Automne [536 Ko] - Guides de la Bibliothèque
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petit Automne 2000 Le Magazine Ce petit Magazine de la formation personnelle et sociale est une production du Magazine jeunesse. Publié en collaboration avec le ministère de l’Éducation et Des parents de même sexe Quand les préjugés se cognent à la réalité Mise en contexte sexuelles deviennent de plus en plus ouvertes, plusieurs études ont tenté de comparer le développement psychosocial des enfants issus d’une famille où l’un des parents est homosexuel, à celui des enfants issus Moi, Alexandre, ça ne me gêne pas que mon d’une famille dite « traditionnelle ». En 1995, Patterson a d’ailleurs recensé plus de deux cents études père soit homosexuel. Mais si j’invite des copains, comparatives sur ce sujet. D’après son analyse, il en ressort qu’« aucune base scientifique ne confirme ça me gêne s’ils apprennent que mon père est que les personnes homosexuelles ne seraient pas des parents convenables, ou que le développement gai. Il n’y a que sur ce point-là que ça me gêne, psychosocial de leurs enfants serait compromis et ce, sous quelque aspect que ce soit ». parce que les copains vont trouver des moyens de m’insulter sur ce sujet-là. Si ça ne gênait Combien y a-t-il de parents homosexuels ? personne, moi je m’en foutrais. Les enfants que je ne connais pas bien, ça me gêne. Les adultes, Pour diverses raisons, les chercheurs arrivent difficilement à établir s’ils le gardent pour eux, s’ils ne le racontent des chiffres exacts concernant l’homosexualité, et par le fait pas partout, ça ne me gêne pas qu’ils soient même l’homoparentalité. Or, depuis la parution de au courant de l’homosexualité de mon père certaines recherches américaines (notamment (Éric Dubreuil, Des parents de même sexe, 1998). celles de Kinsey et Hite), on estime qu’environ 10 % de la population Introduction serait d’une orientation sexuelle autre qu’hétérosexuelle. Selon le La structure familiale la plus reconnue socialement Bureau de la statistique du pour le développement harmonieux des enfants est Québec, il y avait entre 387 170 et celle d’un père et d’une mère de classe moyenne, 514 800 personnes d’orientation vivant en banlieue, le père occupant un travail homosexuelle vivant au Québec en rémunéré à l’extérieur et la mère s’occupant des 1994. Mais combien d’entre elles sont pères ou mères ? tâches domestiques. Or, la prolifération de nouvelles Julien et al. répondent qu’il faudra attendre les prochaines structures familiales, comme la monoparentalité, données de l’enquête Santé Québec pour obtenir un éclairage les familles reconstituées et l’homoparentalité, en cette matière. Toutefois, des études américaines à grande confrontent ces préjugés populaires voulant qu’en échelle rapportent qu’environ 10 % des hommes et 20 % des l’absence d’un des parents ou en présence d’un femmes d’orientation homosexuelle seraient parents. La plupart de ces enfants seraient nés dans parent homosexuel, le développement de l’enfant un contexte de mariage hétérosexuel, avant que l’un des parents ne s’identifie comme homosexuel soit compromis. (Julien et al., 1994). Les théories du développement psychosocial ont longtemps insisté sur la nécessité des contributions distinctes du père et de la mère pour assurer un bon développement psychosocial à l’enfant. Mais dans un contexte où les relations de couples homo- Mais que savons-nous aujourd’hui sur les parents de même sexe ? En quoi cela devrait-il nous concerner, nous, enseignantes et enseignants ? Est-ce difficile pour un enfant ou un adolescent d’accepter l’homosexualité de l’un de ses parents ? Est-il lui aussi marginalisé ? Son développement psychosocial peut-il en être affecté ? Risque-t-il de développer des problèmes d’identité sexuelle ? Est-il bien encadré à la maison ? La plupart des recherches actuelles sur l’homoparentalité ont été initiées à la suite des réactoins négatives de certains professionnels, tels les législateurs, à l’égard des familles homoparentales. Ainsi, certains professionnels doutent encore, de nos jours, des aptitudes des personnes homosexuelles à être parents, et ce, malgré le fait que l’homosexualité ne soit plus considérée comme une maladie mentale depuis 