Revue n°35 de décembre 2014 - Direction générale du Trésor
Transcription
Revue n°35 de décembre 2014 - Direction générale du Trésor
Propriété intellectuelle et lutte anti-contrefaçon N°35 – Décembre 2014 © DG Trésor Ce dernier numéro pour 2014 sera consacré à l’actualité de la propriété intellectuelle dans le monde. Toute l’équipe de la revue vous souhaite de bonnes fêtes. HORS UE Amériques CANADA Vers une simplification de l’enregistrement des marques au Canada Les modifications à la Loi sur les marques de commerce du Canada ont été acceptées le 19 juin 2014. Ces modifications permettront au Canada d'adhérer à trois traités internationaux relatifs à l’enregistrement des marques : le Protocole de Madrid, le Traité de Singapour et l'Arrangement de Nice. Il s'agit d'une étape importante dans le processus de mise en œuvre de ces traités. En particulier, la ratification par le Canada du Protocole de Madrid permettra aux déposants français souhaitant protéger leur marque au Canada d’utiliser la procédure simplifiée auprès de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), en faisant une « demande internationale » d’extension désignant le Canada, en plus des autres pays visés par cette protection. Une meilleure protection des œuvres sur Internet ? Le Canada a ratifié le 13 mai 2014 le Traité de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) sur le droit d'auteur et le Traité de l'OMPI sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes, lesquels sont appelés collectivement les Traités Internet de l'OMPI (entrée en vigueur le 13 août 2014). La Loi sur la modernisation du droit d’auteur du Canada (adoptée en 2012) avait été rédigée dans le but de mettre en œuvre les droits et les protections prévus par les Traités Internet de l’OMPI, de manière à ce que le Canada soit en position de les ratifier. REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON Tour d’horizon des évolutions récentes – D é c e m b r e 2 0 1 4 © DG Trésor Ce projet de loi avait surtout permis d’introduire une nouvelle responsabilité au civil pour ceux qui, volontairement et sciemment, rendent possible la violation du droit d'auteur sur Internet. La ratification des traités Internet de l’OMPI permettent quant à eux l’établissement de nouveaux droits et mesures de protection des auteurs, interprètes et producteurs. En particulier : le « droit de mettre à disposition », les « droits de distribution » permettant aux titulaires de droit un meilleur contrôle de l’affichage et de la distribution de leurs œuvres sur Internet. Néanmoins la durée de protection de leurs œuvres restera limitée à 50 ans à partir du moment de la publication. Pour en savoir plus : [email protected] SER d’Ottawa ÉTATS UNIS Nomination d’un nouveau coordinateur anti-contrefaçon à la Maison Blanche Daniel Marti vient d’être nommé Coordonnateur de la lutte anticontrefaçon (IPEC) auprès du bureau exécutif du président. Il remplace Victoria Espinel. Candidatures étrangères pour le Trophée de l’USPTO L’USPTO a lancé pour la deuxième édition un Trophée “Patents for Humanity”. Le Trophée a été ouvert à des entreprises étrangères dont le(s) brevet(s) couvre(nt) une technologie qui permet «d'améliorer la santé et les conditions de vie dans le monde». Ces innovations peuvent être des innovations sur les médicaments, la nutrition, les TIC, l'assainissement, les technologies vertes, l'énergie… http://www.uspto.gov/patents/init _events/patents_for_humanity.js p Brevetabilité des logiciels et des « Business methods » aux Etats-Unis : Alice vs. CLS BANK, arrêt du 19 Juin 2014, une « jurisprudence » importante concernant la brevetabilité des logiciels. Certaines innovations liées à des logiciels (Software related patent) ou des méthodes économiques (Business method patent) peuvent être considérées comme des objets brevetables aux États-Unis car « utiles », alors que les mêmes innovations pourraient ne pas l'être en Europe. Un récent arrêt pourrait avoir pour conséquence que le dépôt de ce type de brevet soit de plus en plus difficile aux États-Unis. En effet, dans l’affaire Alice vs. CLS Bank du 19 juin 2014, la Cour suprême a estimé que le brevet « logiciel » détenu par Alice n'était pas valable car « l’invention