Halakha - Kountrass

Transcription

Halakha - Kountrass
‫בס"ד‬
NUMERO 198
SOCIÉTÉ
LA TECHNOLOGIE
MODERNE & LA
DU TEMPS
FIN
PENSÉE JUIVE
LA GENÈSE &
LA SCIENCE
ALIA
Le Grand Dossier:
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NOTRE "MÉDIATEUR"
À LA MUNICIPALITÉ
DE JÉRUSALEM
Juin 2016
Électricité &
nº 197
Halakha
Ester Bezalel | [email protected]
‫בס“ד‬
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KOUNTRASS
Juin - Juillet 2016 ● Sivan 5775
Sommaire
Editorial
Courrier
Actualite 12
UNE PLANETE EN DESORDRE
44
VIE JUIVE
Les jeunes enfants ont reçu leur père en
cadeau…
52
Grand Dossier
L'électricité dans la Halakha
100
Famille
Deux amies…
108
Le chaos en France
L
a France, la douce France, connaît actuellement une situation déplorable – des mouvements sociaux perturbent totalement sa vie
et son économie.
Comment comprendre ce qui s'y passe ?
Bien entendu, ce n'est pas au plan politique et économique que nous
voulons nous placer, car ce n'est ni notre domaine, ni notre centre d'intérêt – même si nous ressentons nous aussi la difficulté, et compatissons
avec nos coreligionnaires vivant dans l'Hexagone ou dépendant de son
économie.
Bien entendu, le pays a connu d'autres périodes de perturbations sociales qui, facilement, ont débordé au point de mettre son économie
en danger. Cependant, les turbulences présentes le trouvent dans une
situation déjà délicate pour d'autres raisons : son tissu social est depuis
quelques années fortement troublé, avec un ajout de peuplement qui
ne cherche en rien à s'assimiler à ses valeurs et à adopter ses idéaux. Le
FN profite de cette menace, et prend de l'ampleur, ce qui n'est pas fait
pour nous rassurer.
D'un pays dont on a pu chanter la douceur (Charles Trenet, en… 1943
– bref, passons), où « men ist azoy wie G-ott in Frankreich » (« heureux
comme D' en France », expression yiddish connue), nous arrivons à une
nation aux aspérités visibles et inquiétantes, aux casseurs implacables et
aux bandes de délinquants incontrôlables.
A notre avis, nous n'avons pas le droit d'emprunter une vision apocalyptique pour expliquer le phénomène actuel. De fait, pour faire cela, il
faut avoir droit à l'influx divin permettant d'en statuer ; puis, si la situation revient au calme – ce qui va certainement se produire (en tout cas,
nous le souhaitons pour tous) – quelle figure aurons-nous ?
Ceci n'empêche que nous constatons effectivement une destruction
bien complète des valeurs et des qualités de cette antique terre de
France : son accueil et sa fraternité, son respect de l'autre et l'égalité
pour tous.
Quelque part, il y avait du faux dans ce calme : d'abord, nous devons
bien reconnaître que ces valeurs nous ont coûté fort cher car nombre
de nos frères se sont totalement assimilés (ceci n'enlève pas le mérite
qu'elles avaient d'exister).
Puis, le calme ressenti sous ces latitudes, la Sécurité Sociale, les mutuelles, l'assurance pour tout, tout cela est plus qu'agréable – tout en ne
relevant pas de la vie telle qu'elle est, tout en nous empêchant de ressentir la Main de Hachem dans notre existence. Donc, nous voici assurés
contre toutes les velléités et incertitudes, garantie couvrant même le
convoi funéraire et l'enterrement dans un cimetière (en négligeant toutefois le fait que, cinquante ans plus tard, en France, notre tombe sera
vidée et nos ossements jetés, mais passons…).
Nous voici placés sans toutes ces sécurités, sans sécurité tout court,
d'ailleurs, et obligés de nous en remettre entre les Mains dans Lesquelles la vie de chaque être est déposée… Profitons-en pour revenir
effectivement vers Celui à Qui elles appartiennent, pour ressentir le sens
de nos prières de la manière la plus sincère possible, pour comprendre
que Lui Seul peut nous protéger et nous permettre de passer la présente
crise.
Quand nous sentirons qu'aucune garantie n'existe sur terre, alors nous
serons effectivement proches de la Délivrance, comme le dit le verset dans la paracha relative, selon notre Tradition, à une telle période
(Devarim/Deutéronome 32,36) : « Oui, l'Eternel prendra parti pour Son
peuple, pour Ses serviteurs ; Il redeviendra propice, lorsqu'Il les verra à
bout de forces, sans appui et sans ressources » (cf. Sanhédrin 97a). ●
Rav H. Kahn
DIRECTEUR :
Rav Kahn
([email protected])
DIRECTEUR GENERAL
ADJOINT  :
David Gozlan
([email protected])
JOURNALISTES :
Rav Lionel Cohn, rav D.
Eliézer, rav M. Kottek, rav
E. Lemmel, Ya'aqov Manela,
Karen Ohayon
ComitÉ de lecture :
Rav Ye'hiel Bamberger, rav
Yehochou'a Hemmendinger,
Jacques Salavize
CORRECTIONS :
Y. Guedj
(frenglish.productions@
gmail.com)
Secrétariat :
Mme V. Guedj
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ABONNEMENTS :
m. Chemla, Mme Esther
Andreu
PUBLICITÉ :
D. Gozlan, Mme Guedj
GRAPHISTE/
MAQUETTISTE :
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© «KOUNTRASS» ISSN 0334 8857
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Tél. 972.2.53.70.586 - Fax : 972.2.53 72.707
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La rédaction de Kountrass décline toute
responsabilité en ce qui concerne le contenu des
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des produits alimentaires ou des restaurants.
Elle se réserve le droit de raccourcir, modifier
ou corriger — pour raisons de style, de
contingences techniques ou halakhiques — les
articles ou les lettres qui lui sont adressés.
La direction n'accorde d'exclusivité à aucun
annonceur. Les manuscrits ne sont pas rendus.
Les articles et les maquettes publicitaires sont
la propriété exclusive du journal et ne peuvent
être reproduits sans accord écrit de la rédaction.
Ce magazine contient des enseignements de Tora. Nous
vous serions donc obligés de le déposer dans une Gueniza
et de ne pas l'introduire dans des endroits incompatibles
avec le respect qui lui est dû.
KOUNTRASS
Kountras
@netvision.net.il
S'arranger…
Dans un article « Entre
femmes », il est question de Arnona (impôts
urbains). L'article me gêne, au
niveau des idées véhiculées : on y
parle de petits arrangements avec
l'honnêteté, afin de percevoir des
allocations d'un côté, et en même
temps, profiter d'un prêt immobilier. Voilà en résumé...
D. B.
L'idée de l'[excellent] article de
Mme Ohayon était de montrer que la « réalité » peut toujours prendre deux facettes
différentes, selon les situations. Néanmoins, les deux sont honnêtement vraies !
Pour la banque, on peut se présenter comme
fort aisé, et pour la municipalité comme ne
l'étant pas – « Elou veélou divré… ».
Ça brûle…
On peut consulter des listes des indigents,
enterrés gratuitement dans le cimetière de
Thiais et crématisés au bout de cinq ans. Je l'ai
fait, et je suis tombée sur le nom de M. Joseph
Doukhan. Il a toutes les chances d'avoir appartenu à notre peuple. Je me suis intéressée à
son triste sort trop tard (mais qu'aurais-je pu
faire, si la communauté juive l'a lâché, comme
tous les autres indigents ?). En effet, j'ai demandé en avril ce qui était advenu de lui, et j'ai
eu la réponse en mai. Je la livre à vos lecteurs :
« Cimetière parisien de Thiais
Le rav Kahn et toute l'équipe de Kountrass
envoient leur plus sincères vœux de mazal tov
à M. Gilles Daniel Foa, de Marseille, et à toute
sa famille, à l'occasion de la naissance de leur
fils Chemouel.
10 │
Kountrass Famille ● 197
« Par courrier du 4 avril
2016,
vous
demandez la
destination des
restes mortels
de M. Joseph
DOUKHAN dont
la sépulture en
caveau autonome a été
relevée par la
ville de Paris le
22 avril 2014, et
s'il vous est possible de vous recueillir à proximité du site concerné. Après la reprise de sa
sépulture, les restes mortels de M. DOUKHAN
ont été crématisés. Ses cendres ont été dispersées par la suite à la division 102 du cimetière
parisien de Thiais. Il est possible de vous recueillir aux abords de cette division aux heures
d'ouverture du cimetière.
« Le conservateur, Nathalie NGUYEN VAN LAN »
Cela est plus que très triste. Ailleurs, l'ensemble de la communauté fera tout pour sauvegarder les restes funéraires des membres
de notre peuple. En France, c'est le silence, le
crématoire…
Mme A. S., Paris
Les "Sems" anglais...
Vous avez publié un article interview sur le
Séminaire de rav Loria. C'est bien, mais il ne
faut pas construire en détruisant, ou en critiquant. Ce que vous avez écrit que les Sem
d'Angleterre ne sont pas adaptés au public
français n'est pas juste : toutes les élèves que
nous connaissons ont trouvé du travail dans le
domaine de l›enseignement en France. Celles
qui cherchent un débouché en Israël ont certes
des difficultés, mais ce n'est pas un phénomène général, car tout dépend du choix de la
branche que l'on recherche et de la vocation.
L'enseignement de Haskafa y est d'un niveau
inégalé, et le contact avec des élèves de provenance internationale est souvent un avantage
à long terme, et ne nuit pas aux chidoukhim !
[Rav] Fernand Klapisch
Notons que cet article était titré "publi-reportage".
Ouvrons les yeux
UNE PLANETE EN DESORDRE
Par rav Lionel Cohn
E
ntre les deux guerres, un chroniqueur quelque peu facétieux,
mais clairvoyant, alors que le
nazisme s'apprêtait à envahir l'Europe
et à menacer l'équilibre mondial, s'exprimait en ces termes : « La machine
ronde a perdu la boule ! »
Sept décennies après l'élimination du péril
nazi, et un quart de siècle après la chute du
rideau de fer qui avait coupé l'Europe en
deux pendant 40 ans, il semble bien que la
remarque de ce journaliste apparaît d'une
actualité effrayante. Cela est d'autant plus
vrai que la globalisation donne une dimension universelle à cette perte totale des critères rationnels.
Selon la recherche, habituelle dans cette
chronique, en vue de tenter de comprendre notre époque et ses problèmes,
12 │
Kountrass Famille ● 197
les développements internationaux récents
semblent effectivement défier l'imagination, sortir de l'ordinaire.
Alors que l'idéologie semblait, il y a cinquante ans, donner un sens, une direction, une signification à l'action politique,
il semble aujourd'hui que seuls les intérêts matériels, le désir de s'enrichir, soient
semblent aujourd'hui former les mobiles
des hommes politiques. L'histoire des
comptes bancaires secrets des ministres,
des députés, des dirigeants de l'Etat, a fait
tomber des têtes. La transparence – en
soi un élément positif – révèle combien
l'hypocrisie est, bien souvent, présente, et
l'idéologie absente. Cependant, n'en a-t-il
pas été aussi ainsi depuis toujours ? En quoi
y-a-t-il quelque chose de particulier à notre
époque ?
Pourquoi voir ici un « désordre de la planète » ?
En effet, de tout temps, l'ambition salit, le
pouvoir aveugle et corrompt.
Aujourd'hui, la globalisation joue le rôle
d'une loupe et grossit, à l'échelle planétaire, tous les débordements, ce qui crée
des ondes de choc. La découverte des
comptes cachés au Panama a fait tomber
des ministres en Islande et en Espagne, tout
en inquiétant de nombreux chefs d'Etat.
Par ailleurs, l'Europe connaît une crise qui
risque de conduire à une désintégration.
Le Vieux Continent, qui se voulait phare de
l'humanité, être un exemple désireux d'incarner la protection des droits de l'homme,
est confronté à toutes sortes d'obstacles
qui bouleversent les données habituelles.
En fait, l'optique du judaïsme nous invite
plus que jamais à réfléchir sur ce désordre
et à tenter de sentir « l'odeur » de la Gueou-
la. Une telle manifestation d'éloignement
de toutes les valeurs traditionnelles – au
niveau universel – ne peut qu'amener à un
bouleversement total, qui risque d'enflammer la planète. Il ne faut pas faire preuve
de beaucoup d'imagination, pour prévoir
qu'un groupe de terroristes risque de s'emparer d'armes nucléaires, et mette en danger la planète entière ! Ceux qui s'amusent
à couper publiquement des têtes et à les
mutiler ensuite n'hésiteront pas, ensuite ultérieurement, à mettre en haleine l'univers.
Il ne s'agit pas de se divertir, avec des scénarios de fiction morbides, mais il importe
– il est essentiel – d'« d'ouvrir les yeux » et
de « humer » une fin du monde possible.
A cette étape, il importe d'affirmer notre
foi en une transformation nécessaire de
la Société des hommes. Il existe, certes,
quelques lumières dans ce tableau apocalyptique, comme l'organisation de sociétés
caritatives, qui essaiyent d'aider des populations en souffrance, mais ces O.N.G (Organisations Non Gouvernementales) n'ont
qu'une influence qu'un impact très limitée,
et sont souvent soumises à des influences
politiques.
C'est ici qu'intervient la lecture de l'Histoire, selon la perspective téléologique,
qui s'inscrit dans un discours messianique
devant annoncer la Gueoula.
Souvenons-nous que le rav de Volozhyn
(Néfech ha'Hayim) écrit que ce ne sont pas
Titus ou Nabuchonodosor qui ont détruit
les Temples de Jérusalem, mais que ce sont
les fautes, les péchés du peuple d'Israël,
qui ont affaibli les forces spirituelles qui les
maintenaient les Temples.
La responsabilité du Juif dans le devenir historique est évidente. Il convient d'en prendre
conscience. L'histoire, telle qu'elle s'est déroulée au siècle dernier, semble se concentrer sur le Moyen-Orient. Certes, c'était à
New York que les tours ont été détruites ;
certes, il y a eu des dictatures en Amérique
du Sud ; certes, la Chine semble rester un
bastion du communisme ; mais, cependant,
il apparaît que l'épicentre de tous les conflits
se situe autour du Moyen- Orient.
Tentons de comprendre et de dépasser
l'aspect du quotidien et apparemment
excentrique des développements contemporains. Il ne saurait y avoir des faits de
l'histoire qui ne soient pas en définitive liés
directement ou indirectement à ce qui se
déroule autour du monde arabe ; le conflit
chiite-sunnite, qui est au centre des rivalités interarabes, exacerbe les problèmes de
la Syrie, ce qui cause le départ des migrants.
Ce problème irrite l'Europe, et les partis
extrémistes de Droite en profitent pour se
rapprocher du pouvoir, comme en Hongrie
ou en Autriche. Cet enchaînement diabolique semble bien dire que le monde est en
ébullition, et il est difficile, inquiétant, de
prévoir jusqu'où cela mènera l'humanité.
Un nouveau problème semble actuellement préoccuper la société moderne : le
« transhumanisme », sorte de transcendance scientiste, qui prétend que l'homme
pourra dominer sa nature biologique, et
pourra severra en mesure, grâce aux technologies modernes, de prolonger la longévité. Les tenants du transhumanisme
prétendent que l'homme transformera
les conditions biologiques. Le danger de
ces approches, prônées par de nombreux
savants, existe bien : l'hybridation (la rencontre) entre l'organique et la machine
peut avoir des résultats catastrophiques.
Dans la perspective de la Tora, selon l'expression du Pirké Avoth, s'il ne s'agit que
de "prolonger" le prozdor (le vestibule qui
précède le 'Olam haba, le monde futur), le
problème n'est pas fondamental ; la question essentielle est de savoir affronter un
monde de plus en plus marqué par les tech197 ● Juin 2016 │
13
reux, risque de perdre totalement le goût
à la vie (voir le livre de Miguel Benassayag,
dont le au titre est significatif : « Cerveau
augmenté, homme diminué »).
Il ne s'agit certes pas de réflexion fondée,
ici, sur la Tora, mais si cela a été rapporté
dans cette chronique, c'est pour souligner
le désordre idéologique, le vide inquiétant
vers lequel risque de tomber la planète.
Pour les croyants qui savent que l'histoire
est orientée dirigée vers un but, c'est le
Messie qui doit porter l'image de la réalisation effective de l'homme. Du fait qu'il
y a un sens, une orientation à l'histoire,
l'essence-même des événements traduit
une tension permanente vers le futur. Israël
est impliquée, par son histoire particulière,
dans le devenir de l'Histoire universelle, à
la fois comme acteur acteur et comme témoin.
nologies modernes, qui effacent la spécificité de l'homme. L'alliage de la technologie
de pointe avec une économie totalement
déshumanisée n'améliorera pas les conditions réelles de la vie, même en la prolongeant.
De fait, car, vidé de toute signification, de
tout sens, l'homme, loin d'être plus heu-
14 │
Kountrass Famille ● 197
Ce pays apporte son tribut à l'affirmation
spirituelle de la vocation de l'humanité, de
la présence de la transcendance et, au-delà
des désordres actuels, explique les obstacles, les dépasse, pour aboutir à une harmonie, inscrite dans le fonds ontologique
de l'Histoire. •
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polémique
Par Yéchayahou Baboulin
La Genèse et la science
Q
u'est-ce que la Genèse
(Ma'assé Beréchith, les 6
jours de la Création) ?
C'est la rationalisation non scientifique de la formation de l'Univers.
Je voudrais expliquer ici ce que
veut dire « rationalisation non
scientifique », termes quelque peu
contradictoires.
L'ordre (le sédèr) de Beréchith
La Création se déroule en 6 jours :
Jour 1 : D'abord, les cieux et la terre, la
lumière et les ténèbres (c'est le cadre général pour poser la suite).
Jours 2 et 3 : La séparation entre la terre
et l'eau.
Jour 3 : Le monde végétal.
Jour 4 : Le soleil et la lune.
16 │
Kountrass Famille ● 197
Jour 5 : La vermine, les volatiles, les
grands monstres, les poissons. La reproduction sexuée.
Jour 6 : Les animaux (mammifères) et les
reptiles. L'homme.
Si l'on construit le tableau chronologique de la formation de l'Univers tel que
l'établissent les sciences, cette structure
temporelle est confirmée par les connaissances savantes – entre le Big Bang (13,8
milliards d'années) et le Pliocène (8 millions d'années).
L'échec de la science à penser
l'origine
Pourquoi la Tora pense-t-elle la formation
de l'Univers dans une langue non scientifique, dans le lachon hakodech (la « langue
sainte »)?
Parce qu'elle sait – d'un savoir certain,
absolu – que la science ne peut pas rendre
compte du caractère originel de cette formation.
Elle le sait parce qu'elle connaît la finitude de l'homme, et donc son incapacité
structurelle, essentielle, à penser les fondements (ce qu'il y a avant le Beth de Beréchith, c'est-à-dire le Aleph).
La science se livre à une recherche frénétique (folle) des fondements : l'origine de
l'Univers, l'infini de l'espace, le fonctionnement du cerveau.
Elle se voue à cette investigation depuis
qu'elle existe (cf. la pensée grecque dès la
fin du VIIème siècle avant l'ère actuelle, la
Ligue Ionienne). On peut même la poser
comme à l'origine de la pensée scientifique
(cf. Husserl et L'origine de la géométrie).
Toutefois, il faut bien le dire : concernant
l'origine de l'Univers, la science se heurte
à un mur, le « Mur de Planck ». La théorie
du « Big Bang » n'est en fait qu'un système
mathématique, pas du tout une description « réaliste » appuyée sur des observations empiriques vérifiables. Le Mur de
Planck représente la limite de la rationalité mathématique : au-delà, elle ne fonctionne plus.
Nous avons donc deux rationalités qui se
font vis-à-vis :
• La rationalité de la Tora, qui parle de la
formation de l'Univers du point de vue de
son sens pour l'homme ;
• La rationalité de la science, celle du modèle mathématique, qui vise à la connaissance absolue et s'y échoue.
Raison et opinions : de la modernité à la postmodernité
L'échec de la science à rendre compte des
origines de l'Univers doit être interprété
plus largement sur le plan épistémologique (étude critique des sciences et de la
connaissance scientifique).
La comparaison entre le récit de Beréchith
et les connaissances scientifiques sur la
formation de l'Univers n'induit pas que ces
connaissances doivent être considérées
comme fausses (c'est le point de vue des
fondamentalistes religieux, qu'ils soient
chrétiens, juifs ou musulmans). Néanmoins, elles se fondent sur des outils techniques (les systèmes de datation, l'analyse
des restes végétaux et animaux, etc.). Elles
dépendent donc de ces facteurs, du reste
approximatifs et évolutifs (certains deviennent obsolètes, dépassées ; d'autres,
plus performants, apparaissent. Les méthodes d'analyse changent, etc.).
Galilée a clairement établi – et c'est là
l'essentiel de la révolution scientifique
moderne – que toute science repose sur
le paradigme mathématique (la mesure –
l'ensemble des croyances et des accords
partagés par les scientifiques ou les philosophes).
Il n'existe pas de science qui ne soit mathématisable. Si un corpus de connaissances n'est pas mathématisable, il ne
peut être qualifié de scientifique .
On distingue donc deux aspects de ce
qu'on appelle « la science » : des faits établis, avec plus ou moins d'approximation,
à l'aide d'outils techniques eux-mêmes approximatifs ; un désir de savoir absolu qui
se manifeste dans le paradigme mathématique.
La mathématisation générale – voilà
l'opération que le structuralisme, dans
les années 50/60, a voulu appliquer aux
« sciences humaines et sociales » (cf. introduction de Jean Pouillon à Lévi-Strauss,
Race et Histoire).
197 ● Juin 2016 │
17
On peut en conclure que la théorie dite du
« Big Bang » forme l'épreuve de vérité de
la scientificité des hypothèses sur la formation de l'Univers. De fait, avec elle, on sort
clairement du champ de la connaissance
empirique et vérifiable, pour entrer dans
celui de théories à la fois hypothétiques et
invérifiables. Le Mur de Planck démontre
que ces conjectures ne sont pas mathématisables au-delà d'une certaine limite.
La connaissance empirique est évolutive,
et la modélisation mathématique ne fonctionne plus. La « science » de la formation
de l'Univers laisse donc TOUTE sa place au
récit de Beréchith.
Le rationalisme moderne, qui s'est
construit entre les XVIème et XIXème siècles,
a voulu rendre compte du caractère absolu
de la science (visée qui culmine dans la philosophie du Savoir Absolu de Hegel, et dans
le scientisme de Comte), en la subsumant
sous le concept englobant de Raison. Or,
18 │
Kountrass Famille ● 197
SI tout n'est pas mathématisable, ALORS le
concept de Raison s'effondre de lui-même.
Les théories sur l'origine et la formation
de l'Univers, de même d'ailleurs que le
darwinisme (les origines de l'humanité),
incarnent la preuve en acte du caractère
illusoire de la mathématisation générale.
Observons que, dans les deux cas (origine
de l'Univers, origine de l'humanité), c'est
l'idée de Création qui est en jeu. Ce n'est
pas un hasard si l'ambition absolutiste de
« la science » se heurte ici à sa limite.
La postmodernité prend acte de l'illusion
rationaliste, qui s'est effondrée entre la
fin du XIXème siècle (Nietzsche) et le milieu
du XXème (le structuralisme). Que fait-elle,
la postmodernité, face à cet écroulement
du culte de la Raison ? Elle célèbre les
opinions – précisément ce contre quoi la
Modernité s'est construite !
Conclusion : la postmodernité est une régression (intellectuelle, morale et sociale)
par rapport à la Modernité. ▪
Le point autour d'une campagne d'information :
La technologie moderne
et la "fin du temps"
Par le rav Chemouel Baroukh Guenouth
(Yated Neéman, 3 Iyar)
L
e judaïsme orthodoxe mène une
guerre sans concessions contre les
dangers de la technologie moderne
et l'usage des ordinateurs sans filtres. L'intensité de cette lutte ne souffre pas de relâche, et il y a lieu de noter son relatif succès. Ses responsables savent raconter avec
étonnement qu'ils reçoivent des centaines
de demandes d'information par jour.
Le rav Refaël Meyer, le directeur du
centre de conseil national en Israël, près
le comité rabbinique qui se consacre à ce
sujet, déclare :
« Nous sommes amenés à constater
que des gens à des postes élevés dans le
marché de l'emploi, dans les secteurs les
plus larges, peuvent venir nous demander de les aider à se protéger de l'usage
d'Internet sans filtre. Nous recevons des
demandes de partout, et pas seulement
du public orthodoxe. Dans les rangs de
ce dernier groupe, ce n'est
pas un secret, cette question
est dorénavant considérée
de première urgence. Non :
de nombreuses interrogations – des centaines ! – nous
parviennent, dont certaines
proviennent d'entreprises
« branchées » où travaillent
des centaines de personnes,
voire plus, y compris des
gens non-religieux. Les chefs
d'entreprise et les employés
comprennent et soutiennent
de nos jours notre souci. Je
ne suis pas en mesure de préciser si cela
fait suite à notre travail, ou si eux-mêmes
constatent avec plus d'intensité que nous,
les défauts consécutifs à une fréquentation
de la toile plus grave qu'il n'y paraît … »
Le rav Méïr Hendelsman, qui œuvre avec
zèle pour renforcer le public dans sa ville,
Péta'h Tikva, sait raconter :
« J'ai sous le coude une liste de spécialistes qui se sont joints à nous dans notre
ville. On y trouve des dizaines d'avocats et
de comptables, de banquiers, de médecins, d'entrepreneurs, d'architectes, de
journalistes et des gens d'autres branches
encore, qui ont vu eux aussi l'importance
de transformer leurs bureaux et leurs
maisons en enceintes plus protégées. Ils
se sont ainsi engagés dans ce domaine. A
Elad, à Modi'in 'ilith, nous entendons que
des milliers de familles ont pris sur elles
d'installer un filtre sur leurs ordinateurs,
197 ● Juin 2016 │
19
la quantité et la teneur de messages qu'il
recevait, lui, père de famille, notable de
sa communauté, en une demi-heure…
J'ai eu honte pour lui. Seuls deux messages de tout ce tas étaient sérieux et le
concernaient réellement. Le reste s'est
avéré sans importance – des blagues vaseuses, des moqueries, des photos, des
nouvelles non palpitantes, et un nombre
incalculable d'autres bêtises. Le temps
n'a-t-il donc plus de valeur ?
tout comme dans la plupart des agglomérations à population orthodoxe. »
Cependant, il nous semble important
de noter qu'outre des dégâts moraux,
l'accès à immodéré à Internet peut provoquer des dommages dans la paix intérieure des gens. Le temps du repos et du
calme d'esprit n'existe plus. L'université
d'Ariel a publié ces jours-ci une enquête
selon laquelle les adolescents dans le pays
consacrent trois heures par jour à envoyer
et à recevoir des messages sur les réseaux
sociaux. Tout jeune reçoit et envoie des
centaines et des centaines de messages
par jour. Donc il n'y a qu'à attendre : ils
seront tous atteints du syndrome du canal
carpien en quelques jours, ce qui les empêchera de continuer…. 75 % des Israéliens
sont plongés dans WhatsApp, et 80 % sont
liés à d'autres groupes encore. On peut se
demander combien de disponibilité psychique reste à un adolescent qui tient à
écrire et à répondre à des milliers de messages, durant les trois heures par jour qu'il
y consacre…
« J'ai voyagé voici peu avec un Juif sympathique. Pendant tout le temps qu'il
conduisait, son portable nous informait,
par divers bruitages, de la réception récurrente de messages de cet ordre. Je lui ai
demandé la permission d'y jeter un coup
d'œil, histoire de savoir à côté de quoi passait un Juif simple comme moi, équipé, au
mieux, d'un téléphone basique, dénué de
ce genre de service. Il a accepté, et j'ai vu
20 │
Kountrass Famille ● 197
On a par ailleurs tenté de m'expliquer,
avec un sérieux abyssal, l'importance
d'être tout le temps connecté sur son
Smartphone. Sinon, il faudra un temps
monstre pour répondre à tous les messages reçus… Mais qu'y a-t-il dedans ? Pratiquement rien ».
« Ce compte-rendu de l'université
d'Ariel décrit que 58 % des utilisateurs de
ces services ont droit à des messages qui
dénigrent les autres, du "shaming", déjà
honoré par une cote en encyclopédie...
[Et par la Halakha également : on appelle
cela dans nos sources "Malbim pené 'havéro berabim", faire rougir son prochain
en public, faute qui provoque le renvoi du
monde futur de la personne qui la commet...] Souvent, apparaît dans les media
en question des informations vexantes à
l'égard de certains, la plupart du temps
via les réseaux sociaux. La source est en
général un post, qui peut contenir le nom
et la photo de la personne, et même une
vidéo ad hoc. Le post peut être vu par
des milliers d'internautes. Certains le renverront à d'autres, et qui ajouteront des
offenses à la victime de ces descriptions.
Celle-ci se sent évidemment fortement
rabaissée, surtout quand ses défauts
sont ainsi dévoilés. Elle souffre énormément de la forte publicité donnée à ces
accusations, ce qui n'est pas le cas de ses
protestations… De plus, ces divulgations
sont en général faussées par le point de
vue de leur auteur (parfois tendancieux et
subjectif). Il n'est pas souvent donné de
vérifier la véracité des dires. La défense de
la victime n'occupe pas grande place, et
pourtant, les gens acceptent la version de
celui qui s'en prend à l'autre… »
Pourquoi des gens normaux peuventils en venir à faire honte à leur prochain,
alors qu'ils savent certainement qu'elle
va s'étendre comme un feu de paille d'un
appareil à l'autre ? Qu'est-ce qui amène
une personne normative correcte à provoquer le mépris de son prochain devant des
milliers de personnes ? Inutile d'étudier
le 'Hafets 'Hayim ou le Chemirath halachon pour conclure que ce n'est pas une
conduite digne de Juifs…
La réponse ? Quand une personne envoie
et reçoit 1500 messages, elle se doit de
répondre très rapidement. Cette personne
n'est plus en mesure de réfléchir. Elle n'a
pas deux minutes pour tenter de soupeser
ses actes avec intelligence, de concevoir
l'impact terrible de ses actes, et de voir les
incidences catastrophiques de ses réactions. Le temps que son cerveau prenne
conscience de ce qu'elle fait, ses doigts
sont déjà occupés à envoyer un message
vexant, piquant, rabaissant autrui, distribué en une minute à des milliers de personnes avides de « news »…
C'est la « fin du temps » personnel. ●
Questionnaire...
Vu sur Lettre Santé Nature Innovation,
de Jean-Marc Dupuis
Que se passerait-il si…
• Que se passerait-il si, la prochaine
fois que je fais la queue dans un magasin, plutôt que de vérifier mes messages,
j'engageais la conversation ou souriais aux
personnes autour de
moi ?
• Que se passerait-il
si, la prochaine fois
que j'ai deux minutes
à attendre à un feu
rouge, au lieu de vérifier mes messages,
je faisais une prière au Créateur de l'Univers ?
• Que se passerait-il si, la prochaine fois
que j'ai 15 minutes de libre devant moi,
plutôt que de vérifier mes messages, j'en
profitais pour organiser une soirée spéciale avec ma femme ?
• Que se passerait-il si, la prochaine fois
que j'ai 30 minutes avant de me coucher,
plutôt que de vérifier mes messages, je
lisais un chef-d'œuvre de spiritualité qui
changerait ma vie et celles des autres
autour de moi ?
• Que se passerait-il si, la prochaine fois
que je suis à la cantine de mon entreprise, plutôt que de vérifier mes messages, j'engageais une conversation profonde avec un de mes collègues et que
je lui posais des questions sur sa vie ?
• Que se passeraitil si, la prochaine fois
que j'ai une heure durant le week-end pour
me relaxer, plutôt que
de vérifier mes messages, je mettais une belle musique et je
me laissais emporter par sa beauté ?
Ce n'est pas qu'Internet soit mauvais
en soi. Mais les bienfaits d'Internet ne
doivent pas nous faire oublier que la
vie est courte, que le monde est vaste,
et qu'il y a beaucoup de choses importantes et intéressantes à faire !
NDLR : Si même un non-Juif lambda
(quelconque) en prend conscience…
197 ● Juin 2016 │
21
Decryptage
Au Golan
Avec un souci brûlant…
Par le rav H. Kahn
I
l faut bien reconnaître que
la contestation des droits du
peuple juif sur sa terre pour
des raisons historiques (ne parlons pas de celles qui émanent
de la Tora et sont de droit divin)
devient de plus en plus forte. Il
suffit de lire les réactions des lecteurs à des articles nous concernant sur n'importe quel media
pour constater l'ampleur de
la haine des Nations envers le
peuple juif ! Sans parler de leurs
22 │
Kountrass Famille ● 197
dirigeants : quand le Premier Ministre israélien explique en toute
logique qu'il n'est pas pensable
actuellement de rendre le Golan
à la Syrie, et que ce territoire fait
partie d'Israël à tout jamais, c'est
le tollé international ! Même les
dirigeants les plus positifs envers
Israël refusent de lui reconnaître
ce droit, pourtant basé sur la présence d'une tribu d'Israël en ces
lieux – à savoir, Dan et la moitié
de Menaché.
N'est-ce pas une situation sur- toir ». Prenons notre sort entre nos mains.
Soit. Pourquoi ne pas tenter une telle
prenante ?
Il n'est certes pas faux de dire que nous vivons une période pré-messianique, et que
nous étions avertis de sa difficulté. Toutefois, c'est déjà le cas depuis belle lurette,
et malheureusement, rien n'a réellement
avancé. Puis, à dire la vérité, notre période
est finalement fort confortable, comparée
à l'époque de nos parents, grands-parents
et aïeux, sous la Shoah…
Nous ne connaissons pas la solution. Que
devrait faire le peuple juif afin d'arriver à
une reconnaissance pleine et entière de
ses droits ? Du reste, nul n'est prophète
parmi nous pour pouvoir se permettre
de prendre à ce niveau une quelconque
position. Toutefois, nous devons arriver
à un constat : nous avons souffert durant
de longs siècles et millénaires, du mépris
et de la haine de la part des Nations du
monde. Elles en sont venues jusqu'à tenter
de nous détruire, et de provoquer la disparition de la mémoire du peuple juif. L'Eternel a aidé, et leurs projets maléfiques ne se
sont jamais réalisés, même si, à certaines
époques, ils n'en n'étaient pas loin !
La période moderne a entraîné un nouveau courant de pensée dans le peuple
juif lui-même: cessons de nous laisser
conduire « comme un troupeau à l'abat-
voie ? Est-ce que, dans le temps, le peuple
juif n'avait pas sa propre armée et ses
moyens de défense ?
Sans interroger nos sources à cet égard,
voyons le résultat : est-il convaincant ou
non ? Ponctuellement, nul doute que l'armée israélienne est l'une des plus fortes et
des plus avancées au monde, mais le problème de fond est-il pour autant résolu ?
L'antisémitisme a-t-il diminué ? Non et
non.
Une personne religieuse ne peut que
chercher l'erreur.
Et très certainement, arriver à une
conclusion située quelque part au niveau
de notre conduite à nous, de notre pratique de la Tora et des mitsvoth, du respect
de son prochain, de l'aide aux pauvres, de
notre morale. Il n'est pas donné d'être plus
précis, car chacun sait où le bât le blesse,
mais il est intéressant de constater qu'il
n'y a visiblement pas d'autre issue : nous
sommes invités, au quotidien, à faire techouva !
Que l'Eternel nous aide à retrouver le
droit chemin, pour nous-mêmes, notre
place dans le monde futur, et aussi pour
que l'ensemble du peuple juif retrouve
la paix et le respect dans le monde d'icibas. ●
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197 ● Juin 2016 │
23
Politique
Faut-il craindre
le phénomène
Donald Trump ?
Par David E. Avraham
R
abbi Yehouda Hanassi avait l'habitude de conclure sa prière par
la requête suivante : « Qu'il soit
de Ta volonté, Hachem, notre D' et D'
de nos pères, de nous sauver des effrontés et de l'effronterie » (Berakhoth
17b).
