Télévision - Rencontres Cinématographiques de Dijon
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Télévision - Rencontres Cinématographiques de Dijon
QUEL AVENIR POUR QUELLE TELEVISION A L’HEURE D’INTERNET ? DEBAT Ont participé au débat : Philippe BAILLY, Directeur Associé de NPA Conseil Rodolphe BELMER, Directeur Général adjoint du groupe Canal + Véronique CAYLA, Directrice Générale du Centre National de la Cinématographie Christian KERT, Député des Bouches-du-Rhône Jean-Paul SALOME, Réalisateur, Président de la Société civile des Auteurs, Réalisateurs, Producteurs Nicolas de TAVERNOST, Président de M6 Patrick WALKER, Head of Content Partnerships Europe, Moyen-Orient et Afrique, Google Le débat a été modéré par Marc TESSIER, Directeur général du pôle Services Médias de Netgem. I. Introduction Philippe BAILLY évoque 4 mots-clé : bouillonnement, complexité, marché et fragmentation. Le bouillonnement, tout d’abord : il s’agit d’un climat d’innovation et de lancements de nouveaux services numériques, qui s’accélèrent. Les réseaux et offres continuent donc à se multiplier. Du côté du consommateur, l’on compte actuellement 7 à 8 millions d’abonnés à la téléphonie mobile « 3G » qui permet de recevoir des programmes audiovisuels, en attendant l’arrivée, courant 2008, de la « TNT mobile ». C’est aussi l’interactivité, la possibilité de consommer à son rythme. 3,5 à 4 millions de foyers peuvent aujourd’hui consommer des offres de VOD sur leur téléviseur et, donc, se composer leur propre menu télévisuel au quotidien. Ce bouillonnement engendre une complexité, marquée par une réalité multi-axiale. La « vidéo à la demande », ou VOD, par exemple, propose le cinéma à la demande, des offres d’achat « one shot », des offres sur abonnement (« SVOD »), la « catch-up TV », qui donne la possibilité, pendant une période limitée, de revoir sur Internet les programmes diffusés par une chaîne, des plates-formes de vidéo amateur, du contenu gratuit et payant, des réseaux de télécommunications fixes et mobiles et, enfin, des terminaux multiples : téléviseur, ordinateur, téléphone, baladeurs type iPod. Face à cela, nous avons des acteurs professionnels anciens, et de nouveaux entrants. Le marché, quant à lui, commence à se structurer. Du point de vue de l’offre, notamment de cinéma, les catalogues s’élargissent : un quart des films sortant et, notamment, 50 % des 10 meilleures entrées en salles, se retrouvent 7 mois plus tard, sur au moins une offre de VOD. Il reste à voir ce qu’il en est de la Pay TV, 5 mois après la sortie en salles. Les programmes audiovisuels sont, eux aussi, plus nombreux, notamment du fait des accords passés par les chaînes en matière de « catch-up TV », France Télévision ayant par exemple passé un accord avec France Télécom et Canal + prévoyant également de lancer bientôt « Canal + à la demande ». Du côté de la demande, il y a aujourd’hui 1,5 à 2 millions d’utilisateurs réguliers de la télévision mobile « 3G » diffusée par les opérateurs de télécommunications, la consommation de vidéos gratuites sur Internet se développe considérablement (YouTube, DailyMotion) et le taux de notoriété de la VOD a été doublé en un an. Quelles seront les conséquences de ces tendances sur l’économie générale de l’audiovisuel, notamment les acteurs historiques ? Selon Philippe BAILLY, même en additionnant les nouveaux services et le développement de la TNT, aucun bouleversement du système n’est à prévoir d’ici les 5 prochaines années. Mais l’économie des chaînes traditionnelles devrait cependant être quelque peu modifiée. Au final, 3 questions restent posées : II. - le paysage des acteurs de la télévision va-t-il se recomposer dans les prochaines années ? - les opérateurs, notamment les grandes chaînes historiques, vont-ils continuer à défendre leur part d’audience sur l’ensemble de la journée ou vont-ils se concentrer sur les grands carrefours d’audience ? - les petits acteurs, qui vont prendre de l’audience et de la publicité aux grandes chaînes, vont-ils pouvoir participer au financement de la production ? Comment l’économie du système va-t-elle s’en trouver modifiée ? Discussion sur les modifications de la demande du téléspectateur et leur impact sur l’industrie télévisuelle