dossier pédagogique

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dossier pédagogique
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
ROMÉO ET
JULIETTE
théâtre | spectacle en français et japonais surtitré en français
d’après William Shakespeare | adaptation et mise en scène Omar Porras |
traduction japonaise Kawai Shoichiro | composition musicale Alessandro
Ratoci | avec Adrien Gygax, Tsuyoshi Kijima, Pierre-Yves Le Louarn,
Micari, Yoneji Ouchi, Morimasa Takeishi, Momoyo Tateno, Takahiko
Watanabe, Miyuki Yamamoto, Ryo Yoshimi | assistante à la mise en
scène Fabiana Medina | scénographie Omar Porras conseillé par Amélie
Kiritzé-Topor, Eri Fukasawa, Yosuke Sato | durée 1h45
MARDI 8 › SAMEDI 19 OCTOBRE 2013
MARDI, VENDREDI À 20H30,
MERCREDI, JEUDI ET SAMEDI À 19H30, LE DIMANCHE À 16H
M° LIGNE 13 MALAKOFF-PLATEAU DE VANVES - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION
THEATRE71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF
3, PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00
SERVICE RELATION PUBLIQUE [email protected]
Béatrice Gicquel 01 55 48 91 06 | Solange Comiti 01 55 48 91 12 | Émilie Mertuk 01 55 48 91 03
SOMMAIRE
Roméo et Juliette de William Shakespeare La pièce
L’auteur
Omar Porras et le Japon Omar Porras
Une démarche singulière
Le Teatro Malandro et le Japon, la rencontre de deux troupes
Roméo et Juliette, une création au pays du Soleil Levant
Les comédiens
Le théâtre traditionnel japonais
Les ressources
Les Éclairages
ROMÉO ET JULIETTE
l’équipe artistique
texte William Shakespeare
adaptation et mise en scène Omar Porras
assistante à la mise en scène Fabiana Medina
traduction française François-Victor Hugo
traduction japonaise Kawai Shoichiro
scénographie Omar Porras conseillé par Amélie Kiritzé-Topor, Eri Fukasawa et Yosuke Sato
composition musicale Alessandro Ratoci
costumes Komai Yumiko, Okamoto Takako, Iwasaki Akiko, Okamura Eiko, Ooka Mai
perruques / maquillage Véronique Nguyen assistée de Jennifer Yuki Hata
création son Emmanuel Nappey
création lumière Takeaki Iwashini
avec :
Adrien Gygax, Louis Fortier, Tsuyoshi Kijima, Pierre-Yves Le Louarn, Micari, Yoneji Ouchi, Morimasa Takeishi,
Momoyo Tateno , Takahiko Watanabe, Miyuki Yamamoto, Ryo Yoshimi
à partir de 12 ans
durée 1h45
Production
Teatro Malandro, Genève, Suisse
Coproduction
SPAC (Shizuoka Performing Arts Center), Centre National de Création et de diffusion Culturelles de
Chateauvallon – Maison de la culture de Bourges
Avec le soutien de
ville de Genève, Département de la Culture – République et Cantono de Genève – Pro Helvetia, Fondation
Suisse pour la Culture – Loterie Romande, Fondation Leenaards
ROMÉO ET JULIETTE
DE WILLIAM SHAKESPEARE
Les personnages de Roméo et Juliette apparaissent pour la première fois dans une nouvelle
italienne de Luigi da Porta (1485-1529) qui reprenait un sujet déjà développé dans un récit du
Novellino de Masuccio de Salerne et traité ensuite par Matteo Bandello dans l’une de ses nouvelles.
Mais c’est la pièce de Shakespeare qui fit de Roméo et Juliette deux personnages universels.
LA PIÈCE
Roméo Montaigu et Juliette Capulet s’aiment d’un amour pur. Malheureusement, leurs deux
familles véronaises se vouent une haine aussi parfaite et immortelle que la passion qu’ils
éprouvent l’un pour l’autre. Dès le lendemain de leur rencontre à un bal masqué, ils demandent à
Frère Laurent de les marier secrètement, et l’ecclésiastique accepte.
Mais le cousin de Juliette, Tybalt, provoque Roméo en duel. Celui-ci refuse et se fait remplacer
par son ami Mercutio, qui payera la confrontation de sa vie. Roméo jure de le venger et après
avoir tué Tybalt, se voit banni de la ville. Le père de Juliette se résout alors à marier sa fille au
comte Paris. Juliette cherche refuge auprès de Frère Laurent, qui lui remet une potion lui
permettant de feindre la mort pendant quarante heures. Après avoir fait promettre à l’homme
d’église de prévenir Roméo du subterfuge, Juliette avale le breuvage.
Hélas, Roméo ne reçoit pas la nouvelle à temps et, fou de douleur, se rend au tombeau de sa
bien-aimée pour s’y donner la mort. Il y trouve Paris qu’il tue au terme d’un duel, avant d’avaler
lui-même un poison qui le tue dans l’instant. Juliette se réveille alors et, constatant la mort de
son jeune époux, saisit la dague de celui-ci et le rejoint dans l’autre monde.
L’AUTEUR
On considère habituellement William Shakespeare comme le plus grand dramaturge que le
monde ait connu. Aucune pièce d’aucun autre auteur n’a été autant jouée que les siennes, ni
traduites en autant de langues. L’une des raisons principales de la popularité de Shakespeare est
la variété de ses personnages, qu’il réussit toujours avec succès. Ivrognes et meurtriers, princes
et rois, imbéciles ineptes et bouffons de cour, généraux sages et nobles : chaque personnage fait
jaillir de façon éclatante la vie sur le plateau, et, bien qu’ils s’expriment en beaux vers ou dans
une prose poétique, ils rappellent aux spectateurs leurs propres personnalités, traits et défauts.
