Jacques le Fataliste, Denis Diderot, incipit - Geert

Transcription

Jacques le Fataliste, Denis Diderot, incipit - Geert
Jacques Le Fataliste, Denis Diderot
Basé sur les notes de Julie
Question
Quelles particularités présente cet incipit ?
Introduction
Denis Diderot est un écrivain, un philosophe et encyclopédiste français du XVIII ème siècle, il appartient au courant des Lumières. Plus précisément, le texte à étudier est l'incipit de son œuvre
Jacques le Fataliste publiée de manière posthume en 1796. Cet ouvrage est difficile à classer car il est
à la fois narratif et théâtral, réaliste et imaginaire. Il raconte le voyage et les aventures de Jacques,
valet et héros éponyme, et de son maître.
Lecture
Annonce
Cet incipit « in media res » peut surprendre le lecteur, qui est tout de suite attiré par les amours
de Jacques. Pour répondre à la question « Quelles particularités présente cet incipit ? », j'étudierai
deux axes :
I. Les informations données par l'incipit
II. La présentation de celui-ci
Exposé
I – Les informations données par l'incipit
Cet incipit commence de façon in media res et nous donne des informations partielles.
A – Le cadre spatio-temporel
Où ?
•
Dans des « champs » (l. 35)
•
L'allusion à la « bataille de Fontenoy » (l. 16) prouve que le lieu est proche de la Belgique.
En effet, Jacques est blessé et ne peut donc se déplacer très rapidement.
Quand ?
•
L'action se déroule le soir, comme le montrent les mots « l'après-dîner » (l. 34), « la nuit »
et « s'endormit » (l. 35)
•
La « bataille de Fontenoy » (l. 16) à lieu en 1745
•
Plus précisément encore, les « temps lourds » (l. 35) suggèrent le printemps ou l'été.
Malgré ce cadre assez précis, il faut attendre l'avant dernier paragraphe pour avoir les informations. Le cadre n'a donc pas beaucoup d'importance.
B – Les personnages et leur milieu
De plus, il y a une présentation des personnages et de leur milieu. Celle-ci est minimale. Ainsi, des
lignes 1 à 4, les personnages sont désignés avec « ils ». Ceci montre que l'on ne distingue pas
Jacques et le maître : ils sont sur un pied d'égalité.
On sait peu de choses sur le maître :
•
Il n'a pas de nom, il est nommé par son statut social : « le maître » (l. 4)
•
Il parle peu et pose seulement des questions (l. 12 et 23)
Jacques en revanche semble être le héros. Il donne son nom à l'ouvrage.
•
On connaît son statut social. c'est un « valet » (l. 37) et il a « un maître » (l. 4, 35 et 36)
•
Même si c'est un simple valet, il est le maître de la parole. En effet, il parle le plus et le narrateur est de son côté
•
Jacques était un soldat car il a été blessé avec un « coup de feu au genou » (l. 19) à la « Ba taille de Fontenoy » (l. 16). Il est devenu « boiteux » (l. 22)
La relation maître-valet semble inversée sauf à la fin où le maître reprend son rôle.
C – Les horizons d'attentes
Enfin, les horizons d'attentes sont nombreux, et on s'attend à divers sujet tels que:
•
Les histoires d'amours de Jacques
◦ Il en parle beaucoup et sont dues à un « coup de feu » (l. 19, 20, 21, 25 et 26)
◦ « amoureux » (l. 22 et 23) et « amours » (l. 31)
◦ Jacques fait le lien entre la guerre et l'amour par le jeu de mots coup de feu-coup de
foudre.
•
La fatalité
◦ Car on la retrouve dans le titre
◦ Référence dans le texte (l. 5, 7 à 8, 30 et 38)
•
La puissance de l'auteur
◦ Son intervention (l. 1 à 5 et 39 à 46) — il interpelle directement le lecteur pour lui indi quer toutes les possibilités dont il dispose — montre sa suprématie par rapport à l'histoire. Celle-ci est accentuée par le conditionnel, les supposition et les questions rhétoriques (l. 39 et 43).
Transition
Bien que donnant peu d'informations, cet incipit est original et se lit comme un dialogue narratif,
théâtral et philosophique. De plus, cette singularité est due à sa présentation.
II – La présentation de cet incipit
Je vais à présent développer cette exposition. Il s'agit de dialogues formant le récit, permettant un
aspect théâtral et empreint de philosophie.
A – Un récit avec des dialogues
Le dialogue est marqué par :
•
Le discours indirect (l. 4 à 5) en parlant de Jacques et du maître
•
Le discours direct (l. 10 à 11) et (l. 37 à 38).
•
Les verbes de parole — « disait » (trois fois à la ligne 4), « s'écria » (l. 10), « disant » (l. 37)
Ce dialogue a une dimension religieuse. En effet, l'auteur fait référence au « diable » (l. 37) et
parle du « là-haut » (l. 38).
Outre le dialogue entre les deux personnages, on a un dialogue narrateur-lecteur (des lignes 1 à 5
et 39 à 46) fait d'interpellations directes au lecteur avec « vous » (l. 2, 39, 40 et 46) et « lecteur »
(l. 39). Diderot utilise les pronoms personnels « je » et « moi » (l. 39) = dans ce dialogue, le narra teur exprime toutes les éventualités qui lui sont offertes, il montre que c'est lui qui décide. Il est le
maître de ce début de récit.
Cet aspect narratif est suivi de dialogue théâtral
B – Un dialogue théâtral
Nous pouvons parler de dialogue théâtral car nous retrouvons la présentation d'une pièce de
théâtre avec le nom qui précède les paroles : ces didascalies indiquent les personnages qui interviennent.
Ce dialogue théâtral peut se décomposer en deux parties:
