Vous et la région Rhône-Alpes, La parole à Nam METZGER

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Vous et la région Rhône-Alpes, La parole à Nam METZGER
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Vous et la région Rhône-Alpes,
La parole à Nam METZGER,
Directeur des Participations à
La Compagnie Financière Edmond de Rothschild.
Edmond de Rothschild, en quelques mots…
Héritier des traditions et des valeurs qui font le succès de la famille Rothschild depuis plus de 250 ans, le Groupe
Edmond de Rothschild s’est imposé au fil du temps comme un acteur majeur de la finance européenne.
Spécialisé dans les métiers de la banque privée et de l'asset management, le Groupe Edmond de Rothschild bénéficie
d’un actionnariat familial qui lui confère une indépendance totale au regard de ses clients privés comme institutionnels.
Le Groupe est également présent dans les métiers du private equity, du corporate finance et de l'administration de
fonds.
Quelle est la typologie moyenne des entreprises dans lesquelles vous intervenez ?
N. Metzger : Notre spectre est large et va de la PME à l’ETI : nous investissons en minoritaire des tickets de 2 à
30 M€ en équivalent capital dans des sociétés porteuses d’un projet de croissance et ayant démontré leur
capacité bénéficiaire (pas de start-up ni de venture ou de retournement) réalisant de 10 à 300 M€ de CA
(autre critère, le résultat d’exploitation minimum est de 1 M€).
Nous avons la particularité d’investir sur 2 véhicules, l’un dit « Small Caps » et l’autre dit « Mid Caps » :
- Sur le segment Small Caps : Ticket moyen de 5 M€/ CA de nos participations moyen de 30 M€,
- Sur le segment Mid Caps : Ticket moyen de 15 M€/ CA de nos participations de 60 M€ en moyenne.
Nous pouvons intervenir sur des sujets de préparation à la transmission (OBO, MBO ou pré-MBO), de
réalignement actionnarial (sortie de minoritaires dormants) et/ ou de capital développement pur (injection en
capital pour financer un projet), dans la mesure où le sous-jacent de l’opération reste une thèse de croissance.
Comment vous situez-vous en termes de parts de marché sur l’échiquier rhônalpin du capital investissement
?
N. Metzger : Nous sommes installés depuis seulement deux ans en région Rhône-Alpes. Néanmoins, sur notre
position (capital développement, tailles de tickets), nos concurrents sont généralement : Siparex, Naxicap,
Initiative et Finance, MBO Partenaires et ce, sur leurs opérations minoritaires (ces acteurs interviennent aussi
beaucoup en LBO majoritaire). Sur notre positionnement de Capital Développement en tant que minoritaire
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strict, nous sommes désormais systématiquement consultés, ce qui doit faire de nous un des 3 premiers
acteurs de la région.
L’industrie est-elle réellement un moteur pour la région Rhône-Alpes ?
N. Metzger : L’industrie au sens large des entités de production est certainement encore un moteur de la
région dans certaines typologies d’activité : medtech, pharma, industries de niche, etc. Néanmoins, cela tend
à disparaître. La région Rhône-Alpes est riche de sociétés de négoce et de distribution qui maîtrisent la
conception des produits mais sous-traitent la fabrication ; elle se développe également très fortement dans
les secteurs de services à forte valeur ajoutée. Notre portefeuille de participations dans la région illustre cette
tendance ; nous n’avons aucune participation dans l’industrie de production à proprement parler.
L’industrie restera un moteur si les entreprises évoluent vers des modèles de maîtrise de la valeur ajoutée,
quitte à ne conserver que la fabrication « critique » (haute valeur ajoutée, production de proximité).
Dans le contexte économique actuel, peut-on parler de désindustrialisation ?
N. Metzger : Non. La crise n’est pas le moteur de la désindustrialisation ; ce mouvement a commencé bien
avant la crise économique avec la mondialisation et la globalisation des échanges internationaux. Il est naturel
que les activités de production migrent vers des pays où la main d’oeuvre est moins chère et que les sociétés
cherchent à améliorer leurs coûts de production tout en maintenant les savoir-faire et la technicité en France.
Par ailleurs, ceci est une généralité ; il existe des métiers où la proximité est clé et où l’outil de production ne
peut être délocalisé.
Quels sont les enjeux des PME et ETI françaises pour les 10 prochaines années ?