était trop abstraite ». L'entreprise australienne Alice Corporation avait déposé un brevet pour une invention portant sur un logiciel informatique financier conditionnant les transactions financières de chaque partie à la présence de liquidités dans un compte ad hoc. Le logiciel garantissait ainsi la solvabilité de chaque partie à la transaction. Le risque inhérent à toute transaction était alors réduit. Les brevets « logiciels » sont critiqués aux États-Unis par certains experts en brevets. Ces brevets sont parfois « vagues » et « trop généraux », basés sur des « idées abstraites » sans effet technique évident. Cette décision de la Cour suprême est importante car pour la première fois en plus de 30 ans, la Cour suprême a expressément statué sur le type de revendications qui ne pouvaient pas être brevetables dans un brevet « logiciel ». L’affaire Alice vs. CLS Bank du 19 juin 2014 précise donc que la mise en œuvre d’une idée abstraite dans un logiciel ne peut pas être brevetable. Suite à cette décision, il semble que cet arrêt soulève encore plus de questions dans l’industrie du Software et des experts en PI (impact de cet arrêt sur les brevets dits « business method », interprétation du terme « idée abstraite »…). En effet, dans sa décision, la Cour ne procure presqu'aucun conseil aux tribunaux sur la manière d’appliquer cette décision. De même, les inventeurs REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON - 2 - Tour d’horizon des évolutions récentes – D é c e m b r e 2 0 1 4 © DG Trésor et les entreprises travaillant dans l'innovation de logiciels ne savent pas avec certitude si leurs inventions seront brevetables ou non. La Cour n'a pas souhaité définir un critère objectif et opérant sur la manière d'identifier une « idée abstraite » pouvant être brevetée. Ainsi tout en restreignant le champ de brevetabilité des logiciels, la Cour laisse aux juges un pouvoir discrétionnaire accru pour caractériser un brevet logiciel. Les experts de la PI du domaine des logiciels et des business methods sont actuellement en train d’étudier cette décision pour bien comprendre quel impact « l’arrêt Alice » aura sur la valeur financière de leur portefeuille de brevets « logiciel et des méthodes commerciales », ainsi que la façon dont ils doivent préparer et engager des poursuites judiciaires à l'avenir. Suite à cette décision, l’USPTO devra également mettre en ligne des « guidelines ». « L’admissibilité » de ce type de demande de brevet logiciel devrait donc être plus restrictive. Cette évolution devrait tendre à rapprocher la pratique américaine des critères européens sur la brevetabilité des logiciels. Pour en savoir plus : [email protected] SER de Washington Asie CHINE Actions de coopération bilatérale Dans le cadre du 50ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques, la Déclaration conjointe signée à Paris le 26 mars 2014 par les Présidents des deux pays prévoit notamment de « renforcer la coopération bilatérale dans le domaine de la propriété intellectuelle » et de « renforcer la coopération en matière de lutte contre les trafics illicites, les fraudes et la criminalité organisée ». Cette année est marquée notamment par une implication active aux côtés des entreprises françaises sur de nombreux projets et événements en Chine, notamment : l’organisation du 1er Forum franco-chinois sur l’innovation et la propriété intellectuelle, en partenariat avec le journal The Economic Observer ; le soutien de la campagne « France Technology – So French innovative » du Comité France Chine ; la préparation de la cérémonie des trophées de l’innovation pour des équipes franco-chinoises ; la participation d’experts français aux séminaires majeurs tels que ‘’Patent Information Annual Conference’’, ‘’Trademark Festival’’ ou ceux de l’association des entreprises étrangères « Quality Brands Protection Commitee » ; la contribution aux activités du programme UE-Chine (IP Key, 7 M€ pour 3 programmes annuels d’action) ; l’itinérance de l’exposition ‘’Contrefaçon non merci’’ ; REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON - 3 - Tour d’horizon des évolutions récentes – D é c e m b r e 2 0 1 4 © DG Trésor l’inauguration du concours international de