Introduction CREATIVE EUROPE, SOUS
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Introduction CREATIVE EUROPE, SOUS
Papier de position Novembre 2015 CREATIVE EUROPE, SOUS-PROGRAMME CULTURE La participation de la Suisse à Creative Europe, programme de soutien européen à la culture, est actuellement en discussion – sans réel espoir d’aboutir pourtant. Les difficultés rencontrées dans les négociations autour de Creative Europe montrent qu’un rapprochement entre la Suisse et l’UE est indispensable, dans le domaine culturel comme dans bien d’autres domaines. Au terme d’entretiens autour de Creative Europe avec des artistes et des associations suisses , le Nomes rappelle l’importance de ce programme européen et insiste sur la nécessité de trouver rapidement une solution avec l’UE dans le domaine de la promotion culturelle. Introduction Le nouveau programme culturel de l‘UE, Creative Europe, réunit sous une appellation unique les anciens programmes qu’étaient MEDIA, MEDIA Mundus et Culture. Pour ce nouveau programme, l‘UE a prévu un budget de 1,45 milliards d‘euros, soit une augmentation de 9% par rapport aux programmes précédents. Après de longues négociations, la Suisse a pu accéder en 2006 au programme MEDIA [cf. papier de position MEDIA], collaboration qui s’est avérée très positive. Les cinéastes suisses, les distributeurs et les festivals de cinéma – comme le Festival du film de Locarno – ont pu bénéficier des contributions financières prévues au sein du programme MEDIA et d’une meilleure mise en réseau au sein de l’Europe. Le 9 février 2014 a radicalement changé la situation: suite à l’acceptation de l‘initiative contre l‘immigration de masse, le Conseil fédéral a refusé l‘extension de la libre circulation des personnes à la Croatie, nouveau membre de l’UE. En réponse à cette décision, toutes les négociations en cours ont été suspendues, y compris celles concernant Creative Europe alors que le programme MEDIA était échu depuis le 31 décembre 2013. Entre temps, des négociations concernant Creative Europe ont repris, mais il est peu probable que l’UE soit prête à faire des concessions. Ainsi, la Suisse s’est-elle fermée un accès important au réseau international, retour en arrière indiscutable dans le domaine culturel de plus en plus internationalisé. Sous-programme Culture Dans un communiqué de presse à propos du financement de la culture, le Conseil fédéral a insisté sur les effets positifs de la participation de la Suisse au sous-programme Culture, au premier chef pour les acteurs des milieux culturels. Cette déclaration se fonde notamment sur les expériences positives des cinéastes suisses dans le cadre du programme MEDIA. Pour les associations les plus importantes du paysage culturel suisse, la participation aux programmes de financements européens est vitale. A titre d’exemple, l‘Association suisse des orchestres professionnels orchester.ch nous a indiqué que ses membres ne pourraient pas bénéficier directement du financement de l‘UE sans cette participation – sauf dans le cas de déplacements à l‘étranger, pour un festival international de musique par exemple. Dans le secteur de la culture, tout financement a son importance, relève également l‘Association des orchestres. De plus, outre les ressources financières, «la coopération et le dialogue entre les pays revêtent la plus haute importance». Ce point de vue est partagé 1 Papier de position Novembre 2015 par Suisseculture, faîtière des organisations des travailleurs professionnels des milieux culturels en Suisse. Pour Suisseculture, l‘échange international est «essentiel pour les artistes, quel que soit l’art qu’ils exercent, et pour le développement artistique et culturel dans notre pays. » La participation au programme Creative Europe est donc cardinale. Si cette coopération devait être abandonnée sur l’autel d’une politique isolationniste, un financement national complémentaire serait nécessaire. L’association souligne enfin que l’échange de travailleurs des milieux culturels est essentiel «pour promouvoir la compréhension et les liens internationaux». Danse Suisse, l’association suisse des professionnels de la danse, partage cette vision. La coopération transfrontalière est d’autant plus «importante» que les artistes de la danse ne sont pas liés par une langue pour exercer leur art. C’est pourquoi le programme de soutien Creative Europe est essentiel pour l’art de la danse, selon l’association. Position du Nomes Les déclarations recueillies par le Nomes auprès des associations culturelles insistent toutes sur la nécessité de pouvoir établir un réseau international dans le domaine de la culture. Dans ce contexte, le Nomes tient à souligner qu’une politique isolationniste ne pourra qu’engendrer des effets néfastes non seulement pour l‘économie et la recherche suisses, mais aussi les échanges culturels et artistiques entre les nations européennes. Les conséquences néfastes d’une telle politique sont particulièrement visibles dans le domaine de la culture : qu’ils concernent la danse, l’écriture, les orchestres ou les expositions, les projets culturels sont le plus souvent pensés à l‘échelle internationale. Et c’est ce lien dans sa dimension européenne qui rend la culture si centrale dans nos sociétés. L’appartenance nationale joue rarement un rôle clé dans l’espace culturel ; au contraire de l’importance que revêtent la coopération et la focalisation sur des projets communs trans-nationaux. La culture permet également, davantage que dans d’autres secteurs de la société, le déploiement d’un regard critique sur nos sociétés, condition essentielle au maintien d’une démocratie réelle, vivante. Le fait que l‘UE investisse massivement dans les domaines de la culture témoigne de sa détermination à développer l’inter-compréhension des cultures européennes dans toutes ses formes. La production culturelle qui entend se réduire à l’espace national est désormais déconnectée de la réalité, complètement obsolète. Les acteurs des milieux culturels suisses sont bien sûr tributaires de l‘échange avec leurs voisins européens, comme en témoigne le réseau culturel qui a été tissé entre la Suisse et l‘Europe et qui doit être défendu et développé. Le Nomes se félicite donc des efforts déployés par le Conseil fédéral pour entamer de nouvelles négociations afin d’aboutir à un accord culturel avec l‘UE. Si une solution doit être trouvée le plus tôt possible dans le domaine culturel, le Nomes estime cependant que les risques de blocage resteront élevés tant que la question des relations d’après février 2014 entre la Suisse et l’UE n’aura pas touvé une issue permettant le maintien des Bilatérales. Or, les difficultés rencontrées dans les négociations témoignent d’une dégradation des relations Suisse - l‘UE qui ne cessera que lorsque la Suisse aura choisi entre l‘isolement et l‘intégration. Dans la mesure où la situation actuelle nuit fortement au paysage culturel suisse, le Nomes appelle tous les intéressés, et avant tout les professionnels de la culture suisse, à approfondir la recherche des moyens de tisser des liens étroits entre la Suisse et l‘UE. Et il va de soi, selon le Nomes, que l’adhésion de la Suisse à l‘UE est l’une des options qui doivent être envisagées pour garantir un développement dynamique et harmonieux des échanges culturels et artistiques de la Suisse avec ses voisins européens réunis dans l’UE. Nouveau mouvement européen Suisse Scheibenstrasse 29, Case postale 481 3014 Berne Tel. 031 302 35 36 www.europa.ch 2