N. Metzger : Pour beaucoup des sociétés de nos portefeuilles, les relais de croissance sont à l’international.
Afin d’être compétitives, elles doivent désormais réaliser une grande partie de leurs activités à l’étranger, à
l’exception de quelques métiers qui sont par nature attachés aux territoires locaux. Les entreprises que nous
accompagnons dans le secteur du négoce ou de la distribution ont toutes des activités internationales plus ou
moins importantes (de 10 à 80% de leur CA). Leur thèse de développement et nos investissements ont
vocation à leur permettre de se déployer plus rapidement et plus massivement encore à l’étranger, que ce
soit par croissance externe, implantations propres ou mise en oeuvre de leur business modèle dans différents
pays.
Au-delà de l’international, l’enjeu des PME françaises sera également de préserver et d’innover afin de
maintenir leur avance technologique ou technique.
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En quoi le capital-investissement concourt-il au dynamisme des PME françaises ?
N. Metzger : Globalement, il est avéré que les entreprises accompagnées par des sociétés de capital
investissement enregistrent des croissances plus importantes que la moyenne :
- Le capital développement en règle générale permet mécaniquement de renforcer les fonds propres des
sociétés pour leur donner les moyens du développement,
- La présence d’un partenaire pouvant jouer le rôle de « sparing partner » et ayant fixé des objectifs de
déploiement à moyen termes aux côtés des dirigeants joue un rôle de motivation et permet également de
prendre des risques calculés,
- Le partenaire financier permet également aux dirigeants de sécuriser une partie de leur patrimoine, ce qui
leur permet de moins appréhender les prises de risque en matière d’évolution stratégique et d’enclencher ces
dernières, ce qu’ils n’auraient pas forcément fait avec 100% de leur patrimoine localisé dans l’outil
professionnel.
La compétitivité internationale des PME/PMI/ETI est-elle liée à l’offre produit/ service, ou à la capacité de
financement des entreprises ?
N. Metzger : Les deux sont indispensables ; l’implantation à l’étranger peut prendre du temps avant d’être
rentable ; il faut parfois être capable de financer cet investissement (qu’il s’agisse d’une implantation, de
stocks, BFR, encours clients, etc.) pendant des années avant d’en percevoir les retours.
Le management de transition est-il une ressource pertinente dans un contexte économiquement perturbé ?
N. Metzger : Il l’est et permet aux dirigeants de se concentrer sur les aspects stratégiques de développement
ou de redéploiement en ces périodes en lui libérant du temps et de la disponibilité d’esprit.
Néanmoins, l’idée de se faire épauler est encore difficile pour la majeure partie des dirigeants qui perçoivent
souvent l’intervention du manager de transition comme un aveu de faiblesse, le témoin d’une déficience de
leur part, ou le signe que leur société est en difficulté.
L’image du capital investissement auprès du public est-elle à la hauteur de sa contribution réelle ?
N. Metzger : Le public a tendance à stigmatiser sur les opérations qui se passent mal ou la notion de « mur »
de la dette qui ne touche que les LBO majoritaires très tendus. C’est emblématique de la méconnaissance des
différentes natures de fonds d’investissement. A chaque cas, chaque besoin ou chaque type d’opération
correspond une palette d’acteurs du private equity bien déterminée. Le public ignore généralement cette
segmentation et tend à focaliser sur les cas mis en exergue dans la presse.
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Les contributions de chaque type de fonds ne peuvent être comparées les objectifs pouvant être radicalement
différents.
La crise a-t-elle influencé le montant de vos prises de participations ?
N. Metzger : Nous n’avons pas changé notre stratégie d’investissement et investissons toujours selon les
mêmes tickets pour le Small comme le Mid Caps.
Ce qui a changé, mais pas de notre fait :
- Une plus grande sélectivité dans les projets : on a vu l’émergence de dossiers à mi-chemin entre le
retournement et le capital développement ; les business plans sont nécessairement beaucoup plus challengés
- Un nombre d’investissements plus réduit en 2012 sur le segment Mid Caps : peu de dossiers éligibles dans
nos critères. Les causes sont diffuses : les dirigeants ont reporté leurs opérations du fait du contexte électoral
et fiscal.
- Sur le Small Caps, nous n’avons pas réduit ou augmenté nonos investissements, ni en nombre, ni en montant
de capital investit. Par ailleurs, nous ne pourrions pas le faire car nous répondons d’une stratégie
d’investissement clairement décrite dans le règlement de nos fonds vis-à-vis de nos souscripteurs à laquelle il
ne nous est pas possible de déroger.