Au pays de la Fan Fest
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Au pays de la Fan Fest
magazine EDITORIAL Joseph S. Blatter Président de la FIFA P lus de trois millions de spectateurs dans les stades, quelque 20 millions aux Fan Fests implantées à travers le pays, des milliards devant leurs écrans dans le monde entier – du 9 juin au 9 juillet, la 18e édition de la Coupe du Monde de la FIFA a littéralement passionné tout le monde. Le football a à nouveau prouvé pendant un mois qu’il pouvait apporter plus de joie, d’harmonie et de solidarité à la planète toute entière, et je souhaite que ces valeurs perdurent au-delà de la Coupe du Monde. L’Italie a gagné le droit d’ajouter une étoile à son maillot. L’intelligence tactique de Marcello Lippi et l’inspiration du capitaine Fabio Cannavaro ont permis à la Squadra Azzurra de s’imposer sur le terrain avec savoir-faire, chance et un football offensif. Du côté des arbitres, la ligne de conduite suivie par la FIFA depuis 2002 a payé. Moins d’officiels, plus souvent désignés pour arbitrer, des trios expérimentés, un encadrement et une formation des hommes en noir depuis début 2005 ont contribué à un bilan satisfaisant dans l’ensemble – malgré quelques faux-pas ici et là. Jamais aussi peu de blessures n’avaient été enregistrées chez les joueurs, conséquence de l’application stricte des règles. L’ultime exclusion fut celle de Zinedine Zidane, le magicien de la dernière décennie élu par ailleurs meilleur joueur du tournoi, à qui le monde entier aurait souhaité dire au revoir autrement. Les stades ont pratiquement tous affiché complets. Ils ont accueilli des supporters qui ont fait la fête pacifiquement et ensemble avant et après les matches. Les services de sécurité ont brillé par leur discrétion, l’idée étant d’assurer une présence amicale et préventive. Tous ces efforts réalisés par le gouvernement allemand sont à l’origine du déroulement sans incident majeur de la Coupe du Monde, ce qui n’a rien d’ordinaire pour un événement d’une telle envergure. Alors que s’achève cette Coupe du Monde, en de nombreux points exceptionnelle et décisive pour l’avenir, les aspects positifs dominent. Les Fan Fests, que la FIFA a organisées avec les villes sur les différents sites de compétition, sont devenues le symbole de la puissance et du rayonnement du football. L’Allemagne n’a certes pas atteint la consé- Au pays de la Fan Fest cration suprême sur le gazon, mais les hommes de Klinsmann resteront dans l’histoire comme les champions du monde du cœur, le comité organisateur comme le champion du monde de l’organisation et la population allemande comme la championne du monde des hôtes. Même la météo s’était mise au diapason – un temps estival et ensoleillé a été offert à la fête du football pratiquement du premier au dernier coup de sifflet. Merci à l’Allemagne d’avoir accueilli le rendez-vous de l’amitié. Nous sommes impatients de retrouver cet esprit festif en 2010 en Afrique du Sud et sur tout le continent africain. AOÛT 2006 3 magazine SOMMAIRE INSTANTANÉS RETOUR SUR LA COUPE DU MONDE DE LA FIFA 2006 13.06.06, FRA v. SUI BILAN La finale, les supporters, les prolongations, les gardiens de but, les sélectionneurs, l’arbitre, les joies et les souffrances des 31 jours de la Coupe du Monde 6–14 INTERVIEW Franz Beckenbauer : « Pas de match exceptionnel » 30.06.06, GER v. ARG 04.07.06, GER v. ITA 20.06.06, ECU v. GER 16–18 27.06.06, BRA v. GHA 13.06.06, BRA v. CRO ARBITRAGE Les autres vainqueurs de la Coupe du Monde 21 REPORTAGE Le grand jour de la finale : 12 photographes sur la brèche pendant 24 heures 26.06.06, ITA v. AUS 23–35 04.07.06, GER v. ITA 24.06.06, GER v. SWE STATISTIQUES Tous les faits et chiffres officiels de la compétition 37–82 FIFA magazine numéro 8, Août 2006 01.07.06, BRA v. FRA 04.07.06, GER v. ITA Publication officielle mensuelle de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA). Editeur : FIFA, FIFA-Strasse 20 Case postale, CH-8044 