L oligoarthrite juvénile
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L oligoarthrite juvénile
L ’ O L I G O A R T H R I T E J U V É N I L E L’oligoarthrite juvénile ● I. Lemelle*, B. Beltramo**, J. Crance***, D. Sommelet* LES MANIFESTATIONS ARTICULAIRES Points forts ■ L’atteinte des membres inférieurs est fréquente. La dou- leur peut être absente. Le pronostic fonctionnel est habituellement bon ; il est réservé en cas d’extension polyarticulaire. ■ L’uvéite antérieure chronique est asymptomatique au début et peut altérer de manière irréversible le pronostic visuel. Elle est dépistée par un examen à la lampe à fente. Mots-clés : Oligoarthrite chronique juvénile - Uvéite chronique - Anticorps antinucléaires. L‘ arthrite chronique juvénile (ACJ) regroupe plusieurs “maladies différentes”, définies selon le mode de début pendant les six premiers mois. Son diagnostic repose sur une anamnèse détaillée, l’examen clinique et le recul évolutif. L’oligoarthrite (ACJ OA) est caractérisée par l’atteinte de une à quatre articulations au plus, durant au moins trois mois, selon l’European League Against Rheumatism, ou six semaines, selon l’American College of Rheumatology. Elle représente plus de 50 % des ACJ (1). Elle affecte préférentiellement la petite fille de moins de cinq ans, avec un sex-ratio de 3/1. Un événement déclenchant, infection virale ou traumatisme souvent mineur, est parfois retrouvé, attirant l’attention sur l’atteinte inflammatoire. Le rôle de facteurs immunologiques n’est pas totalement élucidé ; des anticorps antinucléaires (AAN) de spécificité encore inconnue sont fréquemment présents dans ces oligoarthrites, notamment dans les formes avec uvéite. Enfin, les patients présentant une ACJ OA avec uvéite chronique ont un terrain génétique particulier (2). * Service de médecine infantile II, Hôpital d’enfants, CHU Nancy. ** Service de médecine physique, Hôpital d’enfants, CHU Nancy. *** Service d’ophtalmologie, CHU Nancy. La Lettre du Rhumatologue - n° 245 - octobre 1998 Les signes cliniques Les signes fonctionnels sont variables et peuvent se limiter à une raideur matinale de courte durée. En cas d’atteinte des membres inférieurs, la boiterie peut être modérée ou absente, associée à une augmentation du volume articulaire d’importance variable. Chez le très jeune enfant, elle peut être responsable d’un retard d’acquisition de la marche. La douleur, souvent absente, peut n’apparaître que pour un certain degré d’amplitude de mouvement ; absence de douleur ne signifie pas intégrité articulaire. Ce mode d’expression très feutré est le plus fréquent chez le jeune enfant. Plus rarement, le tableau est bruyant, comportant un syndrome douloureux de rythme inflammatoire, prédominant le matin et le soir, avec des réveils nocturnes, associé à une augmentation nette du volume articulaire et de la chaleur locale, quelquefois accompagnée d’une rougeur cutanée modérée. L’amyotrophie survient dans tous les cas, plus facilement remarquée au niveau quadricipital. Le suivi de la maladie articulaire repose sur l’évaluation de la douleur, de la durée de la raideur matinale et sur les données de l’examen clinique, qui comporte la mesure goniométrique des amplitudes articulaires. Au cours de l’évolution spontanée, la limitation des amplitudes articulaires peut être secondaire à l’épanchement, à la prolifération synoviale, ou plus insidieusement aux rétractions capsulo-ligamentaires et musculaires. Ultérieurement, elle peut être due à une atteinte du cartilage et de l’os sous-chrondral. La gêne fonctionnelle est évaluée par des tests reproductibles et des questionnaires portant sur le retentissement de l’atteinte sur les activités de la vie quotidienne (JAFAR, CHAQ, JASI...) (3, 4, 5). Elle est en rapport avec la douleur parfois importante (poignet et cheville), le déficit d’amplitude ou une attitude vicieuse, la présence de ténosynovites et d’un déficit musculaire aggravé par l’immobilisation. Elle peut également être en rapport avec une instabilité secondaire à des lésions osseuses. Des troubles de la croissance localisés peuvent entraîner une inégalité de longueur du membre par accélération de la croissance ou soudure prématurée des cartilages de croisance, voire par destruction des massifs osseux. Les localisations articulaires Elles sont préférentiellement situées aux membres inférieurs, le plus souvent au genou puis à la cheville, mais presque toutes les articulations peuvent être concernées. L’atteinte monoarticulaire est fréquente (figure 1). 21 L ’ O L I G O A R T H R I T E J U V É N I L E le tronc en avant, compensé par une hyperlordose et une flexion de genou. Les articulations temporo-mandibulaires : souvent insidieuse, rarement douloureuse, l’atteinte se manifeste par une limitation de l’ouverture de la bouche, parfois asymétrique. Les troubles de la croissance des condyles sont très fréquents, pouvant entraîner une microrétrognathie. Le rachis cervical : l’atteinte inaugurale est assez fréquente et peut être responsable d’un torticolis douloureux, d’une limitation de l’extension et des rotations du cou, plus rarement de sa flexion. Le coude : son atteinte est en règle peu douloureuse. Le flessum est généralement modéré et peu gênant. Figure 1. Monoarthrite de genou avec amyotrophie quadricipitale. Le genou : il est souvent peu douloureux, associé à un épanchement et à un pannus de volume variable, limitant la flexion, celleci entraînant une gêne fonctionnelle lorsqu’elle est inférieure à 100°. L’apparition d’un flessum n’est pas systématique, mais sa correction insuffisante peut entraîner un déséquilibre et une bascule antérieure du tronc. La cheville : son atteinte entraîne un défaut de déroulement du pas, souvent douloureux. Elle peut comporter une atteinte de la tibio-tarsienne avec limitation des mouvements de dorsiflexion du pied et une atteinte de la sous-astragalienne avec limitation de l’inversion et de l’éversion, associées à des ténosynovites. Un œdème péri-malléolaire est fréquent. L’atteinte, parfois sévère, peut aboutir à un pied varus par enraidissement, ou à un pied plat valgus, associé à des craquements douloureux à la marche pouvant entraîner une gêne fonctionnelle. Le poignet : il s’agit ici d’une atteinte fluxionnaire douloureuse du carpe ou de la radiocarpienne, liée à un épanchement intraarticulaire, à un œdème, à un pannus synovial et à la présence de ténosynovites. Une limitation de l’extension est habituellement un signe précoce, qui peut précéder la tuméfaction articulaire. Par la suite, toutes les amplitudes sont limitées, surtout l’extension et l’inclinaison cubitale. Le poignet se place en attitude antalgique en flexion, puis progressivement en inclinaison cubitale, favorisée par les troubles de la croissance du cubitus. La subluxation antérieure des os du carpe, assez rare dans cette forme, réalise l’aspect en dos de chameau. L’ankylose du poignet est possible. Au stade inflammatoire, la force de préhension est diminuée et la gêne fonctionnelle est nette, aggravée par la survenue de ténosynovites. En cas d’arrêt de l’évolution inflammatoire, on peut observer une amélioration fonctionnelle, et la limitation des amplitudes extrêmes est souvent la seule déficience. La désaxation du poignet en flessum-subluxation palmaire ou inclinaison cubitale diminue la force de préhension et de serrage. En l’absence d’attitude vicieuse, la fonction peut être acceptable