1974. En conséquence, lorsqu’il est question du droit des personnes d’orientation homosexuelle à avoir des enfants ou à garder leurs propres enfants, les tribunaux ou les décideurs ont deux types de craintes. D’abord, on croit en l’existence d’un certain déséquilibre psychologique ou mental chez les personnes homosexuelles : on croit que la maternité (ou « l’instinct maternel ») est réservée uniquement aux femmes hétérosexuelles et on craint que les activités sexuelles des parents homosexuels leur laissent peu de temps pour s’occuper de leurs enfants et voir au bon déroulement des interactions parent-enfant (Julien et al., 1994 ; Dubreuil, 1998). Un second type de craintes concerne le développement même des enfants. Patterson a résumé cette question en portant une attention particulière à quatre sphères du développement où les enfants risquent d’être affectés. Nous allons les examiner en détail. Les enfants de parents homosexuels développent-ils des problèmes d’identité sexuelle ? La première sphère du développement de l’enfant sur laquelle on s’interroge concerne son identité sexuelle. On pourrait penser que les enfants issus de familles homoparentales éprouvent plus de problèmes d’identité sexuelle que les autres enfants, qu’ils risquent de devenir homosexuels eux-mêmes ou qu’ils sont perturbés dans leur différenciation sexuelle ou dans leur comportement sexuel. En d’autres termes, on s’interroge : sur l’identité de genre de l’enfant, à savoir s’il s’identifie comme un garçon ou comme une fille ; sur son rôle sexuel, c’est-à-dire l’adoption de comportements masculins et féminins tels qu’ils sont définis par les conventions de sa culture d’appartenance ; et enfin, sur son orientation sexuelle, c’est-à-dire sur son choix de partenaires sexuels qui le ou la définissent comme hétérosexuel(le), homosexuel(le) ou bisexuel(le). À quelques exceptions près, la plupart des études qui ont porté sur ces aspects de l’identité sexuelle concluent que les enfants de parents homosexuels ne sont pas différents des enfants issus de familles hétéroparentales (Patterson, 1992 ; APGL, 1997 ; Dubreuil, 1998). Auront-ils un développement harmonieux ? La seconde sphère du développement à l’étude est la stabilité émotionnelle de l’enfant. On craint que les enfants issus de familles homoparentales ne développent une plus grande vulnérabilité psychologique que les autres ou qu’ils soient plus susceptibles de faire des dépressions nerveuses. En d’autres termes, on craint pour leur santé psychologique. Sur ce sujet, les chercheurs ont étudié plusieurs caractéristiques : l’autonomie de l’enfant (séparation/individuation), les évaluations psychiatriques, les évaluations de troubles de comportement, les problèmes d’ordre affectif comme l’hyperactivité, le développement du jugement moral, l’intelligence, la personnalité, et, enfin, le concept de soi. Une fois de plus, les résultats de ces recherches révèlent, de manière assez convaincante, que les craintes concernant le développement harmonieux des enfants et des adolescents ne sont pas justifiées. Éprouvent-ils des difficultés sociales avec leurs pairs ? La troisième sphère du développement de l’enfant sur laquelle on s’interroge est l’adaptation sociale ou les relations avec les pairs. D’emblée, on redoute divers problèmes de cet ordre telle la persécution par ses pairs (être taquiné, tourmenté, voire traumatisé par ses camarades et, à la limite, par les adultes faisant partie de son entourage). À cet égard, Green et Golombok et al. ont conclu que les enfants de parents homosexuels n’éprouvent aucune difficulté d’ordre social avec leurs pairs, ni avec les adultes. L’orientation sexuelle des parents ne semble donc pas être une variable pertinente pour comprendre les problèmes d’adaptation qui affecteraient certains enfants. On peut se demander quels seraient les facteurs familiaux potentiellement associés au développement de problèmes chez certains enfants de parents homosexuels. Sur ce point, les recherches sur les familles dites « traditionnelles » indiquent que les aspects fonctionnels des relations familiales (la qualité des relations entre les membres de la famille) seraient des variables plus pertinentes que les aspects structuraux, comme la composition de la famille. Par exemple, plusieurs études comparatives sur les familles homoparentales et traditionnelles ont démontré que les problèmes des enfants associés au divorce des parents seraient provoqués par le conflit entre les parents, plutôt que par le changement dans la composition de la famille (Patterson, 1992 ; Julien et al., 1994). 