Le travail de nuit appréhendé par l`analyse

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Le travail de nuit appréhendé par l`analyse
Le travail de nuit appréhendé par l’analyse
documentaire
Préambule
D’un point de vue général, le travail de nuit, en tant que tel, ne fait pas l’objet de
recherches ou de communications, spécifiques et continues, tant au niveau français
qu’européen.
Les investigations auprès de différentes structures, dont les travaux concernent les
conditions de travail, la sécurité au travail, la santé au travail se sont avérées
infructueuses, que ce soit :
•
par interpellation directe d’intervenants (ANACT, INRS, Laboratoires de
recherche CNAM, Paris V)
•
ou par des recherches sur le Net (acteurs identiques, Conseil économique et
social, CNRS, Fondation européenne pour l’amélioration pour l’amélioration
des conditions de vie et de travail, Agence européenne pour la sécurité et la
santé au travail de Bilbao…).
Il existe néanmoins quelques communications qui permettent de s’approcher du
thème, notamment à partir des travaux de recherche qui se développent récemment
sur la question des troubles du sommeil et du sommeil lui-même.
Ainsi, c’est par occurrences successives que la problématique du travail de
nuit a été appréhendée.
Nous avons donc croisé l’objet de l’étude avec :
• les thèmes de la fatigue,
• de l’organisation du travail,
• de la réduction du temps de travail,
• du stress au travail,
• du sommeil,
• de la chronobiologie.
Enfin, il faut souligner que les principaux travaux concernant des salariés ont été
réalisés par des équipes canadiennes et plus précisément l’Institut de recherche
Robert Sauvé en santé et sécurité au travail du Québec et la Société Canadienne du
Sommeil.
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Principales sources utilisées dans ce document, auxquelles le lecteur peut se
référer :
Entrée par la réduction du temps de travail et l’organisation du travail
- Organisation temporelle atypique du travail et gestion des risques
professionnels- Claudie Rousseau - INRS 2006
- La réduction du temps de travail vue par les salariés hospitaliers en 2003
(Enquête conditions et organisation du travail dans les établissements de santé
4977 personnes interrogées (salariés et médecins libéraux) dont 2842 sur la RTT
DRESS- Etudes et résultats- n°469-mars 2006
- Les conditions de travail des salariés après la réduction de leur temps de
travail- Dares- Premières synthèses- février 2006
- Impact de diverses modalités organisationnelles du travail posté sur le sommeil,
les comportements alimentaires, la vie sociale et familiale : le cas du personnel
hospitalier français. Gérard Vallery et Caroline Hervet- Labo ECCHATUniversité de Picardie Pistes-vol n°7 février 2005
- Organisation du travail et nouveaux risques pour la santé des salariés
(extrait) - Rapport au Conseil Economique et social- Elyane Bassot- 2004
- Le paradoxe infirmier- Anne Véga- revue sciences humaines –n0 114- mars
2001
- Travail posté et travail de nuit. XIVème symposium- notes de congrès
dossiers INRS- 1999
- La réduction des horaires dans le travail continu (Pepin et Tonneau) Ecole des Mines de Paris- 1979
Entrée par la santé
- Travail de nuit et retentissement sur la santé – Eric Mullens revue Soins
gérontologie -n°58- mars avril 2006
- Stratégies pour travailleurs de nuit- Société canadienne du sommeil- Marie
Dumont- 2004
- La santé au risque du travail – Thomas Coutrot - revue Travail et emploi –n°
96 – octobre 2003- Le sommeil, les rêves et l’éveil- - Challamel M.J., Thirion M.- Contribution
Congrès Jouvet 2003- Lyon
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Sites Internet consultés
- svs81.org
- Association Sommeil et santé
- infirmiers @.com (APM)
- e-sante.fr
- sommeil-mg.net
- irsst.qc.ca
- site de la Fédération Française de la santé au travail
- essentielsante.net
- institut-sommeil-vigilance.org
1- Les principaux enseignements à retenir :
1.1 S’il est admis que le travail posté (jour, nuit, WE) est générateur de plus de
nuisances et pose plus de problèmes en matière d’organisation, le rapport
avantages/inconvénients est fortement dépendant de facteurs propres à
chaque individu.
D’un individu à l’autre les contraintes dues à l’organisation du travail posté ne sont
pas vécues de la même manière.
Il est généralement admis, par tous, que ces contraintes sont ressenties comme des
nuisances, mais leur impact dépend de l’âge, de l’ancienneté, de la situation de
famille, du climat, de la saison, de la région et de l’environnement de la personne ou
du groupe social concerné (semi)ruraux, travailleurs immigrés par exemple).