Zurich Téléphone : +41-(0)43-222 7777 Téléfax : +41-(0)43-222 7878 Site Internet : www.FIFA.com. E-Mail : [email protected] Président : Joseph S. Blatter Secrétaire Général : Urs Linsi Responsable du contenu Directeur : Markus Siegler Rédaction : Andreas Werz, Georg Heitz Photos : foto-net Production : Hans-Peter Frei (chef de production) Réalisation graphique : Marco Bernet, Philipp Mahrer Impression : Vogt-Schild Druck AG, Gutenbergstrasse 1, 4552 Derendingen, Suisse 23.06.06, SUI v. KOR 13.06.06, KOR v. TOG Annonces, distribution et abonnement : medienfabrik Gütersloh GmbH, Carl-Bertelsmann-Str. 33, 33311 Gütersloh, Allemagne Annonces : +49-(0)5241-23408-16 Abonnement : +49-(0)5241-23480-84 Téléfax : +49-(0)5241-23480-565 E-mail : [email protected] Clôture de la rédaction de cette édition : Lundi 10 juillet 2006 18.06.06, BRA v. AUS 4 AOÛT 2006 26.06.06, ITA v. AUS 01.07.06, ENG v. POR 30.06.06, GER v. ARG Les points de vue exprimés dans FIFA magazine ne sont pas forcément ceux de la FIFA. La reproduction de photos et d’articles – même partielle – n’est autorisée que sur accord de la rédaction et avec indication de la source (Copyright : FIFA). La rédaction n’est pas dans l’obligation de publier tout manuscrit ou photo qui lui a été envoyé spontanément. Le logo FIFA est une marque déposée. Produit et imprimé en Suisse © FIFA 2006. AOÛT 2006 5 magazine COUPE DU MONDE DE LA FIFA, ALLEMAGNE 2006 La coupe des supporters et de la joie Jamais l’ambiance d’une Coupe du Monde n’avait été aussi festive qu’en Allemagne. Fête des supporters, festival de la joie, rapprochement des peuples. Côté football en revanche, le tournoi, qui a consacré l’Italie à l’issue d’une finale au couteau contre la France, a été d’un niveau plutôt moyen. PAR ANDREAS WERZ ET GEORG HEITZ Explosion de joie chez les Italiens : la Squadra Azzurra a décroché son quatrième titre de championne du monde le 9 juillet 2006 à Berlin. LA FINALE Le 2 juillet 2000, David Trezeguet devient le héros de toute une nation en inscrivant en finale de l’EURO contre l’Italie ce but en or qui sacre les Bleus (2-1). Six ans plus tard, en ce 9 juillet 2006, Trezeguet aurait certainement préféré disparaître dans les profondeurs de l’Olympiastadion de Berlin. En finale de la Coupe du Monde, il fut le seul à manquer son tir. Avec un score nul (1-1) après 120 minutes de jeu, l’Italie sortit donc vainqueur de la séance des tirs au but. A Berlin, Trezeguet était opposé à plusieurs de ses collègues de vestiaires à la Juventus de Turin. Un match spécial pour lui, donc, qui tourna à la tragédie. Ce n’était pas sa Coupe du Monde. Avec son système de jeu à une pointe, 6 AOÛT 2006 le sélectionneur français, Raymond Domenech, privilégiait Thierry Henry. Trezeguet avait sa place sur le banc. Lorsqu’il put enfin jouer, il délivra finalement les Italiens, sacrés champions du monde pour la quatrième fois de leur histoire, et auxquels le titre échappait depuis 1982. Mais Trezeguet ne fut pas le seul au destin tragique dans cette finale que la France avait semblé prendre en main. Pour son tout dernier match international, Zinedine Zidane commença par transformer un penalty avec l’aide de la transversale avant de perdre son sang froid dans les prolongations. Il fut expulsé à juste titre après avoir porté un coup de tête à Marco Materazzi – 69 000 spectateurs dans le stade et quelque 1,5 millions de personnes devant leur petit écran, dans plus de 200 pays, furent témoins de cet acte. Le titre ne revint donc pas aux « vieux », tant critiqués en début de tournoi – Zidane, Vieira, Thuram, Makelele et Barthez – mais à l’équipe la plus solide en défense et la plus maligne du tournoi. L’Italie n’a concédé en tout et pour tout que deux buts – un but contre son camp et un penalty. Le gardien italien, Gianluigi Buffon, le capitaine et pilier défensif Fabio Cannavaro, l’omniprésent milieu défensif Andrea Pirlo et le téméraire Gennaro Gattuso ont contenu toutes les