2 Sont-ils plus exposés au risque d’abus sexuels ? La quatrième et dernière sphère du développement étudiée concerne les risques d’abus sexuels pour ces enfants. On croit que les parents homosexuels ou les amis de ces parents représentent un plus haut risque à ce chapitre. Cette idée fut donc examinée dans les recherches sur l’abus sexuel des enfants. Une fois de plus, les résultats de ces recherches ne permettent en aucune façon d’inférer que les enfants de familles homoparentales soient plus victimes d’abus sexuels. Sur ce point, il est intéressant de souligner que la grande majorité des personnes qui abusent sexuellement des enfants sont des hommes qui se définissent comme hétérosexuels (Finkelhor et Russel, 1984 ; Dorais, 1996). Ainsi, la crainte que les enfants de parents homosexuels soient plus exposés aux abus sexuels que les enfants de parents hétérosexuels apparaît sans fondement. Le début de l’adolescence serait un moment particulièrement difficile pour apprendre que son père ou sa mère est homosexuel(le). Plusieurs études convergent sur ce point : les enfants informés au cours de leur adolescence de l’homosexualité d’un de leurs parents auraient des réactions plus négatives que lorsqu’ils le sont en bas âge ou à la fin de leur adolescence. Pourquoi ? Tout simplement parce que le début de l’adolescence est une période fragile sur le plan du développement des enfants. Selon Papalia et Olds, l’adolescence est sans aucun doute la période la plus troublante de la vie. Au cours de cette phase, la recherche d’une identité personnelle prend une ampleur parfois très difficile. Bien sûr, cette recherche identitaire ne prend pas fin à l’adolescence (elle se poursuit toute la vie), mais au cours de ces années, elle a une importance primordiale. Tout au long de ce processus, l’adolescent doit redéfinir ses relations avec ses parents ainsi qu’avec son groupe de pairs. C’est ce que l’on nomme le processus de séparation/individuation. De plus, c’est à l’adolescence que se manifeste « habituellement » l’orientation sexuelle d’une personne. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, l’adolescence est une étape difficile pour accepter l’homosexualité d’un de ses parents. Certains chercheurs se sont interrogés sur le rôle de soutien potentiel des pairs pour aider les enfants à gérer les questionnements soulevés par le fait d’avoir un parent homosexuel. Sur ce point, Lewis fut l’un des premiers à suggérer que le silence des enfants sur l’orientation sexuelle de leurs parents auprès de leurs pairs et de leur entourage pourrait exacerber leur sentiment d’isolement. Toutefois, les effets potentiellement négatifs d’un tel isolement n’ont pas, jusqu’à maintenant, fait l’objet de recherches précises. Lewis suggère tout de même que les enfants tireraient bénéfice de groupes de soutien constitués d’autres enfants de parents homosexuels. Huggins, quant à lui, signalait que les enfants qui avaient appris l’orientation homosexuelle de leur mère au cours de leur enfance avaient une estime de soi nettement supérieure à ceux qui n’en avaient pas été informés avant l’adolescence. Qu’en est-il de la qualité de l’encadrement de l’enfant ? À ce sujet, Patterson rapporte que les enfants d’une mère homosexuelle et divorcée d’un mariage hétérosexuel antérieur auraient plus de contacts avec leur père que les enfants d’une mère hétérosexuelle divorcée. Un autre fait intéressant, soulevé par Huggins : l’estime de soi des filles de mères homosexuelles vivant avec une partenaire serait plus élevée que celle des filles de mères homosexuelles ne vivant pas avec une partenaire. Cependant, comme le souligne avec justesse Patterson, il faudra attendre les résultats d’études longitudinales afin de savoir si la stabilité du couple homosexuel a véritablement un impact sur l’encadrement de l’enfant et son développement psychosocial. Dans le même ordre d’idées, Huggins a démontré que les enfants dont le père rejette ou n’accepte pas l’identité homosexuelle de la mère auraient une estime de soi inférieure à celle des enfants dont le père adopte une position neutre ou positive. Ce travail d’Huggins pose donc des questions intéressantes sur le degré auquel des réactions d’adultes significatifs dans la vie de l’enfant peuvent influencer ses réactions lors de la découverte de l’identité homosexuelle de l’un de ses parents. Comme l’ont souligné Papalia et Olds, les valeurs de l’adolescent sont beaucoup plus proches de celles de ses parents qu’on ne le croit généralement. 