Donald Trump fait des erreurs monumentales. Il insulte, exagère, est confus
24 │
Kountrass Famille ● 197
sur les affaires étrangères, et dit même
parfois des choses tout simplement
fausses.
Et les applaudissements de ses partisans retentissent encore plus fort.
Plus encore, celui dont la candidature
semblait constituer une énorme farce a
aujourd'hui une bonne chance de devenir le prochain président des Etats-Unis
d'Amérique.
Le très atypique candidat à la succession d'Obama semble en effet avoir pris
tout le monde de court. Son ascension
fulgurante dans les primaires républicaines a fait de lui non seulement le
probable représentant du parti, mais
un réel favori dans la course à la Maison Blanche. Et, à six mois des élections
américaines, tous ceux qui s'amusaient
allègrement de sa candidature tentent
de comprendre pourquoi Donald Trump
peut gagner les élections.
Ce qui est désormais qualifié de « phénomène Donald Trump » fait aujourd'hui
l'objet d'études et d'analyses approfondies pour en cerner les causes. Chacun y
va de son interprétation pour expliquer
ce qui a bien pu échapper aux politiques
et aux media de tous bords.
Même au sein de notre communauté,
le phénomène ne laisse pas insensible.
Cependant, il suscite tant l'intérêt que
d'innombrables interrogations.
Bien que les grandes autorités rabbiniques ne se soient pas encore officiellement prononcées sur la question, les
journaux et les magazines juifs orthodoxes ne cachent pas leur curiosité à
l'égard du personnage.
C'est ainsi qu'en avril dernier, Donald
Trump a fait la une du magazine Michpa'ha auquel il a accordé un entretien
exclusif. On y apprend (ce qu'on pouvait lire dans nos colonnes également),
entre autres, qu'il a une fille et un
gendre chomré Chabbath/respectueux
du Chabbath, et qu'il a payé la totalité
du prêt immobilier d'un avrekh ayant
aidé son chauffeur à changer la roue de
sa voiture. Pas de quoi expliquer le phénomène.
Toutefois, à bien y regarder, il n'y a rien
de vraiment nouveau sous le soleil. Le
phénomène Trump n'est effectivement
pas très éloigné du phénomène Obama,
du phénomène Clinton ou encore du
phénomène Reagan. De fait, c'est toujours le candidat le plus charismatique
et le plus audacieux (ou le plus effronté dans le cas de Trump) qui gagne la
course à la présidence.
Peu importe les diplômes, les qualifications ou même l'expérience ! On peut
être un ancien vendeur de dentifrice,
un saxophoniste ou un milliardaire excentrique, et devenir le président de la
première puissance mondiale.
Ce principe s'applique tant en politique
que dans bien des domaines. L'essentiel, pour réussir, c'est d'avoir de l'audace, pour ne pas dire de la 'houtspa,
et une immense volonté. Il faut ajouter
à cela de la régularité dans l'effort, ainsi
qu'une bonne dose d'aide divine – et
hop ! l'affaire est dans le sac.
En cela, Donald Trump n'incarne donc
rien de nouveau. Il applique cette recette ancestrale, à laquelle il ajoute une
bonne dose de populisme et de démagogie.
Cela dit, en quoi ce phénomène
concerne notre 'avodath Hachem,
notre service divin ?
A priori, quoiqu'il arrive, nous savons
que Hachem met en place les dirigeants
de pays et inspire leurs décisions,
197 ● Juin 2016 │
25
comme l'enseigne le roi Chelomo (Michlé/Proverbes 21,1) : « Le cœur du roi
est comme un ruisseau dans la main
de l'Eternel ; Il le dirige partout où Il le
veut. »
La course à la présidence américaine ne
présente donc que très peu d'intérêt, si
ce n'est aucun, dans notre service divin.
Néanmoins, c'est justement en vertu
du principe selon lequel Hachem choisit les dirigeants qu'il convient de méditer un tant soit peu sur ce choix. Ceci
semble d'autant plus important lorsqu'il
s'agit du président de la première puissance occidentale. Une puissance qui,
depuis des décennies, influence et inspire le monde entier par son économie,
sa société et sa culture. Une puissance
au sein de laquelle réside à ce jour la
deuxième plus grande communauté
juive au monde.
Certes, nous ne sommes pas (encore ?)
avec un Donald Trump président des
Etats-Unis ; cependant la fulgurante
ascension du magnat de l'immobilier
interpelle fortement, même sur le plan
spirituel.
« Tel est le sort de Ses adorateurs,
de ceux qui recherchent Ta face, de
Ya'akov, séla ! » (Tehilim/Psaumes
24,6).
En effet, la principale
question spirituelle que
soulève chaque élection
importante est celle du rapport entre le dirigeant et la
génération qu'il gouverne.
Dans la Guemara 'Erekhin
(17b),
rabbi
Yehouda
Hanassi et « rabbanan
» (d'autres Sages de la
Michna) débattent sur ce
point. Ce débat s'articule
autour du sixième verset
26 │
Kountrass Famille ● 197
du Psaume 24, dans lequel le roi David
a juxtaposé la génération et ses dirigeants. Selon rabbi Yehouda Hanassi,
ainsi que selon les autres Sages de la
Michna, le roi David nous enseigne ainsi
le lien étroit entre le peuple et son souverain. Le débat est de savoir qui, de ces
deux parties, est le vecteur directeur
d'influences.
Le Talmud rapporte deux versions de
ce débat. Selon la première, et d'après
l'opinion de rabbi Yehouda hanassi, le
dirigeant est sous l'influence de sa génération. C'est-à-dire que si la génération
est pieuse, alors il en sera de même de
son dirigeant. Par contre, d'après Rabbanan, c'est la génération qui se trouve
sous l'influence de son dirigeant.
Autrement dit, les qualités spirituelles
du dirigeant vont élever ou au contraire
altérer le niveau spirituel de sa génération.
Selon la deuxième version de ce débat, une génération pieuse peut être
gouvernée par un souverain impie, et
inversement. Toutefois, d'après rabbi
Yehouda Hanassi, si les membres de la
génération se comportent humblement
et cordialement les uns avec les autres,
alors Hachem leur enverra un souverain
affable. En revanche, s'ils se comportent
entre eux avec violence, orgueil et effronterie, il leur sera envoyé un tyran
violent, présomptueux et
effronté.
D'après Rabbanan, c'est
l'inverse. Lorsque le souverain se conduit humblement, Hachem fait en sorte
que son peuple suive.
Selon nos Sages, il y a
donc un lien réel entre le
souverain et sa génération.
L'effronterie de Donald
Trump est une réalité qui
Selon nos Sages, c'est la nature du souverain, et non son nom, qui importe.
Autrement dit, Trump ou pas, si la génération renonce à pactiser avec ses vieux
démons xénophobes et racistes, et s'efforce de mieux vivre ensemble, son souverain sera doux comme un agneau.
Il ne s'agit évidemment pas de se métamorphoser en hippie écervelé qui
prêche l'amour sans limite et sans raison. Il ne s'agit pas non plus de vivre
dans l'angoisse permanente que notre
manque d'amabilité pourrait devenir la
source d'un règne tyrannique.
Il s'agit simplement et sereinement
d'embrasser le fait que nous formons
tous un ensemble appelé la génération ;
un ensemble dans lequel chacun de
nous joue un rôle déterminant. De fait,
Hachem nous a octroyé le pouvoir de
participer activement à la rédaction de
notre histoire. Il nous suffit pour cela de
laisser s'exprimer par des actes simples
la bonté, la mansuétude et la pudeur
ancrés en nous.
Hachem nous a également dévoilé par
le biais de nos Sages le pouvoir phénoménal de l'union au sein d'Israël.
Elle transcende les frontières de notre
peuple pour abreuver de ses bénédictions l'ensemble de l'humanité. Il nous
appartient donc de nous reconnecter
avec le Klal Israël par des actes de bonté
simples et sincères.
Il existe pourtant une conduite encore
plus simple et fédératrice : la Chemirath
Halachon.
Dans une lettre adressée aux femmes,
la rabbanith B. Kanievski, de mémoire
bénie, en expose la force et la nécessité
absolue dans notre génération.
Puisse Hachem circoncire nos cœurs, et
puissions-nous mériter promptement la
venue de Machia'h Tsidkénou. ●
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semble faire l'unanimité, même auprès
de ses partisans.
D'autre part, beaucoup de ses opposants veulent voir en lui un néofasciste
orgueilleux et violent. Or, surtout, Donald Trump représente, selon eux, un
véritable danger pour la paix mondiale.
Par ailleurs, de nombreux membres du
parti républicain, que Trump est censé
représenter, se disent prêts à voter pour
le candidat démocrate si Trump sort
vainqueur des primaires républicaines.
Certains vont bien plus loin. Ils menacent de quitter les Etats-Unis pour le
Canada si Trump est élu président…
S'agit-il donc de la matérialisation des
paroles de nos Sages ? Donald Trump
sera-t-il le despote envoyé par Hachem
pour curer une génération polluée par
l'effronterie, par la peur et la haine de
l'autre ? Faut-il craindre le phénomène
Trump ?
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197 ● Juin 2016 │
27
Le point en politique internationale
Les manipulations du
gouvernement Obama
Par Ya'akov Manela
que celui du « nucléaire iranien ».
Les informations à son sujet seraient-elles faussées ? Tout cela,
pour vaincre le monde ainsi que
Netanyahou, sur le terrain sur
lequel il a pourtant tant investi ?
Serait-il à présent prouvé qu'il
avait raison ? Il a toutefois perdu
entre-temps cette guerre-là, ayant
trouvé plus fort que lui dans ce
combat…
B
en (Benjmin) Rhodes, 38
ans, est le conseiller national adjoint pour les "Communications stratégiques et les
Discours" – dont ceux de Obama,
dont il est l'un des principaux rédacteurs. Il a récemment dévoilé
au New York Times les dessous des
pratiques de la Maison Blanche
pour faire passer diverses options
choisies par le pouvoir aux yeux
du grand public et des décisionnaires du monde entier. L'un des
dossiers sensibles qui a fait l'objet
d'un travail important pour assurer sa bonne diffusion n'est autre
28 │
Kountrass Famille ● 197
Les prophètes disent déjà : « Tes destructeurs et les auteurs de ta ruine
émanent de tes propres rangs » (Yechay'ahou/Isaïe 49,17 – selon une partie
des commentateurs, dont le Alchikh et
surtout le Metsoudath David, qui ajoute :
« Et cela [cette ruine] ne provient pas de
Moi »). Car la mère de Benjamin Rhodes
est juive…
Les dévoilements de ce conseiller de la
sécurité d'Obama, rédacteur de nombre
de ses discours, ont fait scandale aux
Etats-Unis. Moins ailleurs, et c'est surprenant.
Qu'avoue Rhodes ? Personne ne pourra
lui reprocher, à lui et au pouvoir, d'avoir
usé des techniques traditionnelles pour
convaincre les Iraniens de leur intérêt à
accepter les accords. C'est normal. Toutefois, là où les méthodes deviennent plus
osées, c'est quand la Maison Blanche
manipule le public et les media pour arriver à imposer ses vues. Les opposants
à Obama n'ont en tout cas pas apprécié
outre mesure.
Sur le fond, avec Rhodes, dont l'influence sur la Maison Blanche est très
marquante, il est urgent que les EtatsUnis s'écartent du Moyen-Orient. L'accès
au nucléaire des Iraniens ? Seule une
intervention militaire peut l'empêcher,
ce qui ne vient pas en ligne de compte.
Il faut donc faire avec. Et tout mettre en
œuvre pour entraver les velléités israéliennes d'intervenir, car cela pourrait forcer les Etats-Unis à agir eux aussi, contre
leur gré.
Comment Rhodes s'est-il conduit dans
ce sens ? D'après sa déclaration au New
York Times, en faisant croire que les tractations avec l'Iran n'ont commencé qu'en
2013, à la suite de l'accession de Rou'hani
le « modéré » au pouvoir – alors qu'elles
ont déjà commencé sous Ahmadinejad,
ce qui n'est pas très glorieux. L'idée d'un
conflit interne entre les modérés et les
extrémistes a permis au pouvoir américain de faire accepter son intervention, la
présentant comme renforçant en fait les
modérés de parmi les dirigeants iraniens.
Au printemps 2015, soudain, une ribambelle de « spécialistes » du nucléaire, tous
partie prenante en faveur des accords
avec l'Iran, s'est dévoilée sur la place publique. Leurs avis ont été accueillis avec
plaisir par les grands journaux, comme
s'il s'agissait de fins connaisseurs en la
matière. Ce, à un moment où les grands
journaux en question ont cessé d'avoir
des représentants dans le monde, et se
contentent de puiser les informations
livrées par la Maison Blanche…
Leon Panetta, alors dirigeant de la CIA,
a été interrogé à l'égard de sa connaissance des liens secrets entre le pouvoir et
Ahmadinejad : non, il n'en savait rien. En
revanche, l'une de ses fonctions consistait à calmer le jeu israélien, assurant que
jamais de la vie Obama ne laisserait l'Iran
arriver à la force nucléaire – sans toutefois y croire lui-même…
Ceci ne suffisait pas : des millions de
dollars ont également été distribués
pour que la mayonnaise prenne. Une
fondation du nom de « Ploughshares »,
un organisme chrétien anti-nucléaire, a
servi à influencer nombre de media et
de groupes – dont J Street, un groupe juif
américain, avec un demi-million de dollars. Une tactique classique, bien connue
en Israël.
Et la presse israélienne ? Difficile de
savoir si elle aussi a été servie, mais une
chose est claire : elle ne s'est pas particulièrement fait l'écho de la bombe lancée
par Rhodes… Il est vrai que la plupart des
grands media sont opposés à Netanyahou, et il à ce point de vue, ils n'étaient
peut-être pas en mesure de conserver
une vision neutre et objective de la situation. On se souvient encore du discours
de Netanyahou au Congrès, et des durs
comptes-rendus qu'en a livré la presse
israéliens.
Il se peut que, finalement, ces informations sur la conduite de la Maison Blanche
durant cette dernière période n'aient pas
de conséquences. Obama en est à la fin
de son mandat. Mais il n'empêche que,
dans le cas présent, c'est pour une fois
une vraie manipulation de l'ensemble
de l'opinion mondiale qui a été entreprise et qui est prouvée par ses propres
initiateurs, fait tout de même rare, il faut
l'avouer. ●
197 ● Juin 2016 │
29
Politique locale
Quelques remarques
en marge d'un ouragan
Par Ya'akov Manela
Q
uand un ouragan éclate,
il n'y jamais le temps de
prendre un peu de recul,
et de réfléchir à ce qui est en train
de se passer. Evidemment, notre
place n'a pas le moins du monde
été touchée par ce mauvais vent
qui a soufflé, mais l'ensemble de la
classe politique a été troublée par
les événements de ce dernier mois
dans le pays.
Tentons de comprendre ce qui
s'est passé.
Un gouvernement basé uniquement sur
une majorité de 61 membres de la Knes-
30 │
Kountrass Famille ● 197
set, au lieu de 120, n'est pas facile à gérer.
Il suffisait d'un député, aussi mauvais soitil, qui veuille faire passer son idée (par
exemple, forcer l'Etat tout entier à accepte l'arrivée des Falashmura, ces Ethiopiens chrétiens, avec tout ce que cela
peut signifier sur le plan financier) pour
que le chantage porte fruit. Le principe :
l'assemblée doit accepter sa proposition,
sous peine de causer son départ, mettant
de la sorte la coalition en danger…
Il fallait donc, pour Netanyahou, faire
quelque chose, d'autant plus que Kakhalon, le ministre des Finances, ne cessait
de réclamer, pour l'an prochain, un budget bisannuel, afin d'éviter de remettre
en péril son équipe l'an d'après. Il y
avait deux directions : soit convaincre le
grand parti travailliste, avec Herzog à sa
tête, de rejoindre le gouvernement, malgré les immenses divergences entre les
deux groupes (mais Herzog n'avait rien
à perdre, si ce n'est sa discutable place
d'honneur à la tête de l'opposition) ; soit
s'accorder avec Liebermann, le Russe,
malgré ses critiques viscérales de la gestion de Netanyahou ces dernières années.
Herzog, après une longue période durant
laquelle il refusait d'admettre l'existence
de contacts dans ce but, a fini par avouer
leur réalité, pour arriver, pratiquement, à
la dernière case : il était prêt à rejoindre
le gouvernement de Netanyahou, avec
près d'une dizaine de membres de son
parti. Le reste a fait savoir son opposition
la plus farouche à une telle démarche. Il
faut dire que, face à un politicien aussi
aguerri que Netanyahou, Herzog ne faisait pas le poids, et n'aurait pu que servir
de faire valoir pour le Likoud.
Des hésitations techniques de dernière
minute, pour savoir si oui ou non on allait
coucher sur papier les accords, ont permis à Liebermann de comprendre que
le train allait se mettre en marche. On
connaît La suite : c'est lui qui a sauté dans
le wagon, pour devenir le ministre de la
Défense.
Ce, justement, quand Bogui Ya'alon
avait rué dans les brancards ces derniers
temps : il avait de suite condamné le soldat assassin, admettant sa totale responsabilité ; puis il avait couvert son second,
malgré une comparaison gauche (ou de
gauche) entre la situation actuelle en Israël et celle de l'Allemagne à la montée
du nazisme ; enfin, il a appris à ses hauts
gradés la nécessité de savoir critiquer ouvertement les directives gouvernementales, sans se gêner.
Bogui avait-il pressenti la fin de son
mandat ? Avait-il là préparé son avenir politique ? On l'admet, mais dans ce
cas, mais l'idée reste assez surprenante :
ainsi donc, cet ancien général en chef,
vu comme un élément pondéré, et prometteur dans l'enceinte du Likoud, avait
donc des visions situées bien plus à
gauche, quelque part dans l'optique traditionnelle de l'establishment d'ancienne
mode israélienne, avec les grands media,
les responsables des tribunaux, les politiciens de l'ancienne école, etc. En tout cas,
ses prises de position assez marquées de
ces temps-ci correspondent en tout point
avec les visées de cette classe politique
définie.
Pour Netanyahou, en un tel moment,
il était donc aisé de lui faire savoir qu'il
perdait sa place, et de le remplacer par
Liebermann.
Lui, ministre de la Défense ? Il a quelque
expérience, pour avoir été videur dans
des boîtes de nuit à son arrivée de l'ancienne URSS, mais de là à obtenir un tel
poste, l'un des plus importants du pays !?
Netanyahou a du reste rassuré le bon
peuple : c'est lui-même, Netanyahou, le
grand responsable de l'ensemble de l'organisme de l'Etat, qui l'avait désigné. De
ce fait, nul n'avait à s'en faire. La preuve :
197 ● Juin 2016 │
31
il occupe déjà trois ou quatre postes ministériels – réservés jusqu'à présent dans
l'éventualité que le parti travailliste rejoigne son gouvernement. Cependant, on
ne voit pas encore qu'il lâche ces postes
à d'autres...
Liebermann est d'une nature très extrémiste : il préconise la peine capitale
envers les terroristes, pense qu'il faut
contrer le 'Hamas sans pitié…
Dans ce domaine, a-t-il tort ? Que l'on
nous permette de penser que non : il décrit là la seule conduite qui marche réellement avec les Arabes, comme saurait le
confirmer toute personne avec un minimum d'expérience parmi eux. Ce n'est
pas le cas des Américains et des Européens et, en cela, la qualité des relations
diplomatiques d'Israël avec eux n'est plus
garantie. Si Liebermann met à exécution
ses idées…
Cependant, un gros avantage réside
dans son pragmatisme. Il semble déjà
avoir accepté que son exigence d'appliquer la peine capitale reste sur le papier…
Du reste, c'est également, pour les partis religieux un élément rassurant : Liebermann, a priori, a adopté plusieurs
idées du sieur Lapid, en particulier dans
le domaine du mariage pour tous, goyim
et autres, ainsi que l'autre épée de Damoclès agitée sous le gouvernement précédent, concernant l'enrôlement de gré ou
de force des jeunes des Yechivoth dans
l'armée. Or, il s'avère à présent que, pour
des raisons purement pratiques, Liebermann a su remettre ses vœux dans le
classeur duquel ils ont été ressortis, en
attendant une période plus propice…
L'accès au pouvoir est tout de même plus
important que l'exécution de ces idéaux,
non ?
En conclusion, Netanyahou a fait une
assez bonne affaire : il a donc ajouté à
son équipe quelques 6 députés, tous
totalement soumis à leur chef de file (ce
32 │
Kountrass Famille ● 197
qui n'aurait vraiment pas été le cas avec
les gens entourant Herzog – lequel se retrouve du reste en très mauvaise posture
dans son propre parti. En fait, sa présence
à sa tête ne devrait plus durer très longtemps), et a évité un très gros casse-tête
avec l'arrivée de députés de gauche.
Ya'alon, un élément décidément trouble,
a quitté le gouvernement, justement
quand il commençait à lorgner par trop
fort vers la gauche, sans doute avec des
arrière-pensées politiques bien définies.
Tout cet ouragan a profondément découragé nombre de journalistes, qui espéraient (une fois de plus) la chute de Netanyahou, ou au moins sa capture par des
mains « intelligentes » et « équilibrées »
(à savoir, Herzog). Or, c'est le contraire qui
s'est passé…
Et nous, le public religieux ? L'accession
de Liebermann au gouvernement et, de
plus, au poste de ministre de la Défense,
n'est bien sûr pas agréable. Il faut reconnaître à l'ancien kibboutznik qu'était
Ya'alon le mérite d'avoir su reprendre en
main le dossier de l'enrôlement forcé des
étudiants en Yechiva, et fait comprendre
qu'il ne voyait en aucune manière moyen
de forcer qui que ce soit à faire son service militaire (d'autant plus que c'est
un secret connu de tous que l'armée ne
manque pas de soldats, bien au contraire,
et que le principe même d'un service imposé à tous n'est plus du tout évident).
Liebermann est, à ce niveau, de loin plus
intraitable. Néanmoins, comme dit, il est
remarquablement perspicace quant à ce
qui est intéressant pour lui. De ce fait,
a priori, il y a lieu d'espérer qu'il saura
là aussi prendre les décisions qui s'imposent, les plus conformes à nos positions. Il lui suffit du reste de savoir faire
les comptes : le gouvernement actuel, si
les treize députés religieux le quittaient,
perdrait le pouvoir… ●
Nouvelles communautaires
La communauté Adath Israël de
Paris et la nomination de son
nouveau rav
V
oici déjà quelques mois, motsaé
Chabbath Vaéra, la communauté
orthodoxe d'Adath Israël de la rue
Basfroi a intronisé son nouveau rav, le rav
Chemouel Mortchelewicz.
Cette communauté, fondée au début
du siècle dernier par les Juifs arrivés de
Pologne, fit ensuite partie de la "Agudas
Hakehilos", regroupant les communautés
orthodoxes de Paris, sous l'autorité de la
communauté de la rue Pavée.
La présente communauté d'Adath Israël,
de fait, resta longtemps sans rav.
Avec le temps, toutefois, elle se dota
d'un dirigeant en la personne du rav
'Haim Yaaqov Schlammé, figure emblématique du judaïsme parisien qui occupa les
fonctions d'Av-Beth-din de la rue Pavée,
et dirigea le séminaire de jeunes filles loubavitch d'Yerres. Malgré son origine alsacienne, il dirigea donc l'Adath Israël dans
l'inspiration 'hassidique qui la marquait
alors.
Après son départ pour Erets Israël, ce
fut le rav David Ledeberger, dont le père
M. Mena'hem Ledeberger zal fut un des
piliers fondateurs de la synagogue, puis
le rav Yirmiahou Menahem Hakohen, Av
Beth Din au Beth Din de Paris (et 'hassid
de Belz) qui se succédèrent à la tête de
cette belle communauté.
Depuis le départ de rav Kohen après les
fêtes de Souccoth 5775, au bout de sept
années de fonction, au cours desquelles la
communauté ne cessa de se développer, il
n'y avait plus de rav à Adath Israël.
Il fallait une figure qui maintînt la tradition d'ouverture, en même que l'ancrage
ashkénaze de la communauté ; en effet,
unique en son genre à Paris, cette schoule
ashkénaze non consistoriale a une tradition de bienveillance et d'accueil à l'égard
de toutes sortes de minhagim, des nombreux fidèles séfarades à la forte minorité
Loubavitch, sans parler de ses lamdanim,
de ses grands universitaires, de ses gens
simples qui cohabitent dans une vraie
harmonie.
Après de longues recherches, c'est donc
le jeune rav Chemouel Mortchelewicz qui
y assumait les fonctions de ba'al koré et
de maguid chi'our, qui a été choisi pour
relever ce défi.
Le rav Mortchelewicz a grandi au sein
des institutions Yad Mordekhaï, dirigées
par le rav Katz rue Pavée, puis a étudié à
la Yechivath Ponievezh à Bené Brak. Tout
en poursuivant ses études au sein de Yad
Mordekhaï dans le collel dirigé par le rav
Chelomo Edelstein, il se promet de répondre à l'attente de cette communauté
si attachante, et de maintenir son originalité, qui ne pourra que croître et se renforcer à mesure qu'elle grandira dans le
limoud.
De nombreux rabbanim parisiens ont
assisté à son intronisation. ●
197 ● Juin 2016 │
33
Interview
Interview exclusif :
Comment choisir son école ?
Par Ya'akov Manela
L
e rav David Choukroun
« médiateur » à la municipalité de Jérusalem pour le
public francophone religieux. De
quoi s'agit-il ?
Nous l'avons rencontré, et avons eu
droit, pour l'entrée, à une explication
plus large du système éducatif israélien – exposé très certainement d'une
grande importance pour toute famille
qui pense faire sa 'alia, ou qui l'a déjà
faite et éprouve diverses difficultés à
poser trouver ses repères.
« Comprenons tout d'abord les diverses
options du public qui est le nôtre, au niveau des écoles, avant de préciser mon
rôle – celui de « megacher », de média-
34 │
Kountrass Famille ● 197
teur, responsable de la 'alia française
dans les écoles religieuses, face aux difficultés que nos coreligionnaires peuvent
rencontrer – et elles ne manquent pas :
les enfants peuvent se sentir déphasés
dans les nouvelles structures dans lesquelles on les a inscrits, et les parents
également sont susceptibles de ne pas
se retrouver dans le système local, totalement différent de ce qu'ils ont connu à
l'étranger.
Cela fait déjà une quinzaine d'années
que je travaille dans l'éducation, donnant beaucoup de cours à des enfants
'olim pour les aider, en privé, et à petite
échelle, dans une école à Ramoth et
une autre à Bayith Vegan. Je travaille
également au Va'ad harabbanim dans
le domaine français, connaissant de ce
fait les problèmes sociaux qui peuvent
se poser. Comme je suis assez mêlé à ce
qui se fait dans le domaine francophone,
la municipalité a fait appel à moi pour
que je m'occupe de manière plus large
de notre public. »
Pourquoi les difficultés que vous
évoquez ?
« Les gens qui viennent de France le
font, souvent, pour leurs enfants, afin
qu'ils réussissent mieux dans leur vie de
Juifs. Or il faut savoir que le système pédagogique local ne ressemble pas à celui
de France : là-bas, c'est soit une école
goy, soit une école juive. Il est vrai qu'il
y a des nuances entre les diverses écoles
juives, entre franchement orthodoxes
et bien plus laïques ; toutefois, le point
commun est tout de même qu'elles
cherchent à non seulement enseigner
les lois juives, mais aussi un mode de
vie juif. La majorité des membres de la
communauté sont religieux, et tiennent
à ce que leurs enfants adhèrent, en plus
de leurs connaissances, à cette existence
spécifique qui est la nôtre.
En Israël, c'est différent : les écoles
du système général, mamlakhti, sont
laïques – toutes les matières profanes
sont abordées, mais les études juives
ne prennent pas une grande place. Très
certainement, elles ne visent pas à apprendre un mode de vie. On peut se retrouver avec des enseignants sans kipa
qui donnent des cours de Tanakh, à titre
purement culturel.
Dans le Mamlakhti-dati, les deux pans
semblent abordés. Néanmoins, ce courant est également rattaché aux programmes du ministère de l'Education
nationale ; le public qui les fréquente
émane généralement des couches sociales liées aux partis religieux nationalistes. A priori, ce courant est l'idéal pour
le français qui fait sa 'alia.
Le troisième type d'établissement est
le 'Harédi – religieux, qui ne dépend pas
du ministère, ou très peu. On y enseigne
principalement le kodech.
Les parents français cherchent a priori
à rejoindre le mouvement religieux. Cependant, ils se tournent en majorité vers
le Mamlakhti-dati, qui semblerait plus
leur correspondre. Toutefois, de grandes
nuances existent entre les différentes
écoles de ce type, et dans certaines
d'entre elles, les matières religieuses
sont apprises comme les profanes, sans
la réelle transmission d'un mode de
vie. Quand ces parents ont fait le choix
d'Erets Israël, c'était souvent, effectivement, pour que leurs enfants aillent
de l'avant et soient encore plus à l'aise
dans la pratique du judaïsme. Sinon, ils
auraient plutôt opté pour certaines régions des Etats-Unis et du Canada… Or,
faire passer cette dimension n'est pas
chose facile. Dans le mauvais établissement, les enfants risquent au contraire
de régresser, de subir de mauvaises influences et de tout abandonner ! Ceci
dit, il existe de très bonnes écoles du
Mamlakhti-dati.
Dans le secteur 'harédi-religieux, on
pourra trouver également diverses formules, ce qui est important pour les
Français qui tiennent, envers et contre
tout, à ce que leurs enfants passent le
bac ! Ils ne peuvent pas admettre une
école où l'on dispense, par semaine, une
heure de maths et une heure d'anglais…
Il existe de nos jours suffisamment d'institutions dans ce courant où l'on suit des
études de kodech de très bon niveau,
et en même temps, des enseignements
de 'hol tout aussi valables. Là, quand les
197 ● Juin 2016 │
35
Interview
jeunes arrivent à l'âge de choisir entre
le lycée et la Yechiva qetana, ils ont les
deux possibilités. En France, ce choix-là
se fait en général après le bac. Alors, on
va peut-être se permettre une année de
Yechiva avant de poursuivre les études.
Ici, cette question se pose déjà à une
première échéance, à la fin du « yessodi » (la quatrième, vers les 13 ans), après
la 'hativa bénaïm, et avant le « 'al-yessodi », le secondaire en quelque sorte.
Jusqu'à la classe 'het, toutes les écoles
(hormis les 'hadarim, dont nous ne
parlons pas) fonctionnent avec un programme comportant les deux options,
'hol et kodech. Là, les jeunes sont placés
devant le choix : continuer avec un tel
programme mixte, ou passer au koulo
kodech – à la Yechiva qetana. Dans les
écoles 'harédith, la plupart optent pour
cette dernière possibilité.
Toutefois, il existe depuis plusieurs années, à Jérusalem, des écoles clairement
religieuses qui permettent à leurs élèves
de continuer jusqu'au bac à un niveau
bon et intense dans les deux composantes. Il s'agit d'un nouveau courant
dans les écoles 'harédi, faisant partie du
« Mamlakhti-'harédi », plus ou moins
accepté par le monde 'harédi. »
Tout ceci fait une grande panoplie de possibilités…
« Justement, voilà pourquoi il est
plus qu'indispensable que les parents
se fassent conseiller par des gens les
connaissant, et surtout par des personnes au courant du système israélien,
en mesure de dire quelle école est trop
forte pour eux, et laquelle n'est pas assez religieuse pour leurs enfants.
L'un des éléments primordiaux d'une 'alia réussie est de
savoir se diriger vers des établissements qui conviennent à
nos enfants. Les autres sont :
une parnassa, car on ne peut
pas s'en remettre à la Grâce
du Seigneur, et un lieu où
habiter, car ce choix a une influence essentielle sur l'avenir
de la famille.
Dans le domaine des écoles,
il ne fait aucun doute que Jérusalem est de loin la mieux
desservie, avec des options
très larges. Ailleurs, les choix
sont moins grands et, par
conséquent, les problèmes
s'y avèrent plus difficiles à
résoudre. »
Arrivons-en à présent à
votre poste personnel : celui, fort curieux, de médiateur – « megacher »…
36 │
Kountrass Famille ● 197
« Là, nous touchons à l'une des particularités du système pédagogique local,
en cela totalement différent de celui que
nous avons connu en France !
Les écoles du mamlakhti-dati ont également un médiateur, preuve que ce besoin était partagé, et que la nomination
d'un tel responsable s'imposait.
En France, les enfants vont à l'école
pour la journée, sous la responsabilité
de l'établissement. Les problèmes sont
gérés d'une manière très stricte, dans
un cadre clair et structuré, avec un programme à suivre à la lettre. Si un élève
prend un peu trop ses aises, il est immédiatement replacé dans le droit chemin.
En cas de difficultés scolaires, on met
l'élève au pas, lui rappelant qu'il doit travailler. On ne fera appel aux parents que
dans des cas très graves.
En Israël, c'est totalement différent :
tout d'abord, la proximité est très
grande. Les parents peuvent téléphoner
une fois par semaine à l'enseignant pour
s'intéresser à ce qui se passe avec leur
enfant – en France, jamais de la vie ! Parfois, l'école veut faire passer un message
aux parents, et ces derniers peuvent
facilement ne pas comprendre. Un ton
amical peut être compris comme reposant sur la haine, et provoquer une catastrophe. Néanmoins, cette proximité
existe aussi entre les élèves et les professeurs, et cela fait perdre au nouveaux
'olim toute notion de limites. Bien sûr,
les problèmes de langue, et surtout, les
différences de mentalité, sont énormes.
Un problème plus grave encore : en cas
de difficultés scolaires, ici, on proposera très facilement de faire appel à des
spécialistes en tout genre pour tenter
d'y remédier : des orthophonistes, des
ergothérapeutes, des psychologues, un
auxiliaire de vie scolaire, etc. On pourra
aller jusqu'à suggérer des traitements
– comme la ritaline, un grand classique
local…
Evidemment, toutes ces propositions
parascolaires dépassent largement
l'entendement des parents habitués à
l'école de l'étranger. Là-bas, nul directeur d'école ou enseignant ne leur téléphonait pour leur demander d'envoyer
l'enfant chez un psychologue ! Une telle
démarche choque très fortement les parents français ! Eh bien, ici, c'est courant
et normal, et cela passe bien…
Il faut donc comprendre que toutes ces
initiatives parascolaires sont normalement proposées ici – et elles ont leur
effet.
C'est mon rôle !
Normalement aussi, je dessers les 'olim
récents, mais pas d'illusion : le temps
n'arrange pas forcément l'adaptation
des parents à la mentalité israélienne,
et il peut m'arriver aussi d'aider des familles plus anciennement installées.
197 ● Juin 2016 │
37
Interview
Mon rôle est là essentiel : je dois expliquer les différences entre les deux
mondes, afin que les enfants réussissent
au mieux dans leurs nouvelles écoles,
dans le système qu'ils découvrent. »
Qui a été responsable, à la municipalité de Jérusalem, de prendre
cette initiative ?
« M. Emmanuel Zilberman et Mme Lisa
Cohen. Ils ont compris que le public religieux qui veut s'installer à Jérusalem a
besoin d'une personne qui les connaisse
et qui puisse les aider.
Mme Lisa Cohen, une francophone, est
là pour aider les 'olim dans tous les domaines, pas seulement l'éducation. C'est
du reste une adresse à connaître…
Devora Ségal, une autre préposée
à la municipalité, conseille pour le
mamlakhti-dati.
Justement, le fait qu'une personne ait
été nommée pour cet autre circuit scolaire nous montre encore une fois la
différence entre les deux ensembles :
ici, tout est compartimenté ; en France,
nous avons connu une unité magnifique : dans la même synagogue pourront prier des Sefarades et des Achkenazes, des gens très religieux, et des
gens qui le sont moins ; tout le monde
priait ensemble, et se réunissait au kidouch après l'office.
En Israël, ce n'est pas le
cas : dans les périodes
difficiles,
heureusement, l'unité se fait,
mais au jour le jour,
les divergences sont
énormes : à quel courant appartiens-tu ? Que
fais-tu ? etc.
