En être ou ne pas en être.

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En être ou ne pas en êt re.•
Aujourd'hui Rastignac serait membre du Siècle, du Club des 100 ou du Mac
Luhan. Voyage dans les hauts lieux de la « privile'giature »...
"est un rituel. Une sorte de tradition
comme il n'en existe que dans les
grandes maisons. Tous les jeudis, le
Club des 100 déjeune chez Maxitn's.
« Upstairs », bien sûr, dans les salons
privés. Une poignée de fmes gueules, triées surie
volet. Admis après cooptation de leurs pairs,
sélectionnés pour leur érudition culinaire et leur
compétence oenologique. Mais pas seulement.
Car pour quelques notaires grands gastronomes
devant l'Etemel, mais inconnus du Tout-Paris,
l'annuaire du Club des 100 ressemble plutôt à un
best of du « Who's Who ». On y côtoie Jean-Louis
Beffa (Saint-Gobain), Claude Bebear (Axa),
Louis Schweitzer (Renault), Michel David Weil
(Lazard frères) ou Jean-René Fourtou (RhônePoulenc). Bernard Pivot, Philippe Bouvard, ou
Claude Imbert y sont assidus. Mais d'aucuns, et
des plus grands, attendent toujours l'examen de
leur dossier. Ils n'ont même pas encore été admis
au titre de « stagiaire», un passage obligé avant la
titularisation devant le « commissaire à la table».
Dans le registre « de l'art de se créer des relations
flatteuses, », le Club des 100 s'est hissé au zénith.
Exit le Jockey Club, l'Interallié et autres Polo ?
« On peut être vingt ans au Rotary sans rencontrer
C
Les plus chics:
L'Automobile Club de France,
6 et 8, place de la Concorde, 75008;
42-65-34-70.
Le Jockey Club,
2,rue Rabelais, 75008;
45-59-85-63.
Le Cercle de l'Union interalliée,
33, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008;
42-65-96-00.
Le Maxim% Business Club,
3,rue Royale;
42-65-34-41.
Les plus intellos :
Le Siècle,] 3, avenue de l'Opéra, 75001;
42-60-40-94.
Le Saint Simon,
91 bis, rue du Cherche-Midi, 75006;
42-22-38-52.
Le plus international:
Le Traveller's Club,
25, avenue des Champs-Elysées, 75008,
45-61-90-83.
164 /LE NOUVEL OBSERVATEUR
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personne. Là, on est d'emblée à la table des
grands», rêve un célèbre chasseur de têtes, qui ne
désespère pas « d'en être)) un jour.
Dans ces rallyes du pouvoir, l'assiduité aux
manifestations est obligatoire. Et comme dans
tout vrai club digne de ce nom, le plus grand secret
est de rigueur. Et pour cause : « Les gens ont
horreur qu'on connaisse leurs réseaux», confirme
un directeur général de banque. Et puis, comme
toujours au royaume de la privilégiature, «en être,
c'est chic; le dire, c'est nouveau riche».
Eléments de standing ou instruments de
pouvoir, les clubs sont à la mode. « En France,
faute de castes, on a des clubs » résume Paul C.,
PDG d'une petite société de conseil. Parole
d'expert : Ce cumulard multicartes, membre, de
père en fils, du Polo, de l'Automobile Club, du
Rotary et du Maxim's Business Club, connaît sur
le bout des doigts les us et coutumes de chacune de
ces grandes familles.
Certains ont beau dénoncer ce « bûcher des
vanités», l'appartenance à un club est un passage
quasi obligé pour ceux qui comptent, voudraient
compter ou compteront un jour. « Lorsque
j'apprends qu'un candidat est membre du
Rotary, ça me renseigne sur son degré d'intégration sociale)), confirme Daniel Jouve, chasseur de
têtes et membre de l'Automobile du très chic
Harvard Business Club et du Maxi
lles. Dans
cette galaxie de clans, qui regroupent leurs
membres autour de critères les plus divers, un
seul dénominateur commun : l'élitisme. De
l'Automobile Club de France, au modeste Club
des Amateurs de Bordeaux en passant par le très
célèbre Siècle, haut lieu de la nomenklatura, la
cooptation et le parrainage sont de rigueur. Les
droits d'entrée — de 1 000 à 10 000 francs,
cotisation annuelle et
autres frais de participation non compris — ne
rebutent pas les candidats : la longueur de la
liste d'attente est d'ailleurs le meilleur indice
de la cote de ces sociétés
secrètes.
Auhit-parade des « big
six » les plus cotés : le
Maxim's Business Club
(MEC pour les intimes),
créé en 68, le benjamin .
du groupe, reste le moins
fermé : les 2 500 membres permanents entrouvrent leurs portes à vingt-cinq nouveaux élus
chaque année. Conditions d'entrée? Avoir deux
parrains, moins de 45 ans, et « un poste important
aux affaires ». Bref, un passage obligé des jeunes
loups qui montent. Les femmes en sont exclues,
mais les épouses peuvent être admises au titre
d'invitées. Moyennant 5 000 francs de droit
d'entrée et 3 400 francs de cotisation annuelle,
une poignée d'assidus, banquiers, publicitaires et
consultants pour la plupart, ont fait du célèbre
restaurant de la rue Royale leur cantine de luxe.
Avec un peu de chance, ils y rencontreront même
Ernest-Antoine Seillière et pourront serrer la
main d'Olivier Dassault.
D'autres clubs, plus confidentiels, se sont taillé
une jolie renommée dans leur secteur. Exemple,
le Mac Luhan, qui rassemble sur une péniche,
une fois par mois, tout le gratin de la communication. Ou le Saint-Simon présidé par Pierre
Rosanvallon, qui rassemble intellos, industriels
ou intello-industriels triés sur le volet. Vexés de
ne pas « en être», quelques jeunes ambitieux ont
décidé de lui faire de l'ombre : le conseil en
recrutement Eric Besson a monté le Club HRM
40, qui se veut la plaque tournante « des moins de
40 qui occupent des postes à responsabilités et
seront aux commandes demain ». Dans un
registre faussement potache, le CIJAC (Club
international des Journalistes amateurs de Cigares) réunit la fine fleur de l'audiovisuel et les poids
lourds de la presse écrite une fois par mois au
célèbre restaurant Chez Edgar, avec un invité de
l'establishment politico-économique. Objectif?
« Rencontrer les grands en petit comité; boire et
organiser nos week-ends avec nos femmes »,
résume un des membres du comité d'honneur.
Joli programme ! NATACHA TATU