Youssou ndour "Paix et amour pour tout le monde"

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Youssou ndour "Paix et amour pour tout le monde"
Planète Paix n°501 – Culture : Youssou ndour « Paix
et amour pour tout le monde »
Culture
Youssou ndour « Paix et amour pour tout le monde »
Michèle Lahana dite La Gazelle, suit la carrière de Youssou
Ndour, chanteur sénégalais, depuis près de vingt ans.
Journaliste à RFI, elle s’est laissé séduire par sa voix
envoûtante et est devenue son manager en 1988. Elle publie
aujourd’hui la biographie de cet artiste emblématique de
l’Afrique, Youssou Ndour, la voix de la médina, aux éditions
Patrick Robin .
Le rendez-vous est pris avec La Gazelle un après-midi dans le
Jazz club d’un grand hôtel parisien. Michèle Lahana se dirige
droit vers vous d’un pas décidé et débute l’entretien par le
récit de sa rencontre avec le chanteur. Quelques tables plus
loin, Youssou Ndour, impassible tel un homme d’affaires avisé,
enchaîne interview sur interview. Sa sérénité et sa discrétion
qui n’accentuent pas moins son charisme, révèlent son sens du
travail aigu et son humilité.
Youssou, le musicien, est issu d’une famille de griots, caste
de chanteurs dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. Son talent
est reconnu dans toute l’Afrique mais en Europe c’est son
engagement social qui suscite l’intérêt du public. Et il y a
de quoi ! L’artiste s’investit dans de nombreuses causes : les
droits de l’Homme, des enfants, des femmes, le SIDA, le
paludisme, l’annulation de la dette des pays africains… Autant
de combats auxquels Youssou participe spontanément et qui font
de lui un chanteur militant.
La Gazelle explique comment il est arrivé dans le milieu
associatif, d’une manière évidente et naturelle en devenant le
porte parole d’UNICEF, « chaque année à Noël, il faisait la
tournée des écoles et il chantait deux ou trois morceaux. Un
jour, il a rencontré des gens d’UNICEF qui ont vu en Youssou
leur représentant.
» Puis en 1988, Peter Gabriel va le
propulser sur les devants de la scène internationale et dans
le cercle des artistes engagés. Youssou participe à la tournée
« Human Rights now ! » avec Amnesty international qui
programme une série de concerts dans le monde entier avec les
plus grandes stars de la chanson telles que Bruce Springteen,
Tracy Chapman, Sting… Tout au long de cette aventure, Youssou
arpente les pays qui ne respectent pas les droits de l’Homme
et croise les parcours de prisonniers, de gens torturés et de
familles en détresse. Il est ainsi confronté à la souffrance
des peuples démunis et aux injustices qu’ils subissent. Dès
lors, cette expérience le fait connaître mondialement et
surtout, renforce son envie de faire bouger les choses. Son
rôle d’artiste prend un autre tournant : « la musique a ce
pouvoir de défendre des causes justes et surtout d’informer.
» Une rencontre primordiale va bouleverser Youssou Ndour,
celle de Nelson Mandela pour qui il a joué et dont il évoque
les combats dans ses chansons, « nul n’a changé l’opinion
comme Mandela l’a fait, personne n’a autant payé de sa
personne.
» De simple chanteur traditionnel contant les
histoires africaines, il devient porteur de messages de paix,
de tolérance et de fraternité et multiplie les concerts en
faveur des causes humanitaires.
Aujourd’hui, Youssou joue le rôle d’un ambassadeur de
l’Afrique auprès des occidentaux. Et pour les Africains, c’est
un modèle, « au Sénégal, c’est Dieu ! » s’exclame La Gazelle
d’un air qui sous entend « incroyable mais vrai ». Originaire
de la médina, Youssou fait la fierté de ses compatriotes et
donne de l’espoir à la jeunesse africaine. « Et puis, il y a
le football ! » rappelle Michèle Lahana non sans un certain
sérieux car Youssou est devenu une sorte de mascotte portebonheur depuis la coupe du monde en 1998 pour laquelle il a
interprété l’hymne avec Axelle Red et en 2002 quand il a
chanté pour l’équipe sénégalaise. La popularité de Youssou en
Afrique passe d’abord par sa musique, il fait plus de deux
cents concerts par an et produit un disque chaque Noël. Fidèle
à ses origines, Youssou reste l’enfant de la médina et tient à
garder son identité en vivant au Sénégal. À travers sa
biographie, c’est l’Histoire de son pays et de l’Afrique qui
ressort : son passé, ses combats, ses espoirs. Et c’est au
moyen de sa musique que l’artiste veut transmettre les
richesses et dénoncer les inégalités du continent.
Au Sénégal, il y a Gorée, site qui témoigne d’un passé
douloureux, celui de l’esclavage. Pour Youssou, c’est un
héritage qui doit être conservé : « on a la preuve et le
souvenir d’une grande faute de la communauté internationale
sous nos yeux, c’est un patrimoine lourd en signification mais
extraordinaire.
» La gazelle évoque le devoir de mémoire
comme étant aussi un des objectifs de l’artiste, «
c’est
comme un devoir envers l’Afrique en général
» et Youssou
Ndour « n’hésite pas une seconde à s’engager dans une cause
qui peut améliorer les conditions de vie en Afrique. » Son
pays reste sa principale source d’inspiration et son continent
est sa priorité. Il souhaite ainsi donner l’image d’une
Afrique riche dans sa diversité culturelle, son sens de la
fête, mais aussi montrer du doigt les injustices qui
l’accablent : les guerres, le SIDA, le paludisme… «
La
musique est une puissance, il faut l’utiliser pour améliorer
le monde
».
Récemment, Youssou Ndour qui s’investit régulièrement aux
côtés d’Amnesty international, a apporté son soutien à la
campagne de sensibilisation sur l’excision à destination de la
population africaine résidant en France. «
Je suis contre
l’excision, je l’ai toujours été et je suis fier qu’Amnesty
fasse à nouveau appel à moi ».
Autre fléau que Youssou affronte : la Malaria. En mars 2005,
il entame une tournée dont l’ouverture est marquée par un
Festival à Dakar réunissant de nombreux artistes
(Corneille,Tiken Jah Fakoli, Manu Di Bango, Orchestre Baobab…)
dans le but de véhiculer des messages de prévention sur le
paludisme, maladie qui tue chaque année 2 millions de
personnes en afrique.
Youssou Ndour est un artiste entier porté par ses inspirations
musicales qui le guident dans tous ses combats. Dans son
dernier album Egypte , Youssou prône un Islam ouvert et
tolérant : « J’estime être un messager de la paix et je pense
qu’il est temps que le monde comprenne le vrai message de
l’Islam : paix et amour pour tout le monde ».
Céline Bévierre
En mars dernier, Youssou Ndour a été récompensé par un Grammy
Award pour son album Egypte sorti en 2004. Ce disque est un
projet personnel et spirituel qui célèbre sa religion,
l’Islam. Enregistré avec l’aide d’un arrangeur égyptien, Fathy
Salama et l’orchestre du Caire, il mêle la musique de Youssou
aux rythmes arabisants.

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