Shakespeare a aussi fait ses personnages très réalistes. Le dramaturge avait une connaissance
étonnante d’une large variété de sujets et ses personnages, bien développés, reflètent cette
connaissance : science militaire, grâces de la Cour, conduite d’un navire, histoire, religion,
musique...
À l’époque de Shakespeare, peu de biographies ont été écrites à son sujet. Aucun des hommes
littéraires de l’époque élisabéthaine ne l’a considéré comme assez important pour lui consacrer
un ouvrage. Le premier rassemblement de ses travaux, effectué en hommage à Shakespeare par
des membres de sa compagnie, n’a pas été publié avant 1623, soit sept ans après sa mort. Sa
première biographie a été écrite cent ans plus tard. En conséquence, de nombreux faits de la vie
de Shakespeare sont inconnus. On sait qu’il est né à Stratford-on-Avon en Angleterre, au début de
l’année 1564, car son baptême est enregistré le 26 avril de cette même année. Sa mère, Marie,
avait huit enfants, William étant le troisième. Son père, John Shakespeare, était un gantier assez
prospère, commerçant qui a possédé plusieurs maisons dans Stratford et a été élu maire de la
ville quand Shakespeare était enfant. Le jeune Shakespeare a probablement étudié à l’école
secondaire locale.
À 18 ans, il a épousé Anne Hathaway, qui avait 26 ans, le 28 novembre 1582. En 1583, Anne a
donné naissance à leur fille aînée, Susanna puis à des jumeaux, Hamnet et Judith, nés en 1585.
En 1592, la famille vivait à Londres, où Shakespeare était accaparé par ses occupations d’acteur
et d’écrivain. De 1592 à 1594, la peste a contraint la plupart des théâtres de Londres à fermer,
ainsi le dramaturge s’est-il tourné vers la poésie. Celles-ci ont été publiées, contrairement à ses
pièces, et sont devenues rapidement populaires. Elles ont contribué à sa réputation d’auteur. De
1594 à la fin de sa carrière, Shakespeare a appartenu à la même société théâtrale, connue
d’abord sous le nom d’Hommes de Lord Chamberlain et ensuite de Compagnie du Roi. On sait
qu’il était à la fois le « manager » et l’un des actionnaires de cette organisation, devenue la
compagnie de théâtre la plus prospère de Londres, et qu’il a rencontré autant le succès financier
que les acclamations critiques.
En 1596, il a acquis une propriété considérable à Londres et acheté une des plus belles maisons
de Stratford, en 1597. Une année plus tard, en 1598, il a acheté dix pour cent des parts du Théâtre
du Globe où ses pièces ont été produites. En 1608, lui et ses collègues ont aussi acheté le
Théâtre Blackfriars où il a commencé à réaliser des productions pendant l’hiver, retournant au
Globe pendant les mois d’été.
Partout, jusqu’à la fin de sa vie, Shakespeare a continué à acheter
des terres, des maisons et des affaires. Il demeurait sans cesse partagé entre le traitement de ses
affaires, le jeu d’acteur et l’écriture ou la collaboration sur les trente-sept titres qui lui sont
attribués.
Les années les plus productives de Shakespeare se situent entre 1594 et 1608, période dans
laquelle il a écrit toutes ses grandes tragédies, comme Macbeth, Hamlet, Othello, Le Roi Lear et
Roméo et Juliette. Pendant ces quatorze années, il a fourni à sa compagnie environ deux pièces
par an. Après 1608, il entre dans une phase de repos, ressemblant à une retraite, passant plus de
temps à Stratford et ne créant que cinq pièces en quinze ans.
Il meurt le 23 avril 1616. Il est enterré devant l’autel dans l’Église de Stratford, où son corps se
trouve toujours aujourd’hui. Chaque année beaucoup de visiteurs et d’étudiants en littérature
font le pèlerinage vers ce lieu saint pour honorer William Shakespeare.
LES ŒUVRES DE SHAKESPEARE
LES TRAGÉDIES
- Roméo et Juliette
- Macbeth
- Le Roi Lear
- Hamlet, prince de Danemark
- Othello ou le Maure de Venise
- Titus Andronicus
- Jules César
- Antoine et Cléopâtre
- Coriolan
- Troïlus et Cressida
- Timon d’Athènes
LES COMÉDIES
- Tout est bien qui finit bien
- Comme il vous plaira
- Le Songe d’une nuit d’été
- Beaucoup de bruit pour rien
- Mesure pour mesure
- La Mégère apprivoisée
- La Nuit des rois
- Le Marchand de Venise
- Les Joyeuses Commères de Windsor
- Peines d’amour perdues
- Les Deux Gentilshommes de Vérone
- La Comédie des erreurs
LES PIÈCES HISTORIQUES
- Richard III
- Richard II
- Henri VI 1ère partie, 2ème partie et 3ème partie
- Henri V
- Henri IV 1ère partie et 2ème partie
- Henri VIII
- Le Roi Jean
- Édouard III
- Sir Thomas More
LES ROMANCES TARDIVES
- Péricles, prince de Tyr
- Cymbeline
- Le Conte d’hiver
- La Tempête
- Les Deux Nobles Cousins
LES POÈMES
- Les Sonnets
- Vénus et Adonis
- Le Viol de Lucrèce
- Pilgrim le passionné
- Le Phénix et la Colombe
- La Complainte d’un amoureux
- Moi et toi jusqu’aux mortels
- Longs poèmes
OMAR PORRAS
ET LE JAPON
OMAR PORRAS
Né en Colombie, il se forme à la danse et au théâtre en Europe. En 1990, Il fonde à Genève, le
Teatro Malandro, centre de création, de formation et de recherche. Sa technique théâtrale, axée
sur le corps du comédien, la segmentation de ses mouvements dans l’espace et l’utilisation des
masques allie le geste chorégraphique à la musique et, ce faisant, s’inspire à la fois des traditions
occidentales et orientales.
