Inauguration du Campus Saint-Paul de l`Université

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Inauguration du Campus Saint-Paul de l`Université
Discours de Monsieur Gérard Collomb
Sénateur-Maire de Lyon
A l’occasion de l’inauguration du Campus Saint-Paul
de l’Université Catholique de Lyon
10, Place des Archives – Lyon 2e
Jeudi 8 octobre 2015
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1 Eminence, Cher Cardinal Barbarin, Chancelier de l’Université Catholique de
Lyon,
Monsieur le Préfet de Région, Préfet du Rhône,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Recteur de l’Université Catholique de Lyon,
Monsieur le Président de l’Association des Fondateurs et Protecteurs de
l'Institut Catholique de Lyon,
Monsieur le Président du Conseil Départemental du Rhône,
Monsieur le Président du Conseil Régional Rhône-Alpes,
Monsieur le Représentant du Gouverneur militaire de Lyon,
Madame la Rectrice de l’Académie de Lyon, Chancelière des Universités,
Mesdames et Messieurs,
Il est des moments plus marquants que d’autres dans l’histoire d’une ville.
Des moments qui nous font prendre conscience du sens de l’aventure urbaine à
laquelle nous prenons part, qui nous font mesurer la puissance que peut avoir une
ambition collective quand elle parvient à traduire en actes un idéal.
C’est l’un de ces moments que nous vivons ce soir ensemble et c’est pour moi une
joie profonde que nous soyons rassemblés pour l’inauguration de ce campus SaintPaul.
2 Monsieur le Recteur, Cher Père Thierry Magnin, Cher Général Gilles Barrié,
Nous savons tous l’énergie, la persévérance, l’audace dont vous avez fait preuve
avec vos équipes et vos partenaires pour que ce beau projet aboutisse. Permettezmoi également d’exprimer ma gratitude au Père Michel Quesnel, dont l’engagement
comme Recteur de cette Université avait été décisif il y a quelques années pour
amorcer cette réalisation hors du commun ; de remercier Monsieur le Préfet Gérault
qui, à l’époque, avait fait preuve à la fois d’un grand sens de l’Etat et d’une belle
vision de la Confluence.
Et je veux aussi associer mon Adjoint d’alors, Gilles Buna, qui a mis beaucoup
d’énergie pour que ce projet prenne forme.
Je crois que nous partageons tous ce soir la même émotion quand nous pensons qu’il
y a encore 6 ans se dressait ici la prison Saint-Paul.
Un site important dans l’histoire urbaine de notre ville, construit par Antonin
Louvier et qui, après la Prison Saint-Joseph et la gare de Perrache, marquait les
débuts de l’urbanisation de Lyon vers le Sud.
Un site important pour notre mémoire collective aussi. Et nous nous souvenons
qu’ici, aux heures sombres de la Seconde Guerre Mondiale, des Résistants y avaient
été détenus, parmi lesquels Raymond Aubrac ou encore Emmanuel Mounier,
fondateur de la revue Esprit et père du personnalisme.
C’est ici que sévissait la cour martiale de la milice française dirigée par Paul
Touvier avec sa terrible justice expéditive.
La reconversion d’un tel lieu méritait donc une grande perspective. Et c’est
pourquoi, Monsieur le Préfet, nous avons choisi de travailler avec l’Etat, pour
trouver ensemble un projet respectueux de l’identité des lieux mais en même temps
qui le projette dans l’avenir.
3 C’est cela que permettait « La vie grande ouverte », portée par l’Université
Catholique de Lyon, le groupe de Norbert Dentressangle et sa filiale OGIC, par la
Fondation Habitat et Humanisme et l’OPAC du Rhône ; une opération globale de
reconversion des deux prisons, qui reliera les deux sites tout en les ouvrant sur le
quartier.
Et quelle plus belle symbolique que la création ici d’un lieu de savoir, où l’on avait
l’enfermement, d’un lieu de partage là où dominait la solitude, d’un lieu de
promesses là où parfois l’espérance s’était enfuie ?