et cinématographique, ainsi que sur les aspects réglementaires et financiers Selon Marc TESSIER, l’exemple de la TNT a montré que lorsqu’une évolution se produisait, elle est irréversible. Il convient donc de l’anticiper. De plus, une partie du public jeune, très importante pour le cinéma, vit dans un environnement de médias radicalement différent d’il y a 10 ans. Il serait intéressant d’en mesurer également les conséquences sur la télévision et sur les nouveaux usages. Rodolphe BELMER indique que la télévision représente environ 50 % de l’économie du secteur cinématographique. Il s’agit d’un élément fondamental du financement de l’exception culturelle française. En second lieu, le système actuel est fondé sur des quotas de diffusion d’œuvres françaises, d’œuvres de diversité, de premières œuvres, ce qui permet le foisonnement de l’industrie cinématographique, l’une des plus prolifiques au monde après les Etats-Unis. Ce système doit être revu à la lumière de l’arrivée de l’Internet à haut débit, bouleversement considérable, notamment en France, où la pénétration de l’ADSL est particulièrement importante, 13 à 15 millions de foyers ayant souscrit à une telle offre permettant d’accéder à des services de VOD. La France est même le premier pays au monde pour la télévision par ADSL : elle représente 50 % de la demande européenne. Quels sont les impacts de l’arrivée de l’Internet à haut débit ? Le premier impact sur l’industrie a trait à la réglementation. Dans un modèle où nombre de foyers ont accès à une offre télévisuelle et cinématographique à la demande, il est impossible d’imposer des quotas. Le deuxième impact concerne la publicité sur Internet, marché considérable en croissance de 15 % par an qui vient peser sur la publicité télévisuelle, stable. Les ressources traditionnellement dévolues à la télévision seront captées par Internet, ce qui menace un pan entier du financement du cinéma français. Le troisième impact porte sur la « dé-linéarisation » de la consommation. Aujourd’hui, les téléspectateurs suivent la grille de programme des chaînes qu’ils reçoivent. Ceux ayant accès à la VOD peuvent regarder le film qu’ils veulent, quand ils le souhaitent, ce qui capte de l’audience aux chaînes. Aux Etats-Unis, les opérateurs du câble constatent que 15 % de l’audience est dé-linéarisée. Le quatrième élément de ce bouleversement a trait aux talents : les jeunes sont très fortement attirés par l’Internet, qui leur offre un moyen simple de se promouvoir. Les médias traditionnels devront rester suffisamment attractifs. Face à cette situation, les professionnels devront faire preuve de détermination et promouvoir des modèles viables, procédant d’une vision claire. Nicolas de TAVERNOST pense pour sa part qu’il faut distinguer les bouleversements fondamentaux et les évolutions naturelles : parmi ces dernières, il évoque l’ADSL, la haute définition et la télévision sur mobiles. Selon lui, cette dernière assure avant tout la continuité du service télévisuel. La TNT a également connu un beau succès, qui n’est cependant pas spectaculaire, selon lui. Ses audiences ne sont pas encore comparables à celles de la télévision hertzienne. Enfin, la VOD payante remplace progressivement la location de vidéos. Parmi les bouleversements, il évoque la consommation des sites communautaires de l’Internet. Les Français ont, avec l’Internet, les moyens de ne plus appliquer la loi. La réglementation sur le cinéma lui paraît mal faite, car aisément contournable. Il faut donc revoir les règles, en particulier, de diffusion d’œuvres cinématographiques. Il se prononce également en faveur d’une « loi Sapin » de la publicité sur Internet. Il a été dit que M6 était opposé à la TNT. Ce n’est pas exact : M6 était opposé aux règles d’attribution des canaux TNT, ainsi qu’à la technologie retenue : le DVB-T. Il aurait été préférable d’opter pour le MP4. Comment le groupe M6 s’adapte-t-il au marché, dans un monde de convergence ? Il élabore des bouquets et développe ses activités Internet. Il entend s’impliquer davantage dans le financement des contenus et, ainsi, participer au financement des contenus. Nicolas de TAVERNOST demande enfin à Véronique Cayla et Christian Kert de faciliter le développement du