Mais surtout, les équivalences implicites que certains consentent entre avantages et
inconvénients n’ont aucune raison d’être uniformes.
Certes les médecins peuvent recommander telle ou telle forme d’organisation
comme moins nocive pour la santé, mais le consensus est difficile à obtenir dans la
mesure où toute modification de ces souhaits risquerait d’entraîner une révision du
système dans sa totalité.
Ainsi il convient d’être attentif, quand on s’intéresse à l’impact des modalités
organisationnelles du travail sur le sommeil et le cadre de vie, au fait :
•
que les personnes qui choisissent le travail posté sont celles qui y résistent le
mieux. Les autres en effet demandent de passer en travail de jour.
•
que la préférence exprimée pour certaines organisations d’horaires du travail
obéit à des motifs divers qui ne sont pas forcément en accord avec les
constats et recommandations scientifiques (voir l’exemple du choix de
journées de travail d’affilée pour obtenir une meilleure compensation entre
travail et vie familiale).
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1.2 Enfin les travaux de recherche sur les conséquences du travail de nuit sur la
santé sont récents et encore dépendants d’une connaissance plus approfondie
de la chronobiologie.
La question des temps de travail/hors travail et leurs effets sur la santé et la sécurité des
salariés se trouve à nouveau posée dans le paysage actuel des entreprises françaises.
Dans bon nombre de celles-ci, en effet le passage aux 35 heures a induit l’émergence de
multiples formes de configurations temporelles atypiques dont les « degrés » de
nouveauté para rapport au « traditionnel » travail posté, 3x8, 2x8, sont variables.…/… le
présent document rapporte les résultats de deux études de terrain relatifs à des secteurs
d’activités différents… :…une entreprise d’équipementier automobile… /… et une société
d’exploitation d’un domaine skiable.…/…
D’une façon générale, l’analyse des données des deux études montre que le vécu des
salariés est déterminé en partie par leur rapport à la durée de l’emploi (durée limitée ou
indéterminée), à l’investissement professionnel, aux contraintes familiales, à l’âge et au
genre (masculin ou féminin)…/…
Organisation temporelle atypique du travail et gestion des risques professionnels
- INRS
1.3 Il est acquis que la perturbation du rythme veille - sommeil provoque une
dette de sommeil, même si la tolérance au travail de nuit diffère d’un individu à
l’autre :
"Il est possible de réduire son temps de sommeil, mais il n’est pas possible de
réduire son besoin de sommeil". Cette dette de sommeil est génératrice chez
certains individus d’une somnolence et peut affecter la vigilance des intervenants de
nuit
Au regard de ce constat, et à travers les travaux consacrés aux troubles du sommeil,
on trouve dans la littérature une production conséquente concernant des règles
d’hygiène de vie, avant, pendant et après une prise de poste de nuit.
Les principaux résultats des travaux consacrés aux rythmes circadiens et la
chronobiologie permettent d’identifier trois types de problématiques, qu’il convient de
distinguer pour aborder l’impact du travail de nuit sur les conditions de vie des
travailleurs concernés :
-
les effets sur l’horloge biologique de chaque individu d’un rythme inversé des
horaires d’éveil et de sommeil,
-
l’effet multiplicateur du travail de nuit sur les risques en matière de santé,
-
les effets du travail de nuit sur la vigilance en situation de travail et sur les
trajets emploi - domicile en cas de nécessité d’utilisation exclusive d’un
véhicule pour effectuer ce déplacement.
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Ainsi l’adaptation au travail de nuit nécessiterait de la part de nombreux auteurs
d’une bonne connaissance par les intéressés des rythmes veille/sommeil.
MODIFICATIONS
FONCTIONNELLES
RYTHMES CIRCADIENS
SUSCEPTIBILITÉ ;
GÉNÉTIQUE, ÂGE, SEXE
MODE DE VIE
PERSONNALLITÉ
EFFETS A COURT TERME
Sommeil,
Performance,
Troubles dus au décalage
horaire
EFFETS À LONG TERME
Fatigue chronique, sommeil,
troubles digestifs, cardiovasculaires et psycho
neurologiques
MALADIE CLINIQUE
CONSEQUENCES
PRONOSTIQUES
ajustement au travail
qualité de vie
Effets du travail posté sur la santé- travail posté et travail de nuit- INRS
2. Quelques définitions :
Sommeil, rêves, éveil : quelques définitions
INSERM U628. Département de Médecine Expérimentale, Faculté de Médecine,
Université Claude Bernard Lyon - Contribution Congrès Jouvet 2003 Challamel M.J
et Thirion M.