Dans ses spectacles, Omar Porras explore des textes classiques avec Ubu Roi (Théâtre du Garage,
1991), Faust de Marlowe (Théâtre du Garage, en 1993), Othello de Shakespeare (Comédie de
Genève, en 1995), Les Bakkantes d’après Euripide (Forum de Meyrin, en 2000), Ay ! QuiXote
d’après Cervantès (Théâtre de Vidy-Lausanne, en 2001), Pedro et le commandeur de Lope de
Vega (Comédie-Française, en 2006) et Les Fourberies de Scapin (Théâtre de Carouge, en 2009),
mais aussi les textes modernes et contemporains avec La Visite de la vieille dame de Friedrich
Dürrenmatt (Théâtre du Garage, en 1993 pour une première version et au Forum de Meyrin, en
2004 pour une seconde version), Striptease de Slawomir Mrozek et Noces de sang de Garcia
Lorca (respectivement dans les Ateliers de Sécheron et à la Comédie de Genève, en 1997) ou
encore Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht (Théâtre Forum de Meyrin, en 2007).
En tant qu’acteur, il a joué dans plusieurs de ses créations comme sous la direction d’autres
metteurs en scène.
En 2006, Omar Porras aborde l’univers de l’opéra avec L’Elisir d’amore de Donizetti à l’Opéra
National de Lorraine ; Il Barbiere di Siviglia de Paisiello au Théâtre Royal de la Monnaie puis à
Lausanne en 2007. Cette même année, il met en scène Die Zauberflöte au Grand Théâtre de
Genève et en 2009 La Périchole à l’Opéra de Lausanne. En parallèle, Omar Porras organise et
dirige de nombreux ateliers pour comédiens et danseurs, notamment dans les Ateliers de Paris
avec Carolyn Carlson, au Théâtre du Grand T à Nantes et au SPAC à Shizuoka au Japon.
Sa Visite de la vieille dame de Friedrich Dürenmatt a été récompensée par le Prix romand des
spectacles indépendants en 1994 et Pedro et le commandeur a été doublement nominé aux
Molières 2007 - pour la mise en scène et l’adaptation. Enfin, la Colombie lui a décerné l’Ordre
National du Mérite en 2007 ainsi que la Médaille du Mérite Culturel en 2008. Il vient par ailleurs
de célébrer les vingt ans de sa Compagnie, le Teatro Malandro, avec Bolivar : fragments d’un rêve
(Châteauvallon, 2010), et a également signé au Japon, en janvier 2011, une reprise de El Don
Juan de Tirso de Molina avec la troupe du SPAC (Shizuoka Performing Art Center).
Pour la saison 2011-2012, il créé L’Éveil du printemps de Franck Wedekind (présentée au Théâtre
71) et présente au Centre Culturel Suisse de Paris Les Cabots, une pièce chorégraphique menée
avec Guilherme Bothelo.
LES CRÉATIONS D’OMAR PORRAS
1991
Ubu Roi d’Alfred Jarry
1992
La Tragique Histoire du Docteur Faust de Christopher Marlowe
1993 Ubu Roi d’Alfred Jarry (reprise et tournée)
1994 La Visite de la vieille Dame de Friedrich Dürrenmatt - Prix Romand des Spectacles Indépendants
1995 Othello de Willliam Shakespeare
1997 Strip-tease de Slawomir Mrozek
1997-1998 Noces de sang de Federico Garcia-Lorca
2000-2001 Bakkhantes d’après Euripide
2001-2002 Ay ! QuiXote d’après Miguel Cervantès Saavedra
2003-2004 L’Histoire du Soldat de C.F. Ramuz
2004 La Visite de la vieille Dame de Friedrich Dürrenmatt (reprise)
2004 Don Perlimplin de Federico Garcia Lorca
2005 El Don Juan d’après Tirso de Molina
2006 L’Elixir d’amour de Gaetano Donizetti
2006 Le Barbier de Séville de Giovanni Paisiello
2006 Pedro et le commandeur de Felix Lope de Vega
2007-2008 Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht
2007 La Flûte Enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart
2008 La Périchole de Jacques Offenbach
2009-2011 Les Fourberies de Scapin d’après Molière
2010-2011 Bolivar : fragments d’un rêve d’après William Ospina
2011 La Grande Duchesse de Gérolstein de Jacques Offenbach
2011-2012 L’Éveil du printemps d’après Frank Wedekind
2012-2013 Les Cabots de Guilherme Botelho et Omar Porras
2012 Roméo et Juliette de William Shakespeare
2013 La Dame de la Mer d’après Henrik Ibsen
UNE DÉMARCHE SINGULIÈRE
Les spectacles d’Omar Porras regorgent d’une énergie qui galvanise et euphorise. Cette énergie
est produite par les acteurs eux-mêmes, métamorphosés en créatures inventives, humaines et
plus qu’humaines, qui rapportent des événements simples, drôles ou tragiques, rendus
extraordinaires et ultra théâtralisés par le truchement du masque et du geste.
La démarche d’Omar Porras est basée sur le mouvement du corps et sa projection dans l’espace.
Il s’inspire à la fois de la tradition occidentale (la biomécanique) et orientale (les théâtres
balinais, indien et japonais).
Comme l’athlète, l’acteur doit entraîner son corps et en étudier la plastique grâce à une large
palette d’exercices. Des exercices qui visent à une meilleure connaissance des mécanismes et
des capacités de récupération de l’organisme humain.
S’il est fondé sur le mouvement, le théâtre d’Omar Porras n’en néglige pas pour autant la parole.