La municipalité de
Jérusalem a compris le
38 │
Kountrass Famille ● 197
besoin des Français et a décidé, donc, de
placer une personne à ce poste. »
La municipalité de Jérusalem, oui,
et la Sokhnouth non… Car, contrairement à l'intelligence dont fait preuve
la municipalité de Jérusalem, la Sokhnouth n'a pas su prendre de mesures de cet ordre. Ceci lui a récemment valu une grande critique de la
part de certains groupes, critique qui
a frappé également l'un des journaux
francophones, pourtant d'apparence
religieuse, pour avoir longtemps
accepté ses annonces, malgré son
irrespect notoire de l'engagement
religieux de notre public…
Le pire est que la Sokhnouth n'a
même pas compris la nature de la critique qui lui était opposée (son responsable a parlé de reproches quant
aux visées financières de cet organisme – incompréhension du reste
intéressante…) !
La critique elle-même n'a pas forcément été assimilée non plus : on a
parlé de « hachmada », de massacre,
au lieu de « chmad » – incitation à
abandonner la pratique religieuse…
De fait, la Sokhnouth a-t-elle mis en
place un responsable orthodoxe de
la 'alia en France ?
« Tout d'abord, bien sûr, je ne suis pas
un représentant de l'Agence juive, et je
vous invite à vous adresser à son directeur pour de meilleures réponses. Cependant, il faut être clair : ce n'est pas
cet organisme qui dirige les 'olim vers
telle ou telle école. Elle organise tout au
plus des salons de l'éducation, auxquels
participent des représentants des municipalités d'Israël, ainsi que des représentants des chaînes d'écoles.
Toutefois, les dernières séances ne se
sont pas très bien passées, ce qui explique ce mouvement de protestation
contre l'Agence juive. On lui reproche de
ne pas laisser suffisamment d'accès aux
représentants religieux.
Finalement, la question est de savoir
si cette institution est disposée à tenir
compte des particularités du public francophone, ce qui n'est pas évident.
Et il faut dire que, dans le passé, les vagues de 'alia du Yémen ou d'Afrique du
nord n'ont pas si bien été traitées…
Cependant, ce n'est pas ma critique de
la Sokhnouth, très à l'œuvre depuis sa
création, qui va changer les choses.
En revanche, sur le terrain, je suis cer-
tain que le brouhaha en question explicite la présence d'un problème, et la nécessité de se tourner vers des conseillers
dignes de ce nom au moment de la 'alia !
Combien de familles me contactent
aujourd'hui, en me suppliant : « M.
Choukroun, cette école n'est pas faite
pour nous, aidez-nous à passer ailleurs ». Deux appels de cet ordre la semaine dernière ! Ou cette autre famille,
qui avoue avoir choisi une école nonreligieuse, contrairement à ses options
personnelles…
Les gens commencent à prendre
conscience des nuances, et lorsqu'ils
font leur 'alia, ils savent se diriger vers
les groupes prêts à les aider, à part les
représentant dans les municipalités, tels
que Ner Ya'alé de la rabbanith Ovadia,
Lev LeA'him, les gens autour du rabbi de
Kalov, le site de Tsarfat be'alia…
Bien sûr, je me tiens à la disposition du
public, et quiconque cherche conseil ou
aide dans les écoles religieuses de Jérusalem peut me contacter au +972 (0)
54-679-7577 de 9 h 00 à 13 h 00 ou par
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197 ● Juin 2016 │
39
Interview
Questions à Daniel Benhaïm,
le directeur de l'Agence juive,
France
Par Ya'akov Manela
puisqu'on compte 8000 Juifs pour l'an
passé. La proportion de Juifs religieux ?
Si on parle de traditionnalistes à la française, c'est une majorité, nous répond
M. Benhaïm, avec un éventail de pratique assez large. Quant aux orthodoxes,
difficile de donner des chiffres exacts,
bien qu'il soit sûr que cette partie des
'olim est en augmentation également.
Dès lors, se pose à notre esprit la
question : est-ce qu'il y a un délégué
orthodoxe de la Sokhnout en France ?
I
l nous fallait donc tenter de mieux
comprendre ce qui se fait du côté
de la Sokhnout de nos jours – en
particulier pourquoi, finalement,
aucun délégué orthodoxe n'y œuvre.
C'est Daniel Benhaïm, le responsable
de l'Agence juive pour la France depuis 2014, un Français originaire de
Sarcelles, qui a répondu à nos questions.
Nous avons voulu tout d'abord savoir
combien de Juifs de France faisaient actuellement leur 'alia, selon la Sokhnout.
Dans les années 90, on parlait de 1000
par an, puis dans les années 2000, de
quelque 2000. Tout cela est en grande
augmentation ces dernières années,
40 │
Kountrass Famille ● 197
« Il n'y a pas à l'Agence juive de ch'alia'h
'harédi proprement dit ; en revanche, les
trois cheli'him en place sont religieux –
ce qui n'était jamais arrivé auparavant.
Ils sont sensibles à ce monde-là.
Néanmoins, je me dois d'ajouter ceci –
et c'est à ce niveau que beaucoup d'erreurs se sont produites : en ce monde
de choix personnels qui est le nôtre,
chacun est en mesure de savoir vers
quoi il se dirige ! Nous avons un rôle de
placement et, peut-être, pour ceux qui
le désirent, un rôle de conseil. Cependant, on n'est plus dans les années 50 ou
60, où les familles arrivaient à l'Agence
juive et en ressortaient en sachant où
elles allaient vivre, dans quelle école les
enfants allaient étudier et quel métier
le père de famille exercerait… On n'est
vraiment plus dans ce cas de figure. Au-
jourd'hui, on vient chez nous pour avoir
des réponses administratives ; certains
peuvent être éloignés de tout, et venir
demander des conseils, mais la plupart
des gens sont très au courant de la réalité israélienne, et choisiront eux-mêmes
leur parcours.
C'est là, en fait, où il y a un réel « motsi
chem ra' » sur notre travail. On n'accueille pas les gens pour leur faire
abandonner leur chapeau et raser leur
barbe… Ce côté n'existe pas.
La 'alia de France est considérée comme
une 'alia de choix, et les gens savent vers
quoi ils vont. »
Acceptons cela, mais la question
n'en reste pas moins lancinante :
pourquoi finalement n'y a-t-il pas de
délégué harédi dans votre équipe ?
Ne serait-ce pas la meilleure voie
pour desservir ce public comme il le
faut ? Les gens vous font confiance,
ils ont besoin d'un minimum de
conseil, et on leur propose bien chez
vous, ou à côté de chez vous, des
'alioth en groupe à Kokhav Ya'akov,
qui n'est pas fait pour eux. Risque il
y a que sur place, qu'on vienne les
influencer.
« L'Agence Juive ne s'opposerait pas à
un délégué 'harédi. Officiellement, elle
ne cherche pas de délégué selon des paramètres identitaires. Et, si elle cherchait
un ch'alia'h de gauche ou de droite, cela
entrainerait un vrai tollé.
L'Agence juive ne « cherche » pas de
profils précis – et du reste, aucune personne de l'origine dont vous parlez s'est
présentée à nous.
Si l'Agence juive avait une politique différente, on aurait gardé des cheli'him
peu adaptés, comme dans le temps. »
En conclusion, il n'y a pas de vraie vo-
lonté dans ce domaine mais il n'y a pas
d'opposition, même si l'on peut déceler une certaine tendance à chercher à
s'adapter au public. »
Soit, mais, en fin de compte, cela ne
serait pas déplacé ?
« On y a même pensé.
Et on a également voulu organiser un
salon de la 'alia spécial pour le monde
'harédi, mais cela ne s'est pas fait.
Il va de soi, en terme de marketing,
que nous aurions intérêt à ce que notre
service soit conforme aux attentes de
ce public, mais cela ne s'est pas encore
fait. »
Vous avez, à ce sujet, rebondi sur
d'éventuels reproches faits à la
Sokhnouth sur le plan financier. Le
fait en soi nous a surpris ; pouvezvous préciser de quoi il s'agit ? D'un
autre côté, depuis quelque temps,
le Kéren laYedidouth fait de la publicité dans les journaux : cette
fondation aide les 'olim de France.
Où en est la Sokhnouth dans cette
affaire ?
197 ● Juin 2016 │
41
Surtout que la présence de cette
dernière fondation est plus qu'inconfortable : ses fonds proviennent officiellement de sources évangélistes
américaines, même si le nom d'un
certain rabbi Ekstein, son fondateur,
y est mêlé. Comme rav Eliachiv a pu
dire en son temps : il est plus que
gênant que ce soient de tels gens
qui aident la communauté juive. En
effet, cela ne vous dérange pas ?
« Je suis gêné par autre chose : le Kéren
laYedidouth est une association, fondée par un individu, venue diffuser son
image comme si elle était une institution
d'Etat, une sorte d'Agence juive. Tout
aussi généreuse que soit son action, elle
n'a de compte à rendre à personne.
Deuxièmement, toute personne qui
accepte de l'argent du Kéren, n'en doit
pas moins passer pour nous. Le Kéren ne
crée aucun 'olé. En France, on n'est pas
en Ukraine, en Ethiopie ou au Yémen,
et cette fondation chez nous ne permet
pas, en fait, aux gens de faire leur 'alia.
Tout au plus, elle les aide ponctuellement, dans une petite mesure.
De là ma gêne : ces grandes annonces
ont tendance à faire croire que cette
fondation est derrière la 'alia, alors
que c'est faux. Ces sommes d'argent ne
sont pas suffisantes pour que les gens
prennent leur décision.
Pour ma part, je voulais dire encore,
en ce qui concerne le public orthodoxe, que le vrai problème est celui du
passage du monde 'harédi français au
monde 'harédi israélien ! Tous les Juifs
de France, quand ils arrivent en Israël,
perdent un peu pied. Ici, on peut trouver
des enfants dans telle école religieuse,
mais les parents ne respectent pas le
Chabbath, la mère ne se couvre pas la
tête, etc. Quand ils font le pas, la transition n'est pas facile, et l'une des difficultés est de savoir, aussi, où mettre les
enfants. Le monde américain a su créer
ses institutions – Neora, Ma'arava, etc.,
permettant cela. C'est à ce niveau qu'il
faut parvenir à travailler, pour savoir
comment permettre un passage plus
facile au public français, qui n'y est pas
toujours réellement prêt. »
Kéren laYedidouth – en anglais :
The “International Fellowship of Christians and Jews”
Cette fondation a été créée en 1983 par rabbi Ye'hiel Eckstein. Voici deux ans, elle
drainait près d'un demi-milliard de shékels par an… Elle a pour vocation d'aider les
Juifs à se rendre en Erets Israël. L'argent provient en grande partie d'évangélistes
américains, qui voient dans le retour des Juifs en Terre sainte un point important – ils
espèrent également l'adhésion à la fin des temps du peuple juif à leur foi. On imagine
bien qu'avec un tel soutien, cette fondation n'est pas acceptée par tous, loin de là.
Du côté orthodoxe, plusieurs institutions ont accepté son aide, mais cela les a écartées du public religieux. Le rav Eliachiv zatsal a été consulté en son temps, en particulier face à l'opinion du rav Sim'ha Kook de Re'hovoth, qui voulait totalement
interdire tout contact avec cette fondation. Le Grand de la génération a refusé une
position aussi tranchée, et a préféré se contenter de qualifier de gênant le fait d'accepter de l'argent de cette provenance.
42 │
Kountrass Famille ● 197
Appel de rav 'Hayim Kanievski, 19 adar II 5776/2016
Comme, depuis peu, des Juifs arrivant de France inscrivent leurs enfants dans des écoles mixtes, garçons
et filles, je tiens à faire savoir qu'il est évident et clair
qu'il n'y a pas lieu de faire sa 'alia tant qu'on n'a pas réglé auparavant la question de l'agglomération choisie
et de la présence d'écoles dans lesquelles on éduque
les enfants au respect de la Tora et des mitsvoth de
la meilleure façon. Les rabbanim de France doivent
mettre leurs fidèles en garde, et que tous ceux qui
aident à faire rentrer les enfants en provenance de
France dans des institutions de Tora réussissent dans
tout ce qu'ils entreprennent.
conclusions
Hayim Kanievski
Disons, en guise de conclusion : la 'alia des
Juifs de France est une réalité de plus en plus
évidente. Nous devons tout faire pour qu'elle
se conclue par un succès, et non point par
un échec. Or, les dangers sont là, dus en particulier aux différences de niveau entre les
communautés juives de chez nous, et celles
d'Erets Israël. Sans aucun doute, le déphasage
est conséquent, entre un mode de vie juif
français, aussi engagé soit-il, et la vie en Erets
Israël. Il met toute famille qui se rend en Terre
sainte devant des épreuves pas évidentes,
et des questions qu'il n'est pas facile de résoudre – disons clairement que pour arriver
à les surmonter, il faudra déployer des efforts
de persévérance, de communication avec les
enfants et de prise de conseil avec les gens
compétents en la matière.
Ce n'est que de cette manière que l'on
arrivera au but : celui de réaliser une réelle
« 'alia », de grimper sur le chemin menant
vers la montagne du Seigneur.
Les nuances entre le Mamlakhti-dati et les
écoles entièrement religieuses échappent
d'emblée à notre public, mais les chiffres publiés récemment prouvent que ces écoles se
vident, au profit des écoles non-religieuses…
Cela en dit long sur ce qui s'y passe.
Des gens sont là pour aider les 'olim, et il y
en a beaucoup (cf. site www.kountrass.com,
rubrique 'alia – voir la liste proposée par Tsarfat be'alia).
Ce n'est pas le rôle de la Sokhnout, soit,
mais on ne peut que regretter son absence
totale d'effort de ce côté-là, dans ses bureaux
comme lors de ses « salons de l'éducation »,
où elle est pourtant supposée renseigner le
public selon ses besoins. Et que dire quand
des gens liés à cet organisme se présentent comme orthodoxes, et organisent des
groupes se rendant dans des agglomérations
franchement non orthodoxes ? Ou quand on
indique les écoles du Mamlakhti-dati comme
la formule adéquate au public français ? C'est
faux, mais les Juifs de France ne sont pas
capables de le comprendre, à leur arrivée.
Après, c'est trop tard !
La 'alia est une occasion exceptionnelle pour
nombre de nos coreligionnaires d'aller de
l'avant. Souhaitons-leur d'y parvenir dans le
plein sens de ce terme !
R. H. K.
197 ● Juin 2016 │
43
La vie telle qu'elle est
Les jeunes enfants
ont reçu leur père
en cadeau…
J
e sens que je dois raconter mon
histoire personnelle…
J'habite avec les miens dans
l'une des agglomérations religieuses
du centre d'Israël, tout comme bien
des familles nombreuses, et nous y
sommes très contents.
En général, nous
autres, heureuses mères,
sommes
toutes fort
occupées
la journée,
avec nos
enfants.
Du coup,
il n'y a
jamais un
moment de trop. Quand je le puis,
je sors au jardin avec les enfants
l'après-midi, pour qu'ils se dépensent.
Mon histoire comporte deux parties.
La première concerne ma voisine de
palier. Elle rencontre de nombreuses
difficultés, et j'ai l'impression que, pour
une raison quelconque, elle fait passer
sa difficulté sur moi. Elle m'accuse de
ne pas être assez en contact avec elle,
notamment pour la soutenir. Tout le
monde comprend que de nos jours, il
n'est pas donné d'établir des relations
trop fouillées entre voisins, mais elle
m'en voulait beaucoup. A l'occasion, j'ai
senti que je n'en pouvais plus, et je lui
ai expliqué longuement au téléphone
être très prise à la maison et au travail,
et ne pouvoir me permettre d'ajouter
quoi que ce soit à mes préoccupations.
Cela n'a servi à rien : elle a choisi une
allure vexée, et durant deux mois, à
chaque fois qu'elle passait à côté de
moi, elle m'ignorait complètement, et
ne me disait pas bonjour.
Je lui en voulais beaucoup. Qu'avais-je
fait ? Un rav m'a souligné l'importance
fondamentale de lui donner l'impression d'être son amie et de ne pas la
rejeter.
Là, j'arrive au second pan de mon histoire, qui concerne ma famille proche.
Le frère de ma belle-sœur a contracté
une pneumonie classique, et a été
hospitalisé. De manière inattendue, sa
situation s'est détériorée, au point que
les médecins ont décidé de l'anesthésier et de le placer sous respiration artificielle. Les meilleurs médecins, appelés à son chevet, ont envisagé diverses
solutions, toutes sans succès. Ils ont
avoué n'avoir jamais vu un tel cas. Ils
ne pouvaient même pas identifier les
raisons de cette dégradation, et n'ont
pas hésité à recommander à la famille
la prière comme seul recours.
Pendant ce temps, son épouse sentait
son monde s'écrouler. Elle devait ainsi
faire face à une situation très difficile :
la solitude, devant un mari à l'hôpital
dans un état critique, endormi et soutenu par des machines. Elle avait perdu
sa mère un mois auparavant d'une maladie. Elle devait continuer à s'occuper
de ses trois enfants, tout en demeurant
constamment à l'hôpital. Ses jeunes
enfants ne comprenaient pas où leur
père avait soudain disparu, et après
quelques jours ou quelques semaines,
ils lui ont demandé s'il était encore en
vie. Les larmes aux yeux, elle a tenté
de les rassurer et de les renforcer, tout
en soulignant le besoin de prier. Ellemême puisait du courage dans ses propos.
Nous aussi, la famille, nous avons prié
et incité notre entourage à en faire de
même. Cependant, le malade s'enfonçait de plus en plus. Son corps cessait
de réagir, sans aucune raison médicale
apparente. Toute la famille s'en trouvait brisée, et la situation restait incompréhensible.
J'ai alors pris la décision de faire
quelque chose.
Seule avec moi-même, à la maison, je
me suis tournée en pleurs vers le Maître
du monde : « Je vais là agir contre ma
nature. Je n'ai jamais eu l'intention
de faire du mal à ma voisine, mais là,
je vais aller vers elle, pour mon beaufrère ».
Je me suis
rendue chez
elle
et,
dans une
discussion de
quatre
heures,
je me
s u i s
abaissée
d'une
La vie telle qu'elle est
manière qu'il m'est difficile de raconter.
J'ai tout présenté à l'envers : j'ai expliqué que tout provenait de problèmes
que j'avais, et que toute ma famille
souffrait de mon égoïsme et de l'incorrection de ma conduite. J'ai mis toutes
ces heures à lui faire comprendre que
tout était ma faute, et en rien la sienne.
Je me suis placée en réelle infériorité.
J'étais problématique et avais besoin de
son aide. L'effort a été très grand, et je
suis sortie épuisée, les larmes aux yeux.
En même temps, je sentais un bonheur
parfait : je venais de me sacrifier en faveur du rétablissement de notre proche
inerte à l'hôpital, et de ses jeunes enfants qui redoutaient le pire. Pour eux,
j'avais combattu mes penchants.
Le lendemain, ma belle-sœur m'a appelée, en extase. Nul ne savait ce qui
s'était passé, mais la veille,
au courant de la matinée – juste quand
j'étais chez ma
voisine –, son
frère avait
commencé
à respirer
de
luimême.
L e s
médecins n'y
comprenaient rien.
De manière miraculeuse, il se remettait d'un moment
à l'autre. C'était
incroyable. On l'a
défait des appareils
de soutien respiratoire, et il est ainsi
parvenu à se lever
et à marcher, non
sans demander à
pouvoir rentrer chez
lui. Le médecin, plus
que surpris, lui a répondu qu'il n'accepterait que s'il le voyait monter et descendre les escaliers de manière indépendante. A son immense étonnement,
mon beau-frère a ignoré le déambulatoire … pour monter trois étages ! Les
médecins étaient suffoqués. L'équipe
médicale est demeurée totalement incrédule. Peu après, il est effectivement
rentré chez lui, en bonne santé. Il a rejoint son épouse qui l'attendait tant, et
ses enfants qui recevaient là leur père
en cadeau.
Ce grand miracle m'a émue au plus
profond. J'ai senti à quel point le Saint,
béni soit-Il, est sensible à la douleur
de chacun, quelle que soit la situation,
et même si nul n'a voulu la causer. La
force extraordinaire de la soumission
de notre nature peut tout changer.
Par ma simple décision de la réjouir,
ma voisine me propose dorénavant
de l'aide chaque fois qu'elle me voit,
et me suggère divers cercles d'étude
pour m'occuper de mes « problèmes ».
Et là, systématiquement, je sens que
mon attitude a éveillé en Haut lieu des
mérites importants, et je suis heureuse
de mon rôle dans la guérison de mon
beau-frère. •
archeologie
Un trésor vieux de 2140 ans !
U
n trésor exceptionnel a été découvert à proximité de Modi'in,
voisine de l'antique ville où vivaient les 'Hachmonaïm (Asmonéens). Les
pièces datent de leur époque, et avaient
été enfouies sous un mur d'un domaine
agricole par une personne qui devait certainement revenir par la suite, mais qui
n'en a pas eu la possibilité… Cet argent
a donc attendu plus de deux millénaires
pour qu'on le retrouve.
Les seize pièces trouvées remontent à la
fin de la période hellénistique, et ont été
coulées à Tsour, au Liban. Elles portent
l'effigie du roi Antiochus VII et de son
frère, Démétrios le Second.
On y a également remarqué la présence
de plusieurs installations de mikvaoth,
ainsi que l'utilisation de la pierre pour
fabriquer des ustensiles de cuisine, qui
48 │
Kountrass Famille ● 197
ne prennent pas d'impureté. Ce détail est
typique d'un habitat juif de l'époque.
La ministre de la Culture, Miri Régev, a
insisté sur la preuve de la présence juive
à cette période dans le pays qui ressort de
tous ces éléments.
Cette propriété agricole contenait par
ailleurs, dispersées, de nombreuses
pièces en bronze frappées de l'effigie des
diverses personnalités marquantes de la
période : Yo'hanan, Yehouda, Yonathan
et Matithyahou, avec son titre : « Kohen
gadol et dirigeant des Juifs ».
Diverses autres trouvailles prouvent
que cette grande propriété a continué
à fonctionner dans la période romaine
suivante. Divers indices prouvent encore
que, durant la révolte de Bar Kokhba, les
habitants de ces lieux ont renforcé leur
domaine. ●
Sidour Porte Delivrance AP Kountrass 165x240 v04.qxp_Mise en page 1 02/03/2016 10:38 Page1
Rite Achkenaz
Hébreu et Traduction
Format : 14x21cm / 780 pages / simili-cuir
1
Pour la première fois, une édition du Sidour mot-à-mot complet “LA PORTE
DE LA DELIVRANCE” en rites Achkenaz et Polonais. Le Rabbin Wogue avait
commencé à travailler sur un tel projet, il y a de cela plus d’un siècle.
• Beaucoup parmi nous ne comprennent pas la prière qu’ils prononcent.
Aussi, j’ai souhaité vous donner accès à la traduction mot à mot selon nos sages.
• Ce Sidour permettra à nos frères juifs Achkenaze de pouvoir prier l’Eternel
d’un bon cœur, afin d’hâter notre délivrance.
• Il faudra accentuer la lettre qui est en gris (appelée mileêl). Dans le cas où
il n’y en a pas, l’accentuation se fera sur la dernière lettre qui porte une voyelle
(dite milera^), ceci n’aura pas alors à attirer notre attention, car un Français
a pour habitude de prononcer ces mots ainsi.
• Les lois et commentaires ont été au préalable étudiés avant d’être rapportés
en détails dans le but de vous en faciliter la pratique.
ère
édition
2016
PRIX DE
LANCEMENT
28€
Rite Séfarade
Hébreu et Traduction / Format : 14x21cm / 925 pages
4
ème
édition
2016
• Chir haChirim traduit et commenté selon Rachi. • Les michnayote de “Bamé madlikine”
traduites. • La paracha de “Zach’or” traduite et commentée selon Rachi. • Toutes les
traductions et les lois ont été revues et précisées. • Les tah’anounim du lundi, du jeudi
et des jeûnes ont été rapportées selon les différentes coutumes Sépharade. • Une
introduction sur les quatre jeûnes ainsi que la traduction des textes lus ces jours-là.
• Beaucoup de rajouts (comme “mi ch’amoch’a” qu’on lit le Chabat qui précède Pourim)
permettant d’avoir aujourd’hui un Sidour complet.
• Tous les chants de Chabat traduits. • Les couPRIX DE
tumes et les chants des différents rites sépharades.
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197 ● Juin 2016 │
49
Le Grand Dossier qui suit paraît en souvenir de M. Charles Lévy zal.
Quelques lignes en son souvenir.
M. Charles Lévy nous a
quittés il y a un an, quelques
mois après avoir soufflé sa
86ème bougie, et c'est à sa
mémoire que nous dédions
le présent Grand Dossier.
Né en 1926 à Oran, il était
le fils de Yits'hak ben Chelomo Lévy, épicier, également
responsable de la 'Hévra
Kadicha, et de Sim'ha Benzimra, qui consacrait une
grande partie de son temps
et de son énergie à assister
les nécessiteux de la ville.
Il a été élevé dans la simplicité et la émouna. Dès
l'âge de 13 ans, il a œuvré
dans l'épicerie de son père
pour subvenir aux besoins
de la famille. Il a travaillé
très dur toute son adolescence, dans des conditions
modestes, loin des sentiers
de l'école et du Talmud Tora. Sa mère, qu'il a
perdue quand il avait 20 ans, n'a pas pu voir
de son vivant la récompense des efforts de ses
fils.
Pendant sa jeunesse en Algérie, Charles
Lévy a tissé, avec ses frères Joseph et Gilbert,
ainsi que sa sœur Clara, des liens familiaux
sincères et profonds, indéfectibles. C'est d'ailleurs à leurs côtés qu'il repose aujourd'hui à
Jérusalem au Har Hamenou'hoth.
Arrivé dans les années 60 à Paris parmi les
Juifs rapatriés d'Algérie, il a su, grâce à sa détermination, son audace et son sens des responsabilités, se faire une place avec ses deux
frères dans le milieu des affaires parisien. Il a
assumé son rôle de frère intermédiaire dans la
fratrie de manière irréprochable, en témoignant
un respect – peu commun de nos jours – à son
frère aîné, et en veillant toujours sur son frère
cadet et sa plus jeune sœur. Il a été capable,
malgré les mauvais vents qui soufflaient dans
la capitale à l'époque, de rester fidèle aux
valeurs inculquées par ses ancêtres, et de les
transmettre à ses enfants, petits-enfants et ar-
rière-petits-enfants.
Il était le genre
d'homme doté d'une
personnalité bien affirmée qui, malgré un
tempérament bouillonnant, n'en restait pas
moins quelqu'un de
très attachant et qui
savait se faire apprécier de tous. Il répandait le bien et la grâce
autour de lui (en particulier grâce à son sourire si caractéristique
et si communicatif), en
n'hésitant pas à prodiguer de sa personne,
de son temps, de ses
moyens, ou encore à
faire bénéficier de ses
relations pour rendre
service à un membre
de sa famille, de son
peuple, ou même à un
simple étranger. Malgré son âge avancé, son
expérience de la vie et l'exercice de son métier
– dans un milieu malheureusement souvent
vicié –, il a su conserver en lui une part d'enfance et d'innocence qui le rendait particulièrement sensible aux difficultés d'autrui, et qui
lui interdisait de répondre par la négative dès
qu'on sollicitait son aide.
Il a inspiré une grande confiance à tous ses
partenaires tout le long de son parcours professionnel. Il respectait tous les hommes,
quels qu'ils soient, juifs, musulmans, chrétiens
ou athées, pour peu qu'il trouve en eux ce
minimum de dignité et de droiture requis pour
la coexistence et l'échange. Il traitait riche et
pauvre, savant et simple, avec égards et considération. Fidèle à lui-même peu importe où,
peu importe avec qui, il aimait rire et jouir des
choses simples de la vie. Il savait profiter mais
aussi et surtout faire face : c'était un combattant dans l'âme, et il eut d'ailleurs à lutter toute
sa vie sur divers fronts : en particulier celui de
la maladie. Il ne s'est jamais désespéré, n'a jamais baissé les bras. C'est sans doute dans ce
domaine de la Tora qu'il excellait : la lutte contre
le Yétser hara' dans son sens le plus large. Il
utilisait d'ailleurs souvent son humour et le rire
pour tourner le mal en dérision et le dissiper
dès qu'il avait tendance à trop se faire sentir.
Il usait aussi de beaucoup de méthode et de
discipline pour gérer son quotidien, et veillait à
toujours s'imposer des structures et des cadres,
qu'il considérait comme autant d'armes de plus
mises à disposition pour mener à bien la bataille
(« beta'hbouloth ta'assé lekha mil'hama » – Michlé/Proverbes 24,6 – car c'est en suivant des
plans habiles que tu réussiras dans la guerre). Il
avait compris que l'échappatoire aux doutes et
aux tourments de l'âme passait par le mouvement et la productivité ; que la tristesse, résultait bien souvent d'un regard trop égocentrique
sur l'existence, et que le don de soi en constituait un remède sûr.
Il faut avouer que c'est avec amertume et
frustration qu'il se confiait les dernières années
de sa vie sur un point précis : le fait qu'il n'ait
pas eu la chance de recevoir un enseignement
de Tora digne de ce nom, faute du manque de
structure à son époque et dans sa région en
Algérie, mais aussi des priorités qu'il a eu à
gérer malgré lui à un âge assez précoce. Nous
sommes certains qu'il doit cependant éprouver
une pleine et entière satisfaction, en constatant
que les fruits de son travail – quoique profane –,
puissent contribuer encore aujourd'hui à procurer aux autres ce dont lui-même a tant manqué.
Enfin, toute ces ressources en énergie et en
volonté dont Hachem l'a gratifié n'auraient probablement pas pu se traduire concrètement en
réussite matérielle et familiale si, du Ciel, on ne
lui avait pas fait un précieux cadeau de plus :
son aide, sa moitié : la regrettée Jane Lévy,
née Kalfon, qui lui a donné ses quatre enfants :
Lyne, Michel, Dominique et Daniel.
Une dame qui détenait, entre autres qualités,
le secret de savoir conjuguer discrétion et élégance. Une femme qui comme son mari, était
passée maître dans l'art du compromis, recherchant le Chalom et le poursuivant, en société
comme en famille.
Elle a veillé, avec amour et de très près,
sur ses enfants et petits-enfants, et a su faire
preuve, continuellement, envers son mari, d'un
dévouement sans pareil. Elle n'avait de cesse
de l'encourager et de lui faire honneur, tout au
long de sa vie. Puisse leur souvenir nous inspirer et nous guider.
R. L.
L'électricité
dans la Halakha
L'une des découvertes les plus importantes de l'ère moderne réside
sans aucun doute dans l'utilisation de la force électrique présente dans
la nature depuis sa création. Toutefois, sa mise à contribution réelle ne
date que de la fin du XIXème siècle, et il faut attendre le début du XXème
pour la voir investir l'industrie, l'éclairage public et les chemins de fer,
avant de faire irruption dans les foyers.
Ce qui nous paraît, à nous, qui vivons une ère d'Internet global, un
élément évident et naturel de notre entourage, a posé, à son départ, de
nombreuses questions aux décisionnaires juifs. De nombreux ouvrages
ont paru alors à cet égard, et d'intéressants débats ont mis en opposition
divers grands responsables de la Halakha quant à la définition à apporter
à cette nouvelle technicité dans ses différents domaines d'application.
Bien entendu, il a fallu voir comment analyser l'utilisation de la force
électrique le Chabbath, afin de décider si l'on pouvait allumer une lumière
électrique ou non ce jour-là, ou au moins le Yom tov. La conclusion a été
négative à l'unanimité, la question restant juste de savoir à quel titre.
Il a également fallu trancher si l'utilisation de l'électricité pouvait être
considérée comme conséquente à l'acte de la personne, ou s'il s'agissait
d'une force totalement indépendante de soi – et, à ce titre, pouvait-on
considérer que la fabrication de matsoth à la machine répondait encore
Par le rav H. Kahn
aux critères de la Halakha ; la question se pose également dans tous les
cas où l'homme doit créer un objet : préparer des tsitsioth, arranger des
tefiline, etc.
Le problème s'est posé de manière bien plus large en Terre sainte,
quand le Yichouv s'est élargi et que l'électricité locale était produite par
des Juifs : est-ce que leur intervention le Chabbath ne risquait pas de
s'avérer gênante ?
Il nous a semblé intéressant d'étudier, pour une fois, l'électricité dans
la Halakha.
Nous invitons le lecteur à prendre part à notre promenade dans les
fascinants dédales de la loi juive dans ce domaine.
grand dossier
La découverte de
l'électricité
Un bref rappel de l'histoire de avec la matière soient observables depuis le début de la formation de la terre,
l'électricité
Le terme « électricité » provient du grec
ἤλεκτρον, êlektron, littéralement « ambre
jaune ». Les Grecs anciens avaient découvert que frotter ce matériau produit une
attraction sur d'autres objets légers, et
génère parfois des étincelles. Nous y reviendrons.
Bien que les phénomènes électriques
et autres intéractions de l'électricité
54 │
Kountrass Famille ● 197
leur étude, et surtout leur compréhension par les hommes sont relativement
récentes.
Les effets de l'électricité statique et
du magnétisme sont décrits pour la
première fois en l'an -600, par Thalès
de Milet. On doit l'emploi moderne du
terme « électricité » à l'Anglais William
Gilbert (de Colchester), qui distingue
corps électriques et magnétiques dans
son « De Magnete » (1600). Il y note
les lois de répulsion et d'attraction des
aimants par leur pôle, assimile la Terre
à l'un d'eux, puis, établit une liste des
corps électrisables par frottement, après
avoir découvert l'influence de la chaleur
sur le magnétisme du fer. Les premiers
générateurs de charges électriques sont
des machines à frottement.
En 1663, Otto von Guericke, de Magdebourg (Allemagne), construit une forme
primitive de machine électrique : un
globe de soufre en rotation frotté à la
main.
Au XVIIIème siècle débute une période
d'observation et de création d'électricité statique. En 1733, le Français Du Fay
découvre les charges positives et négatives, et observe leurs interactions. En
1745, c'est l'expérience marquante de la
bouteille de Leyde. Coulomb en énonce
les premières lois physiques. En 1750, via
des expériences sur la foudre, Benjamin
Franklin identifie l'électricité naturelle,
canalisée par le paratonnerre. En 1799,
Alessandro Volta crée la pile électrique.
En avril 1820, lors d'un cours à ses
étudiants sur l'électricité, le professeur
danois Œrsted découvre une relation
entre l'électricité et le magnétisme dans
une expérience, qui nous apparaît aujourd'hui comme très simple : un fil parcouru par courant électrique est capable
de faire dévier l'aiguille aimantée d'une
boussole.
Toujours en 1820, André-Marie Ampère, en approfondissant les travaux
d'Œrsted, découvre et formule quelques
lois sur les relations du magnétisme et
de l'électrodynamique.
En 1831, Michael Faraday découvre
que, si le courant produit un champ
magnétique, l'inverse est vrai : on peut
faire du courant électrique en mettant
en mouvement un champ magnétique.
En 1868, la dynamo du Belge Zénobe
Gramme met en application certaines de
ces découvertes.
L'ambre
En 1879, l'ampoule électrique à incandescence de Thomas Edison apporte
une autre façon de fabriquer de la lumière. La même année, la première centrale hydroélectrique (7 kW) voit le jour
à Saint-Moritz (Suisse).
En 1883, Aristide Bergès développe le
concept de houille blanche, avec la première ligne électrique, de Lucien Gaulard et John Dixon Gibbs.
Dès 1889, un fil de 14 km relie la cascade des Jarrauds et la ville de Bourganeuf, dans la Creuse.
En 1891, la première ligne sous haute
tension est construite par l'entreprise allemande Maschinenfabrik Oerlikon. Elle
transportait l'énergie électrique sous
25 000 V à 40 Hz, sur 175 km, entre Lauffen am Neckar et Francfort. Les pertes
ont été seulement de 4 %, ce qui a mis
fin à la controverse entre les défenseurs
du système de transport en courant
continu et ceux partisans du transport
en courant alternatif.
En 1892, la ville Heilbronn (Allemagne)
est la première en Europe équipée d'un
système de distribution en électricité
par un réseau de courant alternatif.
