de conseil. Cependant, on n'est plus dans les années 50 ou 60, où les familles arrivaient à l'Agence juive et en ressortaient en sachant où elles allaient vivre, dans quelle école les enfants allaient étudier et quel métier le père de famille exercerait… On n'est vraiment plus dans ce cas de figure. Au- jourd'hui, on vient chez nous pour avoir des réponses administratives ; certains peuvent être éloignés de tout, et venir demander des conseils, mais la plupart des gens sont très au courant de la réalité israélienne, et choisiront eux-mêmes leur parcours. C'est là, en fait, où il y a un réel « motsi chem ra' » sur notre travail. On n'accueille pas les gens pour leur faire abandonner leur chapeau et raser leur barbe… Ce côté n'existe pas. La 'alia de France est considérée comme une 'alia de choix, et les gens savent vers quoi ils vont. » Acceptons cela, mais la question n'en reste pas moins lancinante : pourquoi finalement n'y a-t-il pas de délégué harédi dans votre équipe ? Ne serait-ce pas la meilleure voie pour desservir ce public comme il le faut ? Les gens vous font confiance, ils ont besoin d'un minimum de conseil, et on leur propose bien chez vous, ou à côté de chez vous, des 'alioth en groupe à Kokhav Ya'akov, qui n'est pas fait pour eux. Risque il y a que sur place, qu'on vienne les influencer. « L'Agence Juive ne s'opposerait pas à un délégué 'harédi. Officiellement, elle ne cherche pas de délégué selon des paramètres identitaires. Et, si elle cherchait un ch'alia'h de gauche ou de droite, cela entrainerait un vrai tollé. L'Agence juive ne « cherche » pas de profils précis – et du reste, aucune personne de l'origine dont vous parlez s'est présentée à nous. Si l'Agence juive avait une politique différente, on aurait gardé des cheli'him peu adaptés, comme dans le temps. » En conclusion, il n'y a pas de vraie vo- lonté dans ce domaine mais il n'y a pas d'opposition, même si l'on peut déceler une certaine tendance à chercher à s'adapter au public. » Soit, mais, en fin de compte, cela ne serait pas déplacé ? « On y a même pensé. Et on a également voulu organiser un salon de la 'alia spécial pour le monde 'harédi, mais cela ne s'est pas fait. Il va de soi, en terme de marketing, que nous aurions intérêt à ce que notre service soit conforme aux attentes de ce public, mais cela ne s'est pas encore fait. » Vous avez, à ce sujet, rebondi sur d'éventuels reproches faits à la Sokhnouth sur le plan financier. Le fait en soi nous a surpris ; pouvezvous préciser de quoi il s'agit ? D'un autre côté, depuis quelque temps, le Kéren laYedidouth fait de la publicité dans les journaux : cette fondation aide les 'olim de France. Où en est la Sokhnouth dans cette affaire ? 197 ● Juin 2016 │ 41 Surtout que la présence de cette dernière fondation est plus qu'inconfortable : ses fonds proviennent officiellement de sources évangélistes américaines, même si le nom d'un certain rabbi Ekstein, son fondateur, y est mêlé. Comme rav Eliachiv a pu dire en son temps : il est plus que gênant que ce soient de tels gens qui aident la communauté juive. En effet, cela ne vous dérange pas ? « Je suis gêné par autre chose : le Kéren laYedidouth est une association, fondée par un individu, venue diffuser son image comme si elle était une institution d'Etat, une sorte d'Agence juive. Tout aussi généreuse que soit son action, elle n'a de compte à rendre à personne. Deuxièmement, toute personne qui accepte de l'argent du Kéren, n'en doit pas moins passer pour nous. Le Kéren ne crée aucun 'olé. En France, on n'est pas en Ukraine, en Ethiopie ou au Yémen, et cette fondation chez nous ne permet pas, en fait, aux gens de faire leur 'alia. Tout au plus, elle les aide ponctuellement, dans une petite mesure. De là ma gêne : ces grandes annonces ont tendance à faire croire que cette fondation est derrière la 'alia, alors que c'est faux. Ces sommes d'argent ne sont pas suffisantes pour que les gens prennent leur décision. Pour ma part, je voulais dire encore, en ce qui concerne le public orthodoxe, que le vrai problème est celui du passage du monde 'harédi français au monde 'harédi israélien ! Tous les Juifs de France, quand ils arrivent en Israël, perdent un peu pied. Ici, on peut trouver des enfants dans telle école religieuse, mais les parents ne respectent pas le Chabbath, la mère ne se couvre pas la tête, etc. Quand ils font le pas, la transition n'est pas facile, et l'une des difficultés est de savoir, aussi, où mettre les enfants. Le monde américain a su créer ses institutions – Neora, Ma'arava, etc., permettant cela. C'est à ce niveau qu'il faut parvenir à travailler, pour savoir comment permettre un passage plus facile au public français, qui n'y est pas toujours réellement prêt. » Kéren laYedidouth – en anglais : The “International Fellowship of Christians and Jews” Cette fondation a été créée en 1983 par rabbi Ye'hiel Eckstein. Voici deux ans, elle drainait près d'un demi-milliard de shékels par an… Elle a pour vocation d'aider les Juifs à se rendre en Erets Israël. L'argent provient en grande partie d'évangélistes américains, qui voient dans le retour des Juifs en Terre sainte un point important – ils espèrent également l'adhésion à la fin des temps du peuple juif à leur foi. On imagine bien qu'avec un tel soutien, cette fondation n'est pas acceptée par tous, loin de là. Du côté orthodoxe, plusieurs institutions ont accepté son aide, mais cela les a écartées du public religieux. Le rav Eliachiv zatsal a été consulté en son temps, en particulier face à l'opinion du rav Sim'ha Kook de Re'hovoth, qui voulait totalement interdire tout contact avec cette fondation. Le Grand de la génération a refusé une position aussi tranchée, et a préféré se contenter de qualifier de gênant le fait d'accepter de l'argent de cette provenance. 42 │ Kountrass Famille ● 197 Appel de rav 'Hayim Kanievski, 19 adar II 5776/2016 Comme, depuis peu, des Juifs arrivant de France inscrivent leurs enfants dans des écoles mixtes, garçons et filles, je tiens à faire savoir qu'il est évident et clair qu'il n'y a pas lieu de faire sa 'alia tant qu'on n'a pas réglé auparavant la question de l'agglomération choisie et de la présence d'écoles dans lesquelles on éduque les enfants au respect de la Tora et des mitsvoth de la meilleure façon. Les rabbanim de France doivent mettre leurs fidèles en garde, et que tous ceux qui aident à faire rentrer les enfants en provenance de France dans des institutions de Tora réussissent dans tout ce qu'ils entreprennent. conclusions Hayim Kanievski Disons, en guise de conclusion : la 'alia des Juifs de France est une réalité de plus en plus évidente. Nous devons tout faire pour qu'elle se conclue par un succès, et non point par un échec. Or, les dangers sont là, dus en particulier aux différences de niveau entre les communautés juives de chez nous, et celles d'Erets Israël. Sans aucun doute, le déphasage est conséquent, entre un mode de vie juif français, aussi engagé soit-il, et la vie en Erets Israël. Il met toute famille qui se rend en Terre sainte devant des épreuves pas évidentes, et des questions qu'il n'est pas facile de résoudre – disons clairement que pour arriver à les surmonter, il faudra déployer des efforts de persévérance, de communication avec les enfants et de prise de conseil avec les gens compétents en la matière. Ce n'est que de cette manière que l'on arrivera au but : celui de réaliser une réelle « 'alia », de grimper sur le chemin menant vers la montagne du Seigneur. Les nuances entre le Mamlakhti-dati et les écoles entièrement religieuses échappent d'emblée à notre public, mais les chiffres publiés récemment prouvent que ces écoles se vident, au profit des écoles non-religieuses… Cela en dit long sur ce qui s'y passe. Des gens sont là pour aider les 'olim, et il y en a beaucoup (cf. site www.kountrass.com, rubrique 'alia – voir la liste proposée par Tsarfat be'alia). Ce n'est pas le rôle de la Sokhnout, soit, mais on ne peut que regretter son absence totale d'effort de ce côté-là, dans ses bureaux comme lors de ses « salons de l'éducation », où elle est pourtant supposée renseigner le public selon ses besoins. Et que dire quand des gens liés à cet organisme se présentent comme orthodoxes, et organisent des groupes se rendant dans des agglomérations franchement non orthodoxes ? Ou quand on indique les écoles du Mamlakhti-dati comme la formule adéquate au public français ? C'est faux, mais les Juifs de France ne sont pas capables de le comprendre, à leur arrivée. Après, c'est trop tard ! La 'alia est une occasion exceptionnelle pour nombre de nos coreligionnaires d'aller de l'avant. Souhaitons-leur d'y parvenir dans le plein sens de ce terme ! R. H. K. 197 ● Juin 2016 │ 43 La vie telle qu'elle est Les jeunes enfants ont reçu leur père en cadeau… J e sens que je dois raconter mon histoire personnelle… J'habite avec les miens dans l'une des agglomérations religieuses du centre d'Israël, tout comme bien des familles nombreuses, et nous y sommes très contents. En général, nous autres, heureuses mères, sommes toutes fort occupées la journée, avec nos enfants. Du coup, il n'y a jamais un moment de trop. Quand je le puis, je sors au jardin avec les enfants l'après-midi, pour qu'ils se dépensent. Mon histoire comporte deux parties. La première concerne ma voisine de palier. Elle rencontre de nombreuses difficultés, et j'ai l'impression que, pour une raison quelconque, elle fait passer sa difficulté sur moi. Elle m'accuse de ne pas être assez en contact avec elle, notamment pour la soutenir. Tout le monde comprend que de nos jours, il n'est pas donné d'établir des relations trop fouillées entre voisins, mais elle m'en voulait beaucoup. A l'occasion, j'ai senti que je n'en pouvais plus, et je lui ai expliqué longuement au téléphone être très prise à la maison et au travail, et ne pouvoir me permettre d'ajouter quoi que ce soit à mes préoccupations. Cela n'a servi à rien : elle a choisi une allure vexée, et durant deux mois, à chaque fois qu'elle passait à côté de moi, elle m'ignorait complètement, et ne me disait pas bonjour. Je lui en voulais beaucoup. Qu'avais-je fait ? Un rav m'a souligné l'importance fondamentale de lui donner l'impression d'être son amie et de ne pas la rejeter. Là, j'arrive au second pan de mon histoire, qui concerne ma famille proche. Le frère de ma belle-sœur a contracté une pneumonie classique, et a été hospitalisé. De manière inattendue, sa situation s'est détériorée, au point que les médecins ont décidé de l'anesthésier et de le placer sous respiration artificielle. Les meilleurs médecins, appelés à son chevet, ont envisagé diverses solutions, toutes sans succès. Ils ont avoué n'avoir jamais vu un tel cas. Ils ne pouvaient même pas identifier les raisons de cette dégradation, et n'ont pas hésité à recommander à la famille la prière comme seul recours. Pendant ce temps, son épouse sentait son monde s'écrouler. Elle devait ainsi faire face à une situation très difficile : la solitude, devant un mari à l'hôpital dans un état critique, endormi et soutenu par des machines. Elle avait perdu sa mère un mois auparavant d'une maladie. Elle devait continuer à s'occuper de ses trois enfants, tout en demeurant constamment à l'hôpital. Ses jeunes enfants ne comprenaient pas où leur père avait soudain disparu, et après quelques jours ou quelques semaines, ils lui ont demandé s'il était encore en vie. Les larmes aux yeux, elle a tenté de les rassurer et de les renforcer, tout en soulignant le besoin de prier. Ellemême puisait du courage dans ses propos. Nous aussi, la famille, nous avons prié et incité notre entourage à en faire de même. Cependant, le malade s'enfonçait de plus en plus. Son corps cessait de réagir, sans aucune raison médicale apparente. Toute la famille s'en trouvait brisée, et la situation restait incompréhensible. J'ai alors pris la décision de faire quelque chose. Seule avec moi-même, à la maison, je me suis tournée en pleurs vers le Maître du monde : « Je vais là agir contre ma nature. Je n'ai jamais eu l'intention de faire du mal à ma voisine, mais là, je vais aller vers elle, pour mon beaufrère ». Je me suis rendue chez elle et, dans une discussion de quatre heures, je me s u i s abaissée d'une La vie telle qu'elle est manière qu'il m'est difficile de raconter. J'ai tout présenté à l'envers : j'ai expliqué que tout provenait de problèmes que j'avais, et que toute ma famille souffrait de mon égoïsme et de l'incorrection de ma conduite. J'ai mis toutes ces heures à lui faire comprendre que tout était ma faute, et en rien la sienne. Je me suis placée en réelle infériorité. J'étais problématique et avais besoin de son aide. L'effort a été très grand, et je suis sortie épuisée, les larmes aux yeux. En même temps, je sentais un bonheur parfait : je venais de me sacrifier en faveur du rétablissement de notre proche inerte à l'hôpital, et de ses jeunes enfants qui redoutaient le pire. Pour eux, j'avais combattu mes penchants. Le lendemain, ma belle-sœur m'a appelée, en extase. Nul ne savait ce qui s'était passé, mais la veille, au courant de la matinée – juste quand j'étais chez ma voisine –, son frère avait commencé à respirer de luimême. L e s médecins n'y comprenaient rien. De manière miraculeuse, il se remettait d'un moment à l'autre. C'était incroyable. On l'a défait des appareils de soutien respiratoire, et il est ainsi parvenu à se lever et à marcher, non sans demander à pouvoir rentrer chez lui. Le médecin, plus que surpris, lui a répondu qu'il n'accepterait que s'il le voyait monter et descendre les escaliers de manière indépendante. A son immense étonnement, mon beau-frère a ignoré le déambulatoire … pour monter trois étages ! Les médecins étaient suffoqués. L'équipe médicale est demeurée totalement incrédule. Peu après, il est effectivement rentré chez lui, en bonne santé. Il a rejoint son épouse qui l'attendait tant, et ses enfants qui recevaient là leur père en cadeau. Ce grand miracle m'a émue au plus profond. J'ai senti à quel point le Saint, béni soit-Il, est sensible à la douleur de chacun, quelle que soit la situation, et même si nul n'a voulu la causer. La force extraordinaire de la soumission de notre nature peut tout changer. Par ma simple décision de la réjouir, ma voisine me propose dorénavant de l'aide chaque fois qu'elle me voit, et me suggère divers cercles d'étude pour m'occuper de mes « problèmes ». Et là, systématiquement, je sens que mon attitude a éveillé en Haut lieu des mérites importants, et je suis heureuse de mon rôle dans la guérison de mon beau-frère. • archeologie Un trésor vieux de 2140 ans ! U n trésor exceptionnel a été découvert à proximité de Modi'in, voisine de l'antique ville où vivaient les 'Hachmonaïm (Asmonéens). Les pièces datent de leur époque, et avaient été enfouies sous un mur d'un domaine agricole par une personne qui devait certainement revenir par la suite, mais qui n'en a pas eu la possibilité… Cet argent a donc attendu plus de deux millénaires pour qu'on le retrouve. Les seize pièces trouvées remontent à la fin de la période hellénistique, et ont été coulées à Tsour, au Liban. Elles portent l'effigie du roi Antiochus VII et de son frère, Démétrios le Second. On y a également remarqué la présence de plusieurs installations de mikvaoth, ainsi que l'utilisation de la pierre pour fabriquer des ustensiles de cuisine, qui 48 │ Kountrass Famille ● 197 ne prennent pas d'impureté. Ce détail est typique d'un habitat juif de l'époque. La ministre de la Culture, Miri Régev, a insisté sur la preuve de la présence juive à cette période dans le pays qui ressort de tous ces éléments. Cette propriété agricole contenait par ailleurs, dispersées, de nombreuses pièces en bronze frappées de l'effigie des diverses personnalités marquantes de la période : Yo'hanan, Yehouda, Yonathan et Matithyahou, avec son titre : « Kohen gadol et dirigeant des Juifs ». Diverses autres trouvailles prouvent que cette grande propriété a continué à fonctionner dans la période romaine suivante. Divers indices prouvent encore que, durant la révolte de Bar Kokhba, les habitants de ces lieux ont renforcé leur domaine. ● Sidour Porte Delivrance AP Kountrass 165x240 v04.qxp_Mise en page 1 02/03/2016 10:38 Page1 Rite Achkenaz Hébreu et Traduction Format : 14x21cm / 780 pages / simili-cuir 1 Pour la première fois, une édition du Sidour mot-à-mot complet “LA PORTE DE LA DELIVRANCE” en rites Achkenaz et Polonais. Le Rabbin Wogue avait commencé à travailler sur un tel projet, il y a de cela plus d’un siècle. • Beaucoup parmi nous ne comprennent pas la prière qu’ils prononcent. Aussi, j’ai souhaité vous donner accès à la traduction mot à mot selon nos sages. • Ce Sidour permettra à nos frères juifs Achkenaze de pouvoir prier l’Eternel d’un bon cœur, afin d’hâter notre délivrance. • Il faudra accentuer la lettre qui est en gris (appelée mileêl). Dans le cas où il n’y en a pas, l’accentuation se fera sur la dernière lettre qui porte une voyelle (dite milera^), ceci n’aura pas alors à attirer notre attention, car un Français a pour habitude de prononcer ces mots ainsi. • Les lois et commentaires ont été au préalable étudiés avant d’être rapportés en détails dans le but de vous en faciliter la pratique. ère édition 2016 PRIX DE LANCEMENT 28€ Rite Séfarade Hébreu et Traduction / Format : 14x21cm / 925 pages 4 ème édition 2016 • Chir haChirim traduit et commenté selon Rachi. • Les michnayote de “Bamé madlikine” traduites. • La paracha de “Zach’or” traduite et commentée selon Rachi. • Toutes les traductions et les lois ont été revues et précisées. • Les tah’anounim du lundi, du jeudi et des jeûnes ont été rapportées selon les différentes coutumes Sépharade. • Une introduction sur les quatre jeûnes ainsi que la traduction des textes lus ces jours-là. • Beaucoup de rajouts (comme “mi ch’amoch’a” qu’on lit le Chabat qui précède Pourim) permettant d’avoir aujourd’hui un Sidour complet. • Tous les chants de Chabat traduits. • Les couPRIX DE tumes et les chants des différents rites sépharades. LANCEMENT 23€ www.ladelivrance.org Pessah’ Chavouôt Soucot • • • • Les traductions des textes ont été revues. Halach’ot approfondies et détaillées. Tous les textes traduits et parfois commentés. Hochaânot et Hakafot traduites et commentées. Hébreu et Traduction Format : 14x21cm PESSAH’ - 732 pages / Cartonné 22€ / Luxe 26€ CHAVOUÔT - 704 pages / Cartonné 23€ / Luxe 27€ SOUCOT - 816 pages / Cartonné 24€ / Luxe 28€ France : YÉHOUDA 06 07 02 26 79 - [email protected] • Marseille : Yéchoua LAYANI 06 28 15 61 86 • Israël : Rav Gabriel BENZAQUEN (00972)2 582 54 86 197 ● Juin 2016 │ 49 Le Grand Dossier qui suit paraît en souvenir de M. Charles Lévy zal. Quelques lignes en son souvenir. M. Charles Lévy nous a quittés il y a un an, quelques mois après avoir soufflé sa 86ème bougie, et c'est à sa mémoire que nous dédions le présent Grand Dossier. Né en 1926 à Oran, il était le fils de Yits'hak ben Chelomo Lévy, épicier, également responsable de la 'Hévra Kadicha, et de Sim'ha Benzimra, qui consacrait une grande partie de son temps et de son énergie à assister les nécessiteux de la ville. Il a été élevé dans la simplicité et la émouna. Dès l'âge de 13 ans, il a œuvré dans l'épicerie de son père pour subvenir aux besoins de la famille. Il a travaillé très dur toute son adolescence, dans des conditions modestes, loin des sentiers de l'école et du Talmud Tora. Sa mère, qu'il a perdue quand il avait 20 ans, n'a pas pu voir de son vivant la récompense des efforts de ses fils. Pendant sa jeunesse en Algérie, Charles Lévy a tissé, avec ses frères Joseph et Gilbert, ainsi que sa sœur Clara, des liens familiaux sincères et profonds, indéfectibles. C'est d'ailleurs à leurs côtés qu'il repose aujourd'hui à Jérusalem au Har Hamenou'hoth. Arrivé dans les années 60 à Paris parmi les Juifs rapatriés d'Algérie, il a su, grâce à sa détermination, son audace et son sens des responsabilités, se faire une place avec ses deux frères dans le milieu des affaires parisien. Il a assumé son rôle de frère intermédiaire dans la fratrie de manière irréprochable, en témoignant un respect – peu commun de nos jours – à son frère aîné, et en veillant toujours sur son frère cadet et sa plus jeune sœur. Il a été capable, malgré les mauvais vents qui soufflaient dans la capitale à l'époque, de rester fidèle aux valeurs inculquées par ses ancêtres, et de les transmettre à ses enfants, petits-enfants et ar- rière-petits-enfants. Il était le genre d'homme doté d'une personnalité bien affirmée qui, malgré un tempérament bouillonnant, n'en restait pas moins quelqu'un de très attachant et qui savait se faire apprécier de tous. Il répandait le bien et la grâce autour de lui (en particulier grâce à son sourire si caractéristique et si communicatif), en n'hésitant pas à prodiguer de sa personne, de son temps, de ses moyens, ou encore à faire bénéficier de ses relations pour rendre service à un membre de sa famille, de son peuple, ou même à un simple étranger. Malgré son âge avancé, son expérience de la vie et l'exercice de son métier – dans un milieu malheureusement souvent vicié –, il a su conserver en lui une part d'enfance et d'innocence qui le rendait particulièrement sensible aux difficultés d'autrui, et qui lui interdisait de répondre par la négative dès qu'on sollicitait son aide. Il a inspiré une grande confiance à tous ses partenaires tout le long de son parcours professionnel. Il respectait tous les hommes, quels qu'ils soient, juifs, musulmans, chrétiens ou athées, pour peu qu'il trouve en eux ce minimum de dignité et de droiture requis pour la coexistence et l'échange. Il traitait riche et pauvre, savant et simple, avec égards et considération. Fidèle à lui-même peu importe où, peu importe avec qui, il aimait rire et jouir des choses simples de la vie. Il savait profiter mais aussi et surtout faire face : c'était un combattant dans l'âme, et il eut d'ailleurs à lutter toute sa vie sur divers fronts : en particulier celui de la maladie. Il ne s'est jamais désespéré, n'a jamais baissé les bras. C'est sans doute dans ce domaine de la Tora qu'il excellait : la lutte contre le Yétser hara' dans son sens le plus large. Il utilisait d'ailleurs souvent son humour et le rire pour tourner le mal en dérision et le dissiper dès qu'il avait tendance à trop se faire sentir. Il usait aussi de beaucoup de méthode et de discipline pour gérer son quotidien, et veillait à toujours s'imposer des structures et des cadres, qu'il considérait comme autant d'armes de plus mises à disposition pour mener à bien la bataille (« beta'hbouloth ta'assé lekha mil'hama » – Michlé/Proverbes 24,6 – car c'est en suivant des plans habiles que tu réussiras dans la guerre). Il avait compris que l'échappatoire aux doutes et aux tourments de l'âme passait par le mouvement et la productivité ; que la tristesse, résultait bien souvent d'un regard trop égocentrique sur l'existence, et que le don de soi en constituait un remède sûr. Il faut avouer que c'est avec amertume et frustration qu'il se confiait les dernières années de sa vie sur un point précis : le fait qu'il n'ait pas eu la chance de recevoir un enseignement de Tora digne de ce nom, faute du manque de structure à son époque et dans sa région en Algérie, mais aussi des priorités qu'il a eu à gérer malgré lui à un âge assez précoce. Nous sommes certains qu'il doit cependant éprouver une pleine et entière satisfaction, en constatant que les fruits de son travail – quoique profane –, puissent contribuer encore aujourd'hui à procurer aux autres ce dont lui-même a tant manqué. Enfin, toute ces ressources en énergie et en volonté dont Hachem l'a gratifié n'auraient probablement pas pu se traduire concrètement en réussite matérielle et familiale si, du Ciel, on ne lui avait pas fait un précieux cadeau de plus : son aide, sa moitié : la regrettée Jane Lévy, née Kalfon, qui lui a donné ses quatre enfants : Lyne, Michel, Dominique et Daniel. Une dame qui détenait, entre autres qualités, le secret de savoir conjuguer discrétion et élégance. Une femme qui comme son mari, était passée maître dans l'art du compromis, recherchant le Chalom et le poursuivant, en société comme en famille. Elle a veillé, avec amour et de très près, sur ses enfants et petits-enfants, et a su faire preuve, continuellement, envers son mari, d'un dévouement sans pareil. Elle n'avait de cesse de l'encourager et de lui faire honneur, tout au