Le texte a même, en tant que matière première, une place privilégiée dans sa recherche. L’œuvre
sélectionnée, libérée de tout carcan littéraire, est d’abord soumise à l’improvisation des
comédiens pour mieux explorer ses potentialités théâtrales.
Tout au long de cette longue phase préparatoire, la mise en scène et l’adaptation subissent des
modifications plus ou moins radicales, en fonction du travail effectué sur le plateau ; et ce,
jusqu‘aux dernières répétitions, parfois jusqu’à la générale et même au-delà. Le texte ainsi obtenu
entre en totale symbiose avec la création théâtrale dont il résulte et il ne peut plus en être
dissocié, désacralisant la lettre pour mieux jurer fidélité à l’acte théâtrale.
Les acteurs jouent un rôle capital aux yeux d’Omar Porras : utilisés librement et selon les besoins
du projet artistique (parfois masqués, parfois travestis) ils participent intimement à la création
dramatique des personnages.
Le metteur en scène possède donc une démarche bien particulière car il place au centre de sa
recherche créative les artisans du spectacle et leur inventivité. L’adaptation du texte, la mise en
scène, la scénographie, la conception des costumes et des lumières, la musique, l’interprétation,
sont conçus directement, organiquement sur les planches.
Une telle démarche n’est possible que si tous les artisans du spectacles mettent réellement leurs
compétences en commun : qu’ils soient comédiens, techniciens ou musiciens, ils assistent en
principe à toutes les répétitions, dans la mesure ou chacun peut apporter une contribution
parfois décisive au spectacle qui est en train de se construire.
Comme Omar Porras aime le rappeler, le travail de compagnie se fait en compagnie.
LE TEATRO MALANDRO ET LE JAPON,
LA RENCONTRE DE DEUX TROUPES
C’est en 1999 que le Teatro Malandro est invité pour la première fois au Japon afin de représenter
la Suisse aux Olympiades de Shizuoka. La mise en scène de Noces de Sang de Federico Garcia
Lorca créée à la Comédie de Genève séduit le maître Tadashi Suzuki. S’en suivra avec le même
spectacle une tournée à Numazu, Hamakita, Oyama. Dès lors naît une curiosité artistique entre
les deux troupes, celle du SPAC fondée par Tadashi Suzuki à Toga et celle du Teatro Malandro
fondée en 1990 par Omar Porras à Genève.
Dès 1999 les rencontres se multiplient, le Malandro est régulièrement invité au SPAC, au Festival
de Shizuoka qui sera dirigé quelques années plus tard par Satoshi Miyagi. Les deux troupes se
rencontrent artistiquement, chacune attirée par la méthode de l’autre, dans ses points communs
comme dans ses diversités.
En 2009, Omar Porras est invité par le SPAC à re-créer le El Don Juan du Teatro Malandro avec
des comédiens du SPAC, en japonais. Ce spectacle, créé en 2005 au Théâtre de la Ville à Paris,
avait connu un grand succès en Europe, en Amérique et en Asie, avant de connaître sa version
japonaise.
Un point important et récent de la relation entre les deux troupes est la nouvelle adaptation de
Bolivar fragments d’un rêve qui devient Solo Bolivar à Shizuoka. Suite aux tragiques événements
liés au séisme du 11 mars 2011, de nombreux invités étrangers annulent leur participation au
festival de Shizuoka 2011. Omar Porras décide lui – même si plusieurs comédiens renoncent à ce
voyage – de partir avec trois autres membres du Malandro afin de présenter un nouveau
spectacle sur la base de celui qui était programmé. Solo Bolivar, joué par quatres comédiens
japonais et Omar Porras, rencontrera un merveilleux accueil du public japonais. En espagnol et
japonais, chacun racontant son histoire et la même histoire, celle d’il y a 200 ans en Amérique
latine, celle d’aujourd’hui, d’ici, ou encore celle de Fukushima
(voir reportage de Georges Baumgartner, TSR juillet 2011).
ROMÉO ET JULIETTE,
UNE CRÉATION AU PAYS DU SOLEIL LEVANT
Dans Roméo et Juliette, Shakespeare nous met face l’histoire d’une haine sans trêve entre deux
familles ou deux clans, les Capulet et les Montaigu, qui se transmet d’une génération à l’autre
sans que personne n’en connaisse plus les fondements, selon un processus qui n’est pas sans
rappeler celui de guerres civiles qui nous sont contemporaines. Une haine qui aura pour seul
pendant l’amour passionné de deux jeunes gens de clans adverses, Roméo et Juliette,
encouragés par Frère Laurent, figure hypostasiée du Franciscain, travaillant à la paix et au salut
de tous.
Du point de vue scénographique, pour rendre compte de ce drame familial à grande échelle,
Omar Porras cherche à faire se rapprocher deux civilisations - la vieille Europe et L’Empire du
soleil levant -, soit deux visions du monde – celle de la scène élisabéthaine ou du tréteau de la
Commedia dell’arte et celle de l’estampe ou du paravent (biobu). Le plateau devient un ring où
s’exacerbent les tensions, les désirs, les violences ; un lieu de danger où se jointoient une
passerelle, des hauteurs et des éléments naturels. Ce faisant les personnages de la tragédie
évoluent dans un Ukijo-e autrement dit dans « l’image du monde flottant » – un aperçu de ce
monde où les hommes ne font que passer et où se concentrent les passions humaines.
Plus globalement, la pièce est transposée dans un Japon ancestral, à une époque qui aurait pu
voir coexister deux clans habités par une haine féroce, comme celui des Capulet et celui des
Montaigu – qui connaît un degré supérieur de complexité avec la présence en filigrane du colon
qui cherche à asseoir sa domination, insidieusement, sur les deux premiers. C’est dans ce
contexte, somme toute doublement belliqueux et irrationnel, que germe le miracle de l’amour
entre Roméo et Juliette.