A la fin du XIXème siècle, la production in197 ● Juin 2016 │
55
grand dossier
dustrielle d'électricité devient possible,
et les premières applications techniques
apparaissent : le moteur électrique,
l'éclairage électrique, le télégraphe et le
téléphone.
Dans les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse
sont à l'origine d'intenses spéculations
boursières sur les sociétés hydroélectriques, qui profitent aux implantations
industrielles dans les Alpes. L'électricité
investit l'industrie, l'éclairage public et
le chemin de fer, avant d'entrer dans les
foyers.
Le reste – est histoire…
Le peuple juif et l'électricité
Nos sources ont leur mot à dire dans ce
domaine.
Le terme électricité est traduit, en
hébreu moderne, par 'Hachmal. Pourquoi ? Ce mot apparaît dans la première
prophétie de Ye'hezqel (Ezéchiel 1,4) –
importante, puisque présentant la vision
de la Merkava, du Char divin. Ce phénomène est repris dans le verset 27, puis
dans 8,2) : « Or, je vis soudain un vent
de tempête venant du Nord, un grand
nuage et un feu tourbillonnant avec un
rayonnement tout autour, et au centre,
au centre de ce feu, quelque chose
comme le 'hachmal ». Le mot reste en
hébreu dans la traduction en français du
rabbinat, preuve qu'il pose problème.
Du reste, la Guemara ('Haguiga 13a)
s'étonne que l'on puisse se lancer dans
des explications de ce terme, et rapporte
le cas d'un enfant qui l'a fait : un feu est
descendu du Ciel et l'a consumé ! Ainsi,
face à ces versets de haut voltage relatifs aux secrets les plus profonds – les
notions kabbalistiques sur le fonctionnement du monde lui-même (cf. Malbim
ad loc) – la discrétion est de mise. Toutefois, la Guemara elle-même repousse
la preuve qui semble émerger de cette
anecdote : un enfant, aussi doué soit-il,
n'a pas à pénétrer un tel sujet.
Quant au phénomène désigné par ce
terme, nos Sages, dans la suite de la
Guemara, expliquent qu'il s'agit de créatures qui, quand elles parlent et disent
les louanges du Seigneur (Rachi sur
Ye'hezkel), crachent du feu.
Le Metsoudath David (de rav David
Altshuler, et son fils, qui ont vécu à
Prague à la fin du XVIIème siècle) relève
le fait que le phénomène du 'Hachmal
se dessine au centre du feu, et s'en dégage comme un élément plus fin que le
feu lui-même. L'œil parvient a peine à le
percevoir. Sur le plan de l'idée, ce commentaire ajoute un point intéressant : entre le bien et le mal, tout
provient de la décision divine, et
c'est cette notion qui est désignée
par ce terme, traduction d'un phénomène quasi imperceptible.
Par ailleurs, le mot peut se décomposer en deux termes, 'hach et mal,
ce qu'on peut rendre par « crainte
de parler » (mal = milmoul) : il s'agit
d'un phénomène face auquel le silence est préférable.
Comment passe-t-on de ce
terme, concernant des anges, à la
56 │
Kountrass Famille ● 197
force électrique que nous
connaissons ?
Disons tout d'abord que
ce n'est pas tellement évident que l'on passe de l'un
à l'autre : dans certains milieux, on refuse l'utilisation
du terme hébreu moderne
de 'hachmal, et on ne se sert que de
celui usité dans le monde, l'électricité
(« élektre», en yiddish). En effet, si ce
mot exprime un phénomène que seul
un prophète peut "voir", et ce, dans le
cadre d'une vision exceptionnelle présentant le fonctionnement de la Providence divine dans le monde, il n'est pas
évident de l'employer pour décrire un
phénomène physique de cet ordre, qui
du reste ne peut se remarquer pour le
commun des mortels que grâce à ses
interactions avec la matière.
secrète se retrouve sur nos factures
d'électricité…
Mais passons au sujet qui est en fait le
nôtre : celui des questions qui se sont
posées chez les grands décisionnaires
de notre peuple à la suite de l'élargissement de l'utilisation de cette force de la
nature dans de nombreux domaines de
la vie courante.
Toutefois, comme dit, on
trouve déjà chez les traducteurs de la Septante (il s'agit
des Juifs appelés à Alexandrie
par l'un des rois du nom de Talmaï, au IIIème siècle avant l'ère
actuelle) le mot « électron » (à
comprendre en grec, bien entendu, et non pas sous son sens
moderne, qui en découle évidemment). Dans leur langue,
ceci désigne l'ambre, à la suite
de la découverte par Thalès des
propriétés électrostatiques (la
triboélectricité) de cette pierre
précieuse.
Par la suite, au XIXème siècle,
avec la rénovation de la langue
hébraïque, on n'a pas hésité à
faire appel au mot utilisé par
Ye'hezkel pour désigner la force
électrique. Voici donc comment
ce terme à la teneur hautement
197 ● Juin 2016 │
57
grand dossier
L
a manière dont les grands décisionnaires ont abordé l'utilisation de
l'électricité, nous apporte en elle-même un enseignement précieux : on
trouve de nos jours, malheureusement, des gens qui « résolvent » les
éventuels conflits entre leur vie, leurs habitudes et leurs mœurs d'une part,
et la Tora de l'autre, selon leur compréhension personnelle naturellement
biaisée un tant soit peu par leurs intérêts. Les Grands du peuple juif suivent
une tout autre voie ! Ils tentent de comprendre ce qu'il faut faire d'après
la Tora, en utilisant les règles générales qu'elle nous a indiquées et en les
appliquant dans la pratique. Ce n'est plus l'homme, avec ses faiblesses et
ses petitesses, qui se donne une solution – de facilité, fréquemment –, mais
l'esprit de gens qui ont travaillé toute leur vie à arriver à prendre des décisions objectives et éternelles, qui va permettre d'arriver à des conclusions
– elles aussi éternelles.
Le monde de la Halakha
et l'électricité
Pour les gens de la première catégorie,
on cherchera à faciliter la vie à tout prix,
et l'utilisation de l'électricité le Chabbath
le permet, alors pourquoi pas ?! Il en
58 │
Kountrass Famille ● 197
sera de même chez eux pour le fait d'accepter d'avoir une compagne non-juive,
et pour la plupart des grands principes
de la Tora… « Mon peuple demande des
oracles à son morceau de bois, et son
bâton doit le renseigner (‫ )מקלו יגיד לו‬:
c'est que l'esprit de débauche l'a égaré,
et il se prostitue en trahissant son D' »,
pour reprendre l'expression du prophète
Osée (Hochéa' 4,12) à l'égard d'une telle
philosophie.
Dans le présent travail, nous1 voulons
justement montrer comment nos Grands
de la Tora ont œuvré pour dégager les
conclusions de la Halakha face à un sujet
inédit, qui n'a commencé à se poser qu'à
la fin du XIXème siècle sur le plan pratique.
Ils sont arrivés à des décisions acceptées
par tous et comprises par l'ensemble du
peuple juif comme reposant intégralement sur la sagesse de la Tora.
1
Nous avons suivi ici l'Encyclopédie Talmudique, qui a consacré
un très long travail à ce sujet, réunissant et présentant les conclusions
des auteurs qui ont traité de ces questions. Il a paru même en format
indépendant de l'encyclopédie en 1987. Nous avons utilisé ici assez
largement sa présentation.
Il nous faut préciser, comme les rédacteurs de cette encyclopédie
l'ont fait, que nous n'avons en aucune manière la prétention
de résoudre des questions de Halakha, pour lesquelles il faut
évidemment se tourner vers des rabbanim spécialisés en la matière.
Toutefois, avec le temps, nombre de réponses ont été apportées, et
s'est dégagé un certain consensus dont personne ne discute : on n'a
pas le droit d'allumer la lumière le Chabbath ! Le reste, à l'avenant.
Précisons encore ici, à titre d'introduction, que nous n'avons pas
tenté d'aborder ce sujet sous son aspect plus moderne et plus actuel :
nous parlons là d'ampoules à la mode ancienne, et non point de
néons et autres… La question de faire chauffer le fil dans l'ampoule
n'est plus exacte dans ces cas, et de même pour divers appareils
modernes qui fonctionnent sur d'autres modes. A chacun de vérifier
chez son rav comment se conduire, bien qu'il soit plus qu'évident que
nul ne permette d'allumer un néon (puisque, comme nous le verrons
par la suite, ceci établit un circuit électrique).
De nombreux auteurs se sont intéressés
à la question qui s'est posée quand les
techniques liées à l'utilisation de cette
force de la nature, commencé à concerner tout un chacun : peut-on utiliser le
télégraphe et le téléphone le Chabbath ?
Peut-on allumer la lumière ? Une matsa
fabriquée par une machine qui fait pénétrer la pâte dans le four par une force
électrique est-elle valable ?
Le courant passe-t-il ?
En vérité, la première question des décisionnaires a été de savoir à quel point
un acte effectué à l'aide d'un appareil
électrique, ou en tout cas, grâce à l'électricité, peut être attribué à la personne
qui l'effectue.
Expliquons-nous : pour qu'un acte soit
imputable à la personne, il faut que
ce soit lui qui l'ait fait, de ses propres
mains. Si, par contre, ce n'est qu'en
conséquence d'un premier acte qu'un
second se produit, la responsabilité de la
personne n'est pas forcément engagée.
Un criminel qui prend un pistolet et qui
tire sur une personne se verra évidemment imputer les conséquences de son
acte. En revanche, si une personne ne
fait que déclencher une inondation, et
qu'à la suite de son acte, quelqu'un se
noie, l'inculpation devient de loin moins
évidente. On utilisera, dans nos sources,
la notion de « grama » quand on parle
d'acte indirect, de conséquences plus
lointaines de l'acte de la personne, et
la responsabilité n'est plus engagée de
manière automatique.
Cette notion se trouve bien établie
sous tous les cieux : tout avocat saura
argumenter que son client n'était pas
conscient des conséquences possibles
de ses actes…
En quoi cette question nous concernet-elle ici ? Elle est essentielle : évidemment, si l'on utilise le courant électrique
pour tuer une personne sur une chaise,
on est soi-même condamnable pour
homicide volontaire. Pourtant, il faut
malgré cela encore savoir si cet emploi
d'une force extérieure va laisser à l'acte
toute sa validité, ou si ce qui se passe
une fois le courant établi ne constitue
qu'une incidence lointaine.
197 ● Juin 2016 │
59
grand dossier
Cette question nous concerne par
exemple quand c'est la force électrique
qui fait rentrer les matsoth dans le four
de manière automatique, ou quand c'est
un appareil électrique qui nous sert à
fabriquer des tefilinnes. De fait, alors,
qui nous dit-il que ces actes sont encore
effectués par l'homme ? C'est le courant
électrique qui agit, et non plus l'individu
– ce qui peut rendre ces objets de mitsva
inaptes à l'usage… de mitsvoth
Cette question se pose donc de manière très aigüe dans le domaine des
mitsvoth, et a des incidences importantes. Souvent, le public non averti
l'ignore, et donnera la préférence à des
tsitsioth ou matsoth fabriquées à l'aide
de machines, ou à des tefilinnes où des
instruments de cet ordre sont utilisés. Et
pour cause : les prix peuvent être bien
plus bas que si tout était fait à la main.
Des matsoth « machine », selon l'expression utilisée en Erets Israël, coûtent dans
les 50-70 sh au kilo, contre 150-300 sh
pour les « main »…
Toutefois, disons-le clairement, les
objets de mitsva faits grâce à l'électricité ne sont pas obligatoirement rejetés,
mais risquent d'être de moindre qualité
sur le plan de la Halakha, du fait d'un
doute : qui peut garantir la validité de
60 │
Kountrass Famille ● 197
leur fabrication ?
Pourtant, d'un autre côté, certains rabbanim donnent la préférence aux matsoth faites à la machine : la rapidité avec
laquelle elles sont fabriquées n'a pas sa
pareille, et en cela, elles présentent à
leurs yeux une avantage irremplaçable…
Et, bien entendu, la question la plus
courante est de savoir si l'utilisation de
l'électricité le Chabbath est interdite, et
à quel titre.
Voyons de plus près les principes invoqués pour définir l'utilisation de l'électricité dans le cadre des mitsvoth.
Les actes et leurs incidences
Comme nous l'avons dit la question
préalable est de savoir à quel point l'utilisation de la force électrique identifie
la personne elle-même comme auteur
de l'acte. Cette interrogation fait l'objet
d'une grande discussion, et plusieurs
avis sont en présence à cet égard.
Cependant, nous nous devons d'apporter quelques précisons préalables : deux
cas, établis par la Guemara, servent de
base à toute réflexion (âmes sensibles,
s'abstenir !).
• La « bidka demaya » (Sanhédrin 77b).
Il s'agit d'une personne à laquelle on
aurait lié les mains et les pieds au bord
de la mer, puis aurait fait venir l'eau de
la mer dans sa direction en enlevant le
protège-vague, ce qui l'aurait tuée. Le
criminel n'a pas commis son acte de ses
propres mains, mais aura dirigé l'eau
en direction de la victime. Pourtant,
nos Sages lui imputent entièrement
l'incidence désastreuse de ce geste, et
il risque à son tour l'exécution, si les
conditions sont remplies (témoins, avertissement, présence du Temple, etc.). En
revanche, quand l'eau vient après, en un
second temps, le criminel n'est plus res-
ponsable.
• « Lesalek triss », enlever
le bouclier (même référence)
Là, il s'agit d'une personne
qui lance une flèche en direction de sa victime, pourtant
parée par un bouclier (ou
autre, bien entendu). Quiconque enlèvera le bouclier,
permettant la réalisation de
l'homicide, sera innocenté –
ainsi que la personne qui aura
lancé la flèche ! Pourtant,
il y a mort d'homme ! Mais
comme au moment où la
flèche est partie, elle n'avait
pas la possibilité de tuer, ce
lancer n'est pas considéré comme un
meurtre. Le fait d'enlever l'élément qui
protégeait la victime ne forme pas non
plus un homicide, car il n'y a pas d'acte
mortel positif (si l'on peut s'exprimer
ainsi…). Ce n'est qu'une « grama ».
Il existe quatre définitions de l'utilisation de la force électrique, en fonction des
avis. Elles permettent de savoir à quel degré on peut la considérer comme conséquence réelle de l'acte de la personne.
1/ Certains2 considèrent que si une personne allume la lumière ou un appareil
de ses propres mains, la conséquence lui
sera imputée de manière directe : c'est
elle qui a provoqué cet allumage, même
si elle n'a fait que permettre au courant
de passer ; le Chabbath, cet acte correspond à une profanation de la sainteté de
la journée. Il en va de même quand on
éteint la lumière ou l'appareil. La source
directe correspond au cas de bidka demaya, où également on utilise l'eau de
la mer pour réaliser son dessein. On sera
condamnable bien que l'acte n'ait pas
été commis directement.
D'autres3 s'opposent à cette conclusion
dans le domaine spécifique des actes
interdits le Chabbath. Ils considèrent
que le principe de bidka demaya n'est
pas valable ce jour-là : les transgressions
de ce jour-là doivent être faites directement, ainsi que nos Sages l'apprennent
du verset (Chemoth/Exode 20,10) : « Ne
fais pas de travaux », « un acte [direct]
est prohibé, mais provoquer indirectement une conséquence ("grama") ne
l'est pas » (Chabbath 120b).
2/ Selon un second avis4, l'utilisation
du courant électrique ne correspond
pratiquement jamais à une transgression de la Tora. De fait, c'est le courant
établi qui produit l'action, et qui continue d'œuvrer automatiquement. Par
exemple, quand on met en route un four
électrique, il se peut que le chauffage
des fils ou des plaques soit à imputer à
celui qui allume le four. Néanmoins, la
cuisson consécutive du plat constitue
déjà une conséquence indirecte. C'est
comme les vagues qui viennent une fois
que la personne a enlevé l'élément qui
2
A'hiézer III,60.
Chout Ma'hazé Avraham (de rav Avraham Mena'hem Steinberg de
Brodi, l'un des grands décisionnaires de son temps, décédé en 1928)
Ora'h 'Hayim 42.
4
Kountrass Gram hama'aloth de rav Yits'hak Yehouda Trunck
§ 199 et Ha'hachmal leor haHalakha du rav Chemouel Aharon
Youdelévitch 2,81.
3
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61
grand dossier
protégeait de l'eau de mer, le phénomène sera alors considéré comme une
grama.
En conséquence, d'après cet avis5, dans
un cas de force majeure, s'il faut profaner le Chabbath pour une personne en
danger, il vaut mieux utiliser la lumière
électrique que d'allumer une bougie. De
fait, avec l'électricité, on arrive tout au
plus à une grama, ce qui n'est pas interdit le Chabbath.
3/ D'un autre côté6, le rav Chelomo
Zalman Auerbach considère que le fait
d'établir le courant est de loin plus direct
que le cas de bidka demaya, où aucun
acte n'est effectué directement, alors
que là, on permet au courant d'arriver
tout droit à à la lampe ou à l'appareil, et
il y a lieu de considérer cela comme un
acte direct, donc interdit. C'est à comparer à une personne qui fait un trou dans
un tonneau de vin. Là, en effet, elle doit
évidemment rembourser les dégâts. Le
courant peut passer de façon tellement
immédiate que celui qui le fait est totalement responsable des incidences, ou, si
l'on préfère, c'est comme une personne
qui aurait mené l'eau à l'origine de la
noyade de notre pauvre hère, pieds et
poings liés, plongé dans la bidka demaya
de manière directe.
4/ Un quatrième avis va exactement
dans le sens contraire : il considère toujours l'électricité comme provenant d'un
acte premier, celui de permettre au courant de passer. Il est comparable, à ce
titre, à celui qui retire le bouclier, mais
qui n'effectue pas d'acte direct. En effet,
selon cet avis, la personne qui établit le
courant n'agit pas directement sur celuici, mais établit un pont permettant son
passage ; et en coupant le courant, on
ne fait qu'entraver son passage.
En conclusion à ce stade de notre exposé, nous constatons donc que le sujet
de l'électricité fait l'objet de grandes
discussions entre les Sages. Que faire si
son utilisation n'a été découverte que
tardivement, quand le peuple juif n'avait
plus les grands décisionnaires d'antan ?
Eux auraient sans doute pu arriver à une
conclusion plus tranchée…
Mais ce n'est pas grave : à partir de ces
divers avis, nous allons voir comment la
Halakha va être instaurée – de manière
tout à fait définitive, sans que nul ne
puisse encore se conduire autrement. En
revanche, comme nous l'avons déjà fait
remarquer plus haut dans un cas spécifique, le fait de connaître ces divers avis
peut permettre, dans certaines conditions, d'agir d'une manière plutôt que
d'une autre, mais ce genre de décisions
ne peut être prise que par les grands
décisionnaires.
5
Uniquement d'après cet avis, puisque pour le premier, cette conception n'est pas juste.
Toutefois, la conclusion peut être la même d'après les avis suivants.
6
A nous donc, à présent, de
Meoré èch de rav Chelomo Zalman Auerbach p. 148.
7
Cette conception apparait déjà chez le 'Aroukh haChoul'han, du rav Epstein, dans voir les incidences des divers
Beth wa'ad la'hakhamim I,1, puis de nombreux auteurs, dont le rav Tswi Pessa'h avis en présence, sur le plan de
Franck, le rav de Jérusalem. Le rav 'Hayim Ozer Grodzinski, dans le A'hiézer, écrit
qu'il lui est évident que le 'Aroukh haChoul'han cité ici n'allait pas jusqu'à permettre la pratique.
a priori l'utilisation de l'électricité le Chabbath…
62 │
Kountrass Famille ● 197
Mettons-nous
au courant…
A
près voir montré la variété
des avis sur l'utilisation de
l'électricité par l'homme,
nous pouvons nous intéresser à
présent à ce que cela signifie dans
la pratique.
Remettons à plus tard l'utilisation du
courant électrique le Chabbath, car
d'autres questions se posent, en particulier l'interdiction d'allumer une lumière
ou de faire marcher une machine ; nous
ne voulons ici que préciser les conséquences des divergences d'avis vues
précédemment : est-ce qu'utiliser le
courant électrique s'appelle réellement
commettre soi-même un acte ? Même
si l'homme a quelque part agi, il n'empêche que c'est la nature qui a pris le
relais ; l'acte s'est produit, en quelque
sorte de lui-même. Ceci a une grande importance dans le domaine des mitsvoth,
où parfois, il est nécessaire que l'homme
confectionne les objets oui les aliments
nécessaires .
La fabrication des matsoth
L'une des incidences premières,
concernant l'ensemble de la communauté juive, concerne la fabrication des
matsoth.
On les a de tout temps préparées à la
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63
grand dossier
main. Néanmoins, avec le développement des machines en général, la question de la validité du courant électrique
à cet escient s'est posée, notamment
pour préparer la pâte, ou envoyer les
matsoth, une fois étalées et coupées
(électriquement, bien sûr) en carrés sur
une grille qui se déplace avec une grande
rapidité et qui n'a pas peur de pénétrer
dans le four, puis d'en ressortir avec des
matsoth bien cuites.
Le débat ancien sur l'emploi de la
machine pour fabriquer les matsoth
dépasse notre sujet, et nous lui avons
consacré un article par le passé. De fait,
d'autres éléments s'y ajoutent : l'un
d'entre eux est celui de la validité du travail effectué par la force électrique, et
non par la main humaine. Ici, la rapidité
des opérations fait qu'il n'y a pas lieu de
craindre que la pâte ait fermenté.
Le soir du séder, il faut consommer de la
matsa surveillée pour pouvoir accomplir
la mitsva. La Guemara (Pessa'him 38b
et Rachi ad loc.) exclut l'usage de toute
autre matsa, préparée par exemple
pour accompagner la consommation
de sacrifices spécifiques qui, eux aussi,
entraînent une telle consommation.
Pourtant, il s'agit de la même manière
de matsoth ! C'est donc qu'il faut avoir
l'intention spécifique de fabriquer des
pains azymes pour Pessa'h1. Reconnaissons que malgré le progrès technique, la
force électrique n'est pas en mesure de
se doter d'intentions si saintes…
D'autres permettent cela à condition
64 │
Kountrass Famille ● 197
que l'on allume la machine à chaque
fois, et certains exigent que l'on verse
soi-même la farine et l'eau dans le mixer.
Il se peut que si l'on commence à mélanger la pâte et l'eau de main humaine, et
qu'après cela on termine son mixage à la
machine, cela soit valable.
Ceci, dans l'optique des avis s'opposant
à l'utilisation de l'électricité pour préparer les matsoth. Toutefois, d'autres rabbanim2 acceptent a priori cette attitude,
admettant que l'essentiel pour la fabrication des matsoth n'est qu'uniquement
d'éviter qu'elles deviennent 'hamets.
Selon eux, aucune intention particulière n'est obligatoire. Il est vrai que des
enfants, des sots ou des sourds muets
(à l'époque, on ne savait pas les aider
à comprendre ce qui se passe autour
d'eux, et ils faisaient partie de la catégorie des sots) n'ont pas le droit de se
charger de cette fabrication (ils agissent
à leur guise). Cet auteur considère aussi
suffisant, en termes d'intention, qu'un
Juif fasse marcher la machine pour fabriquer des matsoth (il faut donc que, le
matin, ce soit un Juif qui mette la machine en route).
En conclusion, aucun doute que les
matsoth faites à la main sont de meilleure qualité sur le plan de leur validité
dans le cadre de la mitsva. Cependant,
1
Torath Refaël, du rav Refaël Shapira, Volozhyn, § 73.
A commencer par le rav Malkiel Tennenbaum de Lomza (18471910), l'un des grands décisionnaires de son temps, dans Divré
Malkiel IV,4
2
celles faites à la machine ont un avantage
évident dans le domaine de la rapidité
de fabrication – réduisant notamment le
risque de fermentation superflue.
La fabrication des fils pour les
tsitsioth
Le problème précédent se retrouve
dans le cadre de la fabrication de fils pour
les tsitsioth : il faut en effet qu'ils soient
préparés dans ce but spécifique ; on ne
pourra pas prendre des fils de laine quelconques. Il faut qu'un homme veuille les
fabriquer dans le but de les utiliser pour
la mitsva, ou au moins qu'un homme les
fabrique. Des décisionnaires considèrent
l'action de l'homme, même sans intention particulière, comme suffisante.
Pour eux, avec une machine animée
par le courant électrique, cette condition n'est pas remplie. D'un autre côté,
mettre la machine en route pourrait être
suffisant, si l'on admet tout ce qui suivra
cet acte comme le fait du lancement du
processus.
Techniquement, il est évident que des
fils tissés à la main sont préférables3,
même s'ils sont un peu plus chers.
3
Bien que le Tsits Eliézer (VI,15) rapporte que cette manière de
faire les fils est absolument acceptée sur le plan de la Halakha.
Le remplissage du mikvé par
pompe
Quand il s'agit d'intervenir pour que
l'eau arrive dans le bassin du mikvé, c'est
le contraire qui est vrai : l'intervention de
la main humaine pour verser l'eau rend
le mikvé inapte ! On ne pourra pas utiliser une pompe électrique pour remplir
le bassin, parce que l'on considérera que
c'est l'homme qui est intervenu et qui a
provoqué l'afflux de l'eau. Par contre, si
l'on considère que l'électricité fait marcher toute seule les appareils, on pourrait permettre – autorisation néanmoins
très peu évidente.
Dans les faits, si après le pompage,
l'eau coule d'abord sur une longueur de
trente centimètres de sol, il se peut que
cela soit possible (cf. responsa Seridé Ech
III,88).
Ces trois questions dépendaient des
divers avis rapportés plus haut sur la
manière de considérer l'effet sur le plan
de la Halakha d'appareils animés par la
force électrique.
Pour le Chabbath, toutefois, la démarche de réflexion diffère, comme
nous allons le voir.
Daniel
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197 ● Juin 2016 │
65
grand dossier
L'électricité
le Chabbath
N
ous avons devant nous un
circuit ouvert, l'interrupteur
étant éteint. Une pression sur
le bouton va provoquer l'allumage
de la lumière ou la mise en route
de l'appareil. Nous nous sommes
demandé en un premier temps si la
conséquence de cet acte est le fait
de l'homme, ou indépendante de
lui, n'étant qu'une sorte d'incidence
lointaine, bien qu'automatique, de
ce rétablissement du circuit.
Quand nous nous demandons si
ce genre d'acte est permis le Chabbath, d'autres questions s'ajoutent,
comme nous allons le voir.
66 │
Kountrass Famille ● 197
Mettre au parfum…
Une première conception de l'interdit
susceptible de frapper l'usage de l'électricité le Chabbath correspond à l'interdit général, de générer quelque chose
en ce saint jour – interdit qui ne peut
être qu'imposé par nos Sages. On se
trouve là dans le cas où aucun fil n'est
porté à incandescence. Sinon, la question est plus complexe, comme nous le
verrons par la suite.
Ces auteurs comparent l'établissement
d'un circuit électrique au fait de faire
naître une odeur, « molid » : personne
ne peut contester que le rétablissement
du circuit a une incidence. Un tel interdit
apparaît dans la Guemara Bétsa (23a et
dans Rachi), il repose sur l'arrivée d'une
odeur dans un habit jusque-là sans parfum particulier. Ceci ressemble à un travail, et peut conduire à en effectuer le
Chabbath1. Il en ira donc de même pour
une personne qui a rétabli un circuit
électrique.
Selon cette conception, déjà fort permissive, il pourrait être même autorisé
d'augmenter la force du courant déjà
présent. Cependant, dans les faits, divers
auteurs concluent qu'il n'est pas évident
d'ajouter de nouveaux cas à ceux déjà
interdits par nos Sages.
Difficile d'accepter cette comparaison
avec l'ajout d'une odeur dans un habit…
1
Cette conception est rapportée par de nombreux auteurs, cf.
Min'hath Yits'hak III, § 39.
Aménager un objet
D'autres décisionnaires font appel à la
notion générale de « metaken mané »,
le fait d'arranger un objet, de le faire
passer d'une situation dans laquelle il
n'est pas utilisable, à une meilleure, permettant de s'en servir. Ainsi, réparer une
table le Chabbath est interdit par la Tora
à titre de metaken mané.
De même, quand on restaure un circuit
électrique, on profane le Chabbath à ce
point de vue. En revanche, à le déconnecter, on ne transgresse pas d'interdit
de la Tora, puisqu'il s'agit d'une destruction de l'objet précédemment rétabli.
Construire
lumière ou un appareil, on transgresse
l'interdiction de « boné », construire.
Ceci, d'autant plus, explique cet auteur,
que l'on fait passer le circuit d'une situation où il est mort à une autre où il vit
– au point, du reste, d'être dangereux
pour les vivants.
Que construit-on ? Evidemment, un
circuit, jusqu'à présent déconnecté, qui
va maintenant être rétabli. De même,
quand on coupera le courant, on sera
« soter », on détruira, mais avec l'intention de reconstruire, action également
prohibée par la Tora.
Cet interdit, suivant le 'Hazon Ich, est
peut-être valable même si le courant est
pour l'instant coupé, mais qu'on relie
deux fils pour, plus tard, y faire passer
le courant : dés à présent, la personne
agissant ainsi « construit » en quelque
sorte ce circuit2!
Cette construction est provisoire ?
Le 'Hazon Ich fait appel à l'exemple du
bâton servant aux peintres (« kané chel
sayadim» cité dans Chabbath 47a) : cet
outil est composé de deux parties et,
pour arriver au plafond, l'artisan doit les
assembler. Là, vu l'importance de cette
transformation pour lui, on ne pourra
plus considérer cette action comme
provisoire (toutefois, dans la Guemara
citée, il ne s'agit que d'un interdit de nos
Sages ; voir le Ramban et le Rachba ad
2
Cf. rav Chelomo Zalman Auerbach, fortement opposé à toute
la conception du 'Hazon Ich, dans Min'hath Chelomo I,11, qui
rapporte une telle précision au nom du 'Hazon Ich et de rabbi
'Hayim Greinemann. Tous les auteurs qui se sont penchés sur
cette question, et ils sont nombreux, ne sont certes pas arrivés à la
conclusion du 'Hazon Ich, ce qui prouverait qu'ils s'y opposaient…
Cependant,
la position du
'Hazon Ich est
sans
doute
la plus largement connue :
en allumant la
197 ● Juin 2016 │
67
grand dossier
loc.).
De nombreuses objections se sont levées contre cette conception du 'Hazon
Ich, il faut le dire. L'une d'elles réside
dans la facilité avec laquelle il est possible de faire cesser le contact électrique, et le fait que n'importe qui est en
mesure de le faire – ce qui n'est pas le
cas du réagencement du kané chel sayadim3.
3
Rav Chelomo Zalman Auerbach, Kovets Maamarim be'inyané
'Hachmal beChabbath, 1978, p. 74.
Et encore : cette nouvelle « construction » n'a de valeur que tant que le courant électrique est livré par la centrale ;
il suffit d'une panne pour que toute la
construction s'effondre. Elle n'est donc
pas réelle.
Le circuit n'était pas détruit : il n'était
pas ouvert, mais sa remise en route ne
correspond pas à son rétablissement,
alors que, par exemple, quand on change
les données d'une montre du Chabbath,
dont nous serons amenés à reparler plus
loin, il s'agira d'un réel aménagement,
un « tikoun mané ».
Finalement, dans le langage des gens,
on n'utilise pas des notions de construction, quand une personne rallume une
lampe ou remet un appareil en route.
Comme dit, malgré ces remarques, la
68 │
Kountrass Famille ● 197
conception du 'Hazon Ich reste largement admise.
Notons ici que certains4 ont voulu désigner l'utilisateur du courant électrique,
qui en allumant une lampe ou un appareil, génère un surplus d'usage de cette
force fournie par la centrale, comme responsable direct de la fabrication d'encore un peu plus de courant, à partir de
la combustion de mazout ou autre.
4
Rav Chemouel Aharon Schmoulévitz, Ha'hachmal leor
haHalakha.
Rendre incandescent le fil ou la
résistance
Un autre aspect des incidences de la
fermeture d'un circuit électrique est
celui de porter des fils métalliques à
l'incandescence. Autrefois, avec des ampoules « normales », cette réalité était
évidente : elles chauffaient…
Il en ira de même quand on utilise le
courant électrique pour chauffer des
résistances.
Là, a priori, nous pénétrons une autre
considération : celle de « faire cuire » ou
« brûler » quelque chose (« bichoul »),
ou de faire du feu (« mav'ir »). Les auteurs, à partir de rav Yits'hak Yehouda
Schmelkes (1827-1905 – auteur de responsa du nom de
Beth Yits'hak ; l'un des importants décisionnaires de son
temps), admettent que cette
conséquence est tout à fait
réelle sur le plan de la Halakha, et s'inscrit donc dans
l'une ou l'autre des catégories
d'interdits le Chabbath.
Là, cette incandescence ne
vise pas à renforcer le fil métallique, mais cela ne change
rien à l'interdit.
En effet, quand on parle dans la Halakha de faire chauffer du métal, cette
action est évoquée quand elle est effectuée dans le but spécifique de renforcer
sa solidité. Si, par contre, on dépose une
casserole ancienne et vide sur le feu
sans vouloir entraîner une consolidation
de cet ustensile (on parle de métaux
d'antan – de nos jours, cette consolidation est moins utile), cela est permis. En
allumant une ampoule, a priori, on ne
cherche jamais à la renforcer.
Toutefois, le réchauffement du fil
consécutif à l'allumage peut justifier
qu'on considère ce changement comme
répondant aux critères de « bichoul »,
cuisine, ou de « mav'ir », allumage.
Dans cette nouvelle optique, augmenter la force de la lumière ou l'éteindre
n'est peut-être pas interdit par la Tora
(on ne cherche pas à obtenir du charbon
de bois comme à l'époque, avec le « bichoul » tel qu'il était pratiqué alors…).
Puis, si la question est posée par rapport aux lois de Yom Tov, en termes de
« bichoul », de cuisson, puisque ce jourlà, une telle action est permise, certains
ont voulu autoriser autrefois d'allumer la
lumière électrique ce jour-là. ces avis ont
été très fortement critiqués, car basés
sur une méconnaissance de la réalité :
le fil dans l'ampoule éteinte ne « brûle »
pas, et l'allumage le rend incandescent ;
or il n'est pas permis d'allumer à Yom
Tov un feu à partir de rien, d'allumettes
pour nous. On ne peut qu'utiliser un feu
déjà existant pour en allumer un autre,
ou un gaz.
De toutes manières, si l'allumage d'une
lumière est interdit à titre de boné, cela
ne sera pas plus permis à Yom tov…
pour le lecteur, et que les éléments
présentés lui auront permis de constater qu'il y a eu, depuis que le problème
s'est posé, un effort sérieux pour définir
le cadre de l'utilisation de la force électrique selon la Halakha.
On se dira : tant de questions, tant de
doutes ? Non, et nous allons voir que,
sur le plan de la pratique, malgré ces
nombreuses questions, les conclusions
sont là, partagées par l'ensemble des
Juifs pratiquants.
Cela, dans l'article suivant.
Là, nous arrivons à la fin de la partie
théorique de notre exposé. Nous espérons qu'elle n'aura pas été trop aride
197 ● Juin 2016 │
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grand dossier
L'utilisation de la
force électrique dans
la pratique
I
l se peut que la découverte de
l'électricité, par son apport immense aux capacités de l'humanité soit l'une des plus importantes
du monde moderne. Notre vie en a
totalement changé, d'une manière
inouïe : que de charges pesaient
autrefois sur le foyer, pour cuisiner
et laver le linge, pour s'éclairer et
conserver les aliments. Tout cela
est devenu d'une facilité extrême,
que l'Eternel en soit béni !
70 │
Kountrass Famille ● 197
Cependant, aussi simple que soit son
utilisation, son application ne peut être
universelle. Ainsi, l'électricité n'est pas
de mise dans le domaine des mitsvoth
(par exemple, pour allumer les bougies
de Chabbath), et moins encore durant le
septième jour lui-même.
Dans le cadre des mitsvoth
Nous avons parlé de la possibilité d'utiliser des appareils électriques pour
fabriquer certains objets de mitsva, et
avons livré des conclusions. Rappelonsles pour mémoire.
