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Fonds de solidarité nationale
Le MINAS veut revivifier un concept en mal d’existence au Cameroun : un véritable travail de titan en perspectives.
Un fonds de solidarité nationale au Cameroun ! C’est possible et réalisable, une telle idée. Mais à quel prix ? La Ministre
Catherine Bakang Mbock des Affaires sociales affirme que « ce fonds se veut non seulement un outil de développement
social qui intègre l’impératif de devoir humain, lequel commande l’assistance palliative aux cas les plus désespérés et
dont l’extrême dépendance a été dûment constatée par les travailleurs sociaux ; mais il devra aussi et surtout être un
instrument de développement économique à travers la recherche systématique de l’autonomisation des autres
catégories vulnérables ».
C’était au Palais des Congrès de Yaoundé, le 31 octobre 2006, à la faveur de l’atelier de validation intersectorielle de
l’avant-projet de document de création d’un fonds de solidarité nationale. Pendant deux jours, une centaine d’experts
venus d’horizons divers devaient entre autres mettre en évidence et analyser la cohérence du dossier technique
proposé pour la création du fonds ; examiner le projet de texte portant création et fonctionnement du fonds ; proposer
des enrichissements et surtout examiner l’idée de l’institutionnalisation de la Journée de la solidarité nationale.
Cinq documents de travail devraient servir de guide à leurs réflexions : le manuel de procédures, le manuel d’exécution,
les mécanismes et techniques de mobilisation des ressources, les projets de textes portant création et fonctionnement
et un dispositif de gestion transparente, rigoureuse et efficace. Ils sont produits par le Bureau d’étude JEBATO,
adjudicataire d’un appel d’offres lancé à ce sujet par le MINAS.
Seulement l’initiative voit le jour dans un contexte social très peu propice pour ne pas susciter des appréhensions. C’est
un secret de polichinelle, la solidarité est la chose la moins partagée au Cameroun depuis longtemps. Cette situation
est imputable certes à la crise économique qui a charrié avec elle une remise en cause systématique de certaines
valeurs sociales cardinales, mais aussi et surtout à la faveur de la corruption généralisée des moeurs publiques,
savamment entretenues. Le détournement à grande échelle des deniers publics est devenu un sport favori pour certains
compatriotes qui se plaisent à voir la majorité végéter dans une misère indicible. Qu’ont-ils vraiment derrière la tête qui
pourrait changer demain à l’appel d’une solidarité nationale ? Combien sont-ils de sincèrement sensibles à la notion de
« l’impératif du devoir humain » ?
Autre questionnement et non des moindres, la solidarité comme moyen d’autonomisation des plus vulnérables. La
MINAS affirme que le fonds de solidarité nationale s’est avérée comme l’unique solution pour répondre aux besoins
spécifiques (devoir d’humanité à travers la résolution des cas sociaux désespérés ; équipements, techniques et
financiers) de ses cibles que sont les personnes handicapées, les populations marginales, les enfants en détresse et
les personnes âgées pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Les intentions sont certes louables mais il y a de
sérieux risques d’entretenir une mentalité de mendiant chez de nombreux citoyens qui le deviennent chaque jours à la
faveur de la pauvreté ambiante sans oublier la marginalisation progressive dont il font l’objet de la part des plus nantis.
Il faudra également bien définir le concept de vulnérabilité pour ne pas tronquer les aides. La MINAS a suffisamment
insisté sur cet aspect. Mais les habitudes ayant la peau dure, rien ne nous rassure que les travers d’autres fois pourront
être évités.
Le dispositif de gestion proposé par le consultant sera apprécié et enrichi par les séminaristes. Mais en matière de
bons textes institutionnels, le Cameroun détient un record honorable en Afrique, sans que cette situation ne puisse
déteindre favorablement sur la gestion quotidienne des affaires publiques. Beaucoup de Camerounais n’oublieront
jamais l’histoire du coup de coeur en faveur des Lions indomptables en pleine coupe du monde de 1994 aux Etats-Unis.
Une mallette d’argent, fruit de la générosité et de la souffrance des citoyens sans distinction de classes, disparut entre
deux avions, à jamais. Comme quoi, il faudra beaucoup de tact au MINAS pour conduire la nouvelle initiative.
Bon à savoir, le Fonds de solidarité nationale est une recommandation forte du forum sur la solidarité nationale tenu à
Yaoundé en juin 2005.
Dieudonné Kengne
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Generated: 8 February, 2017, 11:43

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