Mais au-delà de ce rapprochement historique, pourquoi, fondamentalement, le Teatro Malandro
a-t-il choisi de réaliser cette mise en scène de Roméo et Juliette précisément au Japon ? Sans
doute la réponse à cette question est-elle avant tout dans la passion d’Omar Porras pour le
théâtre oriental, pour ses techniques, ses codifications et sa dimension rituelle. Travailler avec les
comédiens du SPAC implique une confrontation d’approches du théâtre différentes non sans
points de rapprochement possibles. Omar Porras a en effet versé dans le corps des comédiens
japonais et européens qu’il a rassemblé pour cette nouvelle création, les éléments de sa culture,
qui est hybride, nourrie du Wayang Topeng, marquée par le travail de Grotowski, de Mnouchkine,
de Barba, inspirée de sa relation à la danse... Toutes ces formes font un bagage avec lequel il
travaille, car il a le désir de retourner aux sources du théâtre, là où se trouvent le mythe, mais
aussi les formes les plus ancestrales de la représentation, sans occulter les ajustements possibles
et nécessaires des références traditionnelles à un contexte contemporain. Aussi Roméo et
Juliette est-elle placée au croisement des cultures, mais aussi des époques, par cette nouvelle
occasion de créer un creuset d’expériences qui permettent les confrontations de cultures et de
traditions théâtrales différentes, des réappropriations et des métamorphoses du patrimoine de
chacun (notamment mythologiques, scénographiques et musicales) jusqu’à ne créer qu’une
seule famille, dans une démarche de rapprochement des êtres et des cultures théâtrales.
LES COMÉDIENS
ADRIEN GYGAX
UN VALET DES CAPULET / FRÈRE JEAN / UNE INVITÉE
Adrien Gygax passe quatre ans à Paris où il se forme aux arts de la scène à l’Académie
Internationale de Comédie Musicale, ainsi qu’à l’école de théâtre Philippe Gaulier. De retour en
Suisse, il participe à la création de Et si on allait à l’opéra ? pour lequel il écrit les paroles des
chansons. Il est également un des membres fondateurs de la compagnie The Last Baguette qui
crée son premier spectacle, Shake !!! William Speare, en octobre 2010. Il s’essaye également au
cinéma (En souvenir du monde, de Frédéric Pajak) et il enseigne le chant au sein de l’école
Évaprod à La Chaux-de-Fonds..
LOUIS FORTIER PÂRIS / UN VALET
Après des débuts au Théâtre de l’Université de Montréal, Louis Fortier se rend à Sarajevo, en
Bosnie-Herzégovine, pour y rencontrer les artisans de la résistance artistique. Cette expérience
bouleversante, vécue dans l’immédiate après-guerre, est déterminante pour la suite de son
parcours. Il se lie d’amitié avec Dino Mustafic, metteur en scène engagé, et est élève de
Mustapha Nadarovic, à l’Académie de Théâtre de Sarajevo.
Il s’établit ensuite à Paris, où il étudie sous la direction de Jacques Lecoq, puis devient, de 1999 à
2003, assistant de Mario Gonzalez au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. De 2007
à 2008, il est acteur au Teatro Malandro, dans Maître Puntila et son valet Matti de Bertold Brecht,
en tournée internationale. Par ailleurs, Louis Fortier signe plusieurs mises en scène, notamment
Le Train pour Séoul dont il assure également le rôle principal, Notre Hamlet d’après Shakespeare,
joué au Canada en 2006 et 2008, ainsi que l’opéra Le Château d’après Kafka, en tournée en France
et en Europe de l’Est, en 2010. Depuis 2001, il dirige plusieurs stages de « Chœur tragique, clown
et jeu masqué », en lien avec Shakespeare et la tragédie contemporaine, en Angleterre, en
Bosnie, au Canada, en France, en Italie et en Corée du Sud.
TSUYOSHI KIJIMA CAPULET / FOOJY
Il commence le théâtre après cinq années d’études en sciences économiques et politiques en
travaillant avec l’Acting Compagny Mito (ACM) de 1992 à 1996 puis commence sa collaboration
avec le SPAC dès sa fondation en 1997 sous la direction de Tabashi Suzuki, il a notamment joué
dans le Roi Lear, Œdipe Roi, Ivanov, Cyrano de Bergerac, La Traviata, avec Satoshi Miyagi, dans
Electre, Roméo et Juliette, Maestro et Peer Gynt avec Kazuki Harada, The tale of Genji et Don
Quichotte avec Tomohiko Imai, Ouar Town. Ce Roméo et Juliette marque sa troisième
collaboration avec Omar Porras, après El Dom Juan et Solo Bolivar.
MICARI JULIETTE
Micari s’est formée aux techniques traditionnelles du nô et du kabuki, mais a aussi été initiée au
Kathakali (forme de théâtre dansé originaire de l’État du Kerala dans le Sud de l’Inde) et à la
danse contemporaine. Jusqu’en 2007 où elle intègre l’équipe du SPAC, elle a fait partie de la Ku
na’uka Theatre Compagny de Satoshi Miyagi. Là, sous la direction de ce dernier, elle joue dans
Médée, Mahbharata, Othello, et Tristan et Iseult. Elle rencontre pour la première fois Omar Porras
à l’occasion de ce travail pour Roméo et Juliette.
YONEJI OUCHI
LADY CAPULET / UN APOTHICAIRE / UN VALET
En 1999 Yoneji Ouchi rejoint la Ku Na’uka Theatre Compagny. En 2007, Il intègre le SPAC où il
joue, sous la direction de Stoshi Miyagi, Demon Lake (Yasha ga ike), Peer gynt, Grimm’s fairy
Tales – The Girls Without Hands sous la direction de tabashi Suzuki, Geeting from the Edge of the
Earth sous celle de Kazuki Harada, Don Quichotte sous celle de Masahiro Yasuda, Run, Moeros !