• Les fils de tsitsith, et les tefilinnes –
les doutes quant à la valeur de tels objets
de mitsva fabriqués à l'aide de machines
sont réels. Il est bon d'éviter en conséquence d'acheter des tsitsioth faites à la
machine. Leur mode de fabrication est
pratiquement toujours indiqué sur les
paquets, ou sur le talith si on l'achète
avec les fils. Sinon, on peut demander
au vendeur. C'est en tout cas une bonne
chose (un « hidour ») que de ne prendre
que des tsitsioth tissées à la main. Il en
sera de même pour les tefilinne.
diverses questions se sont posées à cet
égard : grosso modo, peut-on passer à ce
nouveau mode d'éclairage ?
• Des lumières électriques à la place
des bougies de Chabbath ? Divers auteurs1 se sont demandé si 1 A partir du Chout
l'on peut procéder à l'allu- Beèr Yits'hak, de rav
Schmerlkes,
mage des bougies avec des Yits'hak
Y. D. I § 120.
lampes électriques. Beau-
• Les matsoth : c'est déjà plus compliqué : il se peut qu'à partir du moment
où une personne surveille le bon déroulement de l'affaire, le fait qu'elles soient
envoyées au four par une grille ne gêne
pas réellement. Il en irait de même pour
la fabrication de la pâte. Du reste, certains rabbanim donnent la préférence
à ce genre de matsoth, confectionnées
avec une rapidité incomparable. Souvent, le public prend des matsoth faites
à la main pour le soir du séder, et des
matsoth faites à la machine pour le reste
des jours de Pessa'h.
• Le mikvé reste l'affaire de spécialistes ; nous n'en parlerons donc pas
ici. Pourtant, rappelons simplement
que l'ancien mikwé de Paris, passage
de Joinville, reposait sur un système de
pompage électrique, et avait été permis
par les autorités rabbiniques locales de
l'époque, au lendemain de la Shoah.
Cependant, le rabbi de Satmar, alors à
Paris, avait contesté cette décision avec
virulence.
L'électricité à la place des bougies ?
Quand la lumière électrique a commencé à remplacer les antiques bougies,
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grand dossier
coup concluent par l'affirmative, mais
d'autres réservent une telle procédure à
des cas de force majeure2. 2 Ha'hachmal leor
D'un côté, ce qui nous haHalakha, du rav
importe, c'est qu'une lu- Youdelévitz.
mière soit allumée pour
le Chabbath, même si l'allumage n'est
pas le fait direct de la personne. De plus,
si l'on assimile le fait de porter à incandescence le fil de l'ampoule à un allumage, on pourra permettre d'allumer
une ampoule classique à la place d'une
bougie (cela ne serait pas le cas pour un
néon ou l'une ou l'autre des ampoules
actuelles).
Pourtant, ce n'est pas évident, et on ne
pourra donc effectuer cet allumage qu'en
cas de force majeure. L'une des raisons
invoquées est une intéressante discussion, dans les Tossafoth sur le 'Houmach
(Wayikra/Lévitique 24,2), envisageant
que l'on ait une pierre précieuse lumineuse pour Chabbath : d'après un avis, il
n'y a pas besoin, dans un tel cas, d'allumer des bougies. Cependant, rabbénou
Tam s'y oppose, « parce qu'il y a une
mitsva d'allumer des lumières spécialement pour le Chabbath ». Si c'est ainsi,
on revient à la problématique précédemment rappelée – celle de savoir si
on peut faire une mitsva via le courant
électrique, cette force qui échappe à nos
actes.
Dans ce même sens, certains ont ajouté
que, finalement, le courant électrique
provient d'un quidam (théoriquement
non-juif, mais nous en parlons par la
suite) travaillant à la centrale électrique,
et non dans le privé. Comment, dès lors,
la dame qui allume ses lampes électriques peut-elle dire la bénédiction sur
son geste ? Et si c'est un Juif qui est à
ce moment responsable de la centrale,
son intervention n'est pas licite, et cette
mitsva faite à la maison repose sur une
'avéra…
72 │
Kountrass Famille ● 197
• Le ner de la Havdala : si déjà, pourquoi ne pas utiliser une lampe électrique
pour faire la Havdala ? Certains3 l'ont
permis – toujours s'il s'agit d'une ampoule classique, avec un fil métallique
qui devient incandescent. Toutefois,
d'autres avis s'y opposent : il n'y a pas
de vraie lumière, même dans ce cas-là,
mais un métal incandescent – comment
peut-on dès lors dire « Qui a créé les
3
Parmi eux, le Tsits Eliézer (I,20,13) – à noter qu'à ce sujet, on
rapporte que rabbi 'Hayim Soloveitchik, ou rabbi 'Hayim Ozer
Gorozinski de Vilna, auraient agi de la sorte, ainsi que le Tsofnath
Pa'anéa'h.
Une lampe à incandescence classique
lumières du feu » ? Un autre reproche
est fait à une lumière de cet ordre : elle
est toujours couverte par du verre, alors
que le feu d'origine, créé par le premier
homme le premier motsaé Chabbath, ne
l'était pas4. On reproche 4 Yabia' Omer I, O.
également à la lumière des H. 17 et 18.
ampoules de ne pas présenter divers faisceaux, contrairement à
celle de feu. il manque donc la notion de
pluralisme des « lumières du feu ».
• Les bougies de 'Hannouca : là,
contrairement aux cas précédents, l'interdiction d'utiliser une lumière électrique est votée à l'unanimité ! Diverses
raisons sont invoquées : il n'y a ni huile
ni mèches ; il faut sans doute que l'élément qui brûle soit transformé en poussière, comme le matériau qui se consumait au Temple ; un vrai feu est requis ;
la personne doit allumer d'elle-même,
et non par l'intermédiaire d'une pression sur un bouton et de la fermeture
d'un circuit ; le réservoir doit contenir
assez d'huile pour faire brûler la bougie
durant une demi-heure au moins, alors
que là , il n'y a rien ; le fil électrique n'est
pas dressé comme une bougie, mais ressemble plutôt à une torche, dont l'usage
est interdit pour 'Hannouca. Toutefois,
certains auteurs repoussent toutes ces
bonnes raisons de prohiber l'utilisation
de lampes électriques à 'Hannouca –
mais il faudra au moins que ces lampes
soient placées ailleurs qu'à la position
classique des bougies5. 5 Id. III,35.
Cette solution semble s'imposer pour une personne
qui effectue un long voyage en avion
durant 'Hannouca et n'a personne chez
soi pour allumer à sa place : allumer une
lampe de poche à côté de son siège…
lampe électrique,
à condition de
pouvoir la faire
pénétrer dans les
moindres recoins
de la maison. Toutefois, le peuple juif
préfère agir selon la
coutume authentique, avec une
bougie en cire6!
6
Che'arim metsouim beHalakha ad loc., qui précise que rav
Aharon Kotler était de cet avis également.
La question se pose, en revanche, de
savoir s'il faut ou non éteindre la lumière
électrique lors de la bedika, puisqu'elle
nous éclaire comme en plein jour. Or,
justement, la bougie est utilisée le soir,
son effet reste optimal. Ainsi, la lumière
produite par l'électricité ne semble pas
parvenir à s'immiscer dans les moindres
recoins de la maison aussi bien que la
bougie. On ne serait pas tenu d'éteindre
le courant.
• La bedikath 'hamets : il faut une
bougie, et la torche est exclue – donc
il semble bien possible d'utiliser une
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73
grand dossier
• Le ner nechama : arrivons-en au dernier des points à soulever à propos de
ce remplacement de l'antique bougie
par des lampes électriques : peut-on
allumer une telle lumière en souvenir
d'un proche disparu, durant l'année de
deuil, ou au Yahrzeit ou hiloula (jour de
commémoration annuel) ? On a voulu
dire que des lampes allumées dans la
synagogue en l'honneur de la Présence
divine, un peu comme dans la Menora
au Temple, sont mieux en bougies (ou,
à dire vrai, en lampes à huile) ; en revanche, celles destinées à éclairer les
étudiants sont évidemment de meilleur
effet quand elles proviennent de la lumière électrique. Elles deviennent donc
préférables sous cette forme.
Cependant, c'est surtout sur l'utilisation de l'électricité le Chabbath que
nous allons devoir nous pencher.
L'électricité le Chabbath
Les principes décrits plus haut nous
permettent de conclure un certain
nombre de points sur l'utilisation de la
force électrique le Chabbath.
Aucun doute au monde que l'allumage
du courant électrique pour s'éclairer ou
faire fonctionner n'importe quel appareil est strictement interdit, pour une
raison qui nous importe peu : cela peut
être, pour le 'Hazon Ich, le fait de fermer
un circuit ou, selon d'autres, d'amener
des fils à incandescence. Cet interdit
n'est peut-être dans cette seconde optique que de l'ordre de nos Sages, mais
pour le premier avis, il est édicté par la
Tora. L'un dans l'autre, le Chabbath doit
rester pour nous un jour durant lequel
nous ne faisons pas de travaux constructifs…
Il en sera de même quand l'utilisation
du courant électrique n'entraîne pas
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Kountrass Famille ● 197
d'allumage de lampe de style ancien,
avec incandescence de fils, du fait
de la position du 'Hazon Ich, et de la
« construction » d'un circuit. Ainsi, les
néons, lumières modernes et autres
sont également interdits d'allumage le
Chabbath.
Le courant électrique ne provient en
général pas ex nihilo : pour chaque
unité, il faut que brûle encore un peu
de pétrole ou de gaz à la centrale. Ainsi, à chaque usage supplémentaire, la
personne elle-même entraîne la combustion du carburant, action tout à fait
interdite le Chabbath !
Voyons à présent diverses indications pour certaines questions
spécifiques.
• Le thermostat : l'ouverture de la
porte d'un réfrigérateur7 entraîne que
7
Ceci, à condition que la lampe de l'intérieur du réfrigérateur ne
s'allume pas avec l'ouverture de la porte, car alors, son usage devient
totalement interdit.
le thermostat remet le moteur en route
plus rapidement, s'il est éteint, ou pro-
longe le temps qu'il devra prendre pour
refroidir à nouveau l'atmosphère dans
cet appareil ; on trouve encore bien
d'autres cas où intervient un thermostat,
comme par exemple les climatiseurs.
Divers avis ont été émis à cet égard –
mais disons d'emblée que l'on trouve en
Erets Israël divers modèles de réfrigérateurs permis a priori, et d'autres sur
lesquels il est possible de faire installer
un mode de fonctionnement « du Chabbath ». Le thermostat est alors neutralisé. Pour éviter que l'appareil fonctionne
sans arrêt, il faut ajouter un minuteur, et
fixer des intervalles de fonctionnement
et d'arrêt.
Certains permettent son ouverture
quand le moteur ne marche pas, parce
qu'il n'est pas évident que l'air chaud
qui pénètre dans le réfrigérateur va automatiquement provoquer sa mise en
marche8.
7
On revient à la bidka demaya déjà vue, mais quand la vague n'est
provoquée qu'en un second temps.
D'autres donnent la préférence au
moment où le moteur est en marche,
parce qu'alors, on n'entraîne rien, si ce
n'est une prolongation éventuelle de sa
durée de fonctionnement. De nombreux
auteurs permettent ce « grama », cette
conséquence indirecte.
mettent de fixer à quels moments le courant passe. Aucun doute qu'il est permis
de l'utiliser durant le Chabbath, mais
quand on désire changer une heure, ou
en fixer une autre, diverses questions
se posent quand une personne change
l'heure prévue, ou introduit un nouveau arrêt/départ de fonctionnement de
l'appareil ou de la lumière, qui dépend
des mouvements de cette horloge. Une
seconde question se pose également
quant à la fixation d'un nouveau temps,
à l'aide du changement effectué : il se
peut qu'en arrangeant l'horloge, on procède en fait à un « tikoun mané », à une
amélioration de cet ustensile, puisqu'à
présent, il répond mieux à notre besoin,
ou à un « binian ». On aura « construit »
cet appareil en fonction de nos besoins.
L'un dans l'autre, il est évident qu'il faut
absolument éviter de régler une telle
horloge le Chabbath !
• Le réfrigérateur : sans doute aucun, il
est permis d'utiliser cette boîte gardant
nos aliments au frais, mais la question
concerne son ouverture durant le Chabbath.
D'abord, il faut s'assurer que la lu-
• Le problème avec un climatiseur ou
un chauffage à thermostat est du même
ordre, bien que se posant différemment : avec ces appareils, a-t-on le droit
d'ouvrir la fenêtre ou la porte, puisque
de l'air chaud ou froid va pénétrer dans
la pièce ? Oui : l'influence est moins directe dans une grande pièce que dans
une enceinte aussi restreinte que celle
d'un réfrigérateur.
• Les minuteries du Chabbath : électriques la plupart du temps, elles per197 ● Juin 2016 │
75
grand dossier
A défaut, il est possible de demander à
un électricien d'installer une possibilité
de neutraliser le thermostat quand on le
veut, et de gérer l'allumage et l'extinction de l'appareil à l'aide d'une horloge
(car on ne peut pas le laisser fonctionner tout le Chabbath sans arrêt – le froid
serait trop intense).
mière ne s'allume pas quand on ouvre
la porte. De fait, même si cet allumage
n'est pas provoqué directement, il
s'effectue automatiquement, « pessik
récha », et cela est interdit. En cas de
doute, il se peut qu'il soit tout de même
permis d'ouvrir la porte de l'appareil,
mais pas de la refermer, si ce n'est en
demandant à un non-Juif de le faire.
Il en ira de même si un ventilateur se
met en marche automatiquement quand
on ouvre la porte du réfrigérateur.
L'ouverture permet à l'air chaud de pénétrer dans cette enceinte. Nous allons
amener le thermostat à réagir pour corriger la situation, et restaurer le niveau
de froid voulu. De la sorte, on entraîne
le moteur à fonctionner plus longtemps.
Divers avis existent à cet égard. Le plus
populaire, est celui consistant à permettre d'ouvrir la porte quand le réfrigérateur est en marche : alors, notre
acte n'engendre pas directement le démarrage plus ou moins immédiat du moteur. Cependant, bien entendu, cela est
assez astreignant. De nos jours (en Erets
Israël…) sont proposés des réfrigérateurs où ces questions ne se posent pas.
76 │
Kountrass Famille ● 197
• L'ascenseur : quand on se rend dans
cette cabine, son moteur doit travailler plus, chaque personne ajoutant du
poids, et donc de l'effort technique. De
ce fait, même si un non-Juif a appelé
l'ascenseur et appuie sur le bouton pour
fixer l'étage à atteindre, ou que l'appareil fonctionne automatiquement, s'arrêtant par exemple à chaque étage – et
que l'œil électronique a été neutralisé,
voir par la suite –, il reste encore un problème essentiel : celui de notre seule
présence dans l'ascenseur. En conséquence, son usage le Chabbath est très
délicat sur le plan de la Halakha. Il existe
toutefois des aménagements spéciaux,
grâce auxquels l'appareil fonctionne à
fond, quel que soit le nombre de personnes à bord. Une autre question a été
posée : l'autorisation d'utiliser l'ascenseur le Chabbath ne risque-t-elle pas
d'entraîner une certaine latitude plus
générale ?
L'un dans l'autre, le recours ponctuel à
de tels appareils nécessite la consultation
d'une autorité rabbinique conséquente.
Indique que cet ascendeur est sur mode "Chabbath"
• Le téléphone : l'appareil est inerte
tant que nous ne l'avons pas activé, en
l'enlevant de sa base ou en appuyant sur
ses touches ; en le mettant en marche,
nous rencontrons l'un ou l'autre des éléments interdits : soit nous entraînons
l'allumage d'une lumière, soit nous rétablissons un circuit, soit nous redonnons
vie à un instrument auparavant hors
d'usage – le tout rendant le téléphone
interdit le Chabbath, sauf cas de force
majeure, danger grave et autres.
• Le haut-parleur : les diverses incidences sur le plan de la Halakha provenant de la mise en marche d'un hautparleur sont présentes également dans
ce cas, mais s'ajoute l'interdiction de
faire résonner du bruit (« machmia'
kol »).
• Les radios, enregistreurs et lecteurs
divers : leur utilisation est évidemment
exclue, pour les raisons évoquées pour
le haut-parleur.
En cas de danger en Erets Israël (que D'
nous en préserve !), on a mis en place,
à plusieurs reprises, une chaîne silencieuse : le public intéressé pouvait laisser la radio allumée sur cette longueur
d'onde, et elle était alors animée en
fonction des besoins, avec une alerte,
puis des instructions adéquates.
Et préparer la radio (nous ne parlons
pas de TV pour d'autres raisons…) pour
écouter le déroulement d'un match de
foot important, et en savoir les résultats le jour même ? Pas du tout évident :
même si l'utilisation d'une horloge permettant d'allumer un appareil et de
l'éteindre automatiquement durant le
Chabbath est parfaitement permise, le
fait de mettre en route la radio a le défaut d'entraîner qu'une voix se fasse entendre, détail prohibé par nos Sages. Ce
serait comme déposer des grains avant
Chabbath, et laisser le moulin continuer
de les broyer grâce à l'eau durant la journée, ce qui est interdit.
En outre, une telle conduite va évidemment à l'encontre de l'esprit du Chabbath, un jour de repos et d'étude, et par
là même, une expérience de Kedoucha,
de rapprochement du Créateur.
Toutefois, il existe des avis permissifs,
et si la question se pose, il faut consulter
un rav compétent.
Nous espérons avoir à peu près fait le
tour des questions relatives à l'utilisation de la force électrique dans le cadre
de la Halakha.
S'impose à nous de consacrer encore
quelques paragraphes au problème du
profit d'électricité fabriquée le Chabbath par des Juifs, question qui se pose
en Erets Israël avec intense accuité…
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grand dossier
L'électricité
fabriquée le Chabbath
par des Juifs
E
n Erets Israël comme partout ailleurs, les centrales électriques
doivent fournir du courant le
Chabbath également. Or, cela ne peut
se faire qu'avec la surveillance continue
et l'intervention constante de responsables, juifs pour la plupart. De la sorte,
une question se pose : peut-on utiliser
le courant électrique, fabriqué d'une
telle manière ?
Disons d'emblée que la plupart des utilisateurs s'en servent – nous allons voir
sur quoi ils font reposer leur conduite
–, mais que l'on compte quelque 30.000
78 │
Kountrass Famille ● 197
familles dans le pays qui donnent la
préférence à des générateurs privés et
indépendants, pour éviter ce problème.
Le travail du non-Juif
En fait, il serait faux d'admettre que le
travail d'un non-Juif effectué en notre
faveur est permis ! Cela n'est pas le
cas : « Un non-Juif […] qui a allumé une
bougie pour un Juif, ce dernier n'a pas
le droit de s'en servir » (Michna dans
Chabbath 122a). On ne peut être plus
explicite.
Cet interdit prononcé par nos Sages
concerne tout le monde, même les
autres Juifs, pas visés par ce travail. De
fait, on risque d'en venir à demander au
non-Juif de manière directe d'effectuer
des travaux le Chabbath.
Cet interdit est valable quelle que soit
la nature du contrat avec le non-Juif.
De la sorte, le fait que des non-Juifs
soient employés par la compagnie
d'électricité juive ne nous donne pas
pour autant le droit de nous servir du
produit de leur travail.
A l'étranger, bien entendu, la question
se pose différemment : comme l'électricité est fabriquée par l'intermédiaire de
non-Juifs pour l'ensemble de la population, elle-même généralement en majorité non-juive, son utilisation est totalement permise.
« fabriqué » par l'intermédiaire de ces
employés juifs. De fait, automatisme
aidant, il se peut que l'on ne doive pas
parler réellement d'intervention de
l'homme au fil du Chabbath.
Dans la pratique, le courant est également fabriqué pour répondre aux
besoins réels des hôpitaux et des personnes en situation de danger, se trouvant chez elles, partout dans le pays, et
dont la vie dépend de ce service. Il se
peut que même des jeunes enfants, de
nos jours, aient besoin de produits alimentaires conservés au frais dans les
réfrigérateurs, ce qui justifie également
la profanation du Chabbath en leur faveur. De nos jours, l'éclairage dans les
rues permet également d'éviter bien des
accidents...
Le problème posé par le travail A partir de ces besoins indispensables,
il se peut que l'ensemble de la populade Juifs le Chabbath
A plus forte raison, le travail d'un Juif
sera-t-il interdit le Chabbath (Chabbath
38a), en particulier quand il est effectué
de manière volontaire ! Il se peut que
le résultat soit permis après Chabbath,
mais certainement pas le jour même.
De plus, quand nous nous en servons,
nous faisons trébucher le Juif en question, dans la mesure où notre consommation le fait travailler un peu plus,
quand bien même cela soit de manière
infinitésimale par rapport à la consommation d'une ville tout entière.
tion puisse profiter de manière licite du
courant électrique fabriqué le Chabbath.
C'est sans doute sur ces considérations
que la majorité du public se repose pour
l'utiliser en Erets Israël.
Cette conception ne fait toutefois pas
l'unanimité (cf. Igueroth Moché du rav
Moché Feinstein IV,127, entre autres).
De plus, il y a profanation du Nom divin
à ce qu'on fasse reposer notre alimenta-
Là se pose toute la difficulté de l'utilisation de l'électricité durant le Chabbath
en Terre sainte.
On a tenté d'apporter diverses réponses
à ce problème.
Sur le plan technique, il faut savoir
à quel point le courant électrique est
197 ● Juin 2016 │
79
grand dossier
tion en courant électrique sur le travail
de Juifs, quand bien même ils œuvrent
pour des hôpitaux et des malades ('Hazon Ich Ora'h 'Hayim. 38,4).
Des générateurs privés
Dans
divers
quartiers
religieux
d'Israël,
la tendance est
de plus à plus à
installer des générateurs privés
– des groupes
électrogènes indépendants. Ils
permettent de
fournir un courant électrique
de qualité équivalente à celle
du circuit normal
durant tout le
Chabbath, même quand un jour de fête
le précède ou le suit.
Pour la
Refoua cheléma de
• 'Hanna bath Guila
Maman
• Myriam bath 'Hanna
• Mon épouse
Zenia Haya bath Hélène
Par Yaacov Boronski
80 │
Kountrass Famille ● 197
Depuis quelques années, des systèmes
d'alimentation à base de batteries que
l'on charge au courant de la semaine,
et d'appareils qui permettent un retour
au voltage normal offrent la possibilité d'avoir chez soi son propre courant électrique.
L'installation de
ces
batteries
n'est certes pas
très aisée : elles
prennent beaucoup de place,
et l'opération est
assez onéreuse à
la base. Cependant, sans doute
aucun, c'est la
solution la plus
souhaitable sur
le plan du respect du Chabbath
dans le domaine
qui est le nôtre –
celui de l'alimentation en courant électrique en ce saint jour.
Pour la
Refoua cheléma de
mon père, Yechoua'
Vormès, ben Ra'hel
Marianne Vormès
conclusions
N
ous avons essayé d'attirer l'attention sur le fait que le développement de l'électricité dans les temps modernes, s'il a amélioré les
conditions de vie de l'homme sur terre, a pu également lui permettre d'avoir une meilleure idée de l'intervention de la Providence dans la
réalité humaine dans ce bas monde !
L'électricité a en effet permis de concevoir la possibilité d'être partout de
manière quasi instantanée : elle se déplace à la vitesse de la lumière, à savoir
300.000 km/s (dans le vide)… Notre petit globe terrestre est donc parcouru
en une seconde un certain nombre de fois.
De même, l'exploitation de cette force a permis la réalisation de divers appareils : le télégramme, puis le téléphone et, dans la période qui est la nôtre,
nombre d'appareils et de techniques permettant en instantané de savoir,
puis de voir ce qui se passe dans le monde entier, de se parler entre deux
continents et de se voir d'un bout du monde à l'autre… Ainsi donc, nous
pouvons mieux nous représenter une image du fonctionnement de la Providence divine, omniprésente et omnisciente, bien plus que nos ancêtres.
Ce n'est pas qu'ils ne parvenaient pas à le considérer, mais pour eux, c'était
l'évidence même que le Créateur est Tout puissant, et qu'aucune contingence naturelle ne peut l'entraver, comme dit le verset (Tehilim/Psaumes
24,7) : « Exhaussez, ô portes, vos frontons, relevez-vous, portails antiques,
pour qu'Il entre, le Roi de gloire ! » Le Roi de gloire est en mesure de faire
modifier les règles du monde en fonction de Sa volonté, Qui n'a aucune limite matérielle (cf. Akédath Yits'hak, Beréchith).
Néanmoins, notre conscience à nous, en cette période de profonde matérialité, était très loin d'une telle conception.
Or, justement, ces découvertes modernes et leur exploitation sans fin nous
permettent de mieux comprendre la possibilité immédiate et incontournable de l'Eternel de tout voir et de tout savoir, partout dans le monde !
« Où me retirerais-je devant Ton esprit ? Où chercherais-je un refuge [pour
me dérober] à Ta face ? Si j'escalade les cieux, Tu es là ; si je fais du Chéol
ma couche, Te voici encore ! Que je m'élève sur les ailes de l'aurore, pour
m'établir aux confins des mers, là aussi Ta main me guiderait, et Ta droite se
saisirait de moi. Si je dis : "Que du moins les ténèbres m'enveloppent, que la
lumière du jour se change en nuit pour moi !", les ténèbres mêmes ne sont
pas obscures pour Toi ; la nuit est lumineuse comme le jour, l'obscurité est
clarté [pour Toi] » (Tehilim/Psaumes 139,8-12)…
Nous avons tenté de présenter les diverses considérations que la Halakha
prend en compte face à l'usage de l'électricité. N'oublions pas pour autant
cette autre incidence de ces forces émanant de la nature créée par l'Eternel,
en ce qu'elles peuvent nous permettre de mieux saisir la nature spirituelle
du monde.
197 ● Juin 2016 │
81
Droit au but
« L'absence de réaction
de l'Eternel à mes
prières m'émeut ! »
Vu sur le site de A'hénou
«J
e prie, implore, supplie, et… rien ! Tout
se passe comme si je
n'avais rien dit ni demandé. Je n'ai
aucun doute quant à la présence
du Maître du monde, mais je voudrais comprendre, une fois pour
toutes, pourquoi Il me fait cela… »
82 │
Kountrass Famille ● 197
Ce phénomène concerne nombre de
personnes. Elles savent s'investir dans
la prière, et sentent que l'Eternel ne les
écoute pas ; qu'en fait, rien ne change,
et parfois même empire.
Une autre question s'impose ici : il est
dit dans les livres saints que l'Eternel a
créé le monde parce qu'Il voulait faire
le bien envers Ses créatures. Comment
comprendre, dès lors, que tant de gens
souffrent avec tellement d'intensité ?
Tentons de comprendre cela de manière courte et succincte.
D'abord, sachons que l'Eternel nous
aime avec fougue, et Il ne veut que nous
faire du bien. Cependant nous ne savons
pas toujours ce qui est bon pour nous.
Il nous arrive de vouloir des choses
franchement négatives pour notre personne.
Il nous faut également prendre
conscience du fait que nous ne sommes
ici qu'en route pour la station centrale.
Les gens ont tendance à voir ce mondeci comme l'essentiel dans la vie, et le
monde futur comme une sorte de réserve dans laquelle on parque les âmes
usées, qui ont déjà quitté ce monde.
Erreur fondamentale : le monde n'est
qu'un passage avant le monde futur.
Nous ne sommes ici que pour faire des
provisions et pour préparer la place
dans laquelle nous nous trouverons
plus tard. Quiconque faute et ne cesse
d'accomplir des mauvais actes ne fait
que préparer sa place en enfer, que D'
nous en préserve. Et quand on accumule les mitsvoth et les actes positifs on
construit pour le monde futur un palais
de luxe, avec des conditions exceptionnelles, qui nous apporteront des plaisirs
spirituels bien au-delà de notre imagination.
Néanmoins, l'Eternel nous aime tant
qu'Il nous prend en pitié quand Il nous
voit en train de préparer une tonne de
souffrances dans le monde futur. Il Se
dépêche alors de nous envoyer quelques
épreuves afin d'effacer nos fautes, et si
nous parvenons à nous repentir sincèrement, il se peut qu'elles soient effacées
totalement. Cela dépend également de
notre détermination à ne pas retomber
dans ces travers à l'avenir.
D'une manière ou d'une autre, nos
Sages nous apprennent encore que par-
fois, l'Eternel met même des tsadikim à
l'épreuve, afin d'augmenter leurs mérites pour le monde futur, comme le dit
le verset (Michlé/Proverbes 3,12) : « Car
celui qu'Il aime, l'Eternel le châtie, tel
un père le fils qui lui est cher ».
En conséquence, nous pouvons comprendre pourquoi notre Père aux cieux
ne fait pas toujours ce que nous Lui
demandons dans nos prières. Cela ne
provient pas, que D' nous en protège, de
mauvaises intentions, mais uniquement
du fait qu'Il sait exactement ce qui est
bien pour nous et ce qui nous aidera. Il
en va de même pour un père en chair
et en os qui n'accorde pas toujours ce
qu'un enfant lui demande, parce que
ce n'est pas bon pour lui. Parfois, il faut
même faire avec eux une chose susceptible de les déranger, leur administrer
un vaccin et autres ; de même, l'Eternel
Se conduit avec nous. Si ce n'est une
« force supérieure », le monde n'aurait
pas pu être aussi beau et complexe, un
monde fait de milliards de détails qui
œuvrent dans une harmonie fantastique et dans un ordre remarquable. La
foi dans la réalité d'un Créateur et d'un
Dirigeant du monde forme un élément
évident et clair pour qui ne cherche pas
à échapper à la vérité.
Souvenons-nous donc : l'Eternel répond toujours à nos prières. Seulement,
parfois, c'est par un « Non, mon fils »…●
Pour la réussite de mes
enfants Michael, Orelia
et Raphaël
par Yaacov Assous
197 ● Juin 2016 │
83
pensée juive
La Vache Rousse
Par le rav Refaël Choukroun zatsal
V
oici donc notre ancien collaborateur de retour dans nos colonnes
– hélas, à titre posthume. Il avait
préparé un livre à la mémoire de son
père, le Grand rabbin André (Mevorakh)
Chékroun zal, intitulé Zikaron Mevorakh.
Cependant, l'exemplaire de présentation
n'est arrivé qu'à son décès. Avec la rabbanith Choukroun, – que l'Eternel lui donne
le courage dont elle a besoin pour continuer à élever ses enfants et à aider ceux
qui sont déjà mariés, – il a été décidé de
publier ici, à chaque parution, un texte de
ce regretté rav, dont les qualités et l'intelligence faisaient l'un des rabbanim d'espoir
de la communauté juive francophone.
Le lecteur le constatera devant les lignes
84 │
Kountrass Famille ● 197
suivantes. Que ce texte serve le'ilouï nichmatho !
On a beaucoup exagéré la difficulté de
la question de la Vache Rousse. Certes,
il est écrit dans la Guemara (Nida 9a) et
dans les Midrachim que Chelomo hamélekh s'est étonné en disant : « Je pensais avoir le discernement, mais j'avoue
que c'est encore loin ». La raison ? Le
« paradoxe » selon lequel cet acte vise
à purifier de l'impureté suprême, celle
des hommes morts, dès lors matière
sans esprit. Ce manque de vitalité spirituelle crée l'impureté. Cependant, ceux
qui ont affaire à la vache rousse sans
que cette eau lustrale n'arrive à son
but deviennent, eux, impurs. En vérité,
celui qui asperge l'impur reste pur, et
seuls ceux dont les actions constituent
des préparatifs ou demeurent inutiles
à la pureté deviennent impurs. Est-ce
vraiment difficile à comprendre ? Oui,
pour l'esprit humain. Néanmoins, selon
l'esprit de la Tora, c'est une idée courante. Plus une créature est élaborée et
raffinée, plus le moindre défaut ou petite déviation s'avèrent graves et conséquents. On peut en donner l'image
suivante : une automobile qui a reçu
un bon coup dans la portière tiendra
ses performances sans problème. Par
contre, personne ne laissera décoller un
avion ainsi cabossé. Et pour une fusée,
ce serait même l'échec assuré. Nous
citerons trois sources de la même veine.
fice est nul et non avenu. Si, par contre,
il n'en était pas passible, c'est bon. « De
mina mar'hiv ba, de lav mina lo mar'hiv
ba » (Zeva'him 3a) : « Dans son genre
c'est prohibitif, mais dans un genre
complètement à côté du but, cela ne
s'insère pas dans le sujet pour le compromettre ». De même, apporter un sacrifice en-dehors du lieu prévu est moins
grave de l'apporter en-dehors du temps,
alors que la pensée au-delà du temps
s'avère plus proche de la vérité qu'endehors du lieu. Ainsi, on voit encore une
fois que dans la sainteté, la déviation est
plus grave que le hors-sujet.
Troisièmement, dans le premier chapitre de Chavou'oth, la Michna développe l'une, au moins, des fonctions des
expiatoires collectifs apportés Roch 'Hodech et les fêtes. Or, le nombre d'expiatoires qui viennent réparer l'impureté
dans le Temple, sous toutes ses formes
et tous ses cas, est vraiment spécial et
unique ! Pourquoi ? Car l'impureté, qui
n'est pourtant pas une tare (parfaitement permise dans le domaine profane), devient nocive au plus haut point
dans un endroit de grande sainteté.
Ainsi, il existe une logique interne à la
Tora, selon laquelle plus une créature
est élevée, sainte et performante, plus
elle est sujette aux déviations. Voici,
nous semble-t-il, ce qui nous permettra
de comprendre la gravité de gâcher des
cellules germinales.
Premièrement, la Guemara dans Soucca 52a, selon laquelle « plus l'homme est
grand, plus ses passions sont grandes ».
L'impureté s'attache spécialement à ce
qui est le plus dur, et n'en devient que
plus nocive et toxique.
Deuxièmement, selon une loi dans
Kodachim (les sacrifices), si on accomplit l'expiatoire de Reouven au nom de
Chim'on alors que Chim'on était luimême passible d'un expiatoire, le sacri-
Bref, nous sommes loin du « paradoxe
incompréhensible » de la Vache Rousse.
Bien au contraire, cette question est
le joyau de la couronne, et à ce titre,
mérite bien qu'on y touche uniquement
lorsqu'elle atteint sa finalité. Cela dit,
toute la procédure semble très curieuse
et là, nous n'avons rien à dire : c'est un
'hok, une loi qui nous dépasse.
Ce qui mérite attention ici, c'est le Midrach de rabbi Moché Hadarchan rap197 ● Juin 2016 │
85
porté par Rachi (début de parachath
'Houkath). Il établit une correspondance
entre la Vache Rousse et le Veau d'Or :
« La mère vient nettoyer les saletés de
son fils ». Or, quel rapport entre la 'Avoda Zara (la pratique du paganisme) et
l'impureté des morts ?
Comme dit plus haut, l'impureté des
morts
vient
du fait que la
matière se retrouve démunie d'esprit.
Ce n'est pas
une
faute,
mais un état
de fait. La
'Avoda Zara,
elle,
constitue une faute
intellectuelle.
Bien
sûr,
aucun homme n'a jamais été idiot au
point d'assimiler à D' l'idole qu'il venait
de fabriquer. Il y voyait plutôt un symbole et un vecteur d'une ou plusieurs
attitudes de D' vis-à-vis du monde, le
« Grand Chef » restant hors de portée.
Cette interrogation est complexe et mérite qu'on s'y attarde. Il faut en revenir
à la Guemara de Nida 9a. Le texte précité dit : « "Qui fait sortir le pur de l'impur n'est pas celui qui est Un ?" (Iyov/
Job 14,4) – Rabbi El'azar dit : "Ce sont
les eaux lustrales pour lesquelles celui
qui asperge et celui sur qui on asperge
sont purs, alors que quiconque y touche
devient impur" ». Autrement dit, la
Vache Rousse, avec ses contradictions
internes, forme une preuve de l'Unité
de D'. Nous disons bien Unité, et non
unicité, cette dernière notion ne posant
pas problème. La conception première
du monde est polythéiste.