3 Témoignages Dans une entrevue accordée au mensuel gai Orientations, Richard Desrosiers, professeur à l’Université du Québec à Montréal et père gai de deux adolescentes, aborde un aspect intéressant quant à l’impact de l’homosexualité d’un parent sur les enfants. Voici ses propos : La famille d’un gai, surtout les enfants, est contrainte au coming out. C’est-à-dire qu’un jour ou l’autre l’enfant doit dire à sa gang de chums que son père est gai ou sa mère est lesbienne. Il y a une forme de coming out à faire. Ce n’est pas le seul parent qui porte le poids d’avoir à dire publiquement qu’il est gai [...] Ma fille aînée trouve ça difficile au secondaire présentement. Elle a quinze ans. Elle me dit qu’elle n’a pas de problème à le dire à ses copines mais elle a des problèmes à l’avouer aux garçons. Je sais quand elle emmène un garçon chez moi puisqu’elle ferme la porte de mon bureau, le seul endroit où la présence de cartes postales au mur indique que je suis gai (Orientations, 1999). Ce témoignage d’un père gai est révélateur de l’impact de l’homoparentalité chez les jeunes. S’il est vrai que les enfants issus d’une famille homoparentale devront, un jour ou l’autre, passer par une sorte de coming out, il va sans dire que l’appui de l’entourage (milieu scolaire, groupe de pairs) aura des bénéfices importants et non négligeables pour l’intégration sociale et l’épanouissement psychologique du jeune. Toutefois, comme le témoignage suivant le démontre bien, si ce « coming out familial » n’est pas sans causer quelques désagréments à ces enfants, ils en ressortent la plupart du temps avec des valeurs de tolérance et d’ouverture bien au-dessus de la moyenne. Voici le témoignage d’un jeune homme dont le père est gai : Moi j’ai eu à le dire lorsque j’étais en deuxième ou troisième année du secondaire. J’avais environ quinze ans. Je n’ai jamais eu peur. Je me suis fait niaiser longtemps mais j’étais fier de l’avoir dit. Maintenant encore, j’ai vingt-trois ans, j’accompagne mon père souvent et on nous regarde de travers. Mais je le défendrai toujours [...] C’est toujours plus difficile de le dire aux gars. À quinze ans, ça m’a tout pris pour le dire à mes amis de gars. On dirait que les filles ont une plus grande ouverture d’esprit [...] Je suis peutêtre un homme moins axé sur les choses que les hétéros aiment comme le sport ou la mécanique. Je préfère approfondir mes relations sur le plan humain plutôt que sur le plan pratique. Ça c’est vrai parce que si je me compare à mes amis hétérosexuels qui vivent avec des filles, je suis complètement différent d’eux. Je pense vraiment pas de la même manière. C’est ce que j’aime de ce que je suis devenu (Orientations, 1999). Dans le même ordre d’idées, écoutons maintenant Salomé, une jeune adolescente de 16 ans dont le père est gai : Je l’ai dit à mon meilleur ami, à mes deux amies proches et à mon petit ami. Ils ne sont pas choqués, car cela fait partie de la vie quotidienne, mais quand même, ils sont surpris qu’un homosexuel ait eu des enfants. Cela les a bouleversés dans leurs préjugés, et dans le bon sens. Pour eux, le principal, c’est que moi, je n’en souffre pas [...] Je ne veux pas que des gens que je côtoie soient au courant alors qu’ils n’ont pas la maturité suffisante et qu’ils ne connaissent pas l’homosexualité comme je la connais. Je préfère le dire à des gens qui comprennent [...] La différence, quand on est petit, on la vit comme une exclusion et c’est assez dur. Plus tard, quand on grandit, ça devient intéressant. Et, quand on se sent exclu, il faut pouvoir retrouver quelqu’un de semblable pour pouvoir s’aider. C’est notre différence