parrainage. Patrick WALKER pense qu’il faut adopter un point de vue optimiste face aux nouvelles technologies, qui doivent être appréhendées comme une opportunité à saisir. Elles font figure de révolution, de bouleversement, mais cela tient avant tout à la rapidité de leur rythme. Aujourd’hui, il est possible de mettre tous les contenus sur un simple iPod. Les outils de production ont eux-mêmes évolué : aujourd’hui, il suffit d’un téléphone portable pour s’improviser cinéaste. La création et la diffusion immédiates sont possibles, grâce à YouTube et à l’ADSL. Toutes ces évolutions ont donc des aspects positifs et négatifs, selon le point de vue que l’on adopte. Il faut s’y adapter. Sur YouTube, Google tente d’encourager les créateurs de contenu à avoir une démarche participative, et les consommateurs de vidéos, à réagir. Il faut permettre aux téléspectateurs de devenir plus actifs. Il faut également s’interroger sur les nouveaux modèles de financement, notamment la publicité : sur Internet, elle est choisie ; à la télévision, elle est subie par les consommateurs. Il faut concevoir des formats publicitaires compatibles avec Internet, plus conviviaux. Patrick WALKER insiste également sur la facilité d’utilisation des nouveaux services. Si Google et YouTube connaissent un tel succès, c’est notamment pour cela. Christian KERT a organisé avec les Facultés de Droit et de Sciences d’Aix-en-Provence un atelier de 100 étudiants et 30 professeurs pour leur demander quel était leur comportement face aux différents médias. 55 % des jeunes étudiants ont affirmé regarder davantage la télévision sur d’autres modes que le téléviseur de salon, contre 30 % des professeurs. Ils n’y reviennent que pour vivre de grands événements, pour se rassembler de manière conviviale. 55 % des étudiants ont affirmé regarder des films en dehors des salles de cinéma, dont 25 % pratiquant la VOD sur leur ordinateur. Ils restent fidèle au spectacle cinématographique, mais le consomment autrement. Par ailleurs, il pense que la loi va devoir s’adapter à la nouvelle réalité télévisuelle. Il faut desserrer la contrainte qui pèse sur les chaînes, alors qu’il existe un secteur, celui d’Internet, où n’existe aucune régulation. S’agissant de la publicité, il se demande si sa généralisation sur Internet, qui fera qu’elle sera moins accrochée à l’audience, va modifier sa nature et quel sera l’impact de ce mouvement sur la presse écrite. Enfin, dans un contexte qui évolue rapidement, il s’interroge sur le maintien de la redevance télévisuelle : aura-t-elle encore une signification pour des téléspectateurs habitués à payer pour accéder à des offres télévisuelles ? Faudra-t-il faire payer un abonnement pour accéder à la télévision mobile personnelle ? Au-delà, comment ce nouveau périmètre audiovisuel va-t-il pouvoir continuer à défendre la culture française, la découverte, l’accès à la diversité et à la création ? Jean-Paul SALOME revient sur l’affirmation selon laquelle un quart des films seulement ont une exposition sur la VOD. Cela ne lui paraît pas de nature à préserver la diversité. Philippe BAILLY répond que le manque de volonté d’exposer les films en VOD concerne plutôt les producteurs que les responsables des plates-formes de VOD. Nicolas de TAVERNOST pense qu’il faut porter une grande attention à la protection des réseaux de VOD. S’ils se bornent à être des moyens de diffusion des programmes des chaînes, ils seront contrecarrés par d’autres moyens d’échanges d’images. Selon Rodolphe BELMER, Internet fait peser une menace sur le mode de financement de la télévision et sur le mode de diffusion de la diversité culturelle. Il pense qu’il faut tenter d’adapter le progrès technologique. Une solution pour ce faire est de protéger rigoureusement la chronologie des médias en y intégrant la VOD, afin que les offres délinéarisées respectent l’équation économique du secteur, selon laquelle chaque type d’exploitation a sa place : la salle de cinéma, puis la VOD ou le DVD, puis la Pay TV qui intègre, elle-même, une offre de « rattrapage » dé-linéarisée type « Canal + à la demande », puis la télévision gratuite, qui pourra elle-même avoir sa propre offre de « rattrapage ». Enfin, la diffusion sur les chaînes de « catalogue ». Jean-Paul SALOME se demande si l’Internet de demain va ressembler davantage à la télévision ou si cette dernière déteindra sur l’Internet. En tout cas, les règles doivent, selon lui, absolument évoluer pour permettre le maintien de l’industrie cinématographique. Véronique CAYLA indique que la révolution numérique, qui ne fait que commencer, a sonné le glas de la rareté qui prévalait jusque-là dans l’industrie cinématographique et télévisuelle. Les canaux de diffusion et les offres commerciales se développent, ce qui pousse au « zapping ». L’on passe ainsi d’une logique de substitution des supports à une logique de coexistence. Tout cela aboutit à une fragmentation des audiences et des publics. Face à cela, les modèles économiques traditionnels sont bousculés. Le modèle publicitaire de la télévision classique stagne, voire tend à s’effriter pour se développer dans l’Internet. La VOD en est à ses prémices. Mais aucun nouveau modèle économique n’est encore apparu. Dans un premier temps, Véronique CAYLA pense qu’il faudrait faire apparaître un nouveau modèle de programmes, ces derniers étant conçus pour apparaître sur différents types de supports. Pour un surcoût minime, ils pourraient permettre de multiplier les recettes. De fait, aujourd’hui en France, les deux tiers de la publicité s’investissent dans le hors média. Nicolas de TAVERNOST lui fait cependant remarquer qu’en 2007, pour la première fois, la publicité hors média va diminuer. Il convient donc, selon lui, de libérer la publicité à la télévision, ainsi que les règles de parrainage. Quel peut être le rôle d’une instance de régulation comme le CNC ? Selon Véronique CAYLA, sa première mission est d’accompagner les professionnels. Or la réglementation est très rigide et inadaptée à la réalité du numérique. En particulier, elle ne permet aucun contrôle des nouveaux médias, des nouveaux supports de diffusion, alors même que les supports traditionnels sont fortement contraints. Il faut donc la faire évoluer en conséquence. Il faut également créer de nouvelles solidarités entre producteurs et diffuseurs. De ce point de vue, les décrets Tasca les mettent parfois en confrontation, empêchant la circulation des programmes sur les nouveaux supports. Enfin, il faudra élargir la réglementation aux nouveaux supports de diffusion et aux nouveaux médias, afin de maintenir la diversité et l’identité de la culture française. Christian KERT indique que Christine Albanel, nouvelle Ministre de la Culture, a prévu une refonte des décrets Tasca. Jean-Paul SALOME se demande également pourquoi vouloir empêcher la VOD lors de la diffusion sur Pay TV alors que les DVD continuent, eux, à se vendre. Rodolphe BELMER répond que la VOD doit être fermée dès la diffusion télévisée car elle fait peser une menace importante sur ces dernières, par exemple en cas de diffusion d’une même œuvre sur une chaîne télévisée et sur le portail d’un opérateur ADSL qui, lui, n’en a pas payé les droits. L’économie du secteur, assise sur la prospérité de différentes fenêtres – étanches – de diffusion, ne le supportera pas à terme, la VOD étant, en l’état, un système transversal, qu’il faut davantage borner. Nicolas de TAVERNOST indique que la télévision, menacée par d’autres médias, doit défendre ses exclusivités de diffusion, ce qui implique un contrôle de la circulation des œuvres. Philippe BAILLY évoque le rôle du piratage dans l’exploitation des programmes. Par exemple, TF1 a mis en VOD le premier épisode de la saison 2 de la série Heroes le lendemain de sa diffusion américaine, ce qui lui a permis de parer aux diffusions pirates. Nicolas de TAVERNOST pense que la création d’un nouveau régulateur pour accompagner le déploiement de la HD n’est pas une bonne mesure. III. Débat avec la salle Le Sénateur Jack RALITE indique que certaines données de base doivent être prises en considération. Premièrement, la technologie n’est pas coupée de la société qui l’engendre. Les nouvelles technologies sont inventées par des hommes et des femmes qui doivent avoir la liberté de s’en servir. Il ne faut pas, selon lui, les appréhender comme des menaces. Il préfère ainsi parler de « régulation » plutôt que de « déréglementation ». Il faut un « code de la route ». Il