Au pays de la Fan Fest

Transcription

Au pays de la Fan Fest
magazine
EDITORIAL
Joseph S. Blatter
Président de la FIFA
P
lus de trois millions de spectateurs
dans les stades, quelque 20 millions
aux Fan Fests implantées à travers le
pays, des milliards devant leurs écrans dans le
monde entier – du 9 juin au 9 juillet, la 18e
édition de la Coupe du Monde de la FIFA
a littéralement passionné tout le monde.
Le football a à nouveau prouvé pendant un
mois qu’il pouvait apporter plus de joie,
d’harmonie et de solidarité à la planète toute
entière, et je souhaite que ces valeurs perdurent au-delà de la Coupe du Monde.
L’Italie a gagné le droit d’ajouter une étoile
à son maillot. L’intelligence tactique de Marcello Lippi et l’inspiration du capitaine Fabio
Cannavaro ont permis à la Squadra Azzurra
de s’imposer sur le terrain avec savoir-faire,
chance et un football offensif.
Du côté des arbitres, la ligne de conduite
suivie par la FIFA depuis 2002 a payé. Moins
d’officiels, plus souvent désignés pour arbitrer, des trios expérimentés, un encadrement
et une formation des hommes en noir depuis
début 2005 ont contribué à un bilan satisfaisant dans l’ensemble – malgré quelques
faux-pas ici et là. Jamais aussi peu de blessures n’avaient été enregistrées chez les joueurs,
conséquence de l’application stricte des règles. L’ultime exclusion fut celle de Zinedine
Zidane, le magicien de la dernière décennie
élu par ailleurs meilleur joueur du tournoi, à
qui le monde entier aurait souhaité dire au
revoir autrement.
Les stades ont pratiquement tous affiché
complets. Ils ont accueilli des supporters qui
ont fait la fête pacifiquement et ensemble
avant et après les matches. Les services de
sécurité ont brillé par leur discrétion, l’idée
étant d’assurer une présence amicale et préventive. Tous ces efforts réalisés par le gouvernement allemand sont à l’origine du déroulement sans incident majeur de la Coupe
du Monde, ce qui n’a rien d’ordinaire pour
un événement d’une telle envergure.
Alors que s’achève cette Coupe du Monde,
en de nombreux points exceptionnelle et
décisive pour l’avenir, les aspects positifs
dominent. Les Fan Fests, que la FIFA a organisées avec les villes sur les différents sites
de compétition, sont devenues le symbole de
la puissance et du rayonnement du football.
L’Allemagne n’a certes pas atteint la consé-
Au pays de
la Fan Fest
cration suprême sur le gazon, mais les hommes de Klinsmann resteront dans l’histoire
comme les champions du monde du cœur,
le comité organisateur comme le champion
du monde de l’organisation et la population
allemande comme la championne du monde
des hôtes. Même la météo s’était mise au diapason – un temps estival et ensoleillé a été
offert à la fête du football pratiquement du
premier au dernier coup de sifflet.
Merci à l’Allemagne d’avoir accueilli le
rendez-vous de l’amitié. Nous sommes impatients de retrouver cet esprit festif en 2010
en Afrique du Sud et sur tout le continent
africain.
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magazine
SOMMAIRE
INSTANTANÉS
RETOUR SUR LA COUPE DU MONDE DE LA FIFA 2006
13.06.06, FRA v. SUI
BILAN
La finale, les supporters, les prolongations,
les gardiens de but, les sélectionneurs,
l’arbitre, les joies et les souffrances des 31
jours de la Coupe du Monde
6–14
INTERVIEW
Franz Beckenbauer : « Pas de match
exceptionnel »
30.06.06, GER v. ARG
04.07.06, GER v. ITA
20.06.06, ECU v. GER
16–18
27.06.06, BRA v. GHA
13.06.06, BRA v. CRO
ARBITRAGE
Les autres vainqueurs de la Coupe du
Monde
21
REPORTAGE
Le grand jour de la finale : 12 photographes sur la brèche pendant 24 heures
26.06.06, ITA v. AUS
23–35
04.07.06, GER v. ITA
24.06.06, GER v. SWE
STATISTIQUES
Tous les faits et chiffres officiels de la
compétition
37–82
FIFA magazine
numéro 8, Août 2006
01.07.06, BRA v. FRA
04.07.06, GER v. ITA
Publication officielle mensuelle de la
Fédération Internationale de Football Association (FIFA).