qui fait notre alliance (Dubreuil, 1998). Que peut-on en conclure ? La plupart des études sur l’homoparentalité et le développement psychosocial des enfants issus de familles homoparentales vont toutes dans le même sens : les craintes, idées reçues et préjugés ne sont pas confirmés par les faits. Aucune des recherches effectuées à ce jour ne permet de conclure que les enfants de parents homosexuels seraient désavantagés sous quelque aspect que ce soit par rapport aux autres. Les résultats convergent tous vers un même message clair et non équivoque : l’environnement familial construit par les parents des deux groupes d’enfants leur fournit des contextes de croissance psychosociale comparables. Lorsque se produisent des problèmes, c’est la qualité de l’environnement, de l’encadrement et de croissance qui en est vraisemblablement responsable dans tous les cas. Autrement dit, le divorce de parents hétérosexuels (et les limites qu’il impose parfois quant aux droits de visites des enfants), l’alcoolisme ou la toxicomanie d’un des parents affectent la qualité de l’environnement des enfants beaucoup plus que la structure du couple en tant que tel. 4 De même que pour toutes autres formes d’intolérance, la première étape essentielle est, à notre avis, de reconnaître la nécessité d’en parler, de permettre un climat propice aux échanges constructifs et de créer un lieu où il est permis de s’exprimer ouvertement, sans crainte d’être jugé ou culpabilisé. C’est dans ce contexte que sont présentées les activités pédagogiques. Il ne s’agit pas de provoquer ou de favoriser le dévoilement de jeunes adolescents issus d’une famille homoparentale, mais bien de permettre à tous et chacun d’exprimer peurs et préjugés, mythes et fausses croyances véhiculés à propos de l’homosexualité et de l’homoparentalité. Pistes et suggestions d’activités Que l’on soit homosexuel, hétérosexuel ou bisexuel, il existe une multitude de façons de vivre son orientation sexuelle (en couple ou en célibataire, avec ou sans enfant, dans l’abstinence ou dans une variété d’expériences ou de partenaires). Et, avec la reconnaissance croissante des couples homosexuels, nul doute que de plus en plus d’enfants auront un ou deux parents d’orientation homosexuelle ou bisexuelle. Faisons confiance à l’enfant dans sa capacité à entendre qu’il a été adopté, qu’il est né par un moyen non traditionnel, ou encore qu’il évolue dans une Comme tous les enfants ayant le sentiment d’être différents, que ce soit pour structure familiale non ordinaire. Nos enfants ne sont pas nous et il n’est pas des raisons ethniques, religieuses ou encore à cause de caractéristiques juste de leur mettre un fil à la patte qui les empêchera de prendre leur envol physiques comme le poids, l’astigmatisme et bien d’autres, les enfants issus vers leur vie. Donnons priorité à l’information à l’enfant : clarté prime sur normativité (Dubreuil, 1998). de familles homoparentales subissent parfois des réactions blessantes. leur fasse confiance dans leurs capacités d’autonomie à utiliser les ressources à leur disposition et ce, même s’ils sont atypiques, c’est-à-dire être à l’aise par rapport au fait qu’ils vivent dans une structure familiale différente des autres (Julien et al., 1994 ; Quelles seraient vos réactions spontanées ? Dubreuil, 1998). Pendant l’adolescence, la notion Comment pensez-vous que Benoît se sent ? D’après de différence peut parfois être difficile à vivre. Le fait de pouvoir en parler en classe, d’en discuter, vous, pourquoi Benoît n’a-t-il rien dit à son ami ? pourra permettre aux étudiants issus de familles homoparentales de se sentir moins isolés, moins Mise en situation II marginalisés. Ces étudiants ont besoin de bienveilÀ la maternelle, l’enseignante de Charles a lance de la part de la collectivité, et l’école demeure demandé aux enfants de dessiner leur famille. un lieu privilégié pour favoriser le support auprès Charles s’exécute et dessine un homme, un autre d’eux, tout comme auprès des autres enfants. homme, une petite fille et un petit garçon. De retour à la maison, le père de Charles, voyant la mine basse de son fils, lui demande ce qui ne va Outil pédagogique pas. Charles montre son dessin à son père et ce dernier voit sur le dessin un