plaidoiries ‘’IP Moot Court Competition’’ de l’Université Beijing Foreign Studies University (Université des langues étrangères de Pékin « «BFSU »), auquel la participation d’une équipe d’étudiants français est envisagée pour 2015. Actualité juridique La protection des marques est une condition essentielle pour un accès durable au marché chinois. À souligner une différence importante avec le droit français : le point de départ de la protection commence à compter de l’enregistrement et non de la date de dépôt. La nouvelle réglementation sur les marques, applicable depuis le 1 er mai 2014, prévoit quelques avancées en termes de sécurité juridique, notamment : les dépôts multi-classes : désormais acceptés par l’Office pour les dépôts nationaux avec présentation d’un pouvoir signé et d’un extrait K-bis ; une procédure d’enregistrement simplifiée avec comme objectifs l’examen des demandes d’enregistrement en 9 mois, 12 mois pour les oppositions et les actions en annulation (prolongeables 6 mois supplémentaires) ; une tentative de définition de la notion de mauvaise foi qui inclut tout dépôt effectué par une partie ayant connaissance des marques d’un tiers (notamment via la signature de contrats, l’existence de relations commerciales…) ; une augmentation des sanctions financières contre les contrefacteurs : amendes administratives ; dommages-intérêts qui tiennent désormais compte soit des pertes du titulaire légitime, soit des profits du contrefacteur, soit des royalties qui auraient été dues en cas de licence ; en cas d’action en justice le tribunal peut ordonner au contrefacteur de communiquer les informations comptables et financières ; la création de nouveaux délits de contrefaçon : délit de « facilitation » de la contrefaçon, par exemple par le stockage ou le transport ou la mise à disposition sur Internet de contrefaçons ; ajout à côté de la contrefaçon « à l’identique » de la contrefaçon par similarité/risque de confusion ; la clarification des procédures d’invalidation : le titulaire d’un droit antérieur ou toute partie y ayant intérêt peut demander l’annulation d’une marque dans les 5 ans suivant son enregistrement sauf en cas de dépôt de mauvaise foi où aucun délai n’est prescrit ; l’usage d'une marque permet désormais de faire naître des droits : une personne utilisant une marque antérieurement à un dépôt de tiers pourra continuer à l'utiliser dans les mêmes conditions, si elle parvient à apporter la preuve de l'antériorité de cet usage ou de la réputation de la marque qu'elle utilise. Pour en savoir plus : [email protected] SER de Pékin REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON - 4 - Tour d’horizon des évolutions récentes – D é c e m b r e 2 0 1 4 © DG Trésor CORÉE DU SUD Les statistiques de la propriété intellectuelle 2013 en Corée du Sud Le nombre de dépôts de brevets, dessins, modèles ou marques a continué à augmenter en 2013 pour la troisième année consécutive, enregistrant plus de 430 000 demandes auprès du KIPO (Korea Intellectual Property Office), soit une hausse de 8,9% par rapport à 2012. Près de la moitié des demandes concernait la protection de brevets, pour la plupart dans les secteurs des semi-conducteurs et des télécommunications. Les demandes coréennes représentaient 78% du total contre 22% pour les sociétés étrangères. En termes de nombre de demandes PCT (le Traité de coopération en matière de brevets), la Corée arrive en 5ème place enregistrant une augmentation de 4,5%, derrière les États-Unis, le Japon, la Chine et l’Allemagne. La lutte contre la contrefaçon en Corée du Sud Les marques de luxe françaises sont parmi les plus copiées en Corée, avec les marques italiennes et américaines. Selon le rapport publié par le service des douanes coréen en septembre 2014, une grande entreprise française représente à elle seule, 477M USD, soit plus de 10% du montant total des saisies (4,6 Mds USD) sur les 5 dernières années. La Chine est à l’origine de 95% des 542 M USD de produits contrefaits saisis aux frontières, devant Hong-Kong, l’Italie et l’Indonésie. Les principales catégories d’article saisis sont les vêtements (25,5%) suivies par la maroquinerie (15%) et les chaussures (11,6%). Des médicaments contrefaits sont