malgré des limitations d’amplitude et des lésions ostéocartilagineuses importantes. La hanche : son atteinte est rare. Elle est alors douloureuse, avec limitation rapide des amplitudes de flexion et de rotation interne. L’extension de hanche disparaît. Le flessum de hanche propulse 22 L’épaule : son atteinte est exceptionnelle d’emblée. Les doigts et orteils : l’atteinte de l’interphalangienne d’un pouce ou de l’interphalangienne proximale d’un doigt peut se rencontrer, donnant un aspect fuselé au doigt, avec limitation de la flexion, parfois associée à une ténosynovite du fléchisseur du doigt. Un flessum peut survenir, parfois difficile à réduire. Évolution L’ACJ OA peut guérir, ou persister sous une forme oligoarticulaire évoluant par poussées ou d’un seul tenant. Chez environ 30 % des patients, elle devient polyarticulaire dans un délai variable, en quelques mois ou plusieurs années. Aucun élément clinique ou biologique ne permet actuellement de prévoir cette évolution. L’agressivité des atteintes est habituellement moindre que dans les formes d’emblée polyarticulaires. Néanmoins, un certain nombre d’enfants présentent un handicap important. LES MANIFESTATIONS EXTRA-ARTICULAIRES Elles sont essentiellement oculaires (6, 7). Une uvéite chronique récurrente survient chez environ 40 à 70 % des enfants atteints d’ACJ OA. Elle affecte plus fréquemment la petite fille. Les signes d’appel sont rares, et peuvent être : la présence dans le champ visuel de taches mobiles ou non, un brouillard visuel, une rougeur oculaire, en règle modérée, une complication de l’uvéite (asymétrie pupillaire, leucocorie), une gêne oculaire plus qu’un réel syndrome douloureux oculaire (ce dernier étant plus caractéristique de l’uvéite aiguë des SPA), et enfin une baisse de l’acuité visuelle. Rappelons néanmoins que le jeune enfant ne sait pas signaler une baisse de l’acuité visuelle, même importante, si elle est unilatérale. Fréquemment, la découverte de l’uvéite se fait par un examen ophtalmologique demandé dans le cadre du bilan initial ou du suivi de la maladie. L’uvéite survient de manière insidieuse, à début asymptomatique, bilatérale d’emblée ou dans un second temps. L’uvéite est principalement antérieure, quelquefois totale. Son évolution est chronique, récurrente. Dans le bilan biologique, environ 80 % des enfants présentant une arthrite chronique juvénile avec uvéite ont des AAN à un taux élevé. Toutefois, une atteinte oculaire sans AAN peut exister. Découverte le plus souvent avec l’atteinte articulaire, l’uvéite peut quelquefois précéder de quelques mois ou années ces manifestations articulaires ou leur succéder. Son évolution n’est pas corrélée à l’atteinte articulaire. La Lettre du Rhumatologue - n° 245 - octobre 1998 L ’ O L I G O A R T H R I T E Elle peut survenir en dehors de tout signe articulaire et devenir l’élément prépondérant de la maladie. Elle justifie une surveillance régulière par un examen à la lampe à fente tous les trois mois pendant de très nombreuses années. Ces uvéites antérieures sont volontiers synéchiantes et s’accompagnent de cataracte, mais également de kératite en bandelette, d’hypopion, de glaucome et de baisse de l’acuité visuelle, laquelle peut être définitive en cas de diagnostic retardé ou de traitement inadapté (figures 2, 3). Chez le très jeune enfant, le mode de début par une atteinte oculaire unilatérale peut être à l’origine d’une amblyopie. Figure 2. Synéchies irido-cristalliniennes donnant un aspect en trèfle. a b c Figure 3. a : kératite en bandelette. b : hypopion. c : néovascularisation de la cornée. J U V É N I L E 40 g/l. La culture est stérile. L’aspect du liquide est jaune citrin, hémorragique en cas de traumatisme