On y observe quantité de contradictions : le bien et le mal, la clémence
86 │
Kountrass Famille ● 197
et la rigueur, la force et la faiblesse,
l'esthétique et la laideur... c'est donc
assez logique d'y attribuer des sources
différentes. La foi en l'Unité nous oblige
à croire que toute cette différenciation
vient d'une seule Source. Par opposition,
la 'Avoda Zara en voit plusieurs. Lorsque
les Bené Israël ont adoré le Veau d'Or,
ils croyaient qu'il fallait adorer la Midath haDin
(l'Attribut
de Rigueur),
leur situation d'alors.
Or
revenons dans
les réalités.
Bien
que
D' soit Un
et Tout, il
existe
un
endroit dans
la création
où naît une bifurcation. Le Bien dévie,
et d'étage en étage devient Mal. Et
ainsi en va-t-il de toutes les différenciations. Où est l'équilibre ? C'est qu'à
la fin, tout retournera à sa source.
Voilà l'idée même des sacrifices où la
créature revient à son Créateur – sauf
l'homme qui, comme explicité dans le
sacrifice de Yits'hak, peut être consacré
à D' sans perdre la vie. Sacrifice vivant,
sacrifié sans sacrifice. Et assez curieusement d'ailleurs, la 'Avoda Zara s'appelle
la mort, comme les sacrifices à 'Avoda
Zara nommés « ziv'hei méthim », les
sacrifices de morts (Pirké Avoth 3,4 ;
Tehilim/Psaumes 106,28). Les dieux de
'Avoda Zara sont des dieux morts. L'idée
d'attribuer à chaque manifestation dans
le monde une force propre va à l'encontre de la vie vraie. La Vache Rousse
représente bien l'inverse : elle rend impur le pur et purifie l'impur. Une même
source peut aboutir à des symptômes
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197 ● Juin 2016 │
87
halakha et minhag
Pouvons-nous écouter
de la musique ?
Par David E. AVRAHAM
D
epuis que le Sanhédrin (l'assemblée des 71 Sages d'Israël
qui rendaient la justice jusqu'à
la destruction du Beth Hamikdach) a
disparu, le chant a disparu des festins,
comme il est dit : « En chantant, ils ne
boiront pas de vin (Yecha'yahou/Isaïe
24,9).
Le jeûne du 17 tamouz marque le début d'une longue période de deuil qui
s'achève avec celui du 9 av. Durant ces
jours, nos Sages ont décrété la suppression progressive des manifestations
de joie, afin que nous puissions nous
recueillir et méditer sur la destruction
88 │
Kountrass Famille ● 197
du Beth Hamikdach. De fait, hormis les
nombreuses tragédies qui ont frappé
notre peuple durant cette période,
c'est essentiellement la destruction du
Temple de Jérusalem et l'exil qui constituent les sources et les sujets de ce
deuil.
Nos sages ont nommé ce long deuil :
« Ben Hametsarim ». Cette appellation
n'est pas fortuite, mais correspond au
discours du prophète Jérémie dans Ekha.
C'est effectivement en ces termes qu'il
s'y lamenta lorsqu'il déclara : « Tous ses
poursuivants l'ont atteinte [Jérusalem]
dans la détresse (en hébreu Ben Hamet-
sarim) ». Or, nos Sages enseignent qu'il
s'agit là des jours entre le 17 tamouz et
le 9 av, pendant lesquels les ennemis
d'Israël ont envahi Jérusalem, et y ont
accompli les pires atrocités, jusqu'à la
date du 9 av où ils détruisirent le Beth
Hamikdach (le Temple de Jérusalem).
Puisque ces jours sont des jours de
deuil pour le peuple d'Israël, nous y
respectons différentes coutumes de cet
ordre.
L'une des coutumes les plus marquantes de cette période est sans aucun
doute l'abstention d'écouter de la musique.
Tout le restant de l'année, notre vie est
rythmée par la musique – censée adoucir les mœurs. Que ce soit à la maison,
en voiture, dans les transports, ou parfois même au travail, nous ne pouvons
nous passer de musique. De plus, avec
le progrès, nous disposons aujourd'hui
de toutes sortes de gadgets pour assouvir en permanence notre mélomanie.
L'abstinence musicale durant la période
de Ben Hametsarim nous demande donc
une certaine abnégation.
Il en va de même durant les 33 premiers
jours de la supputation du 'Omer où, en
souvenir de la disparation tragique des
24000 élèves de rabbi 'Akiva, nous respectons également des coutumes de
deuil. D'aucuns les observeront entre
Roch 'hodech iyar et Chavou'oth, pour
les mêmes raisons.
La source de l'interdiction d'écouter
de la musique durant ces périodes fait
l'objet de nombreux débats chez les décisionnaires. Le Magen Avraham (rabbi
Abraham Abele Gombiner – 16351682) écrit dans son commentaire du
Choul'han 'Aroukh qu'il est interdit de
faire des danses ou des rondes durant
cette période (cf. § 551,10). Le Min'hath
Yits'hak (rav Yits'hak Weiss – 19011989) en déduit la prohibition d'écouter
de la musique durant Ben Hametsarim.
De fait, selon lui, la musique procure
une joie beaucoup plus intense que la
danse (I, 110).
Le rav Moché Feinstein, le rav 'Ovadia Yossef, le rav Wozner ainsi que
d'autres décisionnaires, apprennent
l'interdiction d'écouter de la musique
d'une loi beaucoup plus globalisante du
Choul'han 'Aroukh. En effet, au chapitre
560 de Or ha'Hayim, rabbi Yossef Caro
énumère un ensemble de lois de deuil
dont l'objet est de se souvenir de la destruction du Beth haMikdach. Parmi elles
se trouve l'interdiction de jouer d'un
instrument, quelle que soit la musique,
et quel que soit l'instrument. Il note
qu'il est interdit de se réjouir avec des
instruments de musique et de les écouter, à cause de la destruction du Beth
Hamikdach. Il ajoute que même chanter en chœur lors d'une festivité où l'on
boit du vin, est proscrit, comme il est
dit : « En chantant, ils ne boiront pas de
vin ».
Cet interdit prend sa source dans la
Guemara Sota (48a). Les Sages de la
Michna y enseignent que depuis la fin
du Sanhédrin, le chant a disparu des festins, comme il est dit : « En chantant, ils
ne boiront pas de vin… »
Le Talmud de Jérusalem explique la
corrélation entre la disparition du Sanhédrin et l'interdiction de jouer de la
musique au cours d'un banquet de la
façon suivante : « Rav 'Hisda dit : "Au
début, le peuple redoutait le Sanhédrin,
et tout le monde se gardait bien d'intro197 ● Juin 2016 │
89
de nos jours, il est quasi impossible de
trouver une célébration (mariage, bar
mitsva, etc.) qui ne soit pas accompagnée d'un orchestre.
Qu'est-ce qui nous autorise donc à
« enfreindre » cet interdit ?
duire des paroles profanes dans une
chanson (puisque le Sanhédrin siégeait
et veillait à la bonne conduite du peuple
d'Israël, le peuple craignait Hachem, et
on n'en venait pas à passer de chants sacrés à des chants profanes). Cependant,
maintenant que la crainte du Sanhédrin
ne les retient plus, ils sont susceptibles
de chanter des chants profanes. »
A noter que, selon le Talmud de Jérusalem, c'est le risque de tomber dans
la vulgarité, et non le deuil du Beth Hamikdach, qui motiva les Sages à prohiber la musique durant les banquets. On
retrouve une explication similaire dans
une décision halakhique que le Rambam
adressa aux sages d'Alep (cf. responsa
du Rambam § 124).
Quoi qu'il en soit, il apparaît que l'interdit de jouer ou d'écouter un instrument
de musique ne se limite pas aux simples
périodes du 'Omer et de Ben Hametsarim, mais bien à toute l'année.
Qu'en est-il donc de la musique que
nous écoutons quotidiennement dans
nos chaînes Hi-Fi et nos lecteurs MP3 ?
Qu'en est-il des programmes musicaux
des radios juives orthodoxes et de la foison perpétuellement croissante de zamarim (chanteurs) ? Sans compter que
90 │
Kountrass Famille ● 197
Afin de répondre à cette surprenante
question, il est important de distinguer
les cas de figure suivants :
• Jouer de la musique ou chanter lors
d'un repas « profane » où l'on boit du
vin,
• Jouer de la musique ou chanter lors
d'un repas « profane » où l'on ne boit
pas de vin,
• Chanter des chants liturgiques lors
de célébrations ou d'un repas de mitsva
(mariage, bar mitsva, etc.),
• Chanter seulement avec sa bouche,
• Ecouter de la musique par le biais
d'un appareil (radio, lecteur CD, MP3
etc.), et enfin, tout ce qui a trait à la
musique durant les périodes du 'Omer
et de Ben Hametsarim.
Jouer de la musique avec un instrument ou chanter lors d'un repas « profane » où l'on boit du vin.
L'ensemble des décisionnaires médiévaux et contemporains s'accordent sur
le fait que les Sages du Talmud ont inter-
dit de jouer d'un instrument de musique
ou de chanter (avec un accompagnement musical) lors d'un banquet « profane » où l'on boit du vin. Cette interdiction d'ordre rabbinique est motivée par
les deux raisons suivantes :
- La destruction du Beth Hamikdach (cf.
Guemara Sota 48a, Rachi Guittin 7a, Rambam, Lois de jeûne 5,14, Choul'han 'Aroukh
Ora'h 'hayim 560,3, Michna Beroura 3).
- Le danger moral d'un tel comportement (ivresse, légèreté, vulgarité, etc. cf. Talmud de Jérusalem 9, 12).
Il est à noter que la notion de banquet
« profane » désigne essentiellement
tout repas facultatif (contrairement
aux repas du Chabbath, des fêtes et de
Pourim) ainsi que tout repas qui ne soit
n'est pas motivé par l'accomplissement
d'une mitsva (contrairement au repas
réalisé à l'occasion d'une circoncision,
ou d'un mariage, de chéva' Berakhoth,
de la conclusion de l'étude d'un Traité
du Talmud, ou de Roch 'hodech).
Cependant, le Rambam y autorise les
chants de choeur liturgiques et autres
cantiques prononcés en l'honneur de D'
(Michné Tora, Lois de jeûne, 5, 12-14).
Jouer de la musique ou chanter durant
un repas « profane » où l'on ne boit pas
de vin.
L'avis des décisionnaires diverge à ce
sujet. L'on peut distinguer trois grands
avis sur cette question.
• Le Rambam et rabbi Yossef Caro
Le Rambam écrit dans les Lois de
jeûne : « Après la destruction du Beth
Hamikdach, les Sages de l'époque ont
décrété l'interdiction d'enduire les maisons comme le faisaient les rois. Ils ont
également décrété de ne plus jouer
d'instruments, quelle que soit la mu-
sique, ils ont interdit de s'en réjouir. Ils
ont défendu leur écoute, à cause de la
destruction du Beth Hamikdach. Même
chanter seulement avec sa bouche lors
d'un repas où l'on boit du vin, est interdit : « En chantant, ils ne boiront pas de
vin… ». Toutefois, tout Israël a pour tradition de chanter des louanges ou des
chants de reconnaissance à Hachem, et
cela, même lors de repas où l'on boit
du vin » (Michné Tora, Hilkhoth Ta'anith
5,12-14).
Rabbi Vidal de Tolosa, l'auteur du
Maguid Michné (1283-1360), précise
au nom du rav 'Haï Gaon que seuls les
chants aux paroles « profanes » sont
interdits. En revanche, les chants liturgiques, les louanges à Hachem ou les
piyoutim/cantiques en l'honneur des
justes sont permis, même lors d'un repas accompagné de vin.
Selon le Rambam, il y a donc un interdit absolu de jouer d'instruments de
musique. Cet interdit s'applique même
pour un repas sans vin.
Néanmoins, le Rambam autorise le
chant de choeur durant un repas « profane », à condition qu'il ne soit pas accompagné de vin. Il permet également
les chants liturgiques et autres cantiques
prononcés en l'honneur de D', même
lors d'un repas où l'on boit du vin.
Le rav Yossef Caro tranche la Halakha
comme le Rambam. Il est suivi, de nos
jours, par rav Wozner, rav Moché Feins197 ● Juin 2016 │
91
tein et rav Eliachiv. Il semble que cela
soit également l'opinion du rav 'Ovadia
Yossef, qui, néanmoins, justifierait une
éventuelle indulgence envers ceux qui
se permettent d'écouter, à la radio ou
sur des lecteurs, des louanges ou des
cantiques accompagnés de musique lors
de repas « profanes » où l'on ne boit pas
de vin (repas profanes inclus), tant qu'ils
ne s'adonnent pas à la légèreté et à la
vulgarité (Ye'havé Da'ath 1, § 45).
• Le Rambam adopte une autre conclusion dans une responsa
Dans une lettre adressée aux sages
d'Alep, le Rambam adopte une position
qui semble contredire celle qu'il a énoncée dans son Michné Tora. Il y décrète
en effet qu'il est catégoriquement interdit de jouer d'un instrument de musique
ou de chanter (chants de choeur inclus)
même lors d'un repas ou l'on ne boit pas
de vin (Responsa du Rambam § 224).
• Le Baal haTourim (rabbi Ya'akov ben
Acher) et le Rema (rabbi Moché Isserlis)
Selon ces deux éminents décisionnaires, la musique ou les chants lors de
repas « profanes » où l'on ne boit pas de
vin n'est interdite que pour ceux qui en
ont l'habitude, à l'instar des nobles qui
se levaient et se couchaient en musique
(Tour Or ha'Hayim et Rema 560,3).
Jouer de la musique ou chanter durant un repas de mitsva
Selon l'ensemble des décisionnaires,
les chants liturgiques, louanges et
autres piyoutim/cantiques en l'honneur
de D' ou des justes sont autorisés. Cette
permission s'applique quel que soit l'accompagnement de ces chants, et même
lorsqu'ils sont prononcés pendant un
92 │
Kountrass Famille ● 197
repas où l'on boit du vin.
Néanmoins, le Rema écrit qu'il faudra
veiller à ne pas se laisser aller à la légèreté et à prononcer des paroles vulgaires, ou chanter des versets de la Tora
de façon dégradante.
L'écoute de musique par le biais d'un
appareil (radio, lecteur CD, mp3 etc.)
Les progrès technologiques ont amené
les décisionnaires à reconsidérer l'interdit de jouer ou d'écouter un instrument
de musique, et à s'interroger sur la place
de ces appareils dans la Halakha.
L'un des premiers à s'être penchés sur
cette question est le rav Mordekhaï
Breich (1896-1976), président du tribunal rabbinique de Zürich.
Selon lui, la radio n'étant pas un instrument de musique, son utilisation ne
peut être interdite en tant que tel (Helkath Yaa'kov O. H. § 64). C'est pourquoi,
selon lui, il est parfaitement permis
d'écouter la musique à la radio. Le rav
'Ovadia Yossef ajoute qu'il est également
autorisé d'écouter de la musique ou des
chants accompagnés de musique, par le
biais de lecteurs de musique (Ye'havé
Da'ath I, § 45). Il précise néanmoins que
cela n'est permis que si cette écoute ne
conduit pas à une conduite profane et
vulgaire, et bénit qui s'en abstient.
Le rav Wozner, quant à lui, considère
que la radio et tous les autres lecteurs
sont inclus dans l'interdit de jouer ou
d'écouter un instrument de musique
(Chévet Lévi II, § 57).
La musique durant les périodes du
'Omer et de Ben HaMétsarim
La grande majorité des décisionnaires,
rav 'Ovadia Yossef y compris, conviennent
que même si selon le strict Din, il est
permis durant toute l'année d'écouter
de la musique au moyen d'un magnéto-
phone, d'un
lecteur CD
ou autres, il
faut malgré
tout
s'en
abstenir
au
moins
durant
la
période de
Ben hamétsarim. Cependant, le
rav 'Ovadia
Yossef
y
autorise le
chant en chœur sans orchestre.
Rav Chelomo Zalman Auerbach permet d'écouter des mélodies calmes et
douces (Hilkhoth Chelomo Mo'adim –
Sefirath ha'Omer 11,14). Néanmoins,
rav Wozner interdit d'écouter toute
sorte de musique ou de chant durant
cette période.
La nature spirituelle et thérapeutique
de la musique est longuement développée par le rav Salomon Greenfeld (18601930), grand érudit et élève de l'illustre
Maharam Shiq (rav Moché Shik). Le rav
Greenfeld explique comment la tristesse
et la mélancolie peuvent entraver l'élévation spirituelle et conduire à la transgression de la Tora et de ses commandements, qu'à D' ne plaise. C'est pourquoi
une personne encline à la tristesse ou
la mélancolie pourra écouter de la
musique dans l'unique but de servir D'
dans la joie. En revanche, une personne
qui dispose d'une nature joviale devra
s'en abstenir (Mahachag II, § 125).
De nos jours, la quasi totalité des autorités rabbiniques s'appuient sur cette
décision du rav Greenfeld pour permettre d'écouter de la musique (Piské
Techouvoth 560,11). Selon eux, la fragilité émotionnelle de notre génération
peut justifier cet acte, à titre thérapeu-
tique et dans le but essentiel de servir
D' dans la joie.
En conclusion
Nos Sages ont mis un point d'honneur
à nous enseigner qu'il ne peut y avoir
de joie réelle sans D', et plus précisément, sans que D' réside en notre sein.
Le Beth Hamikdach, qu'il soit bientôt
reconstruit, constituait le témoignage
de la Présence divine parmi nous. Avec
sa destruction, la Présence divine s'est
voilée à nous en nous laissant tels des
orphelins au milieu des nations. Dans
ce contexte, comment pourrions-nous
nous réjouir par des repas où l'on boit
du vin et chante avec allégresse ? Cela
ressemble à un prince qui, chassé du
de la maison de son père, se retrouve à
vivre dans la rue au milieu des détritus.
Comment pourrait-il oublier le palais
royal et se réjouir ? S'il le faisait, cela ne
serait-il pas une insulte envers son père
et envers lui-même ?
Puisse D' mettre un terme à notre
exil, reconstruire le Beth Hamikdach et
résider de nouveau en notre sein. Alors
notre bouche s'emplira de chants joyeux
et notre langue d'accents d'allégresse.•
197 ● Juin 2016 │
93
Question
Difficultés dans les relations avec autrui
Je souhaiterais vous soumettre un questionnement face à une situation de la vie à laquelle tout
un chacun peut être confronté.
Il peut arriver que, dans notre relation à autrui,
nous nous retrouvions blessé, humilié, malmené, voire harcelé : un patron autoritaire, un
voisin inflexible, un conjoint irrespectueux, un
enfant opposant, un parent récalcitrant, un employé procédurier....
On peut avoir à faire face aux mauvaises midoth
d'autrui sans qu'aucune communication bienveillante ne puisse s'établir ou sans que notre
tentative d'approche ne puisse apaiser la relation ou la dynamiser sur un autre mode.
Si cela peut se
résoudre assez facilement lorsque la
situation est ponctuelle (on dit même
que parvenir à se
contrôler sans rétorquer dans une telle
situation est source
de bénédiction), le
problème devient
plus
complexe
lorsqu'il est récurrent ou chronique.
Si l'on est une personne de Tora, on s'appliquera à juger l'autre favorablement, à se remettre
en question, à faire techouva sur ce qui a pu entraîner une telle situation, à prier pour que cette
expérience douloureuse soit une kapara.
Dans un élan d'humilité, on peut choisir de
déconsidérer la peine qu'on nous inflige et faire
taire en nous tout ressentiment, colère, amertume et évidemment toute velléité de rancune
ou de vengeance. On va chercher à pardonner
tout en remerciant Hachem de nous donner l'occasion d'accomplir la mitsva de la Tora de ne pas
haïr son prochain, de ne pas se venger et ne pas
tenir rancune.
Bref accepter avec soumission ce qui vient de
Hachem, l'autre n'étant qu'un mandataire entre
les mains du Créateur ainsi que nous disons à la
fin de la Chemona 'Essré : "Velimekalelaï nafchi
tidom,venafchi ke'afar lakol tiyié" – que mon
âme se taise devant ceux qui me maudissent et
qu'elle soit comme de la poussière face à tous.
Parfois un flash-back éclair dans notre passé
éveillera notre culpabilité (c'est si humain) et
94 │
Kountrass Famille ● 197
nous fera imaginer que tout cela est bien mérité,
voire que ce sont nos propres insuffisances qui
ont suscité qu'on nous agresse de la sorte.
Pourtant cette réaction si active dans l'intériorité de notre travail personnel du perfectionnement de soi peut sembler passive aux yeux de
celui qui nous importune et générer des conséquences peu souhaitables.
Alors dans ce genre de situation est-il préférable de réagir, de défendre notre dignité, notre
tsélem Elokim (image divine) et notre équilibre.
Mais le risque est de sombrer dans des querelles
désagréables et si décevantes lorsqu'on a pour
ambition de servir Hachem avec amour et sim'ha,
lorsqu'on souhaite lutter contre la sinath
'hinam (haine gratuite)
qui fut la source de la
destruction du Beth
Hamikdach et que
l'on cherche à asseoir
le Chalom dans le Klal
Israël, élément indispensable à la venue du
Machia'h.
Et si je choisis de me
défendre, quel droit
ai-je d'interférer sur la
Volonté divine Qui m'envoie cette épreuve sans
doute pour m'améliorer et sûrement pour de
justes raisons qui m'échappent totalement.
Ou bien faut-il être totalement soumis et accepter avec confiance et patience ce que l'autre
nous inflige en essayant de contrôler son chagrin
ou sa colère.
Mais ne court-on pas le risque de perdre à la
longue sa respectabilité, le risque de la tristesse,
de l'amertume ou le risque de flancher nerveusement à essayer de supporter l'insupportable
(qui peut prétendre avoir une solidité à toute
épreuve ?). Enfin, on court en plus le risque d'encourager l'autre à surenchérir dans sa manière
de nous faire du mal puisque la voie est libre,
et de sombrer ainsi dans une relation que l'on
pourrait qualifier de sadomasochiste.
Dernier point soulevé : si cet autre qui
m'agresse n'est qu'un bâton entre les mains du
Créateur, comment arriver à aimer ce bâton qui
me frappe, puisque j'ai la mitsva d'aimer mon
prochain comme moi-même.
Mme A., Paris
Réponse
Nécessité ou fatalisme
Nous admettons comme base commune de
réflexion le fait que tout ce qui nous arrive provient de D'. Cependant, nous ne sommes pas fatalistes pour autant : il y a obligation d'organiser
une armée et de mener des guerres – alors que,
sans doute aucun, l'Eternel n'a pas besoin de
notre aide pour nous défendre. Toute la Tora révélée vient nous apprendre à pénétrer le champ
de bataille, à vivre la réalité à l'aune des mistvoth
et à mettre en pratique toutes les obligations
qui nous incombent. De même, D' pouvait faire
pousser les fruits sans notre aide, mais force est
pour nous de labourer – et de respecter toutes
les mitsvoth relatives au monde agricole.
Le même faisceau de réflexion a cours dans le
domaine des relations sociales, ou des mistvoth
liées au 'hessed. Une personne qui, par exemple,
a commis un dommage ne pourra pas se réfugier derrière le déterminisme (« Tout provient de
l'Eternel ») pour se dégager de ses responsabilités. De même, celui qui subit le préjudice est
tenu de ne pas laisser la société devenir invivable
(car, alors, on se dirige vers une société souffrant
du syndrome de la génération du déluge).
vivable. Elle pousse le frustré à réclamer son
droit : c'est une mitsva.
Une catégorie de dégâts commis échappe toutefois à cette règle : celle de « grama », quand la
personne n'a pas commis l'acte de manière volontaire, mais découle de manière involontaire
de sa conduite. Elle peut ne pas avoir d'incidence
sur le plan de la responsabilité pénale.
Même au niveau personnel, il ne nous est pas
demandé de « tendre la deuxième joue ». La
Tora nous indique : « Tu ne haïras pas ton frère
dans ton cœur » (Wayiqra/Lévitique 19,17). Si
une personne est en droit d'exiger un remboursement ou une réparation, elle a l'obligation
de le faire, afin de régulariser les relations avec
l'autre.
De même, un couple doit constamment améliorer son Chalom bayith. Il faut être « rodef »
Chalom, courir après la paix dans le foyer. Nous
n'avons pas à nous résigner dans ce domaine,
mais plutôt à chercher à reconstruire ce qui a été
endommagé pour l'heure. C'est d'ailleurs de là
qu'émane l'exaltation de la vie : sa construction,
« livnoth bayith », construire une maison !
Toutefois, cela ne signifie pas que la notion de
vengeance est admise. La mitsva de « vendetta »
(« goèl hadam », cf. Bamidbar/Nombres 35,19)
peut être comprise comme incitant les assassins
par inadvertance à ne pas se cacher derrière le
déterminisme. La vengeance pousse la famille
à ne pas rester indifférente devant un préjudice
de cet ordre. Elle permet que la société reste
Comme le dit le Ba'al haTourim (Chemoth/
Exode 21,1), « L'homme a l'obligation de chercher la justice », et non point de fuir les confrontations.
La paix provient d'une conjugaison des antagonismes.
R. Y. H.
197 ● Juin 2016 │
95
LES TANAÏM
Chim'on le fils de Gamliel Ier
A
près rabban Gamliel Ier, on
peut dire que les générations
se suivent et que leurs noms
se ressemblent : à la manière qui est
encore la nôtre, les enfants reçoivent
les noms de leurs grands-parents, qui
sont du reste les dirigeants de leur génération, et des sages de tout premier
ordre.
L'identification de ces personnages devient moins aisée .
Notre Chim'on apparaît donc dans
l'avant-dernière Michna du premier chapitre des Pirké Avoth. Dans la dernière
s'exprime un autre Sage, rabban Chim'on
ben Gamliel… Le Tossfoth Yom Tov précise que ce second Sage est un petit-fils
du précédent, lequel est, d'un autre côté,
le père de « Rabbi », autrement dit rabbi
Yehouda, le « rédacteur » de la Michna.
D'après le Melékheth Chelomo, du fait de
ces répétitions de noms, des erreurs sont
tombées dans la liste établie par le Rambam quant à la transmission de la Tora.
Notre rabbi Chim'on fait partie des
quatre Tanaïm qui ont présidé à la gestion du peuple juif durant le dernier siècle
avant la destruction du Temple (Chabbath
15a), après Hillel, Chim'on (le fils du précédent) et Gamliel (id est rabban Gamliel
l'ancien).
La Michna nous a laissé un tableau intéressant de sa conduite lors des jours de
joie de Souccoth (Soucca 53b), en parallèle à d'autres grands Sages : « …Il prenait
huit torches allumées, en lançait une et
en rattrapait une autre, sans qu'elles ne
se touchent. Quand il se prosternait, il
posait ses bras ses pouces ? par terre et
se baissait, embrassait le sol et se relevait,
ce que personne d'autre n'est en mesure
96 │
Kountrass Famille ● 197
de faire ».
Chemouel haKatan a prophétisé qu'à sa
mort il allait tomber sous l'épée de l'Empire romain, avec rabbi Yichma'ël Kohen
gadol (Sota 48b). Ils firent partie, de fait,
des « Dix martyrs tués par la royauté »
(« Assara harougé malkhouth »). Quand
cela se réalisa, rabbi 'Akiva et rabbi Yehouda ben Bethéra prirent le deuil, se revêtant de haillons et déchirant leurs habits
(Sema'hoth 8).
Le Midrach (Elé ezkera, rapporté par Eizenstein) précise que quand le César et les
grands de Rome se sont réunis pour décider la mise à mort de Chim'on ben Gamliel
et de rabbi Yichma'ël Kohen gadol, chacun
des deux a demandé d'être le premier
supplicié : le premier revendiquait la préséance, étant nassi, fils de nassi (président), descendant du roi David ; le second,
lui, faisait valoir son titre de Kohen gadol
fils de Kohen gadol, affilié à Aharon hakohen. Devant cette curieuse dispute, l'empereur pencha pour un tirage au sort, et
ce fut rabbi Chim'on ben Gamliel que le
sort désigna en premier…
Un autre Midrach (Avoth de rabbi Nathan version II, 41) prouve leur haut niveau personnel, s'il fallait encore le faire.
Rabbi Yichma'ël trouve rabbi Chim'on en
pleurs, en veille de leur exécution ! Rabbi
Yichma'ël s'en étonne : « Dans deux pas,
tu seras auprès de tes ancêtres », donc
pas de raison de se conduire de la sorte.
Rabbi Chim'on explique sa gêne d'être
tué comme s'il avait commis les pires des
fautes. Le voici exécuté « pour rien ». Rabbi Yichma'ël lui demande si, quand une
personne était venue lui poser des questions de Halakha, il l'avait un jour repoussée pour pouvoir se reposer, manger, ou
pour toute autre raison. Non, le préposé à
l'accueil avait pour ordre de toujours laisser les gens rentrer chez lui. Finalement,
rabbi Chim'on reconnaît qu'une fois on
s'était conduit autrement, vu la foule présente chez lui. « Tu vois bien que ce n'est
pas pour rien… », conclut rabbi Yichma'ël !
Ses restes reposent à Kfar Kana, une
agglomération arabe (fort hostile de nos
jours), à proximité de Nazareth. D'après
des visiteurs des temps anciens, rabbi
Yichmaël est enterré à proximité, mais sa
tombe n'est pas connue. D'autres sources
veulent que rabbi Yichma'ël repose à Chazour, une autre agglomération arabe (plus
sympathique), au pied du massif de Méron, sur la route Carmiel-Tibériade. Une
grande tombe en rappelle le souvenir en
ces lieux.
Le fils de rabbi Chim'on ben Gamliel dont
nous parlons était – bien entendu – rabban Gamliel, auquel on ajoute tout de
même le nom de la localité de Yavné ; sa
fille, elle, s'appelait Ima Chalom, femme
de rabbi Eliézer ben Hourkanos (Baba
Metsia' 59b).
Ses paroles : « De ma vie, j'ai grandi parmi les Sages, et je n'ai pas trouvé mieux
pour le corps que le fait de se taire ; ce
n'est pas l'étude qui est l'essentiel, mais
l'acte ; quiconque
parle trop engendre
la faute ». En voici des
enseignements révolutionnaires ! Voyons ce
que veut dire ce Sage.
« … Mieux pour le
corps – le fait de se
taire » – pour le rav
Ovadia de Bartinora, il
s'agit d'une personne
qui entend qu'on le
méprise, et se tait.
« Ce n'est pas l'étude
qui est l'essentiel,
mais l'acte » – selon ce
même grand commen-
tateur, il s'agit là d'une preuve apportée
à la phrase précédente : bien que l'étude
de la Tora et l'emploi de la parole pour
l'expliquer soit ce qu'il y a de mieux, l'essentiel de la récompense ne provient que
des actes. Quiconque étudie sans passer à
l'acte, aurait mieux fait de ne pas étudier.
« Quiconque parle trop engendre la
faute » – la suite et la fin des instructions
de ce maître dans le domaine de l'emploi
de la parole concernent l'exemple de
'Hava – Eve, la première femme : elle a
trop parlé, affirmant que l'Eternel avait
précisé de ni manger du fruit défendu, ni
d'y toucher. Or, cette dernière « injonction » n'était pas fondée, ce qui a permis
au serpent de pousser 'Hava et de lui faire
toucher le fruit. Il lui prouve ainsi une
réalité : la consommation n'était pas plus
prohibée que le contact. Ceci l'a amenée
à fauter.
Le roi Chelomo ajoute à cet égard (Michlé/Proverbes 30,6) : « Ne te permets
aucune addition à Ses dires ; Il te réprouverait, et tu serais convaincu de mensonge ».
Toutefois, le Richon Letsion s'étonne des
propos du rav de Bartinora : Eve n'était-elle
pas en mesure de se souvenir elle-même
de l'absence d'interdiction de toucher le
fruit ? Il répond avec
ce qui est dit dans les
Avoth de rabbi Nathan,
chap. 1 : c'est Adam
qui a ajouté cette précision, pour établir une
haie autour de la loi divine, mais 'Hava, pour
sa part, ne savait pas ce
détail. Toutefois, Rachi
sur le 'Houmach (1,4)
ne semble pas suivre
cette conception.
Tombe du Alchikh hakadoch
Revenons à l'ensemble
de cette Michna. Pour
le Alchikh hakadoch
197 ● Juin 2016 │
97
(Vayikra/Lévitique 10,3), le verset « Et
Aharon garda le silence » face à la mort de
deux de ses enfants peut servir également
de modèle à ce principe. Toutefois, le
commentateur pose quelques questions,
comme à son habitude :
1/ Si le Tana est venu nous apprendre
l'importance du silence, qu'a-t-il besoin
de nous préciser qu'il a grandi parmi les
Sages ?
2/ Au contraire, c'est la parole qui est utilisée entre ces maîtres !
3/ Que signifie le fait qu'il ait « trouvé »
parmi eux cette idée ? Comment peut-on
parler de trouvaille, en particulier parmi
eux ?
4/ La précision « pour le corps » semble
superflue.
5/ Ce que dit la Michna ici à propos de
la priorité de l'action par rapport à l'étude
va à l'encontre de la conclusion des Sages
dans Kidouchin 40b.
6/ Le mot « lui » paraît de trop.
7/ Ce n'est que la phrase « quiconque
parle trop » qu'il aurait fallu rapporter.
De fait, c'est l'essentiel, du fait des éventuelles mauvaises incidences de la parole.
8/ C'est en fait un verset, lequel dit (Michlé/Proverbes 10,19) : « Qui parle beaucoup ne saurait éviter le péché ».
9/ Ce verset parle de péché (pécha') alors
que la Michna ne rapporte que la faute
('het).
Le Alchikh fait de l'ordre dans tout cela,
avec brièveté toutefois : certaines paroles
98 │
Kountrass Famille ● 197
concernent le corps, et d'autres l'âme,
comme celles liées à la Tora. C'est pour la
première catégorie que la concision, voire
le silence, est plus que recommandée. Ce
n'est que dans la seconde catégorie que
la parole est bénie. Voilà ce que le Tana
a vu en particulier chez les Sages dans sa
jeunesse, qui savaient se restreindre dans
leurs paroles quand il s'agissait de parler
de domaines liés au corps, donc futiles.
En revanche, on aurait pu croire que
dans l'étude de la Tora, l'abondance de
propos est souhaitée : le Tana s'y oppose.
Selon lui, l'essentiel réside dans l'acte.
Dans cette optique, il faut viser à arriver
aux conclusions dans la pratique, et non
point discutailler sans cesse. C'est ce que
fixent nos Sages (Pessa'him 2b) : « Il faut
apprendre aux élèves à s'exprimer de manière succincte ».
Le verset qui indique de ne pas parler
beaucoup ne concerne que les paroles
futiles. Ceci pourrait amener à parler de
péché. Par contre, une abondance dans le
domaine de la Tora ne peut pas être traitée de cette manière – tout au plus, de
faute bien plus légère, bien que, comme
le rappelle ici le Alchikh, la concision et la
précision y restent de mise.
Tout ceci est dit, dans la Michna, en deux
mots, et expliqué, par le Alchikh hakadoch, en quelques phrases.•
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chronique
du livre
L
a fille de Castor, par Lia Rosenberg Gamzon,
Bené Brak 2015, 380 p.
La rabbanith Lia Rosenberg est la fille de « Castor »,
Robert Gamzon (1905-1961), le fondateur des EIF,
les scouts juifs de France.
Dans le présent livre, elle présente sa vie :
comment, d'un milieu remarquable d'idéalisme
et de don pour autrui (voir la conduite des
membres de ce mouvement durant la Shoah, et
leur dévouement dans toutes les conditions à cette
éprouvante période), marqué par le respect d'un
« minimum commun » (parfois assez élevé pour
l'époque, en termes de piété et de connaissance du
judaïsme, en particulier dans le domaine de la « pensée juive ». Ceci impressionne,
surtout pour les jeunes de ce mouvement issus de familles totalement assimilées), – et
il faut reconnaitre que, par la suite, bien nombreux ont été les jeunes qui ont rejoint
le judaïsme orthodoxe et les Yechivoth. Elle s'est rendue en Erets Israël, a d'abord
connu des milieux moins engagés (kibboutz Ein haNatsiv), puis a fait l'armée, avant
de rejoindre le monde de la Tora.
Un livre franc, dans lequel l'auteur fait part de ses hésitations et de ses épreuves. En
cela, il est fort important pour le grand public, ainsi que pour ceux d'entre nous qui
100 │
Kountrass Famille ● 197
ont eux-mêmes connu ce mouvement.