également régulièrement saisis par les douanes (Viagra). Toutefois, 2013 a été marquée par le recul de 23% des saisies à l’importation, dû en grande partie à l’augmentation des achats en direct sur l’internet, favorisés par la politique de promotion des commerces parallèles du gouvernement. Saisie par les douanes coréennes d’articles contrefaits par pays d’origine (en millions USD) Pays 2012 Nombre 513 17 4 0 3 1 3 1 23 Chine Hong Kong Vietnam Indonésie Thaïlande Philippines Etats Unis Italie Autres 2013 Montant 850 3.4 0.1 0.17 0.01 0.02 0.19 11.5 Nombre 313 24 1 1 2 13 Montant 521 17 0.02 0.054 3 REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON - 5 - Tour d’horizon des évolutions récentes – Total importations clandestines Total exportations clandestines D é c e m b r e 2 0 1 4 © DG Trésor 564 865.2 355 542 8 17.3 9 4.6 Saisies d’articles contrefaits par type d’articles (en millions USD) Produit Sacs maroquinerie Electroménager Vêtements Machines & outils Viagra Montres Chaussures Accessoires de mode Jouets, papeterie Matériel sportif Autres Total Montant 229.97 153.99 109.95 4.1 5.59 287.73 64.23 9.08 3.45 2.39 11.99 882.47 2012 % 26.10% 17.40 % 12.50% 0.50% 0.60% 32.60% 7.30% 1.00% 0.40% 0.30% 1.30% 100.00% Montant 79.62 5.1 49.42 6.76 272.38 82.66 15.9 13.61 3.14 0.28 18.66 547.53 2013 % 15% 4.97% 25.49% 8.73% 1.78% 6.77% 11.60% 8.73% 3.74% 1.07% 12.12% 100% Pour en savoir plus : [email protected] SE de Séoul Maghreb - Mashrek Modifications législatives au Maghreb Les trois pays du Maghreb se sont lancés dans des modifications législatives dans le domaine de la propriété industrielle. En Algérie, un comité interministériel vient d'être mis en place pour élaborer une loi sur la contrefaçon devant améliorer la lutte contre ce phénomène qui prend de l'ampleur. Les nombreux vides juridiques actuels rendent toute action très difficile et il est d’une nécessité absolue d’asseoir des bases juridiques solides. Ainsi, à l'initiative notamment de l'administration douanière et du ministère du Commerce, le projet d’entamer des modifications législatives a été proposé au ministre des Finances qui l’a approuvé. Au Maroc, l’OMPIC (Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale) a signé un accord de coopération avec l’OEB (Office Européen des Brevets) au mois de décembre 2010. Selon les termes de cet accord, les déposants et les titulaires de brevets européens pourront valider les effets juridiques de leurs demandes et de leurs brevets européens sur le territoire marocain, bien que le Maroc ne soit pas un état membre de l'OEB. Les demandes de brevet et les brevets européens validés auront le même effet juridique qu'une demande de brevet et qu'un brevet national marocain. Ils seront soumis à la seule législation marocaine sur le brevet. Les modifications législatives inhérentes à cet accord devraient être ratifiées très prochainement. De nombreux changements sont attendus : • en matière de brevet, la procédure d’examen va évoluer et les brevets nationaux ne seront plus simplement enregistrés mais délivrés après un REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON - 6 - Tour d’horizon des évolutions récentes – D é c e m b r e 2 0 1 4 © DG Trésor examen au fond, avec l’établissement d’un rapport de recherche préliminaire et d’une opinion sur la brevetabilité de l’invention ; • en matière de marque, le rejet pour motifs absolus va être instauré ; • en matière de lutte anti-contrefaçon, les peines, civiles et pénales, seront alourdies ; • enfin, le métier de Conseil en Propriété industrielle va être réglementé et professionnalisé. En Tunisie, l’INNORPI (Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle) a également signé un accord de coopération avec l’OEB au mois de juillet 2014 afin que la Tunisie, à l’instar du Maroc, devienne un Etat d’extension de l’OEB. Cette coopération s'inscrit dans le contexte des discussions actuelles entre la Tunisie et l'Union européenne sur un possible accord de libre-échange complet et approfondi. Ces deux éléments passeront donc par des modifications législatives obligatoires pour rejoindre les standards juridiques européens. Gageons que ces modifications aboutissent rapidement dans chacun des trois pays