L`adoption par les couples homosexuels Une
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L`adoption par les couples homosexuels Une
L'adoption par les couples homosexuels Une « tragédie » éthique au nom du droit Notre société semble éparpiller les fronts de son engagement. Du débat sur l’euthanasie, à celui sur le clonage, en passant par les questions du droit à la différence à celles du droit à l’identité, il est indispensable d’opérer par un recentrage de notre action éthique. En effet, l’éthique devrait pouvoir accompagner et inspirer le droit afin que le politique ne laisse pas les valeurs structurelles de notre société s’affaiblir. Malheureusement, les pouvoirs publics se laissent entraîner dans les sillons de la perte de sens et de valeurs, alors que notre société est en mesure de pouvoir faire montre de la pluralité de ses références. Le débat devient passionnel et, une pression psychologique s’abat sur celles et ceux qui marquent leur désaccord avec le mariage civil des couples homosexuels et, à fortiori, avec leur souhait d’adopter des enfants. Les revendications incessantes au droit au mariage et à l’adoption semblent constituer une sorte d’acharnement obsessionnel. Ceci étant, cette question ne constitue pas un enjeu Religion/Etat mais se place davantage sur un plan purement anthropologique dans lequel l’humanité se structure et s’organise. Faut-il, dès lors, parler d’adoption « homoparentale » ou, de « parentalité homosexuelle », ou encore de « parentalité sociale » ? Homosexualité et parentalité sont-elles des notions compatibles ou antinomiques ? La dimension de parents ou de famille constitue, en principe, une présence structurante auprès de l’enfant. Par soucis de protection, l’enfant ne doit pas être la proie de la volonté égoïste de l’adulte. Il ne s’agit pas du droit à l’enfant, afin de le posséder mais du droit de l’enfant à être considérer dans ce qui fonde sa nature. La Convention Internationale des Droits de l’Enfant, en ses articles 3 & 9 § 3, consacre le principe fondamental de « l’intérêt supérieur de l’enfant ». L’homosexualité est considérée, par certains philosophes, comme un trouble psychique de l’identité sexuelle. C’est un mode de vie privé fondé sur une particularité sexuelle. En Islam, au-delà de la génitalité dans la sexualité, il s’agit de s’approprier la complémentarité de nos différences morphologiques et psychologiques. C’est une sexualité qui se veut être maîtrisée et non débridée. Sans culpabiliser ou intimider l’homosexuel, nous le respectons dans le choix de vie qu’il mène, dans son être, sans pour autant approuver sa pratique intime sexuelle. Son choix de vie devrait s’articuler de façon à ne pas devenir une forme de pratique violatrice radicale et exclusive de l’identité de l’hétérosexuel. Le relativisme nihiliste considère que tout est négociable, il dépasse les limites même du droit qui semblait être protégé. Au nom de la liberté des mœurs et de la dite « tolérance » de nos sociétés, nous risquons d’arriver à légitimer la pédérastie (dite pédophilie), voire même l’inceste ou encore d’autres perversités. Au nom de « l’humanisme » nous en venons à tolérer l’inhumain dans ses excès, caractérisé par la survalorisation de la réalisation personnelle au détriment du collectif. L’homosexualité devient, aujourd’hui, une forme de revendication sociétale exclusive. La banalisation de l'homosexualité et, sa majoration sociale est le symptôme d’une « société dépressive », selon la formule de Tony Anatrella. Cette banalisation valorisée est tellement envahissante comme si l’homosexuel était constamment menacé dans son identité humaine. Aujourd’hui remettre en question les revendications des homosexuels semble être une forme d’homophobie. Avec un usage démagogique du terme au nom du politiquement correct, un autoritarisme des mœurs semble se muer en une sorte de police d’idées qui impose aux personnes qui ne soutiennent pas ces revendications une « précaution oratoire » face au sujet. En effet, la loi incriminant l’homophobie n’est, en fait, rien d’autre qu’une forme d’« intimidation » de la réflexion critique sur l’homosexualité. L’adoption ne concerne pas seulement deux personnes consentantes, unies par le lien du contrat de mariage mais également, une troisième en l’enfant. Il ressort du droit de ce dernier d’avoir un père et une mère, un cadre de paternité et de maternité, afin que lui soit préservé son équilibre psychoaffectif. La famille doit être un lieu de différenciation symbolique, un espace d’équilibre et un noyau de tendresse. Et pourtant, l’enfant reste le grand absent dans ce débat, il n’a pas voix au chapitre. Il est devenu une sorte de marchandise, un objet de consommation par désir égoïste d’adultes homosexuels qui veulent compenser un manque. Ces adultes n’accueillent pas l’enfant pour lui-même mais pour eux, pour leur propre égocentrisme. C’est là un travers psychologique qui consiste en la revendication de la volonté de l’accomplissement personnel de l’adulte de son désir de « parentalité » où l’enfant serait pris en otage comme agent d’une reconnaissance d’un statut social. Ainsi, ces revendications permettent à la société de se présenter comme espace d’égalité de traitement et de droit à la différence par le biais du principe de « tolérance ». Les pédopsychiatres