vasculaire. La présence d’AAN sériques non spécifiques est fréquente chez la petite fille et fait redouter la survenue d’une uvéite chronique récurrente. Ces AAN sont recherchés par immunofluorescence à deux examens successifs. L’aspect de la fluorescence est variable (homogène ou réticulé), ainsi que leur taux (souvent élevé). Ce taux n’est corrélé ni à la gravité de l’atteinte oculaire, ni à la gravité de la maladie articulaire. La radiographie conventionnelle Elle constitue l’examen de base au diagnostic et lors de la surveillance (8). Elle permet de déterminer le stade évolutif de la maladie articulaire selon la classification de Steinbrocker (9). Dans un souci de radioprotection, la surveillance doit être limitée au strict nécessaire. À un stade précoce, elle montre la tuméfaction des parties molles, mais ne permet pas de différencier l’épanchement de la prolifération synoviale et du cartilage. La déminéralisation apparaît secondairement. L’atteinte du cartilage et le pincement articulaire sont difficiles à apprécier chez le jeune enfant compte tenu de la présence de cartilage de croissance en grande proportion. Les lésions cartilagineuses et de l’os souschrondral surviennent après plusieurs années, parfois plus rapidement (figure 4). L’existence d’un pincement articulaire est, en règle, le témoin tardif de la destruction cartilagineuse. Par ailleurs, elle permet d’apprécier les troubles de la maturation osseuse ou des anomalies de croissance localisées. Figure 4. Radiographie de cheville (face et profil) montrant une atteinte sévère avec pincement de l’interligne tibio-tarsien et altérations osseuses. LE BILAN PARACLINIQUE La biologie Elle objective un syndrome inflammatoire sanguin en principe modéré ou absent. La ponction articulaire est justifiée en cas d’atteinte articulaire récente. Le liquide articulaire est inflammatoire. Il contient plus de 2 000 cellules/mm3, constituées en majorité de polynucléaires non altérés, et un taux de protéines supérieur à La Lettre du Rhumatologue - n° 245 - octobre 1998 L’échographie Elle permet la détection précoce d’un épanchement articulaire, d’un épaississement synovial et la présence éventuelle de kystes synoviaux (8). Son intérêt pour la surveillance articulaire est limité, car elle ne permet pas d’évaluer l’atteinte cartilagineuse. 23 L ’ O L I G O A R T H R I T E a b c Figure 5. IRM de poignet en coupe frontale réalisée en pondération T1-spin écho avec injection de gadolinium et saturation de la graisse. a : pannus synovial remontant au niveau de l’articulation radiocubitale inférieure. b : réhaussement de la plaque de croissance. c : atteinte inflammatoire diffuse du carpe. Figure 6. IRM de cheville en coupe sagittale en pondération T1 sans gadolinium dans le cas d’une atteinte monoarticulaire évoluant depuis sept mois, avec multiples irrégularités et aspect de microfractures en hyposignal (astragale). 24 J U V É N I L E Figure 7. IRM de cheville du patient de la figure 6 en coupe axiale, en pondération T2 avec saturation de la graisse sans gadolinium, montrant des ténosynovites des péroniers, du tibial postérieur et du long fléchisseur des orteils. L’imagerie par résonance magnétique L’IRM avec injection de gadolinium permet de visualiser la prolifération synoviale, l’état des surfaces cartilagineuses et osseuses ainsi que l’épanchement articulaire (figures 5, 6, 7). Elle permet de juger de l’activité de la maladie et de la sévérité de l’atteinte articulaire (10, 11). Elle est indiquée dans la détection précoce de l’atteinte cartilagineuse. Elle peut intervenir dans la décision d’un geste local et permet d’en apprécier le résultat (corticoïdes locaux et synovectomie). L’examen peut être