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Production : Hans-Peter Frei (chef de production)
Réalisation graphique : Marco Bernet, Philipp Mahrer
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23.06.06, SUI v. KOR
13.06.06, KOR v. TOG
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Clôture de la rédaction de cette édition :
Lundi 10 juillet 2006
18.06.06, BRA v. AUS
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AOÛT 2006
26.06.06, ITA v. AUS
01.07.06, ENG v. POR
30.06.06, GER v. ARG
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ceux de la FIFA. La reproduction de photos et d’articles – même partielle
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magazine
COUPE DU MONDE DE LA FIFA, ALLEMAGNE 2006
La coupe des
supporters et de
la joie
Jamais l’ambiance d’une Coupe du Monde n’avait été
aussi festive qu’en Allemagne. Fête des supporters,
festival de la joie, rapprochement des peuples. Côté
football en revanche, le tournoi, qui a consacré l’Italie
à l’issue d’une finale au couteau contre la France, a été
d’un niveau plutôt moyen.
PAR ANDREAS WERZ ET GEORG HEITZ
Explosion de joie chez les Italiens :
la Squadra Azzurra a décroché son
quatrième titre de championne du
monde le 9 juillet 2006 à Berlin.
LA FINALE
Le 2 juillet 2000, David Trezeguet devient le héros de toute une nation en
inscrivant en finale de l’EURO contre
l’Italie ce but en or qui sacre les Bleus
(2-1).
Six ans plus tard, en ce 9 juillet 2006,
Trezeguet aurait certainement préféré disparaître dans les profondeurs de
l’Olympiastadion de Berlin. En finale
de la Coupe du Monde, il fut le seul à
manquer son tir. Avec un score nul (1-1)
après 120 minutes de jeu, l’Italie sortit
donc vainqueur de la séance des tirs au
but.
A Berlin, Trezeguet était opposé à
plusieurs de ses collègues de vestiaires à
la Juventus de Turin. Un match spécial
pour lui, donc, qui tourna à la tragédie. Ce n’était pas sa Coupe du Monde.
Avec son système de jeu à une pointe,
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AOÛT 2006
le sélectionneur français, Raymond
Domenech, privilégiait Thierry Henry.
Trezeguet avait sa place sur le banc.
Lorsqu’il put enfin jouer, il délivra finalement les Italiens, sacrés champions
du monde pour la quatrième fois de leur
histoire, et auxquels le titre échappait
depuis 1982.
Mais Trezeguet ne fut pas le seul au
destin tragique dans cette finale que la
France avait semblé prendre en main.
Pour son tout dernier match international, Zinedine Zidane commença par
transformer un penalty avec l’aide de
la transversale avant de perdre son sang
froid dans les prolongations. Il fut expulsé à juste titre après avoir porté un coup
de tête à Marco Materazzi – 69 000
spectateurs dans le stade et quelque 1,5
millions de personnes devant leur petit
écran, dans plus de 200 pays, furent
témoins de cet acte.
Le titre ne revint donc pas aux
« vieux », tant critiqués en début de tournoi – Zidane, Vieira, Thuram, Makelele
et Barthez – mais à l’équipe la plus solide
en défense et la plus maligne du tournoi. L’Italie n’a concédé en tout et pour
tout que deux buts – un but contre son
camp et un penalty. Le gardien italien,
Gianluigi Buffon, le capitaine et pilier
défensif Fabio Cannavaro, l’omniprésent
milieu défensif Andrea Pirlo et le téméraire Gennaro Gattuso ont contenu toutes les offensives adverses. Les latéraux
Gianluca Zambrotta et Fabio Grosso
faisaient par ailleurs valoir leur polyvalence technique en participant aussi aux
actions offensives. Et tout devant, se tenait Luca Toni.
Décisif : l’Argentin Maxi Rodriguez (qui n’est pas sur la photo) inscrit un
magnifique but contre le Mexique dans les prolongations.
LES PROLONGATIONS
La faute à certains pics de température ?