(Extraits)
On appelle rythmes CIRCADIENS les alternances, aux environs de 24 heures, de
certaines de nos fonctions biologiques, dont le rythme veille/sommeil est l'une des
plus importantes. Dans les conditions normales, cette alternance est synchronisée
par le rythme jour/nuit, par nos périodes d'activité et de repos.
On appelle rythmes ULTRADIENS des périodes plus courtes, de quelques minutes
à quelques heures, qui régulent nos jours et nos nuits.
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Notre vie est aussi modulée par des rythmes lents, dits INFRADIENS. …/…
D'autres rythmes, encore plus lents, saisonniers, bi annuels, annuels, voire tous les
trois ou cinq ans, sont nettement repérables chez certains d'entre nous. Connaissezvous les syndromes dépressifs minimes survenant pour une même personne chaque
année à la même période ?
Connaissez-vous l'évidente vulnérabilité des humains en hiver, leur besoin plus
important de sommeil, la sensibilité aux infections, alors même que l'invention de
l'éclairage artificiel et du chauffage central leur a désappris un besoin physiologique
profond de repos. Par contre, notre société vient d'inventer les vacances d'été, repos
au moment de notre plus grande capacité de travail, de moindre besoin de sommeil,
et de nos meilleures performances physiques et intellectuelles.../…
Au cours des 24 heures, notre vigilance passe par des hauts et des bas, réalisant un
véritable tracé sinusoïdal repérable à la même heure ou presque chez tous les
humains, dans tous les coins de la planète, et corrélé à l'heure du soleil. Cette
vigilance est directement précédée par une autre courbe parallèle qui est celle de
notre température corporelle. Lorsque la température s'élève, notre organisme se
prépare à une phase active, éveillée, efficace. Lorsque la température baisse, la
vigilance ne tarde pas à diminuer. …/…
Schématiquement, ce rythme fondamental (en heures solaires) est formé de:
-
une phase active, chaude, entre 5 et 8 heures du matin;
-
une phase de repli, de fatigue, de faibles performances physiques entre
11 et 14 heures;
-
une nouvelle phase de haute vigilance entre 17 et 20 heures;
-
une phase de fatigue et de très faible vigilance entre 23 heures et 2
heures du matin;
-
la phase la moins active se situe entre 2 heures et 5 heures du matin.
…..On dit d'un individu « qu'il est en phase », lorsqu'il vit et travaille aux moments de
meilleure performance, et se repose ou dort dans les moments de faible
performance.
Cette notion est du plus haut intérêt pour comprendre certaines pathologies du
sommeil.
Il existe, par rapport à cette courbe moyenne, des variations possibles d'une ou deux
heures, fixes pour un même individu tout au long de sa vie.
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Nous pouvons donc définir des humains "couche-tôt" et d'autres "couche-tard", selon
la position de leur propre périodicité horaire.
Ce qu’il faut retenir : nos fonctions biologiques et notre rythme veille sommeil,
synchronisés sur 24 heures avec l'alternance du jour et de la nuit, ont, en fait, une
périodicité innée de 25 heures environ, dépendant de deux horloges biologiques
internes principales.
De la bonne harmonie de ces deux horloges dépendront la qualité de notre sommeil
nocturne et celle de notre vigilance diurne. L'horloge qui règle les plus importantes
de nos fonctions biologiques (température, fréquence cardiaque et respiratoire,
tension artérielle, sécrétion de cortisol) est modulée par les donneurs de temps. Mais
elle a un fonctionnement assez indépendant de ceux-ci. Elle a un caractère
endogène prépondérant. Elle aura donc une inertie importante, s'adaptera lentement,
sur plusieurs semaines, aux modifications brutales de l'environnement.
L'autre horloge, régulant notre rythme veille/sommeil, est beaucoup plus dépendante
des donneurs de temps, en particulier des facteurs sociaux. Elle est, de ce fait,
beaucoup plus labile et s'adaptera donc vite aux modifications, même brutales, de
l'environnement. Elle sera aussi beaucoup plus fragile et se déréglera facilement en
l'absence de donneurs de temps.
Nos rythmes veille/sommeil pourront être à contre temps de nos principaux rythmes
biologiques. Il en résultera une sensation de malaise, une fatigue importante, une
impression de n'être ni réveillé, ni endormi. On parle de désynchronisation interne,
syndrome dont on ne connaît pas encore toutes les conséquences.
Les rythmes veille/sommeil peuvent aussi être à contretemps de l'alternance du jour
et de la nuit. Notre sommeil nocturne sera troublé, notre vigilance diurne perturbée.