difficile au niveau des petites articulations et contraint à une anesthésie générale chez le jeune enfant. La scintigraphie osseuse Elle n’apporte aucun élément spécifique au diagnostic d’ACJ, mais elle contribue au diagnostic différentiel. La biopsie synoviale Effectuée sous arthroscopie, elle peut être indiquée en cas de doute diagnostique, pour examen histologique et mise en culture du tissu synovial. L’arthrotomie est fortement déconseillée, car elle comporte un risque d’enraidissement définitif de l’articulation. LE DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL En cas d’atteinte monoarticulaire, il est obligatoire d’éliminer une arthrite septique (ponction articulaire avec culture), une cause locale tumorale, traumatique, une pathologie ostéochondrale de croissance (scintigraphie et IRM) et un trouble de la crase sanguine en cas de liquide hémorragique. En cas d’atteinte oligoarticulaire, il convient d’éliminer encore une arthrite septique, mais surtout une arthrite réactionnelle virale ou bactérienne, ou les manifestations inaugurales d’une SPA, d’une maladie de système ou d’une vascularite (lupus, panartérite noueuse, sarcoïdose, maladie de Behçet). La Lettre du Rhumatologue - n° 245 - octobre 1998 L ’ O L I G O A R T H R I T E LE TRAITEMENT Il est uniquement symptomatique et non curatif. Il vise à contrôler l’inflammation, à prévenir et à traiter les conséquences articulaires, et à organiser la vie quotidienne de l’enfant. Il est basé sur des moyens médicamenteux : anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et corticoïdes (tableau), et des techniques de rééducation ; les indications chirurgicales restent ponctuelles. Tableau. Les traitements anti-inflammatoires. Nom Nom de spécialité Autorisation Posologie Voie Forme AINS ● Salicylés Aspégic® Solupsan® tout âge 70-100 mg/kg/j Salicylémie 150250 µg/ml Ibuprofène Nurofen® Advil® Brufen® âge > 6 mois 30-40 mg/kg/j per os ● Naproxène Naprosyne® Apranax® poids > 25 kg 10-20 mg/kg/j per os ● Kétoprofène Profénid® âge > 15 ans 2-4 mg/kg/j per os ● Diclofénac Voltarène Xénid® poids > 17 kg 2-3 mg/kg/j per os ● Piroxicam Feldène® âge > 15 ans 0,2 à 0,5 mg/kg/j per os ● Ténoxicam Tilcotil® âge > 15 ans 0,3 à 0,5 mg/kg/j per os ● Indométacine Indocid® âge > 15 ans 1-3 mg/kg/j per os CORTICOÏDES ● Dexaméthasone Néomycine Chibro-Cadron® tout âge 1 goutte dans l’œil collyre 1 à 6 fois/j ● Prednisone Cortancyl® tout âge 1 à 2 mg/kg/j ● Prednisolone Solupred tout âge 1 à 2 mg/kg/j per os ● Méthylprednisolone Solu-Médrol® tout âge 1 g/1,7 m2 intraveineuse Hexatrione® Longue Durée âge > 6 ans adaptée au volume intraarticulaire articulaire Kenacort Retard 40® âge > 6 ans adaptée au volume intraarticulaire articulaire ● Hexacétonide de triamcinolone ● Triamcinolone ® nulle ou insuffisante, un traitement local est justifié, comportant une infiltration intra-articulaire cortisonée. Celle-ci sera réalisée avec une stricte asepsie, sous anesthésie locale ou générale, avec une dose adaptée au volume articulaire, et sans entraîner d’hyperpression intra-articulaire. Elle doit être suivie d’une immobilisation stricte de 48 à 72 heures. En cas de rechute, de nouvelles injections peuvent être effectuées après un délai suffisant. L’hexacétonide de triamcinolone est contre-indiqué dans les gaines synoviales tendineuses, où seuls les produits hydrosolubles doivent être utilisés. Les risques sont l’atrophie cutanée, les calcifications intra-articulaires et, beaucoup plus exceptionnellement, la nécrose tendineuse ou l’infection. La persistance ou la récidive de tissu synovial inflammatoire peut motiver un geste chirurgical de synovectomie, qu’il convient de réaliser par arthroscopie en dehors