long de sa vie. Puisse leur souvenir nous inspirer et nous guider. R. L. L'électricité dans la Halakha L'une des découvertes les plus importantes de l'ère moderne réside sans aucun doute dans l'utilisation de la force électrique présente dans la nature depuis sa création. Toutefois, sa mise à contribution réelle ne date que de la fin du XIXème siècle, et il faut attendre le début du XXème pour la voir investir l'industrie, l'éclairage public et les chemins de fer, avant de faire irruption dans les foyers. Ce qui nous paraît, à nous, qui vivons une ère d'Internet global, un élément évident et naturel de notre entourage, a posé, à son départ, de nombreuses questions aux décisionnaires juifs. De nombreux ouvrages ont paru alors à cet égard, et d'intéressants débats ont mis en opposition divers grands responsables de la Halakha quant à la définition à apporter à cette nouvelle technicité dans ses différents domaines d'application. Bien entendu, il a fallu voir comment analyser l'utilisation de la force électrique le Chabbath, afin de décider si l'on pouvait allumer une lumière électrique ou non ce jour-là, ou au moins le Yom tov. La conclusion a été négative à l'unanimité, la question restant juste de savoir à quel titre. Il a également fallu trancher si l'utilisation de l'électricité pouvait être considérée comme conséquente à l'acte de la personne, ou s'il s'agissait d'une force totalement indépendante de soi – et, à ce titre, pouvait-on considérer que la fabrication de matsoth à la machine répondait encore Par le rav H. Kahn aux critères de la Halakha ; la question se pose également dans tous les cas où l'homme doit créer un objet : préparer des tsitsioth, arranger des tefiline, etc. Le problème s'est posé de manière bien plus large en Terre sainte, quand le Yichouv s'est élargi et que l'électricité locale était produite par des Juifs : est-ce que leur intervention le Chabbath ne risquait pas de s'avérer gênante ? Il nous a semblé intéressant d'étudier, pour une fois, l'électricité dans la Halakha. Nous invitons le lecteur à prendre part à notre promenade dans les fascinants dédales de la loi juive dans ce domaine. grand dossier La découverte de l'électricité Un bref rappel de l'histoire de avec la matière soient observables depuis le début de la formation de la terre, l'électricité Le terme « électricité » provient du grec ἤλεκτρον, êlektron, littéralement « ambre jaune ». Les Grecs anciens avaient découvert que frotter ce matériau produit une attraction sur d'autres objets légers, et génère parfois des étincelles. Nous y reviendrons. Bien que les phénomènes électriques et autres intéractions de l'électricité 54 │ Kountrass Famille ● 197 leur étude, et surtout leur compréhension par les hommes sont relativement récentes. Les effets de l'électricité statique et du magnétisme sont décrits pour la première fois en l'an -600, par Thalès de Milet. On doit l'emploi moderne du terme « électricité » à l'Anglais William Gilbert (de Colchester), qui distingue corps électriques et magnétiques dans son « De Magnete » (1600). Il y note les lois de répulsion et d'attraction des aimants par leur pôle, assimile la Terre à l'un d'eux, puis, établit une liste des corps électrisables par frottement, après avoir découvert l'influence de la chaleur sur le magnétisme du fer. Les premiers générateurs de charges électriques sont des machines à frottement. En 1663, Otto von Guericke, de Magdebourg (Allemagne), construit une forme primitive de machine électrique : un globe de soufre en rotation frotté à la main. Au XVIIIème siècle débute une période d'observation et de création d'électricité statique. En 1733, le Français Du Fay découvre les charges positives et négatives, et observe leurs interactions. En 1745, c'est l'expérience marquante de la bouteille de Leyde. Coulomb en énonce les premières lois physiques. En 1750, via des expériences sur la foudre, Benjamin Franklin identifie l'électricité naturelle, canalisée par le paratonnerre. En 1799, Alessandro Volta crée la pile électrique. En avril 1820, lors d'un cours à ses étudiants sur l'électricité, le professeur danois Œrsted découvre une relation entre l'électricité et le magnétisme dans une expérience, qui nous apparaît aujourd'hui comme très simple : un fil parcouru par courant électrique est capable de faire dévier l'aiguille aimantée d'une boussole. Toujours en 1820, André-Marie Ampère, en approfondissant les travaux d'Œrsted, découvre et formule quelques lois sur les relations du magnétisme et de l'électrodynamique. En 1831, Michael Faraday découvre que, si le courant produit un champ magnétique, l'inverse est vrai : on peut faire du courant électrique en mettant en mouvement un champ magnétique. En 1868, la dynamo du Belge Zénobe Gramme met en application certaines de ces découvertes. L'ambre En 1879, l'ampoule électrique à incandescence de Thomas Edison apporte une autre façon de fabriquer de la lumière. La même année, la première centrale hydroélectrique (7 kW) voit le jour à Saint-Moritz (Suisse). En 1883, Aristide Bergès développe le concept de houille blanche, avec la première ligne électrique, de Lucien Gaulard et John Dixon Gibbs. Dès 1889, un fil de 14 km relie la cascade des Jarrauds et la ville de Bourganeuf, dans la Creuse. En 1891, la première ligne sous haute tension est construite par l'entreprise allemande Maschinenfabrik Oerlikon. Elle transportait l'énergie électrique sous 25 000 V à 40 Hz, sur 175 km, entre Lauffen am Neckar et Francfort. Les pertes ont été seulement de 4 %, ce qui a mis fin à la controverse entre les défenseurs du système de transport en courant continu et ceux partisans du transport en courant alternatif. En 1892, la ville Heilbronn (Allemagne) est la première en Europe équipée d'un système de distribution en électricité par un réseau de courant alternatif. A la fin du XIXème siècle, la production in197 ● Juin 2016 │ 55 grand dossier dustrielle d'électricité devient possible, et les premières applications techniques apparaissent : le moteur électrique, l'éclairage électrique, le télégraphe et le téléphone. Dans les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse sont à l'origine d'intenses spéculations boursières sur les sociétés hydroélectriques, qui profitent aux implantations industrielles dans les Alpes. L'électricité investit l'industrie, l'éclairage public et le chemin de fer, avant d'entrer dans les foyers. Le reste – est histoire… Le peuple juif et l'électricité Nos sources ont leur mot à dire dans ce domaine. Le terme électricité est traduit, en hébreu moderne, par 'Hachmal. Pourquoi ? Ce mot apparaît dans la première prophétie de Ye'hezqel (Ezéchiel 1,4) – importante, puisque présentant la vision de la Merkava, du Char divin. Ce phénomène est repris dans le verset 27, puis dans 8,2) : « Or, je vis soudain un vent de tempête venant du Nord, un grand nuage et un feu tourbillonnant avec un rayonnement tout autour, et au centre, au centre de ce feu, quelque chose comme le 'hachmal ». Le mot reste en hébreu dans la traduction en français du rabbinat, preuve qu'il pose problème. Du reste, la Guemara ('Haguiga 13a) s'étonne que l'on puisse se lancer dans des explications de ce terme, et rapporte le cas d'un enfant qui l'a fait : un feu est descendu du Ciel et l'a consumé ! Ainsi, face à ces versets de haut voltage relatifs aux secrets les plus profonds – les notions kabbalistiques sur le fonctionnement du monde lui-même (cf. Malbim ad loc) – la discrétion est de mise. Toutefois, la Guemara elle-même repousse la preuve qui semble émerger de cette anecdote : un enfant, aussi doué soit-il, n'a pas à pénétrer un tel sujet. Quant au phénomène désigné par ce terme, nos Sages, dans la suite de la Guemara, expliquent qu'il s'agit de créatures qui, quand elles parlent et disent les louanges du Seigneur (Rachi sur Ye'hezkel), crachent du feu. Le Metsoudath David (de rav David Altshuler, et son fils, qui ont vécu à Prague à la fin du XVIIème siècle) relève le fait que le phénomène du 'Hachmal se dessine au centre du feu, et s'en dégage comme un élément plus fin que le feu lui-même. L'œil parvient a peine à le percevoir. Sur le plan de l'idée, ce commentaire ajoute un point intéressant : entre le bien et le mal, tout provient de la décision divine, et c'est cette notion qui est désignée par ce terme, traduction d'un phénomène quasi imperceptible. Par ailleurs, le mot peut se décomposer en deux termes, 'hach et mal, ce qu'on peut rendre par « crainte de parler » (mal = milmoul) : il s'agit d'un phénomène face auquel le silence est préférable. Comment passe-t-on de ce terme, concernant des anges, à la 56 │ Kountrass Famille ● 197 force électrique que nous connaissons ? Disons tout d'abord que ce n'est pas tellement évident que l'on passe de l'un à l'autre : dans certains milieux, on refuse l'utilisation du terme hébreu moderne de 'hachmal, et on ne se sert que de celui usité dans le monde, l'électricité (« élektre», en yiddish). En effet, si ce mot exprime un phénomène que seul un prophète peut "voir", et ce, dans le cadre d'une vision exceptionnelle présentant le fonctionnement de la Providence divine dans le monde, il n'est pas évident de l'employer pour décrire un phénomène physique de cet ordre, qui du reste ne peut se remarquer pour le commun des mortels que grâce à ses interactions avec la matière. secrète se retrouve sur nos factures d'électricité… Mais passons au sujet qui est en fait le nôtre : celui des questions qui se sont posées chez les grands décisionnaires de notre peuple à la suite de l'élargissement de l'utilisation de cette force de la nature dans de nombreux domaines de la vie courante. Toutefois, comme dit, on trouve déjà chez les traducteurs de la Septante (il s'agit des Juifs appelés à Alexandrie par l'un des rois du nom de Talmaï, au IIIème siècle avant l'ère actuelle) le mot « électron » (à comprendre en grec, bien entendu, et non pas sous son sens moderne, qui en découle évidemment). Dans leur langue, ceci désigne l'ambre, à la suite de la découverte par Thalès des propriétés électrostatiques (la triboélectricité) de cette pierre précieuse. Par la suite, au XIXème siècle, avec la rénovation de la langue hébraïque, on n'a pas hésité à faire appel au mot utilisé par Ye'hezkel pour désigner la force électrique. Voici donc comment ce terme à la teneur hautement 197 ● Juin 2016 │ 57 grand dossier L a manière dont les grands décisionnaires ont abordé l'utilisation de l'électricité, nous apporte en elle-même un enseignement précieux : on trouve de nos jours, malheureusement, des gens qui « résolvent » les éventuels conflits entre leur vie, leurs habitudes et leurs mœurs d'une part, et la Tora de l'autre, selon leur compréhension personnelle naturellement biaisée un tant soit peu par leurs intérêts. Les Grands du peuple juif suivent une tout autre voie ! Ils tentent de comprendre ce qu'il faut faire d'après la Tora, en utilisant les règles générales qu'elle nous a indiquées et en les appliquant dans la pratique. Ce n'est plus l'homme, avec ses faiblesses et ses petitesses, qui se donne une solution – de facilité, fréquemment –, mais l'esprit de gens qui ont travaillé toute leur vie à arriver à prendre des décisions objectives et éternelles, qui va permettre d'arriver à des conclusions – elles aussi éternelles. Le monde de la Halakha et l'électricité Pour les gens de la première catégorie, on cherchera à faciliter la vie à tout prix, et l'utilisation de l'électricité le Chabbath le permet, alors pourquoi pas ?! Il en 58 │ Kountrass Famille ● 197 sera de même chez eux pour le fait d'accepter d'avoir une compagne non-juive, et pour la plupart des grands principes de la Tora… « Mon peuple demande des oracles à son morceau de bois, et son bâton doit le renseigner ( )מקלו יגיד לו: c'est que l'esprit de débauche l'a égaré, et il se prostitue en trahissant son D' », pour reprendre l'expression du prophète Osée (Hochéa' 4,12) à l'égard d'une telle philosophie. Dans le présent travail, nous1 voulons justement montrer comment nos Grands de la Tora ont œuvré pour dégager les conclusions de la Halakha face à un sujet inédit, qui n'a commencé à se poser qu'à la fin du XIXème siècle sur le plan pratique. Ils sont arrivés à des décisions acceptées par tous et comprises par l'ensemble du peuple juif comme reposant intégralement sur la sagesse de la Tora. 1 Nous avons suivi ici l'Encyclopédie Talmudique, qui a consacré un très long travail à ce sujet, réunissant et présentant les conclusions des auteurs qui ont traité de ces questions. Il a paru même en format indépendant de l'encyclopédie en 1987. Nous avons utilisé ici assez largement sa présentation. Il nous faut préciser, comme les rédacteurs de cette encyclopédie l'ont fait, que nous n'avons en aucune manière la prétention de résoudre des questions de Halakha, pour lesquelles il faut évidemment se tourner vers des rabbanim spécialisés en la matière. Toutefois, avec le temps, nombre de réponses ont été apportées, et s'est dégagé un certain consensus dont personne ne discute : on n'a pas le droit d'allumer la lumière le Chabbath ! Le reste, à l'avenant. Précisons encore ici, à titre d'introduction, que nous n'avons pas tenté d'aborder ce sujet sous son aspect plus moderne et plus actuel : nous parlons là d'ampoules à la mode ancienne, et non point de néons et autres… La question de faire chauffer le fil dans l'ampoule n'est plus exacte dans ces cas, et de même pour divers appareils modernes qui fonctionnent sur d'autres modes. A chacun de vérifier chez son rav comment se conduire, bien qu'il soit plus qu'évident que nul ne permette d'allumer un néon (puisque, comme nous le verrons par la suite, ceci établit un circuit électrique). De nombreux auteurs se sont intéressés à la question qui s'est posée quand les techniques liées à l'utilisation de cette force de la nature, commencé à concerner tout un chacun : peut-on utiliser le télégraphe et le téléphone le Chabbath ? Peut-on allumer la lumière ? Une matsa fabriquée par une machine qui fait pénétrer la pâte dans le four par une force électrique est-elle valable ? Le courant passe-t-il ? En vérité, la première question des décisionnaires a été de savoir à quel point un acte effectué à l'aide d'un appareil électrique, ou en tout cas, grâce à l'électricité, peut être attribué à la personne qui l'effectue. Expliquons-nous : pour qu'un acte soit imputable à la personne, il faut que ce soit lui qui l'ait fait, de ses propres mains. Si, par contre, ce n'est qu'en conséquence d'un premier acte qu'un second se produit, la responsabilité de la personne n'est pas forcément engagée. Un criminel qui prend un pistolet et qui tire sur une personne se verra évidemment imputer les conséquences de son acte. En revanche, si une personne ne fait que déclencher une inondation, et qu'à la suite de son acte, quelqu'un se noie, l'inculpation devient de loin moins évidente. On utilisera, dans nos sources, la notion de « grama » quand on parle d'acte indirect, de conséquences plus lointaines de l'acte de la personne, et la responsabilité n'est plus engagée de manière automatique. Cette notion se trouve bien établie sous tous les cieux : tout avocat saura argumenter que son client n'était pas conscient des conséquences possibles de ses actes… En quoi cette question nous concernet-elle ici ? Elle est essentielle : évidemment, si l'on utilise le courant électrique pour tuer une personne sur une chaise, on est soi-même condamnable pour homicide volontaire. Pourtant, il faut malgré cela encore savoir si cet emploi d'une force extérieure va laisser à l'acte toute sa validité, ou si ce qui se passe une fois le courant établi ne constitue qu'une incidence lointaine. 197 ● Juin 2016 │ 59 grand dossier Cette question nous concerne par exemple quand c'est la force électrique qui fait rentrer les matsoth dans le four de manière automatique, ou quand c'est un appareil électrique qui nous sert à fabriquer des tefilinnes. De fait, alors, qui nous dit-il que ces actes sont encore effectués par l'homme ? C'est le courant électrique qui agit, et non plus l'individu – ce qui peut rendre ces objets de mitsva inaptes à l'usage… de mitsvoth Cette question se pose donc de manière très aigüe dans le domaine des mitsvoth, et a des incidences importantes. Souvent, le public non averti l'ignore, et donnera la préférence à des tsitsioth ou matsoth fabriquées à l'aide de machines, ou à des tefilinnes où des instruments de cet ordre sont utilisés. Et pour cause : les prix peuvent être bien plus bas que si tout était fait à la main. Des matsoth « machine », selon l'expression utilisée en Erets Israël, coûtent dans les 50-70 sh au kilo, contre 150-300 sh pour les « main »… Toutefois, disons-le clairement, les objets de mitsva faits grâce à l'électricité ne sont pas obligatoirement rejetés, mais risquent d'être de moindre qualité sur le plan de la Halakha, du fait d'un doute : qui peut garantir la validité de 60 │ Kountrass Famille ● 197 leur fabrication ? Pourtant, d'un autre côté, certains rabbanim donnent la préférence aux matsoth faites à la machine : la rapidité avec laquelle elles sont fabriquées n'a pas sa pareille, et en cela, elles présentent à leurs yeux une avantage irremplaçable… Et, bien entendu, la question la plus courante est de savoir si l'utilisation de l'électricité le Chabbath est interdite, et à quel titre. Voyons de plus près les principes invoqués pour définir l'utilisation de l'électricité dans le cadre des mitsvoth. Les actes et leurs incidences Comme nous l'avons dit la question préalable est de savoir à quel point l'utilisation de la force électrique identifie la personne elle-même comme auteur de l'acte. Cette interrogation fait l'objet d'une grande discussion, et plusieurs avis sont en présence à cet égard. Cependant, nous nous devons d'apporter quelques précisons préalables : deux cas, établis par la Guemara, servent de base à toute réflexion (âmes sensibles, s'abstenir !). • La « bidka demaya » (Sanhédrin 77b). Il s'agit d'une personne à laquelle on aurait lié les mains et les pieds au bord de la mer, puis aurait fait venir l'eau de la mer dans sa direction en enlevant le protège-vague, ce qui l'aurait tuée. Le criminel n'a pas commis son acte de ses propres mains, mais aura dirigé l'eau en direction de la victime. Pourtant, nos Sages lui imputent entièrement l'incidence désastreuse de ce geste, et il risque à son tour l'exécution, si les conditions sont remplies (témoins, avertissement, présence du Temple, etc.). En revanche, quand l'eau vient après, en un second temps, le criminel n'est plus res- ponsable. • « Lesalek triss », enlever le bouclier (même référence) Là, il s'agit d'une personne qui lance une flèche en direction de sa victime, pourtant parée par un bouclier (ou autre, bien entendu). Quiconque enlèvera le bouclier, permettant la réalisation de l'homicide, sera innocenté – ainsi que la personne qui aura lancé la flèche ! Pourtant, il y a mort d'homme ! Mais comme au moment où la flèche est partie, elle n'avait pas la possibilité de tuer, ce lancer n'est pas considéré comme un meurtre. Le fait d'enlever l'élément qui protégeait la victime ne forme pas non plus un homicide, car il n'y a pas d'acte mortel positif (si l'on peut s'exprimer ainsi…). Ce n'est qu'une « grama ». Il existe quatre définitions de l'utilisation de la force électrique, en fonction des avis. Elles permettent de savoir à quel degré on peut la considérer comme conséquence réelle de l'acte de la personne. 1/ Certains2 considèrent que si une personne allume la lumière ou un appareil de ses propres mains, la conséquence lui sera imputée de manière directe : c'est elle qui a provoqué cet allumage, même si elle n'a fait que permettre au courant de passer ; le Chabbath, cet acte correspond à une profanation de la sainteté de la journée. Il en va de même quand on éteint la lumière ou l'appareil. La source directe correspond au cas de bidka demaya, où également on utilise l'eau de la mer pour réaliser son dessein. On sera condamnable bien que l'acte n'ait pas été commis directement. D'autres3 s'opposent à cette conclusion dans le domaine spécifique des actes interdits le Chabbath. Ils considèrent que le principe de bidka demaya n'est pas valable ce jour-là : les transgressions de ce jour-là doivent être faites directement, ainsi que nos Sages l'apprennent du verset (Chemoth/Exode 20,10) : « Ne fais pas de travaux », « un acte [direct] est prohibé, mais provoquer indirectement une conséquence ("grama") ne l'est pas » (Chabbath 120b). 2/ Selon un second avis4, l'utilisation du courant électrique ne correspond pratiquement jamais à une transgression de la Tora. De fait, c'est le courant établi qui produit l'action, et qui continue d'œuvrer automatiquement. Par exemple, quand on met en route un four électrique, il se peut que le chauffage des fils ou des plaques soit à imputer à celui qui allume le four. Néanmoins, la cuisson consécutive du plat constitue déjà une conséquence indirecte. C'est comme les vagues qui viennent une fois que la personne a enlevé l'élément qui 2 A'hiézer III,60. Chout Ma'hazé Avraham (de rav Avraham Mena'hem Steinberg de Brodi, l'un des grands décisionnaires de son temps, décédé en 1928) Ora'h 'Hayim 42. 4 Kountrass Gram hama'aloth de rav Yits'hak Yehouda Trunck § 199 et Ha'hachmal leor haHalakha du rav Chemouel Aharon Youdelévitch 2,81. 3 197 ● Juin 2016 │ 61 grand dossier protégeait de l'eau de mer, le phénomène sera alors considéré comme une grama. En conséquence, d'après cet avis5, dans un cas de force majeure, s'il faut profaner le Chabbath pour une personne en danger, il vaut mieux utiliser la lumière électrique que d'allumer une bougie. De fait, avec l'électricité, on arrive tout au plus à une grama, ce qui n'est pas interdit le Chabbath. 3/ D'un autre côté6, le rav Chelomo Zalman Auerbach considère que le fait d'établir le courant est de loin plus direct que le cas de bidka demaya, où aucun acte n'est effectué directement, alors que là, on permet au courant d'arriver tout droit à à la lampe ou à l'appareil, et il y a lieu de considérer cela comme un acte direct, donc interdit. C'est à comparer à une personne qui fait un trou dans un tonneau de vin. Là, en effet, elle doit évidemment rembourser les dégâts. Le courant peut passer de façon tellement immédiate que celui qui le fait est totalement responsable des incidences, ou, si l'on préfère, c'est comme une personne qui aurait mené l'eau à l'origine de la noyade de notre pauvre hère, pieds et poings liés, plongé dans la bidka demaya de manière directe. 4/ Un quatrième avis va exactement dans le sens contraire : il considère toujours l'électricité comme provenant d'un acte premier, celui de permettre au courant de passer. Il est comparable, à ce titre, à celui qui retire le bouclier, mais qui n'effectue pas d'acte direct. En effet, selon cet avis, la personne qui établit le courant n'agit pas directement sur celuici, mais établit un pont permettant son passage ; et en coupant le courant, on ne fait qu'entraver son passage. En conclusion à ce stade de notre exposé, nous constatons donc que le sujet de l'électricité fait l'objet de grandes discussions entre les Sages. Que faire si son utilisation n'a été découverte que tardivement, quand le peuple juif n'avait plus les grands décisionnaires d'antan ? Eux auraient sans doute pu arriver à une conclusion plus tranchée… Mais ce n'est pas grave : à partir de ces divers avis, nous allons voir comment la Halakha va être instaurée – de manière tout à fait définitive, sans que nul ne puisse encore se conduire autrement. En revanche, comme nous l'avons déjà fait remarquer plus haut dans un cas spécifique, le fait de connaître ces divers avis peut permettre, dans certaines conditions, d'agir d'une manière plutôt que d'une autre, mais ce genre de décisions ne peut être prise que par les grands décisionnaires. 5 Uniquement d'après cet avis, puisque pour le premier, cette conception n'est pas juste. Toutefois, la conclusion peut être la même d'après les avis suivants. 6 A nous donc, à présent, de Meoré èch de rav Chelomo Zalman Auerbach p. 148. 