offensives adverses. Les latéraux Gianluca Zambrotta et Fabio Grosso faisaient par ailleurs valoir leur polyvalence technique en participant aussi aux actions offensives. Et tout devant, se tenait Luca Toni. Décisif : l’Argentin Maxi Rodriguez (qui n’est pas sur la photo) inscrit un magnifique but contre le Mexique dans les prolongations. LES PROLONGATIONS La faute à certains pics de température ? Toujours est-il qu’à partir des matches couperets, un grand nombre d’équipes ont eu du mal à sortir de leur réserve. Non que la qualité des matches ait laissé à désirer, mais les prouesses techniques ont surtout primé entre les deux surfaces de réparation, les équipes ayant généralement reçu pour consigne de limiter les prises de risque. Pourtant, l’audace est parfois récompensée : lorsque l’équipe argentine cherche la faille dans les prolongations de son huitième de finale, Maxi Rodriguez qualifie les siens d’une somptueuse reprise de volée. Autre exemple : alors que l’on se prépare déjà à la séance de tirs au but pour la demi-finale entre l’Allemagne et l’Italie, Marcello Lippi, sélectionneur des Azzurri, force le destin en faisant entrer un attaquant supplémentaire aux côtés de Vicenzo Iaquinta, Alberto Gilardino et Francesco Totti. Peut-être a-t-il été inspiré par les statistiques de l’Allema- AOÛT 2006 7 magazine COUPE DU MONDE DE LA FIFA, ALLEMAGNE 2006 Deux célèbres supporters, la chancelière allemande Angela Merkel, et le Président de la FIFA Joseph S. Blatter. « Des images fantastiques » « Je pense que ce que l’on retiendra à l’étranger est que nous sommes un pays qui sait faire la fête. Ce que l’on retiendra en Allemagne est que nous pouvons aussi nous enthousiasmer pour notre pays » Angela Merkel, chancelière de la République fédérale d’Allemagne Le Président de la FIFA, Joseph S. Blatter, commente le tournoi en Allemagne. Son point de vue sur … – à l’exception de la délégation suédoise – et discuté avec les représentants des associations. » …. la note sur dix que mérite la CM 2006 : « Je lui mettrais 9 pour l’organisation et l’ambiance et 8 pour la qualité des matches. J’aurais souhaité un football plus offensif lors des matches à élimination directe. » … le succès des Fan Fests : « Ces Fan Fests permettent aux supporters, qui n’ont pas pu se procurer de billets, de participer à l’événement. Les images qui nous sont parvenues de ces Fan Fests sont fantastiques. » … les séances de tirs au but : « Le football peut prendre un tour cruel, voire tragique, notamment lorsqu’il faut en venir aux tirs au but. Il perd alors aussi son caractère de sport collectif car tout se résume à un duel entre le gardien et le buteur. » … Franz Beckenbauer : « Il était partout, il a célébré sa Coupe du Monde. Ma mission était différente. J’ai rencontré toutes les délégations … l’agitation autour de l’équipe du Togo : « Cet épisode est très regrettable. Un nouveau venu en Coupe du Monde qui fait autant parler de lui. Et pas forcément de manière flatteuse ! Nous avons finalement été forcés d’intervenir dans le conflit sur les primes entre la fédération et les joueurs. » … la Coupe du Monde de la FIFA 2010 en Afrique du Sud : « Nous devrons nous adapter aux conditions sur place, mais nous garderons certainement le concept des Fan Fests, car il est particulièrement important de rassembler la population en Afrique du Sud. » Une interview détaillée de Joseph S. Blatter sur la Coupe du Monde de la FIFA, Allemagne 2006 sera publiée dans l’édition de septembre du FIFA magazine. LES SUPPORTERS gne, encore invaincue aux tirs au but en Coupe du Monde ? Reste que le courage des Italiens sera payant : ils prennent le dessus à une poignée de secondes de la fin, del Piero doublant même la mise après le but de Grosso pour offrir à l’Italie une victoire 2-0 sans appel. 