Passeport pour le sommeil
Le sommeil est déterminant pour la croissance, la maturation cérébrale, le
développement et la préservation des capacités cognitives…la mise au repos du
système cardiovasculaire au cours du sommeil est certainement l’un des enjeux de
prévention des années à venir.
Considérer le sommeil comme un élément d’éducation et de prévention, au même
titre que d’autres préoccupations comme la nutrition, est indispensable.
Ce qui doit attirer l’attention : difficultés à s’endormir (plusieurs semaines), réveil
matinal (4,5 heures du matin), des sensations désagréables dans les jambes qui
empêchent de s’endormir ou qui réveillent, sensation de fatigue le matin malgré une
nuit normale, un temps insuffisant consacré au sommeil, des envies de dormir dans
la journée qui entraînent la nécessité de lutter pour rester actif, un sommeil agité et
des inquiétudes de votre environnement concernant le ronflement et des arrêts de
respiration au cours de votre sommeil.
(Source Institut du sommeil et de la vigilance)
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A propos de la somnolence …
La somnolence a des effets néfastes : troubles de l’apprentissage, absentéisme,
arrêts de travail, accidents du travail et de la circulation. Son intensité peut être
quantifiée avec l’échelle d’Epworth. Un score supérieur à 10 indique une
somnolence anormale et nécessite d’en parler à un médecin.
Travail de nuit et retentissement sur la santé- Eric Mullens
Manque de sommeil et performance …
Les effets du manque de sommeil sur la performance et la perception ressemblent à
ceux de l’alcool. Après un quart de 12 heures de travail, la fatigue altère les temps
de réaction, le raisonnement logique, la coordination œil-main et les prises de
décision de façon semblable à une alcoolémie d’environ 0,05 gramme pour 100
millilitres de sang. Il est toujours possible pour les travailleurs, même fatigués, de
suivre des procédures simples, mais s’ils sont mis en face d’une situation nouvelle
ou soudaine, ils éprouvent beaucoup de difficulté et commettent souvent des
erreurs.
Institut de recherche Robert Sauvé en santé et sécurité au travail
Expériences de synchronisation de l’horloge biologique…
Supportant la lumière 24 heures sur 24, les travailleurs de nuit ont une horloge
biologique en perpétuel décalage horaire. C'est ainsi qu'ils souffrent davantage de
problèmes de vigilance (sources d'erreurs et d'accidents) et de divers troubles :
digestifs, cardiovasculaires, cycle menstruel… Lunettes, lampes et éclairage
spéciaux, médicaments… Notre horloge biologique est située à la base du cerveau,
en arrière des yeux au niveau de l'hypothalamus. Elle suit un rythme de 24 heures
régulant notamment le rythme veille/sommeil, les variations de température et les
sécrétions hormonales. Le chef d'orchestre est une hormone, la mélatonine, dont la
production est déclenchée par l'obscurité et interrompue par la lumière vive. C'est
ainsi que les travailleurs de nuit, vivant selon un horaire inversé, ont d'énormes
difficultés à s'adapter. Soumis à la lumière du jour lorsqu'ils veulent dormir, ils
doivent ensuite lutter contre la somnolence lorsqu'ils travaillent en pleine nuit.
Afin d'essayer de synchroniser l'horloge biologique des employés nocturnes avec
leur rythme de vie inversé, Marc Hébert du département d'ophtalmologie et du
centre hospitalier de l'Université Laval à Québec, a installé près des postes de
travail de quelques volontaires, des tubes de lumière verte. Parallèlement, le
matin, lorsqu'ils regagnaient leur domicile, ils devaient porter des lunettes aux verres
orangés.
L'objectif de la lumière verte est de récréer celle du jour,…quant aux lunettes aux
verres orangés, le but est d'éviter la lumière du matin et de simuler la nuit. …Ainsi
équipés durant trois jours (trois nuits serait plus exact), les volontaires ont augmenté
leur vigilance en retrouvant des temps de réactions aussi bons que lorsqu'ils
travaillaient de jour. Ils ont également dormi une à deux heures de plus chaque
jour …/…
Site e-sante.fr
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3. L’impact de l’organisation du travail :
L’exercice du travail de nuit repose sur trois postulats implicites :
•
•
•
un effectif au complet,
une capacité d’intervention en toutes circonstances
individuelles et collectives)
une transmission d’information entre équipes successives.
