Introduction La France et les Etats-Unis

Introduction
La France et les Etats-Unis
Depuis Ie XVIIIe siecle, epoque de la Deelaration d'mdependance et
la naissance des Etats-Unis, les Fran~ais s'interessent aux Americains. Les
philosophes fran~ais du Sieele des Lumieres avaient elabore, dans leurs ecrits,
un ideal democratique auquella France devait aspirer et its ont regarde avec
admiration I'inscription de cet ideal dans la nouvelle republique americaine.
En 1778, Ie philosophe Denis Diderot a ecrit: «Apres des sieeles d'une
oppression generale, puisse la revolution qui vient de s'operer au-dela des mers,
en offrant a tous
habitants de l'Europe un asile contre Ie fanatisme et la
tyrannie, instruire ceux qui gouvernent les hommes sur Ie legitime usage de leur
autorite!». A bien des egards, les Etats-Unis doivent leur independance a la
France. Le peuple fran~ais a reagi avec enthousiasme a la nouvelle que les
colonies americaines avaient declare leur independance de l'Angleterre, et
des Fran~ais voyaient cette revolte comme une lutte au nom de la Liberte.
De nombreux volontaires fran~ais sont pards immediatement pour se battre
en faveur de cette noble cause. Le plus celebre de ceux-ci, Ie jeune marquis de
La Fayette, officier miIitaire, s'est battu contre les Anglais aux cotes du general
George Washington. La Fayette est devenu Ie symbole de l'amitie de la France
pour la nouvelle nation. En meme temps, Benjamin Franklin a persuade la
monarchie fran~aise (Ie roi Louis XVI) d'aider les colonies americaines a
se liberer de la monarchie britannique (Ie roi
III). L'alliance franco­
americaine a ete signee en 1778. C'est I'intervention massive des forces
fran~aises - une f1otte, une armee et une subvention financiere enorme - qui
a perm is aux colons americains de triompher du puissant
En ce qui concerne les relations franco-americaines au cours
sieele, il faut mentionner deux grands evenements, la vente de la Louisiane et Ie
don de la Statue de la liberte. En 1803, Ie president Thomas Jefferson a propose
d'acheter la Louisiane a la France. La Louisiane etait un territoire immense qui
couvrait toute la vallee du Mississippi et celle du Missouri. Comme Napoleon
ne voulait pas que la Louisiane tombe entre les mains des Anglais, il a prMere
la vendre aux Americains. Cet achat a effectivement double la superficie des
Etats-Unis. Vers la fin du XIXe sieele, Ie peuple fran~ais a offert un magnifique
cadeau au peuple america in pour symboliser l'amitie franco-americaine: la Sta­
tue de la liberte. Creation d'une collaboration entre I'ingenieur Gustave Eiffel
et Ie sculpteur Frederic-Auguste Bartholdi, elle a ete financee par des fonds
yes. La statue a ete erigee d'abord dans un atelier a Paris en 1884. Ensuite,
•
1
a ete demontee, mise en caisses et transportee par bateau a New York en 1885.
Aujourd'hui, la Statue de la liberte se dresse dans Ie port de New York pour
accueillir les visiteurs et les immigres des autres pays du monde.
Au XXe siecle, les Americains se sont battus aux cotes des Fran.;ais dans
deux grands conflits. En 1917, pendant la Premiere Guerre mondiale, Ie gene­
ral John Pershing, commandant des forces americaines, est arrive en France
pour aider les Fran<;ais a repousser les Allemands de leur territoire. Conscient
de rendre un service a la France, Pershing aurait proclame: «La Fayette, nous
voici». En 1940, la France a ete vaincue et occupee par les Nazis. Apres I'at­
taque japonaise contre Ie territoire americain fin 1941, les Etats-Unis sont
entres en guerre aux cotes de la France libre, de l'Angleterre et de l'Union so­
vietique. Le 6 juin 1944, les armees americaines, britanniques et canadiennes
ont debarque sur les plages de Normandie, provoquant une bataille sanglante
qui a marque Ie debut de la Liberation. II y a pres de 10 000 soldats ameri­
cains enterres dans Ie cimetiere militaire americain a Omaha Beach (Calvados,
Basse-Normandie). En 1994, un demi-siecle plus tard, il y a eu des ceremonies
organisees en France pour commemorer la mort hero"ique de ces liberateurs
et les presidents Fran<;ois Mitterrand et Bill Clinton y ont assiste. (Le 6 juin
2014, vingt chefs d'Etat et de gouvernement sont venus en Normandie pour
marquer Ie 70e anniversaire du Debarquement allie.) Avant la fin de l'annee
1944, I'armee americaine, accompagnee des forces britanniques et fran<;aises,
a reussi a liberer Paris des forces occupantes. Les soldats americains ont ete ac­
cueillis a bras ouverts par les Parisiens et de nos jours, il y a encore des Fran<;ais
qui expriment leur reconnaissance envers leurs liberateurs america ins.
Apres la Liberation et la fin de la Deuxieme Guerre mondiale, Ie Plan
Marshall, une initiative coiheuse pour les Etats-Unis, a permis aux Fran<;ais et
aux autres Europeens de reconstruire leurs pays et de mener une vie decente.
Le president Charles de Gaulle (1958-1969) a pu paraitre anti-america in car
il voulait voir la France, non comme un pays satellite des Etats-Unis (tels les
pays du bloc sovietique) mais comme un allie independant. Cependant, de
Gaulle a fait preuve de solidarite envers Ie president John Kennedy lors des
menaces sovietiques, la crise de Berlin (1961) et I'affaire des missiles sovie­
tiques a Cuba (1962). Malgre leur desir de rester independants vis-a-vis des
deux superpuissances (les Etats-Unis et l'Union sovietique), un grand nombre
de Fran<;ais reconnaissent que I'Europe de l'Ouest a pu vivre dans la paix et la
prosperite pendant la Guerre froide (1945-1989) grace a I'engagement mili­
taire americain sur Ie territoire europeen.