En France il a également joué sous la direction de Frédéric Fisbach.
MORIMASA TAKEISHI LA NOURRICE / LE VALET
Sous la direction de satoshi Miyagi, il joue Créon dans Œdipe, Hamlet et Peer Gynt dans les deux
pièces éponymes. Ce Roméo et Juliette est sa première expérience de travail avec Omar Porras.
MOMOYO TATENO BENVOLIO / UN VALET
Après une carrière dans l’Acting Company Mito (ACM) qui débute en 1992, Momoyo Tateno est
entrée au SPAC en 1999. Elle a ainsi joué sous la direction de nombreux metteurs en scène dont
Hirohisa Hasegawa (dans Sanshoudayu, Akou Roshi, John Silver) mais aussi de Tadashi Suzuki
(pour Dionysus, Ivanov, Électre, Le Roi Lear, Cyrano de Bergerac…) et de Satoshi Miyagi
(notamment pour Demmon Lake, Mahabharata et Peer Gynt). Avec Omar Porras, elle a travaillé à
la reprise d’El Don Juan.
MIYURI YAMAMOTO ROMÉO
Après des études à l’Université de Tohogakuen dans les arts du spectacle, elle rejoint l’équipe du
SPAC à 21 ans avec la reprise de Mahabharata en 2012, juste avant de travailler sur cette création
de Roméo et Juliette sous la direction d’Omar Porras.
RYO YOSHIMI MERCUTIO / BALTAZAR / UN VALET
Pendant ses études, Ryo Yoshimi fonde la compagnie théâtrale de l’université de Shizuaka, puis
participe à l’aventure de Cinderella en 2003 et devient membre du SPAC. Après avoir travaillé
sous la houlette Kazuki Harada pour Don Quichotte, de Tomohiko Imai pour Our Town, de
Tadashi Suzuki pour Le Roi Lear, Cyrano de Bergerac et Électre, il participe aux créations de
Dammon Lake et de Peer Gynt sous la direction de Satoshi Miyagi. Avec Omar Porras, il avait
auparavant joué le personnage de Don Octavio dans El Don Juan.
TAKAHIKO WATANABE TYBALT / MONTAGUE / UN VALET
Après des débuts dans la Engerisya Toro Compagny, il a beaucoup joué au théâtre, au cinéma et
dans des chorégraphies (notamment du butô). En 2009, il reçoit le prix du meilleur acteur au
festival de Toga. Pour le SPAC, il a joué sous la direction de Satoshi Miyagi dans Peer Gynt, Le
Songe d’une nuit d’été, Grimm’s Fairy Tales – The true Bride. Il a travaillé également avec Syudi
Onodera pour Œdipe Roi et pour Omar Porras sur Solo Bolivar, avant de retrouver le metteur en
scène pour cette expérience de Roméo et Juliette.
PIERRE-YVES LE LOUARN
FRÈRE LAURENT / UN VALET / UN INVITÉ
Pierre-Yves Le Louarn est comédien et auteur de théâtre. Mêlant des études théâtrales
universitaires avec une pratique intense de la scène (théâtre et cirque), il est remarqué en 1999
pour son rôle dans Ultime chant de Troie, un spectacle écrit et mis en scène par Simon Abkarian
d’après Euripide et Sénéque. En 2001, il joue dans La Nuit des Rois de Shakespeare mis en scène
par Christophe Rauck. En 2003, on le retrouve aux cotés de Romane Bohringer dans La Bonne
âme de Setchouan de Brecht mis en scène par Irina Brook au Théâtre National de Chaillot. De
2003 à 2007, il joue sous la direction d’Omar Porras dans El Don Juan et Maître Puntilla et son
valet Matti, présenté en tournée internationale et au Théâtre de la Ville à Paris. Il fait aussi du
cinéma en jouant dans Les Palmes de Monsieur Schultz de Claude Pinoteau et dans de
nombreux court-métrage, dont La Vie matérielle, rôle pour lequel il obtient un prix
d’interprétation masculine.
LE THÉÂTRE
TRADITIONNEL JAPONAIS
On appelle traditionnel ou classique le théâtre antérieur à l’ouverture du Japon aux influences
occidentales.
Depuis le 7e siècle plusieurs formes de spectacle ont existé associant des représentations et des
chorégraphies, en rapport étroit avec les deux grandes religions, le shintoïsme et le bouddhisme:
- Le kagura « divertissement des dieux », donné par des artistes-officiants en état de transe, peut
être considéré comme le plus ancien théâtre spécifiquement japonais. Son origine est
essentiellement religieuse.
- Le gigaku (7e siècle) est une parade grotesque dont 223 masques demeurent conservés dans
les monastères.
- Le bugaku (8e siècle) est une danse de cour à la majestueuse lenteur que l’on interprète au son
d’étranges instruments. Cela traduit l’importance de l’apport continental dans la constitution de
la culture japonaise ancienne.
Le nô, le théâtre de poupée (connu sous le nom de bunraku) et le kabuki (théâtre d’acteurs) sont
les trois genres théâtraux japonais les plus célèbres aujourd’hui.
LE THÉÂTRE NÔ
Le théâtre nô est un style traditionnel de théâtre japonais venant d’une conception religieuse et
aristocratique de la vie. Le nô allie des chroniques en vers à des passages dansés. Les comédiens
arborent des costumes somptueux et des masques spécifiques.
Le théâtre nô est composé de drames lyriques du 14e et 15e siècle, au jeu dépouillé et codifié.
Ses acteurs sont accompagnés par un petit orchestre et un chœur. Leur gestuelle est stylisée
autant que la parole qui semble chantée.
Le nô n’est pas un art « spectaculaire », tout y est « retenu ». En comprendre la profondeur et le
raffinement nécessite une approche attentive surtout de la part du spectateur occidental.