7 Cette conception apparait déjà chez le 'Aroukh haChoul'han, du rav Epstein, dans voir les incidences des divers Beth wa'ad la'hakhamim I,1, puis de nombreux auteurs, dont le rav Tswi Pessa'h avis en présence, sur le plan de Franck, le rav de Jérusalem. Le rav 'Hayim Ozer Grodzinski, dans le A'hiézer, écrit qu'il lui est évident que le 'Aroukh haChoul'han cité ici n'allait pas jusqu'à permettre la pratique. a priori l'utilisation de l'électricité le Chabbath… 62 │ Kountrass Famille ● 197 Mettons-nous au courant… A près voir montré la variété des avis sur l'utilisation de l'électricité par l'homme, nous pouvons nous intéresser à présent à ce que cela signifie dans la pratique. Remettons à plus tard l'utilisation du courant électrique le Chabbath, car d'autres questions se posent, en particulier l'interdiction d'allumer une lumière ou de faire marcher une machine ; nous ne voulons ici que préciser les conséquences des divergences d'avis vues précédemment : est-ce qu'utiliser le courant électrique s'appelle réellement commettre soi-même un acte ? Même si l'homme a quelque part agi, il n'empêche que c'est la nature qui a pris le relais ; l'acte s'est produit, en quelque sorte de lui-même. Ceci a une grande importance dans le domaine des mitsvoth, où parfois, il est nécessaire que l'homme confectionne les objets oui les aliments nécessaires . La fabrication des matsoth L'une des incidences premières, concernant l'ensemble de la communauté juive, concerne la fabrication des matsoth. On les a de tout temps préparées à la 197 ● Juin 2016 │ 63 grand dossier main. Néanmoins, avec le développement des machines en général, la question de la validité du courant électrique à cet escient s'est posée, notamment pour préparer la pâte, ou envoyer les matsoth, une fois étalées et coupées (électriquement, bien sûr) en carrés sur une grille qui se déplace avec une grande rapidité et qui n'a pas peur de pénétrer dans le four, puis d'en ressortir avec des matsoth bien cuites. Le débat ancien sur l'emploi de la machine pour fabriquer les matsoth dépasse notre sujet, et nous lui avons consacré un article par le passé. De fait, d'autres éléments s'y ajoutent : l'un d'entre eux est celui de la validité du travail effectué par la force électrique, et non par la main humaine. Ici, la rapidité des opérations fait qu'il n'y a pas lieu de craindre que la pâte ait fermenté. Le soir du séder, il faut consommer de la matsa surveillée pour pouvoir accomplir la mitsva. La Guemara (Pessa'him 38b et Rachi ad loc.) exclut l'usage de toute autre matsa, préparée par exemple pour accompagner la consommation de sacrifices spécifiques qui, eux aussi, entraînent une telle consommation. Pourtant, il s'agit de la même manière de matsoth ! C'est donc qu'il faut avoir l'intention spécifique de fabriquer des pains azymes pour Pessa'h1. Reconnaissons que malgré le progrès technique, la force électrique n'est pas en mesure de se doter d'intentions si saintes… D'autres permettent cela à condition 64 │ Kountrass Famille ● 197 que l'on allume la machine à chaque fois, et certains exigent que l'on verse soi-même la farine et l'eau dans le mixer. Il se peut que si l'on commence à mélanger la pâte et l'eau de main humaine, et qu'après cela on termine son mixage à la machine, cela soit valable. Ceci, dans l'optique des avis s'opposant à l'utilisation de l'électricité pour préparer les matsoth. Toutefois, d'autres rabbanim2 acceptent a priori cette attitude, admettant que l'essentiel pour la fabrication des matsoth n'est qu'uniquement d'éviter qu'elles deviennent 'hamets. Selon eux, aucune intention particulière n'est obligatoire. Il est vrai que des enfants, des sots ou des sourds muets (à l'époque, on ne savait pas les aider à comprendre ce qui se passe autour d'eux, et ils faisaient partie de la catégorie des sots) n'ont pas le droit de se charger de cette fabrication (ils agissent à leur guise). Cet auteur considère aussi suffisant, en termes d'intention, qu'un Juif fasse marcher la machine pour fabriquer des matsoth (il faut donc que, le matin, ce soit un Juif qui mette la machine en route). En conclusion, aucun doute que les matsoth faites à la main sont de meilleure qualité sur le plan de leur validité dans le cadre de la mitsva. Cependant, 1 Torath Refaël, du rav Refaël Shapira, Volozhyn, § 73. A commencer par le rav Malkiel Tennenbaum de Lomza (18471910), l'un des grands décisionnaires de son temps, dans Divré Malkiel IV,4 2 celles faites à la machine ont un avantage évident dans le domaine de la rapidité de fabrication – réduisant notamment le risque de fermentation superflue. La fabrication des fils pour les tsitsioth Le problème précédent se retrouve dans le cadre de la fabrication de fils pour les tsitsioth : il faut en effet qu'ils soient préparés dans ce but spécifique ; on ne pourra pas prendre des fils de laine quelconques. Il faut qu'un homme veuille les fabriquer dans le but de les utiliser pour la mitsva, ou au moins qu'un homme les fabrique. Des décisionnaires considèrent l'action de l'homme, même sans intention particulière, comme suffisante. Pour eux, avec une machine animée par le courant électrique, cette condition n'est pas remplie. D'un autre côté, mettre la machine en route pourrait être suffisant, si l'on admet tout ce qui suivra cet acte comme le fait du lancement du processus. Techniquement, il est évident que des fils tissés à la main sont préférables3, même s'ils sont un peu plus chers. 3 Bien que le Tsits Eliézer (VI,15) rapporte que cette manière de faire les fils est absolument acceptée sur le plan de la Halakha. Le remplissage du mikvé par pompe Quand il s'agit d'intervenir pour que l'eau arrive dans le bassin du mikvé, c'est le contraire qui est vrai : l'intervention de la main humaine pour verser l'eau rend le mikvé inapte ! On ne pourra pas utiliser une pompe électrique pour remplir le bassin, parce que l'on considérera que c'est l'homme qui est intervenu et qui a provoqué l'afflux de l'eau. Par contre, si l'on considère que l'électricité fait marcher toute seule les appareils, on pourrait permettre – autorisation néanmoins très peu évidente. Dans les faits, si après le pompage, l'eau coule d'abord sur une longueur de trente centimètres de sol, il se peut que cela soit possible (cf. responsa Seridé Ech III,88). Ces trois questions dépendaient des divers avis rapportés plus haut sur la manière de considérer l'effet sur le plan de la Halakha d'appareils animés par la force électrique. Pour le Chabbath, toutefois, la démarche de réflexion diffère, comme nous allons le voir. Daniel Nous parlons français ! Objets de culte - Ashdod Choix de livres kodesh en français Téfilines, Talitoths, Mézouzoth, Mégiloth Set complet Bar Mitsva : 1000 ₪ Vérification de Téfilines et Mézouzoth Meguilat Esther, coupe de vin, préparation à la Bar-Mitsvah 6 rue Montéfiori, magasin 12, Centre Topaz, Ashdod Tél / Fax : 08-8666658 - Port : 054-5865733 197 ● Juin 2016 │ 65 grand dossier L'électricité le Chabbath N ous avons devant nous un circuit ouvert, l'interrupteur étant éteint. Une pression sur le bouton va provoquer l'allumage de la lumière ou la mise en route de l'appareil. Nous nous sommes demandé en un premier temps si la conséquence de cet acte est le fait de l'homme, ou indépendante de lui, n'étant qu'une sorte d'incidence lointaine, bien qu'automatique, de ce rétablissement du circuit. Quand nous nous demandons si ce genre d'acte est permis le Chabbath, d'autres questions s'ajoutent, comme nous allons le voir. 66 │ Kountrass Famille ● 197 Mettre au parfum… Une première conception de l'interdit susceptible de frapper l'usage de l'électricité le Chabbath correspond à l'interdit général, de générer quelque chose en ce saint jour – interdit qui ne peut être qu'imposé par nos Sages. On se trouve là dans le cas où aucun fil n'est porté à incandescence. Sinon, la question est plus complexe, comme nous le verrons par la suite. Ces auteurs comparent l'établissement d'un circuit électrique au fait de faire naître une odeur, « molid » : personne ne peut contester que le rétablissement du circuit a une incidence. Un tel interdit apparaît dans la Guemara Bétsa (23a et dans Rachi), il repose sur l'arrivée d'une odeur dans un habit jusque-là sans parfum particulier. Ceci ressemble à un travail, et peut conduire à en effectuer le Chabbath1. Il en ira donc de même pour une personne qui a rétabli un circuit électrique. Selon cette conception, déjà fort permissive, il pourrait être même autorisé d'augmenter la force du courant déjà présent. Cependant, dans les faits, divers auteurs concluent qu'il n'est pas évident d'ajouter de nouveaux cas à ceux déjà interdits par nos Sages. Difficile d'accepter cette comparaison avec l'ajout d'une odeur dans un habit… 1 Cette conception est rapportée par de nombreux auteurs, cf. Min'hath Yits'hak III, § 39. Aménager un objet D'autres décisionnaires font appel à la notion générale de « metaken mané », le fait d'arranger un objet, de le faire passer d'une situation dans laquelle il n'est pas utilisable, à une meilleure, permettant de s'en servir. Ainsi, réparer une table le Chabbath est interdit par la Tora à titre de metaken mané. De même, quand on restaure un circuit électrique, on profane le Chabbath à ce point de vue. En revanche, à le déconnecter, on ne transgresse pas d'interdit de la Tora, puisqu'il s'agit d'une destruction de l'objet précédemment rétabli. Construire lumière ou un appareil, on transgresse l'interdiction de « boné », construire. Ceci, d'autant plus, explique cet auteur, que l'on fait passer le circuit d'une situation où il est mort à une autre où il vit – au point, du reste, d'être dangereux pour les vivants. Que construit-on ? Evidemment, un circuit, jusqu'à présent déconnecté, qui va maintenant être rétabli. De même, quand on coupera le courant, on sera « soter », on détruira, mais avec l'intention de reconstruire, action également prohibée par la Tora. Cet interdit, suivant le 'Hazon Ich, est peut-être valable même si le courant est pour l'instant coupé, mais qu'on relie deux fils pour, plus tard, y faire passer le courant : dés à présent, la personne agissant ainsi « construit » en quelque sorte ce circuit2! Cette construction est provisoire ? Le 'Hazon Ich fait appel à l'exemple du bâton servant aux peintres (« kané chel sayadim» cité dans Chabbath 47a) : cet outil est composé de deux parties et, pour arriver au plafond, l'artisan doit les assembler. Là, vu l'importance de cette transformation pour lui, on ne pourra plus considérer cette action comme provisoire (toutefois, dans la Guemara citée, il ne s'agit que d'un interdit de nos Sages ; voir le Ramban et le Rachba ad 2 Cf. rav Chelomo Zalman Auerbach, fortement opposé à toute la conception du 'Hazon Ich, dans Min'hath Chelomo I,11, qui rapporte une telle précision au nom du 'Hazon Ich et de rabbi 'Hayim Greinemann. Tous les auteurs qui se sont penchés sur cette question, et ils sont nombreux, ne sont certes pas arrivés à la conclusion du 'Hazon Ich, ce qui prouverait qu'ils s'y opposaient… Cependant, la position du 'Hazon Ich est sans doute la plus largement connue : en allumant la 197 ● Juin 2016 │ 67 grand dossier loc.). De nombreuses objections se sont levées contre cette conception du 'Hazon Ich, il faut le dire. L'une d'elles réside dans la facilité avec laquelle il est possible de faire cesser le contact électrique, et le fait que n'importe qui est en mesure de le faire – ce qui n'est pas le cas du réagencement du kané chel sayadim3. 3 Rav Chelomo Zalman Auerbach, Kovets Maamarim be'inyané 'Hachmal beChabbath, 1978, p. 74. Et encore : cette nouvelle « construction » n'a de valeur que tant que le courant électrique est livré par la centrale ; il suffit d'une panne pour que toute la construction s'effondre. Elle n'est donc pas réelle. Le circuit n'était pas détruit : il n'était pas ouvert, mais sa remise en route ne correspond pas à son rétablissement, alors que, par exemple, quand on change les données d'une montre du Chabbath, dont nous serons amenés à reparler plus loin, il s'agira d'un réel aménagement, un « tikoun mané ». Finalement, dans le langage des gens, on n'utilise pas des notions de construction, quand une personne rallume une lampe ou remet un appareil en route. Comme dit, malgré ces remarques, la 68 │ Kountrass Famille ● 197 conception du 'Hazon Ich reste largement admise. Notons ici que certains4 ont voulu désigner l'utilisateur du courant électrique, qui en allumant une lampe ou un appareil, génère un surplus d'usage de cette force fournie par la centrale, comme responsable direct de la fabrication d'encore un peu plus de courant, à partir de la combustion de mazout ou autre. 4 Rav Chemouel Aharon Schmoulévitz, Ha'hachmal leor haHalakha. Rendre incandescent le fil ou la résistance Un autre aspect des incidences de la fermeture d'un circuit électrique est celui de porter des fils métalliques à l'incandescence. Autrefois, avec des ampoules « normales », cette réalité était évidente : elles chauffaient… Il en ira de même quand on utilise le courant électrique pour chauffer des résistances. Là, a priori, nous pénétrons une autre considération : celle de « faire cuire » ou « brûler » quelque chose (« bichoul »), ou de faire du feu (« mav'ir »). Les auteurs, à partir de rav Yits'hak Yehouda Schmelkes (1827-1905 – auteur de responsa du nom de Beth Yits'hak ; l'un des importants décisionnaires de son temps), admettent que cette conséquence est tout à fait réelle sur le plan de la Halakha, et s'inscrit donc dans l'une ou l'autre des catégories d'interdits le Chabbath. Là, cette incandescence ne vise pas à renforcer le fil métallique, mais cela ne change rien à l'interdit. En effet, quand on parle dans la Halakha de faire chauffer du métal, cette action est évoquée quand elle est effectuée dans le but spécifique de renforcer sa solidité. Si, par contre, on dépose une casserole ancienne et vide sur le feu sans vouloir entraîner une consolidation de cet ustensile (on parle de métaux d'antan – de nos jours, cette consolidation est moins utile), cela est permis. En allumant une ampoule, a priori, on ne cherche jamais à la renforcer. Toutefois, le réchauffement du fil consécutif à l'allumage peut justifier qu'on considère ce changement comme répondant aux critères de « bichoul », cuisine, ou de « mav'ir », allumage. Dans cette nouvelle optique, augmenter la force de la lumière ou l'éteindre n'est peut-être pas interdit par la Tora (on ne cherche pas à obtenir du charbon de bois comme à l'époque, avec le « bichoul » tel qu'il était pratiqué alors…). Puis, si la question est posée par rapport aux lois de Yom Tov, en termes de « bichoul », de cuisson, puisque ce jourlà, une telle action est permise, certains ont voulu autoriser autrefois d'allumer la lumière électrique ce jour-là. ces avis ont été très fortement critiqués, car basés sur une méconnaissance de la réalité : le fil dans l'ampoule éteinte ne « brûle » pas, et l'allumage le rend incandescent ; or il n'est pas permis d'allumer à Yom Tov un feu à partir de rien, d'allumettes pour nous. On ne peut qu'utiliser un feu déjà existant pour en allumer un autre, ou un gaz. De toutes manières, si l'allumage d'une lumière est interdit à titre de boné, cela ne sera pas plus permis à Yom tov… pour le lecteur, et que les éléments présentés lui auront permis de constater qu'il y a eu, depuis que le problème s'est posé, un effort sérieux pour définir le cadre de l'utilisation de la force électrique selon la Halakha. On se dira : tant de questions, tant de doutes ? Non, et nous allons voir que, sur le plan de la pratique, malgré ces nombreuses questions, les conclusions sont là, partagées par l'ensemble des Juifs pratiquants. Cela, dans l'article suivant. Là, nous arrivons à la fin de la partie théorique de notre exposé. Nous espérons qu'elle n'aura pas été trop aride 197 ● Juin 2016 │ 69 grand dossier L'utilisation de la force électrique dans la pratique I l se peut que la découverte de l'électricité, par son apport immense aux capacités de l'humanité soit l'une des plus importantes du monde moderne. Notre vie en a totalement changé, d'une manière inouïe : que de charges pesaient autrefois sur le foyer, pour cuisiner et laver le linge, pour s'éclairer et conserver les aliments. Tout cela est devenu d'une facilité extrême, que l'Eternel en soit béni ! 70 │ Kountrass Famille ● 197 Cependant, aussi simple que soit son utilisation, son application ne peut être universelle. Ainsi, l'électricité n'est pas de mise dans le domaine des mitsvoth (par exemple, pour allumer les bougies de Chabbath), et moins encore durant le septième jour lui-même. Dans le cadre des mitsvoth Nous avons parlé de la possibilité d'utiliser des appareils électriques pour fabriquer certains objets de mitsva, et avons livré des conclusions. Rappelonsles pour mémoire. • Les fils de tsitsith, et les tefilinnes – les doutes quant à la valeur de tels objets de mitsva fabriqués à l'aide de machines sont réels. Il est bon d'éviter en conséquence d'acheter des tsitsioth faites à la machine. Leur mode de fabrication est pratiquement toujours indiqué sur les paquets, ou sur le talith si on l'achète avec les fils. Sinon, on peut demander au vendeur. C'est en tout cas une bonne chose (un « hidour ») que de ne prendre que des tsitsioth tissées à la main. Il en sera de même pour les tefilinne. diverses questions se sont posées à cet égard : grosso modo, peut-on passer à ce nouveau mode d'éclairage ? • Des lumières électriques à la place des bougies de Chabbath ? Divers auteurs1 se sont demandé si 1 A partir du Chout l'on peut procéder à l'allu- Beèr Yits'hak, de rav Schmerlkes, mage des bougies avec des Yits'hak Y. D. I § 120. lampes électriques. Beau- • Les matsoth : c'est déjà plus compliqué : il se peut qu'à partir du moment où une personne surveille le bon déroulement de l'affaire, le fait qu'elles soient envoyées au four par une grille ne gêne pas réellement. Il en irait de même pour la fabrication de la pâte. Du reste, certains rabbanim donnent la préférence à ce genre de matsoth, confectionnées avec une rapidité incomparable. Souvent, le public prend des matsoth faites à la main pour le soir du séder, et des matsoth faites à la machine pour le reste des jours de Pessa'h. • Le mikvé reste l'affaire de spécialistes ; nous n'en parlerons donc pas ici. Pourtant, rappelons simplement que l'ancien mikwé de Paris, passage de Joinville, reposait sur un système de pompage électrique, et avait été permis par les autorités rabbiniques locales de l'époque, au lendemain de la Shoah. Cependant, le rabbi de Satmar, alors à Paris, avait contesté cette décision avec virulence. L'électricité à la place des bougies ? Quand la lumière électrique a commencé à remplacer les antiques bougies, 197 ● Juin 2016 │ 71 grand dossier coup concluent par l'affirmative, mais d'autres réservent une telle procédure à des cas de force majeure2. 2 Ha'hachmal leor D'un côté, ce qui nous haHalakha, du rav importe, c'est qu'une lu- Youdelévitz. mière soit allumée pour le Chabbath, même si l'allumage n'est pas le fait direct de la personne. De plus, si l'on assimile le fait de porter à incandescence le fil de l'ampoule à un allumage, on pourra permettre d'allumer une ampoule classique à la place d'une bougie (cela ne serait pas le cas pour un néon ou l'une ou l'autre des ampoules actuelles). Pourtant, ce n'est pas évident, et on ne pourra donc effectuer cet allumage qu'en cas de force majeure. L'une des raisons invoquées est une intéressante discussion, dans les Tossafoth sur le 'Houmach (Wayikra/Lévitique 24,2), envisageant que l'on ait une pierre précieuse lumineuse pour Chabbath : d'après un avis, il n'y a pas besoin, dans un tel cas, d'allumer des bougies. Cependant, rabbénou Tam s'y oppose, « parce qu'il y a une mitsva d'allumer des lumières spécialement pour le Chabbath ». Si c'est ainsi, on revient à la problématique précédemment rappelée – celle de savoir si on peut faire une mitsva via le courant électrique, cette force qui échappe à nos actes. Dans ce même sens, certains ont ajouté que, finalement, le courant électrique provient d'un quidam (théoriquement non-juif, mais nous en parlons par la suite) travaillant à la centrale électrique, et non dans le privé. Comment, dès lors, la dame qui allume ses lampes électriques peut-elle dire la bénédiction sur son geste ? Et si c'est un Juif qui est à ce moment responsable de la centrale, son intervention n'est pas licite, et cette mitsva faite à la maison repose sur une 'avéra… 72 │ Kountrass Famille ● 197 • Le ner de la Havdala : si déjà, pourquoi ne pas utiliser une lampe électrique pour faire la Havdala ? Certains3 l'ont permis – toujours s'il s'agit d'une ampoule classique, avec un fil métallique qui devient incandescent. Toutefois, d'autres avis s'y opposent : il n'y a pas de vraie lumière, même dans ce cas-là, mais un métal incandescent – comment peut-on dès lors dire « Qui a créé les 3 Parmi eux, le Tsits Eliézer (I,20,13) – à noter qu'à ce sujet, on rapporte que rabbi 'Hayim Soloveitchik, ou rabbi 'Hayim Ozer Gorozinski de Vilna, auraient agi de la sorte, ainsi que le Tsofnath Pa'anéa'h. Une lampe à incandescence classique lumières du feu » ? Un autre reproche est fait à une lumière de cet ordre : elle est toujours couverte par du verre, alors que le feu d'origine, créé par le premier homme le premier motsaé Chabbath, ne l'était pas4. On reproche 4 Yabia' Omer I, O. également à la lumière des H. 17 et 18. ampoules de ne pas présenter divers faisceaux, contrairement à celle de feu. il manque donc la notion de pluralisme des « lumières du feu ». • Les bougies de 'Hannouca : là, contrairement aux cas précédents, l'interdiction d'utiliser une lumière électrique est votée à l'unanimité ! Diverses raisons sont invoquées : il n'y a ni huile ni mèches ; il faut sans doute que l'élément qui brûle soit transformé en poussière, comme le matériau qui se consumait au Temple ; un vrai feu est requis ; la personne doit allumer d'elle-même, et non par l'intermédiaire d'une pression sur un bouton et de la fermeture d'un circuit ; le réservoir doit contenir assez d'huile pour faire brûler la bougie durant une demi-heure au moins, alors que là , il n'y a rien ; le fil électrique n'est pas dressé comme une bougie, mais ressemble plutôt à une torche, dont l'usage est interdit pour 'Hannouca. Toutefois, certains auteurs repoussent toutes ces bonnes raisons de prohiber l'utilisation de lampes électriques à 'Hannouca – mais il faudra au moins que ces lampes soient placées ailleurs qu'à la position classique des bougies5. 5 Id. III,35. Cette solution semble s'imposer pour une personne qui effectue un long voyage en avion durant 'Hannouca et n'a personne chez soi pour allumer à sa place : allumer une lampe de poche à côté de son siège… lampe électrique, à condition de pouvoir la faire pénétrer dans les moindres recoins de la maison. Toutefois, le peuple juif préfère agir selon la coutume authentique, avec une bougie en cire6! 