8 AOÛT 2006 Jamais, de mémoire de supporter de la Coupe du Monde, tant de moyens n’avaient encore été déployés pour permettre à la liesse populaire suscitée par la plus grande fête du football de s’exprimer au-delà de l’enceinte des stades. Au fil des matches, des millions de personnes ont ainsi pu partager la même émotion dans l’ambiance festive, internationale – toutes les spécialités culinaires du monde y étaient d’ailleurs proposées – et pacifi- que des « Fan Fests », un concept spécialement conçu pour l’occasion, dont le succès a dépassé toutes les attentes. La retransmission publique des matches sur grand écran a créé dans les villes organisatrices de véritables pôles d’attraction et d’animation dignes des stades. Plus d’un million de supporters se sont ainsi retrouvés à la Fan Fest de Berlin pour suivre le quart de finale Allemagne-Argentine. Rien qu’en Allemagne, près de 30 millions de téléspectateurs étaient devant leur poste pour la demi-finale qui a opposé la Mannschaft à la Squadra Azzurra. Un chiffre impressionnant auquel il faut ajouter les millions de fans rassemblés devant les écrans géants, sans oublier ceux qui ont rempli les somptueux stades ; n’en déplaise aux cassandres, la CM a bien été « la grande fête des supporters ». Une preuve qu’en dépit de toutes les critiques, le système de billetterie a bien fonctionné. En effet, le spectacle des foules venues en masse encourager leur équipe avec une incroyable ferveur dans les tribunes multicolores restera l’une des images dominantes de cette Coupe du Monde. LES GARDIENS DE BUT C’est surtout en jouant les héros lors des séances de tirs au but que les gardiens auront marqué les esprits durant cette Coupe du Monde. Comme l’Allemand Jens Lehmann qui repousse avec beaucoup de sang froid deux tirs de l’Argentine devant 70 000 spectateurs. Ou l’Ukrainien Oleksandr Shovkovsky, auteur de deux arrêts qui font craquer la Suisse en huitièmes de finale. Quant au Portugais Ricardo, il refait vivre aux Anglais le cauchemar de l’EURO 2004 en se montant intraitable pendant l’exercice. Tous ces exploits ne doivent pas faire oublier les autres prestations des gardiens qui se sont aussi illustrés tout au Ambiance de fête à la Porte de Brandenbourg à Berlin. « Je n’avais encore jamais vu une Coupe du Monde de la FIFA associée à une si grande fête. Je crois que ça a été la Coupe du Monde du public » Jorge Valdano, champion du monde 1986 avec l’équipe d’Argentine AOÛT 2006 9 magazine COUPE DU MONDE DE LA FIFA, ALLEMAGNE 2006 « Les différences de niveau entre les équipes qui ont participé à cette Coupe du Monde étaient réellement faibles. Les sélections asiatiques commencent à combler leur retard, mais elles ne sont pas encore de grandes équipes » Coup du sort : le gardien portugais Ricardo repousse le coup franc d’un Anglais. Cha Bum-kun, ancien international sud-coréen LES EUROPÉENS Les experts ont fait fausse route. Ils avaient été quasi unanimes à prédire le sixième sacre mondial des Brésiliens, en prenant éventuellement une option sur l’Argentine. Cette Coupe du Monde devait en tout cas être celle du beau football, des feintes spectaculaires, des buts époustouflants et surtout pléthoriques, et accoucher de plusieurs nouvelles stars. Des clous ! Les buts justement ont rarement été aussi peu nombreux que cette année, la plupart des matches ayant été « Le football est un jeu que l’on peut gagner ou perdre. Mais j’ai l’impression qu’aujourd’hui, plus personne n’a le droit de perdre » Michel Platini, membre du Comité Exécutif de la FIFA et ancien capitaine de l’équipe de France Des supporters allemands fiers de leur banderole rendent hommage à cette formidable Coupe du Monde. LES ALLEMANDS long de la compétition. Le Suisse Pascal Zuberbühler n’a pas concédé un seul but en quatre matches. Le grand Buffon est resté quasiment invincible. L’excellent Shaka Hislop, gardien remplaçant de Trinité-et-Tobago, n’a jamais plié devant les Suédois, qui ont dû se contenter d’un nul (0-0). Le gardien angolais João Ricardo a profité du premier tour de la compétition pour donner toute la mesure de son talent. Et si Andreas Isaksson (face à l’Allemagne) et Petr Cech (face au Ghana) ne s’étaient pas surpassés, la Suède et la République tchèque auraient probablement essuyé de cuisantes défaites. 