disent le danger de tels comportements, notamment face à l’évolution affective de l’enfant. La structure sociale dans laquelle est entretenu un changement du modèle de parenté, déstabilise les règles de sociabilité pour l’enfant. Ce dernier, même en tant que mineur, capable de discernement, pourrait subir un traumatisme en voyant une structure non socialisante l’encadrer. D’ailleurs, l’article 21 de la C.I.D.E. stipule que « Les Etats qui adoptent et/ou autorisent l’adoption s’assurent que l’intérêt supérieur de l’enfant est la considération primordiale en la matière ». Ceci étant, je n’évince pas le « parent » du simple fait de son homosexualité, mais je place l’intérêt de l’enfant au-dessus de toute considération car, il ne s’agit pas d’un « droit à l’enfant », dans le but de le posséder mais, il s’agit du « droit de l’enfant ». La C.I.D.E. stipule, encore, dans son article 12 : « L’enfant doit pouvoir agir en justice ». Cela veut dire que l’audition de l’enfant doit être déterminante eu égard à son âge et à son degré de maturité. La C.I.D.E. détermine dans son article 14 que « Les Etats parties respectent le droit de l’enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion ». Même en cas de divorce, l’enfant conserve son identité car la garde de celui-ci est partagée entre la mère et le père, ou bien chez des représentants familiaux où la référence à l’altérité sexuelle est présente. Ceci se retrouve aussi au sein des familles monoparentales où la référence à la différenciation sexuelle est maintenue dans le conscient de l’enfant. Ainsi, l’évolution de la situation doit, principalement, depuis quelques années nous mener à poser des questions sur l’évolution de la dynamique du droit. Il est important de donner du sens à nos projets de lois. Malheureusement, l’arène politique est investie par un intérêt électoraliste qui maintient ces revendications par un substrat idéologique considérant l’homosexualité comme étant un fait naturel. C’est là une sorte d’oligarchie des mœurs qui dénigre l’intérêt général, comme l’entreprend tout totalitarisme, en usant d’une culpabilisation manipulatrice. La revendication d’une reconnaissance sociale d’égalité qui annule la réalité de différence entre l’homosexuel et l’hétérosexuel, semble prendre l’enfant alors pour enjeu des adultes. Cela pourrait faire émerger le sentiment de culpabilité chez l’enfant, voire même le dénigrement de l’autre sexe, lorsqu’il est éduqué dans la négation de l’autre où, l’homosexuel entretiendrait une sorte d’angoisse hétérophobe. Sommes-nous en train de renforcer un communautarisme populiste homosexuel consistant en une entreprise destructrice de l’altérité sexuelle ? La famille est un environnement affectif pour l’enfant, elle lui permet de s’épanouir par la tendresse et l’amour, éléments acteur et régulateur de la vie familiale. La conscience sexuelle de l’enfant s’éveille au contact avec une double identité sexuelle des parents, dont il a besoin, puisque, en effet, même le droit matrimonial et familial se fonde sur la différenciation sexuelle et sur sa complémentarité. Ce sont les personnes qui sont sujets de droit et pas leur orientation sexuelle, tout comme la fécondité n’est pas un droit mais la conséquence d’un choix de sexualité. Ainsi, par principe de précaution, le droit doit prévoir les conséquences sur les générations futures d’avenir. Il ne s’agit pas de clore le questionnement mais de garder le sujet constamment abordable avec le souci d’une profonde objectivité, d’une conscience morale et, d’une éthique collective soutenue par une politique éducative. Dans une société postmoderne, la vie est caractérisée par l’absolu du tout relatif, ce qui entraîne l’homme vers la seule référence au plaisir. Ce dont nos sociétés ont besoin, ce n’est pas un débat passionnel, émotif, ni même crispé sur l’élaboration d’un cadre nouveau, mais de mener un dialogue de fond sur les possibilités de ne léser personne dans ses droits les plus élémentaires et de rester porteuses de valeurs humanistes universelles non négociables. Il n’est pas primordial, pour ainsi dire, d’organiser la vie singulière de la tendance psychique de chacun en norme sociétale, afin de prétendre que notre société est tolérante ou pas. Psychiquement, l’homosexualité semble être l’échec de l’intériorisation de la différence des sexes que la nature nous décrit en deux identités sexuelles, l’homme et la femme. Nous revendiquons le respect de ces valeurs universelles dans le cadre du respect de la diversité des aspirations, des cultures et des méthodes. Il est indispensable que des principes humanistes de « l’humanité de l’homme » agissent dans nos sociétés, au nom de la collectivité, au-delà des intérêts personnels. Cet appel est, en effet, une crainte, non pas intime mais sociale, de l’homosexualité, qui ne consiste pas en de la peur ou de la haine de l’autre, mais en un questionnement face au devenir de l’humanité de l’homme, ses valeurs et sa quête de sens qui est une donnée objective de son identité. J’inscrirai ma démarche de citoyen musulman en m’alignant sur la parole du Maître Sadek Charaf, (1936-1993), sainteté sur son âme : « Considérer en tout être la source de vie qui l’a mise au monde, est un signe de l’humanité de l’homme ». Yacob MAHI Professeur de Religion Islamique