6 Che'arim metsouim beHalakha ad loc., qui précise que rav Aharon Kotler était de cet avis également. La question se pose, en revanche, de savoir s'il faut ou non éteindre la lumière électrique lors de la bedika, puisqu'elle nous éclaire comme en plein jour. Or, justement, la bougie est utilisée le soir, son effet reste optimal. Ainsi, la lumière produite par l'électricité ne semble pas parvenir à s'immiscer dans les moindres recoins de la maison aussi bien que la bougie. On ne serait pas tenu d'éteindre le courant. • La bedikath 'hamets : il faut une bougie, et la torche est exclue – donc il semble bien possible d'utiliser une 197 ● Juin 2016 │ 73 grand dossier • Le ner nechama : arrivons-en au dernier des points à soulever à propos de ce remplacement de l'antique bougie par des lampes électriques : peut-on allumer une telle lumière en souvenir d'un proche disparu, durant l'année de deuil, ou au Yahrzeit ou hiloula (jour de commémoration annuel) ? On a voulu dire que des lampes allumées dans la synagogue en l'honneur de la Présence divine, un peu comme dans la Menora au Temple, sont mieux en bougies (ou, à dire vrai, en lampes à huile) ; en revanche, celles destinées à éclairer les étudiants sont évidemment de meilleur effet quand elles proviennent de la lumière électrique. Elles deviennent donc préférables sous cette forme. Cependant, c'est surtout sur l'utilisation de l'électricité le Chabbath que nous allons devoir nous pencher. L'électricité le Chabbath Les principes décrits plus haut nous permettent de conclure un certain nombre de points sur l'utilisation de la force électrique le Chabbath. Aucun doute au monde que l'allumage du courant électrique pour s'éclairer ou faire fonctionner n'importe quel appareil est strictement interdit, pour une raison qui nous importe peu : cela peut être, pour le 'Hazon Ich, le fait de fermer un circuit ou, selon d'autres, d'amener des fils à incandescence. Cet interdit n'est peut-être dans cette seconde optique que de l'ordre de nos Sages, mais pour le premier avis, il est édicté par la Tora. L'un dans l'autre, le Chabbath doit rester pour nous un jour durant lequel nous ne faisons pas de travaux constructifs… Il en sera de même quand l'utilisation du courant électrique n'entraîne pas 74 │ Kountrass Famille ● 197 d'allumage de lampe de style ancien, avec incandescence de fils, du fait de la position du 'Hazon Ich, et de la « construction » d'un circuit. Ainsi, les néons, lumières modernes et autres sont également interdits d'allumage le Chabbath. Le courant électrique ne provient en général pas ex nihilo : pour chaque unité, il faut que brûle encore un peu de pétrole ou de gaz à la centrale. Ainsi, à chaque usage supplémentaire, la personne elle-même entraîne la combustion du carburant, action tout à fait interdite le Chabbath ! Voyons à présent diverses indications pour certaines questions spécifiques. • Le thermostat : l'ouverture de la porte d'un réfrigérateur7 entraîne que 7 Ceci, à condition que la lampe de l'intérieur du réfrigérateur ne s'allume pas avec l'ouverture de la porte, car alors, son usage devient totalement interdit. le thermostat remet le moteur en route plus rapidement, s'il est éteint, ou pro- longe le temps qu'il devra prendre pour refroidir à nouveau l'atmosphère dans cet appareil ; on trouve encore bien d'autres cas où intervient un thermostat, comme par exemple les climatiseurs. Divers avis ont été émis à cet égard – mais disons d'emblée que l'on trouve en Erets Israël divers modèles de réfrigérateurs permis a priori, et d'autres sur lesquels il est possible de faire installer un mode de fonctionnement « du Chabbath ». Le thermostat est alors neutralisé. Pour éviter que l'appareil fonctionne sans arrêt, il faut ajouter un minuteur, et fixer des intervalles de fonctionnement et d'arrêt. Certains permettent son ouverture quand le moteur ne marche pas, parce qu'il n'est pas évident que l'air chaud qui pénètre dans le réfrigérateur va automatiquement provoquer sa mise en marche8. 7 On revient à la bidka demaya déjà vue, mais quand la vague n'est provoquée qu'en un second temps. D'autres donnent la préférence au moment où le moteur est en marche, parce qu'alors, on n'entraîne rien, si ce n'est une prolongation éventuelle de sa durée de fonctionnement. De nombreux auteurs permettent ce « grama », cette conséquence indirecte. mettent de fixer à quels moments le courant passe. Aucun doute qu'il est permis de l'utiliser durant le Chabbath, mais quand on désire changer une heure, ou en fixer une autre, diverses questions se posent quand une personne change l'heure prévue, ou introduit un nouveau arrêt/départ de fonctionnement de l'appareil ou de la lumière, qui dépend des mouvements de cette horloge. Une seconde question se pose également quant à la fixation d'un nouveau temps, à l'aide du changement effectué : il se peut qu'en arrangeant l'horloge, on procède en fait à un « tikoun mané », à une amélioration de cet ustensile, puisqu'à présent, il répond mieux à notre besoin, ou à un « binian ». On aura « construit » cet appareil en fonction de nos besoins. L'un dans l'autre, il est évident qu'il faut absolument éviter de régler une telle horloge le Chabbath ! • Le réfrigérateur : sans doute aucun, il est permis d'utiliser cette boîte gardant nos aliments au frais, mais la question concerne son ouverture durant le Chabbath. D'abord, il faut s'assurer que la lu- • Le problème avec un climatiseur ou un chauffage à thermostat est du même ordre, bien que se posant différemment : avec ces appareils, a-t-on le droit d'ouvrir la fenêtre ou la porte, puisque de l'air chaud ou froid va pénétrer dans la pièce ? Oui : l'influence est moins directe dans une grande pièce que dans une enceinte aussi restreinte que celle d'un réfrigérateur. • Les minuteries du Chabbath : électriques la plupart du temps, elles per197 ● Juin 2016 │ 75 grand dossier A défaut, il est possible de demander à un électricien d'installer une possibilité de neutraliser le thermostat quand on le veut, et de gérer l'allumage et l'extinction de l'appareil à l'aide d'une horloge (car on ne peut pas le laisser fonctionner tout le Chabbath sans arrêt – le froid serait trop intense). mière ne s'allume pas quand on ouvre la porte. De fait, même si cet allumage n'est pas provoqué directement, il s'effectue automatiquement, « pessik récha », et cela est interdit. En cas de doute, il se peut qu'il soit tout de même permis d'ouvrir la porte de l'appareil, mais pas de la refermer, si ce n'est en demandant à un non-Juif de le faire. Il en ira de même si un ventilateur se met en marche automatiquement quand on ouvre la porte du réfrigérateur. L'ouverture permet à l'air chaud de pénétrer dans cette enceinte. Nous allons amener le thermostat à réagir pour corriger la situation, et restaurer le niveau de froid voulu. De la sorte, on entraîne le moteur à fonctionner plus longtemps. Divers avis existent à cet égard. Le plus populaire, est celui consistant à permettre d'ouvrir la porte quand le réfrigérateur est en marche : alors, notre acte n'engendre pas directement le démarrage plus ou moins immédiat du moteur. Cependant, bien entendu, cela est assez astreignant. De nos jours (en Erets Israël…) sont proposés des réfrigérateurs où ces questions ne se posent pas. 76 │ Kountrass Famille ● 197 • L'ascenseur : quand on se rend dans cette cabine, son moteur doit travailler plus, chaque personne ajoutant du poids, et donc de l'effort technique. De ce fait, même si un non-Juif a appelé l'ascenseur et appuie sur le bouton pour fixer l'étage à atteindre, ou que l'appareil fonctionne automatiquement, s'arrêtant par exemple à chaque étage – et que l'œil électronique a été neutralisé, voir par la suite –, il reste encore un problème essentiel : celui de notre seule présence dans l'ascenseur. En conséquence, son usage le Chabbath est très délicat sur le plan de la Halakha. Il existe toutefois des aménagements spéciaux, grâce auxquels l'appareil fonctionne à fond, quel que soit le nombre de personnes à bord. Une autre question a été posée : l'autorisation d'utiliser l'ascenseur le Chabbath ne risque-t-elle pas d'entraîner une certaine latitude plus générale ? L'un dans l'autre, le recours ponctuel à de tels appareils nécessite la consultation d'une autorité rabbinique conséquente. Indique que cet ascendeur est sur mode "Chabbath" • Le téléphone : l'appareil est inerte tant que nous ne l'avons pas activé, en l'enlevant de sa base ou en appuyant sur ses touches ; en le mettant en marche, nous rencontrons l'un ou l'autre des éléments interdits : soit nous entraînons l'allumage d'une lumière, soit nous rétablissons un circuit, soit nous redonnons vie à un instrument auparavant hors d'usage – le tout rendant le téléphone interdit le Chabbath, sauf cas de force majeure, danger grave et autres. • Le haut-parleur : les diverses incidences sur le plan de la Halakha provenant de la mise en marche d'un hautparleur sont présentes également dans ce cas, mais s'ajoute l'interdiction de faire résonner du bruit (« machmia' kol »). • Les radios, enregistreurs et lecteurs divers : leur utilisation est évidemment exclue, pour les raisons évoquées pour le haut-parleur. En cas de danger en Erets Israël (que D' nous en préserve !), on a mis en place, à plusieurs reprises, une chaîne silencieuse : le public intéressé pouvait laisser la radio allumée sur cette longueur d'onde, et elle était alors animée en fonction des besoins, avec une alerte, puis des instructions adéquates. Et préparer la radio (nous ne parlons pas de TV pour d'autres raisons…) pour écouter le déroulement d'un match de foot important, et en savoir les résultats le jour même ? Pas du tout évident : même si l'utilisation d'une horloge permettant d'allumer un appareil et de l'éteindre automatiquement durant le Chabbath est parfaitement permise, le fait de mettre en route la radio a le défaut d'entraîner qu'une voix se fasse entendre, détail prohibé par nos Sages. Ce serait comme déposer des grains avant Chabbath, et laisser le moulin continuer de les broyer grâce à l'eau durant la journée, ce qui est interdit. En outre, une telle conduite va évidemment à l'encontre de l'esprit du Chabbath, un jour de repos et d'étude, et par là même, une expérience de Kedoucha, de rapprochement du Créateur. Toutefois, il existe des avis permissifs, et si la question se pose, il faut consulter un rav compétent. Nous espérons avoir à peu près fait le tour des questions relatives à l'utilisation de la force électrique dans le cadre de la Halakha. S'impose à nous de consacrer encore quelques paragraphes au problème du profit d'électricité fabriquée le Chabbath par des Juifs, question qui se pose en Erets Israël avec intense accuité… 197 ● Juin 2016 │ 77 grand dossier L'électricité fabriquée le Chabbath par des Juifs E n Erets Israël comme partout ailleurs, les centrales électriques doivent fournir du courant le Chabbath également. Or, cela ne peut se faire qu'avec la surveillance continue et l'intervention constante de responsables, juifs pour la plupart. De la sorte, une question se pose : peut-on utiliser le courant électrique, fabriqué d'une telle manière ? Disons d'emblée que la plupart des utilisateurs s'en servent – nous allons voir sur quoi ils font reposer leur conduite –, mais que l'on compte quelque 30.000 78 │ Kountrass Famille ● 197 familles dans le pays qui donnent la préférence à des générateurs privés et indépendants, pour éviter ce problème. Le travail du non-Juif En fait, il serait faux d'admettre que le travail d'un non-Juif effectué en notre faveur est permis ! Cela n'est pas le cas : « Un non-Juif […] qui a allumé une bougie pour un Juif, ce dernier n'a pas le droit de s'en servir » (Michna dans Chabbath 122a). On ne peut être plus explicite. Cet interdit prononcé par nos Sages concerne tout le monde, même les autres Juifs, pas visés par ce travail. De fait, on risque d'en venir à demander au non-Juif de manière directe d'effectuer des travaux le Chabbath. Cet interdit est valable quelle que soit la nature du contrat avec le non-Juif. De la sorte, le fait que des non-Juifs soient employés par la compagnie d'électricité juive ne nous donne pas pour autant le droit de nous servir du produit de leur travail. A l'étranger, bien entendu, la question se pose différemment : comme l'électricité est fabriquée par l'intermédiaire de non-Juifs pour l'ensemble de la population, elle-même généralement en majorité non-juive, son utilisation est totalement permise. « fabriqué » par l'intermédiaire de ces employés juifs. De fait, automatisme aidant, il se peut que l'on ne doive pas parler réellement d'intervention de l'homme au fil du Chabbath. Dans la pratique, le courant est également fabriqué pour répondre aux besoins réels des hôpitaux et des personnes en situation de danger, se trouvant chez elles, partout dans le pays, et dont la vie dépend de ce service. Il se peut que même des jeunes enfants, de nos jours, aient besoin de produits alimentaires conservés au frais dans les réfrigérateurs, ce qui justifie également la profanation du Chabbath en leur faveur. De nos jours, l'éclairage dans les rues permet également d'éviter bien des accidents... Le problème posé par le travail A partir de ces besoins indispensables, il se peut que l'ensemble de la populade Juifs le Chabbath A plus forte raison, le travail d'un Juif sera-t-il interdit le Chabbath (Chabbath 38a), en particulier quand il est effectué de manière volontaire ! Il se peut que le résultat soit permis après Chabbath, mais certainement pas le jour même. De plus, quand nous nous en servons, nous faisons trébucher le Juif en question, dans la mesure où notre consommation le fait travailler un peu plus, quand bien même cela soit de manière infinitésimale par rapport à la consommation d'une ville tout entière. tion puisse profiter de manière licite du courant électrique fabriqué le Chabbath. C'est sans doute sur ces considérations que la majorité du public se repose pour l'utiliser en Erets Israël. Cette conception ne fait toutefois pas l'unanimité (cf. Igueroth Moché du rav Moché Feinstein IV,127, entre autres). De plus, il y a profanation du Nom divin à ce qu'on fasse reposer notre alimenta- Là se pose toute la difficulté de l'utilisation de l'électricité durant le Chabbath en Terre sainte. On a tenté d'apporter diverses réponses à ce problème. Sur le plan technique, il faut savoir à quel point le courant électrique est 197 ● Juin 2016 │ 79 grand dossier tion en courant électrique sur le travail de Juifs, quand bien même ils œuvrent pour des hôpitaux et des malades ('Hazon Ich Ora'h 'Hayim. 38,4). Des générateurs privés Dans divers quartiers religieux d'Israël, la tendance est de plus à plus à installer des générateurs privés – des groupes électrogènes indépendants. Ils permettent de fournir un courant électrique de qualité équivalente à celle du circuit normal durant tout le Chabbath, même quand un jour de fête le précède ou le suit. Pour la Refoua cheléma de • 'Hanna bath Guila Maman • Myriam bath 'Hanna • Mon épouse Zenia Haya bath Hélène Par Yaacov Boronski 80 │ Kountrass Famille ● 197 Depuis quelques années, des systèmes d'alimentation à base de batteries que l'on charge au courant de la semaine, et d'appareils qui permettent un retour au voltage normal offrent la possibilité d'avoir chez soi son propre courant électrique. L'installation de ces batteries n'est certes pas très aisée : elles prennent beaucoup de place, et l'opération est assez onéreuse à la base. Cependant, sans doute aucun, c'est la solution la plus souhaitable sur le plan du respect du Chabbath dans le domaine qui est le nôtre – celui de l'alimentation en courant électrique en ce saint jour. Pour la Refoua cheléma de mon père, Yechoua' Vormès, ben Ra'hel Marianne Vormès conclusions N ous avons essayé d'attirer l'attention sur le fait que le développement de l'électricité dans les temps modernes, s'il a amélioré les conditions de vie de l'homme sur terre, a pu également lui permettre d'avoir une meilleure idée de l'intervention de la Providence dans la réalité humaine dans ce bas monde ! L'électricité a en effet permis de concevoir la possibilité d'être partout de manière quasi instantanée : elle se déplace à la vitesse de la lumière, à savoir 300.000 km/s (dans le vide)… Notre petit globe terrestre est donc parcouru en une seconde un certain nombre de fois. De même, l'exploitation de cette force a permis la réalisation de divers appareils : le télégramme, puis le téléphone et, dans la période qui est la nôtre, nombre d'appareils et de techniques permettant en instantané de savoir, puis de voir ce qui se passe dans le monde entier, de se parler entre deux continents et de se voir d'un bout du monde à l'autre… Ainsi donc, nous pouvons mieux nous représenter une image du fonctionnement de la Providence divine, omniprésente et omnisciente, bien plus que nos ancêtres. Ce n'est pas qu'ils ne parvenaient pas à le considérer, mais pour eux, c'était l'évidence même que le Créateur est Tout puissant, et qu'aucune contingence naturelle ne peut l'entraver, comme dit le verset (Tehilim/Psaumes 24,7) : « Exhaussez, ô portes, vos frontons, relevez-vous, portails antiques, pour qu'Il entre, le Roi de gloire ! » Le Roi de gloire est en mesure de faire modifier les règles du monde en fonction de Sa volonté, Qui n'a aucune limite matérielle (cf. Akédath Yits'hak, Beréchith). Néanmoins, notre conscience à nous, en cette période de profonde matérialité, était très loin d'une telle conception. Or, justement, ces découvertes modernes et leur exploitation sans fin nous permettent de mieux comprendre la possibilité immédiate et incontournable de l'Eternel de tout voir et de tout savoir, partout dans le monde ! « Où me retirerais-je devant Ton esprit ? Où chercherais-je un refuge [pour me dérober] à Ta face ? Si j'escalade les cieux, Tu es là ; si je fais du Chéol ma couche, Te voici encore ! Que je m'élève sur les ailes de l'aurore, pour m'établir aux confins des mers, là aussi Ta main me guiderait, et Ta droite se saisirait de moi. Si je dis : "Que du moins les ténèbres m'enveloppent, que la lumière du jour se change en nuit pour moi !", les ténèbres mêmes ne sont pas obscures pour Toi ; la nuit est lumineuse comme le jour, l'obscurité est clarté [pour Toi] » (Tehilim/Psaumes 139,8-12)… Nous avons tenté de présenter les diverses considérations que la Halakha prend en compte face à l'usage de l'électricité. N'oublions pas pour autant cette autre incidence de ces forces émanant de la nature créée par l'Eternel, en ce qu'elles peuvent nous permettre de mieux saisir la nature spirituelle du monde. 197 ● Juin 2016 │ 81 Droit au but « L'absence de réaction de l'Eternel à mes prières m'émeut ! » Vu sur le site de A'hénou «J e prie, implore, supplie, et… rien ! Tout se passe comme si je n'avais rien dit ni demandé. Je n'ai aucun doute quant à la présence du Maître du monde, mais je voudrais comprendre, une fois pour toutes, pourquoi Il me fait cela… » 82 │ Kountrass Famille ● 197 Ce phénomène concerne nombre de personnes. Elles savent s'investir dans la prière, et sentent que l'Eternel ne les écoute pas ; qu'en fait, rien ne change, et parfois même empire. Une autre question s'impose ici : il est dit dans les livres saints que l'Eternel a créé le monde parce qu'Il voulait faire le bien envers Ses créatures. Comment comprendre, dès lors, que tant de gens souffrent avec tellement d'intensité ? Tentons de comprendre cela de manière courte et succincte. D'abord, sachons que l'Eternel nous aime avec fougue, et Il ne veut que nous faire du bien. Cependant nous ne savons pas toujours ce qui est bon pour nous. Il nous arrive de vouloir des choses franchement négatives pour notre personne. Il nous faut également prendre conscience du fait que nous ne sommes ici qu'en route pour la station centrale. Les gens ont tendance à voir ce mondeci comme l'essentiel dans la vie, et le monde futur comme une sorte de réserve dans laquelle on parque les âmes usées, qui ont déjà quitté ce monde. Erreur fondamentale : le monde n'est qu'un passage avant le monde futur. Nous ne sommes ici que pour faire des provisions et pour préparer la place dans laquelle nous nous trouverons plus tard. Quiconque faute et ne cesse d'accomplir des mauvais actes ne fait que préparer sa place en enfer, que D' nous en préserve. Et quand on accumule les mitsvoth et les actes positifs on construit pour le monde futur un palais de luxe, avec des conditions exceptionnelles, qui nous apporteront des plaisirs spirituels bien au-delà de notre imagination. Néanmoins, l'Eternel nous aime tant qu'Il nous prend en pitié quand Il nous voit en train de préparer une tonne de souffrances dans le monde futur. Il Se dépêche alors de nous envoyer quelques épreuves afin d'effacer nos fautes, et si nous parvenons à nous repentir sincèrement, il se peut qu'elles soient effacées totalement. Cela dépend également de notre détermination à ne pas retomber dans ces travers à l'avenir. D'une manière ou d'une autre, nos Sages nous apprennent encore que par- fois, l'Eternel met même des tsadikim à l'épreuve, afin d'augmenter leurs mérites pour le monde futur, comme le dit le verset (Michlé/Proverbes 3,12) : « Car celui qu'Il aime, l'Eternel le châtie, tel un père le fils qui lui est cher ». En conséquence, nous pouvons comprendre pourquoi notre Père aux cieux ne fait pas toujours ce que nous Lui demandons dans nos prières. Cela ne provient pas, que D' nous en protège, de mauvaises intentions, mais uniquement du fait qu'Il sait exactement ce qui est bien pour nous et ce qui nous aidera. Il en va de même pour un père en chair et en os qui n'accorde pas toujours ce qu'un enfant lui demande, parce que ce n'est pas bon pour lui. Parfois, il faut même faire avec eux une chose susceptible de les déranger, leur administrer un vaccin et autres ; de même, l'Eternel Se conduit avec nous. Si ce n'est une « force supérieure », le monde n'aurait pas pu être aussi beau et complexe, un monde fait de milliards de détails qui œuvrent dans une harmonie fantastique et dans un ordre remarquable. La foi dans la réalité d'un Créateur et d'un Dirigeant du monde forme un élément évident et clair pour qui ne cherche pas à échapper à la vérité. Souvenons-nous donc : l'Eternel répond toujours à nos prières. Seulement, parfois, c'est par un « Non, mon fils »…● Pour la réussite de mes enfants Michael, Orelia et Raphaël par Yaacov Assous 197 ● Juin 2016 │ 83 pensée juive La Vache Rousse Par le rav Refaël Choukroun zatsal V oici donc notre ancien collaborateur de retour dans nos colonnes – hélas, à titre posthume. Il avait préparé un livre à la mémoire de son père, le Grand rabbin André (Mevorakh) Chékroun zal, intitulé Zikaron Mevorakh. Cependant, l'exemplaire de présentation n'est arrivé qu'à son décès. Avec la rabbanith Choukroun, – que l'Eternel lui donne le courage dont elle a besoin pour continuer à élever ses enfants et à aider ceux qui sont déjà mariés, – il a été décidé de publier ici, à chaque parution, un texte de ce regretté rav, dont les qualités et l'intelligence faisaient l'un des rabbanim d'espoir de la communauté juive francophone. Le lecteur le constatera devant les lignes 84 │ Kountrass Famille ● 197 suivantes. Que ce texte serve le'ilouï nichmatho ! On a beaucoup exagéré la difficulté de la question de la Vache Rousse. Certes, il est écrit dans la Guemara (Nida 9a) et dans les Midrachim que Chelomo hamélekh s'est étonné en disant : « Je pensais avoir le discernement, mais j'avoue que c'est encore loin ». La raison ? Le « paradoxe » selon lequel cet acte vise à purifier de l'impureté suprême, celle des hommes morts, dès lors matière sans esprit. Ce manque de vitalité spirituelle crée l'impureté. Cependant, ceux qui ont affaire à la vache rousse sans que cette eau lustrale n'arrive à son but deviennent, eux, impurs. En vérité, celui qui asperge l'impur reste pur, et seuls ceux dont les actions constituent des préparatifs ou demeurent inutiles à la pureté deviennent impurs. Est-ce vraiment difficile à comprendre ? Oui, pour l'esprit humain. Néanmoins, selon l'esprit de la Tora, c'est une idée courante. Plus une créature est élaborée et raffinée, plus le moindre défaut ou petite déviation s'avèrent graves et conséquents. On peut en donner l'image suivante : une automobile qui a reçu un bon coup dans la portière tiendra ses performances sans problème. Par contre, personne ne laissera décoller un avion ainsi cabossé. Et pour une fusée, ce serait même l'échec assuré. Nous citerons trois sources de la même veine. fice est nul et non avenu. Si, par contre, il n'en était pas passible, c'est bon. « De mina mar'hiv ba, de lav mina lo mar'hiv ba » (Zeva'him 3a) : « Dans son genre c'est prohibitif, mais dans un genre complètement à côté du but, cela ne s'insère pas dans le sujet pour le compromettre ». De même, apporter un sacrifice en-dehors du lieu prévu est moins grave de l'apporter en-dehors du temps, alors que la pensée au-delà du temps s'avère plus proche de la vérité qu'endehors du lieu. Ainsi, on voit encore une fois que dans la sainteté, la déviation est plus grave que le hors-sujet. Troisièmement, dans le premier chapitre de Chavou'oth, la Michna développe l'une, au moins, des fonctions des expiatoires collectifs apportés Roch 'Hodech et les fêtes. Or, le nombre d'expiatoires qui viennent réparer l'impureté dans le Temple, sous toutes ses formes et tous ses cas, est vraiment spécial et unique ! Pourquoi ? Car l'impureté, qui n'est pourtant pas une tare (parfaitement permise dans le domaine profane), devient nocive au plus haut point dans un endroit de grande sainteté. Ainsi, il existe une logique interne à la Tora, selon laquelle plus une créature est élevée, sainte et performante, plus elle est sujette aux déviations. Voici, nous semble-t-il, ce qui nous permettra de comprendre la gravité de gâcher des cellules germinales. Premièrement, la Guemara dans Soucca 52a, selon laquelle « plus l'homme est grand, plus ses passions sont grandes ». L'impureté s'attache spécialement à ce qui