(compétences
Or les études, enquêtes et témoignages individuels de professionnels du
secteur font apparaître un sentiment de dégradation des conditions de travail
Les pénibilités physiques concernent encore un nombre significatif de salariés, mais
c’est sur le plan « du poids relatif des facteurs mentaux et psychologiques au
travail » que les auteurs constatent majoritairement une dégradation.
Ainsi l’« accroissement de l’autonomie » serait générateur d’un sentiment d’abandon,
et pour les moins qualifiés et les plus âgés, de formes « d’anxiété » liés à l’urgence
et à la peur de mal faire.
L’écart constaté entre conditions théoriques d’exercice de l’activité de nuit (en
référence aux trois postulats énoncés) et conditions réelles, la faible capacité de
régulation de ces écarts pour les équipes qui interviennent de nuit, amplifie les
phénomènes constatés, et pourrait être à l’origine d’une forme d’usure prématurée
des personnes qui ont eu une activité professionnelle de nuit régulière.
…la plupart des professionnelles ne voudraient pas être hospitalisées dans leurs
services, c’est à dire endurer des maltraitances et des acharnements que subissent
certains patients ; et inversement elles sont « fatiguées » de s’occuper de malades
« de plus en plus exigeants », « psy » (dérangés) ou grabataires… /…
Le paradoxe infirmier -Anne Véga
La gestion des ressources humaines, la formation, les relations sociales,…
sont des activités diurnes.
Force est de constater qu’il existe une superposition entre le moment de la journée
où s’exerce l’activité et les problématiques traitées : elles sont dans leur immense
majorité relative à des objets qui concernent les équipes de jour.
Pour ce qui concerne la réduction du temps de travail 1 , 46 % des salariés des
établissements hospitaliers passés à la RTT estiment avoir connu depuis sa mise en
place une dégradation de leurs conditions de travail, tandis que 45% n’ont pas
ressenti de changements et 9% une amélioration. Les principales raisons données à
1
La réduction du temps de travail vue par les salariés hospitaliers en 2003 (enquête conditions et organisation du travail dans les
établissements de santé - DRESS- Etudes et résultats- n°469-mars 2006
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la perception négative de l’évolution des conditions de travail sont l’augmentation du
rythme, voire de la charge de travail, les changements d’horaires trop peu
perceptibles ou les journées de travail trop peu écourtées.
Infirmières, agents de service et autres employés déclarent un peu plus que les
aides soignantes, médecins salariés, cadres non médicaux et ouvriers avoir vécu
une dégradation de leurs conditions de travail.
Or dans le même temps, les salariés hospitaliers qui travaillent la nuit se disent
moins concernés par sa mise en place.
C’est par une lecture en creux des témoignages et des retours d’expériences, pris
comme exemples dans différents travaux, qu’il apparaît que le travail de nuit et ceux
qui sont amenés à exercer dans des équipes qui effectuent des rotations, se
considèrent comme des traités « à part » ou oubliés des services qui traitent de
gestion des ressources humaines.
Le personnel soignant de nuit est d’abord prêt à s’investir dans la recherche et
commence à participer aux réunions programmées dans la journée. Il faut savoir
que ces réunions sont décidées pour permettre à un maximum de soignants de
jour à être présent. Cette décision n’est jamais prise à l’encontre de la nuit, mais
cette équipe est très souvent oubliée dans le contingent parce qu’absente pour se
faire rappeler aux bons souvenirs des agendas. Le fonctionnement institutionnel est
tellement évident pour les personnes travaillant le jour, que la nuit " sait " par
osmose, sans se poser de question, sans être informée… L'équipe de nuit n’étant
pas toujours là au moment du choix, les tranches horaires sont prises
arbitrairement et surtout sans vœu de nuire ou d’exclure qui que ce soit. La preuve
en est que lorsqu’une personne travaillant la nuit est présente à la rencontre
programmée, les réactions des collègues de jour sont toujours admiratives et très
positives devant ce surplus de travail, ce déplacement durant les heures de repos,
quelle que soit la distance parcourue et le temps pris sur les heures personnelles.
Au bout de quelques regroupements de travail ainsi organisés, parfois à des
heures matinales, le personnel de nuit s’essouffle, s’épuise et ne peut concilier le
travail de nuit et la connaissance le jour. … /…
Site [email protected]
4 Des pistes de recherche appliquée ?
Ces différents constats peuvent constituer une base pour la mise en place de
travaux concernant le travail de nuit. Trois objets peuvent être envisagés qui
portent sur des thématiques différentes :
- les parcours professionnels des salariés ayant exercé pendant une
longue période en travail posté,
- les modalités de formation des salariés qui exercent en travail posté
- les conséquences du travail de nuit en termes de risques professionnels
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