10 AOÛT 2006 26 février 2006. Dans le salon d’un hôtel de Francfort, Jürgen Klinsmann dévoile son plan à l’approche de la Coupe du Monde. Le sélectionneur allemand expose ses idées avec conviction ; il est détendu et se prête de bonne grâce à l’interview. « Nous visons la finale », annonce-t-il sur le ton de l’évidence. Et d’ajouter : « Je veux vivre cette Coupe du Monde, en profiter pleinement ». Trois jours plus tard, c’en est fini de l’état de grâce. L’Allemagne perd son match amical contre l’Italie 4-1 à Florence, et Klinsmann se retrouve sous les feux d’une critique acerbe : son lieu de résidence, la Californie, qu’il regagne après chaque rassemblement, est jugé inacceptable, son équipe d’encadrement avec des préparateurs physiques venus des Etats-Unis et des psychologues, est raillée et contestée. Klinsmann est présenté comme un individualiste aux visions ésotériques. 4 juillet 2006. Les protégés de Klinsmann, 42 ans, viennent de se faire éliminer par les Italiens en demi-finales. Malgré la déception, des dizaines de milliers de supporters scandent le nom du sélectionneur. Dans les jours qui suivent, la presse salue son travail et chante ses louanges. Ce regain de faveur dans l’opinion s’était amorcé trois semaines et demie plus tôt, lors du match d’ouverture face au Costa Rica (4-2). La Mannschaft s’était rapidement attirée la sympathie du public allemand par son attitude offensive. Il fut alors de bon ton de la soutenir : Klinsmann le maudit était redevenu prophète en son pays. Les journaux les plus sérieux publièrent des articles sur le thème « Quelles leçons l’économie nationale peut-elle tirer de l’exemple de Klinsmann ? ». L’ancien attaquant de grande classe n’en tirera aucune gloriole ; grand seigneur, il s’abstient de confronter ses détracteurs d’hier à leurs débordements passés. Le deuxième personnage qui donna, quatre semaines durant, un visage souriant à l’Allemagne fut Franz Becken- bauer, le président du Comité Organisateur Local. Le légendaire « Kaiser » assista à autant de matches que son hélicoptère lui permit de le faire, fut de toutes les réceptions officielles et remplit parfaitement son rôle d’hôte en se montrant omniprésent pendant toute la manifestation. Grâce aux Allemands, le slogan de la CM 2006 « Le rendez-vous de l’amitié » a pris tout son sens. Du policier accueillant à Hanovre au bénévole serviable à Munich, tous ont contribué à la parfaite organisation de la fête dans une ambiance des plus chaleureuses. Rencontre européenne : extrait du match de groupes entre l’Ukraine (en jaune) et l’Espagne. AOÛT 2006 11 magazine COUPE DU MONDE DE LA FIFA, ALLEMAGNE 2006 dominés non par les techniciens mais par les tacticiens, tandis que défenseurs et gardiens de but volaient la vedette aux milieux de terrain offensifs et aux attaquants. Et cette édition n’aura pas plus été celle des Asiatiques et des Africains que des Sud-américains. Le Brésil et l’Argentine virent leur sort scellé dès les quarts de finale ; le Ghana, nouveau venu en Coupe du Monde, fut le seul des cinq représentants du continent africain à se hisser jusqu’en huitièmes, et aucune des quatre sélections asiatiques ne parvint à passer l’obstacle du premier tour. Cette Coupe du Monde aura donc été une Coupe du Monde européenne : seules des équipes européennes – l’Allemagne, le Portugal, la France et l’Italie – ont en effet accédé au dernier carré et ce, pour la première fois depuis 1982 où l’Italie avait battu la République fédérale d’Allemagne 3-1 à Madrid en finale et où la Pologne s’était adjugé la troisième place (3-2) face à la France. Le Portugal (à gauche) et la France durant les hymnes nationaux. L’ARBITRE 6 juillet 2006, 14h25, au quartier général des arbitres de la Coupe du Monde, à Francfort/Neu Isenburg. L’arbitre