est le plus dur, et n'en devient que plus nocive et toxique. Deuxièmement, selon une loi dans Kodachim (les sacrifices), si on accomplit l'expiatoire de Reouven au nom de Chim'on alors que Chim'on était luimême passible d'un expiatoire, le sacri- Bref, nous sommes loin du « paradoxe incompréhensible » de la Vache Rousse. Bien au contraire, cette question est le joyau de la couronne, et à ce titre, mérite bien qu'on y touche uniquement lorsqu'elle atteint sa finalité. Cela dit, toute la procédure semble très curieuse et là, nous n'avons rien à dire : c'est un 'hok, une loi qui nous dépasse. Ce qui mérite attention ici, c'est le Midrach de rabbi Moché Hadarchan rap197 ● Juin 2016 │ 85 porté par Rachi (début de parachath 'Houkath). Il établit une correspondance entre la Vache Rousse et le Veau d'Or : « La mère vient nettoyer les saletés de son fils ». Or, quel rapport entre la 'Avoda Zara (la pratique du paganisme) et l'impureté des morts ? Comme dit plus haut, l'impureté des morts vient du fait que la matière se retrouve démunie d'esprit. Ce n'est pas une faute, mais un état de fait. La 'Avoda Zara, elle, constitue une faute intellectuelle. Bien sûr, aucun homme n'a jamais été idiot au point d'assimiler à D' l'idole qu'il venait de fabriquer. Il y voyait plutôt un symbole et un vecteur d'une ou plusieurs attitudes de D' vis-à-vis du monde, le « Grand Chef » restant hors de portée. Cette interrogation est complexe et mérite qu'on s'y attarde. Il faut en revenir à la Guemara de Nida 9a. Le texte précité dit : « "Qui fait sortir le pur de l'impur n'est pas celui qui est Un ?" (Iyov/ Job 14,4) – Rabbi El'azar dit : "Ce sont les eaux lustrales pour lesquelles celui qui asperge et celui sur qui on asperge sont purs, alors que quiconque y touche devient impur" ». Autrement dit, la Vache Rousse, avec ses contradictions internes, forme une preuve de l'Unité de D'. Nous disons bien Unité, et non unicité, cette dernière notion ne posant pas problème. La conception première du monde est polythéiste. On y observe quantité de contradictions : le bien et le mal, la clémence 86 │ Kountrass Famille ● 197 et la rigueur, la force et la faiblesse, l'esthétique et la laideur... c'est donc assez logique d'y attribuer des sources différentes. La foi en l'Unité nous oblige à croire que toute cette différenciation vient d'une seule Source. Par opposition, la 'Avoda Zara en voit plusieurs. Lorsque les Bené Israël ont adoré le Veau d'Or, ils croyaient qu'il fallait adorer la Midath haDin (l'Attribut de Rigueur), leur situation d'alors. Or revenons dans les réalités. Bien que D' soit Un et Tout, il existe un endroit dans la création où naît une bifurcation. Le Bien dévie, et d'étage en étage devient Mal. Et ainsi en va-t-il de toutes les différenciations. Où est l'équilibre ? C'est qu'à la fin, tout retournera à sa source. Voilà l'idée même des sacrifices où la créature revient à son Créateur – sauf l'homme qui, comme explicité dans le sacrifice de Yits'hak, peut être consacré à D' sans perdre la vie. Sacrifice vivant, sacrifié sans sacrifice. Et assez curieusement d'ailleurs, la 'Avoda Zara s'appelle la mort, comme les sacrifices à 'Avoda Zara nommés « ziv'hei méthim », les sacrifices de morts (Pirké Avoth 3,4 ; Tehilim/Psaumes 106,28). Les dieux de 'Avoda Zara sont des dieux morts. L'idée d'attribuer à chaque manifestation dans le monde une force propre va à l'encontre de la vie vraie. La Vache Rousse représente bien l'inverse : elle rend impur le pur et purifie l'impur. Une même source peut aboutir à des symptômes contradictoires. • Faire sA 'alia ? Il est important de faire les bons choix : • quelle ville, quelle quartier ? • sa banque • sa Koupat 'Holim • les écoles adaptées... Contactez les professionnels de Tsarfat be'alia ! 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Durant ces jours, nos Sages ont décrété la suppression progressive des manifestations de joie, afin que nous puissions nous recueillir et méditer sur la destruction 88 │ Kountrass Famille ● 197 du Beth Hamikdach. De fait, hormis les nombreuses tragédies qui ont frappé notre peuple durant cette période, c'est essentiellement la destruction du Temple de Jérusalem et l'exil qui constituent les sources et les sujets de ce deuil. Nos sages ont nommé ce long deuil : « Ben Hametsarim ». Cette appellation n'est pas fortuite, mais correspond au discours du prophète Jérémie dans Ekha. C'est effectivement en ces termes qu'il s'y lamenta lorsqu'il déclara : « Tous ses poursuivants l'ont atteinte [Jérusalem] dans la détresse (en hébreu Ben Hamet- sarim) ». Or, nos Sages enseignent qu'il s'agit là des jours entre le 17 tamouz et le 9 av, pendant lesquels les ennemis d'Israël ont envahi Jérusalem, et y ont accompli les pires atrocités, jusqu'à la date du 9 av où ils détruisirent le Beth Hamikdach (le Temple de Jérusalem). Puisque ces jours sont des jours de deuil pour le peuple d'Israël, nous y respectons différentes coutumes de cet ordre. L'une des coutumes les plus marquantes de cette période est sans aucun doute l'abstention d'écouter de la musique. Tout le restant de l'année, notre vie est rythmée par la musique – censée adoucir les mœurs. Que ce soit à la maison, en voiture, dans les transports, ou parfois même au travail, nous ne pouvons nous passer de musique. De plus, avec le progrès, nous disposons aujourd'hui de toutes sortes de gadgets pour assouvir en permanence notre mélomanie. L'abstinence musicale durant la période de Ben Hametsarim nous demande donc une certaine abnégation. Il en va de même durant les 33 premiers jours de la supputation du 'Omer où, en souvenir de la disparation tragique des 24000 élèves de rabbi 'Akiva, nous respectons également des coutumes de deuil. D'aucuns les observeront entre Roch 'hodech iyar et Chavou'oth, pour les mêmes raisons. La source de l'interdiction d'écouter de la musique durant ces périodes fait l'objet de nombreux débats chez les décisionnaires. Le Magen Avraham (rabbi Abraham Abele Gombiner – 16351682) écrit dans son commentaire du Choul'han 'Aroukh qu'il est interdit de faire des danses ou des rondes durant cette période (cf. § 551,10). Le Min'hath Yits'hak (rav Yits'hak Weiss – 19011989) en déduit la prohibition d'écouter de la musique durant Ben Hametsarim. De fait, selon lui, la musique procure une joie beaucoup plus intense que la danse (I, 110). Le rav Moché Feinstein, le rav 'Ovadia Yossef, le rav Wozner ainsi que d'autres décisionnaires, apprennent l'interdiction d'écouter de la musique d'une loi beaucoup plus globalisante du Choul'han 'Aroukh. En effet, au chapitre 560 de Or ha'Hayim, rabbi Yossef Caro énumère un ensemble de lois de deuil dont l'objet est de se souvenir de la destruction du Beth haMikdach. Parmi elles se trouve l'interdiction de jouer d'un instrument, quelle que soit la musique, et quel que soit l'instrument. Il note qu'il est interdit de se réjouir avec des instruments de musique et de les écouter, à cause de la destruction du Beth Hamikdach. Il ajoute que même chanter en chœur lors d'une festivité où l'on boit du vin, est proscrit, comme il est dit : « En chantant, ils ne boiront pas de vin ». Cet interdit prend sa source dans la Guemara Sota (48a). Les Sages de la Michna y enseignent que depuis la fin du Sanhédrin, le chant a disparu des festins, comme il est dit : « En chantant, ils ne boiront pas de vin… » Le Talmud de Jérusalem explique la corrélation entre la disparition du Sanhédrin et l'interdiction de jouer de la musique au cours d'un banquet de la façon suivante : « Rav 'Hisda dit : "Au début, le peuple redoutait le Sanhédrin, et tout le monde se gardait bien d'intro197 ● Juin 2016 │ 89 de nos jours, il est quasi impossible de trouver une célébration (mariage, bar mitsva, etc.) qui ne soit pas accompagnée d'un orchestre. Qu'est-ce qui nous autorise donc à « enfreindre » cet interdit ? duire des paroles profanes dans une chanson (puisque le Sanhédrin siégeait et veillait à la bonne conduite du peuple d'Israël, le peuple craignait Hachem, et on n'en venait pas à passer de chants sacrés à des chants profanes). Cependant, maintenant que la crainte du Sanhédrin ne les retient plus, ils sont susceptibles de chanter des chants profanes. » A noter que, selon le Talmud de Jérusalem, c'est le risque de tomber dans la vulgarité, et non le deuil du Beth Hamikdach, qui motiva les Sages à prohiber la musique durant les banquets. On retrouve une explication similaire dans une décision halakhique que le Rambam adressa aux sages d'Alep (cf. responsa du Rambam § 124). Quoi qu'il en soit, il apparaît que l'interdit de jouer ou d'écouter un instrument de musique ne se limite pas aux simples périodes du 'Omer et de Ben Hametsarim, mais bien à toute l'année. Qu'en est-il donc de la musique que nous écoutons quotidiennement dans nos chaînes Hi-Fi et nos lecteurs MP3 ? Qu'en est-il des programmes musicaux des radios juives orthodoxes et de la foison perpétuellement croissante de zamarim (chanteurs) ? Sans compter que 90 │ Kountrass Famille ● 197 Afin de répondre à cette surprenante question, il est important de distinguer les cas de figure suivants : • Jouer de la musique ou chanter lors d'un repas « profane » où l'on boit du vin, • Jouer de la musique ou chanter lors d'un repas « profane » où l'on ne boit pas de vin, • Chanter des chants liturgiques lors de célébrations ou d'un repas de mitsva (mariage, bar mitsva, etc.), • Chanter seulement avec sa bouche, • Ecouter de la musique par le biais d'un appareil (radio, lecteur CD, MP3 etc.), et enfin, tout ce qui a trait à la musique durant les périodes du 'Omer et de Ben Hametsarim. Jouer de la musique avec un instrument ou chanter lors d'un repas « profane » où l'on boit du vin. L'ensemble des décisionnaires médiévaux et contemporains s'accordent sur le fait que les Sages du Talmud ont inter- dit de jouer d'un instrument de musique ou de chanter (avec un accompagnement musical) lors d'un banquet « profane » où l'on boit du vin. Cette interdiction d'ordre rabbinique est motivée par les deux raisons suivantes : - La destruction du Beth Hamikdach (cf. Guemara Sota 48a, Rachi Guittin 7a, Rambam, Lois de jeûne 5,14, Choul'han 'Aroukh Ora'h 'hayim 560,3, Michna Beroura 3). - Le danger moral d'un tel comportement (ivresse, légèreté, vulgarité, etc. cf. Talmud de Jérusalem 9, 12). Il est à noter que la notion de banquet « profane » désigne essentiellement tout repas facultatif (contrairement aux repas du Chabbath, des fêtes et de Pourim) ainsi que tout repas qui ne soit n'est pas motivé par l'accomplissement d'une mitsva (contrairement au repas réalisé à l'occasion d'une circoncision, ou d'un mariage, de chéva' Berakhoth, de la conclusion de l'étude d'un Traité du Talmud, ou de Roch 'hodech). Cependant, le Rambam y autorise les chants de choeur liturgiques et autres cantiques prononcés en l'honneur de D' (Michné Tora, Lois de jeûne, 5, 12-14). Jouer de la musique ou chanter durant un repas « profane » où l'on ne boit pas de vin. L'avis des décisionnaires diverge à ce sujet. L'on peut distinguer trois grands avis sur cette question. • Le Rambam et rabbi Yossef Caro Le Rambam écrit dans les Lois de jeûne : « Après la destruction du Beth Hamikdach, les Sages de l'époque ont décrété l'interdiction d'enduire les maisons comme le faisaient les rois. Ils ont également décrété de ne plus jouer d'instruments, quelle que soit la mu- sique, ils ont interdit de s'en réjouir. Ils ont défendu leur écoute, à cause de la destruction du Beth Hamikdach. Même chanter seulement avec sa bouche lors d'un repas où l'on boit du vin, est interdit : « En chantant, ils ne boiront pas de vin… ». Toutefois, tout Israël a pour tradition de chanter des louanges ou des chants de reconnaissance à Hachem, et cela, même lors de repas où l'on boit du vin » (Michné Tora, Hilkhoth Ta'anith 5,12-14). Rabbi Vidal de Tolosa, l'auteur du Maguid Michné (1283-1360), précise au nom du rav 'Haï Gaon que seuls les chants aux paroles « profanes » sont interdits. En revanche, les chants liturgiques, les louanges à Hachem ou les piyoutim/cantiques en l'honneur des justes sont permis, même lors d'un repas accompagné de vin. Selon le Rambam, il y a donc un interdit absolu de jouer d'instruments de musique. Cet interdit s'applique même pour un repas sans vin. Néanmoins, le Rambam autorise le chant de choeur durant un repas « profane », à condition qu'il ne soit pas accompagné de vin. Il permet également les chants liturgiques et autres cantiques prononcés en l'honneur de D', même lors d'un repas où l'on boit du vin. Le rav Yossef Caro tranche la Halakha comme le Rambam. Il est suivi, de nos jours, par rav Wozner, rav Moché Feins197 ● Juin 2016 │ 91 tein et rav Eliachiv. Il semble que cela soit également l'opinion du rav 'Ovadia Yossef, qui, néanmoins, justifierait une éventuelle indulgence envers ceux qui se permettent d'écouter, à la radio ou sur des lecteurs, des louanges ou des cantiques accompagnés de musique lors de repas « profanes » où l'on ne boit pas de vin (repas profanes inclus), tant qu'ils ne s'adonnent pas à la légèreté et à la vulgarité (Ye'havé Da'ath 1, § 45). • Le Rambam adopte une autre conclusion dans une responsa Dans une lettre adressée aux sages d'Alep, le Rambam adopte une position qui semble contredire celle qu'il a énoncée dans son Michné Tora. Il y décrète en effet qu'il est catégoriquement interdit de jouer d'un instrument de musique ou de chanter (chants de choeur inclus) même lors d'un repas ou l'on ne boit pas de vin (Responsa du Rambam § 224). • Le Baal haTourim (rabbi Ya'akov ben Acher) et le Rema (rabbi Moché Isserlis) Selon ces deux éminents décisionnaires, la musique ou les chants lors de repas « profanes » où l'on ne boit pas de vin n'est interdite que pour ceux qui en ont l'habitude, à l'instar des nobles qui se levaient et se couchaient en musique (Tour Or ha'Hayim et Rema 560,3). Jouer de la musique ou chanter durant un repas de mitsva Selon l'ensemble des décisionnaires, les chants liturgiques, louanges et autres piyoutim/cantiques en l'honneur de D' ou des justes sont autorisés. Cette permission s'applique quel que soit l'accompagnement de ces chants, et même lorsqu'ils sont prononcés pendant un 92 │ Kountrass Famille ● 197 repas où l'on boit du vin. Néanmoins, le Rema écrit qu'il faudra veiller à ne pas se laisser aller à la légèreté et à prononcer des paroles vulgaires, ou chanter des versets de la Tora de façon dégradante. L'écoute de musique par le biais d'un appareil (radio, lecteur CD, mp3 etc.) Les progrès technologiques ont amené les décisionnaires à reconsidérer l'interdit de jouer ou d'écouter un instrument de musique, et à s'interroger sur la place de ces appareils dans la Halakha. L'un des premiers à s'être penchés sur cette question est le rav Mordekhaï Breich (1896-1976), président du tribunal rabbinique de Zürich. Selon lui, la radio n'étant pas un instrument de musique, son utilisation ne peut être interdite en tant que tel (Helkath Yaa'kov O. H. § 64). C'est pourquoi, selon lui, il est parfaitement permis d'écouter la musique à la radio. Le rav 'Ovadia Yossef ajoute qu'il est également autorisé d'écouter de la musique ou des chants accompagnés de musique, par le biais de lecteurs de musique (Ye'havé Da'ath I, § 45). Il précise néanmoins que cela n'est permis que si cette écoute ne conduit pas à une conduite profane et vulgaire, et bénit qui s'en abstient. Le rav Wozner, quant à lui, considère que la radio et tous les autres lecteurs sont inclus dans l'interdit de jouer ou d'écouter un instrument de musique (Chévet Lévi II, § 57). La musique durant les périodes du 'Omer et de Ben HaMétsarim La grande majorité des décisionnaires, rav 'Ovadia Yossef y compris, conviennent que même si selon le strict Din, il est permis durant toute l'année d'écouter de la musique au moyen d'un magnéto- phone, d'un lecteur CD ou autres, il faut malgré tout s'en abstenir au moins durant la période de Ben hamétsarim. Cependant, le rav 'Ovadia Yossef y autorise le chant en chœur sans orchestre. Rav Chelomo Zalman Auerbach permet d'écouter des mélodies calmes et douces (Hilkhoth Chelomo Mo'adim – Sefirath ha'Omer 11,14). Néanmoins, rav Wozner interdit d'écouter toute sorte de musique ou de chant durant cette période. La nature spirituelle et thérapeutique de la musique est longuement développée par le rav Salomon Greenfeld (18601930), grand érudit et élève de l'illustre Maharam Shiq (rav Moché Shik). Le rav Greenfeld explique comment la tristesse et la mélancolie peuvent entraver l'élévation spirituelle et conduire à la transgression de la Tora et de ses commandements, qu'à D' ne plaise. C'est pourquoi une personne encline à la tristesse ou la mélancolie pourra écouter de la musique dans l'unique but de servir D' dans la joie. En revanche, une personne qui dispose d'une nature joviale devra s'en abstenir (Mahachag II, § 125). De nos jours, la quasi totalité des autorités rabbiniques s'appuient sur cette décision du rav Greenfeld pour permettre d'écouter de la musique (Piské Techouvoth 560,11). Selon eux, la fragilité émotionnelle de notre génération peut justifier cet acte, à titre thérapeu- tique et dans le but essentiel de servir D' dans la joie. En conclusion Nos Sages ont mis un point d'honneur à nous enseigner qu'il ne peut y avoir de joie réelle sans D', et plus précisément, sans que D' réside en notre sein. Le Beth Hamikdach, qu'il soit bientôt reconstruit, constituait le témoignage de la Présence divine parmi nous. Avec sa destruction, la Présence divine s'est voilée à nous en nous laissant tels des orphelins au milieu des nations. Dans ce contexte, comment pourrions-nous nous réjouir par des repas où l'on boit du vin et chante avec allégresse ? Cela ressemble à un prince qui, chassé du de la maison de son père, se retrouve à vivre dans la rue au milieu des détritus. Comment pourrait-il oublier le palais royal et se réjouir ? S'il le faisait, cela ne serait-il pas une insulte envers son père et envers lui-même ? Puisse D' mettre un terme à notre exil, reconstruire le Beth Hamikdach et résider de nouveau en notre sein. Alors notre bouche s'emplira de chants joyeux et notre langue d'accents d'allégresse.• 197 ● Juin 2016 │ 93 Question Difficultés dans les relations avec autrui Je souhaiterais vous soumettre un questionnement face à une situation de la vie à laquelle tout un chacun peut être confronté. Il peut arriver que, dans notre relation à autrui, nous nous retrouvions blessé, humilié, malmené, voire harcelé : un patron autoritaire, un voisin inflexible, un conjoint irrespectueux, un enfant opposant, un parent récalcitrant, un employé procédurier.... On peut avoir à faire face aux mauvaises midoth d'autrui sans qu'aucune communication bienveillante ne puisse s'établir ou sans que notre tentative d'approche ne puisse apaiser la relation ou la dynamiser sur un autre mode. Si cela peut se résoudre assez facilement lorsque la situation est ponctuelle (on dit même que parvenir à se contrôler sans rétorquer dans une telle situation est source de bénédiction), le problème devient plus complexe lorsqu'il est récurrent ou chronique. Si l'on est une personne de Tora, on s'appliquera à juger l'autre favorablement, à se remettre en question, à faire techouva sur ce qui a pu entraîner une telle situation, à prier pour que cette expérience douloureuse soit une kapara. Dans un élan d'humilité, on peut choisir de déconsidérer la peine qu'on nous inflige et faire taire en nous tout ressentiment, colère, amertume et évidemment toute velléité de rancune ou de vengeance. On va chercher à pardonner tout en remerciant Hachem de nous donner l'occasion d'accomplir la mitsva de la Tora de ne pas haïr son prochain, de ne pas se venger et ne pas tenir rancune. Bref accepter avec soumission ce qui vient de Hachem, l'autre n'étant qu'un mandataire entre les mains du Créateur ainsi que nous disons à la fin de la Chemona 'Essré : "Velimekalelaï nafchi tidom,venafchi ke'afar lakol tiyié" – que mon âme se taise devant ceux qui me maudissent et qu'elle soit comme de la poussière face à tous. Parfois un flash-back éclair dans notre passé éveillera notre culpabilité (c'est si humain) et 94 │ Kountrass Famille ● 197 nous fera imaginer que tout cela est bien mérité, voire que ce sont nos propres insuffisances qui ont suscité qu'on nous agresse de la sorte. Pourtant cette réaction si active dans l'intériorité de notre travail personnel du perfectionnement de soi peut sembler passive aux yeux de celui qui nous importune et générer des conséquences peu souhaitables. Alors dans ce genre de situation est-il préférable de réagir, de défendre notre dignité, notre tsélem Elokim (image divine) et notre équilibre. Mais le risque est de sombrer dans des querelles désagréables et si décevantes lorsqu'on a pour ambition de servir Hachem avec amour et sim'ha, lorsqu'on souhaite lutter contre la sinath 'hinam (haine gratuite) qui fut la source de la destruction du Beth Hamikdach et que l'on cherche à asseoir le Chalom dans le Klal Israël, élément indispensable à la venue du Machia'h. Et si je choisis de me défendre, quel droit ai-je d'interférer sur la Volonté divine Qui m'envoie cette épreuve sans doute pour m'améliorer et sûrement pour de justes raisons qui m'échappent totalement. Ou bien faut-il être totalement soumis et accepter avec confiance et patience ce que l'autre nous inflige en essayant de contrôler son chagrin ou sa colère. Mais ne court-on pas le risque de perdre à la longue sa respectabilité, le risque de la tristesse, de l'amertume ou le risque de flancher nerveusement à essayer de supporter l'insupportable (qui peut prétendre avoir une solidité à toute épreuve ?). Enfin, on court en plus le risque d'encourager l'autre à surenchérir dans sa manière de nous faire du mal puisque la voie est libre, et de sombrer ainsi dans une relation que l'on pourrait qualifier de sadomasochiste. Dernier point soulevé : si cet autre qui m'agresse n'est qu'un bâton entre les mains du Créateur, comment arriver à aimer ce bâton qui me frappe, puisque j'ai la mitsva d'aimer mon prochain comme moi-même. Mme A., Paris Réponse Nécessité ou fatalisme Nous admettons comme base commune de réflexion le fait que tout ce qui nous arrive provient de D'. Cependant, nous ne sommes pas fatalistes pour autant : il y a obligation d'organiser une armée et de mener des guerres – alors que, sans doute aucun, l'Eternel n'a pas besoin de notre aide pour nous défendre. Toute la Tora révélée vient nous apprendre à pénétrer le champ de bataille, à vivre la réalité à l'aune des mistvoth et à mettre en pratique toutes les obligations qui nous incombent. De même, D' pouvait faire pousser les fruits sans notre aide, mais force est pour nous de labourer – et de respecter toutes les mitsvoth relatives au monde agricole. Le même faisceau de réflexion a cours dans le domaine des relations sociales, ou des mistvoth liées au 'hessed. Une personne qui, par exemple, a commis un dommage ne pourra pas se réfugier derrière le déterminisme (« Tout provient de l'Eternel ») pour se dégager de ses responsabilités. De même, celui qui subit le préjudice est tenu de ne pas laisser la société devenir invivable (car, alors, on se dirige vers une société souffrant du syndrome de la génération du déluge). vivable. Elle pousse le frustré à réclamer son droit : c'est une mitsva. Une catégorie de dégâts commis échappe toutefois à cette règle : celle de « grama », quand la personne n'a pas commis l'acte de manière volontaire, mais découle de manière involontaire de sa conduite. Elle peut ne pas avoir d'incidence sur le plan de la responsabilité pénale. Même au niveau personnel, il ne nous est pas demandé de « tendre la deuxième joue ». La Tora nous indique : « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur » (Wayiqra/Lévitique 19,17). Si une personne est en droit d'exiger un remboursement ou une réparation, elle a l'obligation de le faire, afin de régulariser les relations avec l'autre. De même, un couple doit constamment améliorer son Chalom bayith. Il faut être « rodef » Chalom, courir après la paix dans le foyer. Nous n'avons pas à nous résigner dans ce domaine, mais plutôt à chercher à reconstruire ce qui a été endommagé pour l'heure. C'est d'ailleurs de là qu'émane l'exaltation de la vie : sa construction, « livnoth bayith », construire une maison ! Toutefois, cela ne signifie pas que la notion de vengeance est admise. La