Votre enfant adopté ne va pas bien
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Votre enfant adopté ne va pas bien
Votre enfant adopté ne va pas bien ? Que faire pour l’aider ? Comment le soigner ? Que lire ? Que dire ? Que ce soit dans les jours, les semaines ou les mois qui suivent l’arrivée de l’enfant, plusieurs parents vivent une profonde déception par rapport au petit qui leur a été confié. Il est moins beau qu’espéré, il refuse de tendre les bras, il semble « anormal » dans ses réactions. On craint un retard mental, une maladie grave. La déception en arrive à fragiliser l’estime qu’ils ont de leurs propres compétences. On ne se sent pas à la hauteur, on est déçu des attitudes du conjoint, etc. Mais à qui donc avouer tout cela ? A l’entourage qui y va de ses félicitations ? A la travailleuse sociale qui fait le rapport des progrès pour le jugement du tribunal ? Les parents adoptants doivent affronter leur déception, ne pas les nier, pour enfin faire le deuil de l’enfant « rêvé » et mieux accueillir l’enfant réel. En parler à un très bon ami, à une très bonne amie ? A l’infirmière qui vaccine l’enfant ? A l’association de parents ? Pourquoi pas ! Comme dans tous les deuils, il y a une phase de négation, de colère, de dépression. Naît ensuite, le plus souvent, le profil d’une certaine sérénité. L’Enfant adopté dans le monde – Jean François Chicoine – Patricia Germain – Johanne Lemieux Prologue diagnostic Mon enfant ne me lâche pas d’une semelle ou me lâche trop facilement Mon enfant appelle d’autres femmes « maman » Mon enfant cherche en permanence à reproduire la relation affective parents-enfants avec les autres adultes Mon enfant a une relation difficile (recherche permanente et soutenue des limites, transgression systématique de la loi…) avec les femmes Mon enfant fait des cauchemars toutes les nuits Mon enfant recherche le statut particulier (Je reconnais les règles mais elles ne me concernent pas) Mon enfant souffre d’un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité 2 - Avec les enfants de trois à six ans, à l’âge de la maternelle 2.1 – Dans le cadre familial 2.1.1 – Conseils éducatifs Si l’enfant arrive chez vous entre 3 et 6 ans, les conseils donnés pour les plus jeunes sont encore pertinents pour sécuriser l’enfant : - congé parental - présence régulière et assidue du même parent auprès de l’enfant - extrême régularité voire routinisation du rythme quotidien - savoir passer des week-ends calmes (parents et enfants) à la maison - pas de surprise, d’improvisation - l’emploi du temps de la journée à faire (oral ou visuel si nécessaire) - des listes des tâches à réaliser à faire : tous les jours mettre le couvert (qui et quand), le matin en se levant (habillage, le lit, les dents, le petit déjeuner, les lunettes à laver…) - pas toujours et trop de monde à la maison même si les enfants sont demandeurs. N’hésitez pas à vous faire soutenir par le père. Ne pas prendre ombrage si l’attachement se fait d’abord avec le père (l’enfant peut se sentir plus sécurisé avec le père. L’abandon : une histoire de femme ?) Impliquer dans la mesure du possible le père dans le quotidien. La mère a parfois tendance à tout vouloir faire quand il s’agit des enfants alors que le père peut aussi avoir envie de faire : - le bain qui peut aussi être un moment de discussion et de jeux, - l’histoire du soir, - le coucher final qui reste souvent plus efficace avec le père… - les levers éventuels la nuit si l’enfant fait un cauchemar Bien tolérer les régressions de l’enfant : il en a besoin, il doit rattraper chez vous ce qui lui a manqué plus petit. Retraverser chez vous les étapes manquées de son enfance. N’en ayez pas peur : il peut se faire dorloter comme un bébé, reprendre le biberon voire simuler la tétée ( !) Sachez le faire évoluer en douceur et sans reproche. N’hésitez pas à accompagner l’endormissement dans la chambre avec lui ou eux (ne quitter la chambre qu’une fois les enfants endormis) N’hésitez pas à les laisser dormir dans la même chambre si vous avez plusieurs enfants ou à les laisser s’inviter à dormir de temps en temps les veilles de jours sans école. Limitez le nombre de personnes extérieures qui interviennent auprès de l’enfant (l’école y suffit et même si vous avez l’impression que cela ne pose pas de problème) Et ayez des activités calmes à partir de 17 heures. Limitez si possible les heures de collectivités en plus de l’école même s’il s’y trouve bien (comme à l’orphelinat) : péri-scolaire, cantine… Les journées sont alors trop longues, trop bruyantes… Utilisez plutôt des jours fixes et des veilles de jours sans école pour la cantine, la péri-scolaire ou tout autre activité extra-scolaire (les rythmes sont très soutenus dans un pays comme le nôtre). N’hésitez pas à vous faire soutenir à l’extérieur, pour pouvoir être sans colère ou énervement en présence de l’enfant. Parlez lui avec fermeté et douceur, rassurez le, évitez de perdre le contrôle de soi en présence de l’enfant. 