et contribuent à l’amélioration de l’acquisition des titres de propriété industrielle, de leur valeur et prise en considération, ce qui permettra à terme une meilleure défense de ceux-ci. Pour en savoir plus : [email protected] SER de Rabat Union européenne RÉPUBLIQUE TCHÈQUE Conférence internationale « Protection de la propriété industrielle en Europe » - Prague le 9 septembre 2014 Nomination d’un nouveau directeur général des Douanes tchèques À l’occasion de son 95ème anniversaire, l’Institut tchèque de la propriété industrielle (ÚPV) a organisé une conférence en présence d’intervenants de haut rang, parmi lesquels M. Benoit Battistelli, président de l’Office européen des brevets (OEB). Suite à la démission au 31 août 2014 du directeur général des Douanes, M. Pavel Novotný, le ministère des Finances a ouvert un appel à candidatures. Le 2 septembre dernier, M. Petr KAŠPAR a été chargé de diriger la direction générale des Douanes, sa nomination officielle au poste de directeur général suivra lorsqu’il recevra les habilitations de sécurité nécessaires. Cette conférence a rappelé le rôle et l’assise historiques de la protection des droits de la propriété industrielle (DPI) en République tchèque - ouverture de l’ÚPV en 1919, soit 6 mois seulement après l’indépendance de la Tchécoslovaquie - ainsi que l’importance attribuée aux DPI par l’actuelle scène politique. À cette occasion, le vice-Premier ministre en charge de la Science, la Recherche et l’Innovation, M. Bělobrádek, et le ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Mládek, ont réaffirmé que le développement d’un environnement favorable aux affaires et au développement des entreprises ainsi que le soutien au dispositif de protection des droits de propriété intellectuelle, comprenant la bonne application de la loi, constituent une priorité importante du gouvernement. M. Kašpar, employé des douanes depuis 1988, dispose d’une grande expérience grâce aux nombreux postes de direction qu’il a occupés au sein de cette administration, La stratégie nationale comprend également des activités d’innovation et de formation. Le président de la Chambre des mandataires de brevets, M. Kania, a rapidement dressé un historique des droits de propriété intellectuelle en République tchèque, rappelant notamment la longue pause des années communistes pendant lesquelles seules les marques protégées ont pu faire l’objet d’une propriété privée. REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON - 7 - Tour d’horizon des évolutions récentes parmi lesquels celui de directeur de l’Office régional de Hradec Králové (Bohême de l’Est). Parmi ses priorités figurent une amélioration de l’efficacité de la collecte des taxes et droits ainsi que l’intensification de la lutte contre l’évasion fiscale. D’après des informations non officielles, la compétence « propriété intellectuelle » risquerait d’être décentralisée en passant sous le contrôle de la direction régionale de Hradec Králové qui dispose déjà d’un département spécialisé dans ce domaine. – D é c e m b r e 2 0 1 4 © DG Trésor D’après son analyse, la République tchèque est un pays de PME qui ne disposent pas de moyens pour posséder leurs propres départements spécialisés en DPI. Elles sont donc obligées de recourir à des sous-traitants, les mandataires de brevets. Lors du premier panel, « La propriété intellectuelle, agenda multilatéral », M. Gurry (OMPI) a souligné les raisons de l’explosion du nombre de dépôt de brevets et du recours croissant à d’autres moyens propres à la protection des DPI : l’émergence de l’économie de la connaissance, la mondialisation (augmentations des demandes par des non-résidents), ainsi que le rôle croissant de la Chine. Les modes de protection des DPI continuent de se développer : l’OMPI prépare actuellement (dans le cadre de l’UPOV) un nouvel accord sur la protection de nouvelles variétés de plantes, résultant de recherches visant à améliorer leur résistance aux évolutions des conditions climatiques. L’OMPI est également de plus en plus souvent sollicité pour des missions d’arbitrage et de médiation de litiges liés à des infractions ayant trait aux DPI. Les litiges relatifs à Internet se sont multipliés dernièrement. M. Antonio