mitsva de « vendetta » (« goèl hadam », cf. Bamidbar/Nombres 35,19) peut être comprise comme incitant les assassins par inadvertance à ne pas se cacher derrière le déterminisme. La vengeance pousse la famille à ne pas rester indifférente devant un préjudice de cet ordre. Elle permet que la société reste Comme le dit le Ba'al haTourim (Chemoth/ Exode 21,1), « L'homme a l'obligation de chercher la justice », et non point de fuir les confrontations. La paix provient d'une conjugaison des antagonismes. R. Y. H. 197 ● Juin 2016 │ 95 LES TANAÏM Chim'on le fils de Gamliel Ier A près rabban Gamliel Ier, on peut dire que les générations se suivent et que leurs noms se ressemblent : à la manière qui est encore la nôtre, les enfants reçoivent les noms de leurs grands-parents, qui sont du reste les dirigeants de leur génération, et des sages de tout premier ordre. L'identification de ces personnages devient moins aisée . Notre Chim'on apparaît donc dans l'avant-dernière Michna du premier chapitre des Pirké Avoth. Dans la dernière s'exprime un autre Sage, rabban Chim'on ben Gamliel… Le Tossfoth Yom Tov précise que ce second Sage est un petit-fils du précédent, lequel est, d'un autre côté, le père de « Rabbi », autrement dit rabbi Yehouda, le « rédacteur » de la Michna. D'après le Melékheth Chelomo, du fait de ces répétitions de noms, des erreurs sont tombées dans la liste établie par le Rambam quant à la transmission de la Tora. Notre rabbi Chim'on fait partie des quatre Tanaïm qui ont présidé à la gestion du peuple juif durant le dernier siècle avant la destruction du Temple (Chabbath 15a), après Hillel, Chim'on (le fils du précédent) et Gamliel (id est rabban Gamliel l'ancien). La Michna nous a laissé un tableau intéressant de sa conduite lors des jours de joie de Souccoth (Soucca 53b), en parallèle à d'autres grands Sages : « …Il prenait huit torches allumées, en lançait une et en rattrapait une autre, sans qu'elles ne se touchent. Quand il se prosternait, il posait ses bras ses pouces ? par terre et se baissait, embrassait le sol et se relevait, ce que personne d'autre n'est en mesure 96 │ Kountrass Famille ● 197 de faire ». Chemouel haKatan a prophétisé qu'à sa mort il allait tomber sous l'épée de l'Empire romain, avec rabbi Yichma'ël Kohen gadol (Sota 48b). Ils firent partie, de fait, des « Dix martyrs tués par la royauté » (« Assara harougé malkhouth »). Quand cela se réalisa, rabbi 'Akiva et rabbi Yehouda ben Bethéra prirent le deuil, se revêtant de haillons et déchirant leurs habits (Sema'hoth 8). Le Midrach (Elé ezkera, rapporté par Eizenstein) précise que quand le César et les grands de Rome se sont réunis pour décider la mise à mort de Chim'on ben Gamliel et de rabbi Yichma'ël Kohen gadol, chacun des deux a demandé d'être le premier supplicié : le premier revendiquait la préséance, étant nassi, fils de nassi (président), descendant du roi David ; le second, lui, faisait valoir son titre de Kohen gadol fils de Kohen gadol, affilié à Aharon hakohen. Devant cette curieuse dispute, l'empereur pencha pour un tirage au sort, et ce fut rabbi Chim'on ben Gamliel que le sort désigna en premier… Un autre Midrach (Avoth de rabbi Nathan version II, 41) prouve leur haut niveau personnel, s'il fallait encore le faire. Rabbi Yichma'ël trouve rabbi Chim'on en pleurs, en veille de leur exécution ! Rabbi Yichma'ël s'en étonne : « Dans deux pas, tu seras auprès de tes ancêtres », donc pas de raison de se conduire de la sorte. Rabbi Chim'on explique sa gêne d'être tué comme s'il avait commis les pires des fautes. Le voici exécuté « pour rien ». Rabbi Yichma'ël lui demande si, quand une personne était venue lui poser des questions de Halakha, il l'avait un jour repoussée pour pouvoir se reposer, manger, ou pour toute autre raison. Non, le préposé à l'accueil avait pour ordre de toujours laisser les gens rentrer chez lui. Finalement, rabbi Chim'on reconnaît qu'une fois on s'était conduit autrement, vu la foule présente chez lui. « Tu vois bien que ce n'est pas pour rien… », conclut rabbi Yichma'ël ! Ses restes reposent à Kfar Kana, une agglomération arabe (fort hostile de nos jours), à proximité de Nazareth. D'après des visiteurs des temps anciens, rabbi Yichmaël est enterré à proximité, mais sa tombe n'est pas connue. D'autres sources veulent que rabbi Yichma'ël repose à Chazour, une autre agglomération arabe (plus sympathique), au pied du massif de Méron, sur la route Carmiel-Tibériade. Une grande tombe en rappelle le souvenir en ces lieux. Le fils de rabbi Chim'on ben Gamliel dont nous parlons était – bien entendu – rabban Gamliel, auquel on ajoute tout de même le nom de la localité de Yavné ; sa fille, elle, s'appelait Ima Chalom, femme de rabbi Eliézer ben Hourkanos (Baba Metsia' 59b). Ses paroles : « De ma vie, j'ai grandi parmi les Sages, et je n'ai pas trouvé mieux pour le corps que le fait de se taire ; ce n'est pas l'étude qui est l'essentiel, mais l'acte ; quiconque parle trop engendre la faute ». En voici des enseignements révolutionnaires ! Voyons ce que veut dire ce Sage. « … Mieux pour le corps – le fait de se taire » – pour le rav Ovadia de Bartinora, il s'agit d'une personne qui entend qu'on le méprise, et se tait. « Ce n'est pas l'étude qui est l'essentiel, mais l'acte » – selon ce même grand commen- tateur, il s'agit là d'une preuve apportée à la phrase précédente : bien que l'étude de la Tora et l'emploi de la parole pour l'expliquer soit ce qu'il y a de mieux, l'essentiel de la récompense ne provient que des actes. Quiconque étudie sans passer à l'acte, aurait mieux fait de ne pas étudier. « Quiconque parle trop engendre la faute » – la suite et la fin des instructions de ce maître dans le domaine de l'emploi de la parole concernent l'exemple de 'Hava – Eve, la première femme : elle a trop parlé, affirmant que l'Eternel avait précisé de ni manger du fruit défendu, ni d'y toucher. Or, cette dernière « injonction » n'était pas fondée, ce qui a permis au serpent de pousser 'Hava et de lui faire toucher le fruit. Il lui prouve ainsi une réalité : la consommation n'était pas plus prohibée que le contact. Ceci l'a amenée à fauter. Le roi Chelomo ajoute à cet égard (Michlé/Proverbes 30,6) : « Ne te permets aucune addition à Ses dires ; Il te réprouverait, et tu serais convaincu de mensonge ». Toutefois, le Richon Letsion s'étonne des propos du rav de Bartinora : Eve n'était-elle pas en mesure de se souvenir elle-même de l'absence d'interdiction de toucher le fruit ? Il répond avec ce qui est dit dans les Avoth de rabbi Nathan, chap. 1 : c'est Adam qui a ajouté cette précision, pour établir une haie autour de la loi divine, mais 'Hava, pour sa part, ne savait pas ce détail. Toutefois, Rachi sur le 'Houmach (1,4) ne semble pas suivre cette conception. Tombe du Alchikh hakadoch Revenons à l'ensemble de cette Michna. Pour le Alchikh hakadoch 197 ● Juin 2016 │ 97 (Vayikra/Lévitique 10,3), le verset « Et Aharon garda le silence » face à la mort de deux de ses enfants peut servir également de modèle à ce principe. Toutefois, le commentateur pose quelques questions, comme à son habitude : 1/ Si le Tana est venu nous apprendre l'importance du silence, qu'a-t-il besoin de nous préciser qu'il a grandi parmi les Sages ? 2/ Au contraire, c'est la parole qui est utilisée entre ces maîtres ! 3/ Que signifie le fait qu'il ait « trouvé » parmi eux cette idée ? Comment peut-on parler de trouvaille, en particulier parmi eux ? 4/ La précision « pour le corps » semble superflue. 5/ Ce que dit la Michna ici à propos de la priorité de l'action par rapport à l'étude va à l'encontre de la conclusion des Sages dans Kidouchin 40b. 6/ Le mot « lui » paraît de trop. 7/ Ce n'est que la phrase « quiconque parle trop » qu'il aurait fallu rapporter. De fait, c'est l'essentiel, du fait des éventuelles mauvaises incidences de la parole. 8/ C'est en fait un verset, lequel dit (Michlé/Proverbes 10,19) : « Qui parle beaucoup ne saurait éviter le péché ». 9/ Ce verset parle de péché (pécha') alors que la Michna ne rapporte que la faute ('het). Le Alchikh fait de l'ordre dans tout cela, avec brièveté toutefois : certaines paroles 98 │ Kountrass Famille ● 197 concernent le corps, et d'autres l'âme, comme celles liées à la Tora. C'est pour la première catégorie que la concision, voire le silence, est plus que recommandée. Ce n'est que dans la seconde catégorie que la parole est bénie. Voilà ce que le Tana a vu en particulier chez les Sages dans sa jeunesse, qui savaient se restreindre dans leurs paroles quand il s'agissait de parler de domaines liés au corps, donc futiles. En revanche, on aurait pu croire que dans l'étude de la Tora, l'abondance de propos est souhaitée : le Tana s'y oppose. Selon lui, l'essentiel réside dans l'acte. Dans cette optique, il faut viser à arriver aux conclusions dans la pratique, et non point discutailler sans cesse. C'est ce que fixent nos Sages (Pessa'him 2b) : « Il faut apprendre aux élèves à s'exprimer de manière succincte ». Le verset qui indique de ne pas parler beaucoup ne concerne que les paroles futiles. Ceci pourrait amener à parler de péché. Par contre, une abondance dans le domaine de la Tora ne peut pas être traitée de cette manière – tout au plus, de faute bien plus légère, bien que, comme le rappelle ici le Alchikh, la concision et la précision y restent de mise. Tout ceci est dit, dans la Michna, en deux mots, et expliqué, par le Alchikh hakadoch, en quelques phrases.• TEDDINGTON FRANCE IDÉAL POUR LES MIKVÉS Grâce à l’installation très simple du déshumidificateur d’air TEDDINGTON, l’hygrométrie est régulée et votre mikvé est protégé ! 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Dans le présent livre, elle présente sa vie : comment, d'un milieu remarquable d'idéalisme et de don pour autrui (voir la conduite des membres de ce mouvement durant la Shoah, et leur dévouement dans toutes les conditions à cette éprouvante période), marqué par le respect d'un « minimum commun » (parfois assez élevé pour l'époque, en termes de piété et de connaissance du judaïsme, en particulier dans le domaine de la « pensée juive ». Ceci impressionne, surtout pour les jeunes de ce mouvement issus de familles totalement assimilées), – et il faut reconnaitre que, par la suite, bien nombreux ont été les jeunes qui ont rejoint le judaïsme orthodoxe et les Yechivoth. Elle s'est rendue en Erets Israël, a d'abord connu des milieux moins engagés (kibboutz Ein haNatsiv), puis a fait l'armée, avant de rejoindre le monde de la Tora. Un livre franc, dans lequel l'auteur fait part de ses hésitations et de ses épreuves. En cela, il est fort important pour le grand public, ainsi que pour ceux d'entre nous qui 100 │ Kountrass Famille ● 197 ont eux-mêmes connu ce mouvement. Un itinéraire remarquable, d'une dame qui vit de nos jours à Bené Brak, et donne souvent des conférences dans le milieu francophone en Erets Israël. L a collection « Connaissance du judaïsme » Kountrass,216. 150p. On constate l'absence relative de livres nouveaux ces semaines-ci – phénomène assez inquiétant en soi, à tout point de vue significatif d'une crise dans le domaine de la littérature kodech en langue française, après quelques années de prolifération bénie. Profitons-en pour parler de notre nouvelle collection, « Connaissance du judaïsme ». Une fois n'est pas coutume : critiquons nos propres publications ! Le principe de cette série est fort simple : à l'instar de « Que sais-je ? » (collection de plus de 4000 livres, lancée en 1941), Kountrass a voulu proposer de reprendre l'étude la plus exhaustive possible de thèmes divers et variés, souvent déjà abordés en ses colonnes au fil des années. Les tomes se veulent compacts et ergonomiques, afin de permettre à nos lecteurs d'en profiter à tout endroit, à tout moment. Le public nous reprochait l'absence de nos anciens grands dossiers du marché, car épuisés, et nous ne pouvions que difficilement publier à nouveau des magazines si… authentiques ! C'est ainsi que l'idée de cette nouvelle collection a vu le jour. Elle devrait, a priori, compter près de 200 titres, mais en vérité, nous avons déjà ajouté plusieurs sujets qui n'ont pas paru chez nous précédemment, et nous espérons continuer dans ce sens, afin d'offrir également au public des textes inédits ! Vous êtes cordialement invités à nous soumettre vos requêtes de publication, et nous pourrons y accéder, dans la mesure de notre projet éditorial. Nous veillerons en outre à publier également des ouvrages à partir de diverses rubriques du magazine, telles que celles de notre collaboratrice si estimée, Mme Karen Ohayon, les balades, etc. Nous avons déjà publié cinq titres, et bien d'autres sont en préparation. Les livres sont disponibles à l'unité ou par abonnement. Les achats peuvent se faire par téléphone ou via notre site Internet, www.kountrass.com, rubrique Shop. Rejoignez les rangs sans cesse grossissants des adeptes de cette nouvelle série, et enrichissez avec nous votre connaissance du judaïsme ! 197 ● Juin 2016 │ 101 Education Libre-arbitre Rav Elie Lemmel L a tradition considère que Hachem donne à tout homme la liberté de choix. Elle inclut même la possibilité de fauter, voire de rejeter le Créateur. Cette liberté est spécifiquement humaine, puisque les animaux – on le sait depuis les expériences de Pavlov – ne vivent et n'agissent qu'en fonction de réactions instinctives, ne laissant aucune place au libre-arbitre. Les textes bibliques, rappelant la création de l'Homme à l'image divine, évoquent un être humain « presque divin » : hormis la finitude humaine qui s'oppose à l'infini du divin, la Tora conçoit les hommes comme « presque à l'égal du Créateur ». Cette grandeur, l'Homme la doit à sa capacité d'agir librement, à l'image de Hachem et à la différence des animaux ou des anges. Cependant, comment faire pour que notre attachement aux mitsvoth et notre mise en pratique des commandements religieux ne soient pas « pavloviens », qu'ils relèvent de notre liberté et non d'un fonctionnement sur le mode des « réflexes conditionnés » ? Rappelons tout d'abord que, paradoxalement, c'est l'interdit qui permet l'expression de la liberté humaine. Chaque défense donne à l'homme l'occasion de s'y confronter et d'exercer son libre-arbitre. L'interdit façonne un « espace de liberté ». Le commandement fonde la possibilité de prendre conscience de notre liberté : suis-je libre ou non de m'y astreindre, bien qu'ayant la 102 │ Kountrass Famille ● 197 possibilité – voulue par Hachem – de m'y dérober ? Le terme employé pour désigner la liberté – « 'hofech » - signifie de nos jours « vacances ». Les trois lettres qui forment la racine de ces deux mots ('heth, pé, chin/ sin) évoquent également « la recherche », (le'hapès). La notion de vacances évoque la volonté de sortir d'un cadre, la nécessité de s'aérer, de souffler, de quitter la vie urbaine pour retrouver la verdure etc..., nécessaire et légitime. Or, que cache par ailleurs cette volonté de rompre avec le cadre habituel qui rend les vacances si désirables ? Les vacances – moment vécu comme la période de l'année où « tout est permis » – témoignent du fait que le cadre dans lequel on vit ne nous convient pas, car il nous est imposé. Or l'homme n'aime pas se sentir limité, enfermé dans un système. Et ce, du fait que la plupart des cadres qui régissent nos vies sont subis et non choisis. La Tora nous propose une tout autre approche : se donner un cadre qui soit pourtant l'expression de notre libre choix ! Le peuple juif est né en Egypte : terre d'esclavage, civilisation du déterminisme absolu où l'individu ne peut jamais exprimer son avis ni agir selon ses désirs propres. Le cadre est enfermant. Le système est étouffant. Les Hébreux sont libérés d'Egypte par la Providence divine, mais les voilà qui se retrouvent, à l'opposé extrême de l'oppression égyptienne, dans le désert. Le désert est un lieu sans bornes, sans limites. Il n'a pas de cadre. Tout y est possible sans la moindre référence indiquant la voie à suivre... La liberté absolue fait suite à la privation totale de liberté. Et c'est à ce moment précis que Hachem propose la Tora aux Hébreux : « Etes-vous prêts à retrouver à nouveau un cadre, un système (celui des commandements), mais qui ne vous soit pas imposé, qui procède de votre libre choix ? » L'acceptation de la Tora est donc la mise en œuvre d'un paradoxe : le choix délibéré de se donner un cadre contraignant, expression de notre liberté mais aussi de la nécessité de se donner des limites ; un cadre sans lequel aucun projet de vie responsable n'est possible. Après l'Egypte (cadre imposé) et le désert (aucun cadre), le Sinaï offre un juste milieu : la Tora est un cadre (avec des règles que je ne définis pas moi-même, sans quoi elles risqueraient de n'être qu'une expression déguisée de ma soumission à mes pulsions) que je m'impose délibérément. En réalité, même une fois le cadre des mitsvoth adopté, la question se repose chaque jour : au quotidien, le croyant qui a fait le choix de pratiquer les commandements de la Tora renouvelle librement son engagement. De même que le Créateur renouvelle quotidiennement Sa création, le Juif pratiquant renouvelle son choix délibéré de pratiquer (ou pas) les mitsvoth. On est donc bien loin d'une pratique routinière, habituelle. De fait, le cadre des commandements doit être – idéalement – vécu en permanence comme un système volontairement choisi, une occasion d'exprimer notre liberté. Il est donc nécessaire, dès que l'on accomplit une mitsva, de bien avoir conscience que nous pourrions aussi ne pas la faire. Il ne faut pas complètement faire taire en nous les éléments qui nous poussent à désobéir ou à renoncer à une mitsva : leur présence maîtrisée témoigne de notre liberté. La prise de conscience que je pourrais tout à fait agir autrement donne toute sa valeur à la réalisation de la mitsva. Le Talmud évoque la notion de 'hofchi à propos du mort, qualifié de « libre par rapport aux commandements » ('hofchi min hamitsvoth). Le défunt n'agit plus, donc il n'est plus libre de se soumettre aux com- mandements. Autrement dit, la vie est l'occasion d'exprimer sa liberté par la capacité à se soumettre délibérément à un certain nombre de règles. A tort, bien des gens pensent que l'expression ultime de la liberté serait de n'être soumis à aucune loi. Or, cette définition ne convient qu'aux morts qui n'ont plus la faculté d'agir. Le Talmud enseigne que « plus un homme grandit, plus son mauvais penchant (yétser hara') grandit avec lui ». Pourquoi en ? Justement pour que sa pratique ne devienne pas trop facile, trop automatique. Ce serait l'expression d'une religiosité relevant du réflexe pavlovien, de l'automatisme. Même en grandissant, l'homme garde cette possibilité de fauter qui donne tout son poids à sa soumission aux commandements. Un texte talmudique surprenant nous apprend que « Jérusalem n'a été détruite que parce qu'on y pratiquait une justice fondée sur les lois les plus strictes de la Tora ». En quoi est-ce problématique ? C'est que les contemporains de la destruction n'allaient pas au-delà de la Loi, ne cherchaient pas à entendre ce que les textes enseignent plus profondément que ce qu'ils expriment au premier abord, et surtout, se contentaient d'une pratique automatique des mitsvoth sans recherche ('hipous) du sens plus ultime des versets, et sans conscience de la liberté théorique d'agir différemment. ● 197 ● Juin 2016 │ 103 entre femmes La norme de l'élève Par Mme Karen Ohayon A mon époque, il y avait, dans chaque classe, différentes sortes d'élèves : les excellents, les bons, les moyens, les cancres. On acceptait cette hiérarchie comme naturelle, et il était rare qu'on essaie de rendre excellent un cancre, ou de déceler les raisons de son refus d'étudier comme tout le monde. Au final, chacun s'en sortait. Vingt ans plus tard, on avait tous un métier. Bien des cancres finissaient d'ailleurs par se révéler très doués dans certains domaines, et gagnaient très bien leur vie. Bref, chacun faisait son nid avec ses possibilités. Aujourd'hui, c'est très différent. L'élève doit respecter diverses normes. L'enfant aussi, sans parler de l'aspect « élève ». De la même façon qu'il y a des normes de sécurité, il existe des normes d'élève, et des normes d'enfant. Si un élève est dernier de la classe, il faut trouver une solution. Il faut l'aider. Il demande de l'aide sans le dire ! Il doit faire partie des normes, coûte que coûte. Et si un enfant est trop calme, timide, il n'est pas non plus dans les normes. Cela tend à prouver qu'il est mal dans sa peau, qu'il rencontre certaines difficultés. Lui aussi appelle au secours ! Il faut dire que dans notre génération, on a tellement l'habitude de tout comprendre, de tout gérer, de tout décider. Un enfant qui n'est pas comme les autres, c'est une gifle pour le modernisme, un domaine qui nous file entre les doigts. Et à cela il faut savoir dire : NON ! Nous sommes au XXIème siècle, nous pouvons créer les enfants que nous voulons ! D'ailleurs, nous maîtrisons bien leur mise au monde : nous décidons quand nous les voulons, et quand nous ne les voulons pas. 104 │ Kountrass Famille ● 197 Ce n'est donc pas eux qui vont ensuite faire la loi, non ? D'un autre côté, il est évident que si nous pouvons assister nos enfants, grâce à de nouveaux services ou de nouvelles découvertes, pourquoi pas ? Nous aimons nos enfants, et ne recherchons que leur bien, non ? Tout a commencé avec une phrase anodine du moré de mon fils : « Votre enfant a des difficultés au niveau du langage. La koupath 'holim (Sécurité sociale) prend en charge des cours pour enrichir le vocabulaire ; il serait dommage de ne pas en profiter… » Il a raison. Le petit, âgé de 7 ans, se bat avec deux langues, le français et l'hébreu. Il parle généralement le fran-breu, ce qui n'est bon ni pour une langue ni pour l'autre. Je comprends. Il manque à présent de vocabulaire, comme ses frères et sœurs au même âge (qui parlent d'ailleurs parfaitement les deux langues aujourd'hui, chuut). Et pour finir, pauvre chou, les vilains parents refusent d'arrêter de parler français à la maison pour l'aider à trouver sa langue et son identité ! C'est triste. A la koupath 'holim, il faut d'abord passer par un expert en « développement de l'enfant ». Il fait un diagnostic général, genre une radio de l'enfant, quoi. Il recommande ensuite telle ou telle orientation, telle ou telle assistance. L'expert nous reçoit et trouve le petit Benny très calme. Trop calme. « Il est comme ça à la maison aussi ? - Non, à la maison il est normal. - Et à l'école ? - Il est bien avec ses amis, mais plutôt timide avec le corps enseignant. » Il a encore beaucoup de questions, mais il fait d'abord sortir Benny, pour qu'on puisse discuter tranquillement. Benny attend dans le couloir avec des feuilles pour dessiner. Mon questionnaire-maman continue, et Benny dessine. Au bout d'une heure et demie d'entretien (!!!), l'expert en développement de l'enfant (!) se rappelle que Benny s'ennuie peut-être (moi, j'en ai le cœur serré depuis déjà belle lurette). Il le fait rentrer et commence le questionnaire-enfant. Benny répond à voix basse. Il se demande ce qu'on lui veut. L'expert vérifie les aptitudes comme la lecture, l'écriture, les mathématiques, mais aussi des choses qui n'ont rien à voir : les couleurs préférées, le dessin d'arbre et de personnages, etc. Puis, il y a un test final avec une centaine de questions à choix multiples. Ce ne sont pas des connaissances, mais plutôt la façon dont réagit mon fils à certaines situations. Je bâille, je passe un coup de fil à la maison pour prévenir que je risque d'être bloquée ici pour longtemps. Pour m'amuser, je finis par prendre une feuille et un stylo : je réponds aussi aux 100 questions, allez hop ! On ne pourra pas dire que je ne fais rien ! L'expert donne finalement son verdict. Et dans ce réseau de juges, je ne pense pas qu'il y ait de cour d'appel : « Votre fils a de grosses difficultés de langage. Cela le déprime. Il est véritablement en détresse émotionnelle. « Ses compétences sont au-delà de la moyenne, son QI équivaut à celui d'un enfant de 10 ans. « C'est un problème, car s'il est intelligent, il ressent encore plus ses lacunes en vocabulaire, et l'on comprend plus facilement pourquoi il est en dépression et ne communique pas avec les adultes. « De ses dessins, je me rends compte qu'il est perfectionniste. C'est aussi un problème, car les enfants perfectionnistes sont très exigeants envers euxmêmes. Ils veulent être les meilleurs, et chaque échec peut être très mal vécu chez eux. « A part cela, il a aussi des problèmes d'attention, à corriger rapidement. « J'accepte donc de vous donner une recommandation pour commencer avec lui plusieurs traitements. Des cours de langage, une entrevue avec un neurologue, et des médicaments pour l'attention, des médicaments contre la dépression. Sinon, il ne s'en sortira jamais tout seul, le pauvre bonhomme. Une série de cours avec un psychologue, pour l'aider à refaire surface. Enfin, je recommande qu'il quitte l'école actuelle pour s'orienter vers une école spécialisée pour les enfants de ce genre. » Cela s'appelle faire le point. Pleurer ou pleurer, telle est la question. Soit il a tort, et je pleure la façon dont on a épluché mon fils pour en faire des confettis. Soit il a raison, et il y a vraiment de quoi pleurer… Sans compter que cela signifie que je suis une mère indigne qui ne s'est même pas rendue compte du mal-être de son fils. « Et le test avec les 100 questions, Docteur ? - Il a eu une note de 67 sur 100. Plus on se rapproche du 100, plus cela prouve un problème psychique. Cela ne fait que confirmer ce que je vous ai expliqué. Cet enfant est apeuré, bloqué ; il faut l'aider. » Il sort pour photocopier son diagnostic et l'envoyer aux confrères : le neurologue, le psychologue, etc. Pendant ce temps, je cherche furtivement le barème du méga-questionnaire… Juste par curiosité… Pour savoir combien j'aurais eu si j'avais 7 ans… Et ce qu'on aurait dit à ma mère si j'étais née à notre époque… J'additionne… Mon résultat est de 88. Gloups. Deux à interner. On aura peut-être une réduction… PS : Malheureusement, toute ressemblance avec des personnes ayant déjà existé n'est pas tout à fait fortuite…● 197 ● Juin 2016 │ 105 BaLade Gilboa' – Har Barkan L e Gilboa' mérite très certainement notre visite. Il s'agit d'un massif de "montagnes", d'environ 500 mètres d'altitude, qui surplombent avec majesté le 'émek Izraël à l'Est, le émek 'Harod au Nord, et le 'émek Beth Chéan à l'Est. Son histoire est très marquée, puisque le roi Chaoul y a trouvé la mort avec ses fils – sur une colline qui porte son nom, située plus au nord-ouest. Sur le plan géographique, ces collines s'inscrivent dans la suite des monts de Samarie, que l'on verra en direction de l'ouest – de l'autre côté de la muraille de séparation des territoires arabes. Ces collines du Gilboa' ont une forme de banane ; elles ont leur particularité également sur le plan de la faune et de la flore, avec notamment l'iris du Gilboa', inexistant ailleurs. Le Har Barkan, l'un des sommets de ce massif, atteint 497 m. Se trouve sur son point le plus élevé une tour d'observation, qui permet aux gardes de guetter tout autour les éventuels débuts d'incendie – si destructeurs en été dans cette région. L'accès n'en est pas forcément permis. Nous voulons faire une petite promenade dans cette partie du Gilboa'. Nous revenons sur la route que nous traversons à pied, et, face au parking de Barkan, nous trouvons un sentier marqué en rouge qui descend la colline. Nous allons le suivre jusqu'à un point assez bas, non sans avoir ignoré plusieurs chemins forestiers qui le traversent, et n'emprunterons que le troisième, marqué en bleu pour le suivre sur notre droite. Nous avancerons ainsi vers le bas de la colline, sur plusieurs centaines de mètres en direction du nord-est. Inutile d'inviter le baladeur à profiter de la vue… Il le fera instinctivement, tant elle est superbe. 