Un itinéraire remarquable, d'une dame qui vit de nos jours à Bené Brak, et donne
souvent des conférences dans le milieu francophone en Erets Israël.
L
a collection « Connaissance du
judaïsme » Kountrass,216. 150p.
On constate l'absence relative de livres
nouveaux ces semaines-ci – phénomène
assez inquiétant en soi, à tout point de vue
significatif d'une crise dans le domaine de
la littérature kodech en langue française,
après quelques années de prolifération bénie.
Profitons-en pour parler de notre nouvelle
collection, « Connaissance du judaïsme ».
Une fois n'est pas coutume : critiquons nos
propres publications !
Le principe de cette série est fort simple : à l'instar de « Que sais-je ? » (collection de
plus de 4000 livres, lancée en 1941), Kountrass a voulu proposer de reprendre l'étude
la plus exhaustive possible de thèmes divers et variés, souvent déjà abordés en ses
colonnes au fil des années. Les tomes se veulent compacts et ergonomiques, afin de
permettre à nos lecteurs d'en profiter à tout endroit, à tout moment.
Le public nous reprochait l'absence de nos anciens grands dossiers du marché, car
épuisés, et nous ne pouvions que difficilement publier à nouveau des magazines si…
authentiques ! C'est ainsi que l'idée de cette nouvelle collection a vu le jour.
Elle devrait, a priori, compter près de 200 titres, mais en vérité, nous avons déjà
ajouté plusieurs sujets qui n'ont pas paru chez nous précédemment, et nous espérons
continuer dans ce sens, afin d'offrir également au public des textes inédits !
Vous êtes cordialement invités à nous soumettre vos requêtes de publication, et nous
pourrons y accéder, dans la mesure de notre projet éditorial.
Nous veillerons en outre à publier également des ouvrages à partir de diverses
rubriques du magazine, telles que celles de notre collaboratrice si estimée, Mme
Karen Ohayon, les balades, etc.
Nous avons déjà publié cinq titres, et bien d'autres sont en préparation. Les livres sont
disponibles à l'unité ou par abonnement. Les achats peuvent se faire par téléphone ou
via notre site Internet, www.kountrass.com, rubrique Shop.
Rejoignez les rangs sans cesse grossissants des adeptes de cette nouvelle série, et
enrichissez avec nous votre connaissance du judaïsme !
197 ● Juin 2016 │
101
Education
Libre-arbitre
Rav Elie Lemmel
L
a tradition considère que Hachem donne à tout homme la liberté de choix. Elle inclut même
la possibilité de fauter, voire de rejeter
le Créateur. Cette liberté est spécifiquement humaine, puisque les animaux
– on le sait depuis les expériences de
Pavlov – ne vivent et n'agissent qu'en
fonction de réactions instinctives, ne
laissant aucune place au libre-arbitre.
Les textes bibliques, rappelant la création de l'Homme à l'image divine,
évoquent un être humain « presque
divin » : hormis la finitude humaine
qui s'oppose à l'infini du divin, la Tora
conçoit les hommes comme « presque
à l'égal du Créateur ». Cette grandeur,
l'Homme la doit à sa capacité d'agir
librement, à l'image de Hachem et à la
différence des animaux ou des anges.
Cependant, comment faire pour que notre
attachement aux mitsvoth et notre mise en
pratique des commandements religieux ne
soient pas « pavloviens », qu'ils relèvent de
notre liberté et non d'un fonctionnement
sur le mode des « réflexes conditionnés » ?
Rappelons tout d'abord que, paradoxalement, c'est l'interdit qui permet l'expression de la liberté humaine. Chaque défense
donne à l'homme l'occasion de s'y confronter et d'exercer son libre-arbitre. L'interdit
façonne un « espace de liberté ». Le commandement fonde la possibilité de prendre
conscience de notre liberté : suis-je libre
ou non de m'y astreindre, bien qu'ayant la
102 │
Kountrass Famille ● 197
possibilité – voulue par Hachem – de m'y
dérober ?
Le terme employé pour désigner la liberté – « 'hofech » - signifie de nos jours
« vacances ». Les trois lettres qui forment
la racine de ces deux mots ('heth, pé, chin/
sin) évoquent également « la recherche »,
(le'hapès).
La notion de vacances évoque la volonté
de sortir d'un cadre, la nécessité de s'aérer,
de souffler, de quitter la vie urbaine pour
retrouver la verdure etc..., nécessaire et
légitime. Or, que cache par ailleurs cette
volonté de rompre avec le cadre habituel
qui rend les vacances si désirables ? Les
vacances – moment vécu comme la période de l'année où « tout est permis » –
témoignent du fait que le cadre dans lequel
on vit ne nous convient pas, car il nous est
imposé. Or l'homme n'aime pas se sentir
limité, enfermé dans un système. Et ce, du
fait que la plupart des cadres qui régissent
nos vies sont subis et non choisis. La Tora
nous propose une tout autre approche : se
donner un cadre qui soit pourtant l'expression de notre libre choix !
Le peuple juif est né en Egypte : terre
d'esclavage, civilisation du déterminisme
absolu où l'individu ne peut jamais exprimer son avis ni agir selon ses désirs
propres. Le cadre est enfermant. Le système est étouffant. Les Hébreux sont libérés d'Egypte par la Providence divine, mais
les voilà qui se retrouvent, à l'opposé extrême de l'oppression égyptienne, dans le
désert. Le désert est un lieu sans bornes,
sans limites. Il n'a pas de cadre. Tout y est
possible sans la moindre référence indiquant la voie à suivre... La liberté absolue
fait suite à la privation totale de liberté.
Et c'est à ce moment précis que Hachem
propose la Tora aux Hébreux : « Etes-vous
prêts à retrouver à nouveau un cadre, un
système (celui des commandements), mais
qui ne vous soit pas imposé, qui procède de
votre libre choix ? » L'acceptation de la Tora
est donc la mise en œuvre d'un paradoxe :
le choix délibéré de se donner un cadre
contraignant, expression de notre liberté
mais aussi de la nécessité de se donner des
limites ; un cadre sans lequel aucun projet
de vie responsable n'est possible. Après
l'Egypte (cadre imposé) et le désert (aucun
cadre), le Sinaï offre un juste milieu : la Tora
est un cadre (avec des règles que je ne définis pas moi-même, sans quoi elles risqueraient de n'être qu'une expression déguisée de ma soumission à mes pulsions) que
je m'impose délibérément.
En réalité, même une fois le cadre des
mitsvoth adopté, la question se repose
chaque jour : au quotidien, le croyant qui
a fait le choix de pratiquer les commandements de la Tora renouvelle librement son
engagement. De même que le Créateur
renouvelle quotidiennement Sa création,
le Juif pratiquant renouvelle son choix délibéré de pratiquer (ou pas) les mitsvoth.
On est donc bien loin d'une pratique routinière, habituelle. De fait, le cadre des
commandements doit être – idéalement
– vécu en permanence comme un système
volontairement choisi, une occasion d'exprimer notre liberté. Il est donc nécessaire,
dès que l'on accomplit une mitsva, de bien
avoir conscience que nous pourrions aussi
ne pas la faire. Il ne faut pas complètement
faire taire en nous les éléments qui nous
poussent à désobéir ou à renoncer à une
mitsva : leur présence maîtrisée témoigne
de notre liberté. La prise de conscience que
je pourrais tout à fait agir autrement donne
toute sa valeur à la réalisation de la mitsva.
Le Talmud évoque la notion de 'hofchi à
propos du mort, qualifié de « libre par rapport aux commandements » ('hofchi min
hamitsvoth). Le défunt n'agit plus, donc il
n'est plus libre de se soumettre aux com-
mandements. Autrement dit, la vie est l'occasion d'exprimer sa liberté par la capacité
à se soumettre délibérément à un certain
nombre de règles. A tort, bien des gens
pensent que l'expression ultime de la liberté serait de n'être soumis à aucune loi. Or,
cette définition ne convient qu'aux morts
qui n'ont plus la faculté d'agir.
Le Talmud enseigne que « plus un homme
grandit, plus son mauvais penchant (yétser
hara') grandit avec lui ». Pourquoi en ? Justement pour que sa pratique ne devienne
pas trop facile, trop automatique. Ce serait
l'expression d'une religiosité relevant du
réflexe pavlovien, de l'automatisme. Même
en grandissant, l'homme garde cette possibilité de fauter qui donne tout son poids à
sa soumission aux commandements.
Un texte talmudique surprenant nous apprend que « Jérusalem n'a été détruite que
parce qu'on y pratiquait une justice fondée
sur les lois les plus strictes de la Tora ». En
quoi est-ce problématique ? C'est que les
contemporains de la destruction n'allaient
pas au-delà de la Loi, ne cherchaient pas à
entendre ce que les textes enseignent plus
profondément que ce qu'ils expriment au
premier abord, et surtout, se contentaient
d'une pratique automatique des mitsvoth
sans recherche ('hipous) du sens plus ultime des versets, et sans conscience de la
liberté théorique d'agir différemment. ●
197 ● Juin 2016 │
103
entre femmes
La norme de l'élève
Par Mme Karen Ohayon
A mon époque, il y avait, dans chaque classe,
différentes sortes d'élèves : les excellents,
les bons, les moyens, les cancres. On acceptait cette hiérarchie comme naturelle, et il
était rare qu'on essaie de rendre excellent un
cancre, ou de déceler les raisons de son refus
d'étudier comme tout le monde.
Au final, chacun s'en sortait. Vingt ans plus
tard, on avait tous un métier. Bien des cancres
finissaient d'ailleurs par se révéler très doués
dans certains domaines, et gagnaient très bien
leur vie. Bref, chacun faisait son nid avec ses
possibilités.
Aujourd'hui, c'est très différent. L'élève doit
respecter diverses normes. L'enfant aussi, sans
parler de l'aspect « élève ». De la même façon
qu'il y a des normes de sécurité, il existe des
normes d'élève, et des normes d'enfant.
Si un élève est dernier de la classe, il faut
trouver une solution. Il faut l'aider. Il demande
de l'aide sans le dire ! Il doit faire partie des
normes, coûte que coûte.
Et si un enfant est trop calme, timide, il n'est
pas non plus dans les normes. Cela tend à
prouver qu'il est mal dans sa peau, qu'il rencontre certaines difficultés. Lui aussi appelle
au secours !
Il faut dire que dans notre génération, on a
tellement l'habitude de tout comprendre, de
tout gérer, de tout décider. Un enfant qui n'est
pas comme les autres, c'est une gifle pour le
modernisme, un domaine qui nous file entre
les doigts. Et à cela il faut savoir dire : NON !
Nous sommes au XXIème siècle, nous pouvons
créer les enfants que nous voulons !
D'ailleurs,
nous
maîtrisons bien leur
mise au monde :
nous
décidons
quand nous les voulons, et quand nous
ne les voulons pas.
104 │
Kountrass Famille ● 197
Ce n'est donc pas eux qui vont ensuite faire
la loi, non ?
D'un autre côté, il est évident que si nous
pouvons assister nos enfants, grâce à de nouveaux services ou de nouvelles découvertes,
pourquoi pas ? Nous aimons nos enfants, et
ne recherchons que leur bien, non ?
Tout a commencé avec une phrase anodine
du moré de mon fils :
« Votre enfant a des difficultés au niveau du
langage. La koupath 'holim (Sécurité sociale)
prend en charge des cours pour enrichir le
vocabulaire ; il serait dommage de ne pas en
profiter… »
Il a raison. Le petit, âgé de 7 ans, se bat avec
deux langues, le français et l'hébreu. Il parle
généralement le fran-breu, ce qui n'est bon ni
pour une langue ni pour l'autre. Je comprends.
Il manque à présent de vocabulaire, comme
ses frères et sœurs au même âge (qui parlent
d'ailleurs parfaitement les deux langues aujourd'hui, chuut). Et pour finir, pauvre chou,
les vilains parents refusent d'arrêter de parler
français à la maison pour l'aider à trouver sa
langue et son identité ! C'est triste.
A la koupath 'holim, il faut d'abord passer par
un expert en « développement de l'enfant ». Il
fait un diagnostic général, genre une radio de
l'enfant, quoi. Il recommande ensuite telle ou
telle orientation, telle ou telle assistance.
L'expert nous reçoit et trouve le petit Benny
très calme. Trop calme.
« Il est comme ça à la maison aussi ?
- Non, à la maison il est normal.
- Et à l'école ?
- Il est bien avec
ses amis, mais plutôt
timide avec le corps
enseignant. »
Il a encore beaucoup
de questions, mais il
fait d'abord sortir Benny, pour qu'on puisse
discuter tranquillement. Benny attend dans le
couloir avec des feuilles pour dessiner.
Mon questionnaire-maman continue, et
Benny dessine. Au bout d'une heure et demie
d'entretien (!!!), l'expert en développement
de l'enfant (!) se rappelle que Benny s'ennuie
peut-être (moi, j'en ai le cœur serré depuis
déjà belle lurette).
Il le fait rentrer et commence le questionnaire-enfant. Benny répond à voix basse. Il se
demande ce qu'on lui veut.
L'expert vérifie les aptitudes comme la lecture,
l'écriture, les mathématiques, mais aussi des
choses qui n'ont rien à voir : les couleurs préférées, le dessin d'arbre et de personnages, etc.
Puis, il y a un test final avec une centaine de
questions à choix multiples. Ce ne sont pas
des connaissances, mais plutôt la façon dont
réagit mon fils à certaines situations.
Je bâille, je passe un coup de fil à la maison
pour prévenir que je risque d'être bloquée ici
pour longtemps. Pour m'amuser, je finis par
prendre une feuille et un stylo : je réponds
aussi aux 100 questions, allez hop ! On ne
pourra pas dire que je ne fais rien !
L'expert donne finalement son verdict. Et
dans ce réseau de juges, je ne pense pas qu'il y
ait de cour d'appel :
« Votre fils a de grosses difficultés de langage. Cela le déprime. Il est véritablement en
détresse émotionnelle.
« Ses compétences sont au-delà de la
moyenne, son QI équivaut à celui d'un enfant
de 10 ans.
« C'est un problème, car s'il est intelligent, il
ressent encore plus ses lacunes en vocabulaire,
et l'on comprend plus facilement pourquoi il
est en dépression et ne communique pas avec
les adultes.
« De ses dessins, je me rends compte qu'il
est perfectionniste. C'est aussi un problème,
car les enfants perfectionnistes sont très
exigeants envers euxmêmes. Ils veulent être
les meilleurs, et chaque
échec peut être très mal
vécu chez eux.
« A part cela, il a aussi des problèmes d'attention, à corriger rapidement.
« J'accepte donc de vous donner
une recommandation pour commencer avec lui plusieurs traitements. Des cours de langage, une entrevue
avec un neurologue, et des médicaments pour
l'attention, des médicaments contre la dépression. Sinon, il ne s'en sortira jamais tout seul,
le pauvre bonhomme. Une série de cours avec
un psychologue, pour l'aider à refaire surface.
Enfin, je recommande qu'il quitte l'école actuelle pour s'orienter vers une école spécialisée pour les enfants de ce genre. »
Cela s'appelle faire le point.
Pleurer ou pleurer, telle est la question.
Soit il a tort, et je pleure la façon dont on a
épluché mon fils pour en faire des confettis.
Soit il a raison, et il y a vraiment de quoi
pleurer… Sans compter que cela signifie que
je suis une mère indigne qui ne s'est même pas
rendue compte du mal-être de son fils.
« Et le test avec les 100 questions, Docteur ?
- Il a eu une note de 67 sur 100. Plus on se
rapproche du 100, plus cela prouve un problème psychique. Cela ne fait que confirmer
ce que je vous ai expliqué. Cet enfant est apeuré, bloqué ; il faut l'aider. »
Il sort pour photocopier son diagnostic et
l'envoyer aux confrères : le neurologue, le psychologue, etc.
Pendant ce temps, je cherche furtivement le
barème du méga-questionnaire… Juste par
curiosité… Pour savoir combien j'aurais eu si
j'avais 7 ans… Et ce qu'on aurait dit à ma mère
si j'étais née à notre époque…
J'additionne… Mon résultat est de 88. Gloups.
Deux à interner.
On aura peut-être une réduction…
PS : Malheureusement,
toute ressemblance avec
des personnes ayant déjà
existé n'est pas tout à fait
fortuite…●
197 ● Juin 2016 │
105
BaLade
Gilboa' – Har Barkan
L
e Gilboa' mérite très certainement
notre visite. Il s'agit d'un massif de
"montagnes", d'environ 500 mètres
d'altitude, qui surplombent avec majesté
le 'émek Izraël à l'Est, le émek 'Harod au
Nord, et le 'émek Beth Chéan à l'Est.
Son histoire est très marquée, puisque
le roi Chaoul y a trouvé la mort avec ses
fils – sur une colline qui porte son nom,
située plus au nord-ouest. Sur le plan géographique, ces collines s'inscrivent dans la
suite des monts de Samarie, que l'on verra
en direction de l'ouest – de l'autre côté de
la muraille de séparation des territoires
arabes. Ces collines du Gilboa' ont une
forme de banane ; elles ont leur particularité également sur le plan de la faune et de
la flore, avec notamment l'iris du Gilboa',
inexistant ailleurs.
Le Har Barkan, l'un des sommets de ce
massif, atteint 497 m. Se trouve sur son
point le plus élevé une tour d'observation,
qui permet aux gardes de guetter tout
autour les éventuels débuts d'incendie –
si destructeurs en été dans cette région.
L'accès n'en est pas forcément permis.
Nous voulons faire une petite promenade
dans cette partie du Gilboa'. Nous revenons
sur la route que nous traversons à pied, et,
face au parking de Barkan, nous trouvons
un sentier marqué en rouge qui descend
la colline. Nous allons le suivre jusqu'à un
point assez bas, non sans avoir ignoré plusieurs chemins forestiers qui le traversent,
et n'emprunterons que le troisième, marqué en bleu pour le suivre sur notre droite.
Nous avancerons ainsi vers le bas de la colline, sur plusieurs centaines de mètres en
direction du nord-est. Inutile d'inviter le
baladeur à profiter de la vue… Il le fera instinctivement, tant elle est superbe.
106 │
Kountrass Famille ● 197
Nous allons tomber sur un chemin marqué en noir qui va nous permettre de remonter la pente. D'autres explorateurs ont
trouvé à cet endroit une vallée discrète,
« 'émek hané'élam ». Nous vous laissons
l'honneur de le repérer à votre tour.
Ce chemin forestier a pour avantage
qu'il est facile, serpentant tout au long
de la remontée. Nous verrons, au bout
du compte, que nous sommes parvenus
sans difficulté à remonter toute la pente
descendue avec le sentier rouge. Nous le
croisons du reste à nouveau juste avant
d'arriver à la route.
Nous pouvons, avant de repartir, vérifier où en est l'iris du Gilboa', qui pousse
autour du sommet du Barkan. Attention:
cette dernière invitation n'est valable
qu'entre le 10 mars et le 5 avril. Avis aux
amateurs pour l'an prochain !
Une promenade de trois quarts d'heure
maximum.•
Poulet au curry
Par Mme Esther Andreu
Ingrédients
ulet
- 4 cuisses de po
e de soja
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cr
- 1 brique de
on
- 1 gros oign
- 1 cuil. de curry
sol
- huile de tourne
- sel
Préparation
Mettez un fond d'huile dans votre casserole (juste assez pour ne pas que le poulet colle). Faites
dorer les cuisses de poulet de chaque côté.
- Retirez le poulet, puis faites revenir les oignons de manière à les rendre bien caramélisés.
- Ajoutez la crème de soja, le curry et un peu de sel, puis laissez mijoter 2 min à feu doux.
- Ajoutez les cuisses de poulet ; couvrez et laissez cuire à feu doux durant 30 à 45 min.
Servez avec du riz jaune et une bonne salade verte en entrée (bien nettoyée, bien sûr…).
Vous ferez la joie de toute votre petite maisonnée !
Préparation : 15 min
Cuisson : 45 min
!
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B
196 ● Mai 2016 │
107
Yeladim
par Mme Karen Ohayon
NASSO :
1- Quel rapport y a-t-il entre cette
paracha et le Tehilim 119 ?
2- Dans la birkath Kohanim, que signifie
« Yevarekhekha » (que Hachem te
bénisse) ?
3- Selon quel ordre les chefs de tribu
ont-ils apporté leur offrande pour
l'inauguration du Michkan ? Qui en a
décidé ainsi ?
BEHAALOTEKHA :
1- A qui les Bené Israël sont-ils venus
demander le comportement à adopter
en cas d'impureté le jour du Korban
Pessa'h ?
2- Quelle fut la réponse ?
3- Pourquoi Yitro s'appelle-t-il aussi
'Hovev
Objet mystère :
Quand on me voit,
On récite une bénédiction.
Je semble relier ciel et terre.
Je suis présent sur la célèbre
montagne qui ne paye pas de
mine.
108
je ?
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│Q
Kountrass Famille ● 197
CHELA'H LEKHA :
1- D'où les explorateurs prennent-ils la
grappe de raisins ?
2- Qui calme le peuple qui s'en prend à
Moché, au retour des explorateurs ?
3- Qui déchire ses habits suite à la réaction
des Bené Israël au récit des explorateurs ?
KORA'H :
1- Qu'avait à voir Ya'akov dans la ma'hloketh
de Kora'h, et que demande-t-il ?
Quels sont les deux termes que Kora'h
utilise contre Moché, et que Moché
retourne contre lui ?
Moché connaît un secret de l'ange de la
mort, lequel ?
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Bonjour à tous les petits cuisiniers !
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aussi !
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c'est tr
1
Cette fois-ci, avec la permission de maman, nous
allons préparer une surprise pour papa !
Des petits croquants que vous pourrez lui servir avec
un café ou un thé, lorsqu'il revient fatigué du Kollel ou
du travail… Vous verrez comme cela lui fera plaisir !
C'est parti !
2
3
Battez au batteur : vous
allez obtenir une pâte un
peu collante.
Ajoutez les fruits secs, et
remuez à la cuillère.
Préparez d'abord des
ingrédients :
Toujours à l'aide
de la cuillère, posez
de gros tas sur du
papier sulfurisé,
pour former deux
boudins.
5
Mouillez-vous les
mains avec un peu
d'huile, et arrangez
les pâtons pour qu'ils
soient uniformes.
Versez tous les
ingrédients de la
pâte dans un bol,
sans les fruits secs.
4
6
7
Faites cuire 30
minutes à 150
degrés.
Laissez refroidir
entièrement, puis
coupez en tranches
d'environ 1 cm
d'épaisseur (si vous
avez un couteau
électrique, c'est le
mieux).
Posez les tranches à plat, et
faites-les cuire 5 minutes à 170
degrés. Tournez-les, et laissez
cuire encore 5 minutes.
8
ezonoth…
Boré miné m
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éti2016
p●pJuin
197
Bon a
Yeladim
Dvar Tora
de la table du Chabbath
NASSO :
Dans
notre
paracha
se
trouve le chapitre le plus
long de toute
la Tora. Il s'agit
du
chapitre
7, qui compte
89 versets. Sa longueur tient, entre autres, du fait
que la Tora s'applique à rapporter avec exactitude
le sacrifice offert par chaque chef de tribu lors de
l'inauguration du Michkan. Pourtant, il s'avère que
les sacrifices des chefs étaient similaires en tout
point. La Tora, qui ne comporte jamais un mot en
trop, aurait pu se contenter de donner le détail du
premier sacrifice, et de dire ensuite que les autres
avaient apporté le même. De nombreux versets
auraient ainsi été économisés !
Nos Sages expliquent que même si les chefs ont
tous offert le même sacrifice, ce n'est pas parce que
l'un a copié l'autre. Chacun a eu la motivation d'apporter un tel présent, et l'a fait par véritable envie
d'offrir à Hachem un beau cadeau. Chacun mérite
donc, séparément, qu'on rapporte exactement ce
qu'il a offert !
BEHA'ALOTEKHA :
Au début de la paracha, après avoir ordonné l'allumage de la Menora, Hachem demande à Moché
de séparer les Leviim du peuple et de leur expliquer leur fonction.
Si vous ouvrez le 'Houmach au chapitre 8, verset
19, vous remarquerez tout de suite que certains
termes sont répétés. Ce verset détaille du rôle des
Leviim, et pourtant, les termes de « Bené Israël »
reviennent cinq fois. Autrement dit, sur les trente
mots du verset censé parler des Leviim, dix sont
destinés aux Bené Israël !
Le 'Hidouché Harim explique que lorsque Hachem nomme les Leviim, Il craint que les Bené
Israël n'en soient frustrés : « Pourquoi certains
d'entre nous sont désignés pour un rôle important,
et certains restent des "gens normaux", de deuxième classe ? »
Hachem fait donc tout pour prouver Son amour
aux enfants d'Israël, et leur dit : « Si les Leviim
sont nommés, c'est pour votre bien, pour expier
vos fautes, pour éviter les épidémies, pour être à
votre service » (cf. le même verset). Cohen, Lévi
et Israël sont tous les enfants de Hachem, et Il les
aime tous
de la même
façon●! 197
110
│ Kountrass
Famille
CHELA'H LEKHA :
Le 'Hafets 'Hayim expliqua un jour :
« Dans la paracha de
Chela'h lekha, la Tora
nous dit à propos des
Tsitsioth : "Vous les verrez, et vous vous rappellerez toutes les mitsvoth
de Hachem".
« La Guemara commente : le fait de voir
amène à se rappeler, et se
rappeler pousse à agir. »
Néanmoins, pour que
les Tsitsioth puissent
nous rappeler les mitsvoth, dit le 'Hafets
'Hayim, il faut déjà connaître les mitsvoth !
Un moyen mnémotechnique ne sert à rien si
l'on ne sait pas à quoi il fait référence. C'est
la raison pour laquelle il faut étudier la Tora
et apprendre toutes les mitsvoth, pour pouvoir réellement dire que les Tsitsioth jouent
leur rôle et que nous respectons cette mitsva
comme il se doit !
KORA'H :
« Séparez-vous de cette assemblée » : c'est l'ordre
de Hachem à Moché et Aharon. Séparez-vous de
Kora'h et de ses compagnons, pour que Je puisse
les punir.
Ensuite, Il fait dire aux Bené Israël : « Eloignezvous des tentes de Kora'h, Datan et Aviram », car la
terre va les engloutir.
Rav Israël de Kozhnitz fait remarquer que dans
les cinq livres de la Tora, il est souvent question de
fautes, dont certaines sont très graves. Il est même
préférable de se laisser tuer plutôt que d'enfreindre
certains interdits bien particuliers. Néanmoins, à
aucun moment la Tora ne demande de s'éloigner du
fauteur. Certes, elle lui montre la voie à suivre pour
être expié, ou lui donne telle ou telle sanction, mais
nulle part on ne parle de s'écarter de lui… Sauf
dans le cas de la discorde, avec Kora'h. Combien
grave est donc cette faute de semer la discorde
dans le peuple juif, et combien il est important de
fuir les propos qui y mènent…
Mots et langage
La racine .‫מ‬.‫ש‬.‫ ר‬signifie écrire. Pas seulement dans le sens de prendre
une feuille et un stylo et de former des lettres, mais surtout dans celui
de noter, de notifier, de quelque manière que ce soit.
Yaël m'appelle pour me donner les informations concernant le cours de natation.
Je lui dit « attends une minute, je prends de quoi noter » : ‫ לִ רְ ׁש ֹום‬- lirchom.
‫ח‬
Le jour de la ‫ הַ רְ ׁשָ מָ ה‬- harchama, de l'inscription, un nouvel élève s'est inscrit à l'école, ‫ נִרְ ׁשָ ם‬nircham.
Le directeur a dit que cet élève lui a fait bonne impression, ‫ רֹוׁשֵ ם טֹוב‬- rochem tov.
Il est donc ‫ רָ ׁשּום‬- rachoum, inscrit.
A présent, le professeur ajoute ce nouvel élève dans la liste, la ‫ רְ ִׁשימָ ה‬- rechima, des élèves de
6ème.
Après la première interrogation écrite, le professeur dit au nouvel élève : « J'ai été très
impressionné, ‫ הִ ְתרַ ּׁשמְ ִתי מְ אֹוד‬- hitrachamti meod, de tes connaissances ! Le sujet que tu as
développé à la fin était particulièrement ‫ מַ רְ ִׁשים‬- marchim, impressionnant.
‫ה‬
J'ai reçu une lettre en
recommandé, un ‫מִ כְ תָ ב‬
‫ רָ ׁשּום‬- mikhtav rachoum,
textuellement : une lettre
notée, suivie : elle a un
numéro, une trace.
Après avoir ausculté le bébé,
le médecin déclare qu'il a
une otite sévère et qu'il faut
commencer un traitement.
Il donne donc à la maman
une ordonnance, un ‫ מִ רְ ׁשָ ם‬mircham.
‫ז‬
‫ רִ ְׁשמִ ית‬-
richmith, officiellement, dans cette école, l'élève qui arrive en retard n'a pas le droit de
rentrer en cours. En pratique, la directrice ne dit rien si cela n'arrive pas trop souvent.
‫א‬
‫ רְ ׁשַ מְ קֹול‬- Rachamkol est formé de deux mots : racham et kol, noter et voix. Rachamkol est un
magnétophone (mais en hébreu moderne, on utilise plus facilement le terme en anglais : taperecorder…).
Dans une Yechiva, le ‫ רָ ׁשַ ם‬- racham est celui qui s'occupe des inscriptions, du recrutement des
Ba'hourim.
En cours de mathématiques, le professeur a exposé la solution sous forme de
diagramme : ‫ ּתַ רְ ִׁשים‬- tarchim.
197 ● Juin 2016 │
‫ב‬
111
Verset
Frèrecodé
de Yits’hak :
Verset codé
Père
de Tsipora
: ‘Hanna :
Grand
prophète,
fils
de
Frère
de
Moché
:
Trouvez les noms, en hébreu, qui se cachent derrière les définitions.Frère de Moché :
Yeladim
les noms,etenvous
hébreu,
qui se
Cela vous permettra de trouver quelle lettre correspond àTrouvez
chaque symbole,
pourrez
Celaavous
de trouver
découvrir le verset mystère, qui nous rapporte ce que Moché
dit àpermettra
son beau-père
Yitro !quel
découvrir
le
verset
mystère,
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Verset: codé
Fils d’Esav qui poursuit Yaakov
Grand prophète, fils de ‘Hanna :Frère de Yits’hak :
Frère
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Grand
prophète,
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cachent
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Tsipora
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découvrir le verset mystère, qui nous rapporte ce que Moché a
Trouvez les noms, en hébreu, qui se cachent derrière
les définitions.
Verset codé
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Grand prophète,
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Père de Tsipora :
Frère
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Frère de Moché :
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Auteur
des Tehilims
: Frère
Frère
de Yits'hak
:
Fils d’Esav
: de
Yits’hak
:
Ya'akov
: qui poursuit Yaakov
Père d’Avraham
:
Fils
d’Esav enfant
qui poursuit
: de Yits’hak :
Frère
Dernier
de Yaakov
d’Avraham
:
Auteur des Tehilims
: PèrePremier
homme…
Dernier
de Yaakov : Premier homme…
Ya'akovenfant
:
Père d’Avraham :
Premier homme…
Père de Tsipora :
Fils
d’EsavAuteur
qui Tehilim
poursuit
Yaakov
:
Auteur
des
des Tehilims
::
Fils d’Esav qui poursuit Yaakov : Frère de Yits’hak :
Père d’Avraham :
Auteur des Tehilims :
Premier homme…
Dernier enfant de Yaakov
:
Et enfin
notre
verset :
in notre verset :
Père d’Avraham :
Auteur des Tehilims :
Premier homme…
Dernier enfant de Yaakov :
Auteur des Tehilims :
§ Premier homme…
Dernier enfant de Yaakov :
Dernier
de Famille
Yaakov● 197
:
112 │enfant
Kountrass
Premier homme…
Fils d’Esav qui poursuit Yaak
Auteur des Tehilims :
Dernier enfant de Yaakov
Père
d’Avraham : ?
?
Premier homme…
Auteur des Tehilims :
Dernier enfant de Yaakov :
Raconte-moi
un
Machal
Dans la parachath Nasso apparaît la birkath
Kohanim, la bénédiction prononcée par les
Kohanim en faveur du Klal Israël.
Le Maguid de Douvna rapporte un machal à
ce propos :
Après avoir enfreint une certaine loi, un
homme est conduit en prison. En chemin, il
rencontre un ami. Celui-ci est triste de le voir
dans cet état, et lui dit : « Je ne peux pas
t'aider, mon cher ami, mais je te bénis, que
Hachem fasse que tu sortes vite de cette prison ! »
L'homme le remercie.
Quelques minutes plus tard, il rencontre un
autre ami, un homme important, proche du
roi. Lui aussi lui souhaite « Aue Hachem te
fasse sortir de la prison rapidement », mais
cette fois-ci, l'homme n'est pas satisfait.
« Je comprends que
mon premier ami se
soit contenté de me
bénir, car il ne peut
rien faire d'autre pour
moi. Mais toi, tu es bien placé pour plaider en
ma faveur ; tu pourrais parler au roi, tu pourrais faire intervenir tes amis les ministres. Je
suis déçu que tu me bénisses simplement… »
De la même façon, les Bené Israël se seraient
peut-être attendus à ce que les Kohanim
plaident en leur faveur auprès de Hachem,
puisqu'ils sont proches de Lui. Pourtant,
l'Eternel leur ordonne de réciter la birkath
Kohanim sans rien ajouter. « Emor lahem »,
dis-leur bien ! Voici les paroles qu'ils doivent
prononcer, et rien d'autre !
Tora test
Où trouve-t-on, dans le Tanakh : 7 sœurs ?
5 sœurs ? 3 sœurs ?
Un homme a fait un repas de Chabbath,
et a oublié de dire « Retsé veha'halitsénou » dans le birkath Hamazon. Pourtant,
dans son cas, la Halakha est de ne pas
recommencer le Birkath. Quel est ce rare
cas ?
La première femme dont on donne le
nom dans la Tora est 'Hava. Qui est la
seconde ?
197 ● Juin 2016 │
113
Yeladim
Master
Dans ce jeu de Master Mind, il faut
découvrir une combinaison de quatre
couleurs différentes, parmi ces huit
couleurs :
Mind
Chaque essai de combinaison est noté : un rond
blanc pour une couleur mal placée. Un rond
noir pour une couleur bien placée. Aucun rond
pour une couleur qui ne fait pas du tout partie
de la combinaison à trouver.
Voici les premiers coups d'un jeu
de Master Mind, ainsi que leurs
notations.
Vous devez à présent trouver la
combinaison gagnante !
?
?
?
?
Nos Rabbanim
Dans son incroyable humilité, rav Chlomo Zalman Auerbach
tenait toujours venir en bus pour enseigner à la Yechiva, malgré
l'insistance de la direction pour lui envoyer un taxi ou un
chauffeur privé. Il marchait à pied jusqu'à l'arrêt le plus proche,
et voyageait comme les autres ba'hourim, en autobus.
Un jour, lorsque les jeunes descendirent du véhicule, devant la
Yechiva, ils remarquèrent que rav Chlomo Zalman n'était pas
avec eux. Il descendit plusieurs stations plus tard, et revint vers
la Yechiva à pied.
« Rav Chelomo Zalman, pourquoi n'êtes-vous pas descendu de
l'autobus à la bonne station, ce matin ?
- J'étais assis côté fenêtre, et le passager près de moi avait de
nombreux sacs, chargés de fruits et légumes. Je ne voulais pas
le déranger et l'obliger à se lever avec tout cela, en demandant
à passer… »
114 │
Kountrass Famille ● 197
Les Pyramides... des fournitures
scolaires
Les pyramides… des fournitures scolaires
Trouvez les mots en français qui composent ces 4 pyramides, sachant que chaque mot
Trouvez les mots en français qui composent ces 4 pyramides, sachant que chaque mot
lettres
dulettre.
mot précédent + une nouvelle lettre.
comporte toutes les comporte
lettres du mottoutes
précédentles
+ une
nouvelle
Lesmots
mots lesles
plus
longs,
en bas de
pyramide,
sontpyramide,
des fournitures
scolaires
Les
plus
longs,
enchaque
bas de
chaque
sont
des!fournitures scolaires !