d’une poussée aiguë. per os ● ® J U V É N I L E per os L’atteinte oligoarticulaire Elle justifie la prescription d’AINS. Ceux-ci ne sont jamais associés entre eux. L’acide acétylsalicylique et l’ibuprofène sont autorisés chez le jeune enfant. L’usage des autres AINS est limité par le poids et l’âge de l’enfant, et ils sont généralement utilisés chez l’enfant au-delà de 20 kg. La surveillance comporte l’évaluation de la tolérance générale, notamment digestive, un contrôle de la numération formule sanguine, de la fonction hépatique et rénale. Lorsque l’efficacité est L’extension de l’atteinte articulaire requiert la mise en route d’un traitement de fond, le plus souvent méthotrexate. L’appareillage et la rééducation jouent un rôle majeur dans la prévention de la réduction progressive des amplitudes articulaires et de l’installation des déformations. Cette prévention fait appel aux orthèses, à la mobilisation passive, au travail actif et à l’éducation gestuelle. Chaque articulation a une prise en charge spécifique, variable dans le temps en fonction de l’évolution clinique. Au stade d’attitude vicieuse, une correction chirurgicale des séquelles peut être indiquée. L’atteinte oculaire Elle justifie un traitement local comportant des corticoïdes associés à un ou plusieurs dilatateurs pupillaires pour prévenir ou faire céder les synéchies. En cas d’atteinte sévère antérieure bilatérale, avec baisse de l’acuité visuelle, persistant malgré le traitement local, une corticothérapie par voie générale est justifiée (per os ou quelquefois en bolus intraveineux). Le traitement immunosuppresseur est réservé aux cas d’uvéite totale sévère corticodépendante à forte dose ou corticorésistante. Ces traitements doivent être prescrits et surveillés régulièrement par une équipe avertie. Lorsque l’atteinte oculaire nécessite un traitement cortisoné oral, le traitement AINS à visée articulaire peut être arrêté ou réduit, puis adapté en fonction des modifications du traitement à visée oculaire. Le traitement chirurgical est celui des séquelles (synéchies, cataracte, kératite en bandelette). Il est réalisé en période non inflammatoire (au niveau oculaire), parfois précédé et suivi de bolus de méthylprednisolone. Le pronostic fonctionnel, généralement bon, de l’atteinte oligoarticulaire est réservé en cas d’évolution polyarticulaire. L’uvéite chronique souvent associée est redoutable ; longtemps infraclinique, elle peut mettre en jeu le pronostic visuel de manière définitive, en l’absence de traitement précoce et adapté. La prise en charge de la maladie passe par l’information du patient et de sa famille, et doit être assurée par une équipe multidisciplinaire ■ expérimentée. Références bibliographiques, voir page suivante. La Lettre du Rhumatologue - n° 245 - octobre 1998 25 L ’ O L I G O A R T H R I T E J U V É N I L E hiques p s bibliogra Référence 1. Cassidy J.T., Petty R.E. Juvenile rheumatoid arthritis. In : Cassidy 6. Nussenblatt R.B., Whitcup S.M., Palestine A.G. 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Une petite fille qui a présenté une ACJ OA avec AAN ne présente plus aucun signe articulaire depuis plus de 18 mois. Elle ne nécessite donc plus aucune surveillance. Vrai ou faux ? 4. La présence d’AAN est un élément de gravité pour l’atteinte articulaire. Vrai ou faux ? Réponses p. 45 Annonceurs HOECHST HOUDÉ (Di-Antalvic), p. 16 ; INNOTHERA (Ideos), p. 52 ; MSD CHIBRET (Fosamax), p. 15 ; NIVERPHARM (Zondar), p. 31 ; L’OPOCALCIUM (Calcidose), p. 41 ; 26 PROCTER & GAMBLE PHARMACEUTICALS (Cacit), p. 29 ; PROMEDICA (Cycladol, p. 20 ; SANOFI WINTHROP (Myolastan), p. 51 ; THERABEL LUCIEN PHARMA (Nexen), p. 2. La Lettre du Rhumatologue - n° 245 - octobre 1998