106 │ Kountrass Famille ● 197 Nous allons tomber sur un chemin marqué en noir qui va nous permettre de remonter la pente. D'autres explorateurs ont trouvé à cet endroit une vallée discrète, « 'émek hané'élam ». Nous vous laissons l'honneur de le repérer à votre tour. Ce chemin forestier a pour avantage qu'il est facile, serpentant tout au long de la remontée. Nous verrons, au bout du compte, que nous sommes parvenus sans difficulté à remonter toute la pente descendue avec le sentier rouge. Nous le croisons du reste à nouveau juste avant d'arriver à la route. Nous pouvons, avant de repartir, vérifier où en est l'iris du Gilboa', qui pousse autour du sommet du Barkan. Attention: cette dernière invitation n'est valable qu'entre le 10 mars et le 5 avril. Avis aux amateurs pour l'an prochain ! Une promenade de trois quarts d'heure maximum.• Poulet au curry Par Mme Esther Andreu Ingrédients ulet - 4 cuisses de po e de soja èm cr - 1 brique de on - 1 gros oign - 1 cuil. de curry sol - huile de tourne - sel Préparation Mettez un fond d'huile dans votre casserole (juste assez pour ne pas que le poulet colle). Faites dorer les cuisses de poulet de chaque côté. - Retirez le poulet, puis faites revenir les oignons de manière à les rendre bien caramélisés. - Ajoutez la crème de soja, le curry et un peu de sel, puis laissez mijoter 2 min à feu doux. - Ajoutez les cuisses de poulet ; couvrez et laissez cuire à feu doux durant 30 à 45 min. Servez avec du riz jaune et une bonne salade verte en entrée (bien nettoyée, bien sûr…). Vous ferez la joie de toute votre petite maisonnée ! Préparation : 15 min Cuisson : 45 min ! t i t é p p a n o B 196 ● Mai 2016 │ 107 Yeladim par Mme Karen Ohayon NASSO : 1- Quel rapport y a-t-il entre cette paracha et le Tehilim 119 ? 2- Dans la birkath Kohanim, que signifie « Yevarekhekha » (que Hachem te bénisse) ? 3- Selon quel ordre les chefs de tribu ont-ils apporté leur offrande pour l'inauguration du Michkan ? Qui en a décidé ainsi ? BEHAALOTEKHA : 1- A qui les Bené Israël sont-ils venus demander le comportement à adopter en cas d'impureté le jour du Korban Pessa'h ? 2- Quelle fut la réponse ? 3- Pourquoi Yitro s'appelle-t-il aussi 'Hovev Objet mystère : Quand on me voit, On récite une bénédiction. Je semble relier ciel et terre. Je suis présent sur la célèbre montagne qui ne paye pas de mine. 108 je ? s i u s e u │Q Kountrass Famille ● 197 CHELA'H LEKHA : 1- D'où les explorateurs prennent-ils la grappe de raisins ? 2- Qui calme le peuple qui s'en prend à Moché, au retour des explorateurs ? 3- Qui déchire ses habits suite à la réaction des Bené Israël au récit des explorateurs ? KORA'H : 1- Qu'avait à voir Ya'akov dans la ma'hloketh de Kora'h, et que demande-t-il ? Quels sont les deux termes que Kora'h utilise contre Moché, et que Moché retourne contre lui ? Moché connaît un secret de l'ange de la mort, lequel ? ique g o l e m s Problè , ainsi que léeuGrifinlette à ém man e Her is visiter m m M t t r e a . p numé M e. sont bres, t , i r m a e a r t h h Ac 0c e re rte 10 ison d cher la ma on compo nt, A e t s u i . a c La m de 1 à 100 arents dis s'amuse à l p 9 s rotée t que ses s étages. I le chiffre le an ù s d o n n s a i e d P fo mène re de se pro r le nomb rtes. o te comp ît sur les p a r a p p a ? e-t-il trouv n e n e i Comb CROQUANTS Ingrédie nts Bonjour à tous les petits cuisiniers ! farine 300 g de sucre e d g 100 nillé va re 1 suc ) e e 180 mL chimiqu jetable d 1 levure ile (verre u 'h d e 1 verr uits ter des fr g 3 œufs vez ajou u 50 o p is s m i u j'a vo A cela, 0 g. Moi, noisettes viron 20 e secs – en entières, 50 g d de s et 50 g es isins sec fié. Vous d'amand ra e d g ri 50 vé s, t re u è enti , le to e, ule sort x de noix cerneau mettre qu'une se ches, ta is e p n s z e pouve avez d . Si vous ou deux aussi ! n o b s è c'est tr 1 Cette fois-ci, avec la permission de maman, nous allons préparer une surprise pour papa ! Des petits croquants que vous pourrez lui servir avec un café ou un thé, lorsqu'il revient fatigué du Kollel ou du travail… Vous verrez comme cela lui fera plaisir ! C'est parti ! 2 3 Battez au batteur : vous allez obtenir une pâte un peu collante. Ajoutez les fruits secs, et remuez à la cuillère. Préparez d'abord des ingrédients : Toujours à l'aide de la cuillère, posez de gros tas sur du papier sulfurisé, pour former deux boudins. 5 Mouillez-vous les mains avec un peu d'huile, et arrangez les pâtons pour qu'ils soient uniformes. Versez tous les ingrédients de la pâte dans un bol, sans les fruits secs. 4 6 7 Faites cuire 30 minutes à 150 degrés. Laissez refroidir entièrement, puis coupez en tranches d'environ 1 cm d'épaisseur (si vous avez un couteau électrique, c'est le mieux). Posez les tranches à plat, et faites-les cuire 5 minutes à 170 degrés. Tournez-les, et laissez cuire encore 5 minutes. 8 ezonoth… Boré miné m a !! t, P│ap109 éti2016 p●pJuin 197 Bon a Yeladim Dvar Tora de la table du Chabbath NASSO : Dans notre paracha se trouve le chapitre le plus long de toute la Tora. Il s'agit du chapitre 7, qui compte 89 versets. Sa longueur tient, entre autres, du fait que la Tora s'applique à rapporter avec exactitude le sacrifice offert par chaque chef de tribu lors de l'inauguration du Michkan. Pourtant, il s'avère que les sacrifices des chefs étaient similaires en tout point. La Tora, qui ne comporte jamais un mot en trop, aurait pu se contenter de donner le détail du premier sacrifice, et de dire ensuite que les autres avaient apporté le même. De nombreux versets auraient ainsi été économisés ! Nos Sages expliquent que même si les chefs ont tous offert le même sacrifice, ce n'est pas parce que l'un a copié l'autre. Chacun a eu la motivation d'apporter un tel présent, et l'a fait par véritable envie d'offrir à Hachem un beau cadeau. Chacun mérite donc, séparément, qu'on rapporte exactement ce qu'il a offert ! BEHA'ALOTEKHA : Au début de la paracha, après avoir ordonné l'allumage de la Menora, Hachem demande à Moché de séparer les Leviim du peuple et de leur expliquer leur fonction. Si vous ouvrez le 'Houmach au chapitre 8, verset 19, vous remarquerez tout de suite que certains termes sont répétés. Ce verset détaille du rôle des Leviim, et pourtant, les termes de « Bené Israël » reviennent cinq fois. Autrement dit, sur les trente mots du verset censé parler des Leviim, dix sont destinés aux Bené Israël ! Le 'Hidouché Harim explique que lorsque Hachem nomme les Leviim, Il craint que les Bené Israël n'en soient frustrés : « Pourquoi certains d'entre nous sont désignés pour un rôle important, et certains restent des "gens normaux", de deuxième classe ? » Hachem fait donc tout pour prouver Son amour aux enfants d'Israël, et leur dit : « Si les Leviim sont nommés, c'est pour votre bien, pour expier vos fautes, pour éviter les épidémies, pour être à votre service » (cf. le même verset). Cohen, Lévi et Israël sont tous les enfants de Hachem, et Il les aime tous de la même façon●! 197 110 │ Kountrass Famille CHELA'H LEKHA : Le 'Hafets 'Hayim expliqua un jour : « Dans la paracha de Chela'h lekha, la Tora nous dit à propos des Tsitsioth : "Vous les verrez, et vous vous rappellerez toutes les mitsvoth de Hachem". « La Guemara commente : le fait de voir amène à se rappeler, et se rappeler pousse à agir. » Néanmoins, pour que les Tsitsioth puissent nous rappeler les mitsvoth, dit le 'Hafets 'Hayim, il faut déjà connaître les mitsvoth ! Un moyen mnémotechnique ne sert à rien si l'on ne sait pas à quoi il fait référence. C'est la raison pour laquelle il faut étudier la Tora et apprendre toutes les mitsvoth, pour pouvoir réellement dire que les Tsitsioth jouent leur rôle et que nous respectons cette mitsva comme il se doit ! KORA'H : « Séparez-vous de cette assemblée » : c'est l'ordre de Hachem à Moché et Aharon. Séparez-vous de Kora'h et de ses compagnons, pour que Je puisse les punir. Ensuite, Il fait dire aux Bené Israël : « Eloignezvous des tentes de Kora'h, Datan et Aviram », car la terre va les engloutir. Rav Israël de Kozhnitz fait remarquer que dans les cinq livres de la Tora, il est souvent question de fautes, dont certaines sont très graves. Il est même préférable de se laisser tuer plutôt que d'enfreindre certains interdits bien particuliers. Néanmoins, à aucun moment la Tora ne demande de s'éloigner du fauteur. Certes, elle lui montre la voie à suivre pour être expié, ou lui donne telle ou telle sanction, mais nulle part on ne parle de s'écarter de lui… Sauf dans le cas de la discorde, avec Kora'h. Combien grave est donc cette faute de semer la discorde dans le peuple juif, et combien il est important de fuir les propos qui y mènent… Mots et langage La racine .מ.ש. רsignifie écrire. Pas seulement dans le sens de prendre une feuille et un stylo et de former des lettres, mais surtout dans celui de noter, de notifier, de quelque manière que ce soit. Yaël m'appelle pour me donner les informations concernant le cours de natation. Je lui dit « attends une minute, je prends de quoi noter » : לִ רְ ׁש ֹום- lirchom. ח Le jour de la הַ רְ ׁשָ מָ ה- harchama, de l'inscription, un nouvel élève s'est inscrit à l'école, נִרְ ׁשָ םnircham. Le directeur a dit que cet élève lui a fait bonne impression, רֹוׁשֵ ם טֹוב- rochem tov. Il est donc רָ ׁשּום- rachoum, inscrit. A présent, le professeur ajoute ce nouvel élève dans la liste, la רְ ִׁשימָ ה- rechima, des élèves de 6ème. Après la première interrogation écrite, le professeur dit au nouvel élève : « J'ai été très impressionné, הִ ְתרַ ּׁשמְ ִתי מְ אֹוד- hitrachamti meod, de tes connaissances ! Le sujet que tu as développé à la fin était particulièrement מַ רְ ִׁשים- marchim, impressionnant. ה J'ai reçu une lettre en recommandé, un מִ כְ תָ ב רָ ׁשּום- mikhtav rachoum, textuellement : une lettre notée, suivie : elle a un numéro, une trace. Après avoir ausculté le bébé, le médecin déclare qu'il a une otite sévère et qu'il faut commencer un traitement. Il donne donc à la maman une ordonnance, un מִ רְ ׁשָ םmircham. ז רִ ְׁשמִ ית- richmith, officiellement, dans cette école, l'élève qui arrive en retard n'a pas le droit de rentrer en cours. En pratique, la directrice ne dit rien si cela n'arrive pas trop souvent. א רְ ׁשַ מְ קֹול- Rachamkol est formé de deux mots : racham et kol, noter et voix. Rachamkol est un magnétophone (mais en hébreu moderne, on utilise plus facilement le terme en anglais : taperecorder…). Dans une Yechiva, le רָ ׁשַ ם- racham est celui qui s'occupe des inscriptions, du recrutement des Ba'hourim. En cours de mathématiques, le professeur a exposé la solution sous forme de diagramme : ּתַ רְ ִׁשים- tarchim. 197 ● Juin 2016 │ ב 111 Verset Frèrecodé de Yits’hak : Verset codé Père de Tsipora : ‘Hanna : Grand prophète, fils de Frère de Moché : Trouvez les noms, en hébreu, qui se cachent derrière les définitions.Frère de Moché : Yeladim les noms,etenvous hébreu, qui se Cela vous permettra de trouver quelle lettre correspond àTrouvez chaque symbole, pourrez Celaavous de trouver découvrir le verset mystère, qui nous rapporte ce que Moché dit àpermettra son beau-père Yitro !quel découvrir le verset mystère, qui nou Verset: codé Fils d’Esav qui poursuit Yaakov Grand prophète, fils de ‘Hanna :Frère de Yits’hak : Frère de Moché : en hébreu, Père de Tsipora : Grand prophète, de ‘Hanna : Trouvez les noms, qui se cachent derrière les Père defils Tsipora : définit Cela vous permettra de trouver quelle lettre correspond à chaqu découvrir le verset mystère, qui nous rapporte ce que Moché a Trouvez les noms, en hébreu, qui se cachent derrière les définitions. Verset codé Père d’Avraham : de trouver quelle lettre correspond à chaque Cela vous permettra symbole, et Frère de Mochédécouvrir : Grand prophète, fils de ‘Hanna : : ce que Moché a Fils d’Esav qui poursuit Yaakov vous pourrez le verset mystère, qui nous rapporte Père de Tsipora : Frère de Yits’hak : Frère de Moché : noms, Frèreles de Yits’hak dit à sonTrouvez beau-père Yitro en ! :hébreu, Cela vous permettra de trouv découvrir le verset mystère, q Frère de Moché : Père de Tsipora : Grand prophète, fils de Auteur des Tehilims : 'Hanna Grand prophète, fils: de ‘Hann Père de Tsipora : Frère ded’Avraham Moché : : Père de Yits’hak : Fils d’Esav qui poursuitFrère Yaakov : Père de Tsipora : Fils d’Esav qui poursuit Y VERSET codE Frère de Yits’hak : Premier homme… Père Pèred'Avraham d’Avraham :: FilsPère d'Essav qui poursuit Frère de Moché : de Tsipora : Auteur des Tehilims : Frère Frère de Yits'hak : Fils d’Esav : de Yits’hak : Ya'akov : qui poursuit Yaakov Père d’Avraham : Fils d’Esav enfant qui poursuit : de Yits’hak : Frère Dernier de Yaakov d’Avraham : Auteur des Tehilims : PèrePremier homme… Dernier de Yaakov : Premier homme… Ya'akovenfant : Père d’Avraham : Premier homme… Père de Tsipora : Fils d’EsavAuteur qui Tehilim poursuit Yaakov : Auteur des des Tehilims :: Fils d’Esav qui poursuit Yaakov : Frère de Yits’hak : Père d’Avraham : Auteur des Tehilims : Premier homme… Dernier enfant de Yaakov : Et enfin notre verset : in notre verset : Père d’Avraham : Auteur des Tehilims : Premier homme… Dernier enfant de Yaakov : Auteur des Tehilims : § Premier homme… Dernier enfant de Yaakov : Dernier de Famille Yaakov● 197 : 112 │enfant Kountrass Premier homme… Fils d’Esav qui poursuit Yaak Auteur des Tehilims : Dernier enfant de Yaakov Père d’Avraham : ? ? Premier homme… Auteur des Tehilims : Dernier enfant de Yaakov : Raconte-moi un Machal Dans la parachath Nasso apparaît la birkath Kohanim, la bénédiction prononcée par les Kohanim en faveur du Klal Israël. Le Maguid de Douvna rapporte un machal à ce propos : Après avoir enfreint une certaine loi, un homme est conduit en prison. En chemin, il rencontre un ami. Celui-ci est triste de le voir dans cet état, et lui dit : « Je ne peux pas t'aider, mon cher ami, mais je te bénis, que Hachem fasse que tu sortes vite de cette prison ! » L'homme le remercie. Quelques minutes plus tard, il rencontre un autre ami, un homme important, proche du roi. Lui aussi lui souhaite « Aue Hachem te fasse sortir de la prison rapidement », mais cette fois-ci, l'homme n'est pas satisfait. « Je comprends que mon premier ami se soit contenté de me bénir, car il ne peut rien faire d'autre pour moi. Mais toi, tu es bien placé pour plaider en ma faveur ; tu pourrais parler au roi, tu pourrais faire intervenir tes amis les ministres. Je suis déçu que tu me bénisses simplement… » De la même façon, les Bené Israël se seraient peut-être attendus à ce que les Kohanim plaident en leur faveur auprès de Hachem, puisqu'ils sont proches de Lui. Pourtant, l'Eternel leur ordonne de réciter la birkath Kohanim sans rien ajouter. « Emor lahem », dis-leur bien ! Voici les paroles qu'ils doivent prononcer, et rien d'autre ! Tora test Où trouve-t-on, dans le Tanakh : 7 sœurs ? 5 sœurs ? 3 sœurs ? Un homme a fait un repas de Chabbath, et a oublié de dire « Retsé veha'halitsénou » dans le birkath Hamazon. Pourtant, dans son cas, la Halakha est de ne pas recommencer le Birkath. Quel est ce rare cas ? La première femme dont on donne le nom dans la Tora est 'Hava. Qui est la seconde ? 197 ● Juin 2016 │ 113 Yeladim Master Dans ce jeu de Master Mind, il faut découvrir une combinaison de quatre couleurs différentes, parmi ces huit couleurs : Mind Chaque essai de combinaison est noté : un rond blanc pour une couleur mal placée. Un rond noir pour une couleur bien placée. Aucun rond pour une couleur qui ne fait pas du tout partie de la combinaison à trouver. Voici les premiers coups d'un jeu de Master Mind, ainsi que leurs notations. Vous devez à présent trouver la combinaison gagnante ! ? ? ? ? Nos Rabbanim Dans son incroyable humilité, rav Chlomo Zalman Auerbach tenait toujours venir en bus pour enseigner à la Yechiva, malgré l'insistance de la direction pour lui envoyer un taxi ou un chauffeur privé. Il marchait à pied jusqu'à l'arrêt le plus proche, et voyageait comme les autres ba'hourim, en autobus. Un jour, lorsque les jeunes descendirent du véhicule, devant la Yechiva, ils remarquèrent que rav Chlomo Zalman n'était pas avec eux. Il descendit plusieurs stations plus tard, et revint vers la Yechiva à pied. « Rav Chelomo Zalman, pourquoi n'êtes-vous pas descendu de l'autobus à la bonne station, ce matin ? - J'étais assis côté fenêtre, et le passager près de moi avait de nombreux sacs, chargés de fruits et légumes. Je ne voulais pas le déranger et l'obliger à se lever avec tout cela, en demandant à passer… » 114 │ Kountrass Famille ● 197 Les Pyramides... des fournitures scolaires Les pyramides… des fournitures scolaires Trouvez les mots en français qui composent ces 4 pyramides, sachant que chaque mot Trouvez les mots en français qui composent ces 4 pyramides, sachant que chaque mot lettres dulettre. mot précédent + une nouvelle lettre. comporte toutes les comporte lettres du mottoutes précédentles + une nouvelle Lesmots mots lesles plus longs, en bas de pyramide, sontpyramide, des fournitures scolaires Les plus longs, enchaque bas de chaque sont des!fournitures scolaires ! 1 case : avant S 2 cases : il a réagi à une blague : il a … 3 cases : hurlement 4 cases : matière de bougie 5 cases : problème de dent 6 cases : (eau) pure, nette 7 cases : rubrique de journal 8 cases : refusait à l'examen 9 cases : posait des carreaux au sol 10 cases : attacherait à nouveau ses lacets 11 cases : allumerait la lumière 12 cases : utile pour séparer les thèmes du classeur ! 1 case : lettre ronde : 2 cases Définitions : métal précieux 3 cases 1: case après le Sbiberon du nourrisson : avant réagi à n'en une blague 4 cases 2: cases plus: qu'il faut 3 cases : hurlement 5 cases 4: cases sépare la maison : matière de bougiede la rue : problème de dent 6 cases 5: cases choisira 6 cases : (eau) pure, nette 7 cases 7: cases bavarder : rubrique de journal : refusait à l’examen 8 cases 89: cases amener cases : posait des carreaux au sol 9 cases 10 : restituer cases : attacherait à nouveau ses lacets cases la lumière! 10 cases11 : utile: allumerait en géométrie 12 cases : utile pour séparer les thèmes du classeur ! 1 case : avant N 2 cases : à moi 3 cases Définitions : : nechama 4 cases : étendue d'eau 1 case5: lettre casesen: serpentin fournir de quoi se défendre 2 cases : existes pagayeur 3 cases6: cases qui lui:appartiennent : écrire, 4 cases7: cases apportes le plat noter 5 cases8: cases fleurs appréciées : gros feutre parfois fluo ! 6 cases : posa la table pour le repas 1 case : lettre en serpentin 2 cases : existes 3 cases : qui lui appartiennent Définitions : 4 cases : apportes le plat 1 case : lettre ronde 5 cases : fleurs appréciées 2 cases : métal précieux 6 cases : posa la3 cases table: après pourle lebiberon repasdu nourrisson 4 cases : plus qu’il n’en faut 7 cases : appuyer 5 cases : sépare la maison de la rue 8 cases : les élèves aussi ont parfois 6 cases : choisira leurs tableaux ! 7 cases : bavarder 8 cases : amener 9 cases : restituer 10 cases : utile en géométrie ! 