Je veux moi aussi saluer la qualité du travail de Bernard Garbit et Jean-Pierre
Blondeau, qui ont réalisé ici une vraie prouesse architecturale. Mesdames et
Messieurs, nous avons visité ce campus Saint-Paul il y a quelques instants. Ce qui
frappe quand on franchit ses portes, c’est l’harmonie de ces volumes, où
l’architecture d’aujourd’hui côtoie les pierres dorées de la rotonde centrale qui
formait le cœur du plan panoptique de la prison ; c’est l’élégance de ces passerelles
métalliques qui relient entre eux bâtiments historiques et contemporains ; c’est la
cohérence de cet espace où se côtoient :
- lieux de partage et de convivialité, avec la rue centrale qui permet de passer dans
un cadre agréable de la place des Archives à la rue Delandine ;
- lieu de recueillement avec cette chapelle Saint-Irénée que nous avons visitée tout à
l’heure et qui dans sa sobriété est d’une beauté remarquable ;
- et lieux d’étude avec la bibliothèque, les 20 amphithéâtres et les 70 salles de cours.
Et où que l’on soit, se révèle la qualité première de cet ensemble : la lumière qui,
grâce à cette verrière de 15 mètres de haut, offre partout au regard un horizon élargi.
Et tout à l’heure nous regardions du côté de Fourvière, nous regardions du côté de la
Part-Dieu, nous regardions du côté de la Confluence et partout, c’était des paysages
splendides.
4 Il ne pouvait y avoir plus belle traduction de l’idéal de la connaissance porté ici par
l’Université Catholique de Lyon que cette réalisation.
Monsieur le Recteur,
Vous avez défini ce qu’était pour vous la formation de l’Université catholique :
porter des disciplines diverses, mais aussi permettre à vos citoyens de s’élever.
Cette magnifique réalisation est l’expression de ce modèle et elle marque avec éclat
les 140 ans de votre grande institution.
140 ans au cours desquels l’établissement n’a cessé d’évoluer et de s’adapter aux
grands enjeux de la société.
Je voudrais rappeler le nom des enseignants de la faculté de théologie qui pendant la
Seconde Guerre mondiale, prenaient des positions courageuses.
Il faut rappeler le rôle éminent joué dans la Résistance spirituelle par des
personnalités comme les abbés Joseph Chaine, Louis Richard, Pierre Ganne et
évidemment Henri De Lubac, - et vous avez son nom à la bibliothèque - qui
participait à la rédaction des Cahiers du témoignage chrétien fondés par le Père
Chaillet. Henri De Lubac qui, avec Jean Daniélou et Claude Mondésert, créait aussi
la collection Sources Chrétiennes en décembre 1942 et choisissait comme premier
volume une « Vie de Moïse » pour souligner, en pleine occupation nazie, les liens
de filiation unissant judaïsme et christianisme.
Oui, votre université a vécu des moments forts au cours de ces 140 ans. Et elle n’a
cessé d’évoluer. J’avais déjà eu l’honneur d’inaugurer le site de la place Carnot. Et
j’ai aujourd’hui l’honneur d’inaugurer ce beau campus Saint-Paul.
Cette réalisation est significative du succès de votre université, puisque vos effectifs
ont doublé en 10 ans, pour atteindre près de 10 000 étudiants aujourd’hui.
5 L’Université Catholique de Lyon, Madame la Rectrice le disait tout à l’heure, est
une institution majeure dans le paysage universitaire lyonnais.
Une institution qui se démarque par la fidélité à ses valeurs, comme en témoigne
depuis 30 ans l’Institut des Droits de l’Homme, ou encore celui des sciences de la
famille.
Une institution qui compte aussi pour la force de ses liens avec le monde
économique, comme l’illustrent vos 5 écoles professionnelles ou l’engagement à vos
côtés de chefs d’entreprise, à l’image d’Alain Mérieux, Président de votre campagne
de mécénat.
La force de l’Université Catholique, c’est de rester fidèle à ses valeurs tout en
préparant les étudiants à affronter le monde de demain ; une exigence qui, au fond,
pourrait se résumer d’un mot : l’ouverture.
Ouverture à la société, ouverture au monde, ouverture aux autres cultures. Et vous
avez aujourd’hui 250 conventions établies avec une soixantaine de pays différents.