faut également s’occuper en priorité de la création. Le Président de la République a envoyé une lettre à la Ministre de la Culture, lui demandant de faire en sorte que les œuvres répondent à la demande de la population. Ce chemin lui paraît mortel pour la création vivante, qu’elle soit picturale, littéraire ou cinématographique. Le Président lui a également demandé d’expérimenter la cessibilité de certaines œuvres des Musées nationaux. Selon Jack RALITE, cela est très grave. Il observe également qu’il est question de vendre les fréquences hertziennes aux enchères. Cela n’est pas sans poser question. Il faut en tenir compte dans le débat. Il faut donc défendre l’héritage français, mais également s’en défendre afin de ne pas prendre de retard. Il propose enfin de réfléchir à une « charte du numérique », qui ferait une grande place aux créations originales et faciliterait ainsi le mariage de la « belle numérique » et de la « bête – création ». Un participant revient sur la chronologie des médias : aujourd’hui, la VOD est concurrente du DVD. Dès lors, le consommateur ne comprendra pas qu’elle soit assujettie à une fenêtre de diffusion limitée, mais non le DVD. Rodolphe BELMER répond que la fenêtre de diffusion DVD est simplement plus longue que celle de la VOD : une fois les DVD épuisés, on ne les trouve plus en magasins. Il est vrai, par ailleurs, que des catalogues de VOD se développent fortement aujourd’hui, mais cela pose la question des droits de diffusion. Selon lui, il n’est pas envisageable de laisser ces nouveaux acteurs se saisir d’œuvres et se livrer à une guerre des prix au détriment des acteurs traditionnels, qui font l’économie du marché et qui soutiennent la production des œuvres. De ce point de vue, le concept de chronologie des médias lui paraît fondé et devrait être appliqué à tous les supports de diffusion. Une participante pense que la concentration des groupes industriels va s’accentuer, le gouvernement actuel y étant favorable. Dès lors, les producteurs et diffuseurs doivent réfléchir ensemble aux enjeux de la réforme à venir des décrets Tasca. Un participant souligne le fait que dans les pays où il n’existe aucun cadre légal, il n’y a plus de cinéma. Selon lui, il faut donc maintenir une régulation du secteur. Il regrette également que le débat ait dérivé sur « comment protéger la télévision actuelle face à Internet », au lieu de s’interroger sur « quelle nouvelle télévision à l’heure d’Internet ». Quelles nouvelles œuvres promouvoir, quels artistes ? Véronique CAYLA est favorable à une nouvelle régulation, permettant de maintenir l’existant, mais en l’adaptant à l’irruption du numérique. Nicolas de TAVERNOST indique que depuis 21 ans, il n’y a jamais eu d’assouplissements réglementaires pour l’exploitation des chaînes de télévision privées. Or les règles de diffusion du cinéma sur la télévision commerciale sont devenues inadaptées à la réalité. Par ailleurs, y a-t-il un changement créatif, un changement de nature des programmes, induits par les nouvelles technologies ? Selon lui, tel n’est pas fondamentalement le cas. Seule la manière de distribuer les programmes, de les mettre à la disposition du public, change. De ce point de vue, les chaînes de télévision devront défendre leurs exclusivités. Un intervenant se demande s’il est bon d’imposer par la loi les mêmes quotas de diffusion à Internet qu’aux autres diffuseurs. Christian KERT répond que le paysage audiovisuel français ne peut voir cohabiter deux mondes, l’un, très contraint, l’autre, très libre. Il faut assurer une meilleure équité entre eux. Il va falloir ouvrir des « Etats Généraux de l’Audiovisuel », afin de dé-stratifier la législation et, ainsi, la rendre plus lisible. Il faut faciliter la diffusion des idées, quels qu’en soient les canaux. Un producteur allemand indique qu’Internet dépasse les frontières et donc, le cadre réglementaire des différents pays. Il est ainsi possible d’y télécharger, de manière payante ou en piratant, des œuvres avant leur diffusion en version traduite. La France, au plan mondial, apparaît comme un paradis de la culture. Mais pour le défendre, il va falloir dépasser un raisonnement purement national pour s’interroger sur la nature même de l’Internet.