Campinos, Président de l’Office de l’harmonisation du marché intérieur (OHMI), et son collègue, M. Paul Maier, Directeur de l’Observatoire européen des violations des DPI, ont présenté les résultats de différentes études réalisées par leurs institutions. Une étude sur la contribution des DPI à l’industrie réalisée sur la base de données de l’OHMI et de l’OEB a démontré que les industries à forte intensité DPI assurent 26% des emplois, contribuent à hauteur de 39% du PIB et à 90% des exportations de l’UE. Une autre étude portant sur la sensibilisation de la population européenne aux DPI conclut que les citoyens européens apprécient les DPI comme un élément fondamental du système économique et social. Toutefois, sur un plan personnel, les Européens justifient certaines infractions, tolérance particulièrement marquante chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans. Selon M. Antonius Tangena, président de l’Institut des mandataires agréés auprès de l’OEB, nous serions entrés dans la 4ème révolution industrielle, nécessitant dès lors une coopération renforcée afin de créer des synergies entre les différents opérateurs maîtrisant un savoir-faire spécialisé (par exemple entre Apple et les concepteurs d’appareils photo) afin de mieux pouvoir faire face à la concurrence. Il est aussi nécessaire de savoir abandonner les brevets qui ne génèrent plus aucune valeur. Enfin, M. Battistelli a présenté la coopération de l’OEB avec la République tchèque ainsi que les dernières améliorations du système européen des brevets. Au cours des 12 années de partenariat bilatéral (le pays a rejoint la Convention Européenne de Brevets au 1er juillet 2002), les entreprises tchèques ont progressivement augmenté le nombre de brevets déposés, avec un record s’élevant à +26,5% pour la seule année 2013, atteignant ainsi 291 brevets européens. Le nombre de brevets déposés par les autres États membres est également en progression. En 2013, l’OEB a validé environ 66 700 brevets, soit plus du double des demandes prévues à l’ouverture de l’OEB en 1978. À l’échelle internationale, environ 35% des brevets déposés sont originaires de l’UE. À la quantité s’associe la nécessité de la qualité des brevets. L’OEB continue de développer différents outils de traduction (en coopération avec Google) et de classification. Elle développe également un projet de Registre fédéré européen et, en coopération avec la Chine, un service dénommé « Global Dossier ». M. Battistelli a également défendu l’idée de la juridiction REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON - 8 - Tour d’horizon des évolutions récentes – D é c e m b r e 2 0 1 4 © DG Trésor unifiée du brevet. Il estime que les premiers brevets unitaires pourraient être attribués en 2016. Création de la « banque technologique » en République tchèque Le projet de création d’une « banque technologique », service qui permettrait aux PME d’avoir accès à moindre coût aux brevets et savoir-faire des entreprises de pointe à l’étranger, est en cours en République tchèque depuis 2 ans. La société Innovation Leadership Agency travaille sur ce projet en étroite coopération avec l’Association des petites et moyennes entreprises, l’idée étant de proposer aux entreprises un « paquet » dont le coût s’échelonnerait entre 50 000 et 300 000 dollars, avec un brevet donné ainsi que les informations nécessaires pour pouvoir convenablement le valoriser. Un des objectifs de ce projet est de faciliter l’accès aux hautes technologies et d’augmenter le nombre d’entreprises tchèques spécialisées. L’année dernière, seuls 400 brevets ont été déposés en République tchèque, alors que leur nombre dans le monde entier a augmenté de plus d’un million. Il est estimé que seuls 30 à 35% de ces brevets sont activement utilisés. Le reste pourrait donc être mis à disposition des entreprises tchèques pour leur développement. Contrefaçons en République tchèque Le rapport semestriel de l’Inspection tchèque du commerce a révélé que les infractions aux droits de propriété intellectuelle continuent d’être un problème majeur dans le pays (36,1% d’infractions constatées lors des inspections), notamment sur les marchés en plein air. Il est donc particulièrement marquant à