Une ouverture que va renforcer, je le souligne, votre élection, Cher Père Magnin, à
la Vice-Présidence de la Fédération Internationale des Universités Catholiques.
Une ouverture, enfin, à la Cité et à la ville.
Mesdames et Messieurs, vous comprenez que pour moi, le projet que nous
inaugurons ce soir est évidemment quelque chose de majeur. Ce quartier de la
Confluence, nous avons voulu en faire le symbole de la ville dont nous rêvions : à la
fois dynamique sur le plan économique, mais en même temps, une ville du partage.
Je le rappelle souvent, on note dans ce quartier de la Confluence la beauté de
l’architecture, l’audace technologique qui fait que des bâtiments comme Hikari sont
à la pointe de la performance pour pouvoir maîtriser les énergies.
6 Mais ce qui, je crois, est le plus fondamental, c’est que dans ce quartier, on puisse
retrouver l’ensemble des couches de notre société, qu’il y ait 30% de logement
social et que lorsque l’on se promène et que l’on regarde les immeubles, on ne
puisse voir lequel est d’accession à la propriété et lequel est de logement social.
C’est cela aussi la grande tradition de Lyon et la tradition que vous portez avec
l’Université Catholique.
Alors Cher Père, je sais vos interrogations. Nous avons voulu que la Confluence soit
le prolongement de la Presqu’île. Mais entre la Presqu’île et la Confluence, nous
avons quelquefois quelques problèmes : celui qu’avait déjà constitué la gare de
Perrache mais celui aussi qu’a constitué le centre d’échanges.
Et donc nous sommes en train de travailler sur la capacité de transformation,
d’ouverture de ce centre d’échanges. Aujourd’hui j’avais le conseil d’administration
de la société Lyon Confluence et nous avons validé ce principe de la transformation
des voûtes, pour faire en sorte que nous puissions les ouvrir sur les paysages qui les
environnent. Demain, en démolissant quelques parties de ces voûtes, nous aurons à
nouveau des perspectives sur la gare, sur Château Perrache et sur la place Carnot.
Cet espace reliera donc physiquement la place Carnot et ce nouveau campus que
nous inaugurons.
Nous pensons aussi à vos étudiants pour que les transports en commun soient faciles
pour eux et donc nous avons resitué l’entrée du métro en le rapprochant de la place
des Archives.
Nous allons faire en sorte que le tramway qui, aujourd’hui, arrive derrière Perrache,
puisse arriver bord à bord avec le tramway de la Confluence.
7 Voilà, Mesdames et Messieurs, c’est une page supplémentaire de l’histoire de ce
quartier dont il y a quelques années avec mon ami Roland Bernard, qui est ici, nous
avions rêvé.
Par sa forme, par sa vocation, par ses ambitions, ce nouveau campus Saint-Paul est
un élément majeur du renouveau de la Confluence. Il s’appuie sur le passé tout en
étant capable de le renouveler. Il s’ancre sur un héritage culturel fort, mais pour
mieux permettre aux étudiants d’avancer dans ce siècle.
Le défi est certes de transmettre des savoirs aux jeunes générations, mais c’est pour
leur permettre de comprendre les grandes mutations en cours, pour qu’ils soient en
mesure d’être les artisans du monde de demain. Car pour reprendre les mots de
Michel Serres : « Penser c’est inventer ».
Nous sommes heureux et fiers de l’ouverture de ce campus Saint-Paul. Il est la
traduction de cet idéal humaniste qui est au fondement même de l’identité de notre
Cité et vous l’avez souligné tout à l’heure ; celui que Louis-Joseph Lebret résumait
dans une très belle définition, je le cite :
« Notre humanisme s'adresse à des femmes et des hommes pluriels, dans leurs
origines comme dans le sens qu'ils donnent à leur existence. Il n'est ni dogmatique,
ni moralisateur. Il est éthique et en appelle à la responsabilité de chacun face au
devenir de tous ».
Je forme le vœu que ce campus Saint-Paul soit cet indispensable outil du progrès de
notre société et je souhaite à tous les étudiants de vivre pleinement ces années
d’études qui, dans une vie, sont parmi les plus belles.
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