Toujours est-il qu’à partir des matches
couperets, un grand nombre d’équipes
ont eu du mal à sortir de leur réserve.
Non que la qualité des matches ait laissé
à désirer, mais les prouesses techniques
ont surtout primé entre les deux surfaces
de réparation, les équipes ayant généralement reçu pour consigne de limiter les
prises de risque.
Pourtant, l’audace est parfois récompensée : lorsque l’équipe argentine cherche la faille dans les prolongations de son
huitième de finale, Maxi Rodriguez qualifie les siens d’une somptueuse reprise
de volée. Autre exemple : alors que l’on
se prépare déjà à la séance de tirs au but
pour la demi-finale entre l’Allemagne et
l’Italie, Marcello Lippi, sélectionneur des
Azzurri, force le destin en faisant entrer
un attaquant supplémentaire aux côtés
de Vicenzo Iaquinta, Alberto Gilardino
et Francesco Totti. Peut-être a-t-il été
inspiré par les statistiques de l’Allema-
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magazine
COUPE DU MONDE DE LA FIFA, ALLEMAGNE 2006
Deux célèbres supporters, la chancelière
allemande Angela Merkel, et le Président
de la FIFA Joseph S. Blatter.
« Des images
fantastiques »
« Je pense que ce
que l’on retiendra
à l’étranger est que
nous sommes un pays
qui sait faire la fête.
Ce que l’on retiendra
en Allemagne est que
nous pouvons aussi
nous enthousiasmer
pour notre pays »
Angela Merkel, chancelière de la
République fédérale d’Allemagne
Le Président de la FIFA, Joseph S. Blatter, commente le
tournoi en Allemagne.
Son point de vue sur …
– à l’exception de la délégation suédoise – et discuté avec les
représentants des associations. »
…. la note sur dix que mérite la CM 2006 :
« Je lui mettrais 9 pour l’organisation et l’ambiance et 8
pour la qualité des matches. J’aurais souhaité un football
plus offensif lors des matches à élimination directe. »
… le succès des Fan Fests :
« Ces Fan Fests permettent aux supporters, qui n’ont
pas pu se procurer de billets, de participer à l’événement.
Les images qui nous sont parvenues de ces Fan Fests sont
fantastiques. »
… les séances de tirs au but :
« Le football peut prendre un tour cruel, voire tragique,
notamment lorsqu’il faut en venir aux tirs au but. Il perd
alors aussi son caractère de sport collectif car tout se résume
à un duel entre le gardien et le buteur. »
… Franz Beckenbauer :
« Il était partout, il a célébré sa Coupe du Monde. Ma
mission était différente. J’ai rencontré toutes les délégations
… l’agitation autour de l’équipe du Togo :
« Cet épisode est très regrettable. Un nouveau venu en
Coupe du Monde qui fait autant parler de lui. Et pas forcément de manière flatteuse ! Nous avons finalement été
forcés d’intervenir dans le conflit sur les primes entre la
fédération et les joueurs. »
… la Coupe du Monde de la FIFA 2010 en
Afrique du Sud :
« Nous devrons nous adapter aux conditions sur place,
mais nous garderons certainement le concept des Fan Fests,
car il est particulièrement important de rassembler la population en Afrique du Sud. »
Une interview détaillée de Joseph S. Blatter sur la Coupe du
Monde de la FIFA, Allemagne 2006 sera publiée dans l’édition
de septembre du FIFA magazine.
LES SUPPORTERS
gne, encore invaincue aux tirs au but en
Coupe du Monde ? Reste que le courage
des Italiens sera payant : ils prennent le
dessus à une poignée de secondes de la
fin, del Piero doublant même la mise
après le but de Grosso pour offrir à l’Italie une victoire 2-0 sans appel.
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Jamais, de mémoire de supporter de
la Coupe du Monde, tant de moyens
n’avaient encore été déployés pour permettre à la liesse populaire suscitée par
la plus grande fête du football de s’exprimer au-delà de l’enceinte des stades. Au
fil des matches, des millions de personnes
ont ainsi pu partager la même émotion
dans l’ambiance festive, internationale –
toutes les spécialités culinaires du monde
y étaient d’ailleurs proposées – et pacifi-
que des « Fan Fests », un concept spécialement conçu pour l’occasion, dont le
succès a dépassé toutes les attentes.