L’essentiel est de se mettre en état d’écoute, voir, sentir et ouvrir son cœur. Le nô est né au
Moyen-Age de l’union harmonieuse de la danse, de la musique, de l’écriture, des arts du masque
et du costume qui ont, ensemble, atteint leur plus sublime expression. Mais c’est sa structure
rigoureuse établie à partir de lois et de codes, respectés et transmis par des lignées d’acteurs, qui
lui a permis de parvenir jusqu’à nos jours sous sa forme d’origine : l’acteur ne répète pas, l’acteur
ne se répète pas, « faire » un nô doit toujours être unique. Nous sommes, chacun, l’hôte des
maîtres qui, à chaque représentation, transmettent un héritage précieux et assument la lourde
tâche d’être à la hauteur de leurs ancêtres. Le spectacle advient par l’intermédiaire d’un médium
qui, au premier son de la flûte, nous associe à l’appel des âmes. Dans une tension de plus en plus
intense, on assistera avec lui à l’apparition des revenants, princesses et guerriers mythiques,
dieux, démons et fantômes errants. Ils vont apparaître avec les mêmes masques et dans les
mêmes costumes qu’autrefois, chefs-d’œuvre transmis et portés de génération en génération,
objets infiniment précieux et irremplaçables, maîtres et gardiens du théâtre qu’ils font vivre
depuis des siècles. Assister à un nô c’est être transporté, en un instant, plusieurs siècles en arrière
au cœur d’une autre culture. Pour vivre les mêmes émotions que les spectateurs de jadis, il faut
savoir abandonner ses habitudes.
LE BUNRAKU
Le bunraku est un type de théâtre japonais où les personnages sont représentés par des
marionnettes de grande taille, manipulées à vue.
Cette tradition théâtrale est originaire de la région d’Osaka. Le bunraku est interprété par un seul
récitant qui chante tous les rôles et trois manipulateurs pour chaque marionnette. Les
marionnettistes sont visibles par le public et utilisent soit la gestuelle furi qui est plutôt réaliste,
soit la gestuelle Kata, empreinte de stylisation, selon l’émotion recherchée.
Les manipulateurs respectent une hiérarchie réglée en fonction de leur degré de connaissance
dans l’art du bunraku. Ainsi le plus expérimenté (au moins vingt ans de métier) manipule la tête
et le bras droit, le second le bras gauche et le dernier (le novice) les pieds. Pour pouvoir être
manipulée, la marionnette possède ce qu’on appelle des contrôles ou baguettes sur ces
différentes parties.
« La marionnette, c’est le masque intégral et animé, non plus le visage seulement, mais les
membres et tout le corps. Les japonais n’ont pas essayé de la faire marcher, c’est impossible, elle
n’a pas de rapport avec la terre, elle est fixée comme sur une tige invisible, et elle tire la langue
de tous côtés.» Paul Claudel
LE KABUKI
Le kabuki est la forme épique du théâtre japonais traditionnel. Centré sur un jeu d’acteur à la fois
spectaculaire et codifié, il se distingue par le maquillage élaboré des acteurs et l’abondance de
dispositifs scéniques destinés à souligner les paroxysmes et les retournements de la pièce. Les
trois idéogrammes du mot signifient : chant, danse et habileté technique. Il s’agit
vraisemblablement d’ateji (caractères utilisés pour leur seule valeur phonétique), et il semble
qu’il s’agisse de la forme ancienne du verbe katamuku, à l’époque kabuki, désignant ce qui était
peu orthodoxe, en référence à une forme de théâtre considérée à l’époque comme avantgardiste.
LA PRESSE EN PARLE
OMAR PORRAS, L’AMOUR FANTÔME AU JAPON
L’artiste colombien monte pour la première fois un Roméo et Juliette en japonais. Reportage
dans son sillage au pays du thé vert.
« Depuis vingt ans, Omar Porras fait crépiter le ciel romand avec son théâtre farceur et
flamboyant. Le Teatro Malandro, ce fut, à ses débuts, la pluie de billets de banque dans La visite
de la veille dame, satire mordante de Dürrenmatt sur la cupidité et premier succès de la troupe
genevoise. Il y eut, ensuite les affrontements martelés au sol de Noces de sang, tragédie
villageoise signée Lorca. Les combats à l’épée phosphorescente dans Ay ! QuiXote, le juke-box
vivant dans Les Fourberies de Scapin ou encore le ballet d’ombres et de tourbe pour dire le
tourment adolescent dans le récent et magnifique Éveil du printemps. Le Teatro Malandro c’est,
toujours, le travail collectif sans distribution de rôles préalable, des hommes qui jouent des
femmes et inversement, un visuel fort, la virtuosité de l’habillage sonore. Chaque fois, une fête
des sens, une explosion en toute abnégation.
Rien à voir donc avec le Japon, île-nation qui cultive l’art de l’effacement et de la discrétion. Et
pourtant, depuis 1999, Omar Porras vit une relation privilégiée avec ce pays qui avance masqué.