gros « scratch » rouge Pour vos étudiants : sur l’un des hommes (Dubreuil, 1998). L’instit : Le bouc émissaire, de Gudule, Paris, Hachette jeunesse (Bibliothèque verte), 1998, 159 p. Que pensez-vous de l’attitude de l’enseignante ? D’après vous, quel impact cela peut-il avoir sur Comme les exemples de littérature jeunesse à théCharles ? matique homosexuelle en langue française sont Que feriez-vous à la place du père ? plutôt rares, c’est avec empressement que nous Questions d’animation pour le retour en plénière vous suggérons cette lecture pour vos étudiants du secondaire de second cycle, d’autant plus que c’est Quel peut être l’impact pour les enfants et les un bon roman pour les jeunes de 10 ans et plus et adolescent(e)s d’avoir un parent d’orientation qu’il est en lien direct avec le sujet abordé dans ce texte, c’est-à-dire l’homoparentalité. En résumé, ce homosexuelle ? Quelles sont les craintes que la société véhicule à livre relate les mésaventures d’Éric et de Kellian qui, l’endroit des parents d’orientation homosexuelle ? suite à la séparation de leurs parents, ont choisi de Est-il vrai que les homosexuels ne peuvent pas être demeurer avec leur père et le conjoint de ce dernier. Mais voilà qu’un exhibitionniste intimide de bons parents ? Les enfants de parents homosexuels sont-ils plus à des enfants de leur petit village et que le secret risque d’être marginalisés que les autres enfants ? d’Éric et de Kellian est publiquement dévoilé : leur Les enfants de parents homosexuels sont-ils plus à père est homosexuel ! Évidemment, plusieurs font un lien direct avec le pédophile que la police risque de devenir eux-mêmes homosexuels ? recherche toujours activement, et les deux enfants se voient stigmatisés par leurs pairs. Leur instituConclusion teur aura tout un travail à faire pour remettre les Les enfants doivent pouvoir à la fois circuler et pendules à l’heure et amener les jeunes et les s’enraciner dans leur famille. Ils ont besoin qu’on moins jeunes à aller au-delà de leurs préjugés. il y a une autre femme à table, que la mère de mon ami me présente comme sa compagne. Je comConsignes (pour les activités prends que Benoît vit avec une mère homosexuelle (Dorais et Sansfaçon, 1996). de mises en situation) Activité 1 Dans un premier temps, il serait préférable de séparer le groupe d’élèves en sous-groupes de quatre ou cinq personnes. Ensuite, il s’agit de distribuer les mises en situation et les questions qui s’y rapportent. Les élèves devront répondre à chacune des questions en sous-groupes. Dans un deuxième temps, il s’agit de revenir en grand groupe sous forme de plénière et de poursuivre les échanges sur les questions rattachées à chacune des mises en situation. L’enseignante ou l’enseignant trouvera des questions additionnelles pour alimenter la discussion des élèves en plénière. De plus, pour les enseignantes et enseignants désireux d’approfondir ce thème, nous proposons quelques lectures complémentaires que l’on pourra retrouver dans la section « Documents utiles ». La durée de cette activité est d’environ 50 minutes. Mise en situation I Benoît m’invite chez lui après l’école. En arrivant chez lui, nous allons dans sa chambre où nous écoutons de la musique. Au moment de souper, sa mère m’invite à rester et j’accepte. Lors du repas, 5 Documents utiles Références bibliographiques DUBREUIL, Éric. Des parents de ALPERT, H. We are everywhere: Writings by and about même sexe, Paris, Éditions Odile lesbian parents, Californie, The Crossing Press, 1988. Jacob, 1998, 332 p. ASSOCIATION DES PARENTS ET FUTURS PARENTS Association des parents et futurs GAYS ET LESBIENS. Petit guide bibliographique à parents gays et lesbiens. 