La retransmission publique des matches sur grand écran a créé dans les
villes organisatrices de véritables pôles
d’attraction et d’animation dignes des
stades. Plus d’un million de supporters
se sont ainsi retrouvés à la Fan Fest de
Berlin pour suivre le quart de finale Allemagne-Argentine.
Rien qu’en Allemagne, près de 30
millions de téléspectateurs étaient devant leur poste pour la demi-finale qui
a opposé la Mannschaft à la Squadra
Azzurra. Un chiffre impressionnant
auquel il faut ajouter les millions de fans
rassemblés devant les écrans géants, sans
oublier ceux qui ont rempli les somptueux stades ; n’en déplaise aux cassandres, la CM a bien été « la grande fête
des supporters ». Une preuve qu’en dépit de toutes les critiques, le système de
billetterie a bien fonctionné. En effet, le
spectacle des foules venues en masse encourager leur équipe avec une incroyable
ferveur dans les tribunes multicolores
restera l’une des images dominantes de
cette Coupe du Monde.
LES GARDIENS DE BUT
C’est surtout en jouant les héros lors
des séances de tirs au but que les gardiens auront marqué les esprits durant
cette Coupe du Monde. Comme l’Allemand Jens Lehmann qui repousse avec
beaucoup de sang froid deux tirs de
l’Argentine devant 70 000 spectateurs.
Ou l’Ukrainien Oleksandr Shovkovsky,
auteur de deux arrêts qui font craquer
la Suisse en huitièmes de finale. Quant
au Portugais Ricardo, il refait vivre aux
Anglais le cauchemar de l’EURO 2004
en se montant intraitable pendant l’exercice.
Tous ces exploits ne doivent pas faire
oublier les autres prestations des gardiens qui se sont aussi illustrés tout au
Ambiance de fête à la Porte de Brandenbourg à Berlin.
« Je n’avais encore jamais vu une Coupe du
Monde de la FIFA associée à une si grande
fête. Je crois que ça a été la Coupe du
Monde du public »
Jorge Valdano, champion du monde 1986 avec l’équipe d’Argentine
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COUPE DU MONDE DE LA FIFA, ALLEMAGNE 2006
« Les différences de niveau entre les équipes qui ont participé
à cette Coupe du Monde étaient réellement faibles. Les
sélections asiatiques commencent à combler leur retard, mais
elles ne sont pas encore de grandes équipes »
Coup du sort : le gardien
portugais Ricardo repousse le
coup franc d’un Anglais.
Cha Bum-kun, ancien international sud-coréen
LES EUROPÉENS
Les experts ont fait fausse route. Ils
avaient été quasi unanimes à prédire le
sixième sacre mondial des Brésiliens, en
prenant éventuellement une option sur
l’Argentine. Cette Coupe du Monde devait en tout cas être celle du beau football, des feintes spectaculaires, des buts
époustouflants et surtout pléthoriques, et
accoucher de plusieurs nouvelles stars.
Des clous ! Les buts justement ont rarement été aussi peu nombreux que cette
année, la plupart des matches ayant été
« Le football est un
jeu que l’on peut
gagner ou perdre.
Mais j’ai l’impression
qu’aujourd’hui, plus
personne n’a le droit
de perdre »
Michel Platini, membre du Comité
Exécutif de la FIFA et ancien
capitaine de l’équipe de France
Des supporters allemands
fiers de leur banderole
rendent hommage à cette
formidable Coupe du Monde.
LES ALLEMANDS
long de la compétition. Le Suisse Pascal
Zuberbühler n’a pas concédé un seul but
en quatre matches. Le grand Buffon est
resté quasiment invincible. L’excellent
Shaka Hislop, gardien remplaçant de
Trinité-et-Tobago, n’a jamais plié devant les Suédois, qui ont dû se contenter
d’un nul (0-0). Le gardien angolais João
Ricardo a profité du premier tour de la
compétition pour donner toute la mesure de son talent. Et si Andreas Isaksson
(face à l’Allemagne) et Petr Cech (face
au Ghana) ne s’étaient pas surpassés, la
Suède et la République tchèque auraient
probablement essuyé de cuisantes défaites.