•
De la ligne 6 à 23 : phrases longues, surtout prononcées par Jacques, qui donnent des informations sur sa vie
•
De la ligne 24 à 33 : stichomythies qui donnent un ton élevé et produisent un effet de rapidité, de rythme au dialogue.
Les répliques de Jacques intriguent le maître et le lecteur, ce qui les invite à vouloir connaître le
récit du valet.
C – Le récit de Jacques: un dialogue empreint de philosophie
A travers son histoire, Jacques a une totale confiance en « son capitaine » (l. 4), et développe di vers thèmes, amenant à un aspect philosophique.
Mais le thème philosophique le plus important, c'est la fatalité :
•
Destin avec des images (l. 1, 3 et 5)
•
Fatalité (l. 5, 7 à 8, 30 et 38)
La présentation de cet incipit est donc variée. Les dialogues prennent ici différentes formes, donnant un aspect intéressant.
Conclusion
Dès l'incipit de son ouvrage, Diderot remet en question le roman et la liberté de l'écrivain. Jacques
le Fataliste semble désordonné, par le mélange de dialogues théâtral et romanesque, mais il n'en
est pas moins très cohérent, ce qui permet de soulever différents points.
+ Ouverture
Recherches de Julie
•
Fatalisme: Tout est prévu d'avance, le destin est prévu, on ne peut rien changé quoi que
l'on fasse.
•
Déterminisme: le destin est prévu mais on peut l'arrangerPublication posthume = publication après la mort de l'auteur
•
Stichomythie = partie de dialogue d'une pièce de théâtre versifiée où se succèdent de
courtes répliques, de longueur à peu près égale, n'excédant pas un vers, produisant un effet de rapidité, qui contribue au rythme du dialogue. Elle s'oppose ainsi à la tirade (déve loppement long traitant d'un même thème par le personnage d'une pièce de théâtre, de
manière ininterrompue)
•
Diderot:
◦ né en 1713 à Langres ( Haute-Marne, Nord-Est de la France) et mort en 1784. Il est sur tout connu pour sa participation dans la création de l'Encyclopédie
◦ Écrivain, philosophe et encyclopédiste français du siècle des Lumières
◦ 1742: rencontre avec Jean Jacques Rousseau et d'Alembert avec qui il se lit d'amitié
◦ 1746: commence à écrire l'Encyclopédie
◦ 1749: va en prison car il est accusé d'avoir développé des thèses athéistes et matérialistes
◦ L’Encyclopédie:
▪ rassembler et partager les connaissances ( arts, politique) / les articles illustrés
▪ 35 volumes édités de 1751 à 1772
▪ 200 collaborateurs + 150 philosophes (connus et inconnus)
▪ sous la direction de Diderot et d'Alembert
▪ plus de 70 000 articles
▪ En 1746, Diderot est engagé par le libraire Le Breton qui le charge de traduire la Cy clopaedia d'Ephraim Chambers ( 1728), puis avec d'Alembert ils décident de créer
un ouvrage similaire en langue française, l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné
des sciences, des arts et des métiers
▪ Elle est importante car c'est une arme politique qui fait passé les idées des lumières, c'est la 1ère encyclopédie française, elle permet de critiquer le pouvoir religieux / politique ...
•
Le siècle des Lumières:
◦ on demande le respect des libertés, le partage des idées / du savoir / des connais sances, on veut le bonheur, on est contre l'obscurantisme
◦ on publie beaucoup de livre ( ex avec l'Encyclopédie) pour apprendre la biologie, les
phénomènes naturels
◦ L'esprit des Lumières se caractérise par un optimisme: on croit au progrès de l'humanité. Ce progrès peut être atteint par un esprit scientifique ou critique.
◦ Tout ce base par la raison, sur des expériences
◦ On dénonce la torture, l'esclavage
◦ Exemples de moyens utilisés dans la littérature des Lumières
▪ contes philosophiques ( Voltaire en contant les mésaventures de Candide ( 1759),
dénonce de façon plus ou moins détourné l'esclavage, la torture et plaide en faveur
de la liberté religieuse)
▪ correspondances fictives ( Dans les Lettres Persanes ( 1721), Montesquieu imagine
les lettres que deux Persans écrivent pour raconter leur séjour en Europe et utilise
l'humour. Ainsi, il fait une satyre de la mode, des croyances, de la politique fran çaise à travers les persans)
◦ Les Lumières veulent faire passer des messages politiques et humanitaires
◦ les auteurs dénoncent les problèmes sociaux et politiques
◦ 04 août 1789: Abolition des privilèges du clergé et de la noblesse
◦ Les Essais, Montaigne ( 1533 – 1592)
▪ Œuvre de Michel de Montaigne de 1572 à 1792
▪ Il traite de tous les sujets possibles: esclavages, médecine, littérature... = Montaigne
mêle des réflexions sur sa propre vie et sur l'homme
▪ Un essai est une œuvre de réflexion portant sur un sujet précis et exposé de manière personnelle, voire subjective par l’auteur.
▪ Essai historique, scientifique, politique ...
▪ L’auteur d’un essai est appelé « essayiste ».
▪ But: pour informer et exprimer son opinion, s'ouvrir, connaître le monde, commenter et expliquer le réel = idées, réflexions, opinions, jugements ...
◦ De l'esprit des lois, 1748. Cette œuvre majeure, qui a pris quatorze ans de travail à son
auteur, a d'abord été publiée sans nom d'auteur à cause de la censure. Il traite des
échanges commerciaux, de l'esclavage, de la nature …

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