2.1.2 – Thérapies corporelles Massage de l’enfant avec un lait de toilette doux par exemple, en commençant par les pieds pour habituer à être touché et caressé. Remonter un peu plus haut chaque jour sur le corps de l’enfant. Commencer par de courts massages et augmenter lorsque l’enfant y prend plaisir, manifeste du plaisir. Pratiquez des petites séances de relaxation pour que l’enfant apprenne à relâcher son corps, son esprit et y trouve du plaisir. Amenez l’enfant à soutenir votre regard, à vous regarder dans les yeux. Quitte à en faire un jeu, à le faire en riant … Amenez l’enfant à accepter ce qu’il est, à se reconnaître, à se faire face à travers des jeux dans le miroir. Etre contenant, pratiquer au besoin le holding en cas de colère de l’enfant, à condition de savoir le faire en douceur, sans énervement et sans faire mal à l’enfant… Cette thérapie est controversée, elle impose à l’enfant un toucher qu’il refuse pour l’amener à « craquer » pleurer, laisser la colère faire place à la tristesse et accepter d’être consolé par le parent. Demande une préparation, voire une formation ou un accompagnement, surtout lorsque l’enfant grandit et résiste fort. 2.1.3 – Thérapies par le langage Mettre des mots sur les choses vécues et sur les émotions, nommer la colère de l’enfant, dire pourquoi on pense qu’il est en colère etc… lui raconter son histoire. Pour parler, on peut s’aider de choses visuelles comme par exemple réaliser un panneau avec les premières photos commentées que l’on installe dans un endroit fréquenté régulièrement par les parents et les enfants ou créer une boîte à souvenirs que l’on ouvre quand on a envie parent ou enfant de parler de notre histoire. Laissez l’enfant se « souvenir » même si certains souvenirs vous semblent abracadabrants. Gardez la discussion ouverte. Laissez l’enfant dire à qui bon lui semble d’où il vient et qu’il est un enfant adopté : Cela fait partie de son identité. Rappelez à l’enfant qu’il est chez vous en sécurité et pour toujours, qu’on ne le quittera jamais. Inventer des symboles des sentiments qu’on peut éprouver (colère, peur, honte, joie) par exemple des dessins, des animaux de livres d’enfants, des dessins brodés sur coussins, et apprendre à l’enfant à exprimer ses sentiments à l’aide de ces symboles, au lieu de passer à l’acte. La colère peut « se dire », « s’exprimer »… 2.2 – En faisant appel à des intervenants extérieurs 2.2.1 – Médicalisation On peut consulter : - un pédiatre - un homéopathe (l’homéopathie est notée par plusieurs parents comme très efficace sur les enfants) - un pédo-psychiatre (comment choisir le pédo-psychiatre ? se renseigner) 2.2.2 – Thérapies corporelles pratiquées par des professionnels On peut consulter : - un ostéopathe - un étiopathe - un kinésiologue 2.2.3 – Psychothérapies Certaines orthophonistes ont une très bonne approche psychologique des enfants, une grande finesse d’observation. Comme pour tous les professionnels, mieux vaut se renseigner, la technique n’est pas tout, la qualité humaine de la personne est essentielle. La psychomotricité permet une rééducation et/ou une prévention (source fédération française des psychomotriciens) - des retards du développement psychomoteur - d’un échec scolaire lié aux troubles psychomoteurs - de troubles du comportement ou de la personnalité, réactionnels à des désordres psychomoteurs. 2.2.4 – Aide en milieu scolaire Réseau d’aide : Psychologue Psychomotricien Infirmière Maître de soutien (élémentaire) Etablir un contact privilégié et permanent avec l’équipe enseignante. Planifier si nécessaire une réunion équipe pédagogique avec les intervenants auprès de l’enfant extérieurs au système scolaire (Thérapeute, psychomotricien, psychologue, orthophoniste…). La pluridisciplinarité est riche d’enseignement.