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26 février 2006. Dans le salon d’un hôtel
de Francfort, Jürgen Klinsmann dévoile
son plan à l’approche de la Coupe du
Monde. Le sélectionneur allemand
expose ses idées avec conviction ; il
est détendu et se prête de bonne grâce
à l’interview. « Nous visons la finale »,
annonce-t-il sur le ton de l’évidence. Et
d’ajouter : « Je veux vivre cette Coupe du
Monde, en profiter pleinement ».
Trois jours plus tard, c’en est fini de
l’état de grâce. L’Allemagne perd son
match amical contre l’Italie 4-1 à Florence, et Klinsmann se retrouve sous les
feux d’une critique acerbe : son lieu de
résidence, la Californie, qu’il regagne
après chaque rassemblement, est jugé
inacceptable, son équipe d’encadrement
avec des préparateurs physiques venus
des Etats-Unis et des psychologues,
est raillée et contestée. Klinsmann est
présenté comme un individualiste aux
visions ésotériques.
4 juillet 2006. Les protégés de Klinsmann, 42 ans, viennent de se faire éliminer par les Italiens en demi-finales.
Malgré la déception, des dizaines de milliers de supporters scandent le nom du
sélectionneur. Dans les jours qui suivent,
la presse salue son travail et chante ses
louanges.
Ce regain de faveur dans l’opinion
s’était amorcé trois semaines et demie
plus tôt, lors du match d’ouverture face
au Costa Rica (4-2). La Mannschaft
s’était rapidement attirée la sympathie
du public allemand par son attitude offensive. Il fut alors de bon ton de la soutenir : Klinsmann le maudit était redevenu prophète en son pays. Les journaux
les plus sérieux publièrent des articles
sur le thème « Quelles leçons l’économie
nationale peut-elle tirer de l’exemple de
Klinsmann ? ».
L’ancien attaquant de grande classe
n’en tirera aucune gloriole ; grand seigneur, il s’abstient de confronter ses
détracteurs d’hier à leurs débordements
passés.
Le deuxième personnage qui donna,
quatre semaines durant, un visage souriant à l’Allemagne fut Franz Becken-
bauer, le président du Comité Organisateur Local. Le légendaire « Kaiser »
assista à autant de matches que son
hélicoptère lui permit de le faire, fut de
toutes les réceptions officielles et remplit
parfaitement son rôle d’hôte en se montrant omniprésent pendant toute la manifestation.
Grâce aux Allemands, le slogan de la
CM 2006 « Le rendez-vous de l’amitié » a pris tout son sens. Du policier
accueillant à Hanovre au bénévole serviable à Munich, tous ont contribué à la
parfaite organisation de la fête dans une
ambiance des plus chaleureuses.
Rencontre européenne : extrait du match de groupes entre
l’Ukraine (en jaune) et l’Espagne.
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magazine
COUPE DU MONDE DE LA FIFA,
ALLEMAGNE 2006
dominés non par les techniciens mais
par les tacticiens, tandis que défenseurs
et gardiens de but volaient la vedette aux
milieux de terrain offensifs et aux attaquants.
Et cette édition n’aura pas plus été
celle des Asiatiques et des Africains que
des Sud-américains. Le Brésil et l’Argentine virent leur sort scellé dès les quarts
de finale ; le Ghana, nouveau venu en
Coupe du Monde, fut le seul des cinq
représentants du continent africain à se
hisser jusqu’en huitièmes, et aucune des
quatre sélections asiatiques ne parvint à
passer l’obstacle du premier tour.
Cette Coupe du Monde aura donc
été une Coupe du Monde européenne :
seules des équipes européennes – l’Allemagne, le Portugal, la France et l’Italie
– ont en effet accédé au dernier carré et
ce, pour la première fois depuis 1982 où
l’Italie avait battu la République fédérale
d’Allemagne 3-1 à Madrid en finale et
où la Pologne s’était adjugé la troisième
place (3-2) face à la France.
Le Portugal (à gauche) et la France durant les hymnes nationaux.