197 ● Juin 2016 │ 115 Yeladim Ma vie Le sac perdu « Oh, Maman, j’ai oublié mon sac dans le bus ! - Ton cartable ? - Non. Aujourd’hui, nous avions une sortie ! - Ah oui, c’est vrai ! Alors c’est ton sac de sortie ? - Oui, mon sac à dos bleu… Je ne comprends pas… J’étais très fatiguée de la balade, et en plus, je suis allée directement chez les Cohen ensuite, pour faire du baby-sitting… Du coup, je me suis endormie dans le bus pour revenir à la maison, et j’ai complètement oublié mon sac en descendant… Bon, déclare maman. Il faut d’abord appeler la compagnie de bus, et demander s’ils ont trouvé le sac. Ensuite, nous réfléchirons comme aller le chercher… » Bonne nouvelle : après vingt minutes au téléphone, je sais que mon sac a été retrouvé. Mauvaise nouvelle : le bureau des objets trouvés est très loin de la maison. Même pas dans notre ville. Maman promet d’en parler à Papa. Le sac en lui-même ne vaut peut-être pas la fatigue et le voyage pour le retrouver ; mais 116 │ Kountrass Famille ● 197 il contient tout de même des habits à moi, mon maillot, et surtout, mon agenda où j’écris tout… Finalement, Papa dit qu’il peut aller le récupérer, mais seulement dans une semaine. Il sera alors de passage à proximité. « Cela peut attendre une semaine ? me demande-t-il. Il n’y a rien dans le sac dont tu aies besoin urgemment ? - Non, rien d’urgent ! La semaine prochaine, c’est parfait, Papa. Merci beaucoup ! Et désolée… - Bah, cela peut arriver à tout le monde… comment va mon copain Yaïr ? - Oh, très bien ! Ils étaient un peu excités, aujourd’hui, mais je les aime beaucoup, comme tu le sais ! - Il ne t’a pas fait quelque chose de particulier, une surprise, quoi ? - Non, quelle surprise ? - Non, rien, je plaisante, on ne sait jamais ce qu’il trame, ce petit chenapan ! » Les Cohen, chez qui je fais du baby-sitting deux fois par semaines, ont quatre enfants très mignons. Quand leur maman part visiter la grand-mère à l’hôpital, c’est moi qui reste avec eux, le lundi et le jeudi après-midi. Et Yaïr, par Mme Karen Ohayon c’est le plus grand. Mais pas si grand : il n’a que 6 ans. Mon père l’aime particulièrement, peut-être parce qu’il n’oublie jamais de lui dire bonjour quand il le croise dans la rue… Peutêtre parce qu’il vient parfois jouer à la maison avec Chelomo, mon petit frère… Ou peutêtre à cause des deux fossettes qui se forment lorsqu’il rit… Et comme il rit souvent… Le jeudi qui suit, lorsque j’arrive chez les Cohen, je sens tout de suite qu’il y a quelque chose d’inhabituel. Yaïr est sérieux, trop sérieux. Batya et Miri s’échangent des regards sans arrêt, d’un air entendu. Et Nouriel me dévisage bizarrement. Je joue avec eux comme d’habitude ; je dessine, je raconte des histoires… mais ils me cachent quelque chose, j’en suis certaine. Il y a un secret dans l’air. Et à dire vrai, c’est plutôt désagréable. Depuis près de six mois que je m’occupe d’eux, jamais je n’ai ressenti cela. D’habitude, ils sont drôles, spontanés, ils font des bêtises aussi. Cette fois-ci, on aurait dit que je suis une nouvelle baby-sitteur et qu’ils sont gênés. Peutêtre qu’ils ne veulent plus que je vienne ? En partant, je sens que le petit Nouriel cherche à me dire quelque chose. Mais il regarde ses frère et sœurs et se tait. Batya murmure quelques mots à Miri. Je crois entendre « sac ». Sontils donc au courant que j’ai perdu mon sac ? L’ont-ils retrouvé ? Mais non, c’est impossible, puisqu’il est aux objets trouvés ! Me rendant compte que je suis en train de fabuler et d’inventer des scénarios bizarres, je décide raisonnablement d’arrêter de penser à tout cela. Peut-être qu’il y a simplement un secret de famille, et que leur maman leur a demandé de ne rien dire, « même pas à Choulamith la gentille baby-sitter ». Quoi qu’il en soit, je prie pour que l’ambiance soit meilleure lundi prochain… Dimanche, Papa me rapporte mon sac. Je suis rassurée de voir que tout y est - même les bonbons que je n’avais pas finis lors de la sortie. Quelle chance ! Par contre, le sac contient aussi un paquet douteux. Que je ne connais pas, que je ne reconnais pas, qui n’est pas à moi. Je veux demander à Papa ce que je dois en faire, lorsque je vois sur le paquet « pour Choulamith Ifergan ». Ca, c’est moi ! Jusque-là, on est d’accord… J’ouvre délicatement le paquet… C’est un tout petit nounours, de la taille de mon pouce. Je sais à qui il appartient. Aux Cohen. Je déplie le papier que tient le nounours dans la main : « Pour Choulamith, la meilleure baby-sitter, bon anniversaire ! De la part de Yaïr, Batya, Miri et Nouriel ». Les larmes me montèrent aux yeux. Les pauvres petits, ils ne pouvaient pas savoir que j’avais perdu le sac, et ils ne comprenaient pas pourquoi je ne les avais toujours pas remerciés pour ce paquet qu’ils avaient gentiment placé dedans… Et moi qui pensais qu’ils avaient quelque chose contre moi. Je souris de mon erreur… Ils sont trop mignons, ces petits… Mais comment ont-ils su que c’était mon anniversaire ? Qui le leur a dit ? (Si vous relisez bien l’histoire, vous trouverez un indice…) ● 197 ● Juin 2016 │ 117 Yeladim L'histoire du Chabbath : Des bougies de rêve Chabbath Chalom, les enfants ! « Ecoute, 'Hayim, on ne peut plus continuer ainsi. Je pense qu'il faut vraiment trouver une solution… Nos filles sont en âge de se marier, mais nous n'avons pas les moyens de mettre un peu d'argent de côté… qu'allons-nous devenir ? - Tu as raison, Ra'hel. J'y pense sans arrêt, moi aussi, mais je ne peux pas travailler plus… Je suis toute la journée affairé avec les bougies, qui me demandent tellement d'effort et me rapportent si peu… - Moi, j'ai pensé à quelque chose. - Ah bon ? Quoi ? - Tu vas régulièrement voir ton rav, rabbi Ya'akov Arié de Radzimine. Pourquoi ne lui parlerais-tu pas de nos problèmes financiers ? Cela fait plusieurs fois que je te propose d'aller le voir, mais tu ne le fais pas… - Je sais… C'est que… Lorsque je suis chez le rabbi, il nous apprend tellement de belles notions en Tora, que j'en oublie ma famille et mes soucis… - Eh bien cette fois-ci, 'Hayim, s'il te plaît, je pense qu'il est très important de lui en toucher un mot. Promets-moi de ne pas oublier ! - C'est d'accord, je vais faire mon possible pour m'en rappeler… » A l'époque où il n'y avait pas encore d'électricité, 'Hayim, le fabriquant de bougies de Warka, avait tout pour réussir. Il était adroit, précis, professionnel et expérimenté. Tous les acheteurs louaient son travail. Cependant, son petit magasin lui rapportait à peine de quoi nourrir sa famille chaque jour, et il ne pouvait pas se permettre d'investir dans de nouveaux locaux ou du nouveau matériel. 118 │ Kountrass Famille ● 197 'Hayim et Ra'hel se suffisaient de peu, heureux avec ce qu'ils avaient. Lui était un bon Juif qui utilisait chaque moment libre pour étudier la Tora. Pourtant, à présent, le problème du mariage des filles se posait. Il ne s'agissait plus d'accepter avec joie leur piètre condition, il fallait trouver une solution… Cette fois-ci, 'Hayim n'allait pas voir son rav pour se renforcer dans sa 'avodath Hachem. Sa femme l'avait chargé d'une mission. Toutefois, quand il rentra chez son rabbi, il se sentit comme transporté par les divré Tora et la Kedoucha de l'endroit. Il en oublia la raison de sa venue. Au moment de partir, il alla saluer son rav. C'est seulement une fois dehors qu'il se rappela soudain l'objet de sa visite. Il revint sur ses pas, tendu. C'était la première fois qu'il allait demander à rav Ya'akov Arié un conseil matériel et non spirituel. « 'Hayim ! Tu n'es pas parti ? - Non, rav, j'ai besoin de vous… Jamais je ne vous ai importuné avec mes soucis, et jamais je ne me suis plaint… Mais à présent, j'ai des enfants à marier, et je vis si pauvrement, rav… - Et la fabrication des bougies ? Cela ne rapporte pas suffisamment ? - Pas suffisamment du tout, rabbi. A peine de quoi survivre. Si j'avais un petit pécule, disons 100 roubles, je pourrais en fabriquer en plus grande quantité, et aller les vendre dans la grande ville, à Varsovie. On s'arracherait ma marchandise, là-bas, car on aime la bonne qualité ! Entre-temps, je me contente d'en fabriquer quelques-unes et de les vendre pour un bénéfice minime… - Et que penserais-tu d'un prêt, 'Hayim ? - D'un prêt ? Qui me confierait une telle somme, à moi, un pauvre mendiant ? Qui lui en garantirait la restitution ? Celui qui prête de l'argent, chez nous, c'est le gouverneur. Mais il prête aux riches, et avec des intérêts. Certainement pas aux pauvres comme moi. - J'ai compris. Alors tu vas aller voir le gouverneur, et tu vas lui demander de te prêter 300 roubles. Il te les donnera. » « Pardon ? 300 roubles ? Et puis-je savoir ce qu'un petit fabriquant de bougies compte faire avec une telle somme ? » 'Hayim fit part de ses projets au gouverneur. Son affaire aurait du succès, il gagnerait beaucoup d'argent, et pourrait rembourser sans problème. « Sans garant ni garantie, je ne peux pas vous donner cet argent. Avez-vous un bien quelconque ? - J'ai une petite maisonnette en bois… - Bon, écoutez, laissez-moi réfléchir, revenez dans quelques jours… » Ce jour-là, le gouverneur rencontra justement le chef de la communauté de Warka, la petite ville où vivait 'Hayim. Il en profita pour lui demander s'il connaissait cet homme. Le Juif pensa que 'Hayim était certainement venu demander au gouverneur une réduction des impôts, et il voulut l'aider : "'Hayim des bougies ? Bien sûr que je le connais ! Un homme pauvre, très pauvre. Parfois, il n'a même pas de quoi manger… Et je me demande s'il a une fois acheté de nouveaux habits pour ses enfants… » Fier de sa « recommandation », le Juif était sûr que grâce à lui, le gouverneur serait indulgent à l'égard de son coreligionnaire. De retour chez le gouverneur, 'Hayim reçut la réponse comme un coup de massue : « N'avez-vous pas honte ? Venir me demander un tel prêt alors que vous êtes un mendiant ! C'est hors de question. » Ses rêves venaient de sombrer. Dépité, 'Hayim arriva en larmes chez rav Ya'akov Arié. « Un peu de patience, 'Hayim. Je t'ai dit qu'il te prêterait. Il te prêtera. Mais attention, n'oublie pas de signer une reconnaissance de dette. Il devra te la rendre en contrepartie de l'argent que tu viendras lui restituer. » De retour à Warka, 'Hayim apprit que le gouverneur le cherchait. Il le reçut avec le sourire, à bras ouverts. « Dites-moi, 'Hayim, avez-vous un lien de parenté avec le vieil homme qui me vient en rêve depuis plusieurs jours ? Il avait laissé chez moi, en dépôt, 300 roubles. Lorsqu'il est mort, sans héritiers, l'argent est resté chez moi. A présent, il me demande de vous les prêter. Mais dites-moi, 'Hayim, vous me les rendrez, n'est-ce-pas ? - Bien entendu ! Mais en échange de la reconnaissance de dette que je vais vous signer… - Evidemment ! Qui rend donc de l'argent sans récupérer ce papier ?! » 'Hayim travailla dur pour mettre en place son projet, son rêve. Et, selon les prédictions du rabbi, il s'enrichit rapidement. Quant au gouverneur, il ne demanda jamais son dû. En effet, quelques jours après avoir prêté l'argent, il prit un papier de la table pour se rouler un cigare. Quand il se rendit compte que ce papier n'était autre que… la reconnaissance de dette de 'Hayim, il était déjà trop tard. Et qui rend donc de l'argent sans récupérer ce papier ?! ● 197 ● Juin 2016 │ 119 Yeladim Apprenons à connaître : Le parapluie ! Vous savez tous ce qu'est un parapluie, n'est-ce-pas ? C'est l'objet par excellence qui permet de nous protéger de la pluie ! Il est composé d'un bâton, le « mât », sur lequel coulissent des tiges appelées les « baleines ». Entre deux baleines, se trouve le tissu étanche qui nous protège. Savez-vous pourquoi on appelle les tiges des « baleines » ? Parce qu'à l'époque, elles étaient composées de fanons de baleine. Les fanons sont des poils très robustes présents sur la mâchoire supérieure de la baleine, sous forme de longue rangée. De nos jours, les tiges des parapluies sont généralement faites en métal. Avant l'invention du parapluie, on portait tout simplement un manteau avec une capuche en toile cirée, ou une capuche seule. Au XVIIIème siècle, le premier parapluie arrive en France, avec un étui dur. Il devient rapidement un accessoire de mode que l'on trouve chez les personnes riches. De nos jours, le parapluie n'est plus l'apanage des gens aisés, et il ne coûte pas très cher. Par contre, il en existe de différentes qualité, et la plupart de ceux vendus à bas prix se retournent ou se cassent au moindre coup de vent. En France, par exemple, dix millions de parapluies sont jetés à la poubelle chaque année ! Pensez-vous que le parapluie peut encore se perfectionner ? Avez-vous des idées originales ? Depuis quelques années est apparu le parapluie dont les tiges ne se cassent pas, puisqu'elles sont faites en silicone ! Cependant, cette année, il y a encore une nouveauté. Sachez que les Français viennent d'inventer un tout nouveau parapluie. Il s'agit d'un modèle « intelligent » qui contient, au niveau de la poignée, une mini-station météo ! Le parapluie collecte ainsi différentes informations de l'environnement, comme la température, l'humidité, etc., et les analyse. Lorsqu'il détecte l'arrivée de la pluie dans la demi-heure, il prévient son propriétaire en lui envoyant un message téléphonique ! Souvent, en quittant la maison le matin, on hésite à prendre le parapluie… Pleuvra ? Pleuvra pas ? Et la plupart du temps, on se trompe… et se trempe (ou sèche) : si on le prend, on s'encombre pour rien, car il ne pleuvra pas ; et si on le laisse à la maison, c'est là qu'il va pleuvoir sans arrêt toute la journée ! Au moins, avec cette nouvelle invention, on ne se laissera plus surprendre ! En hébreu, le parapluie est appelé mitriya, du mot « matar », pluie. Nous trouvons le parapluie dans la Halakha, concernant les lois du Chabbath. L'ouverture d'un parapluie est comparée à celle d'une tente, interdite le jour de Chabbath. Utiliser un parapluie déjà ouvert avant Chabbath n'est pas permis non plus.● David Barouch 120 │ Kountrass Famille ● 197 Rav Chelomo naît en 1785 à Komarov, en Pologne. Son père, rav Yehouda Aharon Kluger, est alors Av Beth Din de la ville. Dès son jeune âge, il étudie la Tora avec son lui et, à 6 ans, il écrit déjà des commentaires. A 13, il perd son père, et continue donc à étudier seul, guidé par plusieurs maîtres. A 15, il devient orphelin de sa mère, et également de son rav, rav Ya'akov Krantz... Rav Chelomo se retrouve seul… A 17 ans, il se marie et vit chez son beau-père. Au décès de celui-ci, rav Chelomo ouvre un petit commerce, mais les affaires ne marchent pas très bien, et il accepte donc le poste de rav qu'on lui propose. A 24 ans, il devient Av Beth Rav Chelomo Din. Kluger Rav Chelomo et sa femme ont un enfant qui meurt en bas âge. En 1838, la femme est niftar le 30 Sivan 1869, à l'âge de 84 an. Sa de rav Chelomo elle-même Hiloula a lieu cette année le s'éteint. Il se remarie et a un 6 juillet 2016. enfant : Avraham Binyamin. : a l u o l Hi Rav Chelomo est sollicité de toutes parts pour des questions halakhiques. Il est très apprécié de tous, malgré son refus catégorique de faire quelque concession que ce soit dans l'observance de la Tora. En 1845, le voyant malade du typhus, les médecins n'ont guère d'espoir. Cependant, rav Chelomo s'en remet doucement et vivra, encore 14 ans ! Comme vous le voyez, les enfants, rav Chelomo n'a pas eu une vie simple. Pourtant, dans son parcours, il a réussi à écrire 150 livres et brochures dans tous les domaines de la Tora ! Son commentaire sur le Choul'han 'Aroukh, le 'Hokhmath Chelomo, apparaît aujourd'hui dans la plupart des éditions du Choul'han 'Aroukh ! Rav Chelomo est niftar le 30 Sivan 1869, à l'âge de 84 an. Sa Hiloula a lieu cette année le 6 juillet 2016. Solutions : Problème logique : Il en trouve vingt : 9, 19, 29, 39, 49, 59, 69, 79, 89, puis 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99. Master Mind : La combinaison exacte est : Pyramides : R, ri, cri, cire, carie, claire, article, carrelait, relacerait, éclairerait, intercalaire ! O, or, rot, trop, porte, optera, papoter, apporter, rapporter, rapporteur ! S, se, ses, sers, roses, dressa, adosser, ardoises ! M, ma, âme, mare, armer, rameur, marquer, marqueur ! Quizz : Nasso : Nasso est la plus longue des parachioth, et le Tehilim 119 le plus long des psaumes ; les deux comportent 176 versets. Que tes biens soient bénis. Hachem dit à Moché que cela doit être selon l'ordre dans lequel ils se déplacent dans le désert. Beeha'alotekha : à Moché et Aharon qui étudiaient ensemble. L'option de Pessa'h chéni, un mois après. Parce qu'il appréciait et aimait (me'havev) la Tora. Chela'h lekha : du « Na'hal Echkol » (fleuve de la grappe). Kalev. Yehochoua' et Kalev. Kora'h : c'est l'arrière-arrière-grand-père de Kora'h, et il a demandé à ce que cela ne soit pas mentionné, pour que son nom ne soit pas lié à la discorde. « Rav Lakhem » (cela suffit !). Que la Ketoret (encens) a la capacité d'arrêter les épidémies. Elément mystère : L'éclair. Verset Mystère : Le verset est אל נא תעזב אתנו כי על כן ידעת חנתנו במדבר והיית לנו לעינים Tora-Test : 1 - Les 7 filles de Yitro, les 5 filles de Tslof'had, les 3 filles de Iyov. 2 - Il s'agit d'un malade obligé de manger le jour de Yom Kippour, qui tombe un Chabbath (Michna Beroura 618, 29). 3 - Ada, la femme de Lemekh. 197 ● Juin 2016 │ 121 ‘HOUMACH EDMOND J. SAFRA CHASS EN HEBREU GUEMAROT EN HEBREU CHAVOUA HA SEFER— LA SEMAINE DU LIVRE 20 u juin anclus 5 1 u i D 2016 t e l l i 4 ju GUEMAROT EN FRANCAIS MICHNA EN HEBREU % DE REMISE SUR TOUT LE CATALOGUE** Le 24e volume de l’Edition Edmond J. Safra du Talmud BAVA BATRA complet en 1 vol. Actuellement disponibles: Traité Berakhot complet (volumes 1 et 2) Traité Chabbat complet (volumes 1, 2, 3, et 4) Traité Pessa’him (volume 1) Traité Soucca complet (volumes 1 et 2) Traité Meguila complet Traité ‘Haguiga complet Traité Taanit complet Traité Ketoubot (volume 1) Traité Sotah (volume 1 et 2) Traité Kiddouchin complet (volumes 1 et 2) Traité Bava Kama (volume 1) Traité Bava Metsia (volume 1) Traité Beitsa Traité Makot Traité Roch HaChana Moed Katan complet complet complet complet vient de paraître TAFIN HACHOU Michna E UN CHAPITR un Chapitre 1 2a RA BAVA BAT [1] dans ration une sépa mur au enu de faire construire le ent ont conv [4] qui ִ — בּוֹנdoiv . associés construit ֶ ין ֶאת �ה � כּוֹתל ָבּ ֶא ְמ ָ — �הDes mur sera שּׁוּתּ ִפין ֶשׁ ָרצוּpriétaires, צע lequel le e cour ִ ל� ֲעשׂוֹת ְמ copro terrain sur : cloison d’un [ח ָצּה ֶב ָח ֵצר2] ils sont les isse la moitié du les murs truire la [5] — לְ ֵבינִ יןou en cour dont fourn taires pour e de cons ié une men itud ques chaque assoc matériaux régle ont l’hab — ְכּen demi-bri [3] de sorte que ִ ִפ יסין nt des où les gens un lieu milieu, maintena polies, [6] na traite tent dans pierres lisses et La Mich S’ils habi en matériau. e avec ce ָ — ְמקוֹם ֶשׁנּsières, — גָּ זִ ית [7] ֲהגוּ לִ ְבנוֹת construir gros le. doivent pierres : itude loca nir trois — בּוֹנִ יןils générale : — גָּ וִ ילen de cloisons er à l’hab doit four him entières, se conform sée aux divers types — cet associé-ci une règle briques doit trois tefa’ זֶ ה igne ion ֵ זֶ ה fournir na ense נוֹתן ֵ taire impo construct La Mich ié-là doit נוֹתן ִט ְפ �חיִ ם ג‘ ְט ָפ ִחים réglemen — Toute sières, et cet assoc lisses et polies, � ְ�הכֹּל ְכּ ִמנ la largeur mur et ֵ — וְ זֶ ה res gros [8] נוֹתן הג �ה ְמּ ִדינָ ה présent res ment du en pier mur, ג‘ ְט ָפ ִחים na cite à ֵ זֶ ה נוֹתן fait de pier i pour l’emplace La Mich construit t du ques, le mur est et dem placemen le mur est him demi-bri — �בּגָּ זִ יתsi deux tefa’him [10] ; — גָּ וִ ילSi[9] terrain pour l’em est fait en fournir deux tefa’ זֶ ה de fournir t du mur ֵ si le mur נוֹתן ֶט �פח ֶ ié-ci doit [11] ; יסין וּמ placemen tefa’him ié-là doit ִ — �בּ ְכּ ִפ ֱ ח ָ צ ה l’em ְו assoc assoc ֶז ְ ָ לְ ִפ pour i ֵ ה — cet et cet נוֹתן ֶט �פ i.[12] יכך de terrain ִ נוֹתן ֶוּמ ֱח ָצה וְ זֶ ה him et dem deux tefa’him res, ח h et dem ִֵ ט ְפ �חי ues entiè deux tefa’ in et des un téfa’ fournir ים ֶוּמ ֱח ָצה fournir fait de briq fournir ié du terra ié-ci doit dré, ié-là doit ié-là doit ir la moit le mur est cet assoc cet assoc s’est effon — ִט ְפ �חיִ ם ִ — �בּלְּ ֵבינsi et cet assoc re l’autre à fourn ְו mur i ין ֶז ה le les ; dem ֵ נוֹת ן et im tard, aind h ement et tefa’h ִט ְפ �חיִ ים es plus ement contr nir un téfa’ , quatre l’emplac des anné , et que soit au total associé-ci doit four ue associé peut légal ֶ — ִאם נָ �פל �הsi, par les deux כּוֹתל cet chaq construit [13] — ֶוּמ ֱח ָצה , puisque ion du mur, aura été pourquoi égales. de parla construct me que le mur à enu parts es — C’est à conv [14] deux ont : nécessair loi présu ns, riétaires nent aux cette règle les jardi matériaux — �ה ָמּקוֹם וְ ָה ֲא ָבla appartien que ses prop cloisons entre ִנ soumis à é, dré ים ָ — ֲא ב ֶ ins שׁ ל ל � priét בּ effon ִ ְ בּ שׁ ְ ֵנ ֶ [15] des ק ָעה de terra יהם s’est en copro e e d’ériger de la cloison. du mur qui autres types potager détenu l’habitud pierres l’habitud mine les truction un lieu où un jardin où les gens ont na déter à la cons cun des La Mich — ְמdans même pour t pas [cha un lieu à participer קוֹם ֶשׁנָּ ֲהגוּ — Et de n’obligen ֶ — Mais si l’un — ְמdans [chaque associé] les, ֶשׁלּ ֹא לִ גְ דוֹר קוֹם rités וְ ֵכן �בּגִּ ינָּ ה ֶ שׁ ָנ א ֲ ָלּ ה auto גוּ א les ִאם לִ גְ דוֹר de céréa obligent rer dans ִ ְ — ֵאין ְמ �חיּchamp.[16] ר ֶֹצה tager, champs [14] יבין אוֹתוֹ autorités doit rent le upe des � — ְמles ְ ְ — כּוֹנֵ ס לil mur pour champs, e qui regro se partagent ֶתוֹך ֶשׁלּוֹ וּבוֹנ חיְּ ִיבין אוֹתוֹ érieur du une vallé cloisons entre les cloison lorsqu’ils n, ה e[18] à l’ext Mais dans ion de la de son voisi et il fait un sign ériger de urs truct pas ne à la cons est de ֶ ְ— ו mesure sans le concoעוֹשׂה ָחזִ ית ִמ �בּ unité de à participer e le mur fois une associés] désire construir mur, חוּץ était autre truire le iés es. Le téfa’h des assoc champ[17] et cons NOTES ent : palm 8.8 et 10.1 cm. re i). im (Rach 9. Littéralem son prop re entre l exigeait six tefa’h ; il mesu i). Le guevi la pierre ation dans totale de courante im (Rach de mot sépar épaisseur revêt le de cinq tefa’h des aspérités Pour une sens que seur totale tenir compte en 10. era sur le in une épais consiste e pour ara se pench Les kefiss oduction). la Michna, que 11. Pour supplémentair (Rachi). duit entre 1. La Guem (voir aussi l’intr ion dans sur lui. C’est là téfa’h tefa’him intro ent quest aussi un ssous, 3a). de trois ce contexte mortier généralem ons qui s’ouvrent (Rachi ; voir (ci-de cause du seur totale uées dont il est de mais eurs maintaire à une épais nt effect 2. La cour entouré i entièrerée par plusi gée par 12. Pour un téfa’h suppléme gères étaie e central avoir a fourn mption , 3a). un espac des tâches ména al, la cour soit entouune cour parta requièrent prétendre sa préso rt (ci-dessous si e peut murs ne la plupa . [Bien qu’en génér ssion porte ici sur mêm tombé deux du mur, n associé mur est é du les Maharam) ouvrent, la discu en sa fait, aucu in et les pierres par exemple, le la moiti s’y ètement ue fournir qui 13. De ce terra à ce de concr e [lorsq e e sons qui nnes.] ent mur, l’autr la suite band du ment la es se trouv ד‘‘ה לפיכךet dans d’obliger ruction la plus grand deux perso les pierr iété est fot ié a le droit saires à la const de propr oire et que era dans Tosse cette question. ue assoc Rachi son territ 3. Chaq des matériaux nécesd’eux. trouv sur entaire de en l’absence n du dans ssion] (Rachi). On e discussion it du comm de chacu à appliquer terrain et ruction un longu posse l’intimité et, qui dédu égale à la const it la règle ara (4a) garantira ara défin Mekoubets s (voir aussi ement de la Guem à part la Guem pas égale Voir la Chita contribuent il peut légal on ne loin (4a), ne sont 4. Rachi. al, entre eux, 14. Plus priétaires parts de la cour . génér mur copro locale un un r me leurs Bien qu’en barrière proque les entre eux ite érige de coutu ruction. e quand , une laissant e d’eux souha à sa const mur, mêm ; cf. Rachach). un jardin poussent, comm murs en 3a). 15. Si l’un e à participer a es dans , it deux y Yad Ram Rama et ités intim les produits qui des cloier l’autr construisa (ci-dessous dant Yad ) confection ruction oblig à des activ ce cas, on lissait de mortier peut aussi (ayin hara [Voir cepen livre pas 5. Dans é dans la const l’on remp id se du mauvais œil ci-dessous (2b). parfois, un jardin dans la ment utilis espace que tège habituelle matériau d’usage ; voir aussi Magu l’explique quent que le matériau 2:18 céréales Guemara ubetset qui expli d’intimité.] avec le de la p 6. Avec non hénim et cham fins Meko un ot Chek cours, er les es dans la Chita une cloison à des sons de (Rambam, Hilkh est d’érig ités privé ayin hara). siter e de n, l’usage dire à l’autre des activ du néces à band d’édifices régio ème pas dre s). pas moin se livre certaine tà t au probl ine du Michné là-ba i). Quan fournir la ié ne peut 16. On ne 2b note 22 quan dans une du doma obligé de quent, si , un assoc es polies” (Rach mentation à l’intérieur (voir aussi n’est pas pierr régle 7. Par consé pierres grossières tir être situé le voisin ment des de l’usage ; la en Puisque er seule lacement entier doit s pour garan cloisons pas aite utilis les Sage On trouvera 17. in, le mur tout dépend e et de l’emp qu’il “souh du mur, elle ne a été établie par la natur terra Yossef). r ur. (4a-b) de Michna , Nimoukei l’épaisseu plus loin constructe dans notre résistance (Roch ara traite gent. ine parle d’un présentée La Guem de vue diver une certa c- 18. la Michna ce signe. aux murs fot ד“ה בגוילun point ִ parce que Ba’h). Notre tradu précis de בּגְ וִ יל, aussi comporte dans Tosse fot (voir on de Tosse mentionné 8. La versi précédemment mur ction. type de cette corre tion suit TTC = €sq4u’2au,48Ju8illet 2016 ju TC €53.60 T ite u s la r pa e h\q[gp d`^k_ Y fq\g [] \b c ab`k Z h\q \b\ ab``ikXc [`WZ \Y`e oeW [`q^nc aee fb\ [g `YX [inXX cXW \ne \b \Y[gpd q`]^ [p\i\ l\^Xe c fWbe f`p\i\ q`]^ fWbe\ q `]Y Y \ Z W fgqZb dob[ qm`^e f` Y \W [] fq\g \c oe \b d`^k_ d`g`X q`]^ [o]^ \ g k o m [ W \c oe\ ckg dW \b\ cq\b[ qm`^e [mok Wc ] We [m`^e ` WZ\Y kgp dob[ qm`^e [mo o\ZY \c Y[geb cb[ OFFRE E SPECIAL ENT EM DE LANC -20% imeWqX`]Y c`\Y f`h`kb [g`Ze[ X AU! 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