Homélie des funérailles de Marcel, le jeudi 8 mars 2007. Messe

Transcription

Homélie des funérailles de Marcel, le jeudi 8 mars 2007. Messe
Homélie des funérailles de Marcel, le jeudi 8 mars 2007.
Messe célébrée par le Père Patrick Gaso, à Villard-de-Lans.
Évangile selon saint Jean 11, 17-27 : la résurrection de Lazare. Qohélet.
La mort, la vie !
La vie, la mort … et la vie.
Deux grands mots, deux grandes énigmes pour notre intelligence et pour notre cœur.
Marcel est mort pour entrer dans la vie : qu’est-ce que cela veut dire ?
comment comprendre ?
Instinctivement, face à ces énigmes, nous remettons à plus tard notre confrontation avec elles, un
peu comme on pousse, discrètement, vers le bord de l’assiette, les morceaux un peu plus durs.
L’existence, la nôtre, celle que nous vivons aujourd’hui, ignore les délais et les hésitations. Comme le
disait Qohélet, dans le texte, tout à l’heure : « L’homme n’est pas maître de son souffle, ni de sa vie. »
Maître de ses actes : OUI, mais pas de son souffle !
Mais l’existence se charge de nous poser les vraies questions, surtout quand la vieillesse ou la
maladie nous menacent, et qu’elles frappent ceux que nous aimons.
Aujourd’hui, l’évangile de saint Jean nous fait méditer, à travers nos craintes et nos malaises, ce
rapport à la mort et à la vie. Il nous permet de regarder un instant, sans angoisse, la vie et la mort, dans un
horizon de paix et d’espérance.
Jésus est vrai Dieu et vrai homme. Il est envoyé dans le monde, pour y apporter la Vie. Jésus ne
pouvait pas rencontrer la mort, dans notre monde, sans y être confronté Lui-même, car la mort règne, en
souveraine. Avant d’affronter sa propre mort au Golgotha, Jésus expérimente comme nous, ce que c’est
que de perdre un être aimé. Jean nous le redit, Jésus aimait cette famille : Marthe, sa sœur Marie et son
frère Lazare. On vient lui annoncer la mort de Lazare, et pourtant, Il répond : « Non, Lazare, notre ami est
endormi, et je vais aller le réveiller. »
S’Il parle de la mort comme d’un sommeil, c’est que, pour Lui, la vraie mort, c’est la mort
spirituelle, celle qui nous éloigne de Dieu, et peut faire de tout homme, un “mort vivant“. Il nous
faut bien comprendre que la mort physique ne nous soustrait pas à Dieu, qui nous ressuscitera, comme Il
l’a fait pour son Fils. C’est bien ce que nous appelons le “kérygme“, le centre même de notre foi
chrétienne : Jésus est mort et ressuscité, et, si nous le voulons, nous entrerons dans cette
Résurrection.
C’est pour cela que Jésus dit : « Non, Lazare dort ! »
C’est le sens à donner à ce que nous pourrions appeler, non pas la “résurrection“, mais la
“réanimation“ de Lazare. Vous connaissez la suite de l’évangile. Jésus va se rendre au tombeau de
Lazare, et, bien que Marthe Lui ait dit : «Seigneur, il sent déjà : C’est le quatrième jour ! » Jésus
dira : « Enlevez la pierre ! » Puis, d’une voix forte, Jésus va interpeller Lazare : « Lazare, viens ici,
dehors ! », … et Lazare, avec ses bandelettes, va sortir. À ce moment-là, nous parlons bien de
“réanimation“, et non pas de résurrection. Lazare aura à affronter à nouveau, la mort.
Ce signe de Jésus nous apprend que Notre Dieu est bien le Dieu de la Vie, le Dieu des vivants. En
déclarant à Marthe : « Je suis la Résurrection et la Vie. », Il annonce le triomphe définitif de la vie sur
la mort, c’est-à-dire le passage à une vie nouvelle, à travers la mort. Cette déclaration solennelle de Jésus
provoque, chez Marthe, une des plus belles professions de foi de l’évangile, lorsqu’elle s’écrie : « Oui
Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui devait venir en ce monde. »
Aujourd’hui, au moment même où Marcel notre frère, s’endort dans la mort, Jésus dit à chacun de
nous : « Je suis la résurrection. Qui croit en moi, fut-il mort, vivra, et quiconque vit et croit en moi, ne
mourra jamais. »
Cette question nous interpelle ! Le crois-tu ? Crois-tu cela ?
Jésus dit “vivra“ ! Croire en Jésus, c’est déjà vivre de cette vie qui triomphe de la mort, car
nous ne sommes pas faits pour la mort, mais bien plutôt pour la vie.
• À nous, hommes et femmes du vingt et unième siècle,
• À vous, la famille de Marcel,
Jésus vient dire : « Crois-tu cela ? » En quelques mots, Il résume le Credo de la vie et de la
résurrection, ce Credo qui est, pour nous, porteur de paix et d’espérance : la mort n’est qu’un
sommeil, dont Il nous réveillera. La vie nouvelle est déjà en Lui, déjà offerte, déjà donnée à ceux
qui mettent leur foi, en Lui. Cette vie-là traversera la mort corporelle.
À nous qui avons reçu le baptême, parce que notre vie terrestre se terminera, le Christ nous place face
à un choix :
Serons-nous séparés du christ ?... Ou simplement endormis, dans l’attente de la résurrection ?
Jésus redit à chacun de nous :
• Crois-tu que la mort est une entrée dans la vie ?
• Crois-tu, aujourd’hui, que les choses définitives commenceront pour toi, lorsque tout aura
cessé ?
• Crois-tu que Jésus le Ressuscité donne par avance, un sens à ta mort, et que cela change le
sens de ta vie, dès aujourd’hui ?
• Crois-tu qu’il faille préparer tout ce dont nous avons besoin aujourd’hui, non pas parce que
nous avons peur de la mort, mais pour nous préparer à mourir dans la paix, dans l’attente de
la vie ?
Aujourd’hui, nous entendons, de Jésus, ce que nous-mêmes entendrons un jour :
« Marcel, Je suis là, et je t’appelle ! »
Puissions-nous rendre grâce pour la vie de Marcel, pour ce qu’il a été pour chacun de nous !
Puissions-nous le confier, maintenant, pour ce nouveau voyage qui commence, vers la Vie !
Puissions-nous, chacun, avoir ce désir de la rencontre de Dieu !
La grâce que nous pouvons demander en ce jour, tout particulièrement pour votre famille, c’est sans
doute la paix et l’action de grâce, l’unité entre vous, et de garder le souvenir de ce que Marcel a été pour
chacun de vous.
AINSI-SOIT-IL !