Prague et dans les régions frontalières qui abritent la majorité de ces marchés. Parmi les saisies importantes, il convient de mentionner celle effectuée par les douaniers en juin dernier à Česká Třebová (Bohême de l’Est) où environ 30000 objets contrefaits, notamment des jouets, ont été saisis. La valeur estimée des biens originaux s’élèverait à plus de 10 M CZK (364 000 €). Il s’agit du 5ème cas similaire en termes de volume depuis le début de l’année. Les services des douanes de la région de Plzeň (Bohême du Sud-Ouest) ont également effectué une saisie d’environ 2 400 pièces de produits contrefaits notamment des articles textiles, chaussures et montres pour une valeur estimée à 6 M CZK (environ 220 000 €). Les objets contrefaits avaient été dissimulés derrière un faux mur. Compte tenu de la quantité de produits textiles contrefaits et des coûts élevés nécessaires à leur destruction, les services des douanes ont développé une coopération originale avec un centre pénitentiaire de la région de Pardubice (Bohême de l’Est). Des prisonniers sélectionnés décousent les faux logos des vêtements et chaussures saisis pour que ceux-ci puissent ensuite être cédés gratuitement aux personnes démunies, aux orphelinats ou bien dans des zones touchées par des catastrophes naturelles. Pour en savoir plus : [email protected] SE de Prague REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON - 9 - Tour d’horizon des évolutions récentes En bref – D é c e m b r e 2 0 1 4 © DG Trésor BRÉSIL Indication Géographique Le 9 septembre dernier, l'Institut national de propriété industrielle (INPI) du Brésil a reconnu l’indication géographique « Rio Negro » pour une espèce de poissons d'ornement du nord de l’Etat d’Amazonas, dans une zone limitée par les communes de Barcelos et de Santa Isabel do Rio Negro. Ce poisson d'ornement est une des rares ressources de cette zone rurale de l'intérieur de l'Amazonie, qui représente 60% du revenu des communautés riveraines et quelques 20-40 millions d’unités exportées sur les cinq dernières décennies. Plus de 1 000 familles sont activement impliquées dans la capture, le transport et la commercialisation des poissons d'ornement, générant 4 à 5 millions de dollars par an (3,1 à 3,8 M€). Le bassin du Rio Negro dispose d’une grande diversité d'espèces - près d'un millier - dont plus de 30% étant endémiques. La plupart de ces espèces ont un cycle de vie court et avec un fort potentiel de reproduction. Le Cardinal Tétra (Paracheirodon axelrodi) représente 76 à 89% du total des poissons exportés chaque année et la gestion des opérations se pratique de manière conforme aux dispositions ministérielles en matière de développement durable. Forum UE-Brésil des technologies et de l’innovation Dans le cadre du dialogue bilatéral UE-Brésil, s’est tenu à Belém, du 22 au 24 septembre, un forum de l'innovation organisé par la Commission Européenne en marge du séminaire de l’Association nationale des entités de promotion des entreprises innovantes (Anprotec). Une table-ronde a été organisée le 22 septembre avec les représentants des offices de propriété industrielle des États-membres et l’institut homologue brésilien afin d’échanger sur les expériences de coopération, les opportunités et les pistes de renforcement et d’amélioration. Pour en savoir plus : [email protected] SER de Brasilia Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse de la Direction générale du Trésor (adresser les demandes à [email protected]). Éditeur : Direction générale du Trésor Adresse : Teledoc 559, 139, rue de Bercy, 75572 Paris CEDEX 12 Directrice de la publication : Anne-Brigitte MASSON Revue par : Marie-José Semence Rédacteurs : Jean-Baptiste Barbier, Alain Berder, Christine Cabuzel, Fouzia Dine, Leila Equinet, Tereza Kucerova, Caroline Rolshausen Date de parution : Décembre 2014 ISSN : Portail Marchés Extérieurs - 1638-1610 Abonnement en ligne : Email Abonnement : [email protected] Clause de non-responsabilité La Direction générale du Trésor s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, elle ne peut en aucun cas être tenue responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. REVUE DU RESEAU PROPRIETE INTELLECTUELLE ET LUTTE ANTI-CONTREFAÇON - 10 -