argentin Horacio Elizondo cache son visage dans ses mains tandis que les larmes lui viennent aux yeux. Belaïd Lacarne, membre algérien de la Commission des Arbitres de la FIFA vient de lui annoncer qu’il a été choisi pour diriger la finale France-Italie trois jours plus tard, à Berlin. Submergé par l’émotion, Elizondo étreint ses deux assistants, Darío García et Rodolfo Otero. « Je suis si heureux et si fier », bredouille-t-il. Tous les arbitres présents félicitent le trio pour cette nomination. Ce professeur de sport âgé de 42 ans écrit à ses moments perdus. Egalement passionné de golf et de tennis, il n’aborde généralement pas le thème du football dans ses poèmes et ses histoires, mais il pourrait bien faire une exception cette fois. Il caresse même l’idée d’écrire un livre sur cette Coupe du Monde en Allemagne. Il restera en tout cas dans l’histoire de la compétition comme le premier officiel à avoir dirigé à la fois le match d’ouverture et la finale. Avec le Mexicain Benito Archundia, il a officié à cinq reprises en Allemagne, un record en compétition de la FIFA. Unique : l’Argentin Horacio Elizondo a dirigé le match d’ouverture et la finale. AOÛT 2006 13 FIFA WM Deutschland 2006™ COUPE DU MONDE DE LA FIFA, ALLEMAGNE 2006 LES SÉLECTIONNEURS Le 9 juillet, jour de la finale, onze des 32 équipes participantes avaient à leur tête un autre sélectionneur qu’au début de la compétition. Et d’autres démissions ou limogeages étaient dans l’air. Ainsi est-il peu probable que le Brésilien Marcos Paqueta reste plus longtemps sélectionneur de l’Arabie saoudite quand on sait que son équipe a été éliminée dès le premier tour et que onze prédécesseurs se sont « cassé les dents » à ce poste en 15 ans. Le jour de la finale, Marcello Lippi (Italie), Bruce Arena (Etats-Unis), Aníbal Ruiz (Paraguay), Zlatko Kranjcar (Croatie), Luiz Felipe Scolari (Portugal) et Carlos Alberto Parreira (Brésil) étaient eux aussi confrontés à un avenir incertain. Aussi est-il bien possible que plus de la moitié des sélectionneurs de la Coupe du Monde de la FIFA 2006 occupent – ou recherchent – un nouveau poste d’ici peu. Dans le milieu du football, le sort du sélectionneur est directement lié aux victoires et aux défaites de son équipe, aussi bien en phase finale de la CM que dans toute autre compétition. Alexandre Guimaraes est l’un de ceux qui ont constaté à leurs dépens jusqu’à quels excès peuvent conduire la colère et la douleur d’une défaite en Coupe du Monde de la FIFA. Après l’élimination en phase de groupes de l’équipe costaricaine qu’il dirigeait déjà il y a quatre ans, il fut menacé de mort avec sa famille. « J’ai peur », déclarait-il alors, lui dont la performance avait été pourtant saluée en Corée du Sud et au Japon ; peu après, il démissionnait. Aníbal Ruiz est officiellement toujours sélectionneur national du Paraguay, mais il est rentré dans son pays d’origine, l’Uruguay, après la Coupe du Monde. « C’est mieux comme ça », déclare un membre de la Fédération de Football du Paraguay, ajoutant : « Après les misérables performances de notre équipe en Allemagne, les supporters sont si remontés que je ne peux garantir la sécurité de Ruiz au Paraguay. » 14 AOÛT 2006 Limited Edition EN UNTER ESTELL JETZT VORB s www.medien « Je pense qu’il a manqué une vraie grande équipe dans ce tournoi et qu’une ou deux stars mondiales n’ont pas non plus rempli leur contrat. A part cet aspect un peu décevant, cela a été une belle compétition » Gary Lineker, ancien international anglais Das Offizielle Buch hop.de ISBN 3-9810284-3-0 | Deutschland + Österreich EUR 69,- | Schweiz sFr 117,- magazine DIE WM, DIE DEUTSCHLAND VERÄNDERTE. DAS EINZIGARTIGE STANDARDWERK. LIMITIERTE AUFLAGE & OPULENTE AUSSTATTUNG. AB AUGUST IM BUCHHANDEL ODER Jürgen Klinsmann, sélectionneur bondissant. JETZT VORBESTELLEN: www.medienshop.de Mehr Informationen zur FIFA WM 2006™ auf www.FIFAworldcup.com Alle Abbildungen und Inhalte des Buches sind vorläufig.