L’ARBITRE
6 juillet 2006, 14h25, au quartier général des arbitres de la Coupe du Monde,
à Francfort/Neu Isenburg. L’arbitre argentin Horacio Elizondo cache son visage dans ses mains tandis que les larmes
lui viennent aux yeux. Belaïd Lacarne,
membre algérien de la Commission des
Arbitres de la FIFA vient de lui annoncer qu’il a été choisi pour diriger la finale
France-Italie trois jours plus tard, à Berlin. Submergé par l’émotion, Elizondo
étreint ses deux assistants, Darío García
et Rodolfo Otero. « Je suis si heureux et
si fier », bredouille-t-il. Tous les arbitres
présents félicitent le trio pour cette nomination.
Ce professeur de sport âgé de 42
ans écrit à ses moments perdus. Egalement passionné de golf et de tennis, il
n’aborde généralement pas le thème du
football dans ses poèmes et ses histoires,
mais il pourrait bien faire une exception
cette fois. Il caresse même l’idée d’écrire
un livre sur cette Coupe du Monde en
Allemagne. Il restera en tout cas dans
l’histoire de la compétition comme le
premier officiel à avoir dirigé à la fois le
match d’ouverture et la finale. Avec le
Mexicain Benito Archundia, il a officié à
cinq reprises en Allemagne, un record en
compétition de la FIFA.
Unique : l’Argentin Horacio Elizondo
a dirigé le match d’ouverture et la
finale.
AOÛT 2006
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FIFA WM
Deutschland 2006™
COUPE DU MONDE DE LA FIFA,
ALLEMAGNE 2006
LES SÉLECTIONNEURS
Le 9 juillet, jour de la finale, onze des 32
équipes participantes avaient à leur tête
un autre sélectionneur qu’au début de la
compétition. Et d’autres démissions ou
limogeages étaient dans l’air. Ainsi est-il
peu probable que le Brésilien Marcos Paqueta reste plus longtemps sélectionneur
de l’Arabie saoudite quand on sait que
son équipe a été éliminée dès le premier
tour et que onze prédécesseurs se sont
« cassé les dents » à ce poste en 15 ans. Le
jour de la finale, Marcello Lippi (Italie),
Bruce Arena (Etats-Unis), Aníbal Ruiz
(Paraguay), Zlatko Kranjcar (Croatie),
Luiz Felipe Scolari (Portugal) et Carlos
Alberto Parreira (Brésil) étaient eux aussi
confrontés à un avenir incertain. Aussi
est-il bien possible que plus de la moitié des sélectionneurs de la Coupe du
Monde de la FIFA 2006 occupent – ou recherchent – un nouveau poste d’ici peu.
Dans le milieu du football, le sort du
sélectionneur est directement lié aux victoires et aux défaites de son équipe, aussi
bien en phase finale de la CM que dans
toute autre compétition. Alexandre Guimaraes est l’un de ceux qui ont constaté à
leurs dépens jusqu’à quels excès peuvent
conduire la colère et la douleur d’une
défaite en Coupe du Monde de la FIFA.
Après l’élimination en phase de groupes
de l’équipe costaricaine qu’il dirigeait
déjà il y a quatre ans, il fut menacé de
mort avec sa famille. « J’ai peur », déclarait-il alors, lui dont la performance avait
été pourtant saluée en Corée du Sud et
au Japon ; peu après, il démissionnait.
Aníbal Ruiz est officiellement toujours
sélectionneur national du Paraguay, mais
il est rentré dans son pays d’origine,
l’Uruguay, après la Coupe du Monde.
« C’est mieux comme ça », déclare un
membre de la Fédération de Football du
Paraguay, ajoutant : « Après les misérables performances de notre équipe en
Allemagne, les supporters sont si remontés que je ne peux garantir la sécurité de
Ruiz au Paraguay. »
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AOÛT 2006
Limited Edition
EN UNTER
ESTELL
JETZT VORB
s
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« Je pense qu’il a
manqué une vraie
grande équipe dans
ce tournoi et qu’une
ou deux stars mondiales n’ont pas non plus
rempli leur contrat. A
part cet aspect un peu
décevant, cela a été une
belle compétition »
Gary Lineker,
ancien international anglais
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DIE WM,
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Alle Abbildungen und Inhalte des Buches sind vorläufig.

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