Un grand nombre de Fran<;ais admirent les Etats-Unis qui comme la France
sont un pays producteur du point de vue economique et une democratie qui
fait preuve d'une stabilite politique. Toutefois, beaucoup de Fran<;ais critiquent
l'insuffisance de protection sociale aux Etats-Unis, la preoccupation avec les
communautes religieuses et ethniques, et l'indifference de la part des Americains
envers tout ce qui se passe au-dela de leurs frontieres. Un sentiment d'antiame­
ricanisme virulent se manifeste parfois en France, surtout aux moments ou les
Etats-Unis en trent en conflit mil ita ire d'une fa<;on unilaterale, sans Ie soutien des
allies europeens ou I'approbation des Nations Unies (par exemple, au moment
2 •
Introduction
des attaques contre la Libye en 1986 et de la guerre contre l'Irak en 2003). De
meme, un sentiment antifran.;ais se manifeste aux Etats-Unis chaque fois que la
politique internationale fran.;aise differe de la position diplomatique americaine
(pour reprendre les memes exemples, quand la France a refuse de participer aux
attaques contre la Libye et a la guerre contre l'lrak). Dans ces moments-la, les
Americains reprochent a la France d'etre une fausse arnie, un pretendu allie a
qui on ne peut pas toujours faire confiance. Des deux cotes de I'Atiantique, les
sentiments antiamericains et antifran<;ais s'expriment souvent d'une maniere
qui ne tient pas compte des verites historiques. Pourtant, Ie sentiment nettement
proamericain chez les Fran<;ais est indeniable, surtout quand il s'agit du peuple
america in plutot que du gouvernement de Washington. Le 11 septembre 2001,
les villes de New York et Washington ont ete attaquees par des terroristes is­
lamiques, avec des consequences desastreuses. Le lendemain des attaques, les
gros titres du quotidien fran<;ais Le Monde ont proclame: «Nous sommes tous
Americains». Une enorme vague de solidarite envers les Americains et de condo­
leances pour les victimes a domine la vie quotidienne en France pendant les mois
suivants. Le president Jacques Chirac a ete Ie premier chef d'Etat a visiter Ie
site des attaques a New York. La France avait connu, elle aussi, Ie terrorisme
sur son territoire et Ie gouvernement fran<;ais a immediatement prete son sou­
tien militaire au gouvernement americain dans la guerre contre Ie terrorisme en
Afghanistan. En 2002, un paquebot fran<;ais a ete attaque par des extremistes
islamiques et Ie groupe militant Al Qaeda a declare cet acte «un message pour
la France». Solidaire avec les Etats-Unis dans la chasse aux terroristes, la France
s'est pourtant rangee en 2003 du cote de I'Allemagne, du Canada, de la Chine
et de la Russie pour s'opposer a la guerre contre l'lrak. Un sondage Hop effectue
en 2008 a revele qu'une majorite des Fran<;ais declaraient apprecier beaucoup
ou assez les Etats-Unis. L'antiamericanisme est en recul, si I'on compare avec les
sondages realises au debut de la guerre en Irak.
En revanche, Ie sentiment profran<;ais chez les Americains est egalement
evident. La France est Ie seul grand pays europeen a n'avoir jamais fait la
guerre contre les Etats-Unis. Pourtant, I'amitie franco-americaine a toujours
COnnu des hauts et des bas. Cette amitie, ancienne de plus de deux siecles, est
fondee sur un heritage intellectuel partage, un sentiment paralleIe de la civili­
sation et une vision commune d'un monde ou la democratie est primordiale.
D'apres un sondage Harris Interactive effectue en 2005, la France est consi­
deree comme un pays amical ou un proche allie par 73% des Americains son­
des. La France a fini en quatrieme position, apres trois pays anglophones (Ie
Canada, Ie Royaume-Uni et I' Australie). Pourtant, Ie me me sondage effectue
en 2010 a revele que seulement 46% des Americains declaraient avoir une vue
positive de la France. Un sondage Gallup realise en 2012 a revele que 75% des
Americains avaient une attitude positive envers la France. Avant son election
ala presidence de la Republique en 2007, Nicolas Sarkozy s'est prononce «un
ami des Etats-Unis», une position qui lui a me rite Ie titre «Sarko l'Americain»
dans les medias fran<;ais. Dans un discours devant Ie Congres americain a
Washington en 2007, Ie president Sarkozy a ann once son projet de reintegrer la
France dans Ie commandement integre de l'Organisation du traite de I'Atlantique
Introduction
•
3
Nord (OTAN), un projet qui s'est realise en 2009. En 2008, Ie candidat a la
presidence, Barack Obama, a rencontre Ie president Sarkozy a Paris. Apres cette
rencontre, Ie president de la Republique a declare devant la presse: «Obama?
C'est mon copain» (source: Le Figaro). En 2013, John Kerry, Ie secretaire d'Etat
america in, a appele la France «our oldest ally». En 2014, Fran<;ois Hollande, Ie
president de la Republique fran<;aise, a fait une visite officielle aux Etats-Unis.
Dans une conference de pre sse avec Obama, Hollande a dit, en se referant aux
deux pays: «Allies we were at the time of Jefferson and La Fayette, allies we are
today». Dans un discours prononce a l'ambassade de France a Washington, Ie
president Hollande a dit, toujours parlant des deux pays: «Nous partageons des
valeurs communes. Nous sommes attaches a la liberte».
4 •
Introduction