La PaLme ou Les PaLmiers

Transcription

La PaLme ou Les PaLmiers
La Palme
ou les palmiers ?
teur du film, revendique ce choix, misant sur la disponibilité d’esprit et de
temps des spectateurs à cette période
de l’année, propice aux expériences
­inhabituelles. Et sur la demande des exploitants, satisfaits de programmer du
haut de gamme en pleine trêve aoûtienne.
Objectif : cinq cent mille spectateurs, soit
le triple de l’audience du précédent film
du cinéaste turc, Il était une fois en Anatolie… Un pari audacieux et, on l’espère,
judicieux. — Louis Guichard
Votre plus
grande joie ?
« Voir le mouvement culturel — et agriculturel —
du vin naturel se moquer avec une joie insolente
de la logique néolibérale crépusculaire. »
Jonathan Nossiter, écrivain et cinéaste américain
Avec qui voir
le foot à l’œil ?
Avec le cafetier du coin, ou votre voisin
de palier. Mais, avant, pensez à vérifier
que votre nouvel ami est branché sur
beIN Sports… A moins de se contenter
des « vingt-huit plus belles affiches » promises par TF1 (et le réseau public 1ère
pour les ultramarins), il sera en effet
impossible de se passer de la chaîne
franco-qatarie, seule à proposer tous les
matchs du Mondial… à ses abonnés 1.
Au pays de Platini et des champions
du monde de 1998, c’est la première fois
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Télérama 3361
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qu’il faut payer pour suivre l’intégralité
de la compétition. Jusqu’ici, la répartition des droits entre chaînes hertziennes
avait eu pour vertu d’assurer une diffusion en clair (mais pas forcément en direct) des Coupes du monde. Mais TF1, qui
s’était adjugé l’exclusivité de la compétition en 2005, n’a cette fois trouvé personne d’autre que beIN Sports pour partager la facture. Le foot, sport populaire ?
De moins en moins. — Emilie Gavoille
1 12 euros par mois.
Interview minute
Quand les gays
s’exposent…
à l’obscurantisme
Des articles sur le Web et dans la presse affirment que
les autorités sénégalaises ont suspendu des expositions sur
l’homosexualité, dans le off de Dak’Art, biennale d’art africain.
Mame-Diarra Niang est l’une des artistes concernés.
Au moment où je vous parle, je suis partie du Sénégal parce
que j’ai eu peur ; ma photo et mon nom avaient été publiés
dans des articles homophobes. Depuis, j’ai reçu des tas de
messages disant que toutes les expositions avaient été censurées et que la directrice d’une galerie avait dû se réfugier
en dehors de Dakar… Visiblement, c’est faux. L’Etat sénégalais n’a fermé aucune exposition. Mais ces rumeurs, propagées par les islamistes, ont été largement relayées. Cela signifie qu’ils ont le dernier mot. Qu’ils sont capables de faire
croire n’importe quoi, afin de raviver des sentiments homophobes bien réels dans la société sénégalaise.
Vous en avez été victime ?
A l’adolescence, j’ai subi des humiliations. Aujourd’hui,
les Sénégalais sont tolérants vis-à-vis de beaucoup de
choses, aimants à plein d’endroits, mais ils ne supportent
toujours pas l’homosexualité. Elle est associée à la pédophilie ou au viol, qui n’ont évidemment rien à voir. Tout est
question de désinformation. De l’homosexualité, on a fait
un monstre. Et de nous, des animaux.
Votre œuvre, exposée à Dakar, abordait ce sujet…
Je ne suis pas la seule : j’ai découvert que plusieurs artistes
l’évoquaient, ce fut une grande et agréable surprise. C’est
sans doute la conséquence des récentes législations antigays,
au Nigeria, en Ouganda, au Cameroun, qui ont révolté tout le
monde. De mon côté, je me suis inspirée d’un fait divers :
l’histoire de Diallo, jeune homosexuel mort dans un accident. Après son enterrement, des voisins ont exhumé son
corps, lui refusant sa place au cimetière, et ont obligé ses parents à creuser une tombe dans leur jardin. A la mort de mon
père, j’ai réalisé que l’obscurantisme m’interdirait de reposer un jour auprès de lui. L’œuvre que j’ai conçue, une tombe
recouverte de miroirs, renvoie chacun à sa propre existence
— elle interroge pour moi non pas tant la question de l’homosexualité que celle du territoire mortuaire. Mon travail n’est
pas ornemental, il doit faire réfléchir. Que certains cherchent
aujourd’hui à censurer les artistes montre bien que notre parole a un écho. Propos recueillis par Frédérique Chapuis
Nuri Bilge Ceylan | IBRAHIMA SECK
Les tourments du désamour et du temps
qui passe, au fin fond de la Turquie enneigée, pendant trois heures un quart,
seront une option estivale au même titre
que la sieste et la baignade. Winter Sleep,
de Nuri Bilge Ceylan, Palme d’or à Cannes,
sort le 6 août… A priori, la date déconcerte : le cinéma d’auteur fait sa rentrée…
à la rentrée. Qui voudra se plonger dans
une fresque bergmano-tchekhovienne
pendant ses vacances ? Alexandre ­MalletGuy (Memento), distributeur et coproduc­

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