Le sommeil en neurologie – Sleep in neurological disorders
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Le sommeil en neurologie – Sleep in neurological disorders
Sommaire Vol. XIV - N° 3 - mars 2010 ÉDITORIAL 75 Le sommeil en neurologie Sleep in neurological disorders I. Arnulf MISES AU POINT 78 Le syndrome postcommotionnel The post-concussion syndrome P. Azouvi Distribution de la sclérose en plaques en France métropolitaine ÉDITORIAL Le sommeil en neurologie Sleep in neurological disorders I. Arnulf* Distribution of multiple sclerosis in France metropolitan A. Fromont, T. Moreau Les distorsions mnésiques Memory distorsions G. Dalla Barba FICHE TECHNIQUE I Mouvements anormaux et sclérose en plaques V. Jaillon-Rivière REVUE DE PRESSE 95 Résumés de la littérature internationale A. Idbaïh, A. Fromont, P. Trifilieff, S. Valerio, C. Dallière-Carra IMAGE COMMENTÉE 98 Dilatation pseudo-kystique des espaces de Virchow-Robin A. Poalelungi, D. Renard, P. Labauge 229912 - 01/2010 uence cours e SEP. rose), ins de emière ennent I (*). N (*) : produit mploi, ment. ollect. Paris. plète. LA RUBRIQUE EN PLUS 100 Témoigner de la Shoah : le romancier et le survivant M. Sarazin EN PLUS... 101 ❖ Nouvelles de l’industrie pharmaceutique Abonnez-vous en ligne ! C urieuse fonction que le sommeil : une parenthèse de 56 heures hebdomadaires, autant que le temps passé par un neurologue au travail… Bizarre monde de la nuit et des rêves pour ceux qui l’explorent à la lampe infrarouge, bardant de capteurs neuro physiologiques et végétatifs ce dormeur qui paraît soudain si fragile. Le sommeil est une fonction créée par et pour le cerveau, et qui entre donc totalement dans le champ de la neurophysiologie et de la neurologie. Pour un neurologue, qu’est-il utile de savoir sur le sommeil et ses 74 pathologies ? Qu’y a-t-il de nouveau ? Parmi les symptômes qui orientent vers une pathologie du sommeil, il y a, bien sûr, l’insomnie, la somnolence diurne excessive et les agitations nocturnes anormales. Mais le neurologue peut aussi évoquer une pathologie du sommeil quand son patient se plaint de troubles mnésiques ou attentionnels, et l’inter roger (ainsi que son conjoint) sur l’exis tence d’apnées nocturnes (évoquant un syndrome d’apnées du sommeil, avec un profil cognitif d’atteinte légère www.edimark.fr Bulletin d’abonnement disponible page 103 * Unité des pathologies du sommeil, et UMR Inserm 975, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 3 - mars 2010 | 75 ÉDITORIAL à modérée des fonctions exécutives et parfois une légère atteinte hippocampique) ou de cauchemars agités (évoquant un trouble comportemental en sommeil paradoxal, soit probablement le début d’une synucléinopathie). Parmi les causes d’insomnies chroniques d’origine neurolo gique, on retiendra principalement le syndrome des jambes sans repos. Bien qu’il soit généralement identifiable par sa description clinique, ce syndrome sensitivo-moteur est parfois difficile à différencier d’une neuropathie des petites fibres ou familiale. Il faut aussi savoir le reconnaître chez un patient atteint d’une ataxie spinocérébelleuse, d’une maladie de Parkinson ou d’une sclérose latérale amyotrophique. Dans les cas atypiques, l’enregistrement vidéo-polysomnogra phique aide au diagnostic. En outre, manipuler les doses et la répartition des agonistes dopaminergiques, gérer le risque de syndrome d’augmentation (qui rappelle les dyskinésies dopa-induites), et, en cas d’apparition de ce syndrome dans sa version douloureuse, combiner les agonistes dopaminergiques à la gabapentine, à la prégabaline ou au tramadol nécessitent souvent une fine expertise neurologique. Le syndrome des jambes sans repos est encore peu présenté dans les congrès de Movement Disorders, mais cela viendra… La mise à disposition récente (non remboursée) en officine de la mélatonine, soit en préparation, soit sous une forme à libéra tion prolongée est utile au neurologue. En plus d’améliorer les insomnies légères du sujet âgé (seule indication pour laquelle la mélatonine a reçu l’Autorisation de mise sur le marché), et d’aider les adolescents qui s’endorment trop tard à retrouver un rythme veille-sommeil normal, ce médicament quasiment sans effet indésirable peut curieusement améliorer les nuits diffi ciles de patients déments, et, à forte dose, réduire les troubles comportementaux en sommeil paradoxal. Ces troubles (ou cauchemars agités) touchent non seulement la majorité des patients atteints de la maladie de Parkinson, de démence à corps de Lewy et d’atrophie multisystématisée, mais ils peuvent apparaître entre 5 et 15 ans avant la maladie. Nous décou vrons maintenant dans les unités de sommeil ces personnes âgées d’une cinquantaine d’années sans autre trouble que des cauchemars de bagarre avec agitation nocturne, chez lesquelles nous voyons peu à peu émerger un syndrome extrapyramidal ou des troubles visuo-spatiaux. Protéger ces sujets contre le développement de maladies neurodégénératives est l’un des enjeux majeurs des années à venir. La somnolence excessive reste un symptôme dépisté très (trop) tardivement, que ce soit chez un jeune narcoleptique ou un hypersomniaque qui échoue dans ses études ou qui développe une hyperactivité compensatrice, ou chez un adulte qui s’endort au volant après une nuit où il a moins dormi, fait de nombreuses apnées ou pris un médicament sédatif. Un tiers des morts sur la route est consécutif à un endormisse ment du conducteur, souvent la nuit. Les unités de sommeil trouvent toute leur place dans le diagnostic de ces troubles de l’éveil (et des parasomnies), bien plus que dans la prise en charge de l’insomnie, qui relève de techniques maîtrisées principalement par les psychiatres. Enfin, la respiration est la fonction la plus vulnérable pendant le sommeil, essentiellement parce que les muscles respira toires (hormis le diaphragme) deviennent hypotoniques. Les apnées obstructives, mais surtout (bien plus dange reux) l’hypoventilation nocturne dans les myopathies, les myasthénies et la sclérose latérale amyotrophique, et le stridor nocturne dans l’atrophie multisystématisée sont les conséquences de cette fragilité. Actuellement, les troubles respiratoires du sommeil représentent 40 % de l’activité des pneumologues libéraux. La collaboration entre neurologues et pneumologues, déjà quotidienne dans beaucoup d’unités de sommeil, devrait se développer activement pour de nombreux malades neurologiques. ◾ Agenda Journées de Neurologie de Langue Française (JNLF) Lyon, du 27 au 30 avril 2010 … et retrouvez chaque jour votre quotidien Le Matin de La Lettre. 76 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 3 - mars 2010