1 case : avant S
2 cases : il a réagi à une blague : il a …
3 cases : hurlement
4 cases : matière de bougie
5 cases : problème de dent
6 cases : (eau) pure, nette
7 cases : rubrique de journal
8 cases : refusait à l'examen
9 cases : posait des carreaux au sol
10 cases : attacherait à nouveau ses lacets
11 cases : allumerait la lumière
12 cases : utile pour séparer les thèmes du classeur !
1 case : lettre ronde
:
2 cases Définitions
: métal précieux
3 cases 1: case
après
le Sbiberon du nourrisson
: avant
réagi à n'en
une blague
4 cases 2: cases
plus: qu'il
faut
3 cases : hurlement
5 cases 4: cases
sépare
la
maison
: matière de bougiede la rue
: problème de dent
6 cases 5: cases
choisira
6 cases : (eau) pure, nette
7 cases 7: cases
bavarder
: rubrique de journal
: refusait à l’examen
8 cases 89: cases
amener
cases : posait des carreaux au sol
9 cases 10
: restituer
cases : attacherait à nouveau ses lacets
cases
la lumière!
10 cases11
:
utile: allumerait
en géométrie
12 cases : utile pour séparer les thèmes du classeur !
1 case : avant N
2 cases : à moi
3 cases
Définitions
: : nechama
4 cases : étendue d'eau
1 case5: lettre
casesen: serpentin
fournir de quoi se défendre
2 cases : existes
pagayeur
3 cases6: cases
qui lui:appartiennent
: écrire,
4 cases7: cases
apportes
le plat noter
5 cases8: cases
fleurs appréciées
: gros feutre parfois fluo !
6 cases : posa la table pour le repas
1 case : lettre en serpentin
2 cases : existes
3 cases : qui lui appartiennent
Définitions :
4 cases : apportes le plat
1 case : lettre ronde
5 cases : fleurs appréciées
2 cases : métal précieux
6 cases : posa la3 cases
table: après
pourle lebiberon
repasdu nourrisson
4 cases : plus qu’il n’en faut
7 cases : appuyer
5 cases : sépare la maison de la rue
8 cases : les élèves
aussi
ont parfois
6 cases
: choisira
leurs tableaux ! 7 cases : bavarder
8 cases : amener
9 cases : restituer
10 cases : utile en géométrie !
197 ● Juin 2016 │
115
Yeladim
Ma vie
Le sac perdu
« Oh, Maman, j’ai oublié mon sac dans le
bus !
- Ton cartable ?
- Non. Aujourd’hui, nous avions une sortie !
- Ah oui, c’est vrai ! Alors c’est ton sac de
sortie ?
- Oui, mon sac à dos bleu… Je ne comprends
pas… J’étais très fatiguée de la balade, et
en plus, je suis allée
directement chez les
Cohen ensuite, pour
faire du baby-sitting…
Du coup, je me suis
endormie dans le bus
pour revenir à la maison,
et j’ai complètement
oublié mon sac en
descendant…
Bon,
déclare
maman. Il faut d’abord
appeler la compagnie
de bus, et demander
s’ils ont trouvé le
sac. Ensuite, nous
réfléchirons
comme
aller le chercher… »
Bonne
nouvelle :
après vingt minutes au
téléphone, je sais que
mon sac a été retrouvé.
Mauvaise nouvelle : le bureau des objets
trouvés est très loin de la maison. Même pas
dans notre ville. Maman promet d’en parler à
Papa.
Le sac en lui-même ne vaut peut-être pas la
fatigue et le voyage pour le retrouver ; mais
116 │
Kountrass Famille ● 197
il contient tout de même des habits à moi,
mon maillot, et surtout, mon agenda où j’écris
tout…
Finalement, Papa dit qu’il peut aller le
récupérer, mais seulement dans une semaine.
Il sera alors de passage à proximité.
« Cela peut attendre une semaine ? me
demande-t-il. Il n’y a rien dans le sac dont tu
aies besoin urgemment ?
- Non, rien d’urgent !
La semaine prochaine,
c’est parfait, Papa. Merci
beaucoup ! Et désolée…
- Bah, cela peut arriver
à tout le monde…
comment va mon copain
Yaïr ?
- Oh, très bien ! Ils
étaient un peu excités,
aujourd’hui, mais je les
aime beaucoup, comme
tu le sais !
- Il ne t’a pas fait
quelque
chose
de
particulier, une surprise,
quoi ?
- Non, quelle surprise ?
- Non, rien, je plaisante,
on ne sait jamais ce
qu’il trame, ce petit
chenapan ! »
Les Cohen, chez qui je fais du baby-sitting
deux fois par semaines, ont quatre enfants très
mignons. Quand leur maman part visiter la
grand-mère à l’hôpital, c’est moi qui reste avec
eux, le lundi et le jeudi après-midi. Et Yaïr,
par Mme Karen Ohayon
c’est le plus grand. Mais pas si grand : il n’a
que 6 ans. Mon père l’aime particulièrement,
peut-être parce qu’il n’oublie jamais de lui dire
bonjour quand il le croise dans la rue… Peutêtre parce qu’il vient parfois jouer à la maison
avec Chelomo, mon petit frère… Ou peutêtre à cause des deux fossettes qui se forment
lorsqu’il rit… Et comme il rit souvent…
Le jeudi qui suit,
lorsque
j’arrive
chez les Cohen,
je sens tout de
suite qu’il y a
quelque
chose
d’inhabituel.
Yaïr est sérieux,
trop
sérieux.
Batya et Miri
s’échangent des
regards sans arrêt,
d’un air entendu.
Et
Nouriel
me
dévisage
bizarrement.
Je
joue
avec
eux
comme
d’habitude ;
je
dessine, je raconte
des histoires… mais ils me cachent quelque
chose, j’en suis certaine. Il y a un secret dans
l’air. Et à dire vrai, c’est plutôt désagréable.
Depuis près de six mois que je m’occupe
d’eux, jamais je n’ai ressenti cela. D’habitude,
ils sont drôles, spontanés, ils font des bêtises
aussi. Cette fois-ci, on aurait dit que je suis une
nouvelle baby-sitteur et qu’ils sont gênés. Peutêtre qu’ils ne veulent plus que je vienne ?
En partant, je sens que le petit Nouriel cherche
à me dire quelque chose. Mais il regarde ses
frère et sœurs et se tait. Batya murmure quelques
mots à Miri. Je crois entendre « sac ». Sontils donc au courant que j’ai perdu mon sac ?
L’ont-ils retrouvé ? Mais non, c’est impossible,
puisqu’il est aux objets trouvés ! Me rendant
compte que je suis en train de fabuler et
d’inventer des scénarios bizarres, je décide
raisonnablement d’arrêter de penser à tout
cela. Peut-être qu’il y a simplement un secret
de famille, et que leur maman leur a demandé
de ne rien dire, « même pas à Choulamith la
gentille baby-sitter ».
Quoi qu’il en soit, je prie pour que l’ambiance
soit meilleure lundi prochain…
Dimanche, Papa me rapporte mon sac. Je suis
rassurée de voir que
tout y est - même
les bonbons que je
n’avais pas finis
lors de la sortie.
Quelle
chance !
Par contre, le sac
contient aussi un
paquet
douteux.
Que je ne connais
pas, que je ne
reconnais pas, qui
n’est pas à moi. Je
veux demander à
Papa ce que je dois
en faire, lorsque je
vois sur le paquet
« pour Choulamith
Ifergan ». Ca, c’est
moi ! Jusque-là, on
est d’accord…
J’ouvre délicatement le paquet… C’est un
tout petit nounours, de la taille de mon pouce.
Je sais à qui il appartient. Aux Cohen. Je déplie
le papier que tient le nounours dans la main :
« Pour Choulamith, la meilleure baby-sitter,
bon anniversaire ! De la part de Yaïr, Batya,
Miri et Nouriel ».
Les larmes me montèrent aux yeux. Les
pauvres petits, ils ne pouvaient pas savoir que
j’avais perdu le sac, et ils ne comprenaient pas
pourquoi je ne les avais toujours pas remerciés
pour ce paquet qu’ils avaient gentiment placé
dedans… Et moi qui pensais qu’ils avaient
quelque chose contre moi. Je souris de mon
erreur… Ils sont trop mignons, ces petits…
Mais comment ont-ils su que c’était mon
anniversaire ? Qui le leur a dit ?
(Si vous relisez bien l’histoire, vous trouverez
un indice…) ●
197 ● Juin 2016 │
117
Yeladim
L'histoire du Chabbath :
Des bougies de rêve
Chabbath Chalom, les enfants !
« Ecoute, 'Hayim, on ne peut plus continuer
ainsi. Je pense qu'il faut vraiment trouver une
solution… Nos filles sont en âge de se marier,
mais nous n'avons pas les moyens de mettre
un peu d'argent de côté… qu'allons-nous
devenir ?
- Tu as raison, Ra'hel. J'y pense sans arrêt, moi
aussi, mais je ne peux pas travailler plus… Je
suis toute la journée affairé avec les bougies,
qui me demandent tellement d'effort et me
rapportent si peu…
- Moi, j'ai pensé à quelque chose.
- Ah bon ? Quoi ?
- Tu vas régulièrement voir ton rav, rabbi
Ya'akov Arié de Radzimine. Pourquoi ne lui
parlerais-tu pas de nos problèmes financiers ?
Cela fait plusieurs fois que je te propose d'aller
le voir, mais tu ne le fais pas…
- Je sais… C'est que… Lorsque je suis chez
le rabbi, il nous apprend tellement de belles
notions en Tora, que j'en oublie ma famille et
mes soucis…
- Eh bien cette fois-ci, 'Hayim, s'il te plaît, je
pense qu'il est très important de lui en toucher
un mot. Promets-moi de ne pas oublier !
- C'est d'accord, je vais faire mon possible
pour m'en rappeler… »
A l'époque où il n'y avait pas encore
d'électricité, 'Hayim, le fabriquant de bougies
de Warka, avait tout pour réussir. Il était adroit,
précis, professionnel et expérimenté. Tous les
acheteurs louaient son travail. Cependant, son
petit magasin lui rapportait à peine de quoi
nourrir sa famille chaque jour, et il ne pouvait
pas se permettre d'investir dans de nouveaux
locaux ou du nouveau matériel.
118 │
Kountrass Famille ● 197
'Hayim et Ra'hel se suffisaient de peu,
heureux avec ce qu'ils avaient. Lui était un
bon Juif qui utilisait chaque moment libre
pour étudier la Tora. Pourtant, à présent, le
problème du mariage des filles se posait. Il ne
s'agissait plus d'accepter avec joie leur piètre
condition, il fallait trouver une solution…
Cette fois-ci, 'Hayim n'allait pas voir son rav
pour se renforcer dans sa 'avodath Hachem. Sa
femme l'avait chargé d'une mission.
Toutefois, quand il rentra chez son rabbi, il se
sentit comme transporté par les divré Tora et
la Kedoucha de l'endroit. Il en oublia la raison
de sa venue. Au moment de partir, il alla saluer
son rav. C'est seulement une fois dehors qu'il
se rappela soudain l'objet de sa visite. Il revint
sur ses pas, tendu. C'était la première fois qu'il
allait demander à rav Ya'akov Arié un conseil
matériel et non spirituel.
« 'Hayim ! Tu n'es pas parti ?
- Non, rav, j'ai besoin de vous… Jamais je ne
vous ai importuné avec mes soucis, et jamais
je ne me suis plaint… Mais à présent, j'ai des
enfants à marier, et je vis si pauvrement, rav…
- Et la fabrication des bougies ? Cela ne
rapporte pas suffisamment ?
- Pas suffisamment du tout, rabbi. A peine de
quoi survivre. Si j'avais un petit pécule, disons
100 roubles, je pourrais en fabriquer en plus
grande quantité, et aller les vendre dans la
grande ville, à Varsovie. On s'arracherait ma
marchandise, là-bas, car on aime la bonne
qualité ! Entre-temps, je me contente d'en
fabriquer quelques-unes et de les vendre pour
un bénéfice minime…
- Et que penserais-tu d'un prêt, 'Hayim ?
- D'un prêt ? Qui me confierait une telle
somme, à moi, un pauvre mendiant ? Qui lui
en garantirait la restitution ? Celui qui prête
de l'argent, chez nous, c'est le gouverneur.
Mais il prête aux riches, et avec des intérêts.
Certainement pas aux pauvres comme moi.
- J'ai compris. Alors tu vas aller voir le
gouverneur, et tu vas lui demander de te prêter
300 roubles. Il te les donnera. »
« Pardon ? 300
roubles ? Et puis-je
savoir ce qu'un petit
fabriquant de bougies
compte faire avec une
telle somme ? »
'Hayim fit part de ses
projets au gouverneur.
Son affaire aurait du succès, il gagnerait
beaucoup d'argent, et pourrait rembourser
sans problème.
« Sans garant ni garantie, je ne peux pas
vous donner cet argent. Avez-vous un bien
quelconque ?
- J'ai une petite maisonnette en bois…
- Bon, écoutez, laissez-moi réfléchir, revenez
dans quelques jours… »
Ce jour-là, le gouverneur rencontra justement
le chef de la communauté de Warka, la petite
ville où vivait 'Hayim. Il en profita pour lui
demander s'il connaissait cet homme.
Le Juif pensa que 'Hayim était certainement
venu demander au gouverneur une réduction
des impôts, et il voulut l'aider :
"'Hayim des bougies ? Bien sûr que je le
connais ! Un homme pauvre, très pauvre.
Parfois, il n'a même pas de quoi manger… Et je
me demande s'il a une fois acheté de nouveaux
habits pour ses enfants… »
Fier de sa « recommandation », le Juif était sûr
que grâce à lui, le gouverneur serait indulgent
à l'égard de son coreligionnaire.
De retour chez le gouverneur, 'Hayim reçut la
réponse comme un coup de massue :
« N'avez-vous pas honte ? Venir me demander
un tel prêt alors que vous êtes un mendiant !
C'est hors de question. »
Ses rêves venaient de sombrer. Dépité,
'Hayim arriva en larmes chez rav Ya'akov Arié.
« Un peu de patience, 'Hayim. Je t'ai dit
qu'il te prêterait. Il te prêtera. Mais attention,
n'oublie pas de signer une reconnaissance de
dette. Il devra te la rendre en contrepartie de
l'argent que tu viendras lui restituer. »
De retour à Warka, 'Hayim apprit que le
gouverneur le cherchait. Il le reçut avec le
sourire, à bras ouverts.
« Dites-moi, 'Hayim,
avez-vous un lien de
parenté avec le vieil
homme qui me vient en
rêve depuis plusieurs
jours ? Il avait laissé
chez moi, en dépôt,
300 roubles. Lorsqu'il
est mort, sans héritiers,
l'argent est resté chez moi. A présent, il me
demande de vous les prêter. Mais dites-moi,
'Hayim, vous me les rendrez, n'est-ce-pas ?
- Bien entendu ! Mais en échange de la
reconnaissance de dette que je vais vous
signer…
- Evidemment ! Qui rend donc de l'argent
sans récupérer ce papier ?! »
'Hayim travailla dur pour mettre en place son
projet, son rêve. Et, selon les prédictions du
rabbi, il s'enrichit rapidement.
Quant au gouverneur, il ne demanda jamais
son dû. En effet, quelques jours après avoir
prêté l'argent, il prit un papier de la table
pour se rouler un cigare. Quand il se rendit
compte que ce papier n'était autre que… la
reconnaissance de dette de 'Hayim, il était déjà
trop tard. Et qui rend donc de l'argent sans
récupérer ce papier ?! ●
197 ● Juin 2016 │
119
Yeladim
Apprenons à connaître :
Le parapluie !
Vous savez tous ce qu'est un parapluie, n'est-ce-pas ? C'est l'objet par excellence qui permet de
nous protéger de la pluie !
Il est composé d'un bâton, le « mât », sur lequel coulissent des tiges appelées les « baleines ».
Entre deux baleines, se trouve le tissu étanche qui nous protège.
Savez-vous pourquoi on appelle les tiges des « baleines » ? Parce qu'à l'époque, elles étaient composées de fanons de baleine. Les fanons sont des poils très robustes présents sur la mâchoire supérieure de la baleine, sous forme de longue rangée. De nos jours, les tiges des parapluies sont généralement faites en métal.
Avant l'invention du parapluie, on portait tout simplement un manteau avec une capuche en toile
cirée, ou une capuche seule.
Au XVIIIème siècle, le premier parapluie arrive en France, avec un étui dur. Il devient rapidement
un accessoire de mode que l'on trouve chez les personnes riches.
De nos jours, le parapluie n'est plus l'apanage des gens aisés, et il ne coûte pas très cher. Par
contre, il en existe de différentes qualité, et la plupart de ceux vendus à bas prix se retournent
ou se cassent au moindre coup de vent. En France, par exemple, dix millions de parapluies sont
jetés à la poubelle chaque année !
Pensez-vous que le parapluie peut encore se perfectionner ? Avez-vous des idées originales ?
Depuis quelques années est apparu le parapluie dont les tiges ne se cassent pas, puisqu'elles sont
faites en silicone !
Cependant, cette année, il y a encore une nouveauté. Sachez que les Français viennent d'inventer un tout nouveau parapluie. Il s'agit d'un modèle « intelligent » qui contient, au niveau de la
poignée, une mini-station météo ! Le parapluie collecte ainsi différentes informations de l'environnement, comme la température, l'humidité, etc., et les analyse. Lorsqu'il détecte l'arrivée de la
pluie dans la demi-heure, il prévient son propriétaire en lui envoyant un message téléphonique !
Souvent, en quittant la maison le matin, on hésite à prendre le parapluie… Pleuvra ? Pleuvra pas ?
Et la plupart du temps, on se trompe… et se trempe (ou sèche) : si on le prend, on s'encombre pour
rien, car il ne pleuvra pas ; et si on le laisse à la maison, c'est là qu'il va pleuvoir sans arrêt toute la
journée ! Au moins, avec cette nouvelle invention, on ne se laissera plus surprendre !
En hébreu, le parapluie est appelé mitriya, du mot « matar », pluie.
Nous trouvons le parapluie dans la Halakha, concernant les lois du Chabbath. L'ouverture d'un
parapluie est comparée à celle d'une tente, interdite le jour de Chabbath. Utiliser un parapluie
déjà ouvert avant Chabbath n'est pas permis non plus.●
David
Barouch
120 │
Kountrass Famille ● 197
Rav Chelomo naît en 1785
à Komarov, en Pologne. Son
père, rav Yehouda Aharon
Kluger, est alors Av Beth Din
de la ville.
Dès son jeune âge, il étudie
la Tora avec son lui et, à 6
ans, il écrit déjà des commentaires.
A 13, il perd son père, et
continue donc à étudier seul,
guidé par plusieurs maîtres.
A 15, il devient orphelin de
sa mère, et également de son
rav, rav Ya'akov Krantz... Rav
Chelomo se retrouve seul…
A 17 ans, il se marie et vit
chez son beau-père. Au décès de celui-ci, rav Chelomo
ouvre un petit commerce,
mais les affaires ne marchent
pas très bien, et il accepte
donc le poste de rav qu'on lui
propose.
A 24 ans, il devient Av Beth
Rav Chelomo Din.
Kluger
Rav Chelomo et sa femme
ont un enfant qui meurt en
bas âge. En 1838, la femme
est niftar le 30 Sivan
1869, à l'âge de 84 an. Sa de rav Chelomo elle-même
Hiloula a lieu cette année le s'éteint. Il se remarie et a un
6 juillet 2016.
enfant : Avraham Binyamin.
:
a
l
u
o
l
Hi
Rav Chelomo est sollicité de
toutes parts pour des questions halakhiques. Il est très
apprécié de tous, malgré son
refus catégorique de faire
quelque concession que ce
soit dans l'observance de la
Tora.
En 1845, le voyant malade
du typhus, les médecins n'ont
guère d'espoir. Cependant,
rav Chelomo s'en remet doucement et vivra, encore 14
ans !
Comme vous le voyez, les
enfants, rav Chelomo n'a
pas eu une vie simple. Pourtant, dans son parcours, il a
réussi à écrire 150 livres et
brochures dans tous les domaines de la Tora ! Son commentaire sur le Choul'han
'Aroukh, le 'Hokhmath Chelomo, apparaît aujourd'hui
dans la plupart des éditions
du Choul'han 'Aroukh !
Rav Chelomo est niftar le 30
Sivan 1869, à l'âge de 84 an.
Sa Hiloula a lieu cette année
le 6 juillet 2016.
Solutions :
Problème logique :
Il en trouve vingt : 9, 19, 29, 39, 49, 59, 69, 79, 89, puis 90, 91,
92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99.
Master Mind :
La combinaison exacte est :
Pyramides :
R, ri, cri, cire, carie, claire, article, carrelait, relacerait, éclairerait,
intercalaire !
O, or, rot, trop, porte, optera, papoter, apporter, rapporter,
rapporteur !
S, se, ses, sers, roses, dressa, adosser, ardoises !
M, ma, âme, mare, armer, rameur, marquer, marqueur !
Quizz :
Nasso : Nasso est la plus longue des parachioth, et le Tehilim
119 le plus long des psaumes ; les deux comportent 176
versets. Que tes biens soient bénis. Hachem dit à Moché que
cela doit être selon l'ordre dans lequel ils se déplacent dans le
désert.
Beeha'alotekha : à Moché et Aharon qui étudiaient ensemble.
L'option de Pessa'h chéni, un mois après. Parce qu'il appréciait
et aimait (me'havev) la Tora.
Chela'h lekha : du « Na'hal Echkol » (fleuve de la grappe).
Kalev. Yehochoua' et Kalev.
Kora'h : c'est l'arrière-arrière-grand-père de Kora'h, et il a
demandé à ce que cela ne soit pas mentionné, pour que son
nom ne soit pas lié à la discorde. « Rav Lakhem » (cela suffit !).
Que la Ketoret (encens) a la capacité d'arrêter les épidémies.
Elément mystère :
L'éclair.
Verset Mystère :
Le verset est ‫אל נא תעזב אתנו כי על כן ידעת חנתנו במדבר והיית‬
‫לנו לעינים‬
Tora-Test :
1 - Les 7 filles de Yitro, les 5 filles de Tslof'had, les 3 filles de
Iyov.
2 - Il s'agit d'un malade obligé de manger le jour de Yom
Kippour, qui tombe un Chabbath (Michna Beroura 618, 29).
3 - Ada, la femme de Lemekh.
197 ● Juin 2016 │
121
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TAFIN
HACHOU
Michna
E UN
CHAPITR
un
Chapitre
1
2a
RA
BAVA BAT
[1] dans
ration
une sépa
mur au
enu de faire construire le
ent
ont conv
[4]
qui
ִ‫ — בּוֹנ‬doiv
.
associés
construit
ֶ ‫ין ֶאת �ה‬
� ‫כּוֹתל ָבּ ֶא ְמ‬
ָ ‫ — �ה‬Des
mur sera
‫ שּׁוּתּ ִפין ֶשׁ ָרצוּ‬priétaires, ‫צע‬
lequel le
e cour
ִ ‫ל� ֲעשׂוֹת ְמ‬
copro
terrain sur
:
cloison d’un
‫[ח ָצּה ֶב ָח ֵצר‬2]
ils sont les isse la moitié du
les murs
truire la [5] ‫ — לְ ֵבינִ ין‬ou en
cour dont
fourn
taires pour
e de cons
ié
une
men
itud
ques
chaque assoc matériaux régle
ont l’hab ‫ — ְכּ‬en demi-bri
[3] de sorte que
ִ ‫ִפ‬
‫יסין‬
nt des
où les gens
un lieu
milieu,
maintena
polies, [6]
na traite
tent dans pierres lisses et
La Mich
S’ils habi
en
matériau.
e avec ce
ָ‫ — ְמקוֹם ֶשׁנּ‬sières, ‫— גָּ זִ ית‬
[7]
‫ֲהגוּ לִ ְבנוֹת‬
construir
gros
le.
doivent
pierres
:
itude loca
nir trois
‫ — בּוֹנִ ין‬ils générale :
‫ — גָּ וִ יל‬en
de cloisons
er à l’hab
doit four
him
entières,
se conform sée aux divers types — cet associé-ci
une règle
briques
doit
trois tefa’ ‫זֶ ה‬
igne
ion
ֵ ‫זֶ ה‬
fournir
na ense
‫נוֹתן‬
ֵ
taire impo
construct
La Mich
ié-là doit
‫נוֹתן ִט ְפ �חיִ ם‬
‫ג‘ ְט ָפ ִחים‬
réglemen
— Toute
sières,
et cet assoc lisses et polies,
� ְ‫�הכֹּל ְכּ ִמנ‬
la largeur
mur et
ֵ ‫— וְ זֶ ה‬
res gros
[8]
‫נוֹתן‬
‫הג �ה ְמּ ִדינָ ה‬
présent
res
ment du
en pier mur, ‫ג‘ ְט ָפ ִחים‬
na cite à
ֵ ‫זֶ ה‬
‫נוֹתן‬
fait de pier i pour l’emplace
La Mich
construit
t du
ques,
le mur est
et dem
placemen
le mur est
him
demi-bri
‫ — �בּגָּ זִ ית‬si deux tefa’him
[10] ;
‫ — גָּ וִ יל‬Si[9] terrain pour l’em
est fait en fournir deux tefa’ ‫זֶ ה‬
de
fournir
t du mur
ֵ
si le mur
‫נוֹתן ֶט �פח‬
ֶ
ié-ci doit [11] ; ‫יסין‬
‫וּמ‬
placemen
tefa’him
ié-là doit
ִ ‫— �בּ ְכּ ִפ‬
ֱ
‫ח‬
ָ
‫צ‬
‫ה‬
l’em
ְ‫ו‬
assoc
assoc
ֶ‫ז‬
ְ ָ ‫לְ ִפ‬
pour
i
ֵ ‫ה‬
— cet
et cet
‫נוֹתן ֶט �פ‬
i.[12] ‫יכך‬
de terrain ִ ‫נוֹתן‬
‫ֶוּמ ֱח ָצה וְ זֶ ה‬
him et dem deux tefa’him
res, ‫ח‬
h et dem
ִ‫ֵ ט ְפ �חי‬
ues entiè
deux tefa’
in et des
un téfa’
fournir
‫ים ֶוּמ ֱח ָצה‬
fournir
fait de briq
fournir
ié du terra
ié-ci doit
dré,
ié-là doit
ié-là doit
ir la moit
le mur est
cet assoc
cet assoc
s’est effon
‫— ִט ְפ �חיִ ם‬
ִ‫ — �בּלְּ ֵבינ‬si
et cet assoc re l’autre à fourn
ְ‫ו‬
mur
i
‫ין‬
ֶ‫ז‬
‫ה‬
le
les
;
dem
ֵ
‫נוֹת‬
‫ן‬
et
im
tard,
aind
h
ement et
tefa’h
‫ִט ְפ �חיִ ים‬
es plus
ement contr
nir un téfa’
, quatre
l’emplac
des anné
, et que
soit au total associé-ci doit four ue associé peut légal ֶ ‫ — ִאם נָ �פל �ה‬si,
par les deux
‫כּוֹתל‬
cet
chaq
construit [13]
‫— ֶוּמ ֱח ָצה‬
, puisque
ion du mur,
aura été
pourquoi
égales.
de parla construct me que le mur
à
enu
parts
es
— C’est
à
conv
[14]
deux
ont
:
nécessair
loi présu
ns,
riétaires
nent aux
cette règle
les jardi
matériaux ‫ — �ה ָמּקוֹם וְ ָה ֲא ָב‬la
appartien
que ses prop cloisons entre
ִ‫נ‬
soumis à
é,
dré
‫ים‬
ָ ‫— ֲא‬
‫ב‬
ֶ
ins
‫שׁ‬
‫ל‬
‫ל‬
�
priét
‫בּ‬
effon
ִ
ְ
‫בּ‬
‫שׁ‬
ְ
ֵ‫נ‬
ֶ
[15]
des
‫ק ָעה‬
de terra
‫יהם‬
s’est
en copro
e
e d’ériger de la cloison.
du mur qui
autres types potager détenu
l’habitud
pierres
l’habitud
mine les
truction
un lieu où
un jardin où les gens ont
na déter
à la cons
cun des
La Mich
‫ — ְמ‬dans
même pour
t pas [cha
un lieu
à participer
‫קוֹם ֶשׁנָּ ֲהגוּ‬
— Et de
n’obligen ֶ — Mais si l’un
‫ — ְמ‬dans [chaque associé] les, ‫ֶשׁלּ ֹא לִ גְ דוֹר‬
‫קוֹם‬
rités
‫וְ ֵכן �בּגִּ ינָּ ה‬
ֶ
‫שׁ‬
ָ‫נ‬
‫א‬
ֲ
ָ‫לּ‬
‫ה‬
auto
‫גוּ‬
‫א‬
les
‫ִאם‬
‫לִ גְ דוֹר‬
de céréa
obligent
rer dans
ִ ְ‫ — ֵאין ְמ �חיּ‬champ.[16] ‫ר ֶֹצה‬
tager,
champs [14] ‫יבין אוֹתוֹ‬
autorités
doit rent
le
upe des
� ‫ — ְמ‬les
ְ ְ‫ — כּוֹנֵ ס ל‬il
mur pour
champs,
e qui regro
se partagent ֶ‫תוֹך ֶשׁלּוֹ וּבוֹנ‬
‫חיְּ ִיבין אוֹתוֹ‬
érieur du
une vallé cloisons entre les cloison lorsqu’ils
n, ‫ה‬
e[18] à l’ext
Mais dans
ion de la
de son voisi et il fait un sign
ériger de
urs
truct
pas
ne
à la cons
est de
ֶ ְ‫— ו‬
mesure
sans le conco‫עוֹשׂה ָחזִ ית ִמ �בּ‬
unité de
à participer
e le mur
fois une
associés] désire construir
mur, ‫חוּץ‬
était autre
truire le
iés
es. Le téfa’h
des assoc champ[17] et cons
NOTES
ent : palm 8.8 et 10.1 cm.
re
i).
im (Rach
9. Littéralem
son prop
re entre
l exigeait
six tefa’h
; il mesu
i). Le guevi la pierre
ation dans
totale de
courante
im (Rach
de
mot sépar
épaisseur
revêt le
de cinq tefa’h des aspérités
Pour une
sens que
seur totale tenir compte
en 10.
era sur le
in
une épais
consiste
e pour
ara se pench
Les kefiss
oduction).
la Michna,
que 11. Pour supplémentair
(Rachi). duit entre
1. La Guem (voir aussi l’intr
ion dans sur lui. C’est là
téfa’h
tefa’him
intro
ent quest
aussi un ssous, 3a).
de trois
ce contexte
mortier
généralem ons qui s’ouvrent (Rachi ; voir
(ci-de
cause du
seur totale
uées
dont il est
de mais
eurs maintaire à
une épais
nt effect
2. La cour
entouré
i entièrerée par plusi gée par 12. Pour un téfa’h suppléme
gères étaie
e central
avoir a fourn mption
, 3a).
un espac des tâches ména al, la cour soit entouune cour parta
requièrent
prétendre
sa préso
rt
(ci-dessous
si
e
peut
murs
ne
la plupa . [Bien qu’en génér ssion porte ici sur
mêm
tombé
deux
du mur,
n associé
mur est
é du les
Maharam) ouvrent, la discu
en sa
fait, aucu in et les pierres par exemple, le
la moiti
s’y
ètement
ue
fournir
qui 13. De ce
terra
à
ce
de
concr
e
[lorsq
e
e
sons qui nnes.]
ent
mur,
l’autr
la suite
band
du
ment la
es se trouv‫ ד‘‘ה לפיכך‬et dans
d’obliger
ruction
la plus grand
deux perso
les pierr
iété est
fot
ié a le droit saires à la const
de propr
oire et que era dans Tosse cette question.
ue assoc
Rachi
son territ
3. Chaq des matériaux nécesd’eux.
trouv
sur
entaire de
en l’absence
n
du dans ssion] (Rachi). On
e discussion
it du comm
de chacu
à appliquer
terrain et
ruction
un longu
posse
l’intimité
et, qui dédu égale à la const
it la règle
ara (4a)
garantira
ara défin
Mekoubets
s (voir aussi
ement
de la Guem
à part
la Guem
pas égale
Voir la Chita contribuent
il peut légal on ne
loin (4a),
ne sont
4. Rachi.
al,
entre eux,
14. Plus
priétaires parts de la cour
.
génér
mur
copro
locale
un
un
r
me
leurs
Bien qu’en barrière proque les
entre eux
ite érige
de coutu
ruction.
e quand
, une
laissant
e
d’eux souha
à sa const
mur, mêm ; cf. Rachach).
un jardin poussent, comm
murs en 3a).
15. Si l’un e à participer
a
es dans
,
it deux
y
Yad Ram
Rama et
ités intim les produits qui
des cloier l’autr
construisa
(ci-dessous
dant Yad
)
confection ruction oblig
à des activ
ce cas, on lissait de mortier
peut aussi
(ayin hara
[Voir cepen
livre pas
5. Dans
é dans la
const
l’on remp
id se du mauvais œil ci-dessous (2b). parfois, un jardin
dans la
ment utilis
espace que
tège
habituelle matériau d’usage ; voir aussi Magu
l’explique
quent que
le matériau
2:18
céréales
Guemara ubetset qui expli d’intimité.]
avec le
de
la
p
6. Avec
non
hénim
et
cham
fins
Meko
un
ot Chek
cours,
er les
es dans
la Chita une cloison à des
sons de (Rambam, Hilkh
est d’érig
ités privé ayin hara).
siter
e de
n, l’usage dire à l’autre
des activ
du
néces
à
band
d’édifices
régio
ème
pas
dre
s).
pas
moin
se livre
certaine
tà
t au probl
ine du
Michné là-ba
i). Quan
fournir la
ié ne peut
16. On ne 2b note 22 quan
dans une
du doma
obligé de
quent, si
, un assoc es polies” (Rach mentation
à l’intérieur
(voir aussi
n’est pas
pierr
régle
7. Par consé pierres grossières
tir
être situé
le voisin
ment des de l’usage ; la
en
Puisque
er seule
lacement
entier doit
s pour garan
cloisons
pas
aite utilis
les Sage On trouvera 17. in, le mur tout
dépend
e et de l’emp
qu’il “souh du mur, elle ne a été établie par
la natur
terra
Yossef).
r
ur.
(4a-b) de
Michna
, Nimoukei
l’épaisseu
plus loin
constructe
dans notre résistance (Roch
ara traite
gent.
ine
parle d’un
présentée
La Guem
de vue diver
une certa
c- 18.
la Michna
ce signe.
aux murs fot ‫ ד“ה בגויל‬un point
ִ parce que Ba’h). Notre tradu
précis de
‫בּגְ וִ יל‬,
aussi
comporte
dans Tosse
fot
(voir
on de Tosse
mentionné
8. La versi précédemment
mur
ction.
type de
cette corre
tion suit
TTC
= €sq4u’2au,48Ju8illet 2016
ju
TC
€53.60 T ite
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…Š™ ˜‡Š…‡Š… …Šš  [m`^e `
˜  WZ\Y    Š …—Šˆ Šƒ†• Š‘›„
› kgp dob[ qm`^e  [mo


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  Š‘†‚ ›†Œ… ›  “‚ †ˆ™Œ ˜‡Š…„ …Š™
  ‘Š…†…†›† ‘› Š‰Šš• “
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˜‡Š… Š†…  …Š Š“‚Š †›†Š‘†‚   ŠŒ… Š  ˜  †—™š
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…†— ™‘
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Š†ƒ‚
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…†™‚’
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™†
AU!
NOUVE
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š“
›†Œ   ‘Š …
…—Šˆ ›††—ˆ †—™š
   Š—™›‘ ŠŒ Š“‚Š ›  …Š
Š›
„†ƒ Š   „ˆ ŽŠ„˜„ ‚  †
 …Š™‚ˆ …Š—™†  ™Š Œ† š› …‘Šƒ Š‘š …‘Šƒ‚
šŠš›‚

  ›‘   ™
˜ Š›Š— ‚ /
™„Œ1  †ƒ
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