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Classé par thèmes (psychologie, droit, sociologie) puis par auteurs, le recueil se termine par des résumés d’articles qui, selon les auteurs, sont une base essentielle pour quiconque désire en connaître davantage sur l’homoparentalité. and divorced heterosexual mothers”, dans F. W. Bozett (Éd.), Homosexuality and the family, New York, Harrington Park Press, 1989, p. 123-135. JONES, B. M. et MACFARLANE, K. “Sexual abuse of children: Selected reading”, National Center on Child Abuse and Neglect, Washington, DC, 1980. JULIEN, D., DUBÉ, M. et GAGNON, I. « Le développehomosexuality to their children”, Family relations, 29, ment des enfants des parents homosexuels comparé à celui des enfants de parents hétérosexuels », Revue 1980, p. 173-179. québécoise de psychologie, Vol. 15, No 3, 1994, BUREAU DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC. Compilation de la population adulte, Québec, 1994. p. 135-153. erratum Une erreur s’est glissée lors de la production du petit Magazine de la formation personnelle et sociale de l’été 2000 qui portait le titre « Ras-le-bol du sida ! ». Veuillez noter que l’auteure du texte est madame Caroline Munger. Le nom de madame Julie Pelletier a été ajouté par mégarde. sur le sida et du ministère de l’Éducation, Direction de la formation générale des jeunes, Margaret Rioux-Dolan, directrice • Rédactrice en chef : Pascale Sauvé • Redacteur : Louis Leclerc • Collaboration : Francine Duquet (UQÀM), Richard Cloutier (CQCS/MSSS) • Révision linguistique : Johanne Summerside • Conseiller à l’édition et à la rédaction : Jean-Yves Daigle • Assistante à l’édition et à la rédaction : Denise Thériault • Conception graphique : Anna Amari • Impression : S.I.N.A. inc. N.B. : Le générique masculin désigne aussi bien les hommes que les femmes et est utilisé sans discrimination, dans le seul but d’alléger le texte. 6 13-3700-05 CLAUSEN, J. Sinking stealing, Trumansburg, NY, The KINSEY, A. C., POMEROY, W. B. et MARTIN, C. E. Sexual behavior in the human male, Philadelphia, Crossing Press, 1985. Saunders, 1948. DORAIS, M. et SANSFAÇON, D. « À propos KINSEY, A. C., POMEROY, W. B., MARTIN, de l’orientation sexuelle... », Le petit C. E. et GEBHARD, P. D. Sexual behavior Magazine de la formation personnelle et o in the human female, Philadelphia, sociale, Vol. 4, N 5, 1996. Saunders, 1953. DORAIS, M. Ça arrive aussi aux garçons : LEWIS, K. G. “Children of lesbians: Their L’abus sexuel au masculin, Montréal, VLB point of view”, Social Work, 25, 1980, Éditeur, 1996. p. 198-203. DUBREUIL, É. Des parents de même sexe, Paris, Orientations, Vol. 3, No 1, Éditions Homo Sapiens, Éditions Odile Jacob, 1998. janvier-février 1999. 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Écrit dans un langage perceptions”, dans Julien, D., Dubé, M. et Gagnon, I., homosexual or transexual parents”, American journal simple et accessible, il pourra être lu autant par les « Le développement des enfants de parents homosexenseignantes et enseignants que par les étudiants of psychiatry, 135, 1978, p. 692-697. uels comparé à celui des enfants de parents hétéroGREEN, R., MANDEL, J. B., HOTVEDT, M. E., GRAY, J. eux-mêmes. sexuels », Revue québécoise de psychologie, Vol. 15, DORAIS, M. et SANSFAÇON, D. « À propos de et SMITH, L. “Lesbian mothers and their children: A No 3, éditeur, 1986, p. 135-153. l’orientation sexuelle... », Le petit Magazine de comparison with solo parent heterosexual mothers POLLOCK, S. et VAUGHIN, J. Politics of the heart: A la formation personnelle et sociale, Vol. 4, No 5, and their children”, Archives of Sexual Behavior, 7, lesbian parenting anthology, Ithaca, Firebrand Books, 1986, p. 175-181. printemps 1996. 1987. Ce numéro sur l’orientation sexuelle permettra à l’en- HITE, S. The Hite Report, New York, Dell, 1976. seignante et à l’enseignant de distinguer les différents HITE, S. The Hite Report on Male Sexuality, New York, RAFKKIN, L. Different mothers: Sons and daughters of lesbians talk about their lives, Pittsburg, Cleiss Press, concepts reliés à la sexualité (identité, orientation, rôle A. Knopf, 1981. sexuel, etc.), concepts qui sont encore souvent confon- HUGGINS, S. L. “A comparative study of self-esteem 1990. dus dans la littérature. Nous suggérons d’ailleurs of adolescent children of divorced lesbian mothers fortement de lire ce numéro avant même d’aborder le thème de l’homoparentalité. Ajouté au présent numéro, il permettra au personnel enseignant de se Ce petit Magazine de la formation personnelle et sociale est une publication conjointe du Magazine jeunesse, Pascale Sauvé, éditrice, Geneviève Lussier, éditrice adjointe, du ministère de la Santé et des Services sociaux, Centre québécois de coordination familiariser avec les thématiques de l’homosexualité.