L’artiste colombien vient même d’y créer un Roméo et Juliette où trois quarts des comédiens
sont japonais. Alors, zen, Omar-san ? Inspiré, en tout cas. Porté par cette philosophie qui place le
« nous » avant le « je » et œuvre à la réussite collective en toute abnégation. »…
Marie-Pierre Genecand, 11 décembre 2012, Le Temps
RESSOURCES
- Le Théâtre et son double, Antonin Artaud, Editions Gallimard, Paris, 1938
- Dictionnaire encyclopédique du Théâtre, Michel Corvin, Editions Bordas, Paris, 1995
- L’avant-scène théâtre, William Shakespeare / Omar Porras – Roméo et Juliette, 1er mars 2013
- Site internet de la compagnie Teatro Malandro www.malandro.ch
- Site internet Théâtre du soleil www.theatre-du-soleil.fr/thsol/
ÉCLAIRAGES AUTOUR
DE ROMÉO ET JULIETTE
Notre théâtre et notre saison se construisent autour de spectacles qui questionnent le monde
d’aujourd’hui et interrogent l’humain. Ce théâtre que nous voulons engagé et sensible va au-delà
des seules représentations ; c’est aussi un lieu vivant, bruissant d’échanges et de réflexions, en
résonance avec d’autres formes d’arts et de pensées. Nous vous proposons ainsi de nombreux
rendez-vous : les “Éclairages” où ateliers, rencontres, promenades, expositions et films font écho
aux spectacles de la saison. Les Éclairages sont autant d’opportunités pour prendre le temps de
débattre, d’approfondir ses connaissances, de se divertir ou de poser un regard nouveau sur un
auteur, une œuvre, une pratique artistique, une culture. ils sont imaginés au foyer-bar, au cinéma
mais aussi hors les murs en collaboration avec de nombreux partenaires.
› les Éclairages étant établis longtemps à l’avance, ils sont susceptibles d’évoluer en cours
de saison, retrouvez tous les détails des Éclairages sur www.theatre71.com.
ÉCLAIRAGE › RENCONTRE
ROMÉO ET JULIETTE, UNE ADAPTATION THÉÂTRALE QUI ALLIE MODERNITÉ ET TRADITION
› sam 12 oct, 17h au foyer-bar du théâtre entrée libre sur réservation
S’attaquer au mythe de Roméo et Juliette est une vraie preuve d’audace, tant cette pièce semble
avoir livré tous ses secrets et vécu nombre d’adaptations théâtrales et cinématographiques au
cours des siècles. Omar Porras s’est livré à l’exercice dans une version inédite et surprenante
dont on ressort plein d’enthousiasme. Jean-Pierre Han, journaliste et rédacteur en chef des
Lettres Françaises – directeur de la revue Frictions, l’entretient sur l’aventure de cette entreprise
créée à Shizuoka pour une distribution franco-japonaise. Une rencontre, ponctuée d’extraits de
différents Roméo et Juliette lus par François Leclère, pour questionner l’art d’adapter l’œuvre
dramatique la plus connue au monde.
ÉCLAIRAGE › PROMENADE
KANAZAWA – AUX SOURCES D’UNE AUTRE CULTURE DE SAMOURAÏS
› sam 19 oct, 17h30 à la Maison de la culture du Japon de Paris,
La passion d’Omar Porras pour le théâtre oriental, pour ses techniques, ses codifications et sa
dimension rituelle l’a conduit à créer Roméo et Juliette au pays du soleil levant. La Maison de la
culture du Japon propose une visite guidée de l’exposition Kanazawa… pour prolonger
l’immersion dans la culture nippone et découvrir ce haut lieu historique qui borde la mer du
Japon au patrimoine culturel exceptionnel, réputé pour son artisanat d’art, du théâtre nô avec
masques et costumes, à la calligraphie ou à la cérémonie du thé.
› 101 bis quai Branly, Paris 15e, Mº Bir-Hakeim | 8€ sur réservation au Théâtre 71
ÉCLAIRAGE > CINÉMA
LE CHATEAU DE L’ARAIGNEE D’AKIRA KUROZAWA
› lun 10 fév, 20h au cinéma Marcel Pagnol
Considéré comme le chef-d’œuvre du réalisateur Akira Kurosawa, Le Château de l’araignée est
une libre transposition de Macbeth dans le style du nô. Le cinéaste japonais le plus célèbre et le
plus influent de l’histoire du cinéma filme l’ascension soudaine d’un homme, Washizu qui, à la
manière de Macbeth, s’écroulera, victime d’un destin qui a fait de lui une marionnette. Un
tragique tout à fait shakespearien qui fait écho à la fascinante fusion des cultures du Roméo et
Juliette franco-nippon d’Omar Porras et apporte une autre représentation des passions et de la
folie du pouvoir du Macbeth d’Anne-Laure Liégeois. À l’issue de la projection, les deux metteurs
en scène échangent avec le public.
Avec Toshiro Mifune, Isuzu Yamada et Takashi Shimura | 1957 | durée 1h45 | V.O.
› cinéma Marcel Pagnol, 17 rue Béranger 92240 Malakoff
› 5,10 € tarif non adhérent et 4,10 € tarif adhérent
ACCÈS
La salle du théâtre est accessible aux personnes à mobilité réduite. Pour mieux vous accueillir
et faciliter votre placement, pensez à réserver 48h au plus tard avant la date choisie et à vous
signaler à l’accueil lors de votre venue.
métro 10 min de Montparnasse, ligne 13 station Malakoff-Plateau de Vanves
(à 3 min à pied du théâtre)
bus 126 de la Porte d’Orléans – arrêt Gabriel Péri-André Coin
bus 191 de la Porte de Vanves – Gabriel Péri-André Coin
vélib à la sortie du métro Malakoff-Plateau de Vanves - face au théâtre rue Jean Jaurès
voiture périphérique porte Brancion puis direction Malakoff centre ville
parking VINCI rue Gabriel Crié, entre le théâtre et la Poste
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Ouvert avant et après les représentations, on peut y boire un verre et y déguster tartines, petits
plats et desserts aux saveurs inspirées et cuisinés maison. Un endroit convivial où retrouver ses
amis, les équipes artistiques et l’équipe du théâtre, assister aux brunchs, aux Jazzamalak !, à
certains éclairages autour des spectacles et aux goûters ludiques MIAM ! Miam ! des dimanches
de représentations jeune public
› si vous êtes nombreux, n’hésitez pas à réserver – Émilie Baboz 06 09 59 83 04
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